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12/07/2022

Mesure et déterminants de la hausse des prix de l’alimentation

Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et par la reprise économique permise par le reflux de la pandémie de Covid-19, de nombreuses analyses permettent de mesurer et d’expliquer les déterminants de l’inflation qui touche les produits alimentaires.

Pour éclairer le débat public, l’Insee a récemment produit une série de quatre courtes vidéos sur l'inflation et sa mesure. Il rappelle notamment comment est établi l’indice des prix à la consommation. Entre mai 2021 et mai 2022, il a augmenté de 5,2 % tandis que les prix de l’alimentation augmentaient de 4,3 %.

Sur la même période, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a sorti son indice des prix des produits alimentaires, mesurant mensuellement les variations de prix à l’exportation des principaux produits agricoles, selon leur importance dans les échanges internationaux. Cet indice a progressé de 22,8 % au niveau mondial (figure ci-dessous).

Indice FAO des prix des produits alimentaires : évolution annuelle moyenne à gauche ; évolution mensuelle, par type de produits, à droite

inflation .jpg

Source : FAO

En complément de cet indicateur, les Perspectives de l'alimentation, publication semestrielle de la FAO, renseigne sur les phénomènes impactant les marchés mondiaux. Celle de juin 2022 souligne le poids important de l’Ukraine et de la Russie dans la production d’engrais et de matières premières agricoles (blé, orge, maïs, tournesol). Elle prévoit pour les deux pays, dans un contexte encore incertain, le recul de cette production et des capacités de stockage et d’exportations très impactées en 2022/2023.

La FAO rappelle toutefois que les prix des produits agricoles avaient déjà fortement augmenté en 2021, avant le début de la guerre en Ukraine. Elle rejoint en cela de nombreuses analyses, notamment celles de J.-J. Hervé, Ph. Chalmin et C. Dufy, dans l’émission Cultures Monde (France Culture) et de F. Galtier et O. de Schutter dans une interview croisée publiée par la revue Projet. De mauvaises conditions climatiques, des incertitudes sur les stratégies de certains exportateurs et des perturbations des chaînes logistiques avaient tendu les marchés. En 2021, et de façon plus exacerbée depuis la guerre, la demande importante en matières premières et en énergie a été la principale raison de la flambée des prix. Celle des intrants utilisés en agriculture (carburants, électricité, gaz, engrais) a nettement renchéri les coûts de production : de ce fait, l'augmentation de la production ne pourrait pas entraîner une baisse des prix. Ceux-ci devraient donc se maintenir à des niveaux élevés, constituant un double fardeau pour les pays très dépendants des importations, et pour les populations qui consacrent une part importante de leur revenu à l’alimentation. Cependant, le riz, qui joue un rôle majeur dans la sécurité alimentaire de nombreux « pays en développement », a pour l'instant été épargné par ces hausses : contrairement à ce qui s’était passé lors de la crise financière de 2008, les producteurs n’ont pas mis en place de restrictions à l’exportation.

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

09:54 Publié dans Alimentation et consommation, Production et marchés | Lien permanent | Tags : alimentation, prix, inflation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Impacts de la Covid-19 et du changement climatique au Guatemala

Un article publié par l'International Food Policy Research Institute (IFPRI), en juin 2022, s'intéresse aux conséquences de la Covid-19 et des événements climatiques extrêmes sur les revenus, l'alimentation et les migrations dans les zones rurales du Guatemala. Entre 2019 et 2021, le pays a en effet connu plusieurs chocs. Il y a eu d'abord la pandémie, dont les conséquences en matière de santé publique furent moins dramatiques que dans d'autres pays d'Amérique centrale, alors que le taux de vaccination y est l'un des plus faibles (42 % en juin 2022). Pour juguler la crise, le gouvernement a mis en place une politique de confinements très stricts. De plus, deux ouragans, Eta et Iota, ont frappé le pays, entraînant inondations, coulées de boue et glissements de terrain.

Pour analyser les effets de ces chocs sur les populations, les auteurs ont mené trois campagnes d'enquêtes par questionnaires téléphoniques entre 2019 et 2021, auprès d'un échantillon d'environ 1 600 ménages ruraux situés dans les zones montagneuses de l'ouest du Guatemala. Si les résultats montrent une amélioration des revenus, de la sécurité alimentaire et de la diversité de l'alimentation, en 2021 par rapport à 2020, leurs niveaux restent en-deçà de ceux de 2019. Cette situation est plus marquée encore pour les populations qui ont été exposées aux catastrophes naturelles. Sur le plan de la sécurité alimentaire, l'offre locale de denrées aurait connu une reprise, mais elle se serait accompagnée de prix plus élevés, selon les ménages enquêtés (figure ci-dessous).

