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12/07/2022

Impacts de la Covid-19 et du changement climatique au Guatemala

Un article publié par l'International Food Policy Research Institute (IFPRI), en juin 2022, s'intéresse aux conséquences de la Covid-19 et des événements climatiques extrêmes sur les revenus, l'alimentation et les migrations dans les zones rurales du Guatemala. Entre 2019 et 2021, le pays a en effet connu plusieurs chocs. Il y a eu d'abord la pandémie, dont les conséquences en matière de santé publique furent moins dramatiques que dans d'autres pays d'Amérique centrale, alors que le taux de vaccination y est l'un des plus faibles (42 % en juin 2022). Pour juguler la crise, le gouvernement a mis en place une politique de confinements très stricts. De plus, deux ouragans, Eta et Iota, ont frappé le pays, entraînant inondations, coulées de boue et glissements de terrain.

Pour analyser les effets de ces chocs sur les populations, les auteurs ont mené trois campagnes d'enquêtes par questionnaires téléphoniques entre 2019 et 2021, auprès d'un échantillon d'environ 1 600 ménages ruraux situés dans les zones montagneuses de l'ouest du Guatemala. Si les résultats montrent une amélioration des revenus, de la sécurité alimentaire et de la diversité de l'alimentation, en 2021 par rapport à 2020, leurs niveaux restent en-deçà de ceux de 2019. Cette situation est plus marquée encore pour les populations qui ont été exposées aux catastrophes naturelles. Sur le plan de la sécurité alimentaire, l'offre locale de denrées aurait connu une reprise, mais elle se serait accompagnée de prix plus élevés, selon les ménages enquêtés (figure ci-dessous).

Perception de l'évolution des prix en 2020 et 2021

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Source : IFPRI

Par ailleurs, la prévalence des expériences vécues d'insécurité alimentaire légère et modérée aurait diminué par rapport à 2020, même si elle reste supérieure à 2019. Celle des épisodes sévères resterait supérieure à 20 % des ménages enquêtés depuis le début de la pandémie, contre 11 % en 2019. Enfin, le score de diversité alimentaire aurait connu une évolution, avec un recul de la consommation de protéines animales et une augmentation de celle de fruits et légumes. Quant aux intentions de migration, qui sont trois fois plus importantes en 2021 qu'en 2019, elles découlent davantage du niveau de revenus que de l'exposition directe au virus, des restrictions de mobilité locale et des perturbations du marché alimentaire.

Johann Grémont, Centre d'études et de prospective

Source : IFPRI

Le nexus climat-biodiversité-sécurité alimentaire en débat à Bonn

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Lors de la 56e réunion des organes subsidiaires de la Convention climat, qui a eu lieu à Bonn en juin 2022, une session a été consacrée aux contributions de l’agriculture à la neutralité carbone, au maintien de la biodiversité et à la sécurité alimentaire. L’intervention inaugurale a porté sur la mise en œuvre d’une agriculture climato-intelligente en Inde, reposant sur une gestion intégrée de l’eau, du conseil agricole pour l’implantation de cultures adaptées aux types de sols et l’aide à la gestion des risques météorologiques. Dans ce cadre, une expérimentation-formation conduite par une ONG auprès de 300 paysans de l’État du Gujarat a été présentée. Elle leur a d'abord proposé des semences génétiquement modifiées pour rendre les cultures de ricin, de coton et d’oignon plus résistantes aux stress (températures élevées, manque d’eau). Cela a conduit à une augmentation du revenu brut des agriculteurs de 9,4 %. De plus, les services rendus par des micro-organismes leur ont été montrés, notamment comme biofongicides (trichoderma). Enfin, les agriculteurs ont testé un fertilisant naturel (fumier) qui a permis de diminuer de 15 à 20 % les coûts de production.

