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01/07/2022

Travailleurs des plateformes de livraison de repas et résistances aux algorithmes

L’Asie fait souvent figure de précurseur en matière de « quick commerce » (voir un précédent billet). Paru dans Réseaux, un article de K. Huang (université Paris Cité) analyse le fonctionnement de la plus grande plateforme de livraison de repas en Chine. Selon lui, Meituan privilégie « la poursuite du profit et l’opacité pour des raisons commerciales », au détriment du bien-être des livreurs. Ceux-ci résistent de façon informelle et adoptent différentes formes d’action, individuelle ou collective, qui constituent « un premier pas vers la régulation officielle des systèmes algorithmiques ».

Source : Réseaux

11:45 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : société, livraison, chine, plateformes |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’argent du matsutake et les communautés du Yunnan

Dans What a Mushroom Lives For, l’anthropologue M.J. Hathaway (Simon Fraser University) montre comment la cueillette du champignon matsutake, dans les forêts du Yunnan (sud-ouest de la Chine), transforme l’économie locale par l’afflux de ressources découlant de sa commercialisation au Japon. Deux chapitres décrivent les évolutions contrastées de deux communautés, les Yi et les Tibétains. Les premiers développent différentes formes de revitalisation culturelle (festivals, gastronomie, etc.), tandis que les seconds abandonnent l’élevage millénaire du yack et construisent d’imposantes demeures, les matsutake mansions.

Sources : Princeton University Press, Fairbank Center for Chinese Studies

11:40 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : chine, champignon |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2022

Concentration de l’industrie laitière chinoise

Dans sa newsletter sur la Chine parue le 1er juin 2022, Abcis met en avant la concentration du secteur de la transformation laitière chinoise. En 2021, les deux principales entreprises du pays – Yili et Mengniu – détiennent 48 % des parts de marché du lait et des boissons lactées, et 54 % de celles des produits fermentés. À l’échelle mondiale, elles se placent désormais aux 5e et 9e rangs des entreprises de transformation laitière, selon un classement publié par Rabobank.

Évolution des chiffres d’affaires des six premiers industriels laitiers chinois (milliards de renminbi)

industrie laitiere chinoise.jpg

Source : Abcis-Chine

Source : Abcis

09:31 Publié dans Filières agricoles, Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : chine, lait, marchés |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/02/2022

Opinions d’étudiants chinois sur le bien-être animal

Trois chercheurs chinois ont mené une étude sur l'opinion d'étudiants vis-à-vis du bien-être animal (BEA), parue dans Animals en janvier 2022. Près de 5 800 élèves en médecine vétérinaire, en agronomie et en biologie ont répondu à un questionnaire électronique sur leur degré d'accord avec 82 déclarations relatives à la sensibilité animale et aux cinq libertés constitutives du BEA : absence i) de faim et de soif, ii) de douleur et de maladies, iii) de peur et d'anxiété ; iv) confort ; v) comportements normaux de l’animal. Les animaux de compagnie, de rente, de laboratoire et sauvages étaient considérés. Pour 77 % des étudiants, les animaux sont des êtres sensibles et environ 77 % des répondants sont favorables à une législation leur garantissant des droits. Les résultats varient néanmoins selon les groupes d'animaux : ceux de compagnie ont par exemple les meilleurs scores en matière de sensibilité (82 %). Le contact régulier avec les animaux améliore aussi les résultats. Pour les auteurs, le niveau d'éducation élevé des répondants peut expliquer ces résultats et ils préconisent que tous les cursus proposent des modules relatifs au BEA.

