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10/05/2021

Un portail pour accéder aux principales statistiques sur les métiers

Utilisant différentes enquêtes sur l'emploi et la population, la Dares (ministère du Travail) propose un portrait statistique des 225 métiers de la nomenclature des familles professionnelles (FAP). Il propose des cartes, graphiques, tableaux et analyses (exemple ci-dessous). Plusieurs de ces analyses relèvent du périmètre du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. À chaque fois, le portail documente la situation récente (2019) et les changements observés depuis 2004. Différents indicateurs sont mobilisés, notamment l'évolution de l’emploi, sa qualité, le salaire moyen, le niveau de diplôme, la répartition géographique, etc.

Comparaison des horaires de travail « atypiques » de la catégorie « Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons » avec l'ensemble des 225 métiers

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Source : Dares

Source : Dares

 

15:54 Publié dans 4. Politiques publiques, Agriculteurs, IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : dares, métiers, emploi, agriculteurs, iaa |  Imprimer | | | | |  Facebook

20/04/2021

Un rapport sur le commerce en ligne et le développement durable

Le Conseil général de l'environnement et du développement durable, France Stratégie et l'Inspection générale des finances ont publié en février un rapport visant à orienter le commerce en ligne vers une durabilité accrue. En effet, la logistique du e-commerce a des conséquences environnementales et sociales que les auteurs analysent et recommandent d'atténuer grâce à une série de propositions.

La première partie fait un bilan du développement du e-commerce et de ses conséquences pour le commerce en général. Ce canal de commercialisation est en très forte hausse, passant de 31 à 112 milliards d'euros de chiffre d'affaires entre 2010 et 2020, soit une croissance moyenne annuelle de 14 % contre seulement 1,4 % pour le commerce en magasin sur la même période. Les acheteurs s'en disent satisfaits à 94 %. Par ailleurs, le commerce alimentaire est beaucoup moins concerné que celui d'autres secteurs : la vente en ligne représente 4,4 % des transactions en 2019, avec cependant un doublement en 5 ans.

Évolution de la part de marché des produits alimentaires (en %) par forme de vente sur la période 2014-2019

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Source : Insee

La deuxième partie du rapport détaille les conséquences environnementales et sociales du e-commerce. La logistique reste très pénalisante, avec des transports encore peu décarbonés et des entrepôts pouvant, dans une moindre mesure, participer à l'artificialisation des terres. Ces entrepôts représentent en moyenne moins de 1 % des 23 000 ha de surfaces artificialisés annuellement sur la période 2006-2016. Par ailleurs, les emplois créés par le e-commerce s'exercent souvent dans des conditions difficiles, en entrepôt ou dans le transport du dernier kilomètre,avec des risques sur leur pérennité du fait de l'automatisation et de la robotisation. Cependant, dans le secteur alimentaire (figure ci-dessous), les magasins spécialisés et petites surfaces ont connu des hausses d'emploi sur la période 2010-2018 (respectivement + 18 et + 47 %), contrairement aux grandes surfaces (emploi stable) et aux magasins non alimentaires non spécialisés (- 2 à -13 % selon le secteur). Dans le cas des grandes surfaces, précisons que, après une hausse de 2010 à 2012, l'emploi a ensuite diminué de 5 % entre 2012 et 2018.

Évolution du nombre d’entreprises et de salariés entre 2010 et 2018

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Source : CGEDD - France Stratégie - IGF (données FARE – extraits CEP)

Lecture : le commerce « hors magasin » inclut les activités alimentaires et non alimentaires.

La dernière partie présente une stratégie globale, à destination des pouvoirs publics, avec 15 propositions à mettre en œuvre aux niveaux européen, national et local. L'intégration de la logistique dans les Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), ainsi que la création de « conférences annuelles régionales de la logistique », sont ainsi préconisées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : CGEDD

Premier rapport mondial sur le gaspillage alimentaire par le programme des Nations unies pour l'environnement

En tant qu'agence des Nations unies, visant la réduction par deux du gaspillage alimentaire aux niveaux de la distribution, des services alimentaires et des ménages (Objectif de développement durable 12, cible 3), le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publie son premier rapport mondial sur le sujet.