Lors de la même session, trois policy briefs ont été présentés. Le premier, écrit par J.-L. Chotte (INRAE) et ses collègues, rappelle que le stockage du carbone offre de multiples avantages : atténuation du changement climatique mais aussi contribution à une meilleure santé des sols et, par voie de conséquence, à la sécurité alimentaire. Mais il a des limites puisqu’il ne peut dépasser un certain plafond et reste contingent (figure ci-dessous).

Variabilité dans le temps du stockage du carbone dans les sols

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Source : United Nations - Climat Change

Le deuxième policy brief de C. Aubertin (IRD) et C. Weill (INRAE) invite à dépasser l’opposition entre land sparing et land sharing. Si les rendements ont atteint leur niveau maximal dans les pays très développés, favorisant plutôt le land sharing, dans d’autres zones une productivité des terres renforcée peut être souhaitée. Pour éclairer ces choix, les auteures en appellent à des évaluations renforcées de leurs impacts sur la biodiversité non agricole, les régimes alimentaires, la santé ou le nombre d’emplois créés. Enfin, le troisième texte, co-écrit par M. Hrabanski (Cirad), rend compte des conditions qui facilitent la mise en place de politiques publiques favorables à une transition climatique au Nord comme au Sud.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : United Nations - Climate Change

11/07/2022

L'impact du conflit russo-ukrainien sur les systèmes alimentaires caribéens

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The Caribbean Plant Health Directors Forum, dont le secrétariat est assuré par les services internationaux du ministère de l’agriculture des États-Unis, a organisé en mai 2022 un webinaire sur les impacts du conflit russo-ukrainien pour les pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Ceux-ci importent une grande partie de leur alimentation pour un coût annuel de six milliards de dollars. Nigel Durrant (CARICOM) a souligné combien la pandémie avait affecté l’accès des ménages à l’alimentation du fait de la hausse des prix : un tiers d’entre eux déclarent avoir réduit leur consommation et vu leurs réserves en denrées diminuer. De plus, si les importations d’Ukraine et de Russie ne représentent que 0,1 % des produits à destination de ces pays, les conséquences en chaîne de la guerre ont mené à une inflation des prix du blé et du maïs. Or, ces derniers figurent parmi les 10 produits les plus importés localement. Le maïs est particulièrement important dans l’alimentation animale : il représente 70 % des coûts de production de la volaille, viande la plus consommée dans la région.

Source : The Caribbean Plant Health Directors Forum

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale

Un rapport publié par l'IPES Food en mai 2022 s'intéresse aux conséquence de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale. Quatre faiblesses structurelles, déjà identifiées lors de la crise de 2007-2008, restent d'actualité selon les auteurs : la dépendance aux importations alimentaires, notamment pour les pays africains ; le manque de transparence des marchés céréaliers sujets à la spéculation ; un défaut de diversité dans les systèmes et les modes de production ; la récurrence de chocs liés au climat, aux conflits et à la pauvreté. En matière de soutien à apporter aux pays fragilisés par ces phénomènes, les auteurs considèrent qu'il serait dangereux de chercher à augmenter la production au détriment de l'environnement. Ils font sept recommandations, comme la diversification de la production alimentaire, la réduction de la dépendance à l'égard des engrais et de l'énergie fossile, ou encore la constitution de stocks de céréales à l'échelle régionale.

Source : IPES Food

Publication du rapport mondial 2022 sur les crises alimentaires

Le sixième rapport mondial sur les crises alimentaires, publié en juin 2022 par le Global Network Against Food Crises, alerte sur l'augmentation de l'insécurité alimentaire en 2021. Il rend compte des grandes évolutions mesurées par les indicateurs liés à la sécurité alimentaire depuis 2016, ainsi que les facteurs responsables de leur accroissement dans 53 pays sélectionnés pour leur degré élevé d'insécurité. Les conflits constituent le moteur principal dans 24 pays (déplacement des populations). Ils sont suivis par les chocs économiques (y compris ceux liés à la pandémie de Covid-19) pour 21 pays, puis par les événements climatiques extrêmes (8 pays). Le rapport propose une projection de ces données en 2022 pour 41 pays (figure ci-dessous), avant de détailler la situation par grande région et par pays.

