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10/01/2022

Nicolas Bricas, Damien Conaré, Marie Walser (dir.), Une écologie de l'alimentation, Éditions Quæ, décembre 2021, 312 pages

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Publié pour les dix ans de la chaire Unesco Alimentations du monde, cet ouvrage propose de penser une « écologie de l'alimentation », vectrice à la fois de relations et d'engagement dans la société. Préfacé par C. Fischler, il valorise la grande richesse des travaux conduits par la chaire et est accessible dans une version augmentée en ligne. À la fois bilan et programme, il documente et questionne les grands défis alimentaires au fil de cinq parties. La première envisage l'alimentation comme essentielle à « nos relations dans le monde » (avec soi, les autres, la biosphère) et la deuxième traite des enjeux systémiques contemporains. La proposition d'une écologie de l'alimentation est décrite dans la troisième partie, tandis que la quatrième discute des « mots d'ordre » de la durabilité alimentaire : lutte contre le gaspillage, relocalisation, fortification des aliments, pouvoir des « consom'acteurs », etc. Enfin, s'appuyant sur les initiatives existantes, la dernière partie envisage les changements d'échelle nécessaires et les rôles de différents acteurs (secteur privé, formation et recherche, pouvoirs publics).

Liens : Éditions QuæChaire Unesco Alimentations du monde

08:45 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : alimentation, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

20/04/2021

Un rapport sur le commerce en ligne et le développement durable

Le Conseil général de l'environnement et du développement durable, France Stratégie et l'Inspection générale des finances ont publié en février un rapport visant à orienter le commerce en ligne vers une durabilité accrue. En effet, la logistique du e-commerce a des conséquences environnementales et sociales que les auteurs analysent et recommandent d'atténuer grâce à une série de propositions.

La première partie fait un bilan du développement du e-commerce et de ses conséquences pour le commerce en général. Ce canal de commercialisation est en très forte hausse, passant de 31 à 112 milliards d'euros de chiffre d'affaires entre 2010 et 2020, soit une croissance moyenne annuelle de 14 % contre seulement 1,4 % pour le commerce en magasin sur la même période. Les acheteurs s'en disent satisfaits à 94 %. Par ailleurs, le commerce alimentaire est beaucoup moins concerné que celui d'autres secteurs : la vente en ligne représente 4,4 % des transactions en 2019, avec cependant un doublement en 5 ans.

Évolution de la part de marché des produits alimentaires (en %) par forme de vente sur la période 2014-2019

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Source : Insee

La deuxième partie du rapport détaille les conséquences environnementales et sociales du e-commerce. La logistique reste très pénalisante, avec des transports encore peu décarbonés et des entrepôts pouvant, dans une moindre mesure, participer à l'artificialisation des terres. Ces entrepôts représentent en moyenne moins de 1 % des 23 000 ha de surfaces artificialisés annuellement sur la période 2006-2016. Par ailleurs, les emplois créés par le e-commerce s'exercent souvent dans des conditions difficiles, en entrepôt ou dans le transport du dernier kilomètre,avec des risques sur leur pérennité du fait de l'automatisation et de la robotisation. Cependant, dans le secteur alimentaire (figure ci-dessous), les magasins spécialisés et petites surfaces ont connu des hausses d'emploi sur la période 2010-2018 (respectivement + 18 et + 47 %), contrairement aux grandes surfaces (emploi stable) et aux magasins non alimentaires non spécialisés (- 2 à -13 % selon le secteur). Dans le cas des grandes surfaces, précisons que, après une hausse de 2010 à 2012, l'emploi a ensuite diminué de 5 % entre 2012 et 2018.

Évolution du nombre d’entreprises et de salariés entre 2010 et 2018

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Source : CGEDD - France Stratégie - IGF (données FARE – extraits CEP)

Lecture : le commerce « hors magasin » inclut les activités alimentaires et non alimentaires.