Ce document s'appuie sur de nombreuses données provenant d'une variété de sources, en majorité des études scientifiques ad hoc, 7 pays seulement collectant des statistiques nationales compatibles avec l'indice du gaspillage alimentaire. Ces données sont intégrées dans une modélisation qui permet d'estimer le gaspillage au niveau mondial, par pays, par région et par secteur. Les estimations portant sur les ménages sont les plus robustes, avec des données issues de près de 100 études, réparties dans une variété de pays représentant 75 % de la population mondiale. Les données sur le gaspillage dans les services et la distribution sont au contraire relativement difficiles à trouver hors des pays à hauts revenus.

Selon les auteurs, 17,5 % de la production alimentaire mondiale sont gaspillés – 931 millions de tonnes, soit deux fois plus que les estimations précédentes de la FAO (2011). 10,7 % le sont par les ménages, 4,6 % au niveau des services alimentaires et 2,2 % à celui de la distribution. Le gaspillage des ménages français (85 kg par personne et par an) se situerait à un niveau intermédiaire pour l'Europe (34 kg en Slovénie, 142 en Grèce), mais plus élevé que la moyenne mondiale (74 kg).

Estimations du gaspillage alimentaire des ménages en Europe, sources utilisées et niveaux de confiance

gaspillage,consommation,politiques publiques

Source : PNUE

L'autre résultat clé du rapport est que le gaspillage alimentaire, contrairement à une idée reçue, est similaire d'un groupe de revenus à un autre. Est donc remise en cause l'idée selon laquelle il serait l'apanage des « pays développés », tandis que les « pays en développement » souffriraient essentiellement de pertes aux stades de la production, du stockage et du transport.

Enfin, le rapport propose une méthodologie pour les pays désireux d'effectuer un suivi du gaspillage. En avril, le PNUE devrait lancer des groupes de travail sur le sujet, en Afrique, en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Asie de l'Ouest, afin de faciliter l'établissement de données et la mise en œuvre de stratégies de réduction.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Programme des Nations unies pour l'environnement

Évaluation des Programmes de développement rural 2014-2020 sur le transfert de connaissances, le conseil et l'innovation

Alors que la prochaine programmation de la Politique agricole commune (PAC) est en cours de négociation, la Commission européenne a récemment mis en ligne une évaluation des Programmes de développement rural (PDR) sur l'échange de connaissances, le conseil et l'innovation dans les secteurs agricole et forestier, et dans les zones rurales. Ce travail comportait seize questions évaluatives portant sur la logique d'action, l'efficacité, l'efficience, la pertinence et la cohérence des mesures déployées. Il a mobilisé une grande diversité de méthodes qualitatives (revue de littérature, entretiens avec les parties prenantes, enquêtes auprès de bénéficiaires, études de cas) et quantitatives (analyse de données).

L'évaluation montre que la part des budgets des PDR consacrée au transfert de connaissances, au conseil et à l'innovation, bien qu'en augmentation par rapport à la précédente programmation, demeure faible (en moyenne 3,68 % du budget total). De plus, les ressources allouées sont peu mobilisées, en raison de lourdeurs administratives. Pour autant, ces actions semblent avoir des résultats prometteurs : le nombre d'heures de formation dispensées et celui d'agriculteurs formés par euro dépensé sont en augmentation au niveau européen. Plus spécifiquement, l'évaluation met en exergue le succès du Partenariat européen pour l'innovation (PEI), qui vise notamment à réunir chercheurs, conseillers et agriculteurs au sein de groupes opérationnels : l'objectif de 3 200 groupes devrait être atteint d'ici la fin de la programmation. Les impacts de ces dispositifs sont toutefois difficiles à apprécier et ils demeurent vraisemblablement faibles : les études de cas montrent qu'ils ne touchent qu'une petite partie des professionnels.