Perception de l'évolution des prix en 2020 et 2021

guatemala 1.JPG

Source : IFPRI

Par ailleurs, la prévalence des expériences vécues d'insécurité alimentaire légère et modérée aurait diminué par rapport à 2020, même si elle reste supérieure à 2019. Celle des épisodes sévères resterait supérieure à 20 % des ménages enquêtés depuis le début de la pandémie, contre 11 % en 2019. Enfin, le score de diversité alimentaire aurait connu une évolution, avec un recul de la consommation de protéines animales et une augmentation de celle de fruits et légumes. Quant aux intentions de migration, qui sont trois fois plus importantes en 2021 qu'en 2019, elles découlent davantage du niveau de revenus que de l'exposition directe au virus, des restrictions de mobilité locale et des perturbations du marché alimentaire.

Johann Grémont, Centre d'études et de prospective

Source : IFPRI

Le nexus climat-biodiversité-sécurité alimentaire en débat à Bonn

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Lors de la 56e réunion des organes subsidiaires de la Convention climat, qui a eu lieu à Bonn en juin 2022, une session a été consacrée aux contributions de l’agriculture à la neutralité carbone, au maintien de la biodiversité et à la sécurité alimentaire. L’intervention inaugurale a porté sur la mise en œuvre d’une agriculture climato-intelligente en Inde, reposant sur une gestion intégrée de l’eau, du conseil agricole pour l’implantation de cultures adaptées aux types de sols et l’aide à la gestion des risques météorologiques. Dans ce cadre, une expérimentation-formation conduite par une ONG auprès de 300 paysans de l’État du Gujarat a été présentée. Elle leur a d'abord proposé des semences génétiquement modifiées pour rendre les cultures de ricin, de coton et d’oignon plus résistantes aux stress (températures élevées, manque d’eau). Cela a conduit à une augmentation du revenu brut des agriculteurs de 9,4 %. De plus, les services rendus par des micro-organismes leur ont été montrés, notamment comme biofongicides (trichoderma). Enfin, les agriculteurs ont testé un fertilisant naturel (fumier) qui a permis de diminuer de 15 à 20 % les coûts de production.

Lors de la même session, trois policy briefs ont été présentés. Le premier, écrit par J.-L. Chotte (INRAE) et ses collègues, rappelle que le stockage du carbone offre de multiples avantages : atténuation du changement climatique mais aussi contribution à une meilleure santé des sols et, par voie de conséquence, à la sécurité alimentaire. Mais il a des limites puisqu’il ne peut dépasser un certain plafond et reste contingent (figure ci-dessous).

Variabilité dans le temps du stockage du carbone dans les sols

variabilité carbone.jpg

Source : United Nations - Climat Change

Le deuxième policy brief de C. Aubertin (IRD) et C. Weill (INRAE) invite à dépasser l’opposition entre land sparing et land sharing. Si les rendements ont atteint leur niveau maximal dans les pays très développés, favorisant plutôt le land sharing, dans d’autres zones une productivité des terres renforcée peut être souhaitée. Pour éclairer ces choix, les auteures en appellent à des évaluations renforcées de leurs impacts sur la biodiversité non agricole, les régimes alimentaires, la santé ou le nombre d’emplois créés. Enfin, le troisième texte, co-écrit par M. Hrabanski (Cirad), rend compte des conditions qui facilitent la mise en place de politiques publiques favorables à une transition climatique au Nord comme au Sud.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : United Nations - Climate Change

L'introduction du développement durable dans le droit de la commande publique

Publié dans la revue Droit et société, un article s'intéresse à l'évolution des règles de concurrence des marchés publics, à la suite de l'introduction dans le droit de la notion de « développement durable ». Depuis les années 2000, des modifications du Code des marchés publics ont permis la prise en compte de considérations sociales et environnementales dans les appels d’offres. Sans être obligatoires, ces nouvelles possibilités font désormais de la commande publique un levier d'action en matière de développement durable (figure ci-dessous). Pour autant, au regard des règles de la concurrence, la référence à une origine locale pour un achat demeure toujours interdite.

