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07/07/2021

L'industrie de la viande aux États-Unis a favorisé l'accélération des contaminations liées à la Covid-19

Dans un article récent publié dans Food Policy, une équipe de chercheurs de plusieurs universités américaines a établi un lien entre la présence d'usines de conditionnement de la viande et la dynamique de la pandémie à l'échelle des comtés. Elle a ainsi calculé que le taux d'infection 60 jours après l'apparition du 1er cas était multiplié par 2,6 lorsqu'une usine importante (capacité de plus de 4 500 t/mois) de transformation de viande de porc était présente dans le comté, par 2,1 dans le cas de la viande de bœuf et 1,2 dans celui de la volaille. L'analyse des épisodes de contamination en Allemagne, pour les mêmes types de structures, a d'ailleurs permis d'identifier et de quantifier les principaux facteurs (froid, faible renouvellement de l'air, promiscuité), comme publié récemment dans Plos One.

Enfin, les auteurs de l'étude américaine évaluent à plus de 334 000 le nombre de cas induits par les clusters dans l'industrie de la viande, pour un coût économique de plus de 11 milliards de dollars.

Source : Food Folicy

06/07/2021

44 % des déchets retrouvés en mer sont des sacs, emballages et contenants alimentaires et de boissons

Afin de déterminer la source des déchets retrouvés dans les eaux et océans, 36 inventaires ont été comparés dans un article de Nature. En moyenne, 80 % des déchets sont des plastiques, 7 % des métaux, 5 % du verre et 3 % des tissus. Les bouteilles en plastique comptent parmi les cinq déchets les plus retrouvés, quels que soient le milieu et la profondeur considérés, et elles sont particulièrement fréquentes dans les fonds marins (à 23 %, contre 12 % pour l'ensemble des déchets). Suivent les contenants et les couverts alimentaires, avec une moyenne de 9 % et une forte abondance dans les eaux fluviales (36 %). 8 % des déchets sont du matériel de pêche, mais cette part atteint 61 % en haute mer. Les canettes (3 % des déchets) sont communes dans les fonds marins (10 %) tandis que les bouteilles en verre (3 %) sont répandues dans les fonds fluviaux (11 %). Le remplacement du plastique par des matériaux plus facilement dégradables, la réduction de l'emploi d'objets à usage unique et la responsabilisation des consommateurs sont, selon les auteurs, indispensables pour lutter contre la pollution des milieux aquatiques.

Type et abondance des déchets retrouvés en mer en fonction de leur localisation géographique

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Source : Nature

Lecture : de gauche à droite et de haut en bas, pays à hauts revenus, Europe de l'Est et Asie centrale, Asie du Sud, Asie de l'Est et Pacifique, Amérique latine et Caraïbes, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Afrique subsaharienne. En rouge, la catégorie des déchets « à emporter » (bouteilles plastiques, sacs en plastique, bouteilles en verre, bouchons et couvercles plastiques, conserves, contenants et couverts alimentaires, canettes, capsules de couvercles et tirettes, emballages). En bleu, la catégorie « océan et voies navigables » (articles de pêche, cordes synthétiques, plombs de pêche, cordes ficelles et filets en tissu, filet de pêche). En vert, la catégorie des déchets industriels et domestiques (pneus et courroies, habillement, bois traité, bandes de cerclage et conditionnement industriel).

Source : Nature

19:34 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : déchets, océans, pêche |  Imprimer | | | | |  Facebook

La FAO analyse l'augmentation du prix des denrées alimentaires

L'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) a publié en juin son rapport semestriel Outlook, sur la situation des principaux marchés mondiaux de denrées alimentaires (céréales, huiles végétales, sucre, viande, produits laitiers, produits de la mer). Les auteurs observent une augmentation du prix de ces denrées, en particulier le blé, les autres céréales et les huiles végétales : le prix des protéines en mai 2021 était 23 % plus élevé qu'en mai 2020, et le prix général des calories a augmenté de 34 % sur la même période. Les auteurs présentent également des prévisions pour les années 2021 et 2022 (cf. figure ci-dessous) et ils anticipent notamment un risque de crise alimentaire dans les 47 pays à faible revenu et peu autosuffisants en nourriture : leur ratio d'importations alimentaires sur importations totales devrait augmenter de 20 % en 2021, soit cinq fois plus que pour les pays les moins développés.

