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10/03/2022

L'alimentation sous influence : micro-célébrités d'Instagram et « témoignage publicitaire »

Un article publié dans Communication et organisation s'intéresse aux « nouvelles cultures de l'influence » sur les réseaux sociaux, avec six études de cas consacrées à des micro-célébrités d'Instagram (2 000 à plus de 100 000 followers) traitant de sujets alimentaires. De façon plus ou moins affichée, ces « instagrameuses mères de famille » sont sponsorisées par des annonceurs du secteur agroalimentaire, et elles présentent tel ou tel de leurs produits dans certains de leurs posts. L'échantillon a été constitué en utilisant Favikon, un outil de scoring permettant de recommander aux professionnels du marketing le financement d'influenceurs. L'analyse des contenus publiés sur ces comptes confirme le développement d'une nouvelle rhétorique publicitaire, mobilisant le témoignage sur les pratiques ordinaires de consommation, et recherchant un effet d'authenticité (une « facture amateur ») par l'immersion dans le cadre familial. Sans que les auteurs puissent toutefois en mesurer l'efficacité, ces pratiques semblent tournées vers un public « de mères de famille et de jeunes femmes », de « prescripteurs et acheteurs de produits alimentaires pour les enfants et les adolescents ».

Source : Communication et organisation

10:27 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : publicité, réseaux sociaux, influenceurs, alimentation |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/03/2022

Quantification de l'impact de l'alimentation sur l'espérance de vie

Dans un article publié dans la revue Plos Medicine, des chercheurs ont estimé l'impact de l'alimentation sur l'espérance de vie. L'étude est basée sur une série de méta-analyses traitant des relations dose-effet pour la consommation de produits spécifiques, et sur les données de la base du Global Burden of Disease (GBD, la « charge mondiale des maladies »). Elle montre qu'une évolution d'un « régime occidental type » à un « régime optimal » pourrait faire gagner jusqu'à 13,7 années d'espérance de vie, pour un Européen de 20 ans. L'augmentation de la consommation de légumineuses, de céréales complètes, de noix, et la diminution de celle de viande rouge et de viande transformée, auraient les effets les plus prononcés sur la variation de l'espérance de vie (figure ci-dessous pour l'exemple des États-Unis).

Espérance de vie gagnée pour des femmes (gauche) et des hommes (droite) de 20 ans résidant aux États-Unis, suite à l'adoption de régimes « optimaux » ou « faisables », indiqués en grammes par jour

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Source : Plos Medicine

Source : Plos Medicine

Les normes, « face cachée de l'alimentation dans la mondialisation »

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À l'occasion de la parution en février du Déméter 2022, l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) diffuse un entretien sur les enjeux de la normalisation, avec l'un des contributeurs, C. Mayeur, ancien directeur Développement et Innovation à l’Afnor. Dans un contexte de tensions géopolitiques et commerciales, les initiatives de normalisation volontaire en matière alimentaire reflètent les rapports de force entre les régions du monde, les États, les acteurs économiques, etc. Sur la scène internationale, la coordination européenne est nécessaire pour peser face aux poids lourds de la normalisation (Chine, États-Unis, Japon). Pour les industriels, aussi bien les grands groupes que les PME innovantes ou les start-ups, la normalisation est une arme stratégique pour accéder à de nouveaux marchés. Elle peut également apporter des garanties face aux questions environnementales et sanitaires, de plus en plus posées aux différents secteurs industriels, et tout particulièrement à l'industrie agroalimentaire.

Source : Iris

Évaluation d'impact d'un programme visant à contribuer à la sécurité alimentaire en Éthiopie

Un article publié dans PlosOne en janvier 2022 s'intéresse aux effets du Productive Safety Net Program (PSNP), conduit par le gouvernement éthiopien pour contribuer à la sécurité alimentaire des ménages ruraux de l'ouest du pays. Engagé en 2005 à la suite d’une grave crise alimentaire, le PSNP apporte aux ménages une aide financière ou en nature en cas de faible production agricole. Afin d'en apprécier l'impact, les auteurs ont comparé la ration calorique de deux échantillons de ménages, l'un ayant bénéficié du dispositif et l'autre non. Les échantillons ont été construits par un appariement sur score de propension. L'analyse montre un effet positif du PSNP sur la sécurité alimentaire avec 68 % des ménages participant en situation de sécurité alimentaire (+2 100 kcal/jour/adulte), contre 54 % pour les ménages ne participant pas. En conclusion, les auteurs formulent des recommandations, comme le soutien aux projets à visée nutritionnelle dans les zones rurales.