C'est le cas notamment pour l'achat de produits alimentaires. « Le manger local » est fortement promu dans les discours des pouvoirs publics et dans les politiques (ex. loi Egalim de 2018), parce qu’il contribuerait à l'amélioration de la qualité de l'alimentation, à la réduction des impacts environnementaux, etc. Cependant, l’acheteur public ne peut faire référence à la notion de « proximité géographique » ou à une Appellation d'origine contrôlée (AOC) particulière. Plusieurs leviers sont toutefois utilisables dans les critères d'attribution des marchés : mieux valoriser les offres impliquant un nombre réduit d'intermédiaires, pouvoir se référer au cahier des charges d'un label particulier. Il est également possible de mieux cibler les producteurs locaux et d'accroître leur accès à la commande publique en utilisant le sourcing (rencontre des fournisseurs potentiels en amont de la rédaction de l'appel d'offres) et l'allotissement (division du marché en lots susceptibles d'être attribués séparément). Le premier permet aux acheteurs d'avoir une meilleure connaissance de l'offre locale avant de définir le besoin. L'allotissement donne, quant à lui, l'opportunité aux producteurs locaux de se positionner sur des lots alors qu'ils ne pourraient pas répondre à l'intégralité de la commande. Ainsi, dans le Guide des bonnes pratiques en matière de marchés publics de la Direction des affaires juridiques du ministère chargé de l'économie, il est explicitement recommandé d'y recourir pour développer les achats auprès d’agriculteurs, pour « susciter une large concurrence » et « faciliter la participation directe des producteurs agricoles et de leurs groupements ».

Les cinq objectifs de l'achat public selon la Direction des achats de l'État

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Source : Droit et société

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Droit et société

L'introduction du développement durable dans le droit de la commande publique

Publié dans la revue Droit et société, un article s'intéresse à l'évolution des règles de concurrence des marchés publics, à la suite de l'introduction dans le droit de la notion de « développement durable ». Depuis les années 2000, des modifications du Code des marchés publics ont permis la prise en compte de considérations sociales et environnementales dans les appels d’offres. Sans être obligatoires, ces nouvelles possibilités font désormais de la commande publique un levier d'action en matière de développement durable (figure ci-dessous). Pour autant, au regard des règles de la concurrence, la référence à une origine locale pour un achat demeure toujours interdite.

C'est le cas notamment pour l'achat de produits alimentaires. « Le manger local » est fortement promu dans les discours des pouvoirs publics et dans les politiques (ex. loi Egalim de 2018), parce qu’il contribuerait à l'amélioration de la qualité de l'alimentation, à la réduction des impacts environnementaux, etc. Cependant, l’acheteur public ne peut faire référence à la notion de « proximité géographique » ou à une Appellation d'origine contrôlée (AOC) particulière. Plusieurs leviers sont toutefois utilisables dans les critères d'attribution des marchés : mieux valoriser les offres impliquant un nombre réduit d'intermédiaires, pouvoir se référer au cahier des charges d'un label particulier. Il est également possible de mieux cibler les producteurs locaux et d'accroître leur accès à la commande publique en utilisant le sourcing (rencontre des fournisseurs potentiels en amont de la rédaction de l'appel d'offres) et l'allotissement (division du marché en lots susceptibles d'être attribués séparément). Le premier permet aux acheteurs d'avoir une meilleure connaissance de l'offre locale avant de définir le besoin. L'allotissement donne, quant à lui, l'opportunité aux producteurs locaux de se positionner sur des lots alors qu'ils ne pourraient pas répondre à l'intégralité de la commande. Ainsi, dans le Guide des bonnes pratiques en matière de marchés publics de la Direction des affaires juridiques du ministère chargé de l'économie, il est explicitement recommandé d'y recourir pour développer les achats auprès d’agriculteurs, pour « susciter une large concurrence » et « faciliter la participation directe des producteurs agricoles et de leurs groupements ».

Les cinq objectifs de l'achat public selon la Direction des achats de l'État

DAE.jpg

Source : Droit et société

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Droit et société

Le droit à l'alimentation et la lutte contre la précarité alimentaire en France

Dans sa thèse en droit public, M. Ramel analyse l'intérêt et la spécificité d'une approche fondée sur le droit à l'alimentation pour lutter contre la précarité alimentaire en France. Prévenir la faim et garantir un accès de tous aux denrées sont des objectifs fortement énoncés aux niveaux national et international. Toutefois, en France comme dans de nombreux pays, le droit à l'alimentation n'est pas utilisé et, de manière générale, fait l'objet de reconnaissances et de protections juridiques parcellaires et contrastées.