En conclusion, les auteurs formulent douze recommandations. Plusieurs d'entre elles visent à élargir le périmètre des agriculteurs touchés par ces mesures afin d'en renforcer les effets, par exemple : garantir l'accès de tous à un service de conseil, en mobilisant pour cela les ressources financières nécessaires ; concevoir des dispositifs spécifiquement dédiés aux publics éloignés des dispositifs classiques.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

Recours au conseil payant en agriculture en Australie

Un article de Land Use Policy analyse le recours au conseil agricole rémunéré, en Australie, à partir d'une enquête menée auprès d'un échantillon de plus de 1 000 agriculteurs. Les auteurs suggèrent que les résultats sont transposables au cas européen. En effet, si les agriculteurs australiens peuvent disposer de conseil privé, progressivement déployé depuis quarante ans, leurs homologues européens se voient de plus en plus souvent proposer de telles prestations.

Les travaux publiés s'inscrivent dans une recherche plus large, visant à mieux identifier les conditions d'accès au conseil en Australie et son impact sur les exploitations selon différentes modalités d'accès : payant ou non, direct ou via les entreprises d'amont et d'aval, ou encore par le biais de collectifs d'agriculteurs. L'analyse dépasse le cadre du calcul du consentement à payer pour s'intéresser aux motivations et aux freins du recours à un conseiller, en faisant appel à la « théorie du comportement planifié », et en situant le conseil dans son contexte général.

Les principales variables agissant sur la décision de recourir à un conseiller rémunéré à l'acte, selon la théorie du comportement planifié

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Source : Land Use Policy

Le questionnaire a été mis au point par des groupes de travail associant agriculteurs (de profils variés) et des représentants des acteurs du conseil australien (entreprises amont/aval, syndicats, administrations, etc.). Partant d'un échantillon stratifié des exploitations agricoles, la moitié des réponses a été collectée par internet, l'autre par téléphone. Un premier tiers des répondants n'a pas recours aux conseillers rémunérés à l'acte, le deuxième tiers y recourt parmi d'autres types de conseils alors que pour le troisième c'est son principal moyen d'accéder au conseil.

En estimant le poids des différents facteurs explicatifs, les auteurs montrent que la propension à utiliser les services payants est plus importante pour les agriculteurs à la tête d'exploitations en phase de développement, ayant au moins un diplôme du 1er cycle d'enseignement supérieur et dont les revenus sont plus élevés que la moyenne. Ce sont aussi ceux qui pensent le plus souvent qu'un paiement est un gage d'efficacité. Cependant, les opinions de leurs pairs ou des membres de leur famille ont une influence notable sur leur choix. Enfin, pour la plupart d'entre eux, le paiement n'est pas un facteur limitatif alors que l'accès géographique au conseil, lié aux distances à parcourir, constitue un réel obstacle. Pour les auteurs, ces résultats doivent permettre de mieux cibler les politiques publiques en identifiant les réticences et les freins du recours au conseil.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

12/04/2021

Les politiques agricoles françaises dans l'entre-deux-guerres

Dans un article publié dans la Revue de l'OFCE, Thierry Pouch analyse les politiques agricoles mises en œuvre en France au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pas tout à fait remise de la crise de la fin du XIXe siècle (baisse des prix sous l'effet de la concurrence nord-américaine), lorsque le conflit éclate, l'agriculture française est durement impactée par les combats et peine à rétablir ses capacités productives une fois la paix revenue. En cause selon l'auteur, l'incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre une politique favorable à la modernisation du secteur agricole, en raison du conservatisme d'une partie de la classe politique. Elle se montre hostile à toute intervention de l’État, attachée qu'elle est au maintien des anciennes structures agraires. Il faudra attendre 1936 et l'arrivée au pouvoir du Front populaire pour que le pays, à la suite notamment des États-Unis, s'oriente vers une politique de régulation des marchés agricoles, qui permettra de stimuler la production de façon efficace, malheureusement juste avant que ne débute la Seconde Guerre mondiale.

