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04/07/2019

Résultats de la campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés

Fin mai 2019, l'Ademe a publié les résultats de la troisième campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés, réalisée en 2017 sur un échantillon de 100 communes représentatif du type d'habitat et des consignes de tri des plastiques. Il apparaît notamment que les produits alimentaires non consommés (sous emballage ou non) représentent 10 % des ordures ménagères résiduelles, la part des déchets putrescibles étant de 27 %.

Source : Ademe

09:10 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : ademe, modecom, déchets, gaspillage |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/06/2019

Analyse critique des liens entre droit et alimentation

Le dernier numéro de la revue Droit et Société propose une analyse critique des relations entre droit et alimentation et souligne, de façon générale, un manque de cohérence et de philosophie dans le droit de l'alimentation français et européen. Un article introductif propose des éclairages historiques sur la construction du droit de l'alimentation contemporain. Loin de constituer une discipline canonique, il apparaît dual et morcelé, produit du droit du commerce (circulation des marchandises, libre-échange), tel qu'il émerge au XVIIIe siècle, et d'un ensemble de règles techniques à visée avant tout sanitaire.

Ce constat est complété dans un deuxième article, qui fait état d'une déconnexion forte entre le droit de et le droit à l'alimentation. Le droit de l'alimentation correspond à l'ensemble des « règles applicables aux denrées alimentaires et aux exploitants du secteur agroalimentaire ». Défini en 1996 lors du Sommet mondial de l'alimentation, le droit à l'alimentation est, quant à lui, de l'ordre de l'éthique et des droits humains, comprenant par exemple les notions de « disponibilité », de « qualité », de « préférences alimentaires ». Pour l'auteur, le droit de l'alimentation actuel ne répond pas aux valeurs portées par le droit à l'alimentation. Ainsi, selon lui, la prédominance de la logique de marché pose des questions d'équité sociale dans l'accès aux aliments et, en parallèle, atténue la diversité alimentaire : les spécificités locales non marchandes (protection de l'environnement, savoir-faire, traditions culturelles) ne demeurent que si elles peuvent être traduites en valeur marchande par contractualisation (signe de qualité, labellisation). En matière sanitaire et nutritionnelle, il met en avant une approche juridique parcellaire des enjeux : c'est par exemple le cas des questions de qualité des apports nutritionnels, pour lesquelles tant le Nutriscore que la régulation des allégations santé manqueraient d'une vision globale pour lutter contre les maladies chroniques non transmissibles. La gestion des crises sanitaires en est une autre illustration, construite, pour l'auteur, sur le court terme et ne prenant pas en compte les risques de long terme.

Signalons enfin deux autres articles, l'un portant sur la prise en compte de la transition écologique par les pouvoirs publics, l'autre sur les résultats du programme de recherche européen Lascaux, relatif à l'établissement d'une « exception alimentaire » similaire à l'« exception culturelle ».

Hélène Milet, Centre d'études et de prospective

Source : Droit et Société

Évaluation de l'innocuité des bactéries Gram négatif potentiellement présentes dans les fromages français au lait cru

Le microbiote des fromages affinés comporte une diversité de micro-organismes (levures, moisissures, bactéries) qui contribuent à la qualité gustative du produit mais peuvent également avoir un impact sur sa sécurité sanitaire. Un article du numéro de juin 2019 de la revue Food Microbiology s'intéresse plus particulièrement à l'évaluation de l'innocuité des bactéries à Gram négatif (GNB pour Gram negative bacterial), fréquentes dans les fromages à base de lait cru ou pasteurisé, et moins étudiées que les bactéries à Gram positif. Une précédente étude de 2012 avait montré la grande diversité de ces GNB dans le lait et le fromage français (173 souches, de 68 espèces bactériennes différentes). La présente publication approfondit ces travaux en réalisant une série de tests d'innocuité sur 20 de ces souches.