La première partie traite des enjeux juridiques de la lutte contre la précarité alimentaire. À l'échelon international, celle-ci a évolué d'une approche considérant uniquement les disponibilités de denrées à la prise en compte des capacités d'accès des personnes. En France, les aspects quantitatifs et qualitatifs prédominent, et d'autres dimensions de l'acte alimentaire (sociales, culturelles, politiques) sont bien moins considérées. De plus, les approches se focalisent sur les comportements individuels, laissant de côté les aspects collectifs et systémiques.

La deuxième partie s'intéresse aux sources juridiques de la lutte contre la précarité alimentaire. Le droit à l'alimentation a été consacré au niveau international, avec une définition multidimensionnelle de son contenu. Toutefois, il reste à « géométrie variable » et imprécis, variant du droit fondamental d'être à l'abri de la faim à la prise en compte d'une diversité d'enjeux. De son côté, le droit français paraît silencieux en la matière, le thème du secours alimentaire étant principalement traité dans une approche caritative et non juridique. La loi Egalim (2018) introduit cependant une réorientation récente.

Enfin, dans une visée prospective, la troisième partie questionne la plus-value d'une approche fondée sur le droit à l'alimentation en France. La promotion de la santé ou l'aide alimentaire d'urgence paraissent centrées sur les questions nutritionnelles et environnementales, sur les comportements individuels, sur les enjeux de subsistance. Une entrée par le droit à l'alimentation permettrait alors de considérer les dimensions sociale et culturelle, composantes tout aussi essentielles documentées par les sciences sociales. Des travaux complémentaires sont toutefois nécessaires, pour en préciser le sens et la portée, pour identifier des modalités d'application adaptables à divers contextes (socio-économiques, territoriaux, etc.).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : HAL

11/07/2022

L'impact du conflit russo-ukrainien sur les systèmes alimentaires caribéens

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The Caribbean Plant Health Directors Forum, dont le secrétariat est assuré par les services internationaux du ministère de l’agriculture des États-Unis, a organisé en mai 2022 un webinaire sur les impacts du conflit russo-ukrainien pour les pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Ceux-ci importent une grande partie de leur alimentation pour un coût annuel de six milliards de dollars. Nigel Durrant (CARICOM) a souligné combien la pandémie avait affecté l’accès des ménages à l’alimentation du fait de la hausse des prix : un tiers d’entre eux déclarent avoir réduit leur consommation et vu leurs réserves en denrées diminuer. De plus, si les importations d’Ukraine et de Russie ne représentent que 0,1 % des produits à destination de ces pays, les conséquences en chaîne de la guerre ont mené à une inflation des prix du blé et du maïs. Or, ces derniers figurent parmi les 10 produits les plus importés localement. Le maïs est particulièrement important dans l’alimentation animale : il représente 70 % des coûts de production de la volaille, viande la plus consommée dans la région.

Source : The Caribbean Plant Health Directors Forum

Les conséquences de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale

Un rapport publié par l'IPES Food en mai 2022 s'intéresse aux conséquence de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale. Quatre faiblesses structurelles, déjà identifiées lors de la crise de 2007-2008, restent d'actualité selon les auteurs : la dépendance aux importations alimentaires, notamment pour les pays africains ; le manque de transparence des marchés céréaliers sujets à la spéculation ; un défaut de diversité dans les systèmes et les modes de production ; la récurrence de chocs liés au climat, aux conflits et à la pauvreté. En matière de soutien à apporter aux pays fragilisés par ces phénomènes, les auteurs considèrent qu'il serait dangereux de chercher à augmenter la production au détriment de l'environnement. Ils font sept recommandations, comme la diversification de la production alimentaire, la réduction de la dépendance à l'égard des engrais et de l'énergie fossile, ou encore la constitution de stocks de céréales à l'échelle régionale.

