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14/04/2022

Régulation de la publicité sur les produits gras, salés et sucrés et comportements d'achat

La mise en place de restrictions concernant la publicité relative aux produits gras, salés et sucrés fait partie des recommandations de politiques publiques fréquemment mises en avant pour lutter contre l'obésité et promouvoir des régimes alimentaires sains. Dans un article publié en février 2022 dans la revue PloS Medicine, des chercheurs ont évalué l'impact de telles mesures sur le comportement d'achat des consommateurs. Le travail porte sur l'agglomération londonienne, qui, à de rares exceptions près, a interdit ce type de publicité en 2019 dans son réseau de transports en commun.

Pour estimer l'effet de cette réglementation sur l'achat de produits gras, salés et sucrés par les Londoniens, les auteurs ont conduit une analyse contre-factuelle, à partir de données d'achat issues d'un panel de 32 000 foyers. Au sein de ce panel, deux échantillons aléatoires ont été constitués (figure ci-dessous). Le premier était composé de foyers londoniens (977 ménages) ayant eu affaire à la réglementation. Le second, faisant office d'échantillon témoin, comprenait des foyers du nord de l'Angleterre (993 ménages), suffisamment éloignés de la capitale britannique pour pouvoir faire l'hypothèse qu'ils n'avaient pas bénéficié de la réglementation évaluée. Ce dispositif quasi-expérimental a permis de contrôler les facteurs dits « confondants » car susceptibles d’influer eux aussi sur les variables observées : fluctuations saisonnières des comportements d'achat, tendances structurelles concernant la consommation des produits étudiés, etc.

Caractéristiques des échantillons

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Source : PloS Medicine

Les tests statistiques réalisés mettent en évidence un effet positif et statistiquement significatif de la réglementation sur la consommation de produits gras, salés et sucrés. Ainsi, celle-ci a diminué de 6,7 % suite à la mise en œuvre des mesures évaluées. Cela représente environ 1 000 kcal/semaine/foyer, soit l'équivalent de 70 grammes environ de chocolat au lait standard par personne et par semaine. Quoique positif, cet effet demeure trop faible pour contre-balancer la tendance à la hausse de la consommation de ces produits. Enfin, l'effet de la réglementation semble plus prononcé pour certaines catégories de populations (personnes en surpoids, catégories socio-économiques intermédiaires), sans que cela ne soit statistiquement significatif. En conclusion, les auteurs estiment que cette recherche confirme l'efficacité de mesures ciblant la publicité, pour limiter la consommation de certains aliments contribuant à des régimes néfastes pour la santé.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : PloS Medicine

12/04/2021

Les politiques agricoles françaises dans l'entre-deux-guerres

Dans un article publié dans la Revue de l'OFCE, Thierry Pouch analyse les politiques agricoles mises en œuvre en France au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pas tout à fait remise de la crise de la fin du XIXe siècle (baisse des prix sous l'effet de la concurrence nord-américaine), lorsque le conflit éclate, l'agriculture française est durement impactée par les combats et peine à rétablir ses capacités productives une fois la paix revenue. En cause selon l'auteur, l'incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre une politique favorable à la modernisation du secteur agricole, en raison du conservatisme d'une partie de la classe politique. Elle se montre hostile à toute intervention de l’État, attachée qu'elle est au maintien des anciennes structures agraires. Il faudra attendre 1936 et l'arrivée au pouvoir du Front populaire pour que le pays, à la suite notamment des États-Unis, s'oriente vers une politique de régulation des marchés agricoles, qui permettra de stimuler la production de façon efficace, malheureusement juste avant que ne débute la Seconde Guerre mondiale.

Source : Revue de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques)

 

 

 

22/01/2021

Tendances et perspectives pour l'agriculture des pays de l'Union africaine

Le ReSAKSS, système régional d'analyse stratégique et de gestion des connaissances de l'Union africaine (voir à ce sujet un portrait), a publié récemment son Annual Trends and Outlook Report 2020 (ATOR 2020). Il a notamment été présenté à l'occasion de sa conférence annuelle 2020, Sustaining Africa's Agrifood System Transformation: The Role of Public Policies. Le rapport ATOR fournit un ensemble riche et diversifié d'analyses sur des sujets d'intérêt majeur pour l'avenir de l'agriculture des pays de l'Union africaine, et fait le point sur les indicateurs du Programme détaillé de développement de l'agriculture africaine (PDDAA). Il se fonde sur les meilleures données disponibles. Les travaux du ReSAKSS sont accompagnés par l'IFPRI et ont bénéficié de divers financements internationaux (USAID, Fondation Bill et Melinda Gates, IFAD, etc.).

Valeur ajoutée agricole par habitant dans 16 pays d'Afrique, 1965-2018

union africaine.jpg

Source : ReSAKSS

Le millésime 2020 du rapport se concentre sur le rôle des politiques publiques pour assurer la croissance et le développement des secteurs agricole et agroalimentaire. Comme le souligne le chapitre 2, de nombreux pays de l'Union africaine ont connu, depuis le début du XXIe siècle, une forte croissance économique, en particulier dans l'agriculture (figure ci-dessus). Cette phase de boom a succédé à deux décennies de stagnation (années 1980 et 1990), au cours desquelles le PIB par tête a diminué (figure ci-dessous). La croissance agricole des années 2000 et 2010 s'appuie sur le progrès technique, avec des gains de productivité de la terre et du travail substantiels. Selon les auteurs, qui passent en revue les facteurs explicatifs du PIB par habitant, les politiques publiques ont joué un rôle fondamental : gouvernance (efficacité des pouvoirs publics, qualité des régulations), développement du capital humain (scolarisation, espérance de vie), stabilité macroéconomique, assistance au secteur agricole par rapport au reste de l'économie, etc.