Projection du nombre de personnes en situation de crise alimentaire en 2022

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Source : Global Network Against Food Crises

Source : Global Network Against Food Crises

15/06/2022

Initiative FARM : conséquences de la guerre en Ukraine et réponses stratégiques

Dans le cadre de l'initiative française FARM (Food and Agriculture Resilience Mission), lancée en mars 2022, un « groupe de travail académique », réunissant une dizaine d'experts de haut niveau, a analysé les implications du conflit actuel et réfléchi à des réponses stratégiques. Leurs premières conclusions, livrées en mai, décrivent la complexification des enjeux agricoles, les effets en cascade de la guerre sur la sécurité alimentaire mondiale, et les nouveaux engagements attendus de l'Union européenne et de la France.

L'extrême importance de la question alimentaire est d'abord rappelée. Il faut nourrir une population croissante, dans un contexte de pressions environnementales et géo-stratégiques exacerbées. Les déstabilisations de la guerre, après celles causées par deux années de pandémie, obligent à repenser les principes de régulation et de gouvernance, et même toute l'architecture de la mondialisation, mais en veillant à maintenir les processus de transition vers une durabilité forte.

Plus globalement, l'intensification des jeux et enjeux géopolitiques, en matières agricole et alimentaire, entraîne un redoublement des besoins et des ambitions. L'agriculture est plus que jamais un secteur prioritaire pour la stabilité des relations internationales. Quant à l'alimentation, elle reste une des conditions de la paix sociale. La région de la mer Noire est emblématique de ces défis, des nouveaux rapports de force et des reclassements stratégiques en cours : réarmement agricole des pays de la zone, rapide modernisation des équipements, investissements spectaculaires, tissu logistique dense et fortes capacités productives et exportatrices, en particulier pour les céréales.

La troisième partie du document est consacrée à la guerre et à ses effets en chaîne. Sont d'abord passés en revue les impacts immédiats : destruction de matériels et de récoltes, restriction des chargements portuaires et du commerce, flambée et volatilité des prix, renchérissement des engrais, retour de « l'arme alimentaire », etc. À plus long terme, d'autres conséquences sont probables : difficultés d'approvisionnement, fragilisation de certaines régions ou populations, reconfigurations diplomatiques, érosion du multilatéralisme, nouvelles alliances entre puissances souhaitant « désoccidentaliser » la marche du monde.

Pour finir, les auteurs livrent quelques recommandations stratégiques. Les premières, qui concernent le rôle de l'Europe et de la France, insistent sur les nécessaires analyses de risques, les mesures de gestion de marché et la création d'institutions de régulation. D'autres visent à faciliter la mobilisation et l'efficacité de l'aide alimentaire internationale. La question des stocks agricoles et céréaliers est ensuite abordée, les objectifs étant tout à la fois de mieux les déclarer, connaître, gérer et utiliser. Les tensions possibles entre cultures alimentaires et non alimentaires sont aussi évoquées, avec le cas typique des biocarburants, dont la réduction voire l'interdiction sont de plus en plus souvent discutées. Enfin, les dernières pages traitent du développement de la sécurité alimentaire en Méditerranée et en Afrique, zones qui pourraient être durement touchées par les contrecoups du conflit en cours.

Notons, pour terminer, que le document comprend d'intéressantes annexes (marché mondial du blé, estimations de productions agricoles ukrainiennes pour 2022, tensions liées aux engrais en Europe et en France, etc.) et qu'une version révisée et actualisée est annoncée pour fin juin.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Source : Initiative Farm, Task Force Interministérielle France

19/04/2022

Guerre en Ukraine : conséquences à moyen terme sur les marchés

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a publié dès février, et actualisé fin mars, une note d'information sur les conséquences possibles pour les marchés agricoles du conflit entre la Russie et l'Ukraine. Après un rappel du rôle joué par les deux protagonistes sur les marchés mondiaux des matières premières agricoles (graphique ci-dessous de la part de ces deux pays dans la production mondiale) et des engrais, la FAO identifie les principaux risques induits par la guerre.