La dernière partie présente une stratégie globale, à destination des pouvoirs publics, avec 15 propositions à mettre en œuvre aux niveaux européen, national et local. L'intégration de la logistique dans les Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), ainsi que la création de « conférences annuelles régionales de la logistique », sont ainsi préconisées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : CGEDD

09/03/2021

Une étude évalue les difficultés de la PAC à encourager la gestion durable des sols

Dans le cadre d'une série d'évaluations de la Politique agricole commune (PAC), la Direction générale pour l'agriculture et le développement rural de la Commission européenne a publié, en février 2021, un rapport sur ses effets sur la gestion durable des sols. Réalisée par l'Institute for European Environmental Policy et Oréade Brèche, l'étude s'est appuyée sur une revue de la littérature et des données disponibles, sur des entretiens et des études de cas. Les conclusions soulignent qu'en dépit de la diversité des instruments et mesures fournies par la PAC, qui pourraient encourager une gestion durable des sols, peu d’entre eux sont imposés ou soutenus au niveau de l'Union européenne ou dans les choix de mise en œuvre des pays membres. Par exemple, certaines activités clés (rotations culturales diversifiées, etc.) ne font l'objet d'aucune mesure réglementaire. L'analyse des décisions des États montre que ces derniers accordent moins d'importance à la qualité des sols qu'à d'autres problématiques environnementales, comme l'eau ou la biodiversité.

Source : Commission européenne

11:00 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : pac, sols, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/02/2021

Les relations sociales et le capital culturel, facteurs clés du développement agricole néo-calédonien

Les recherches sur le « développement durable » portent souvent sur ses dimensions économique et environnementale. Plus rares sont celles qui intègrent le pilier social (capital culturel, relations interindividuelles, normes et valeurs). Un article publié très récemment dans Ecological Economics, mais qui s'appuie sur des données assez anciennes, se concentre sur les effets de ces capitaux social et culturel sur la performance et la durabilité de l’agriculture tribale kanak. En 2010, celle-ci pesait 65 millions d’euros, la majorité de la production (igname, banane, taro) étant destinée à l’autoconsommation ou à des dons coutumiers.

Partant d’une enquête par questionnaire (2011) sur la production agricole et ses usages marchands et non marchands au sein de 288 des 340 tribus de Nouvelle-Calédonie, les auteurs ont élaboré deux modèles mobilisant principalement trois variables : i) la valeur marchande de la production agricole, ii) celle des dons alimentaires d’une famille à des tiers tout au long de l’année (proxy du capital social) et iii) celle des cadeaux offerts au cours de cérémonies rituelles, considérée comme un proxy des habitudes culturelles.

Plusieurs résultats ressortent de l’étude. En premier lieu, les échanges quotidiens de denrées ont un effet positif sur les productions et rendements agricoles. Toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de 10 % de ce type de dons est associée à une hausse de la production de 4,6 %, la densité des relations sociales au sein des tribus stimulant la fonction productive. D'autre part, cette augmentation, rendue possible par des formes d’entraide pour réduire les effets des aléas climatiques ou accéder à des facilités bancaires, est supérieure à celle qui découle d’une extension de la surface cultivée, montrant ainsi que les différents types de capital ne sont pas interchangeables. Enfin, sont vérifiés les effets favorables des dons rituels sur le rendement tandis qu’une hausse de celui-ci favorise les dons journaliers.

Pour les auteurs, ces résultats ont au moins deux implications. Ils plaident en faveur de la théorie de la « durabilité forte », qui insiste sur la complémentarité des capitaux, au contraire de leur substituabilité dans l’approche néoclassique. En matière de politiques publiques, opposer a priori le développement économique à la coutume est hasardeux, les échanges non marchands pouvant stimuler les échanges économiques et la production de richesses.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Ecological Economics

10/11/2020

Conséquences de la pêche récréative sur les requins à pointes noires

Dans un article publié dans le Fishery bulletin d'octobre 2020, des auteurs estiment le niveau de stress et le taux de survie des requins à pointes noires, après leur capture puis leur relâche par des pêcheurs sportifs aux États-Unis (Caroline du Sud et Floride). Cette estimation repose sur des prélèvements sanguins et la pose de transmetteurs acoustiques. Deux types de pêche à la ligne sont comparés, depuis une plage (41 requins capturés) ou d'un bateau (40).