Le rapport ATOR 2020 comprend dix-sept chapitres, incluant analyses thématiques et études de cas nationales, qui soulignent ces dynamiques et insistent sur plusieurs défis : la digitalisation de l'agriculture africaine, la transformation des chaînes de valeur intermédiaires du millet au Sénégal, le rôle de l'irrigation dans le développement de l'agriculture au sud du Sahara, la mécanisation agricole au Ghana, les politiques relatives aux engrais et aux semences, etc.

Croissance annuelle moyenne par décennie dans 30 pays d'Afrique, 1960-2018

Union africaine 2.jpg

Source : ReSAKSS

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : ResAKSS

18/02/2019

Publication de l'Académie d'agriculture sur le secteur laitier : enseignements des crises récentes et proposition d'instruments de régulation

L'Académie d'agriculture a publié, en janvier 2019, un article de G. Bazin, A. Pfimlin et T. Pouch, consacré à une analyse des crises successives et imbriquées du secteur laitier. S'appuyant sur ce bilan, ils proposent ensuite la mise en œuvre d'instruments de régulation, dans le cadre des textes européens actuels.

Au cours des quatre dernières années, le secteur laitier européen et mondial a connu des secousses majeures, inédites par leur ampleur et leur enchaînement. À partir de la hausse de production qui devançait la fin des quotas laitiers, les auteurs expliquent comment, amplifiée par les anticipations synchrones des gros producteurs européens, elle a mené à une surproduction, face à des marchés finalement étroits et peu dynamiques. Compte tenu des investissements réalisés en prévision de la fin des quotas, la chute des prix a conduit les éleveurs à accroître à nouveau les volumes produits, créant une spirale déflationniste. Face à cette crise, les auteurs rappellent que la ré-introduction de mesures de régulation de l'offre est restée taboue en Europe jusqu'en octobre 2016. Dans l'intervalle, les stocks de poudre à l'intervention se sont alourdis, sans pour autant parvenir à absorber la surproduction, et pèsent encore sur les marchés.

Pour les auteurs, le premier enseignement à tirer est celui de l'interconnection des marchés laitiers, entre eux et avec les phénomènes macro-économiques généraux. Les analyses et prévisions, fondées sur un marché historiquement régulé, ont largement sous-estimé son instabilité endogène. Des outils d'information plus fiables sont donc nécessaires, et l'instabilité économique et géopolitique doit désormais être prise en compte dans la conception des politiques publiques. Enfin, de nouveaux outils de régulation, plus réactifs et collectifs, leur paraissent indispensables.

Prix du lait en Europe (bleu) et niveaux de valorisation en beurre et poudre de lait industriels (rouge)

Lait.jpg

Source : Académie d'agriculture

Par ailleurs, les auteurs pointent le fait que le prix du lait en Europe est étroitement corrélé aux cours mondiaux des produits industriels (voir figure), et que c'est bien la surproduction européenne qui a déstabilisé (et déstabilise encore) ces marchés. Cette instabilité, mais aussi l'inefficacité du système actuel, plaident pour une régulation selon deux axes : une application plus stricte des normes agro-environnementales, qui contribuerait à désintensifier les régions les plus productrices et à limiter les surproductions ; des mesures de réduction des livraisons de lait (du type bonus / malus), qui se révèlent à la fois efficaces, réactives et finalement peu coûteuses. Les débats européens sur le sujet s'annoncent riches.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Académie d'agriculture

16:33 Publié dans 4. Politiques publiques, Production et marchés | Lien permanent | Tags : secteur laitier, lait, crise, régulation |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/09/2015

L’équilibre fragile de la prise alimentaire entre différentes voies neuronales

Une équipe française (CNRS/Université Paris Diderot) vient de publier, dans Cell Metabolism, les résultats de ses travaux sur le rôle des besoins énergétiques et du plaisir de manger dans la prise alimentaire. Le comportement alimentaire est régulé par différentes voies neuronales et, au regard de l’évolution de pathologies liées à l’alimentation, la compréhension de l’implication et de la connexion de ces circuits est d’importance.

Travaillant, chez des souris, sur un groupe de neurones (NPY/AgRP) situé dans l’hypothalamus et faisant partie du circuit permettant de maintenir l’équilibre énergétique en stimulant la prise alimentaire, les chercheurs ont notamment montré que lorsque ces neurones sont absents ou que leur fonctionnement est inhibé, l’hormone les stimulant active à la place le circuit de la « compensation ». Cette voie entraîne alors une consommation déconnectée des besoins corporels énergétiques et essentiellement dépendante du plaisir donné par la nourriture. Les souris placées dans ce cas mangent des aliments riches en lipides et glucides dans des quantités plus importantes, prennent du poids et sont plus sensibles à des facteurs externes (stress par exemple). Par ailleurs, pour les auteurs, ces résultats montrent qu’« agir à un niveau pharmacologique sur ces neurones pour traiter l’hyperphagie peut être contre-productif ».

Source : CNRS