Source : PlosOne

Drives piétons, dark kitchens et dark stores : état des lieux parisien

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En février 2022, l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) a publié une analyse de ce qu'il appelle le « nouvel écosystème de la distribution alimentaire en centre-ville ». Se développant dans les zones densément peuplées, ces activités ont notamment bénéficié des confinements récents. Depuis 2018, les drives piétons sont principalement portés par Carrefour et Casino. Plus récemment, d'autres enseignes mettent en place des dispositifs non adossés à un magasin, voire automatisés. Lieux de préparation de repas commandés sur Internet et livrés à domicile, la trentaine de dark kitchens identifiées contribue à la diversification des formes de livraison à l’œuvre depuis une vingtaine d'années, suite à l'arrivée des plateformes digitales. Permettant des livraisons dans des délais très courts (10-20 min), les dark stores (environ 80) ont fortement augmenté depuis 2020. Portés par une dizaine de start-ups, ils proposent un catalogue restreint de références. Leurs activités font face à diverses critiques : concurrence avec les commerces alimentaires, nuisances, gestion des pertes en produits frais, conditions de travail. Enfin, les auteurs traitent du statut juridique de ces nouvelles activités.

Source : Apur

16/02/2022

Réorienter la moitié des subventions agricoles pour de meilleurs résultats environnementaux, sanitaires et économiques

Dans un article publié dans Nature Communications, deux chercheurs britannique et allemand ont analysé des scénarios de réorientation des subventions agricoles, au niveau mondial. Pour les auteurs, celles-ci sont des déterminants majeurs de la production alimentaire, considérée en l’état comme non durable et ne permettant pas de fournir des régimes équilibrés à la population.

Cinq scénarios ont été modélisés : une suppression de l'ensemble des subventions dédiées au secteur agricole, à l'exception de celles liées au commerce des marchandises (scénario RMV) ; une réallocation de la moitié (scénario S50) ou de la totalité (scénario S100) de ces aides à des productions bénéfiques pour le climat (émettant moins de gaz à effet de serre (GES) que d'autres productions) et la santé des populations (fruits, légumes et noix) ; une réallocation des subventions combinée à leur rééquilibrage mondial, en fonction du PIB (scénario GDP) ou de la population (scénario POP) de chaque pays. Les impacts sont évalués à différents niveaux : monde, pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pays non membres de l'OCDE et distribuant des subventions, pays non membres de l'OCDE et sans subventions. Les effets de la réorientation des aides sont étudiés pour la production agricole, les émissions de GES en lien avec l’alimentation, la consommation, les décès évités et la prospérité économique (figure ci-dessous).

Impacts des cinq scénarios de réorientation des subventions agricoles

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Source : Nature Communications

Les résultats montrent la nécessité de réaliser des arbitrages entre les objectifs environnementaux, économiques et de santé publique : tandis que la suppression des subventions a des impacts bénéfiques pour l'environnement et l'économie, la modélisation met en évidence des conséquences négatives en matière de santé publique. En revanche, la réorientation de l'ensemble des aides vers les fruits et légumes impacte positivement la santé publique et diminue les émissions de GES, mais s'avère défavorable pour l'économie. Les scénarios touchent aussi différemment les pays avec et sans subventions : le scénario RMV entraîne une baisse de la production dans les premiers, non compensée par la hausse de la production dans les seconds. De son côté, la réallocation des aides vers les fruits et légumes entraîne une hausse de la production horticole dans les pays avec subventions et une baisse dans ceux qui n’en allouent pas. Ainsi, le scénario que semblent privilégier les auteurs est celui de la réallocation partielle des subventions, combinée à un rééquilibrage de celles-ci au niveau mondial.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Communications

15/02/2022

Situation économique et financière des entreprises françaises de la filière viande

Dans son numéro 23 paru en janvier 2022, l’Observatoire financier des entreprises agroalimentaires du Crédit agricole présente la situation des opérateurs français de la filière viande en 2020. L'analyse porte sur les structures ayant un chiffre d'affaires de plus de 2 millions d'euros, soit un total de 23,8 milliards pour l'ensemble de l'échantillon. Elles exercent une ou plusieurs activités dans les domaines de l’abattage, du désossage, de la découpe et de la transformation des bovins, des ovins, des porcins et/ou des volailles. Certaines ont également des activités de préparation de conserves et de plats cuisinés, de grossiste ou de négoce.