17 % et 20 % des requins capturés respectivement depuis une plage ou un bateau ont péri dans les 10 jours qui ont suivi. Un temps plus élevé écoulé entre l'hameçonnage et la sortie de l'eau entraîne une acidose du sang plus marquée, sans que ce stress métabolique ait pu être relié à une plus grande mortalité. Les blessures et traumatismes (ex. : hameçon planté dans la queue) en seraient plus probablement responsables, bien que 18,4 % des requins jugés en très bon état au moment de leur libération aient ensuite péri.

Pourcentage de mortalité (en noir) et de survie (en gris), selon l'état du requin pointe noire au moment de sa relâche

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Source : Fishery bulletin

Lecture : de gauche à droite, état de l'animal : excellent (38 individus), bon (24), correct (10), mauvais (9).

Source : Fishery bulletin

 

 

16:35 Publié dans Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : durabilité, pêche, requin, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/10/2020

Au Canada, étiquetage environnemental des produits de la mer et information des consommateurs

Le groupe d'influence canadien SeaChoice a publié, en septembre 2020, une étude sur les allégations environnementales présentes sur les étiquettes de produits de la mer. L'échantillon est constitué des produits frais, en conserve et congelés vendus dans 18 supermarchés de 14 enseignes différentes, choisis aléatoirement dans 5 villes de différentes provinces (Vancouver, Toronto, Saskatoon, Montréal et Halifax). En excluant les doublons, les étiquetages de 181 références proposées par 49 marques ont été examinés.

Les auteurs ont jugé la qualité d'une étiquette selon plusieurs critères : sa précision (mention du nom latin de l'espèce, de son nom commun, de son caractère sauvage ou d'élevage, de la zone de pêche, du lieu de transformation et de la technique de pêche) ; le type d'allégation (certification à caractère contraignant, respect de critères définis par des organisations de protection des espèces marines, auto-déclaration) ; le caractère vérifiable des allégations, les critères sur lesquels elles se basent et leur comparabilité avec les standards internationaux.

Concernant la précision des étiquettes, seulement 6 % des produits rassemblent au moins 5 des éléments demandés. 42 % n'indiquent que 3 éléments et 32 % qu'un ou deux. Ces précisions sont pourtant indispensables pour juger de la durabilité environnementale du produit (ex. : sélectivité de la technique de pêche). Contrairement à ce qui pourrait être attendu, la précision des étiquettes n'est pas corrélée avec le type d'allégation (voir figure).

Nombre d'étiquettes selon leur niveau de précision et le type d'allégation du produit (à gauche les produits certifiés ; au centre les étiquetages comprenant des critères définis par des organisations de protection des espèces marines ; à droite les allégations auto-déclarées)

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Source : SeaChoice

Lecture : en rouge, le nombre d'étiquettes imprécises (1 à 2 des éléments affichés permettant de juger la durabilité d'un produit de la mer) ; en orange, les étiquettes insatisfaisantes (3 éléments précisés) ; en bleu, les étiquettes correctes (4 éléments) et en vert, celles de bonne qualité (plus de 5 éléments).

234 allégations environnementales ont été trouvées sur les 181 produits, soit 1,3 par produit en moyenne. 44 % d'entre elles sont des auto-déclarations contre 23 % de certifications et 33 % de mentions de critères définis par des organisations de protection. Or, après avoir contacté les marques et comparé les informations transmises, lorsqu'elles le sont, avec les standards internationaux, les auteurs montrent que 42 % des allégations ne peuvent pas être vérifiées. Cela pose donc des difficultés en matière d'information du consommateur.

Nombre d'allégations environnementales permettant de juger de la durabilité des produits

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Source : SeaChoice

Lecture : produits durables (en vert), non durables (gris foncé), à la durabilité non vérifiable (gris moyen) ou indéfinie (gris clair), selon le type d'allégation (à gauche, les produits certifiés ; au centre, les mentions de groupes ; à droite les allégations auto-déclarées).

