12/02/2020
Quelle consommation de bois et de matériaux biosourcés dans les bâtiments en 2050 ?
Dans deux études prospectives publiées en décembre, l'ADEME a évalué les volumes de matériaux nécessaires pour la construction neuve, d'une part, et la rénovation thermique des bâtiments d'autre part, aux horizons 2035 et 2050. Dans chacun de ces secteurs, un scénario d'augmentation du recours aux matériaux biosourcés, et en particulier aux bois ou produits bois (à base de cellulose par exemple), est envisagé, en contrepoint d'un scénario tendanciel.
Pour la construction neuve, à vocation résidentielle ou tertiaire, les auteurs ont modélisé la consommation des différents matériaux pour chaque macro-composant des bâtiments (planchers bas et intermédiaires, murs, etc.), selon les types de bâtis (résidentiel ou tertiaire, individuel ou collectif, etc.) et les modes constructifs employés (bâtiment bois, mixte béton/acier, etc.). Prenant appui sur le scénario tendanciel « Avec Mesures Existantes » (AME) de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), ils calculent les volumes de matériaux nécessaires selon deux scénarios technologiques : maintien des proportions actuelles des différents matériaux (scénario BAU) ou augmentation de la part du bois et des matériaux biosourcés (scénario BB).
Du fait de la baisse tendancielle de l'activité de construction, quel que soit le scénario, la consommation de bois devrait reculer à l'horizon 2050, même si sa part de marché est en hausse. En revanche, les isolants bois ou biosourcés progresseraient nettement dans le scénario BB.
Consommation cumulée de matériaux sur les périodes 2015-2035 et 2035-2050, en construction neuve pour les secteurs résidentiel et tertiaire (grande distribution, bureaux, enseignement, hôtels)
Source : ADEME
Un travail similaire a été mené dans le domaine de la rénovation thermique des bâtiments, en modulant le rythme de rénovation du parc actuel de logements et en adoptant différentes solutions techniques. Les auteurs ont quantifié les volumes de matériaux consommés et ceux des déchets générés lors, notamment, des opérations de remplacement. Ainsi, sur la période 2015-2050, la consommation totale de produits isolants biosourcés varierait de 2,4 à 7 millions de tonnes (Mt) et celle du bois de 1,5 à 3,5 Mt, selon les scénarios.
En croisant les deux analyses, l'ADEME précise que la construction neuve consomme 40 fois plus de matériaux que la rénovation, et 80 fois plus en logement collectif : cela apporte des arguments supplémentaires en faveur de la rénovation, par ailleurs plus économe en utilisation de terres et moins émettrice de gaz à effet de serre.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : ADEME
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04/07/2019
Résultats de la campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés
Fin mai 2019, l'Ademe a publié les résultats de la troisième campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés, réalisée en 2017 sur un échantillon de 100 communes représentatif du type d'habitat et des consignes de tri des plastiques. Il apparaît notamment que les produits alimentaires non consommés (sous emballage ou non) représentent 10 % des ordures ménagères résiduelles, la part des déchets putrescibles étant de 27 %.
Source : Ademe
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03/05/2018
Analyse des effets économiques et sociaux d'une alimentation plus durable
L'Ademe a publié récemment une étude sur les effets économiques et sociaux d'une alimentation plus durable, répondant à l'objectif initial d'« identifier les acquis et les pistes d'études et de recherche pour faire évoluer les pratiques des acteurs de la chaîne alimentaire et les comportements des consommateurs vers plus de durabilité ». S'appuyant sur les données et la littérature existantes, les auteurs ont travaillé sur la valeur sociale de l'alimentation pour les Français (représentations, comportements, etc.), puis se sont intéressés à sa valeur économique et à sa répartition. Enfin, ils ont envisagé l'impact d'une alimentation plus durable sur cette valeur économique, sa répartition, les emplois et les coûts cachés, choisissant pour se faire cinq démarches répondant à différentes dimensions de la durabilité : agriculture biologique, appellations d'origine protégée fromagères, circuits courts de proximité, commerce équitable origine France, projets alimentaires territorialisés (PAT).
Schéma récapitulatif des cinq systèmes étudiés et de leurs combinaisons possibles
Source : BASIC
La question de la généralisation de ces démarches est posée et des facteurs de réussite et points de vigilance sont identifiés : maintien et développement d'une diversité de modèles intégrant une ou des composantes de la durabilité ; précision et évaluation de cette durabilité ; prise en compte des coûts cachés ; régulation. Les auteurs identifient enfin diverses recommandations à destination des acteurs économiques, des pouvoirs publics, des acteurs des territoires et des consommateurs.
Source : Ademe
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09/06/2016
Pertes et gaspillages : état des lieux et gestion par étapes de la chaîne alimentaire
Réalisée pour le compte de l'ADEME et rendue publique récemment, cette étude avait pour objectifs, pour la France, i) de qualifier et quantifier les pertes et gaspillages alimentaires dans les principales filières et sur l'ensemble des étapes, de la production à la consommation, ii) d'identifier des initiatives et pistes de réduction, et iii) d'améliorer la connaissance et la compréhension des mécanismes générateurs. La figure ci-dessous présente le périmètre retenu :
Source : ADEME
Les auteurs ont associé plusieurs méthodes de collecte de données : plus de 500 entretiens auprès d'acteurs, mesures des pertes en restauration (collective et commerciale) et chez des artisans de bouche, recueil des pertes et gaspillages par un échantillon de 50 foyers représentatifs de la population française. Ces données ont été croisées, consolidées, et des analyses multicritères conduites, par filière, pour les produits détournés de l'alimentation humaine : pertes en masse, impact carbone, valeur économique théorique. Ce travail a porté sur des produits végétaux (céréales, autres grandes cultures, légumes, fruits) et animaux, ainsi que sur différents secteurs d'activité (production primaire, industries agroalimentaires, distribution, consommation, restauration).
In fine, à partir des nombreux résultats fournis par cette étude, il apparaît que les pertes et gaspillages sont très variables d'un produit à l'autre (de 9 % pour les œufs à 57 % pour les salades), et diffèrent par grandes familles de produits :
Évaluation globale des pertes et gaspillages pour l'alimentation humaine – Toutes filières
Source : ADEME
Globalement, les pertes et gaspillages représentent, par an, 18 %, soit 10 millions de tonnes, correspondant à une valeur théorique commerciale de 16 milliards d'€, et à un bilan carbone de 15,3 millions de tonnes équivalent carbone (soit 3 % des émissions de la France). Les résultats pour chaque filière sont également intéressants, précisant la part de chaque secteur d'activité.
Enfin, à partir notamment d'un recueil d'initiatives et d'exemples anti-pertes et gaspillages, les auteurs identifient les principaux leviers de réduction mobilisables par types d'acteurs, comme par exemple l'assouplissement des cahiers des charges pour la production. Ils concluent sur la nécessité d'un travail en commun.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : ADEME
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03/05/2016
Produits biosourcés : un potentiel économique à développer
Dans le numéro 47 de sa Lettre Stratégie, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) fait la synthèse de ses travaux sur le marché des produits biosourcés. Provenant pour tout ou partie de la biomasse, renouvelables, ils remplacent des produits minéraux ou pétrochimiques dont l'empreinte carbone est souvent supérieure : peintures, colles, solvants, détergents, cosmétiques, isolants, plastiques, etc. Sauf dans certains secteurs à haute valeur ajoutée (cosmétiques par exemple), leur utilisation reste limitée en raison d'un prix élevé par rapport à leurs homologues moins « verts ».
Selon l'étude prospective pilotée par l'Ademe, le potentiel en emplois industriels et en débouchés pour les filières agricoles et forestières est important, ainsi que les gains attendus en matière environnementale. Il s'agit désormais d'accompagner et renforcer ce développement par des politiques publiques efficaces, en prenant appui sur l'analyse comparative des dispositifs existant dans d'autres pays.
Source : ADEME
09:13 Publié dans Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : ademe, produits biosourcés | Imprimer | |
11/03/2015
L’Ademe accompagne la « transition agro-écologique »
À l’occasion du Salon international de l’agriculture, l’Ademe a tiré d’une analyse transversale de plusieurs de ses travaux de prospective, en lien avec l’agriculture, un ensemble de pratiques « structurantes » pouvant permettre d’améliorer les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles.
Neuf thèmes ont ainsi été identifiés : la maîtrise de l’énergie ; l’optimisation de la fertilisation azotée ; le recours à des techniques culturales simplifiées ; l’introduction de cultures intermédiaires ; la culture de légumineuses ; la réintégration de l’arbre dans les systèmes agricoles ; l’optimisation des apports protéiques dans l’alimentation animale ; la valorisation des déjections animales ; l’optimisation de la gestion des prairies.
Chaque groupe de pratiques s’y rattachant a fait l’objet d’une fiche détaillée proposant une synthèse de leurs impacts environnementaux et un regard sur les conditions technico-économiques de leur application. Une dixième fiche, donnant des exemples réels de trajectoires d’exploitations agricoles, a également été ajoutée.
Pour l’Ademe, ces pratiques doivent être considérées comme des « moteurs » d’une évolution plus globale des systèmes de production. Il s’agit en effet de mieux tirer parti des cycles naturels pour accroître l’efficience des systèmes agricoles autant d’un point de vue économique que environnemental. Ces évolutions contribueront finalement à répondre aux enjeux de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, de réduction de la consommation énergétique, d’amélioration de la qualité des sols et de l’air. Par ailleurs, selon une publication précédente de l’Ademe, ces pratiques s’intègrent parfaitement dans les principes de l’agro-écologie présentés dans la loi d’avenir pour l’agriculture.
Clément Villien, Centre d’études et de prospective
Source : Ademe
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09/01/2015
Alléger l’empreinte environnementale de la consommation des Français en 2030
Fin novembre 2014, l’ADEME a publié le quatrième volet de ses travaux de prospective initiés en 2012 pour proposer une vision à long terme du système énergétique français (voir sur ce blog les billets consacrés aux premier et troisième volets de cet exercice), en présentant un scénario pour « alléger l’empreinte environnementale de la consommation des Français en 2030 ». Une analyse de l’impact environnemental et climatique, à l’horizon 2030, des tendances de consommation actuelles a permis d’identifier les modifications des modes de production et de consommation nécessaires : une réduction de 17 % de l’empreinte carbone totale serait possible en 2030 (par rapport à 2007) « en appliquant des hypothèses ambitieuses mais réalistes de réduction des consommations d’énergie dans l’habitat et les transports, d’éco-conception des produits, de réduction des gaspillages, de modification de nos modes de consommation ».
Décliné par thématiques de consommation, le scénario 2030 traite en particulier de l’alimentation. Plusieurs orientations sont identifiées pour une alimentation à « empreinte environnementale allégée » :
- « rééquilibrer les régimes alimentaires pour faire converger enjeux de santé et enjeux environnementaux » : réduction de la consommation de viande (-10 % en moyenne par personne), augmentation de celle de céréales, baisse de celle de boissons embouteillées, adoption de « régimes alimentaires plus calés sur les produits saisonniers » ;
- « réduire drastiquement le gaspillage alimentaire », de 60 % sur l’ensemble de la chaîne ;
- « améliorer les pratiques agricoles et développer l’écoconception dans les industries agro-alimentaires ».
L’impact du régime alimentaire français moyen (hors boissons) passerait alors de 3,5 kg EQ CO2/jour en 2007 à 2,9 en 2030 :
L’ADEME souligne que différents leviers doivent être activés pour faire évoluer les comportements alimentaires : stratégies d’information et de prévention en nutrition ciblées sur certaines populations ou sur certaines périodes de la vie plus propices au changement, amélioration du niveau de connaissance de la population sur l’alimentation et ses enjeux, mobilisation simultanée de tous les acteurs concernés.