Part de la Russie et de l'Ukraine dans la production d'une sélection de cultures (tournesol, orge, blé, maïs, colza, soja)

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Source : FAO

La Russie est le 1er exportateur mondial de blé en 2021, le 2e d'huile de tournesol et le 3e d'huile de colza. L'Ukraine occupe la 3e place pour l'orge, le maïs et le colza, la 1ère pour l'huile de tournesol. Certains pays à la sécurité alimentaire précaire, tels que la Somalie, l'Érythrée, Madagascar, sont dépendants à plus de 70 % de l'origine « mer Noire » pour leurs achats de blé. Enfin, la Russie est un acteur majeur du commerce des fertilisants, occupant respectivement les 1er, 2e et 3e rangs pour les engrais azotés, potassiques et phosphatés. Ces positions ont d'ailleurs été amplifiées par la flambée du cours du gaz, matière première entrant dans la composition des ammonitrates.

Au-delà des tensions sur les prix et les approvisionnements, la FAO identifie des risques, en particulier de logistique : état préoccupant du réseau ferroviaire ukrainien, fermeture des ports de la mer Noire, surprime d'assurance pour les bateaux civils naviguant dans la zone, mise à l'arrêt des usines de transformation, etc. Les sanctions internationales pourraient aussi réduire la production agricole russe, en limitant les importations de pesticides et semences, dont le pays est très dépendant. À partir de simulations réalisées avec le modèle Aglink-Cosimo, la FAO envisage des conséquences sur plusieurs années. Elle considère qu'en dépit des ajustements des autres exportateurs, les prix mondiaux du blé en 2026/2027 pourraient être de 10 à 20 % supérieurs au scénario de référence, et de 10 à 15 % plus élevés pour le maïs, les autres céréales et les graines oléagineuses.

En outre, selon une note récente de la FAO, la désorganisation des circuits de distribution, les atteintes aux infrastructures, les déplacements de population, les difficultés d'approvisionnement en intrants pourraient déboucher sur une crise alimentaire en Ukraine. D'après une évaluation rapide des besoins, plus de 40 % des régions du pays (oblasts) anticipent des pénuries alimentaires à brève échéance (graphique ci-dessous), les deux tiers des commerçants faisant déjà état de difficultés d'approvisionnement.

Pénuries et difficultés d'approvisionnement en Ukraine : anticipation de pénuries au fil du temps (à gauche) et part des commerces reportant déjà des difficultés (à droite)

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Source : FAO

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : FAO, FAO

Sécurité alimentaire mondiale et guerre en Ukraine : les éclairages de l'Ifpri

Sur son site Web, l’International Food Policy Research Institute (Ifpri) diffuse des expertises sur les menaces actuelles pesant sur la sécurité alimentaire mondiale. Publiés en mars 2022, deux articles analysent les impacts de la crise et les solutions locales qui peuvent être apportées en Égypte et au Yémen. Ces deux pays sont très dépendants des importations de blé pour l'alimentation de leur population, à 62 % pour l'Égypte, à 97 % pour le Yémen. 5 webinaires sont également organisés par les experts régionaux de l'Ifpri, sur la crise et ses répercussions dans les différentes parties du globe. Les deux premiers, déjà en ligne, mettent en perspective l'actualité avec les précédentes flambées des prix de 2007-2008 et 2010-2011. Ils proposent des témoignages sur la situation de certains pays d'Afrique subsaharienne, d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Asie du Sud. Le troisième traitera des implications pour le secteur de la fertilisation et pour les pays subventionnant les engrais.