Source : IPES Food

Effondrement et collapsologie : la vulgarisation scientifique et ses publics

Dans le dernier numéro de Zilsel, le sociologue C. Tasset (VetAgroSup) consacre un article à la diffusion des théories de l'effondrement. Il envisage le mouvement « collapso » comme une entreprise de vulgarisation scientifique, incluant les questions agricoles et alimentaires. Du côté des producteurs de ces discours, il décortique notamment l'argumentaire de P. Servigne dans Comment tout peut s'effondrer (2015). Ce best-seller articule différents cadres conceptuels (pensée systémique, thermodynamique, limites planétaires), sur fond d'enjeux existentiels et spirituels. Du côté de la réception, les lecteurs sont plutôt pétris de culture scientifique (ingénieurs et autres professions techniques). Ils trouvent dans ces ouvrages une réponse à des inquiétudes diffuses et une « ressource réflexive ». Leurs trajectoires peuvent les amener à déserter des emplois stables et bien rémunérés, et à s'engager dans des démarches de « résilience » et des changements de pratiques (trio récurrent low techs-permaculture-sobriété). Entre ces deux pôles, l'auteur souligne aussi le rôle de différents intermédiaires : conférenciers, coachs-thérapeutes, porteurs de projets collectifs résidentiels et agricoles.

Source : Zilsel

09:33 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : effondrement, alimentation, agriculture |  Imprimer | | | | |  Facebook

Publication du rapport mondial 2022 sur les crises alimentaires

Le sixième rapport mondial sur les crises alimentaires, publié en juin 2022 par le Global Network Against Food Crises, alerte sur l'augmentation de l'insécurité alimentaire en 2021. Il rend compte des grandes évolutions mesurées par les indicateurs liés à la sécurité alimentaire depuis 2016, ainsi que les facteurs responsables de leur accroissement dans 53 pays sélectionnés pour leur degré élevé d'insécurité. Les conflits constituent le moteur principal dans 24 pays (déplacement des populations). Ils sont suivis par les chocs économiques (y compris ceux liés à la pandémie de Covid-19) pour 21 pays, puis par les événements climatiques extrêmes (8 pays). Le rapport propose une projection de ces données en 2022 pour 41 pays (figure ci-dessous), avant de détailler la situation par grande région et par pays.

Projection du nombre de personnes en situation de crise alimentaire en 2022

carte crises alimentaires .jpg 
Source : Global Network Against Food Crises

Source : Global Network Against Food Crises

De nouveaux travaux sur la formation des prix et des marges des produits de la mer

Le rapport 2022 de l'Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) vient d'être publié. Cette onzième édition présente des analyses, filière par filière, de l’élaboration des prix et de l'évolution des marges des différents acteurs. De nouveaux produits ont pu être étudiés, en particulier la moule de bouchot (figure ci-dessous) et la coquille Saint-Jacques commercialisées en grandes et moyennes surfaces (GMS).

Composition du prix moyen au détail du kg de moules fraîches (en sac ou en barquettes) en GMS, en matière première et marge brute en aval

OFPM.jpg

Source : OFPM

C'est plus d'un tiers du marché français des moules (90 000 tonnes), et quasiment la moitié des moules de bouchot, qui passent par ce circuit de commercialisation. Les analyses de l'OFPM permettent de comparer le coût de la matière première, la marge brute au stade de l'expédition et du débyssussage (opération de retrait du faisceau de filaments qui relie la moule à son support), et la marge brute aval.

Source : Observatoire de la formation des prix et des marges

09:23 Publié dans Alimentation et consommation, Pêche et aquaculture, Production et marchés | Lien permanent | Tags : prix, marges, moules |  Imprimer | | | | |  Facebook

Détection de produits phytosanitaires sur les fruits et légumes par un nanocapteur

Une équipe de chercheurs suédois a publié dans Advanced Science, en juin 2022, les résultats d'une étude sur l'utilisation de la technique « Surface-enhanced Raman scattering (SERS) », dans une perspective de sécurité sanitaire des aliments. Les auteurs sont parvenus à surmonter les difficultés liées aux coûts élevés et à la faible reproductibilité de cette technique, qui limitaient jusqu'à présent son développement à large échelle, pour détecter la présence de résidus de pesticides à la surface de pommes. Des gouttelettes contenant le pesticide parathion-éthyl ont été déposées sur des fruits. Les prélèvements réalisés par simple écouvillonnage de surface ont confirmé la présence de ce pesticide, via une technique de spectroscopie utilisant des nano-films d'argent. Il s'agit là d'une application prometteuse de cette nanotechnologie extrêmement sensible, pour le contrôle en rayons de la présence de pesticides sur les fruits et légumes.