Comparaison du PIB (GDP) et du montant total des importations alimentaires (FIB) de 2015 à 2021 (prévision), en base 100 pour 2015

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Source : FAO

Lecture : de gauche à droite, et de haut en bas, les graphiques concernent : le monde ; les « pays développés » ; les « pays en développement » ; les « pays les moins développés » ; les pays à faible revenu et faiblement autosuffisants en nourriture ; les pays d'Afrique sub-saharienne.

Source : Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO)

Une exposition sur le véganisme à l'Alimentarium (Suisse)

L'Alimentarium, musée de l'alimentation soutenu par le groupe Nestlé, propose une exposition temporaire sur le véganisme. Si la visite requiert de se déplacer à Vevey, en Suisse, plusieurs contenus sont accessibles sur internet. Ont ainsi été recueillis des témoignages de personnes véganes sur la plateforme Ma vie végane. Plus ou moins longues, ces contributions éclairent les motivations, les trajectoires et les pratiques alimentaires liées au véganisme.

Par ailleurs, une série de conférences peut être visionnée sur Youtube. Sont abordées, entre autres, l'histoire plus large des « non-mangeurs de viande » (J. Ristic, conservatrice à l'Alimentarium), les revendications des militants antispécistes (F. Truffer, association PEA - Pour l’Égalité Animale), et la sociologie de la cause animale en Suisse romande (I. Courtin, université de Genève). Cette dernière commente les évolutions observées depuis 2018. Elle souligne le contraste entre la progression de l'offre de produits véganes et la décrue des mouvements de libération animale, « qui ont fait l'objet d'une répression judiciaire importante », après des actions directes contre des abattoirs et des boucheries.

Source : Alimentarium

Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine : qualité et origine

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Le 20 mai dernier se sont déroulées Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine sur le thème de la qualité et de l’origine. En présence de la directrice de l’Institut national de l'origine et de la qualité, Marie Guittard, cette conférence d’une heure visait à présenter les Signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) tels que l’Appellation d'origine protégée (AOP), l’Indication géographique protégée, le Label rouge et l’Agriculture biologique. La forte augmentation de l’offre et de la demande pour cette dernière a notamment été évoquée. Karine Latouche, directrice de recherche à INRAE, a présenté la recherche COMPANI (2019), qui analyse l’AOP en tant que facteur de compétitivité à l’export des entreprises dans l’industrie du fromage et du beurre français. Un résultat de cette recherche est que les fromages et les beurres AOP sont vendus, à l'exportation, 11,5 % plus cher que des produits sans certification. La création d’un observatoire économique des produits sous SIQO, qui sera un outil d’aide à la décision et de pilotage pour les décideurs, a également été évoquée.

Source : Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine

05/07/2021

Une exposition sur le vin dans l'antiquité gréco-romaine

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La Cité du vin de Bordeaux présente jusqu'au 29 août une exposition intitulée « Boire avec les dieux». Elle explore la place et les fonctions de cette boisson dans les civilisation et société gréco-romaines, sans aborder la viticulture proprement dite. La mythologie et les cultes, en particulier celui de Dionysos, donateur du vin aux hommes, sont très présents dans l’exposition au travers de pièces archéologiques et de 4 podcasts. Trois artistes contemporains viennent enfin apporter un regard actuel sur ces mythes.

Source : Cité du vin

19:16 Publié dans Alimentation et consommation, Filières agricoles, Société | Lien permanent | Tags : histoire, antiquité, vin |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/06/2021

L'agriculture biologique peut-elle nourrir la planète avec les ressources azotées disponibles ?

Des études récentes considèrent que l'agriculture biologique (AB) pourrait nourrir la population mondiale en 2050. Toutefois, elles ne tiennent pas compte de la disponibilité des ressources en azote pour l'AB et surévaluent donc son potentiel de production. Dans un article publié en mai dans la revue Nature Food, des chercheurs étudient la possibilité d'une transition globale et massive vers l'agriculture biologique, en prenant en compte ce facteur limitant.