Source : Revue de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques)

 

 

 

08/04/2021

La « méthode des Personas » pour mieux mobiliser le bois des forêts privées

Alors que les mesures mises en œuvre en France pour inciter à la gestion durable et à la récolte de bois dans les petites forêts privées se révèlent peu efficaces, des chercheurs ont eu recours à la méthode des personas (groupes cible) pour mieux cibler les propriétaires. Les premiers éléments, essentiellement méthodologiques, sont publiés dans Forest Policy and Economics.

Centrée sur l'usager et utilisée dans le design des outils numériques, cette méthode s'appuie sur l'élaboration de profils fictifs, représentatifs des catégories de la population ciblées. Son expérimentation dans les Vosges s'est appuyée sur des ateliers de co-création et des entretiens directs avec un large échantillon de parties prenantes.

Finalement, huit personas ont été élaborées, accompagnées, pour chacune, de l'identification de moyens de communiquer avec les groupes-cible auxquels elles renvoient et de types de situations dans lesquelles les placer. C'est en effet par la confrontation de ces personnes fictives à des situations spécifiques que les enseignements pourront être tirés pour améliorer les instruments de politique publique.

Source : Forest Policy and Economics

Une cartographie départementale de la France

L'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a récemment mis en ligne l'Atlas des départements français. Une première partie explore 10 thématiques parmi lesquelles l'artificialisation des sols, l'agriculture, l'environnement, etc. Les portraits en deux pages de tous les départements permettent d'accéder, via des QR Codes, au portail cartographique de l'Observatoire des territoires, qui propose plus de 600 indicateurs et de nombreux articles thématiques.

Source : Agence nationale de la cohésion des territoires

13:40 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : géographie, carte, département, indicateurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/03/2021

Les mesures agro-environnementales de protection de la biodiversité doivent s'inscrire dans la durée

Quel est l'impact, sur la biodiversité, des mesures agro-environnementales encourageant l'installation ou le maintien de champs de fleurs ? C'est à cette question qu'ont souhaité répondre des chercheurs d'universités allemandes dans un article publié en février dans la revue PNAS.

Pour cela, les auteurs ont mesuré la diversité de 12 groupes taxonomiques (1 519 taxons) sur 27 sites localisés en Bavière : 8 champs de fleurs nouvellement semés, 8 champs de fleurs resemés, 7 anciens champs de fleurs transformés en surfaces d'intérêt écologique (ex. : haies) et 4 prairies calcaires semi-naturelles (utilisées comme témoins). Les trois premières catégories d'habitats, localement promues par des mesures agro-environnementales, ayant des âges variés, les auteurs ont pu évaluer l'impact de la continuité temporelle sur la biodiversité (figure ci-dessous). Ils ont aussi étudié les rôles de la taille des habitats et de la part d'habitats semi-naturels dans le paysage avoisinant.

Les résultats montrent que la diversité (le nombre d'espèces trouvées dans chaque site par rapport au nombre total observé) est jusqu'à 39 % plus élevée dans les prairies calcaires que dans les trois autres types d'habitats, suggérant que la continuité temporelle a un impact positif sur la biodiversité (figure ci-dessous). Cette continuité joue également sur les assemblages d'espèces présentes, ceux des champs de fleurs se rapprochant avec le temps de ceux des prairies. Les résultats montrent aussi que les prairies abritent plus de pollinisateurs que les champs de fleurs, mais pas significativement plus d'auxiliaires des cultures. Par ailleurs, les auteurs trouvent que la taille et la proportion de milieux semi-naturels dans le paysage n'influencent pas significativement la biodiversité, mais ces résultats devraient être vérifiés pour des valeurs faibles (inférieures à 0,29 ha et 3,6 %).

Diversité des espèces présentes dans les habitats promus par les mesures agro-environnementales, selon un gradient de continuité temporelle

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Source : PNAS

Lecture : A) diversité générale, B) diversité des pollinisateurs, C) diversité des auxiliaires de cultures dans les différents types d'habitats promus par les mesures agro-environnementales, selon un gradient de continuité temporelle (croissant de la gauche vers la droite). Proportion d'espèces présentes dans chaque type d'habitat pour D) tous les taxons, E) les pollinisateurs et F) les auxiliaires de culture. Les groupes taxonomiques sont les plantes vasculaires, les orthoptères, les cigales, les syrphes, les abeilles, les papillons, les phalènes, les coléoptères pollinisateurs, les guêpes parasitoïdes, les carabes, les Staphylinidae et les oiseaux.