Source : Ifpri, Ifpri, Ifpri

10:24 Publié dans Mondialisation et international, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : prix, ukraine, sécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/04/2022

L'institut cambodgien de ressources pour le développement

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Fondé en 1990 dans un contexte marqué par la fin d’un conflit qui déchira le Cambodge, le Cambodia Development Resource Institute (CRDI) est un centre de recherche dont les activités sont reconnues par le gouvernement cambodgien, avec comme objectif global le développement durable du pays. L'institut est intégré aux réseaux de recherche et de réflexion régionaux, comme le NARDT (Network for Agriculture and Rural Development Think-Tanks for Countries in Mekong Sub-Region), soutenu par le Fonds international de développement agricole, une agence onusienne.

L'activité de l'institut comporte 5 axes : gouvernance et société inclusive, développement économique et commerce, éducation, ressources naturelles et environnement, politiques agricoles et développement rural. Ce dernier est traité au sein d'un centre de recherches éponyme dont les travaux, centrés géographiquement sur le Cambodge, s’intéressent à l’économie agricole (approche quantitative et qualitative), mais aussi à la sécurité alimentaire, en intégrant le volet nutritionnel.

L'institut produit ses propres études, à l’instar de celle consacrée en 2021 à la manière dont sont employés les produits phytosanitaires dans les exploitations agricoles cambodgiennes. Elle a montré l'importance des pesticides dans les coûts de production, avec des situations variées en fonction de l'âge de l'agriculteur, de son sexe ou de son niveau d'éducation. D'autres travaux sont conduits avec des partenaires internationaux, telle l’analyse consacrée aux impacts directs et indirects de la Covid 19 sur le commerce agroalimentaire du pays. Réalisée dans le cadre du programme de recherche PRCI (Food Security Policy Research, Capacity and Influence), financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international, et coordonnée par l'université du Michigan, l'université Cornell et l’Institut international de recherche en sécurité alimentaire, elle montre que l'économie agricole cambodgienne reste structurellement déficitaire, mais qu'elle a relativement bien résisté à la pandémie de la Covid 19.

Outre les publications, sont organisés des séminaires et des ateliers, à destination des décideurs politiques, des partenaires de développement et des chercheurs.

Johann Grémont, Centre d'études et de prospective

Source : Cambodia Development Resource Institute

09/03/2022

Évaluation d'impact d'un programme visant à contribuer à la sécurité alimentaire en Éthiopie

Un article publié dans PlosOne en janvier 2022 s'intéresse aux effets du Productive Safety Net Program (PSNP), conduit par le gouvernement éthiopien pour contribuer à la sécurité alimentaire des ménages ruraux de l'ouest du pays. Engagé en 2005 à la suite d’une grave crise alimentaire, le PSNP apporte aux ménages une aide financière ou en nature en cas de faible production agricole. Afin d'en apprécier l'impact, les auteurs ont comparé la ration calorique de deux échantillons de ménages, l'un ayant bénéficié du dispositif et l'autre non. Les échantillons ont été construits par un appariement sur score de propension. L'analyse montre un effet positif du PSNP sur la sécurité alimentaire avec 68 % des ménages participant en situation de sécurité alimentaire (+2 100 kcal/jour/adulte), contre 54 % pour les ménages ne participant pas. En conclusion, les auteurs formulent des recommandations, comme le soutien aux projets à visée nutritionnelle dans les zones rurales.

Source : PlosOne

07/02/2022

Durabilité et résilience du système alimentaire des Hauts-de-France

Le Basic et Bio Hauts-de-France ont réalisé un diagnostic de la durabilité et de la résilience du système alimentaire régional, insistant sur les enjeux de reterritorialisation. Les auteurs se sont appuyés sur des données publiques, la littérature existante et des ateliers d'échange avec une soixantaine d'acteurs. L'étude établit un « potentiel nourricier » de 130 % : la région est excédentaire en terres agricoles par rapport aux besoins alimentaires de ses habitants. Mais, elle présente un « potentiel agro-industriel » de seulement 70 % : les capacités de transformation agroalimentaire régionale et les emplois associés sont insuffisants pour répondre à la demande des habitants en produits transformés. Le diagnostic pointe également des fragilités du système alimentaire : dépendance aux intrants importés, faible capacité de résistance face aux chocs climatiques extrêmes, etc. Enfin, il présente deux scénarios à l'horizon 2050 (tendanciel et « de résilience et de préservation ») et leurs impacts sur l'emploi, les potentiels nourricier et agro-industriel.