Les auteurs utilisent un modèle biophysique d'optimisation linéaire (GOANIM) qui maximise, pour chaque unité géographique, la production en AB étant donné la quantité d'azote organique disponible. 216 scénarios sont ensuite comparés à un scénario de référence dans lequel la production repose à 100 % sur l'agriculture conventionnelle. Ces scénarios diffèrent selon 6 critères : i) la part de la surface agricole dédiée à l'AB ; l'utilisation d'azote issu ii) des eaux usées et iii) d'exploitations d'élevage conventionnel ; iv) la reconception des systèmes d'élevage ; v) un changement de régime alimentaire ; vi) une réduction des pertes alimentaires.

Les résultats montrent qu'une conversion totale à l'AB diminuerait la production alimentaire de 36 % par rapport au scénario de référence, avec une forte variabilité selon les régions. Il serait donc impossible, selon les auteurs, de nourrir la population mondiale avec une agriculture 100 % biologique, même en réduisant complètement les pertes alimentaires. Cependant, il serait possible d'atteindre cet objectif avec 60 % d'AB si des changements étaient mis en œuvre à la fois du côté de la production (ex. : possibilité d'utiliser de l'azote issu d'élevages conventionnels ou d'eaux usées) et de la consommation (ex. : changement de régime alimentaire) (figure ci-dessous). Convertir 20 % de la surface agricole mondiale serait même possible sans modifier la demande ni la réglementation sur les sources d'azote autorisées en AB.

Possibilités de réalisation des différents scénarios 

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Source : Nature Food

Lecture : chaque cellule représente un scénario (tous les scénarios ne sont pas représentés). Les chiffres dans chaque cellule indiquent la quantité moyenne d'azote nécessaire pour que la production biologique couvre la demande alimentaire mondiale (kgN/ha). Les scénarios sont classés selon quatre catégories : réalisable (vert foncé - production plus élevée que la demande), probablement réalisable (vert clair - production inférieure à la demande de moins de 5 %), probablement réalisable (orange - production inférieure à la demande de plus de 5 % mais de moins de 8 %) et irréalisable (rouge - production inférieure de plus de 8 % à la demande). Le scénario correspondant à une transition totale de l'agriculture vers l'AB est présenté dans la dernière ligne.

Les auteurs soulignent enfin l'importance de restructurer les systèmes d'élevage pour le développement de l'agriculture biologique. Selon eux, il faudrait notamment les réorienter vers des élevages ruminants et mieux les répartir sur le territoire pour favoriser le bouclage du cycle de l'azote. Ces observations contrastent avec les résultats d'autres études qui s'appuient sur une baisse drastique de la taille du cheptel, ignorant ainsi le rôle crucial de l'élevage comme source d'intrants pour l'AB.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Food

14/06/2021

Prospective du système alimentaire britannique à l'horizon 2050

Quels sont les futurs possibles pour un système alimentaire britannique compatible avec l'Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2050 ? Le programme Global Food Security (GFS) apporte des réponses en publiant une prospective par scénarios, fruit des travaux d'un groupe de 22 experts (recherche, industrie, État).

Selon les auteurs, deux variables seront déterminantes : d'une part la globalisation, qui pourrait soit se poursuivre sous de nouvelles formes, soit connaître un repli profond en raison des tensions géopolitiques ; d'autre part le degré de prise en compte des ODD, avec une focalisation stricte sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), ou bien une approche plus globale incluant biodiversité, paysages, santé, etc. Quatre scénarios contrastés en résultent.

Dans le scénario « Neutralité carbone », avec la « déglobalisation », le Royaume-Uni ne peut plus compter sur les importations pour se nourrir. L'autosuffisance est assurée par des « méga-fermes » étatiques géantes et automatisées, avec peu de main-d’œuvre, et intégrées à des réseaux logistiques. Ultra-efficientes, elles permettent de limiter l'inflation alimentaire et de réduire les GES.

Dans « Système alimentaire communal », l'instabilité géopolitique pousse les Britanniques à relocaliser en partie la production. La diversification des cultures les rend plus résilientes aux chocs climatiques, et assure une relative variété de produits pour les consommateurs et une amélioration de la biodiversité. Les marchés régionaux et la saisonnalité des produits dominent le système alimentaire.