Source : Animals

13/01/2022

Numéro d'Ethnologie française sur les mondialités du vin

 

Ethnologie française consacre un riche dossier aux rapports entre diffusion mondiale et appropriations locales du vin. Parmi les dix articles, signalons celui que C. Crenn consacre aux propriétaires chinois dans le pays de Sainte-Foy-La-Grande, sur les coteaux de la vallée de la Dordogne. Qui sont-ils et pourquoi ont-ils acheté ces exploitations « en périphérie des grands Bordeaux » ? Pour l’investisseur, appartenant à la fois au « monde transnational de la finance » et à l’élite communiste (souvent via des entreprises d’État), l’acquisition d’un domaine dans l’appellation, synonyme de luxe, renforce sa position en Chine. Dans un contexte de massification rapide de la consommation, mais aussi de dégradations environnementales dans leur pays, les Chinois voient dans le vin, les traditions et le terroir, un repère d’authenticité et un marqueur d’« ouverture vers la modernité ».

L’interprofession, le CIVB, a facilité leur installation, avec l’intention de développer les marchés asiatiques, dont l’approvisionnement est ainsi mieux contrôlé de part et d’autre. Certains gèrent leurs affaires à distance, notamment depuis Hong-Kong. D’autres, au contraire, souvent des femmes, émigrent en France et s’impliquent dans la mise en valeur de leur domaine, et même dans la vie locale. Disposant de peu de compétences techniques, elles s’engagent, en collaboration avec leurs chefs d’exploitation, dans des changements forts : passage au bio, travail de l’image de marque, développement de l’œnotourisme. Mais l’article souligne également les inquiétudes et « le mystère » qui persistent autour de ces « présences / absences » chinoises.

Par ailleurs, deux articles s’intéressent aux savoirs liés à la conduite des cultures et à la vinification : l’un, en Suisse, à propos de la modulation des prescriptions émanant des experts alternatifs en biodynamie ; l’autre en Australie, mais aussi plus généralement à travers le monde, à propos des producteurs amateurs de « vin maison », qui s’organisent en « communautés de pratiques » sur internet. Deux autres donnent à réfléchir sur le développement de domaines dans des pays sans grande tradition de production, la Chine (notamment château Changyu-Castel, dans la province du Shandong) et la Grande-Bretagne (à propos des wineries du Sussex). Enfin, les autres textes, non moins intéressants, portent sur les vins naturels et le locavorisme en Italie, la production et la consommation à Ramallah (Territoires palestiniens), les « messages politiques » associés aux vins moldaves, et les sommeliers français de l’après-guerre aux années 1980.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Ethnologie française

16/12/2021

Stephen K. Wegren, Frode Nilssen (coord.), Russia's Role in the Contemporary International Agri-Food Trade System, Palgrave Macmillan, novembre 2021, 343 pages

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Depuis le début des années 2000, la place de la Russie dans les échanges alimentaires internationaux connaît d'importantes évolutions. Si le pays demeure un des principaux importateurs mondiaux de produits agricoles et alimentaires, avec près de 30 milliards de dollars en 2020, le développement de certaines productions lui a permis, en parallèle, de redevenir un exportateur majeur. Cet ouvrage, qui rassemble les contributions d'une dizaine de chercheurs, analyse ce phénomène afin d'en identifier les causes et perspectives d'évolution.

Le document comporte deux parties. La première étudie les évolutions du commerce agricole et alimentaire russe, à travers une mise en perspective historique (chapitre 1) et l'analyse de la montée en puissance du pays comme exportateur de céréales (chapitre 2, voir à ce sujet un précédent billet) et de produits de la mer (chapitre 5). Cette partie met également en évidence le rôle des politiques de sécurité alimentaire des années 2010 et 2020 (protectionnisme, substitutions aux importations), décidées en réponse aux sanctions européennes, dans le développement renouvelé de la puissance agricole russe (chapitre 4). Enfin, elle montre que les exportations agroalimentaires du pays ont augmenté, mais que leur contribution à l'économie nationale demeure marginale. En 2016, elles ne représentaient que 5 % du total des exportations, contre 19 % pour le gaz et le pétrole (chapitre 3).