Le « potentiel nourricier » des Hauts-de-France en 2019

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Source : Le Basic-Bio Hauts-de-France

Source : Le Basic

12/01/2022

Élevage d’insectes et hydroponie en Afrique

Publié en décembre 2021, un rapport de la Banque mondiale attire l'attention sur l'intérêt de l'élevage d'insectes et de l’utilisation de l'hydroponie en Afrique. Cela contribuerait à améliorer la sécurité alimentaire d'un continent où près d'un quart de la population est sous-nutri, tout en luttant contre le gaspillage, l'ensemble s’intégrant dans une économie circulaire. En effet, les insectes et l'hydroponie valorisent les déchets provenant de l'alimentation humaine comme animale et de l'industrie, et produisent une grande quantité de protéines (figure ci-dessous). L'hydroponie valorise aussi les déchets provenant des élevages d'insectes. Les auteurs calculent, par exemple, que cet élevage permettrait de fournir en un an jusqu'à 14 % des protéines utilisées dans l'élevage africain des porcs, chèvres, poissons et poulets. Il produirait également l'équivalent de 19,4 milliards de dollars de biofertilisants, tout en créant plus de 15 millions d'emplois et en valorisant 200 millions de tonnes de déchets végétaux.

Insertion des élevages d'insectes et de l'hydroponie dans une économie alimentaire circulaire

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Source : Banque mondiale

Source : Banque mondiale

17/11/2021

David Leboiteux, Fabien Constant, Banque et matières premières. Commodity Trade Finance, RB Édition, juillet 2021, 128 pages

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Suite à la défaillance de négociants à Singapour, Dubaï et Londres en 2020, et à un renforcement des exigences réglementaires depuis 2010, certaines banques ont réduit, voire cessé leurs activités de financement du négoce des matières premières. Dans ce contexte, D. Leboiteux et F. Constant publient la deuxième édition de l’ouvrage Banque et matières premières. Ils rappellent l’importance puis les spécificités de l’activité bancaire dans les échanges internationaux de matières premières (minerais, métaux, énergie, produits agricoles) : les encours accordés aux négociants sont généralement très supérieurs aux fonds propres dont ils disposent, tandis que les marchandises échangées sont fortement soumises à la volatilité. Les risques de change, géopolitiques et logistiques supportés par les opérateurs et, pour les produits agricoles, la périssabilité des matières premières, s’ajoutent au risque de crédit de toute opération de prêt.

Dans une première partie, les auteurs dressent un panorama des matières premières (sources, volumes de production, etc.) et de leurs enjeux économiques, énergétiques, géopolitiques, de sécurité alimentaire, sociaux, environnementaux. Ils soulignent les préoccupations grandissantes des citoyens à l’égard du commerce international, notamment depuis la crise alimentaire de 2008. Ils présentent ensuite brièvement les acteurs des chaînes de valeur internationales (producteurs agricoles, primo-transformateurs et utilisateurs finaux), en détaillant le rôle des transporteurs et des négociants. Des éléments sur l’histoire de ces professions viennent enrichir l’analyse. Les auteurs citent les « places » où ils opèrent, notamment la Suisse (où sont négociés 35 % des céréales, 50 % du sucre et 60 % du café) et Singapour pour les matières agricoles. La seconde partie de l’ouvrage constitue un guide du financement des matières premières, évoquant les outils et mécanismes nécessaires au bon déroulement d’opérations menées avec des négociants de petite taille, spécialistes d’un marché ou d’une origine, ou avec des entreprises multinationales travaillant divers produits.