Source : Advanced Science

01/07/2022

Réguler avec modération : le cas des recommandations nutritionnelles

Benamouzig et C. Boubal (Sciences Po) consacrent un article aux recommandations nutritionnelles du troisième PNNS (2011-2015). Ils se sont entretenus avec des fonctionnaires, des scientifiques, des experts et des représentants des industries agroalimentaires. Ils analysent aussi le courrier adressé aux administrations. Loin d’une situation de « capture réglementaire » par les intérêts privés, ils montrent que les capacités de régulation publique sont renforcées. Le pragmatisme des autorités explique « les réactions mesurées des acteurs industriels, qui s’adaptent aux nouvelles recommandations, bien plus qu’ils ne les contestent ».

Source : Sociologie

11:46 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation, IAA | Lien permanent | Tags : nutrition, recommandations, pnns |  Imprimer | | | | |  Facebook

Travailleurs des plateformes de livraison de repas et résistances aux algorithmes

L’Asie fait souvent figure de précurseur en matière de « quick commerce » (voir un précédent billet). Paru dans Réseaux, un article de K. Huang (université Paris Cité) analyse le fonctionnement de la plus grande plateforme de livraison de repas en Chine. Selon lui, Meituan privilégie « la poursuite du profit et l’opacité pour des raisons commerciales », au détriment du bien-être des livreurs. Ceux-ci résistent de façon informelle et adoptent différentes formes d’action, individuelle ou collective, qui constituent « un premier pas vers la régulation officielle des systèmes algorithmiques ».

Source : Réseaux

11:45 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : société, livraison, chine, plateformes |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/06/2022

Soja : les défis de la dépendance européenne

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Les défis liés à la dépendance européenne au soja importé font l'objet de nombreuses analyses. Ils s'inscrivent dans la continuité de problématiques déjà rencontrées à diverses périodes : accords politiques à l'origine de la Politique agricole commune (non-subvention du soja en échange du soutien des céréales), embargo américain de 1973 (prise de conscience de la dépendance européenne au soja américain), cultures OGM (brevetage du vivant, principe de précaution, etc.), destruction de la forêt amazonienne, etc. Sur plusieurs de ces aspects, des publications récentes apportent des éclairages intéressants.

Tout d'abord Solagro, dans une étude intitulée La face cachée de nos consommations, s'intéresse aux surfaces agricoles et forestières associées aux importations de soja pour l'élevage. À la base du modèle de nutrition animale depuis les années 1960, fondé sur l'association maïs ensilé-soja pour la production laitière, il est aussi une composante essentielle de l'alimentation des volailles et des porcs. Pour réduire sa dépendance en soja américain, l'Union européenne (UE) s'est tournée vers l'Amérique latine, contribuant dès lors indirectement à la déforestation amazonienne. De façon originale, Solagro évalue les superficies correspondant aux importations françaises de soja à plus d'un million d'hectares.

Alors que la Commission européenne a déposé une proposition de règlement visant à lutter contre la déforestation importée (voir à ce sujet une précédente brève), l'association Canopée - Forêts vivantes a publié une étude sur les allégations de durabilité avancées par les principaux négociants en soja, qui révèle de nombreuses contradictions avec leurs stratégies réelles d'approvisionnement. S'appuyant sur des données satellitaires d'occupation du sol et sur le suivi des infrastructures des négociants (silos, voies ferrées privées, etc.), elle met en évidence le développement de la production de soja, entre 2018 et 2020, dans les municipalités brésiliennes présentant des risques de déforestation.

Une autre étude récente (Science Advances), sur les stratégies d'approvisionnement des négociants, confirme que le traçage de l'origine du soja fait en Amérique latine via des intermédiaires locaux ne permet pas de lutter efficacement contre la déforestation. Par ailleurs, une évaluation ex ante des paiements pour services écosystémiques (World Development) conclut à la nécessité de combiner incitations financières au changement et politiques d'exclusion du soja issu de la déforestation.

Enfin, réduire la dépendance européenne au soja latino-américain et la déforestation induite passe par le développement de la production européenne. Des chercheurs ont par exemple identifié trois variétés adaptées au climat de l'est de l'Europe, avec des résultats économiques positifs (European Journal of Agronomy). Une autre équipe a calculé que l'UE pouvait devenir autosuffisante à 50 %, y compris en tenant compte du changement climatique (Nature Food).

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective