08/06/2021
Perception par les agriculteurs bavarois des robots en grandes cultures
Hormis pour le secteur laitier, peu d'études font état de la perception par les agriculteurs des solutions robotiques qui leur sont proposées. Un article paru en mai 2021 dans Computers and Electronics in Agriculture analyse le point de vue d'exploitants bavarois à partir d'une enquête sur les robots en grandes cultures. Pour ceux ayant une grande exploitation (> 35 ha, SAU moyenne en Bavière), l'argument financier est le premier mis en avant pour motiver l'acquisition d'un robot. Ils y voient un moyen de remplacer une main-d’œuvre de moins en moins disponible et de plus en plus coûteuse en Allemagne (situation amplifiée par les restrictions récentes sur les migrations saisonnières en raison de la pandémie de Covid-19). Les « petits » exploitants et ceux en agriculture biologique sont intéressés par les avantages environnementaux, associés à l'utilisation des petits robots : traitement individualisé des plantes, préservation des paysages à petite échelle et diminution du tassement du sol par rapport à celui occasionné par des tracteurs traditionnels plus lourds. D'une manière générale, le manque de maturité de ce marché est mis en avant comme un obstacle majeur pour l'adoption de ces robots.
Type de robot considéré comme le plus approprié à l'opération culturale selon les agriculteurs répondants
Source : Computers and Electronics in Agriculture
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12/10/2020
Méthanisation, transition énergétique et héritage est-allemand des exploitations agricoles
La revue L’Espace géographique vient de mettre en ligne un article de P. Jutteau et G. Lacquement (université de Perpignan) consacré aux transformations de l'agriculture et aux héritages post-socialistes en Allemagne orientale. À partir d'études de cas dans les Länder de Saxe-Anhalt et Thuringe, il met en évidence la contribution de la méthanisation, dans le cadre de politiques énergétiques volontaristes, au renouvellement des liens entre grandes exploitations sociétaires et territoires, via des réseaux de chauffage avec, dans certains cas, la mise en place de partenariats non seulement avec les opérateurs publics de l'énergie mais aussi avec des coopératives d'habitants.
Source : L'Espace géographique
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07/07/2020
Économies de gamme et synergies entre ateliers dans les élevages laitiers bavarois
Dans le numéro de juillet de l'European Review of Agricultural Economics, deux chercheurs allemands étudient les synergies liées à la diversification des productions dans les élevages laitiers de Bavière. Des économies de gamme sont en effet possibles lorsque les coûts de production de plusieurs produits, une fois regroupés, sont inférieurs aux coûts de production séparés. Les chercheurs se sont focalisés sur les complémentarités de coûts de facteurs de production qui permettent des économies croisées entre deux ateliers, et contribuent aux économies de gamme. Celles-ci peuvent aussi reposer sur le partage des coûts fixes. De telles complémentarités existent lorsque des ressources (y compris immatérielles, comme les compétences techniques) sont mobilisées pour différentes productions sans frais supplémentaires.
Les travaux exposés reposent sur les données comptables collectées de 2000 à 2014 par le Farm Accountancy Data Network (FADN, Rica européen) : ils retiennent 1 647 exploitations laitières de Bavière, enquêtées pendant au moins deux années successives. Si les exploitations laitières sont, en général, spécialisées, une part non négligeable de leurs recettes peut provenir d'une diversification interne : valorisation de la viande issue du troupeau laitier, mais aussi ateliers allaitants ou grandes cultures.
Part des différents ateliers dans les recettes des exploitations laitières de Bavière (2000-2014)
Source : European Review of Agricultural Economics
Les complémentarités de coûts croisées entre les ateliers sont alors identifiées économétriquement par la distance à une fonction d'efficience, et analysées selon les caractéristiques des fermes et des agriculteurs. En définitive, ces économies dépendent de la taille et du degré de spécialisation des exploitations. Les plus grandes exploitations laitières réalisent davantage d'économies par des synergies avec les grandes cultures, alors que les plus petites peuvent mieux bénéficier de complémentarités avec l'atelier viande. La différence pourrait s'expliquer par le fait que les structures les plus grandes sont plus intensives en capital et les autres en travail. Pour les auteurs, si la diversification ne se limite pas aux réductions de coûts étudiées par eux, les politiques qui cherchent à la soutenir devraient prendre en compte la taille et la structure des exploitations.
Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective
15:35 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : allemagne, bavière, élevage laitier, gammes, ateliers, économies | Imprimer | |
16/03/2020
Les politiques alimentaires des villes allemandes
Après une deuxième moitié de XXe siècle plutôt favorable aux institutions centrales et nationales, on assiste depuis vingt ans en Europe au renouveau des politiques urbaines alimentaires, notamment en Allemagne. Cet article analyse cette réémergence des enjeux alimentaires sur l'agenda politique des municipalités. Quelles capacités et quels outils ont-elles à leur disposition en la matière ? Comment les mettent-elles en œuvre, avec quels acteurs et quelles ressources ?
Les politiques alimentaires des dix plus grandes villes allemandes (de 500 000 à 3 millions d'habitants) sont analysées, au travers des processus (impulsion, mise en œuvre, résultats) et des types d'instruments mobilisés. Les auteurs ont procédé à une soixantaine d'entretiens avec des acteurs de profils variés et ils ont étudié 41 documents officiels de programmation politique, sur la période 2000-2014, renseignant sur le cycle de construction des politiques alimentaires urbaines.
Les résultats mettent en évidence une faible intégration des enjeux alimentaires dans les politiques urbaines (figure ci-dessous). Les ressources dédiées sont limitées et l'action publique en matière d'alimentation résulte d'une collection de projets sectoriels à petite échelle (problem-oriented), impulsés par des acteurs divers (entreprises, ONG, collectifs citoyens, administration, etc.) et bénéficiant de financements extérieurs à la municipalité (Agenda 21 locaux, réseaux Fair Trade Towns, etc.). Les priorités sont la santé publique, l'approvisionnement de la restauration collective et l'information des citoyens. Ce dernier registre est particulièrement utilisé, pour influer sur la consommation alimentaire. Les métropoles ont aussi recours, dans une moindre mesure, à des incitations économiques : production biologique, rémunération de services écosystémiques, etc. Les instruments réglementaires ou de planification urbaine, ciblant l'amont du système alimentaire et qui permettraient une intégration plus large (production, transformation), sont eux peu utilisés.
Orientation des approches et projets de politiques alimentaires des 10 plus grandes villes allemandes
Source : Food Policy
Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective
Source : Food Policy
17:02 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation, Territoires | Lien permanent | Tags : allemagne, villes, politiques urbaines | Imprimer | |
06/02/2020
Concevoir une politique agri-environnementale et climatique efficace pour la prochaine PAC
Le Conseil scientifique consultatif du ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture allemand a publié, en décembre, un rapport sur l'architecture environnementale de la future PAC. En effet, la Commission européenne a proposé en 2018 un nouveau modèle de mise en œuvre de la politique agricole, basé sur l'élaboration de plans stratégiques nationaux. Ceux-ci peuvent combiner trois outils pour atteindre les objectifs agro-environnementaux : la conditionnalité, les éco-programmes, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC).
Les auteurs évaluent cette proposition et formulent 42 recommandations pour les plans stratégiques nationaux. Il s'agit notamment d'augmenter progressivement les budgets alloués aux objectifs agro-environnementaux et, sur le long terme, de supprimer les paiements de base. Ils proposent également de définir le niveau de co-financement national des mesures en fonction de leur valeur ajoutée aux niveaux européen et international : ainsi, celles pour le climat ou la biodiversité seraient financées à 100 % par les fonds européens. Il s'agirait aussi de prendre en compte le bien-être animal dans les éco-programmes, et de tester et développer des instruments incitatifs innovants (ex. : utilisation d'enchères, de paiements à obligation de résultats, etc.). Enfin, différentes structures d'éco-programmes sont discutées en détail.