La deuxième partie analyse la place de la Russie dans le commerce agroalimentaire de la région eurasiatique. Le chapitre 7 met en exergue les relations bilatérales entretenues avec la Chine et montre les intérêts réciproques des deux pays en faveur d'une coopération agricole et alimentaire renforcée. En effet, la Chine est un débouché prometteur et d'ores et déjà important pour les productions agroalimentaires de l'Extrême-Orient russe, principalement des produits de la mer et des oléagineux. Elle est aussi un partenaire financier majeur, susceptible d'appuyer le développement agricole de cette région, préoccupation de longue date des autorités russes. Pour la Chine, le développement de ces échanges s'inscrit dans une volonté de diversification des sources d'approvisionnement, le pays étant largement dépendant des importations pour son alimentation.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Lien : Springer

09/11/2021

Comparaison des politiques de remembrement en Chine et en Europe

En rendant plus difficile la mécanisation des pratiques, un parcellaire fragmenté est souvent considéré comme un frein au développement de l'agriculture. Le remembrement des terres permet de répondre à ce problème. Une revue de littérature dans Land Use Policy (octobre 2021) recense les travaux menés sur la Chine et le continent européen sur ce sujet. Après avoir comparé l'histoire du remembrement dans ces deux régions, leurs législations, les procédures pour le mettre en œuvre et les modalités d'inclusion des professionnels aux projets, les auteurs s'inspirent des observations faites en Europe pour proposer des axes d'amélioration en Chine. En particulier, si l'objectif de ce pays reste d'améliorer sa sécurité alimentaire, via une meilleure productivité, les questions environnementales devraient être mieux prises en compte. De même, une plus grande sensibilisation des agriculteurs chinois permettrait une participation et une adhésion accrues aux projets.

Source : Land Use Policy

12/10/2021

Un podcast sur la sécurité alimentaire en République populaire de Chine

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Le 35e épisode du podcast China in context, diffusé par la School of Oriental and African Studies, porte sur les évolutions récentes du débat public sur la sécurité alimentaire en Chine. Le sinologue Bob Ash a rappelé combien ce sujet était important dans l’histoire et la mémoire nationales, le pays ayant connu selon lui les « pires famines de l’humanité ». À partir des années 1980, le sujet s’est fait plus discret avant de revenir dans les discussions publiques, sous l’influence de Xi Jinping. Quatre préoccupations majeures apparaissent aujourd'hui : i) la baisse de la production nationale de riz (la Chine en est devenue le plus gros importateur mondial en 2013), alors même que les céréales ont longtemps dominé le régime alimentaire ; ii) les tensions politiques avec les États-Unis et l’Australie, menaces potentielles pour les approvisionnements ; iii) le niveau du gaspillage alimentaire, estimé à 20 millions de tonnes, qui a conduit à la mise en œuvre en 2020 de l’opération « Assiette vide », incitant à la frugalité ; iv) l’enjeu hydrique du fait d’une disponibilité en baisse de l’eau.

Source : China in context

11/05/2021

Les conséquences à long terme des programmes d'afforestation à grande échelle

Dans un article se penchant sur les conséquences à long terme de deux projets d'afforestation d'envergure, menés dans le nord-est de la Chine, des chercheurs chinois, australiens et nord-américains révèlent la complexité de la gestion durable des terres dans les programmes de restauration écologique de grande échelle. Mis en œuvre dans le but de lutter contre les tempêtes de sable et l'érosion des sols, ces projets ont entraîné une réduction des eaux de surface et une moindre teneur en eau des sols en aval (voir figure). Cette dernière est visible seulement deux décennies après leur lancement, lorsque les forêts artificielles arrivent à un stade de maturité suffisamment avancé. Les auteurs recommandent la sélection d'espèces et la planification des programmes d'afforestation prenant en considération les conditions hydrographiques et climatiques locales.