Les auteurs soulignent donc la pertinence de mesures agro-environnementales pluri-annuelles, encourageant le maintien dans le temps d'habitats abritant une forte biodiversité. Toutefois, leur efficacité reste limitée puisque ces surfaces sont habituellement remises en culture après quelques années. L'action publique pour la conservation devrait donc également encourager le maintien et la restauration des prairies permanentes semi-naturelles.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

13:06 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : mae, biodiversité, paysages |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/03/2021

L’économie africaine en 2021, Agence française de développement

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Le 28 janvier dernier, lors d’une conférence en ligne, l’Agence française de développement (AFD) a présenté l’ouvrage collectif L’économie africaine 2021. Composé de six chapitres, il détaille les dynamiques actuellement à l’œuvre sur le continent et vise à modifier les représentations les plus courantes de l’Afrique. Sa rédaction s’inscrit dans la stratégie « Tout Afrique » de l’AFD, lancée en 2017.

Le premier chapitre indique que, malgré un recul du PIB de 2,6 % en 2020, l’économie africaine a globalement mieux résisté à la pandémie de Covid-19 que celle du reste du monde (- 4,4 %). Les États ont adopté des mesures visant à soutenir l’activité à hauteur de 2,5 % du PIB en moyenne, mais l’insuffisance des recettes publiques, leurs difficultés à emprunter et les sorties de capitaux risquent de fragiliser les pays à long terme. Dans ce contexte, les secteurs exposés (tourisme, transport, minerais, etc.) et les petites entreprises sont particulièrement vulnérables. Selon le Fonds monétaire international, cette crise risque d’effacer dix ans de progrès économique.

Le troisième chapitre de l’ouvrage est consacré à l’agriculture en Afrique de l’Ouest. Secteur clé pour la réduction de la pauvreté, elle générait, en 2018, 15,6 % du PIB et 54 % des emplois de cette région. En prenant l’exemple du Sénégal, les auteurs estiment que l’agro-écologie, dans un contexte de hausse limitée des surfaces cultivées, pourrait être une troisième voie de développement, entre l’agriculture fortement dépendante des intrants et l’agriculture dite « traditionnelle » y ayant peu recours. Tout en limitant les externalités négatives, elle permettrait la hausse de la production et de la productivité. Toutefois, son adoption est retardée par un manque de soutien public, d’appui et de conseil, des durées de retours sur investissement plus longues ainsi que par l’aversion au risque de producteurs fragiles.

Enfin, l’ouvrage apporte des informations sur la notion « d’émergence » appliquée à l’Afrique, sur les régimes de change, les défis que devra relever le marché du travail pour l’intégration des jeunes ainsi que l’impact de la gouvernance publique sur le secteur privé.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Agence française de développement

Apicultures : des mondes en recomposition

Études rurales consacre un numéro aux transformations de l’apiculture dans les dernières décennies. La polarité amateur/professionnel est prise en compte, ainsi que celle opposant « maîtrise » (technique, génétique, sanitaire) et « laisser-faire » (approches « naturelles » où l’apiculteur intervient « le moins possible »). Les articles couvrent « un riche nuancier de pratiques » et plusieurs pays (France, Maroc, Chine).

Comme le rappelle l’introduction, le monde apicole français, profondément divisé, s’est structuré en marge du mouvement de professionnalisation de l'agriculture, dans le cadre de sociétés savantes et de syndicats, majoritairement constitués d'amateurs. M. Aureille montre comment, à partir des années 1990 et de la mise en évidence d’une mortalité massive des abeilles, l’apiculture fait l’objet d’un surcroît de régulation : projets de recherche pour mieux cerner les risques liés aux pesticides, mise en place d’instruments calqués sur le développement agricole. Elle connaît aussi un certain engouement, avec en particulier une multiplication des ruchers en milieu urbain. Une étude de cas sur l’Île-de-France (A. Fortier, P. Alphandéry, C. Agnès) souligne l’apparition d’une « apiculture de services » (installation et entretien de ruches), en direction notamment des grandes entreprises soucieuses de communiquer sur leur image.