En préambule, l'analyse rappelle qu'avec la crise sanitaire, la forte hausse de la consommation de viandes à domicile n’ayant pas compensé le repli du hors-domicile, les volumes consommés ont diminué de 1,5 %. Toutefois, la situation est contrastée selon les espèces (figure ci-dessous). Ainsi, le porc frais et la charcuterie ont peu souffert de la fermeture des restaurants – à l’inverse de la volaille – et ont bénéficié d’une consommation à domicile importante. La viande bovine française en a elle aussi profité alors que les importations souffraient de la fermeture de la restauration hors domicile. Les produits du porc ont également bénéficié d’importations chinoises conséquentes et le chiffre d’affaires des entreprises spécialisées dans sa transformation a progressé de 3,7 %. À l'inverse, celui du secteur de la volaille a diminué de 2,6 %. Enfin, le chiffre d’affaires de l'ensemble de l’échantillon étudié a progressé de 1 %.

Évolution du chiffre d’affaires des entreprises et groupes français de la filière viande, par espèce, de 2016 à 2020

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Source : Crédit agricole S.A.

La rentabilité d’exploitation des entreprises (EBITDA) est passée quant à elle de 3,8 % du chiffre d’affaires en 2019 à 4,8 % en 2020, sous l’effet de la forte progression des résultats des entités spécialisées dans le porc. Celles-ci ont bénéficié d’une baisse des prix à l’achat alors qu’une partie de leurs prix de vente, négociés en début d’année, avaient été fixés dans le contexte de 2019.

Évolution de la rentabilité d’exploitation par espèce, de 2016 à 2020, pour les entreprises et groupes français de la filière viande

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Source : Crédit agricole S.A.

Lecture : l'EBITDA correspond au résultat du processus d’exploitation duquel ne sont pas déduits les dotations aux amortissements et provisions pour dépréciation d’actif.

Par ailleurs, les investissements globaux sont en hausse, dans un contexte de restructuration importante du secteur de l’abattage. La publication se termine par la présentation de différents ratios, par taille d’entreprises et par activité. Ils permettent de comparer le secteur à l’ensemble des industries agroalimentaires. Des éléments de conjoncture pour 2021 sont également exposés.

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

Source : Crédit agricole S.A.

Sécurité sanitaire : stratégie globale de l'OMS 2022-2030

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier sa stratégie globale 2022-2030 en matière de sécurité sanitaire. Faisant suite à une résolution adoptée en 2020, visant le renforcement des efforts pour une nourriture saine, ce rapport a été soumis à un comité technique puis à une large consultation : États membres, institutions scientifiques, agences onusiennes, ONG, etc. Le rapport publié sera présenté à l'Assemblée générale de l'OMS de mai 2022.

600 millions de personnes tombent malades chaque année, dans le monde, suite à l'ingestion d'aliments insalubres, surtout dans les pays à faible niveau de revenu. Ces aliments perturbent aussi les chaînes alimentaires et donc le commerce mondial (interdictions d’importation, etc.). Ces problèmes de qualité sanitaire ont de plus des conséquences négatives sur la sécurité alimentaire, et ils impactent plusieurs objectifs onusiens de développement durable. Pour y répondre, quatre principes régissent la stratégie sur la sécurité sanitaire (figure ci-dessous) : selon l'OMS, elle doit être « prospective », « basée sur les faits », « centrée sur les acteurs » et « efficiente ».

Principes sous-jacents aux priorités stratégiques de l'OMS en matière de sécurité sanitaire

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Source : OMS

Cette stratégie est faite de cinq priorités. La première porte sur la création ou l'amélioration des systèmes de contrôle nationaux. Ils doivent être établis selon des normes modernes, harmonisées et conformes aux données scientifiques et à la législation, régulièrement contrôlés et mis à jour. Des plans de gestion de crise sont à prévoir. La deuxième priorité recommande que les pays aient une attitude proactive, anticipant les changements mondiaux et les transformations des systèmes alimentaires. Pour cela, les impacts de ces changements sur la sécurité sanitaire (ex. augmentation ou émergence de zoonoses transmises par l'aliment) doivent être identifiés et des options de gestion des risques d'apparition étudiées. L'utilisation des données scientifiques et des informations remontées tout au long de la chaîne alimentaire (résultats de contrôles sanitaires, origine géographique, etc.) constitue la troisième priorité. Par ailleurs, l'ensemble des parties prenantes devrait être impliqué (quatrième priorité) grâce à un système d'échange d'informations performant, mobilisant les outils adaptés. Enfin, la sécurité sanitaire est à considérer comme une composante essentielle du commerce alimentaire national, régional et international (cinquième priorité). Dans ce cadre, les systèmes alimentaires doivent se conformer aux normes du Codex alimentarius pour protéger la santé publique et faciliter les échanges.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Organisation mondiale de la santé