Évolution des aires forestières et des ressources en eau des sols

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Source : Science Advances

Source : Science Advances

08/04/2021

Échanges commerciaux et ré-exportation d'eau virtuelle : l'exemple de la Chine

Un article récent de la revue Environmental Research Letters ré-analyse le problème des flux d'eau virtuelle (eau nécessaire à la fabrication des biens) liés au commerce agricole et agroalimentaire, sous l'angle des chaînes globales de valeur dans le cas de la Chine. Selon les auteurs, ces flux peuvent être surévalués dans la mesure où une partie des produits importés est en réalité ré-exportée hors de Chine pour être consommée dans d'autres pays. Les auteurs soulignent avec cette étude l'importance d'une approche en chaînes globales de valeur pour améliorer la comptabilité des flux d'eau virtuelle.

Sources (à gauche) et destinations (à droite) des importations nettes chinoises d'eau bleue virtuelle résultant des échanges des principaux produits agricoles (milliards de m³)

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Source : Environmental Research Letters

Source : Environmental Research Letters

15/03/2021

Apicultures : des mondes en recomposition

Études rurales consacre un numéro aux transformations de l’apiculture dans les dernières décennies. La polarité amateur/professionnel est prise en compte, ainsi que celle opposant « maîtrise » (technique, génétique, sanitaire) et « laisser-faire » (approches « naturelles » où l’apiculteur intervient « le moins possible »). Les articles couvrent « un riche nuancier de pratiques » et plusieurs pays (France, Maroc, Chine).

Comme le rappelle l’introduction, le monde apicole français, profondément divisé, s’est structuré en marge du mouvement de professionnalisation de l'agriculture, dans le cadre de sociétés savantes et de syndicats, majoritairement constitués d'amateurs. M. Aureille montre comment, à partir des années 1990 et de la mise en évidence d’une mortalité massive des abeilles, l’apiculture fait l’objet d’un surcroît de régulation : projets de recherche pour mieux cerner les risques liés aux pesticides, mise en place d’instruments calqués sur le développement agricole. Elle connaît aussi un certain engouement, avec en particulier une multiplication des ruchers en milieu urbain. Une étude de cas sur l’Île-de-France (A. Fortier, P. Alphandéry, C. Agnès) souligne l’apparition d’une « apiculture de services » (installation et entretien de ruches), en direction notamment des grandes entreprises soucieuses de communiquer sur leur image.

La question du choix des emplacements des ruches est un fil directeur du numéro, entre autres avec l'article de L. Dupré sur la localisation et l'élaboration du « circuit des ruches » en Bourgogne - Franche-Comté, et celui de R. Mugnier sur le service de pollinisation proposé aux cultivateurs. Ces contributions décrivent les négociations, avec les propriétaires de terrains et le voisinage, pour les installer en tel ou tel lieu. Elles soulignent aussi l’ambivalence d’apiculteurs tiraillés entre « désir de professionnalisation » et besoin de reconnaissance par les pairs, et distance critique par rapport à l’usage des pesticides. Enfin, C. Grillot livre une analyse très fine de la transhumance apicole en Chine, menée depuis les années 1990 à une échelle inédite, bien au-delà des régions d'origine des apiculteurs, pour profiter au maximum du gradient climatique, des saisons et des floraisons à travers le pays. Elle décrit la « course au temps » dans un contexte de « libéralisme exalté », la recherche de productivité, et aborde la question controversée de la qualité du miel chinois.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Études rurales

10/03/2021

La peste porcine africaine en Chine et ses conséquences

L’Académie d’agriculture de France et l’Académie vétérinaire de France ont organisé une séance, le 3 février 2021, sur l’épizootie de peste porcine africaine (PPA) en Chine et ses conséquences locales comme mondiales. Après un exposé de Marie-Frédérique Le Potier (Anses) sur cette maladie, son épidémiologie et les moyens de lutte, Jean-Christophe Audonnet (Boehringer-Ingelheim), Jean-Marc Chaumet (Idele) et Boris Duflot (Ifip) ont présenté ses conséquences sanitaires et économiques en Chine et dans le monde.