Enfin, les principales évolutions concernant le secteur sont identifiées : réglementations, lutte contre la criminalité, préoccupations grandissantes des États et de l'opinion publique au sujet du commerce des matières premières (depuis 2007-2008), digitalisation, arrivée de nouveaux entrants (fonds spécialisés dans la gestion d'actifs, sociétés financières, etc.). Les petites entreprises pourraient demain être plus impactées que les grandes maisons. Malgré ce contexte, les auteurs confirment le rôle important que les banques joueront à l’avenir dans ce secteur.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Lien : RB Édition

12/10/2021

Un podcast sur la sécurité alimentaire en République populaire de Chine

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Le 35e épisode du podcast China in context, diffusé par la School of Oriental and African Studies, porte sur les évolutions récentes du débat public sur la sécurité alimentaire en Chine. Le sinologue Bob Ash a rappelé combien ce sujet était important dans l’histoire et la mémoire nationales, le pays ayant connu selon lui les « pires famines de l’humanité ». À partir des années 1980, le sujet s’est fait plus discret avant de revenir dans les discussions publiques, sous l’influence de Xi Jinping. Quatre préoccupations majeures apparaissent aujourd'hui : i) la baisse de la production nationale de riz (la Chine en est devenue le plus gros importateur mondial en 2013), alors même que les céréales ont longtemps dominé le régime alimentaire ; ii) les tensions politiques avec les États-Unis et l’Australie, menaces potentielles pour les approvisionnements ; iii) le niveau du gaspillage alimentaire, estimé à 20 millions de tonnes, qui a conduit à la mise en œuvre en 2020 de l’opération « Assiette vide », incitant à la frugalité ; iv) l’enjeu hydrique du fait d’une disponibilité en baisse de l’eau.

Source : China in context

16/09/2021

Diversification des chaînes d’approvisionnement et résistance aux chocs

Les chocs d'approvisionnement, en particulier ceux liés à des pertes de production ou à des problèmes de distribution, sont en augmentation dans le monde. Face à ce constat, des chercheurs de l’université d'État de Pennsylvanie et de l’université d’Arizona du Nord ont travaillé, grâce au développement d’un modèle, sur des pistes permettant de les éviter.

Dans un article paru en juillet dans Nature, ils indiquent avoir mesuré la diversité des circuits d’approvisionnement en appliquant l’indice de Shannon à des données de flux annuels de marchandises (cultures, animaux vivants, aliments pour animaux et viande), dans cent quinze zones géographiques couvrant l’ensemble des États-Unis. Ils ont ensuite établi un lien entre ce critère et la probabilité de survenue d’un choc d’approvisionnement, défini comme une baisse des flux de marchandises en dessous d’une moyenne calculée sur quatre ans. Leurs travaux ont porté sur la période 2012-2015, lors de laquelle les systèmes alimentaires ont été très affectés par les sécheresses et les chocs de production agricole dans les Grandes Plaines et dans l'ouest du pays.

Contrairement aux modèles de gestion des aléas concentrés sur un type de risque spécifique, l’intérêt de cette approche est qu’elle intègre l’ensemble des sources de risques et donc les événements extrêmes inattendus, qu’ils soient climatiques, sanitaires, politiques, etc. Selon les auteurs, ce modèle pourrait constituer un outil au service des collectivités publiques afin qu’elles mènent des politiques alimentaires plus efficaces, basées sur la demande et encourageant, par la législation et des incitations, de nouveaux circuits d’approvisionnement. Ces mesures pourraient être renforcées par le déploiement d’assurances et de stockages dans les zones les plus à risque.

Relation entre la probabilité d'un choc et la diversité de la chaîne d'approvisionnement

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Source : Nature Food

Lecture : a) relation observée empiriquement ; b) relation modélisée

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Food