Différents types d'éco-programmes possibles
Source : Scientific Advisory Board on Agricultural Policy, Food and Consumer Health Protection at the Federal Ministry of Food and Agriculture
09:06 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : allemagne, conditionnalité, éco-programmes, maec, bmel | Imprimer | |
08/11/2019
Panorama de la consommation végétarienne dans quatre pays européens
En octobre 2019 ont été publiés les résultats d'un travail du Crédoc sur la consommation végétarienne en Europe. Ils s'appuient en particulier sur une enquête en ligne réalisée auprès d'échantillons représentatifs des populations de quatre pays : Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni. Il apparaît que, en moyenne, 5,6 % des interrogés se déclarent végétariens, végétaliens ou véganes (8 % au Royaume-Uni, 2,8 % en Espagne). Les auteurs mettent en évidence un décalage entre identité et pratiques, insistant sur un « continuum » de profils : moins de 4 % de la population déclarent éviter les produits carnés, et moins de 1 % tout produit d'origine animale. Par ailleurs, ces pratiques s'inscrivent dans un contexte plus large d'évolution des comportements : par rapport à 2017, 50 % des Français interrogés, 42 % des Allemands, 41 % des Espagnols et 36 % des Britanniques ont diminué leurs consommations de viande. Enfin, l'étude apporte des éléments détaillés sur les caractéristiques des individus (les végétariens-véganes étant plutôt jeunes, cadres et urbains) et leurs motivations (la santé venant en première position).
Motivations de la faible consommation ou de la non-consommation de viande (cumul des quatre pays)
Source : FranceAgriMer
Source : FranceAgriMer
09:29 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : végétarisme, royaume-uni, espagne, allemagne | Imprimer | |
05/07/2019
Quels agriculteurs utilisent un smartphone, et pour quoi faire ? Des résultats intéressants d'une enquête allemande
Les résultats d'une enquête sur l'usage de smartphones, menée sur plus de 800 agriculteurs allemands, ont été publiés récemment dans Precision Agriculture. Alors que leur utilisation comme interface en agriculture de précision, dans les pays en développement, font régulièrement l'objet de publications, ce n'est pas le cas dans les pays développés où les infrastructures et les micro-ordinateurs sont largement répandus. Les auteurs ont cherché à vérifier si les critères de recours aux smartphones étaient similaires à ceux déjà repérés pour l'agriculture de précision : type d'exploitation, degré de familiarisation avec les TIC, capital humain, localisation, etc. Au-delà du profil type de l'agriculteur utilisateur, ils ont également déterminé les usages qui en étaient faits.
Si les agriculteurs allemands sont en moyenne moins bien équipés que la population générale (59 % contre 74 %), la moitié des détenteurs utilisent des applications liées à la gestion de leur exploitation. De façon attendue, les plus jeunes et les plus éduqués sont également les plus familiarisés avec ces appareils. La taille de l'exploitation et sa localisation interviennent également, les chefs des grandes exploitations du nord et de l'est de l'Allemagne étant plus enclins à utiliser cette technologie.
Source : Precision Agriculture
13:31 Publié dans Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : allemagne, smartphone, agriculteurs | Imprimer | |
09/05/2019
Connaissances des restaurateurs en matière d'allergies alimentaires : exemple de l'Allemagne
Dans un article de Plos One d'avril 2019, des chercheurs évaluent les connaissances et perceptions des allergies alimentaires de restaurateurs de la ville de Düsseldorf, en Allemagne. Pour ce faire, les 295 interviewés ont dû nommer trois allergènes à déclaration obligatoire et répondre à deux questionnaires permettant, pour l'un, de mesurer leurs connaissances générales, et pour l'autre de préciser leur attitude face aux personnes allergiques.
18 % des participants ont été incapables de nommer un seul allergène, 30 % ont pu en nommer trois correctement et près de 41 % ont répondu convenablement à l'ensemble des questions posées (voir tableau ci-dessous). Ces résultats sont semblables à ceux déjà publiés dans la littérature. Les réponses obtenues mettent aussi en lumière le fait que des croyances erronées sont relativement répandues chez les enquêtés, pouvant limiter la rapidité des réactions en cas d'urgence médicale. En effet, 35 % pensent que donner un verre d'eau permet de diluer l'allergène et prévenir la réaction allergique, score respectivement similaire et inférieur à ceux d'études aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Les restaurateurs ont globalement des attitudes positives à l'égard des personnes allergiques : par exemple, 97 % d'entre eux pensent avoir la responsabilité d'être bien informés à propos de cette maladie. Toutefois, l'étude révèle que près de 42 % des professionnels interrogés croient que les allergies déclarées par les consommateurs n'en sont pas, méfiance que l'on retrouve également aux États-Unis. De plus, 67 % se considèrent responsables en cas de réaction allergique au sein de leur établissement, score plus élevé qu'en Malaisie (33 %) par exemple, où la loi n'encadre pas les pratiques des restaurateurs. 19 % préféreraient ainsi ne pas avoir à servir des clients allergiques.
Enfin, environ 46 % des interviewés ont déjà participé à une formation sur les allergies. Pourtant, il n'y a pas de lien statistique entre cette participation et le taux de bonnes réponses au questionnaire. Il en est de même entre le niveau des connaissances et l'envie d'obtenir des informations sur les allergies, ou encore avec la confiance en ses propres capacités à servir un plat sûr pour le consommateur allergique. Les chercheurs concluent qu'il faudrait revoir les ressources pédagogiques des formations et rendre celles-ci obligatoires pour tous les restaurateurs allemands.
Test de connaissance des restaurateurs sur les allergies : nombre et pourcentage de bonnes réponses à 5 questions
Source : Plos One
Aurore Payen, Centre d'études et prospective
Source : Plos One
11:46 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : allergies, restauration, allemagne | Imprimer | |
12/07/2018
Axer la PAC sur les services d’intérêt général : rapport du WBAE allemand
Le 4 juin 2018, le Conseil scientifique pour la politique agricole et l’alimentation (WBAE) allemand a présenté à la ministre J. Klöckner un rapport conséquent, daté d’avril 2018 et intitulé Pour une PAC axée sur l’intérêt général après 2020 : questions fondamentales et recommandations. Organe consultatif indépendant composé de 19 scientifiques, en majorité économistes, et placé auprès du ministère fédéral de l’agriculture, le WBAE est connu pour ses prises de position iconoclastes, ayant en général peu d’effet, en tout cas à court terme, sur la politique agricole allemande. Mais il soulève dans ses rapports des sujets d’actualité et alimente, tout en le renouvelant, le débat national. Certaines de ses propositions se retrouvent d’ailleurs dans celles de la Commission européenne présentées trois jours plus tôt.
Pour promouvoir les fonctions sociétales de l’agriculture, le WBAE estime que le cadre politique doit être conçu de telle sorte que les décisions entrepreneuriales des agriculteurs servent en même temps l’intérêt général. De ce point de vue, la PAC joue un rôle déterminant mais elle ne serait pas aujourd’hui à la hauteur des enjeux agricoles et ruraux. Nombre d’objectifs allemands et européens, dans le domaine de l’environnement en particulier, ne sont pas atteints.
Le WBAE appelle donc à une focalisation systématique de la politique agricole sur l’intérêt général, avec au préalable la nécessité de dépasser la priorité accordée jusqu’à présent au soutien du revenu agricole (73 % du budget de la PAC).