La Chine reconnaît officiellement l’abattage de 1,2 million de porcs depuis le déclenchement de l’épizootie, en 2018, mais la moitié du cheptel national (soit 250 millions de têtes) serait en fait concernée, autrement dit le quart de l’effectif mondial, selon J.-C. Audonnet. En l’absence de vaccin, la Chine prend des mesures prophylactiques. La création de porcs génétiquement résistants à la PPA semblant illusoire, les autorités publiques prônent le remplacement de multiples abattoirs locaux par des abattoirs industriels de grande capacité. De la même façon, elles privilégient la disparition des petits élevages au profit de « mégafermes » dotées de dispositifs de biosécurité de haut niveau : un ensemble de 22 bâtiments avec 1 800 porcs par étage pourrait ainsi produire 2,1 millions de têtes par an. Selon l’intervenant, les animaux comme les personnels seraient isolés dans ces structures quasi-autonomes, avec des conséquences potentielles sur leur bien-être. Existant déjà pour la volaille, un projet de ferme automatique, où le personnel serait remplacé par des robots et de l’intelligence artificielle, est aussi à l’étude.

Sur le plan économique, J.-M. Chaumet montre que la chute de la production interne de viande porcine a entraîné une augmentation de son prix, qui s’est traduite par une hausse des prix des autres viandes (figure ci-dessous) avec, pour conséquence, une inflation croissante. Le gouvernement chinois, pour en prévenir les conséquences sociales, réalise des importations massives de viande porcine (deuxième figure ci-dessous), creusant ainsi son déficit commercial.

Évolution du prix de la viande en Chine

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Source : Abcis

Selon J.-M. Chaumet, la Chine cherche donc à rétablir son autonomie alimentaire en favorisant des élevages sur son sol, quitte à s’affranchir de certaines contraintes environnementales, ou en développant à son profit la production animale à l’étranger.

Importations chinoises de viande en valeur

chine viande 2.jpg

Source : Abcis

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Académie d’agriculture de France

09/03/2021

2020, une année d’intenses débats publics sur les relations hommes-animaux en Chine

Un article publié sur China Dialogue recense les débats provoqués par la pandémie de Covid-19 en République populaire de Chine. Trois temps principaux sont distingués. La publication, le 24 février, d’un texte à valeur législative interdisant la consommation alimentaire d’animaux sauvages, provoque de vives réactions relatives aux conséquences sur les activités économiques concernées. Au mois de mai, le ministère de l’Agriculture, cherchant à concilier les intérêts économiques et la question environnementale, fait paraître une liste blanche comprenant les espèces échappant à l’interdiction (cerf, renard, vison, etc.), car certaines parties de la population en font l'élevage. Pour l'auteur, ce texte illustre la porosité de la frontière entre espèces sauvages et domestiques en Chine. Enfin, la révision de la loi sur la protection de la vie sauvage, en octobre 2020, autorise certains usages non alimentaires selon des procédures complexes (ex. : pharmacie traditionnelle, production de fourrure).

Source : China Dialogue

10/02/2021

Le bien-être des poissons d'élevage : études de cas en Chine et aux Philippines

La Fish Welfare Initiative est une start-up caritative, créée en 2019, œuvrant à une meilleure prise en compte du bien-être des poissons dans les élevages aquacoles, au moyen de collaborations avec les entreprises, les organisations non gouvernementales et les gouvernements. Après avoir publié fin 2020 un rapport proposant des actions pour y parvenir, les résultats de deux enquêtes en Chine et aux Philippines viennent de paraître.

La qualité de l'eau et de l'alimentation, ainsi que les conditions de transport et d'abattage, sont les principaux paramètres impactant le bien-être des poissons d'élevage. Les améliorer participe à l'approche « Une seule santé » puisque de meilleures conditions d'élevage permettent i) une diminution de la présence de polluants dans les chairs des poissons, ii) une baisse des maladies et donc aussi du recours aux antibiotiques et antimicrobiens (lutte contre le développement de résistances), iii) une réduction de la mortalité (limitation des pertes économiques) et iv) une limitation du stress lors du transport et de l'abattage, et donc une meilleure qualité du produit final.