14/02/2022

Covid-19 et pratiques alimentaires : des enseignements pour la conception des politiques publiques

En janvier 2022, ont été publiés dans la revue Sustainability: Science, Practice and Policy les résultats d'un travail mené sur les effets des restrictions associées au Covid-19 sur les pratiques alimentaires. Pour les auteurs, les perturbations soudaines des routines quotidiennes (ex. télétravail) et des systèmes d'approvisionnement (ex. fermeture des restaurants) constituent une opportunité pour étudier ces pratiques et leurs dynamiques : obtention, stockage, préparation et consommation d'aliments, gestion des déchets, etc. De mai à juillet 2020, ils ont réalisé 119 entretiens semi-directifs auprès de ménages aux profils diversifiés dans sept pays : Allemagne, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni et Vietnam.

Des résultats communs aux différents terrains d'enquête sont identifiés. Tout d'abord, les mesures de gestion de la crise sanitaire ont perturbé des pratiques alimentaires habituellement déterminées par d'autres activités (travail, école, etc.), modifiant les temporalités, localisations et fréquences des achats. Les mesures d'hygiène et de nouvelles conceptions des risques y ont également contribué, et ont joué sur les modalités de choix et de stockage des produits. La planification des repas et la gestion des denrées ont aussi été impactées. Par ailleurs, les ménages interrogés ont expérimenté de nouvelles pratiques alimentaires, déterminées par divers facteurs : préoccupations accrues pour la santé et prise en considération du rôle de l'alimentation ; recherche de diversité, de sociabilité et de divertissement, habituellement apportés par les repas au restaurant ; nouvelles pratiques culinaires (menus, équipements, services, outils numériques, etc.). Enfin, les expériences individuelles sont diverses, plaisantes ou difficilement vécues, notamment selon la composition du foyer et les activités professionnelles.

Pour les auteurs, des enseignements peuvent en être tirés quant à l'accompagnement du changement des pratiques alimentaires, notamment en ce qui concerne l'adoption d'alternatives face aux défis contemporains de la durabilité. Il s'agit de considérer la diversité des habitudes et routines, de mieux cibler les facteurs les conditionnant, d'en intégrer les dimensions sociales et culturelles, ou encore de tenir compte des capacités variables des individus à mettre en œuvre les changements. Les politiques publiques auraient alors à la fois un périmètre plus large et des ambitions plus modestes.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainability: Science, Practice and Policy

11/02/2022

FAO, The University of the West Indies, A review of school feeding programmes in the Caribbean Community, 2021, 194 pages

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L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié en décembre 2021 une étude sur la restauration scolaire dans les 14 États membres de la Communauté des Caraïbes (Caricom). Recourant à plusieurs méthodes (entretien, recherche documentaire, analyse des avantages nets), l’étude met en évidence trois types d’organisation de la restauration qui impliquent des coopérations différentes avec les petites exploitations agricoles locales. Celles-ci sont considérées par les auteurs comme les plus aptes à fournir une alimentation saine, diversifiée, ancrée dans les cultures locales.

Dans le premier type, majoritaire, les repas sont préparés et consommés dans l’enceinte scolaire. Si les produits sont principalement issus de la commande publique, ce modèle autorise l’introduction d’aliments par les familles, l’association de celles-ci à la préparation des repas et l’achat auprès d'agriculteurs locaux. Dans le deuxième type d’organisation, des prestataires contractualisés du secteur marchand prennent en charge l’approvisionnement, l’acheminement et la préparation des repas. Ces processus normés sollicitent peu les petites exploitations environnantes. Enfin, dans le dernier modèle, les repas sont préparés, conditionnés et acheminés dans les écoles par des prestataires dépendant, par exemple, du ministère de l’Éducation ou d'une grande entreprise publique.