Dans « Système alimentaire commercial », le Royaume-Uni dépend des importations. Les exploitations familiales ont disparu. Une logistique pilotée par l'intelligence artificielle assure des approvisionnements stables, mais la taxe carbone réduit la disponibilité des produits les plus émetteurs de GES (viande, riz paddy), sauf pour les plus riches. Les œufs et le café, par exemple, deviennent rares et chers.

Enfin, dans le scénario « Système alimentaire collaboratif », les consommateurs se sont résolument tournés vers des régimes sains (food litteracy). Les chaînes de valeur globales, autrefois purement économiques, sont maintenant co-gérées par les citoyens co-propriétaires. Les exploitations sont moins productives mais plus efficientes, avec des meilleures performances environnementales.

Sur cette base, le rapport propose des priorités politiques et un agenda pour la recherche.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security programme, Global Food Security programme, Global Food security programme

Camille Adamiec, Marie-Pierre Julien, Faustine Régnier, L'alimentation au fil des saisons. La saisonnalité des pratiques alimentaires, 2020, Presses universitaires François-Rabelais, 240 pages

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« ''Il n'y a plus de saisons'', ''le climat va changer'' : jadis peur irrationnelle et aujourd'hui crainte infondée, les saisons sont toujours apparues comme précaires et leur régularité menacée ». M. de la Soudière débute ainsi l'avant-propos de cet ouvrage collectif, dirigé par C. Adamiec, M.-P. Julien et F. Régnier. Il rappelle comment les saisons n'ont cessé d'être réinventées, avec des variations selon les époques et les sociétés. Nouvel impératif largement relayé, elles sont aujourd'hui « à la mode », mais les variations des pratiques alimentaires associées restent peu connues.

Les contributions réunies dans cet ouvrage éclairent, sous des angles variés et complémentaires, les choix et contraintes dus aux rythmes alimentaires saisonniers (partie 1), puis les enjeux socio-économiques (partie 2). Elles mettent en évidence les multiples modalités liées à ce qui relève à la fois d'un phénomène naturel et de constructions sociales et culturelles. Les auteurs montrent ainsi « comment notre société qui a industrialisé les productions, distributions et consommations alimentaires, s'organise toujours autour de saisonnalités, alors même qu'elle a mis un point d'honneur à s'en émanciper ». Retenons par exemple le chapitre de F. Régnier, qui s'appuie sur l'analyse de données d'achats des ménages français et sur celle de l'évolution de requêtes sur le moteur de recherche Google (Google trends). La persistance de rythmes saisonniers est liée à des calendriers de production (ex. primeurs, fruits exotiques), à des faits culturels (fêtes) ou sociaux (ex. injonctions printanières à la minceur). Les opérations marketing peuvent renforcer certains de ces effets. Toutefois, des situations contrastées sont constatées, comme entre produits de consommation courante (ex. condiments) et à forte variabilité temporelle (ex. fruits et légumes, chocolats), et ce y compris au sein d'une même catégorie (ex. volaille mangée entière ou en filets). Des saisons « longues » se distinguent alors de pics de consommation.

Dans sa conclusion, C. Lamine souligne les « tensions entre effacement, maintien et réaffirmation ». Pour elle, la saisonnalité est multifactorielle, puisqu'elle relève aujourd'hui à la fois d'innovations techniques (pour s'en affranchir ou pour « re-saisonnaliser »), du « gouvernement des conduites » par les normes associées, d'aspects politiques et partisans, ou encore de débats sur le changement climatique.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses universitaires François-Rabelais

16:14 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, IAA, Société | Lien permanent | Tags : saison, alimentation, consommation |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2021

Collaborer avec le marché : les stratégies des associations végétariennes en France

La Revue française de sociologie consacre un numéro, mis en ligne en mai 2021, aux relations entre mouvements sociaux et acteurs économiques. L'introduction du dossier souligne les « continuités, imbrications et transferts entre ces deux mondes » : positionnements militants à l'intérieur des entreprises, mise sur le marché de produits vertueux, certifications et labels permettant une consommation engagée, mécanismes de responsabilité sociale, philanthropie et action des fondations, etc.