La question du choix des emplacements des ruches est un fil directeur du numéro, entre autres avec l'article de L. Dupré sur la localisation et l'élaboration du « circuit des ruches » en Bourgogne - Franche-Comté, et celui de R. Mugnier sur le service de pollinisation proposé aux cultivateurs. Ces contributions décrivent les négociations, avec les propriétaires de terrains et le voisinage, pour les installer en tel ou tel lieu. Elles soulignent aussi l’ambivalence d’apiculteurs tiraillés entre « désir de professionnalisation » et besoin de reconnaissance par les pairs, et distance critique par rapport à l’usage des pesticides. Enfin, C. Grillot livre une analyse très fine de la transhumance apicole en Chine, menée depuis les années 1990 à une échelle inédite, bien au-delà des régions d'origine des apiculteurs, pour profiter au maximum du gradient climatique, des saisons et des floraisons à travers le pays. Elle décrit la « course au temps » dans un contexte de « libéralisme exalté », la recherche de productivité, et aborde la question controversée de la qualité du miel chinois.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Études rurales

11/03/2021

Variabilité océanique et stratégies de diversification des zones de pêche et des espèces ciblées au Mexique

Un article d'Environmental Science & Policy analyse les stratégies de diversification des lieux de capture et de choix des espèces-cibles adoptées par les pêcheurs artisanaux mexicains de l'État de Basse-Californie du Sud, en réponse aux variabilités océaniques. Les auteurs utilisent les données de la Commission nationale des pêches (CONAPESCA) pour identifier les espèces capturées et leurs sites de débarquement, entre 2008 et 2016. Les sites sont regroupés en fonction de leur distance euclidienne selon l'algorithme BDSCAN, afin de former des régions de débarquement. Les espèces qui y sont débarquées leur sont associées afin de former au total 208 appariements région-espèce. Lorsqu'un pêcheur exerce son activité annuelle sur deux couples, ceux-ci sont reliés par un « lien » représentant sa stratégie de pêche. En procédant de cette façon pour l'ensemble des pêcheurs, on obtient un réseau représentant les choix effectués par la profession, au cours d'une année, en réponse à un contexte climatique et océanique. La comparaison de ces réseaux, sur un pas de temps annuel, permet d'observer les relations entre contextes et stratégies de diversification.

Les auteurs montrent que les pêcheurs préfèrent diversifier leurs espèces cibles plutôt que leurs zones de capture. Lorsqu'ils ont lieu, les changements spatiaux sont très corrélés à la température de l'eau, liée aux phénomènes El Niño et La Niña. Les acteurs détenant des droits de pêche pour les espèces à plus forte valeur commerciale (ex. carangues, vivaneaux, balistes) ont une tendance accrue à diversifier leurs lieux d'activité. La réglementation a également un impact sur eux : certaines licences autorisent en effet la pêche d'un plus grand nombre d'espèces dans des zones plus étendues, alors que d'autres restreignent les activités d'un pêcheur à une zone donnée.

Bien que les restrictions réglementaires permettent, selon les auteurs, une meilleure gestion des ressources, la diversification des zones de capture favorise la résilience des pêcheurs artisanaux en leur permettant de s'adapter aux variations océaniques. Ils soulignent donc l'importance de cet aspect lors de la conception des politiques publiques dédiées.