Pour les auteurs, ce troisième type d’organisation recourt en général peu aux produits agricoles locaux, la grande majorité des denrées consommées à l’école étant importée. Toutefois, le cas d’Antigua-et-Barbuda conduit à nuancer cette affirmation (figure ci-dessous). La mise en œuvre du Programme alimentaire national permet en effet un approvisionnement local pour 80 % des œufs, légumes et autres produits frais, 120 exploitants agricoles sont des fournisseurs du ministère de l’Éducation et six entreprises locales sont chargées de la découpe de la viande.

Organisation de la restauration scolaire à Antigua et Barbade

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Source : FAO

Lecture : les flèches bleues relient les fournisseurs à des destinataires (ou clients) ; celles en noir désignent l’action de rendre compte de l’activité auprès d’un tiers ; les flèches rouges se rapportent aux flux monétaires (paiement ou allocation de ressources).

Parmi les freins identifiés à l’approvisionnement local figure la difficulté, pour les organismes chargés de la restauration scolaire, de gérer les flux logistiques occasionnés par le recours à une variété d’exploitations. La FAO préconise une augmentation du volume des produits en provenance de l’agriculture de petite échelle, pour réduire la valeur des importations, augmenter la production nationale et l’emploi dans les zones rurales. Désignant le Brésil voisin comme lieu de bonnes pratiques, l’organisation recommande que 50 % du contenu des repas proviennent des « fournisseurs locaux ou régionaux ».

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : FAO

Les mouvements pour la revalorisation de la sauce soja au Japon

Alice Doublier (CNRS) a mené une enquête, au Japon, sur les mouvements de revalorisation de la sauce soja. Un article paru fin 2021 dans Anthropology of food en livre les premiers résultats. Le condiment, obtenu par macération d’un mélange de blé et de graines de soja, constitue un pilier de la gastronomie japonaise, « assaisonnement passe-partout » recherché pour sa régularité et l’apport en umami, « cette cinquième saveur qui enrobe le palais ». Produite traditionnellement en fûts de cèdre (image ci-dessous), la sauce fait l'objet, dès les années 1950, d’une production industrielle et d’une consommation globalisée, soutenue par l’implantation des brasseries Kikkoman aux États-Unis et en Europe. La consommation japonaise actuelle est 3,5 fois moins importante que celle des années 1970, les volumes produits dans l'archipel diminuent depuis les années 1990 et les productions traditionnelles sont en crise, ne représentant plus que 1 % du marché national.

Chai de sauce soja de la brasserie Shôkin

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Source : © Alice Doublier (Shôdoshima, juin 2019)

Réticents à mettre en place des labels ou des indications géographiques, les petits producteurs s’organisent cependant, depuis une dizaine d’années, sous forme de collectifs et de réseaux protéiformes, pour « défendre une production locale et à taille humaine ». L’article décrit aussi les activités d’un nouveau corps de spécialistes, qui se présentent comme « sommeliers ». Derrière leurs trajectoires singulières (artiste-designer, salaryman reconverti, fils d’un brasseur, etc.), on peut voir un effet de génération, ainsi que « l’impérieuse nécessité ressentie » par de nombreux Japonais de faire vivre leurs industries traditionnelles et leur tissu de petites et moyennes entreprises (céramique, saké, etc.).

L’article souligne les efforts pour faire apprécier, à l’aide de différents dispositifs (livres, dégustations publiques, visites de chai, collaboration avec des chefs étrangers), les nuances entre différentes sauces, « réelles mais fort subtiles ». Comme souvent dans les démarches de patrimonialisation gastronomique, la défense d'une production artisanale est accompagnée « d’une mise en récit de la diversité des modes de fabrication et des saveurs », sous des formes qui évoquent la promotion du vin ou le dynamisme des bières artisanales. L’auteure souligne également la difficulté à justifier un prix bien plus élevé que celui du produit standard vendu en supermarché.

Dans le même numéro et toujours sur le Japon, signalons un article consacré aux scènes de cuisine et de dégustation dans les films d’animation, et un autre sur la fin du tabou de la viande au XIXe siècle.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Anthropology of food

09/02/2022

Intérêt nutritionnel des substituts à la viande et optimisation de leur composition

Après avoir constaté que le remplacement de la viande et des produits laitiers, par des substituts végétaux, ne permettait généralement pas d'assurer pleinement les apports en micro-nutriments des adultes, des spécialistes de la nutrition ont cherché à en optimiser la composition. Publiés en janvier 2022 dans l'European Journal of Nutrition, leurs travaux utilisent un panier de 159 produits végétaux, en évitant les produits ultra-transformés et en tenant compte des contraintes technologiques. En considérant le régime alimentaire d'un adulte français moyen, leur modélisation a permis de composer un substitut type à partir de 13 ingrédients. Il améliore sensiblement l'équilibre nutritionnel et les apports en micro-nutriments essentiels (vitamine B6, fer biodisponible, etc.), et sa composition inclut notamment des haricots blancs, des pois chiches et des poivrons. Au-delà de cette optimisation, les travaux montrent qu'un bon choix d'ingrédients permettrait d'améliorer les apports nutritionnels des produits végétaux, y compris pour des régimes plus spécifiques.