L'article de S. Dubuisson-Quellier (Sciences Po) et N. Kabouche (université de Neuchâtel), sur les stratégies des associations végétariennes, illustre leur répertoire d'action axé sur la « collaboration » avec les entreprises et la « transition » vers une alimentation végétalisée. L'enquête, menée en 2018-2019, porte sur deux associations anonymisées, l'une intervenant essentiellement sur le registre de l'expertise, l'autre connue pour des actions plus conflictuelles en faveur du véganisme et de la cause animale. Ont également été interviewés des représentants d'entreprises visées par ces mouvements (startups, restaurateurs, responsables marketing).

Les auteurs détaillent les opérations menées. La première association se fait rétribuer pour une prestation de service (labellisation) et fournit divers services aux entreprises de l'agroalimentaire (veille réglementaire, information sur les attentes des communautés militantes). Pour la deuxième structure, il s'agit au contraire de services rendus gratuitement aux consommateurs, via son site internet, sous la forme d'une notation des grandes chaînes de restauration. Cet outil est aussi utilisé pour essayer d'engager un dialogue avec l'entreprise, et si possible un accompagnement de ses démarches de végétalisation. Est également développé un système de référencement en ligne des petits restaurants. Ici, l'association met le client en relation avec des fournisseurs, s'engage à « remplir la salle » lors de soirées-tests, etc.

Si les associations forment un « pont entre différents acteurs du monde marchand », leurs actions semblent aussi favorisées par une proximité sociale entre les militants et leurs homologues en entreprise. À mesure que la cause se développe, les passages d'un monde à l'autre sont d'ailleurs de plus en plus fréquents au cours des carrières – un phénomène repéré également, par exemple, par d'autres travaux sur la compensation carbone.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Revue française de sociologie

Série documentaire sur le patrimoine alimentaire afro-américain

Les 26 et 27 mai derniers, Neflix diffusait une mini-série documentaire, « Comment la cuisine afro-américaine a changé les États-Unis », inspirée d’un ouvrage de Jessica Harris, historienne de l’alimentation et professeur des universités (disponible en replay). Ce programme documente, dans un savant mélange d’érudition et de moments gourmands, la contribution des pratiques culinaires afro-américaines au patrimoine alimentaire états-unien. La série débute au Bénin, jadis Royaume du Dahomey, lieu de regroupement et de départ des esclaves vers les Amériques. À la traite sont associées la découverte et l’appropriation, par les hommes du Nouveau monde, d’ingrédients qui occuperont par la suite une place importante dans les cuisines (afro-)américaines : l’ocra, l’igname, le piment, le haricot cornille et la féverole.

Le deuxième épisode nous emmène à Charleston (Caroline du Sud), point d’arrivée de centaines de milliers d’esclaves. Parce qu’ils cultivaient le riz dans leurs contrées d’origine, ces femmes et hommes ont largement contribué à la production de cette céréale dans la région et en particulier à la naissance du fameux Carolina Gold. En outre, les esclaves se nourrissaient des restes des repas de leurs propriétaires (dans le meilleur des cas les pieds, queues et intestins de porcs) savamment cuisinés, pratiques alimentaires qui ont donné naissance à la soul food.

Des esclaves préparant un repas

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Source : document d’archive, Netflix

Celle-ci est revisitée par des jeunes chefs cuisiniers afro-américains ou plus simplement  par des amateurs qui se réclament des héritages légués par leurs ascendants (troisième épisode). Au Hatchet Hall, restaurant de Los Angeles, sont reproduites les techniques culinaires des chefs Hemings et Hercules qui officiaient auprès des présidents Washington et Jefferson : cuisson sur la flamme directement dans l’âtre, sauce mijotée sur une cuisinière potager, dispositif rapporté de France ; utilisation des parties les plus nobles de l’animal auxquelles leurs aînés n’avaient pas accès. La tarte à la patate douce et le pepper pot, originaires des Antilles, témoignent d’un passé toujours présent, tandis que le lapin braisé accompagné de carottes rôties au feu de bois sur du gruau grillé ou le pain de maïs aux betteraves fumées s’inscrivent dans le renouveau des pratiques culinaires héritées de cette histoire singulière.