Les souches, de virulences variables, ont d'abord été testées in vitro dans les conditions rencontrées dans l'organisme humain lors du transit digestif, prenant en compte en particulier des facteurs de défense contre les germes bactériens (stress gastro-intestinal, résistance au sérum bactéricide) et de colonisation de la bactérie (adhésion à la muqueuse épithéliale). Ces expérimentations ont été complétées par une évaluation de la pathogénicité bactérienne in vivo, en inoculant, par injections à différentes concentrations, des groupes de 10 larves de Galleria mellonnella. Ce test permet d'évaluer la toxicité potentielle pour les consommateurs. Après incubation pendant 72 heures à 30 °C, le taux de mortalité a permis d'estimer une DL50 (dose létale entraînant la mort de la moitié de l'échantillon étudié), suivant la méthode statistique de correlation de Pearson.

Il apparaît que seulement quatre des GNB du groupe (souches de Morganella morganii, Providencia heimbachae, Hafnia paralvei et Proteus) sont toxiques pour les larves et pourraient posséder des facteurs de virulence. Toutefois, les auteurs n'ont pas identifié, pour l'ensemble des espèces bactériennes testées, de référence bibliographique mentionnant leur association à des intoxications alimentaires : cela pourrait être lié, selon eux, au rôle protecteur du bol alimentaire et aux interactions dynamiques entre le microbiote du fromage et les barrières gastro-intestinales.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Food Microbiology

13/06/2019

Prospective « Zéro émission nette (ZEN) 2050 » : imaginer et construire une France neutre en carbone

L'association française des entreprises pour l'environnement (EpE) a publié, en mai 2019, les résultats d'une prospective sur la neutralité carbone de la France métropolitaine en 2050, compatible avec la croissance économique. Menée par 27 entreprises membres, assistées par un consortium d'experts (Enerdata, Solagro, Carbone 4, Cired), et partagée avec différentes parties prenantes (ONG, scientifiques, organisations professionnelles, etc.), cette étude contribue, selon ses auteurs, à une « appropriation collective » du sujet.

Le rapport s'ouvre sur une analyse de l'évolution des modes de vie, avec la présentation de neuf portraits de ménages français en 2050, caractérisés par leurs besoins de consommation – et donc des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) – et leur motivation à évoluer vers un mode de vie moins carboné. Le document propose ensuite une analyse systémique puis multi-sectorielle des efforts de réduction des GES, afin d'atteindre un niveau d'émissions résiduelles de 100 MtC02eq/an en 2050, ces émissions étant compensées par un puits de carbone équivalent.

Émissions de GES en France (2015-2050, MtCO2eq), par secteurs

ZEN.jpg

Source : EpE

Le secteur agriculture et alimentation devrait réduire de moitié ses émissions (42 MtC02eq/an en 2050 contre 92 aujourd'hui). La trajectoire proposée par les auteurs nécessite d'amplifier certaines tendances alimentaires : réduction du gaspillage et de la consommation de viande. Côté production, l'effort consisterait en la forte limitation des engrais azotés (- 80 % d'émissions de N2O), l'amélioration de l'efficacité énergétique et la méthanisation des effluents d'élevage (70 %), dans le cadre d'un modèle prônant la qualité alimentaire et combinant agro-écologie et agriculture de précision. Une extension modérée de la forêt, la limitation de l'artificialisation des terres et la séquestration du carbone dans les sols agricoles doubleraient la capacité actuelle de capture du carbone. Enfin, la biomasse agricole, forestière et issue des déchets remplacerait en partie les énergies fossiles (biogaz, agro-carburants, biométhane, bois-énergie), à hauteur de 336 TWh/an, face à une demande estimée à 944 TWh/an en 2050.

Le rapport souligne enfin le rôle structurant de la biomasse pour la transition climatique. Il préconise une gouvernance intersectorielle, encadrée localement et nationalement, pour gérer les concurrences entre les usages de la biomasse, le marché ne pouvant faire seul cet arbitrage.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : EpE

12/06/2019

Les impacts de la consommation alimentaire européenne sur la biodiversité

Un article publié récemment dans le Journal of Cleaner Production analyse les conséquences, sur la biodiversité, de la consommation alimentaire de l'Union européenne. La méthode choisie, d'analyse de cycle de vie (ACV), prend en compte les impacts tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de la production à la consommation en passant par le transport, le stockage, etc. L'originalité de ce travail, selon les auteurs, réside dans le nombre conséquent de catégories de produits alimentaires considérées (32), dans l'analyse des déficits de connaissance par l'utilisation et la comparaison critique de différents modèles, et l'utilisation simultanée d'indicateurs midpoint (ex. : émissions de gaz à effet de serre, eutrophisation des eaux, etc.) et endpoint (ex. : nombre d'espèces pouvant potentiellement disparaître). Les résultats mettent en évidence que les consommations de viande et de produits laitiers ont les impacts les plus importants sur la réduction des espèces, notamment du fait des changements d'usages des sols liés aux besoins de l'alimentation animale (transformation de sols « naturels » en sols agricoles) (cf. figure). Le changement climatique joue également un rôle notable dans ces dynamiques. Les auteurs soulignent l'intérêt de développer et d'affiner ce type d'approche évaluative dans le contexte des Objectifs de développement durable (ODD).

Contribution relative de chaque produit alimentaire étudié aux dommages causés à la réduction potentielle des espèces en 2015, sur la base de la méthode d'ACV ReCiPe établie en 2008 (a) et en 2016 (b)

ACV.jpg

Source : Journal of Cleaner Production

Source : Journal of Cleaner Production

10/06/2019

Quelle utilisation des applications mobiles pour les courses au quotidien ?

Nielsen a publié, mi-mars, un article en ligne consacré à l'utilisation d'applications mobiles pour les courses au quotidien, s'appuyant sur des éléments recueillis auprès d'un échantillon d'environ 9 600 personnes. Plusieurs types d'applications sont considérés et il apparaît notamment que 55 % des individus interrogés recourent au moins à l'une d'entre elles. De plus, les applications d'enseignes de la grande distribution arrivent en tête, devant celles liées à la nutrition, aux recettes et aux promotions.

Utilisation déclarée des applications mobiles

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Source : Nielsen

Source : Nielsen

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13/05/2019

Évaluer la durabilité de régimes alimentaires plus riches en produits biologiques : apports de la cohorte BioNutriNet

Publié mi-avril dans The American Journal of Clinical Nutrition, un article présente les résultats d'une comparaison originale des durabilités de régimes alimentaires présentant des niveaux variés de produits biologiques, réalisée dans le cadre de l'étude NutriNet-Santé (cohorte en ligne) et du projet BioNutriNet. À partir de données collectées entre juin et décembre 2014, l'échantillon retenu de 29 210 adultes a été divisé en cinq classes, allant d'une part nulle de bio à une part moyenne de 71 %. En mobilisant diverses méthodes, les auteurs ont calculé plusieurs indicateurs de durabilité : qualité nutritionnelle, impact environnemental (établi uniquement pour le stade agricole), coûts économiques, exposition à 15 pesticides via les ingrédients végétaux.

Ils montrent que l'augmentation de la proportion de produits biologiques consommés est associée à celle de produits végétaux (environ + 52 % entre les deux extrémités de l'échantillon) et à une baisse de la part de produits animaux (- 46 %) et d'aliments sucrés (- 22 %). Les individus de la classe mangeant le plus de bio présentent un régime alimentaire de meilleure qualité nutritionnelle (moins d'acides gras saturés, de sucres ajoutés et de protéines, plus d'acides gras poly-insaturés, de fibres et de vitamines C et E), ainsi qu'un indice de masse corporelle plus bas. Leurs consommations s'accompagnent également d'émissions de gaz à effet de serre (- 30%), d'une demande énergétique (- 20%) et d'une empreinte foncière (- 20%) plus faibles. Il en est de même pour leur exposition alimentaire aux pesticides (mis à part pour deux produits utilisés en agriculture biologique), alors que le coût journalier individuel et la part de leur budget consacrée à l'alimentation sont plus élevés. Ces différences sont en grande partie liées à la composition du régime, le mode de production agricole venant, quant à lui, expliquer principalement les différences économiques et d'exposition aux pesticides.

Les auteurs relèvent les limites de cette étude : échantillon composé de volontaires, données de consommation alimentaire déclaratives, non prise en compte des activités en aval de l'exploitation agricole, manque d'éléments sur certains produits phytosanitaires, etc. Ils identifient ainsi une série d'indicateurs et de dimensions à explorer pour compléter l'analyse de la durabilité de ces régimes alimentaires (bien-être, risques de maladies, impacts sur la biodiversité, etc.).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : The American Journal of Clinical Nutrition

Réduire la taille des portions alimentaires pour les enfants et les adolescents : stratégies, effets, pistes d'action

Un article publié dans le Nutrition Bulletin rend compte d'un ensemble d'études menées par son auteur sur l'effet « taille de portion » (portion size effect) au Royaume-Uni. Cette expression se rapporte à la tendance des individus à manger plus que nécessaire quand l'offre est abondante, en particulier quand l'aliment est très calorique et agréable au goût (gras, sucré). L'auteur met en œuvre des expérimentations avec des familles (avec un total, à chaque fois, de 40 à 50 enfants), pour tester les stratégies les plus efficaces pour réduire les apports en nourriture très énergétiques des jeunes publics.

L'article présente d'abord les résultats d'expériences menées auprès de jeunes enfants (2 à 5 ans) sur les portions lors d'encas (snack) et de repas, dans le but de tester l'efficacité de deux stratégies de réduction des apports caloriques : la diminution de la taille de la portion ou le remplacement par des fruits et légumes. Il en ressort, pour les encas, que le remplacement est la stratégie la plus efficace pour réduire l'apport énergétique global sur la semaine (pas d'effet de compensation et moins de gras consommé). Pour les repas, la diminution de la portion du plat principal, efficace, peut s'accompagner d'une augmentation de la diversité des légumes proposés, qui en influence positivement la consommation.

Pour les encas, effets de la réduction de la taille (vert clair) ou du remplacement (vert foncé) par un fruit ou un légume, sur l'apport énergétique quotidien des enfants (2-4 ans), sur trois semaines

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Source : Nutrition Bulletin

La dernière partie de l'article rapporte les difficultés rencontrées par l'auteur pour aborder des questions équivalentes chez un public adolescent, se caractérisant par plus d'autonomie dans ses choix alimentaires, et pour lequel les dispositifs expérimentaux ont échoué (perte de la moitié des participants entre le début et la fin de l'expérience).

En conclusion, il replace la réduction des apports énergétiques pour les enfants dans le temps long. Il rappelle en particulier le poids des normes et des habitudes alimentaires, qui implique d'inscrire les interventions sur une période de plusieurs semaines consécutives afin d'avoir des effets durables, à long terme, sur le régime alimentaire des enfants.

Hélène Milet, Centre d'études et de prospective

Source : Nutrition Bulletin

09/05/2019

Rapport à la viande et évolution des abattoirs : une approche anthropologique

La revue Anthropology of food publie un numéro spécial intitulé « Viande et architecture », qui s'intéresse aux « transformations du rapport à la viande par les lieux et l'espace », en particulier sous l'angle de l'abattage. Il est constitué d'articles abordant la question sous différents angles, historique, géographique, sociologique et artistique.

Pendant plusieurs siècles, les bouchers étaient au cœur du marché de la viande : ils tuaient, découpaient puis vendaient les pièces de boucherie. Ils formaient une corporation reconnue au Moyen Âge. La création d'abattoirs mit fin progressivement à ce monopole. Depuis la fin du XIXe siècle, les abattoirs ont beaucoup évolué, les petits bâtiments urbains ont fait place à de grandes structures externalisées, l'abattoir de Bruxelles étant ainsi l'un des derniers en centre-ville en Europe.

Implantation des boucheries dans Paris à la fin du XIVe siècle

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Source : Anthropology of food

Un changement d'échelle s'est aussi produit en matière économique : le travail de la viande est devenu une « industrie de série et de flux », avec succession d'actes répétitifs (taylorisme) accomplis par un personnel peu qualifié et peu payé. Sur le plan architectural, l'abattoir moderne comporte une succession de figures géométriques, permettant l'application du principe sanitaire de « la marche en avant » (prévoyant en particulier une séparation nette entre secteur propre et secteur souillé). Cependant, après une période de centralisation, le retour à l'abattage de proximité, associé à un meilleur accompagnement des animaux, est défendu par certains. En Wallonie, des éleveurs du groupe Nature et progrès ont ainsi opté pour des modes d'abattage alternatifs.

L'aspect artistique des activités en lien avec le travail de la viande est largement traité dans ce numéro, prenant en compte différents registres : architectural (anciens abattoirs urbains transformés en lieux culturels, comme à Toulouse), cinématographique (souvent associées à des actions mortifères et violentes dans des films d’horreur), pictural et photographique aussi. Enfin, sont également traités les abattages halal (article consacré à l'organisme certificateur AVS) et en Inde (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), objets de divergences politiques et culturelles.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Anthropology of food

11:56 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : abattoirs, viande, histoire, art, géographie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Connaissances des restaurateurs en matière d'allergies alimentaires : exemple de l'Allemagne

Dans un article de Plos One d'avril 2019, des chercheurs évaluent les connaissances et perceptions des allergies alimentaires de restaurateurs de la ville de Düsseldorf, en Allemagne. Pour ce faire, les 295 interviewés ont dû nommer trois allergènes à déclaration obligatoire et répondre à deux questionnaires permettant, pour l'un, de mesurer leurs connaissances générales, et pour l'autre de préciser leur attitude face aux personnes allergiques.

18 % des participants ont été incapables de nommer un seul allergène, 30 % ont pu en nommer trois correctement et près de 41 % ont répondu convenablement à l'ensemble des questions posées (voir tableau ci-dessous). Ces résultats sont semblables à ceux déjà publiés dans la littérature. Les réponses obtenues mettent aussi en lumière le fait que des croyances erronées sont relativement répandues chez les enquêtés, pouvant limiter la rapidité des réactions en cas d'urgence médicale. En effet, 35 % pensent que donner un verre d'eau permet de diluer l'allergène et prévenir la réaction allergique, score respectivement similaire et inférieur à ceux d'études aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Les restaurateurs ont globalement des attitudes positives à l'égard des personnes allergiques : par exemple, 97 % d'entre eux pensent avoir la responsabilité d'être bien informés à propos de cette maladie. Toutefois, l'étude révèle que près de 42 % des professionnels interrogés croient que les allergies déclarées par les consommateurs n'en sont pas, méfiance que l'on retrouve également aux États-Unis. De plus, 67 % se considèrent responsables en cas de réaction allergique au sein de leur établissement, score plus élevé qu'en Malaisie (33 %) par exemple, où la loi n'encadre pas les pratiques des restaurateurs. 19 % préféreraient ainsi ne pas avoir à servir des clients allergiques.

Enfin, environ 46 % des interviewés ont déjà participé à une formation sur les allergies. Pourtant, il n'y a pas de lien statistique entre cette participation et le taux de bonnes réponses au questionnaire. Il en est de même entre le niveau des connaissances et l'envie d'obtenir des informations sur les allergies, ou encore avec la confiance en ses propres capacités à servir un plat sûr pour le consommateur allergique. Les chercheurs concluent qu'il faudrait revoir les ressources pédagogiques des formations et rendre celles-ci obligatoires pour tous les restaurateurs allemands.

Test de connaissance des restaurateurs sur les allergies : nombre et pourcentage de bonnes réponses à 5 questions

Allergies.jpg

Source : Plos One

Aurore Payen, Centre d'études et prospective

Source : Plos One

11:46 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : allergies, restauration, allemagne |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/05/2019

L’alimentation reste un poste de dépenses majeur dans le budget des ménages

L’Insee a publié une note d’analyse sur les comportements de consommation à partir des données de l’enquête Budget de famille 2017. Il en ressort que l'alimentation à domicile (hors tabac, alcool et restauration) reste, en moyenne, le deuxième poste de dépenses des ménages français, après les transports et avant le logement, avec une légère hausse (0,3 %) entre 2011 et 2017. La note met en avant des disparités importantes en fonction du niveau de vie, de la structure familiale (monoparentale ou non) et du statut d'occupation du logement (propriétaire ou locataire). Ces disparités sont les plus fortes concernant l'alimentation à domicile : par rapport aux 20 % des ménages les plus aisés, les 20 % les plus modestes y consacrent 6 à 7 points de plus de leur budget, au détriment des transports (4 points de moins), des loisirs et de la culture (3 à 4 points de moins) et des services d'hébergement et de restauration (4 à 5 points de moins).

Poids des différents postes de dépenses dans la consommation totale des ménages en 2011 et en 2017

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Source : Insee

Notons en parallèle que l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) a publié en avril 2019 un Éclairages sur le pouvoir d'achat des familles modestes, à partir des données produites par les budgets types de l'Union nationale des associations familiales (UNAF). Sur la période 2012-2018, la part de leur budget (en euros) consacrée à l'alimentation a augmenté beaucoup plus vite que l'inflation, ce qui en fait, pour ces familles, le premier poste de dépenses.

Sources : Insee, IRES

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06/05/2019

Alimentation saine, développement économique et genre : une étude internationale

Sociology of Development publie un article qui nuance le lien habituellement postulé entre développement économique des pays (PIB/habitant) et adoption de comportements alimentaires sains (healthy eating behaviors), approchés ici sous le seul angle de la consommation de fruits et légumes. Cette étude repose sur les données déclaratives fournies par l'International Social Survey Programme (ISSP), pour 31 pays. En les analysant au prisme du genre, les deux auteurs montrent que, dans tous les cas, les femmes déclarent manger plus de fruits et légumes que les hommes et que cette différence est d'autant plus forte que le pays est plus développé (cf. figure ci-dessous). De plus, la fréquence déclarée de consommation pour les hommes ne varie pas en fonction du PIB/habitant. Ils concluent alors que la corrélation générale observée entre le développement économique d'un pays et la consommation d'aliments sains est avant tout liée aux comportements féminins.

Fréquence hebdomadaire déclarée de consommation de fruits et légumes par rapport au PIB/habitant

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Source : Sociology of Development

L'étude s'intéresse également à la santé perçue (self-rated health) : il y aurait ainsi une corrélation entre le niveau de santé perçu par tous les individus et leur consommation hebdomadaire de fruits et légumes, avec un effet un peu plus important pour les femmes.

Source : Sociology of Development

11:12 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : genre, comportements alimentaires, issp, fruits, légumes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Rapport mondial sur les crises alimentaires en 2018

Le Food Security Information Network (FSIN) a publié récemment la troisième édition de son rapport sur les crises alimentaires. Fruit d'un travail collectif associant diverses organisations internationales et mobilisant des méthodes rigoureuses, ce document présente une synthèse des crises survenues en 2018, détaille les 27 principales et identifie les causes et risques potentiels pour 2019.

L'année passée, plus de 113 millions de personnes ont connu des situations de faim avancée nécessitant une aide d'urgence : 53 pays sont concernés, sachant que huit rassemblent les deux tiers de ces individus. Les principales causes identifiées sont les conflits et l'insécurité (pour 74 millions de personnes), les catastrophes naturelles et climatiques (29 millions) et les chocs économiques (10,2 millions). En dix ans, les besoins d'aide ont augmenté de 127 %, parmi lesquels 40 % destinés aux problématiques agricoles et alimentaires. Ce constat amène les auteurs à appeler à de nouveaux modes de coordination de l'ensemble des interventions humanitaires.

Cadre harmonisé de classification de la sécurité alimentaire

Crises alimentaires.jpg

Source : Food Security Information Network

Source : Food Security Information Network

16/04/2019

Analyse mondiale des effets des risques nutritionnels sur la santé

Publié le 3 avril par The Lancet, un article présente les résultats d'une analyse, à l'échelle mondiale, des effets des risques nutritionnels sur la mortalité et la morbidité, pour trois types de maladies non transmissibles (maladies cardio-vasculaires, diabète de type 2, cancer). Associant plus d'une centaine de chercheurs et portant sur la période 1990-2017, ces travaux financés par la fondation Bill et Melinda Gates ont été réalisés dans le cadre du Global Burden of Disease 2017 (Institute for Health Metrics and Evaluation). Il utilisent une approche dite du « risque comparatif ».