En complément, soulignons qu'en France, une publication récente de l'association UFC-Que Choisir montre de mauvaises pratiques, malgré la réglementation en vigueur, évaluant à 25 % la part d'étiquettes sans mention de la technique de pêche.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Sources : SeaChoiceUFC Que Choisir

09:56 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : produits, pêche, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

02/07/2020

Covid-19 et pêche : soutien à la filière et objectifs de durabilité

Les ventes de produits de la mer frais ont subi un net recul lors de la crise sanitaire, amenant l'Union européenne à mettre en place des dispositifs de soutien à l’activité. Un groupement d'organisations non gouvernementales (ONG) a publié, fin avril 2020, un guide détaillant 10 principes : pris en compte lors de la conception des mesures, ils garantiraient leur cohérence avec les objectifs de protection de l'environnement et de lutte contre le changement climatique, évitant ainsi une dérégulation injustifiée. Parmi ces principes figure le « principe de rationalité », selon lequel l’action mise en œuvre doit cibler spécifiquement les problèmes liés à la crise. Ensuite, le guide détaille plusieurs dispositifs à la lumière de ces principes : les politiques de soutien des prix, conduisant les États à payer la différence entre le prix du marché et un prix seuil, inciteraient les acteurs à baisser leurs prix et iraient à l'encontre du principe de lutte contre les abus. Au contraire, selon les auteurs, le soutien aux revenus répond au principe de rationalité, et assorti d’une obligation de rester au port il serait bénéfique pour l'environnement.

Source : Seas at risk

15:01 Publié dans 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : covid-19, pêche, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/04/2020

Élevage multi-espèces et durabilité

Des chercheurs européens ont publié, dans la revue Agricultural Systems, une synthèse consacrée à l'élevage multi-espèces et à sa contribution au développement durable. Les auteurs se sont intéressés aux élevages associés, pâturants ou de plein air, pour lesquels les synergies sont les plus significatives, sous l'angle des trois piliers de la durabilité.

Concernant le pilier environnemental, ils mettent en avant un meilleur usage des ressources et un accroissement de la biodiversité. Les différentes espèces élevées ont en effet des niches alimentaires souvent complémentaires : leurs régimes ne se recouvrent pas totalement, dans les espèces ou dans les façons de les consommer. Ces consommations différentes permettent un pâturage plus homogène des surfaces et des espèces, et réduisent les zones de refus. Le co-pâturage de chevaux et de bovins bénéficie ainsi à ces derniers, par un bon développement du trèfle sur les surfaces broutées à ras par les équins. Sur la même pâture, deux espèces complémentaires allègent la compétition entre individus pour les ressources favorites, conduisant à de meilleures prises alimentaires. Ces mécanismes sont favorables à la diversité végétale des prairies, mais aussi à l'ensemble de la biodiversité de ces écosystèmes.

Exemples de systèmes d'élevage multi-espèces

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Source : Agricultural Systems (crédits photo : Severin Hübner et Sophie Prache)

Pour le pilier économique, les systèmes d'élevage associés montrent une meilleure productivité technique, par exemple avec truies et bovins sur les mêmes prairies. Une gestion fine des calendriers de pâturage est toutefois nécessaire pour tirer pleinement bénéfice des concurrences et complémentarités. La rentabilité des élevages associés peut profiter de ces gains techniques et d'économies de gamme liées à l'usage conjoint du parc matériel (ex. : fenaison ou contention), voire des bâtiments. Comme les autres systèmes de production diversifiés, ils sont moins exposés aux aléas et aux fluctuations, permettent un étalement des revenus dans l'année et une multiplication des débouchés. En contrepartie, ces systèmes plus complexes sont techniquement exigeants et la commercialisation des animaux, dans différents circuits, peut être chronophage.

Enfin, concernant le pilier social, la diversification, si elle nécessite une organisation fine des tâches, permet un étalement des pics de travail et un allègement des contraintes. Ces élevages multi-espèces méritent donc des travaux de recherche et de conseil dédiés pour faciliter leur développement.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Agricultural Systems

19:01 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : élevage, multi-espèces, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/12/2019

Commerce agricole international et usages non durables de l'eau

Les auteurs d'un récent article publié dans Environmental Research Letters proposent une estimation des flux d'eau virtuelle non durable, en se concentrant sur le commerce international des productions végétales irriguées. L'« eau virtuelle » est habituellement définie comme la quantité d'eau nécessaire pour fabriquer un produit ou un service le long de la chaîne de production. Elle permet de rendre compte des pressions exercées par nos modes de consommation sur la ressource, y compris à longue distance. Mais un contenu élevé en eau virtuelle n'implique pas nécessairement des impacts négatifs : cela dépend du niveau de stress hydrique des ressources mobilisées dans le processus de production du bien considéré. Le travail présenté ici vise à mieux identifier ce phénomène.

L'irrigation est définie comme « non durable » dès lors que la consommation des cultures excède les disponibilités en eau renouvelable en un lieu donné. Dans ce cas, il y a dégradation de l'environnement car les débits minimum des rivières ne sont pas respectés et les nappes phréatiques se tarissent à un rythme supérieur à leur recharge naturelle. Les auteurs ont utilisé un modèle biophysique de culture spatialisé à l'échelle mondiale pour estimer les bilans hydriques en tous points : ils l'ont appliqué à 130 cultures, regroupées en 26 classes (céréales, fruits et légumes, etc.), sur les années 2000 et 2015. Les estimations d'eau virtuelle non durable ont ensuite été combinées aux données de commerce international pour en analyser les flux.

Plusieurs résultats intéressants ressortent de cette analyse. 52 % de la consommation d'eau mondiale pour l'irrigation (569 km³) étaient non durables en 2015, en augmentation de 8 % par rapport à 2000 (525 km³). Le commerce joue un rôle limité en la matière, avec seulement 15 % de la consommation non durable (88 km³), mais en hausse de 18 % par rapport à 2000. La géographie de l'eau virtuelle non durable s'est transformée en quinze ans, avec un poids croissant de la Chine et de l'Inde. Si les États-Unis restent un exportateur d'eau virtuelle non durable important, ce volume diminue cependant de 7,2 km³ entre 2000 et 2015. La France, pour sa part, figure au 8e rang mondial des pays importateurs, en raison des fruits et légumes en provenance d'Espagne (1,6 km³).

Usages non durables de l'eau associés au commerce international de productions végétales, 2000 et 2015

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Source : Environmental Research Letters

Lecture : les exportateurs nets d'eau non durable figurent en vert, les importateurs nets en orange et rouge. Les flèches indiquent les tailles relatives des 15 plus importants flux d'eau virtuelle non durables.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Environmental Research Letters

15:50 Publié dans Environnement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : commerce, eau virtuelle, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/09/2019

Performances économiques, sociales et environnementales comparées des chaînes d'approvisionnement alimentaire

Publié en juillet dans Sustainability, cet article propose une évaluation quantitative des performances économiques, sociales et environnementales des chaînes d'approvisionnement alimentaires utilisées par 208 producteurs (agriculteurs et pisciculteurs, dont 31,7 % certifiés bio), dans sept pays (France, Hongrie, Italie, Norvège, Pologne, Royaume-Uni, Vietnam). Ce travail s'inscrit dans le contexte d'un certain retour au local dans les attentes des consommateurs. Selon les auteurs, peu de résultats quantitatifs existent sur les bénéfices attribués à ces différentes formes de chaînes d'approvisionnement.

L'évaluation inclut les principaux produits agroalimentaires des pays concernés, sans distinction du mode de production. Les producteurs de l'échantillon sont engagés dans au moins deux types de chaînes d’approvisionnement. La moitié des volumes (52 %) est commercialisée en circuits longs (hypermarchés notamment), 32 % en circuits courts et 16 % sont destinés à la transformation agroalimentaire. Six types de chaînes d'approvisionnement courtes (notées de a à f dans le tableau ci-dessous) sont évalués, sur la base de huit indicateurs (taux de majoration du prix de vente, empreinte carbone, égalité femme-homme, etc.), et comparés aux chaînes longues (quatre, de g à j).

Indicateurs de durabilité des chaînes d'approvisionnement alimentaire étudiées

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Source : Sustainability

Les chaînes d'approvisionnement courtes présentent de meilleurs résultats économiques, en termes de prix de vente et de valeur ajoutée. En matière d'émissions de carbone par volume (kg) de produit, elles sont en revanche moins performantes : les émissions sont notamment plus importantes du fait des déplacements individuels des consommateurs pour de faibles quantités de denrées transportées (ex. : cueillette et vente à la ferme). Sur les aspects sociaux, les capacités de négociation sont perçues comme plus importantes dans les chaînes courtes (confiance, relations avec les autres producteurs et avec les consommateurs), sauf pour les ventes par Internet. L'attractivité globale des chaînes d'approvisionnement longues et courtes est en revanche jugée équivalente par les producteurs. Ils apprécient les bons prix, la régularité des paiements et la « philosophie » des circuits courts. Ils valorisent en revanche la possibilité de vendre de grandes quantités et de conclure des contrats de long terme en circuits longs.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainability

18/06/2019

Une étude prospective sur la durabilité de la pêche en haute mer

La pêche en haute mer ne représente que 4 % des captures annuelles mondiales de poisson, mais elle connaît un développement rapide. Les prises hauturières sont ainsi passées de 450 000 tonnes en 1950 à 4,3 millions en 2014, ce qui interroge sur la durabilité de cette activité, comme le font plusieurs chercheurs dans ce document de travail de l'International Institut for Environment and Development.

Leur approche combine prospective et modélisation. Dans un premier temps, des experts ont été mobilisés pour élaborer différents scénarios relatifs au devenir de la pêche hauturière aux horizons 2030, 2050 et 2090. Ces scénarios ont ensuite alimenté un modèle bio-économique visant à quantifier les impacts économiques et écologiques des futurs envisagés.

Structure du modèle bio-économique

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Source : IIED

Trois scénarios ont été retenus et modélisés pour les trois horizons. Le premier fait l'hypothèse d'une coopération internationale renforcée permettant une gestion durable des ressources halieutiques. Le deuxième suppose, à rebours, une montée des nationalismes et des rivalités croissantes, principalement dans les pays riches. Cela se traduit par une exploitation plus intense de la haute mer par les pays développés, chacun d'entre eux cherchant à maximiser les revenus tirés de cette ressource commune. Le troisième scénario anticipe lui aussi un développement de la pêche hauturière, mais plus large puisque les pays à bas revenus y prendraient part également.

Sur le plan économique, la modélisation montre que la pêche en haute mer n'est viable dans aucun des scénarios envisagés, en raison de ses coûts. Dans les deux derniers scénarios, son développement n'est possible que parce qu'elle est subventionnée et emploie des travailleurs sous-rémunérés, voire forcés. Sur le plan écologique, ces mêmes scénarios se traduisent par un fort déclin des stocks de poissons et de leur diversité, en raison d'un effort de pêche important et d'un changement climatique marqué qui impacte la ressource. L'indice d'abondance moyenne des espèces diminuerait ainsi, d'ici 2090, de 29 à 67 % dans ces deux scénarios, contre 3 à 8 % dans le premier. Partant de ces constats, les auteurs appellent à la mise en œuvre rapide d'une gouvernance internationale permettant une exploitation durable de la haute mer.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : IIED

10:12 Publié dans 1. Prospective, Climat, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : iied, pêche, haute mer, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/05/2019

Évaluer la durabilité de régimes alimentaires plus riches en produits biologiques : apports de la cohorte BioNutriNet

Publié mi-avril dans The American Journal of Clinical Nutrition, un article présente les résultats d'une comparaison originale des durabilités de régimes alimentaires présentant des niveaux variés de produits biologiques, réalisée dans le cadre de l'étude NutriNet-Santé (cohorte en ligne) et du projet BioNutriNet. À partir de données collectées entre juin et décembre 2014, l'échantillon retenu de 29 210 adultes a été divisé en cinq classes, allant d'une part nulle de bio à une part moyenne de 71 %. En mobilisant diverses méthodes, les auteurs ont calculé plusieurs indicateurs de durabilité : qualité nutritionnelle, impact environnemental (établi uniquement pour le stade agricole), coûts économiques, exposition à 15 pesticides via les ingrédients végétaux.

Ils montrent que l'augmentation de la proportion de produits biologiques consommés est associée à celle de produits végétaux (environ + 52 % entre les deux extrémités de l'échantillon) et à une baisse de la part de produits animaux (- 46 %) et d'aliments sucrés (- 22 %). Les individus de la classe mangeant le plus de bio présentent un régime alimentaire de meilleure qualité nutritionnelle (moins d'acides gras saturés, de sucres ajoutés et de protéines, plus d'acides gras poly-insaturés, de fibres et de vitamines C et E), ainsi qu'un indice de masse corporelle plus bas. Leurs consommations s'accompagnent également d'émissions de gaz à effet de serre (- 30%), d'une demande énergétique (- 20%) et d'une empreinte foncière (- 20%) plus faibles. Il en est de même pour leur exposition alimentaire aux pesticides (mis à part pour deux produits utilisés en agriculture biologique), alors que le coût journalier individuel et la part de leur budget consacrée à l'alimentation sont plus élevés. Ces différences sont en grande partie liées à la composition du régime, le mode de production agricole venant, quant à lui, expliquer principalement les différences économiques et d'exposition aux pesticides.

Les auteurs relèvent les limites de cette étude : échantillon composé de volontaires, données de consommation alimentaire déclaratives, non prise en compte des activités en aval de l'exploitation agricole, manque d'éléments sur certains produits phytosanitaires, etc. Ils identifient ainsi une série d'indicateurs et de dimensions à explorer pour compléter l'analyse de la durabilité de ces régimes alimentaires (bien-être, risques de maladies, impacts sur la biodiversité, etc.).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : The American Journal of Clinical Nutrition

15/04/2019

Changer les politiques pour une pêche plus durable : quelles leçons tirer des expériences des pays de l'OCDE ?

Un rapport de l'OCDE analyse les changements de politiques en faveur de la durabilité du secteur de la pêche, afin d'en cerner les déterminants et les caractéristiques, et d'en tirer des leçons pour l'action publique. L'étude se fonde sur une revue de la littérature en économie politique et sciences de gestion, complétée par des données nationales issues de 16 réponses à un questionnaire envoyé aux 38 pays participant au Comité des pêches de l'Organisation. Les discussions d'un groupe d'experts et de parties prenantes sont également mobilisées.

Le rapport souligne la nécessité d'une gestion plus durable : un tiers des pêcheries sont aujourd'hui surexploitées, contre 10 % en 1970, avec un poids significatif des pratiques illicites, à quoi s'ajoutent les dommages sur la biodiversité et les impacts négatifs du changement climatique sur les ressources halieutiques. Mais les obstacles au changement sont nombreux : tensions entre objectifs multiples (durabilité, économie, emploi, etc.), pertes de revenu à court terme, gestion multi-échelle d'une ressource par nature mobile et difficilement observable, etc.

Malgré ces défis, la majorité des pays a fait évoluer ses politiques de la pêche vers plus de durabilité entre 2005 et 2016 : introduction d'outils de gestion des stocks (totaux admissibles de capture, de quotas, etc.), redéploiement des subventions aux pêcheurs vers les services de support (infrastructures portuaires, instruments de mesure, formation, recherche, etc.), et amélioration de la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

Utilisation des outils de gestion des stocks

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Source : OCDE

Le principal moteur de ces changements, dans une majorité de pays, a été la prise de conscience de l'épuisement de la ressource halieutique, bien davantage que les performances économiques et sociales de la filière. Les initiatives des autorités gestionnaires et les engagements juridiques ont également été déterminants. Les auteurs en tirent des leçons pour catalyser les dynamiques de changement, notamment : améliorer la production et la gouvernance des données et des connaissances ; utiliser davantage le cadre législatif, plus efficace que les mécanismes informels pour assurer l'engagement des acteurs ; mobiliser de façon représentative les parties prenantes ; appliquer les principes de transparence et d'intégrité en matière de lobbying.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : OCDE

10:27 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : ocde, pêche, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/01/2019

Durabilité de la pêche thonière

Afin d'analyser le fonctionnement du marché mondial du thon, l'Iddri a mené pendant deux ans une revue de la littérature et des entretiens avec des acteurs et des experts. Les résultats, publiés en novembre, montrent que ce produit, lorsqu'il est commercialisé en conserve, est la forme la plus économique de protéines animales. Si ce marché de la conserve est en pleine expansion, tiré par de nouveaux pays consommateurs du Moyen-Orient et d'Amérique latine), l'Union européenne (UE) et les États-Unis en demeurent les principaux (72 % des volumes). Les pêches nationales étant insuffisantes pour satisfaire la demande, l'importation joue un rôle majeur. Cependant, les consommateurs européens et américains sont de plus en plus sensibles à la durabilité de cette pêche. Or, l'état des stocks de thons est très variable selon la zone et l'espèce considérées : seuls 8 % des prises se font à la canne, méthode réputée la plus vertueuse, et des cas d'esclavage et de travaux forcés ont été rapportés sur certains navires et dans certaines conserveries. Enfin, la demande croissante encourage l'investissement pour augmenter les capacités de capture des navires.

La pêche thonière étant un pilier important de l'économie et de la sécurité alimentaire des pays en développement producteurs, le rapport discute les principaux facteurs pouvant influencer le marché mondial. Le premier est la stratégie des enseignes de grande distribution qui, sous la pression des consommateurs, cherchent à développer leurs gammes de produits certifiés, incitant les fournisseurs à s'y engager. Cependant, l'impact réel des labels semble limité : par exemple, parmi les stocks surexploités en 2011 et ayant obtenu une certification, la moitié d'entre eux n'ont pas vu augmenter leur biomasse. Ceci pourrait s'expliquer par le fait que les labels garantissent un niveau minimum de bonnes pratiques, sans pour autant encourager leur développement. Au niveau de l'UE, un dispositif de lutte contre la pêche illégale de thons a été adopté, visant notamment à interdire l'exportation vers le marché européen des produits en provenance de pays qui ne rempliraient pas les critères demandés. Le Sri Lanka a ainsi été touché par cette mesure, mettant alors rapidement en place les démarches nécessaires pour recouvrer son statut d'exportateur. Pour les auteurs, ce dispositif s'est donc révélé efficace.

Un rapport de synthèse, ainsi que des focus sur l'océan Indien et sur la thématique du changement climatique, sont également disponibles sur le site Internet de l'Iddri.

Les limites des démarches de durabilité

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Source : Iddri

Aurore Payen, Centre d'études et prospective

Source : Iddri

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02/07/2018

La Chaire ANCA présente une prospective de l'alimentation sous le format d'une bande dessinée

La Chaire ANCA, portée par la Fondation AgroParisTech, propose, dans le cadre de ses actions de sensibilisation à l'alimentation saine et durable, un exercice de prospective sur les comportements alimentaires, nommé « Manger vers le futur ». Le format choisi est celui de la BD numérique, répartie en 30 épisodes qui permettent au récit de progresser dans le temps, de nos jours à 2050. La diffusion de la BD se fait sur le réseau Instagram, à raison d'un épisode par jour depuis le 1er juin.

Le point de vue de quatre personnages distincts permet le traitement de plusieurs thématiques, comme la consommation de protéines animales, celle de leurs alternatives, ou encore la question de la durabilité des conduites alimentaires. Chaque épisode est également accompagné de ressources complémentaires (témoignages, bibliographie, etc.). L'épisode de 2037 est l'occasion de présenter un exercice mené avec Ferrandi Paris, sur ce à quoi pourrait ressembler le restaurant de 2050. Plusieurs scénarios de restaurants sont ainsi déclinés sous le format d'un guide gastronomique.

Capture d'écran de la BD Manger vers le futur

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Source : Chaire ANCA

Sources : Chaire ANCA, Chaire ANCA

09:17 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : alimentation, bd, durabilité, saine |  Imprimer | | | | |  Facebook