Capture d’écran du blog de Gabrielle Eitienne, qui « partage les leçons des aînés en organisant des dîners communautaires »

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Source : Netflix

Soulignons enfin que les ingrédients de la soul food et l’histoire de celle-ci présentent des points communs avec le patrimoine alimentaire de la Caraïbe et la manière dont il est aujourd’hui revisité.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Netflix

10/06/2021

Pascal Griset, Jean-Pierre Williot, Yves Bouvier, Face aux risques. Une histoire de la sûreté alimentaire à la santé environnementale, Éditions du Cherche-Midi, 2020, 208 pages

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Plus les risques régressent, au fil du temps, et plus ceux qui subsistent paraissent insupportables : c'est une des nombreuses leçons qu'enseigne cet ouvrage, fort intéressant, consacré à l'histoire des menaces alimentaires, industrielles et environnementales, mais aussi aux réponses scientifiques et institutionnelles qui leur ont été apportées. Centré sur la France, il couvre une longue période allant du milieu du XVIIIe siècle à aujourd'hui, et décrit aussi bien la diffusion des dangers et des pathogènes que les impacts sur les populations, les avancées techniques ou juridiques, les représentations culturelles des périls et du progrès.

Édité dans un grand format, il vaut d'abord pour sa riche iconographie, constituée de gravures, peintures, dessins, affiches, graphiques, photos. Ces nombreux documents d'époque, peu connus ou rarement vus, montrent bien les contextes, les ambiances sociales et les attitudes des acteurs. Ils restituent aussi les manières, constamment changeantes, de voir un même péril.

Le texte délimite trois grandes phases. La première (1750-1950) voit la lente affirmation des préoccupations de sécurité sanitaire : approvisionnements alimentaires, questions de salubrité, premières structurations de réseaux professionnels, interventions plus ou moins hésitantes de la puissance publique. La deuxième phase (1950-1980) décrit les privations d'après-guerre puis la remise en cause de la société de consommation et les inquiétudes face à l'abondance et au productivisme. Ces années sont aussi marquées par une nouvelle organisation de la recherche scientifique et l'émergence de mouvements environnementalistes. La dernière période (1980-2020) est celle de la convergence des problèmes publics de santé, d'alimentation et d'environnement, qui entraîne une redéfinition et une réorganisation des actions de l'État, et en particulier la création de nouvelles agences et autorités administratives indépendantes. L'approche globale s'impose aujourd'hui de plus en plus et les procédures d'expertise et de décision sont réformées en conséquence.

Ce livre montre clairement que le risque et l'assurance ont toujours formé un couple indissociable. La menace appelle la protection qui, en retour, renforce la sentiment de menace. La science et les pouvoirs publics sont pris dans ce mouvement ininterrompu, qui est le propre du progrès. Le livre atteste aussi que les problèmes de santé publique, une fois définis et délimités, trouvent de plus en plus rapidement leurs solutions : comme le disait Hölderlin, « là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ».

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Cherche-Midi

Rapport sur la FoodTech en Europe : bilan des investissements 2020 et tendances

Le rapport annuel de la société de conseil DigitalFoodLab, publié en mai 2021, dresse un panorama de la FoodTech en Europe, sur la base des investissements consacrés en 2020. Selon la définition retenue, la FoodTech regroupe « l'ensemble des entrepreneurs et des startups du domaine alimentaire qui innovent sur les produits, la distribution, le marché ou le modèle économique ».

Premier grand enseignement, la FoodTech a largement résisté à la crise du Covid-19, qui s'est même révélée être une opportunité pour certaines de ces startups. C'est le cas notamment des nouveaux acteurs du foodservice, les cloud kitchens : spécialisés dans l'achat de locaux, ils les aménagent en cuisines professionnelles, les louent à des restaurateurs en accompagnant leur prestation immobilière de conseils, de services et de logiciels dédiés. Plusieurs vagues de startups se sont succédées depuis 2014 (figure ci-dessous) : une première génération centrée sur la livraison de plats depuis des restaurants, une seconde l'élargissant aux courses à domicile, et une troisième en 2020, plus diversifiée (cloud kitchen, robotique, protéines alternatives, etc.) et caractérisée par des levées de fonds importantes dès les tout premiers mois d'activité.