Quinze facteurs de risque nutritionnel ont été étudiés, associés à des aliments ou des nutriments, et diverses sources de données ont été mobilisées (enquêtes nutritionnelles, données de ventes, disponibilités alimentaires, etc.). S'appuyant sur la littérature scientifique, les auteurs ont estimé l'ingestion moyenne de chacun des quinze aliments et nutriments, en fonction de l'âge (individus de plus de 25 ans), du sexe, du pays et de l'année. Ils ont ensuite évalué le risque relatif de mortalité et morbidité pour chaque couple facteur de risque - maladie, et défini des niveaux d'ingestion journaliers optimaux.

Globalement, il apparaît que les aliments et nutriments étudiés sont tous consommés dans des proportions inadaptées. Les quantités ingérées de noix et graines, de lait et de céréales complètes présentent les écarts les plus importants (respectivement 12 %, 16 % et 23 % seulement des optimum journaliers recommandés). De plus, en 2017, les auteurs montrent que les risques nutritionnels analysés sont responsables de 22 % des décès des adultes (11 millions), soit une contribution plus forte que tous les autres facteurs de risque, y compris le tabac. Les maladies cardio-vasculaires en sont la première cause et 45 % des morts surviennent chez des individus de moins de 70 ans. Par ailleurs, plus de la moitié des décès sont attribuables à des consommations trop fortes de sel et trop faibles de céréales complètes et de fruits. Des résultats plus détaillés sont disponibles dans l'article.

Proportion de décès attribuables à chaque risque diététique étudié, aux niveaux global et régional, en 2017

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Source : The Lancet (sélection CEP)

Enfin, les auteurs soulignent l'intérêt de développer des interventions publiques, ciblant notamment les aliments et nutriments sous-consommés, et tenant compte de la structuration du système alimentaire. Ils suggèrent ainsi des actions prometteuses, tout en relevant plusieurs difficultés : effets observés sur les niveaux de consommation bien inférieurs aux optimums, analyses coût-efficacité souvent basées sur des hypothèses simplifiées et ne prenant pas en compte les réactions des différents acteurs, etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : The Lancet

Veganomics : une approche économique du véganisme

Nicolas Treich (Inra) consacre un document de travail à l'analyse économique du véganisme, ce terme désignant pour lui « tous les comportements visant à modifier (et pas seulement éliminer) l'utilisation ou la consommation d'animaux pour des raisons morales ». Ce sujet était jusqu'alors peu abordé par l'économie, discipline où « seul le bien-être des humains compte ».

L'auteur aborde en premier lieu les marchés de la viande, avec la montée en puissance des régimes végétarien et végan, montée cependant limitée par la persistance des habitudes alimentaires. Il analyse ensuite les externalités négatives de l'élevage (pollution, déforestation, santé) et les instruments habituellement promus par les économistes pour les internaliser (principe pollueur-payeur, taxes, etc.). Selon N. Treich, la théorie économique ne s'intéresse aux conditions d'élevage que pour autant qu'une demande sociale existe, traduite en « consentement à payer ». Des études montrent que celui-ci est assez élevé, en tout cas dans les déclarations faites par les consommateurs, surtout pour des produits issus de meilleures pratiques, mais les labels valorisant le bien-être animal ne constituent encore qu'une faible part du marché.

Pour dépasser ce cadre classique, l'auteur souligne les défis posés par une économie « non-anthropocentrique ». La pondération entre utilités des humains et souffrance des animaux est particulièrement délicate. L'approche comportementale met en évidence des biais cognitifs (« mauvaise foi », aveuglement sur les conditions de production), les informations étant par ailleurs souvent contrôlées par les groupes d'intérêt liés au secteur de la viande. Sur cette base, N. Treich discute l'efficacité des stratégies des associations de protection animale pour sensibiliser l'opinion publique.

Enfin, il esquisse une réflexion prospective autour de trois scénarios : 1) polarisation entre classes, le maintien d'une consommation de viande toujours moins chère devenant un « marqueur social », 2) régulation des externalités de l'élevage, renchérissement des produits carnés et montée du flexitarisme, et 3) « véganisation » de l'ensemble de la société – un scénario que des alternatives telles que la viande in vitro pourraient soutenir.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Toulouse School of Economics