Source : European Journal of Nutrition

Dénominations en langue occitane de produits alimentaires

Dans le numéro de Langage et société consacré aux nouveaux usages socio-économiques des langues régionales, C. Alén Garabato et H. Boyer (sociolinguistes, université Montpellier 3) consacrent un article aux noms de produits alimentaires en occitan. La tendance à utiliser cette langue, dans un contexte commercial, apparaît dans les années 1980, puis s'accélère dans les années 2000. Trois exemples sont abordés : les pâtes, les bières artisanales et le vin. Les producteurs font preuve d'une grande créativité. Ils exploitent « des lexèmes pas forcément connus du grand public », « à forte charge identitaire » ou encore des « bribes de discours figées » comme « Tot çò que cal » [Tout ce qu’il faut], « Farem Tot Petar » [On fera tout sauter] », pour des cuvées de vin rouge (image ci-dessous). Ils manifestent souvent un certain respect de la langue (graphie normalisée). Sans exagérer la portée militante et revendicative de ces choix, les auteurs soulignent leur intérêt, dans le cadre d'une patrimonialisation dynamique, ainsi que leur contribution à une « relative légitimation face au français ».

Cuvée « Tot çò que al » du domaine Château Plaisance (AOC « Fronton »)

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Source : Langage et société

Source : Langage et société

08/02/2022

La gastronomie : le futur de la FoodTech ?

Pour la deuxième édition d'ESAFoodTech, l'École supérieure d'agriculture d'Angers (ESA) a diffusé sur sa chaîne Youtube une série de conférences consacrées au thème « Gastronomie et technologies : qu’est-ce qui change ? ». Elles ont traité, par exemple, des effets potentiels des robots et des apports possibles de la FoodTech à la valorisation de l'origine des produits et du terroir. En conclusion de cette édition, M. Vincent (cabinet de conseil DigitalFoodLab) envisage les tendances à long terme de la FoodTech. Actuellement, ces start-ups se concentrent sur une nouvelle offre de produits alimentaires (viande et lait végétaux, viande artificielle), ressemblant à ceux déjà consommés : aspect, goût, propriétés nutritives. L'objectif est de ne rien changer à l'expérience utilisateur, tout en répondant à des enjeux de santé, d'environnement et de bien-être animal. À moyen terme, lorsque ces substitutions seront acceptées et intégrées dans les comportements, un deuxième temps s'ouvrira pour le secteur, avec des innovations alimentaires disruptives et créatives. Portée par la gastronomie, la FoodTech recherchera alors des propositions de nouveaux goûts, aspects et textures pour séduire le consommateur.

Source : ESAFoodTech

07/02/2022

Durabilité et résilience du système alimentaire des Hauts-de-France

Le Basic et Bio Hauts-de-France ont réalisé un diagnostic de la durabilité et de la résilience du système alimentaire régional, insistant sur les enjeux de reterritorialisation. Les auteurs se sont appuyés sur des données publiques, la littérature existante et des ateliers d'échange avec une soixantaine d'acteurs. L'étude établit un « potentiel nourricier » de 130 % : la région est excédentaire en terres agricoles par rapport aux besoins alimentaires de ses habitants. Mais, elle présente un « potentiel agro-industriel » de seulement 70 % : les capacités de transformation agroalimentaire régionale et les emplois associés sont insuffisants pour répondre à la demande des habitants en produits transformés. Le diagnostic pointe également des fragilités du système alimentaire : dépendance aux intrants importés, faible capacité de résistance face aux chocs climatiques extrêmes, etc. Enfin, il présente deux scénarios à l'horizon 2050 (tendanciel et « de résilience et de préservation ») et leurs impacts sur l'emploi, les potentiels nourricier et agro-industriel.

Le « potentiel nourricier » des Hauts-de-France en 2019

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Source : Le Basic-Bio Hauts-de-France

Source : Le Basic