Progression des investissements dans différents segments de la FoodTech en Europe

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Source : DigitalFoodLab

Globalement, les investissements mondiaux dans le secteur de la FoodTech (figure ci-dessous) ont augmenté de 28 % en 2020, la moitié d'entre eux revenant à des startups américaines. L'Europe ne représente elle que 12 % de ces investissements, mais elle maintient le montant record de ses levées de fonds de 2019 (2,7 milliards d'euros), concentrés sur quelques pays.

Évolution des investissements mondiaux dans la FoodTech et part européenne

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Source : DigitalFoodLab

Malgré une légère baisse des investissements, la Grande-Bretagne reste leader sur la zone regroupant l'Europe continentale, les îles britanniques et l'Islande. Elle est désormais suivie de près par la France, avec un total passant de 400 millions d'euros en 2019 à 600 millions en 2020, dont 60 % consacrés à l'alimentation animale à base d'insectes.

D'après DigitalFoodLab, les premiers mois de 2021 sont annonciateurs d'une année d'investissements records durant laquelle les cloud kitchens, les dark stores (centres de distribution et de préparation des commandes e-commerce installés au cœur des villes) et autres services de livraison devraient pérenniser leur développement. De même, les startups spécialisées dans les nouveaux aliments (insectes, fermentation de précision, agriculture cellulaire, etc.) sont à suivre particulièrement.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : DigitalFoodLab

08/06/2021

Développement de nez et de langues électroniques en aviculture et en pisciculture

En élevage de précision avicole et piscicole, les technologies numériques permettent déjà de reproduire deux des cinq sens, la vue et l’ouïe. Dans un numéro récent de la revue TeMA publiée par l'ITAVI, les auteurs décrivent l'usage de nez et de langues électroniques pour suivre la santé et le bien-être des animaux concernés. Les technologies utilisent des capteurs de composés volatils pour les nez ou dissous en milieu aquatique pour les langues. Après une phase d'apprentissage, les systèmes de mesure sont capables, par intelligence artificielle, de comparer les résultats à une banque de données pour identifier les molécules.

Principe d'identification d'une odeur par un nez électronique en comparaison avec un nez humain

nez.jpgSource : ITAVI

En aviculture, les nez électroniques analysent la qualité de l'air des bâtiments d'élevage. Ils détectent certains composés volatils signalant une maladie (influenza aviaire, colibacillose). Ils permettent aussi de prouver la nuisance afin de répondre à des plaintes de voisinage. En pisciculture, les langues électroniques détectent précocement le phénomène d'off-flavor, une odeur liée à des composés dégradant la qualité organoleptique des poissons.

Source : ITAVI

Les écolabels incitent-ils les consommateurs à manger moins de viande ?

Dans un article publié en mai dans la revue Food Policy, des chercheurs suédois étudient l'effet des labels carbone sur la consommation de viande hachée ou de substitut. Ils réalisent une expérience de choix auprès de 1 052 individus pour lesquels ils disposent également des données de consommation réelle. Les participants peuvent choisir entre 6 types de produits : de la viande rouge (100 % bœuf, ou mélanges 70-30 % bœuf-porc, 50-50 % bœuf-porc), un produit hybride (viande rouge et légumes), du poulet ou un substitut végétal de viande. Pour tester l'effet du label carbone, deux groupes de personnes sont créés : un groupe traité (exposé au label) et un groupe de contrôle (figure ci-dessous). Les résultats montrent que les consommateurs exposés au label sont plus enclins à choisir des substituts de viande que ceux du groupe de contrôle. Cependant, le consentement à payer est plus élevé chez les personnes consommant déjà ces substituts, suggérant que les écolabels ne permettent pas de cibler efficacement les gros consommateurs de viande.

Information sur le label carbone et exemple de choix dans le groupe traité et le groupe de contrôle

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Source : Food Policy

Lecture : les colonnes « control » et « treatment » montrent la manière dont les produits sont présentés aux participants dans le groupe traité et dans le groupe de contrôle.

Source : Food Policy

15:47 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : viande, consommation, consentement à payer |  Imprimer | | | | |  Facebook