Évolution du choix des stratégies de diversification au cours du temps (à gauche), et mise en perspective avec l'ampleur du phénomène El Niño (à droite)

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Source : Environmental Science & Policy

Lecture : en bleu clair, nombre de liens « internes » (i.e. entre couples où la région est identique et les espèces différentes) ; en bleu foncé, nombre de liens « externes » (i.e. entre couples où les régions sont différentes mais l'espèce pêchée identique) ; en noir, la différence entre le nombre de liens externes et internes, divisée par le nombre total de liens ; en rouge, les moyennes annuelles de l'Oceanic Niño Index (ONI), mesurant les anomalies de températures de surface dans le Pacifique équatorial et permettant de détecter et jauger les épisodes El Niño.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Environmental Science & Policy

09/03/2021

Seul 1 % du soutien financier à l'agriculture et à l'alimentation contribuerait à réduire les usages de pesticides

Dans un rapport s'appuyant sur une étude préalable du BASIC, le think tank de la Fondation Nicolas Hulot propose une quantification de la part des financements publics et privés participant à réduire l'utilisation des produits phytosanitaires, reçus par les acteurs agricoles et alimentaires. Selon les auteurs, si 11 % de ces financements (2,7 milliards d'€) visent à réduire les usages de pesticides, seul 1 % (220 millions) y contribuerait réellement. Par ailleurs, les dispositifs d'allégements fiscaux et les financements privés bénéficieraient surtout aux exploitations agricoles les plus utilisatrices de pesticides. Soulignons toutefois que ces estimations mériteraient d'être affinées et complétées par de nouveaux travaux évaluatifs.

Le think tank propose donc plusieurs pistes d'action : i) quintupler les financements pour l'agriculture biologique ; ii) dédier 40 % du premier pilier de la Politique agricole commune à la rémunération des services environnementaux ; iii) privilégier les mesures agro-environnementales les plus pertinentes, renforcer leur ambition et leur financement ; iv) soutenir les démarches collectives ; v) financer la mise en place de projets alimentaires territoriaux à hauteur de 63 millions d'euros.

Source : Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme

Une étude évalue les difficultés de la PAC à encourager la gestion durable des sols

Dans le cadre d'une série d'évaluations de la Politique agricole commune (PAC), la Direction générale pour l'agriculture et le développement rural de la Commission européenne a publié, en février 2021, un rapport sur ses effets sur la gestion durable des sols. Réalisée par l'Institute for European Environmental Policy et Oréade Brèche, l'étude s'est appuyée sur une revue de la littérature et des données disponibles, sur des entretiens et des études de cas. Les conclusions soulignent qu'en dépit de la diversité des instruments et mesures fournies par la PAC, qui pourraient encourager une gestion durable des sols, peu d’entre eux sont imposés ou soutenus au niveau de l'Union européenne ou dans les choix de mise en œuvre des pays membres. Par exemple, certaines activités clés (rotations culturales diversifiées, etc.) ne font l'objet d'aucune mesure réglementaire. L'analyse des décisions des États montre que ces derniers accordent moins d'importance à la qualité des sols qu'à d'autres problématiques environnementales, comme l'eau ou la biodiversité.

Source : Commission européenne

11:00 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : pac, sols, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/03/2021

L'essor des produits équitables

Dans le n°34 de Concurrence et Consommation, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes publie une note intitulée « L’essor des produits équitables » : outre une présentation d'éléments sur les contrôles menés (par exemple sur des allégations trompeuses ou non justifiées), est évalué le développement de ce secteur au cours des 15 dernières années. Les dépenses des consommateurs sont passées, en moyenne, de 1,6 € par habitant et par an en 2004-2005 à 21,4 € en 2020. L’offre globale de produits a fortement augmenté, avec une diminution de la part des denrées alimentaires, de 90 % à 70 %. Après avoir mentionné l’extrême diversité des labels, le document présente le cadre juridique dans lequel s’inscrit désormais le commerce équitable et en particulier la loi relative à l’économie sociale et solidaire de 2014. La définition législative du « commerce équitable » ne fait plus référence aux seuls échanges avec les pays en développement (« Nord/Sud »), et la qualification de « commerce équitable » peut donc être aussi utilisée pour des échanges « Nord/Nord » : il représente un tiers du commerce équitable en France. Dans le secteur alimentaire, il est principalement développé pour les produits laitiers et carnés, les céréales et les fruits et légumes.

Les évolutions juridiques du commerce équitable

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Source : DGCCRF

Source : DGCCRF