In fine, l’ADEME propose des perspectives générales pour aller vers une maîtrise de l’empreinte environnementale d’ici 2030, présentéesdans le schéma ci-dessous :
Diffusion des changements au sein de la société
Julia Gassie, Centre d’études et de prospective
Source : ADEME
15:56 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : ademe | Imprimer | |
27/08/2014
Le carbone organique dans le sol
Cette publication de l'ADEME en date de juillet 2014 est issue des travaux du Groupement d'Intérêt Scientifique (GIS) Sol et de l'Inra. Elle illustre le rôle du sol vis-à-vis des émissions de gaz à effet de serre en France, et de leur réduction : « les terres agricoles et la forêt occupent plus de 80 % du territoire national et séquestrent actuellement 4 à 5 GtC (soit entre 15 et 18 Gt CO2) dont plus des deux tiers dans les sols. »
L'attention est portée sur les pratiques favorisant ou maintenant le capital existant dans les sols, dont entre autres sa capacité à stocker du carbone. Les principaux leviers identifiés sont : raisonner l'intensification des prélèvements pour la forêt, agir sur les entrées et sorties de matière organique pour les sols agricoles (retour au sol, bandes enherbées, non-labour, etc.), ainsi que maîtriser l'occupation du sol.
Source : ADEME
03/07/2014
L'ADEME publie le troisième volet de son exercice de prospective 2030-2050
L'ADEME a publié en juin 2014 le troisième volet de son exercice de prospective « Visions énergie climat 2030-2050 ». Aux horizons 2030 et 2050, ce volet décrit les modes de vie des ménages français qui seraient compatibles avec les scénarios énergétiques que l'Agence a présentés dans le cadre du Débat national sur la transition énergétique (voir billet sur ce blog de novembre 2012). En transcrivant ces scénarios en modes de vie concrets, l'un des objectifs de l'ADEME est de donner à voir ce que pourraient être les trajectoires de vie possibles, dans l'optique d'atteindre le Facteur 4 en 2050.
Deux ensembles de huit familles types ont été identifiés, en prenant en compte la diversité des modes de vie (composition de la famille, niveau de revenu, localisation géographique, etc.). Aux horizons 2030 et 2050, les possibilités de choix et d'adaptation de familles placées dans des conditions sociales et territoriales différentes ont été travaillées, ainsi que leur appropriation d'instruments de politiques publiques. Des catégories de consommation ont été définies, permettant de ramener toutes les consommations d'énergie au niveau des ménages (consommateurs finaux) et d'utiliser une démarche d'empreinte énergie et carbone.
L'alimentation, « de la fourche à la fourchette », est l'une des consommations étudiées, sachant que, en 2010, 20% de la consommation d'énergie étaient dédiés à la production, la transformation et la cuisson des aliments. Les pratiques alimentaires des ménages sont détaillées, en abordant les thèmes du gaspillage alimentaire, du régime alimentaire plus ou moins carné, du rôle de l'étiquetage (« étiquettes carbone », provenance des aliments) et de l'utilisation de cette information. Une famille d'agriculteurs est présentée dans l'exercice, permettant d'aborder également certains choix des scénarios généraux en matière de pratiques agricoles, de production de biomatériaux et de bioénergie. Imaginer la diversité des modes et de l'approvisionnement alimentaires apparaît difficile à l'horizon 2050, sachant que les scénarios de l'ADEME envisagent une généralisation de pratiques actuellement minoritaires (agriculture intégrée, produits biologiques, alimentation moins riche en viande). C'est donc une diversité des pratiques qui est décrite, plutôt qu'un « alignement sur un comportement alimentaire unique ».
En définitive, une relation étroite entre choix techniques et conditions d'intégration dans les comportements des ménages est mise en évidence, le Facteur 4 n'étant atteignable que sous réserve de progrès dans les comportements individuels. Cet exercice montre également qu'une diversité d'orientations des modes de vie permet de réaliser la transition énergétique, et identifie les principales avancées nécessaires (dont la limitation de l'allongement des chaînes logistiques d'approvisionnement) et les mécanismes d'action publique à mobiliser.
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : ADEME
17:22 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation, Climat, Energie | Lien permanent | Tags : ademe | Imprimer | |