Aux Philippines (illustration ci-dessous), les éleveurs accèdent difficilement aux formations sur l'amélioration des conditions d'élevage des poissons, alors qu'ils manifestent de l’intérêt pour celles-ci. Faire appel à la médecine vétérinaire n'est pas non plus une pratique courante. Quant à la qualité de l'eau, elle est peu surveillée. Les poissons sont généralement tués par asphyxie ou dans un bain de glace. Le recours à l'étourdissement par percussion ou électrique est inexistant, les éleveurs s'interrogeant quant à son coût et sa facilité d'utilisation. Enfin, les petits élevages qui approvisionnent les marchés locaux n'ont pas recours à la certification (durabilité) de leurs produits, du fait de son coût et du manque d'intérêt des consommateurs ciblés.

Élevage de tilapias dans des réservoirs en ciment, aux Philippinefish welfare .jpg

Source : Fish Welfare Initiative

En Chine, la modernisation des pratiques et la formation des éleveurs, pour une meilleure prise en compte du bien-être des poissons, sont encouragées par plusieurs facteurs : l'augmentation de la demande en produits aquacoles durables, tirée en interne par les classes moyennes et, à l'exportation, par les marchés des pays développés ; l'occurrence d'incidents environnementaux ou touchant à la sécurité sanitaire des aliments ; etc.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Fish Welfare Initiative, Fish Welfare Initiative

15/09/2020

Les sentinelles des pandémies, Frédéric Keck

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Paru en juin 2020, à la suite d'une première version en anglais publiée six mois plus tôt, l'ouvrage Les sentinelles des pandémies s’inscrit dans les travaux sur la biosécurité, dont l'objet est la préparation aux pandémies : cette technique de gestion des crises sanitaires, alternative à la prévention (abattage) et à la précaution (vaccination), repose sur la surveillance du vivant et la détection de signaux d’alerte précoces.

Frédéric Keck, directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale (Collège de France, CNRS, EHESS), place au cœur de son étude la surveillance des maladies animales et les manières dont elles transforment les pratiques de contrôle, par les autorités vétérinaires, du travail agricole (voir à ce sujet un précédent billet), ainsi que les relations entre oiseaux et humains. Le travail de terrain, conduit à Hong-Kong, Singapour et Taïwan, a une portée générale. Parce qu'elle concentre des facteurs de développement des zoonoses (urbanisation massive, élevage industriel, conséquences du changement climatique), la Chine du Sud est un laboratoire des périls et solutions susceptibles de concerner une large partie du monde.

L'auteur propose une définition de la « préparation aviaire » : celle-ci vise à anticiper une prochaine crise en détectant, en temps réel, les signaux d’alerte émis par les oiseaux et en suivant les mutations du pathogène entre les espèces. Elle se fonde sur des collaborations entre microbiologistes, éleveurs, vétérinaires et ornithologues, observées par F. Keck au sein d’exploitations agricoles, lors d'expériences en laboratoire ou à travers des dispositifs de surveillance des oiseaux sauvages.

Des vétérinaires prélèvent des volailles à la recherche du virus de la grippe aviaire dans la région du Fujian, 2006

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Source : éditions Zones sensibles. Crédit : Vincent Martin

L'auteur décrit les modalités d'introduction de « poulets sentinelles » (shaobingji, littéralement « poulet soldat siffleur ») dans des unités d'élevage vaccinées. Il détaille aussi la surveillance des interactions entre ces animaux, pour vérifier l’immunité des animaux vaccinés et le caractère sain des poulets sentinelles. Du côté des laboratoires, les microbiologistes analysent le comportement des cellules dentritiques aviaires, agents de signalisation des anomalies survenant entre l’organisme et un corps étranger. Enfin, la pose d'un GPS sur les oiseaux permet de documenter le comportement d'espèces sauvages susceptibles de se rapprocher des animaux de rente. Cet ouvrage trouve un écho dans les défis liés au décloisonnement des santés animale et humaine, qui accompagnent la gestion des coronavirus.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : Éditions Zones sensibles