Les recommandations du Conseil s’organisent en 9 axes et 37 actions, les principales étant de :
- réviser les objectifs de la PAC et s’y tenir, revoir son architecture en s’affranchissant des fonds FEAGA et FEADER, décentraliser son application en accordant plus de responsabilités aux États membres sur la programmation ;
- réduire la charge administrative en codifiant les textes de mise en œuvre européens, dont le volume doit être réduit ; exiger des États membres non plus la conformité à la règle mais l’atteinte des objectifs ;
- supprimer à horizon de 10 ans les aides directes, en ne les conservant que dans les régions où les services rendus à la société seraient menacés. Dans la période transitoire, faire peser toutes les réductions budgétaires sur le premier pilier, augmenter le transfert vers le second pilier, imposer un cofinancement, limiter strictement les aides couplées, abandonner tout plafonnement, dégressivité, paiement redistributif ou en faveur des jeunes agriculteurs ;
- comprendre la gestion des risques comme une responsabilité des agriculteurs et ne plus considérer les paiements directs comme une aide à cette gestion.
S’agissant de la période de programmation actuelle (jusqu’en 2020), le WBAE suggère de transférer plus de fonds vers le deuxième pilier, d’introduire des paiements couplés de manière encadrée, tout en concentrant le programme fédéral pour les structures agricoles sur les mesures d’intérêt général et en l’élargissant au bien-être animal.
Arnaud Brizay, Conseiller pour les Affaires agricoles, Ambassade de France à Berlin
10:37 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : allemagne, wbae, pac post 2020 | Imprimer | |
16/05/2017
En Allemagne, les subventions au biogaz se capitalisent dans le prix des loyers agricoles
Dans la continuité des débats sur la compétition entre productions alimentaires et énergétiques, l'European Review of Agricultural Economics a publié, en avril, un article de deux chercheurs démontrant l'effet inflationniste des subventions au biogaz sur les prix des locations des terres, dans les régions du nord de l'Allemagne présentant une forte densité d'élevages.
Issu de la fermentation de déchets organiques, d'effluents d'élevage mais également de cultures énergétiques (comme le maïs), le biogaz peut constituer pour les agriculteurs un débouché alternatif pour leurs productions végétales, à l'instar des biocarburants. Pour ces derniers, les effets des subventions sur les loyers agricoles et leur captation par les propriétaires des terres ont bien été documentés. Les auteurs partent de cette base pour discuter les mécanismes sous-jacents à la détermination du prix des terres et construire leurs hypothèses de travail. D'une part, des différences pourraient apparaître selon que les usines de biogaz appartiennent aux agriculteurs ou à des investisseurs en capital. D'autre part, la rentabilité du biogaz étant accrue lorsqu'il est issu d'effluents d'élevage, les usines de production devraient plutôt se concentrer dans les zones d'élevage et, de fait, y accroître la compétition sur l'usage des cultures, et donc pousser à la hausse les loyers agricoles. Ces hypothèses sont testées dans le nord de l'Allemagne, région de fort développement des installations de biogaz, avec les données du dernier recensement agricole disponible dans ce pays (2010). Des outils d'économétrie spatiale sont mobilisés afin d'intégrer explicitement les effets d'interdépendance locale des loyers agricoles.
Les résultats prouvent que la densité des usines de biogaz est corrélée à un accroissement significatif des prix de location des terres arables, ce uniquement dans les régions de forte concentration d'élevages. Cet accroissement est estimé entre 61 et 141 € par hectare selon la densité régionale d'élevage (pour un loyer moyen de 402 €/ha) et se révèle indépendant de la forme de propriété des installations. Les auteurs concluent que cet effet inflationniste des subventions au biogaz, introduites par la loi allemande sur l'énergie renouvelable, a augmenté indirectement les coûts de production des éleveurs. Ils rappellent néanmoins que cette loi a été revue en 2012, 2014 et 2016 afin de réduire la pression sur l'usage des terres.
Effets marginaux de la densité en biogaz sur les loyers des terres arables, en fonction de la densité régionale en élevage
Source : European Review of Agricultural Economics
Vanina Forget, Centre d'études et de prospective
11:21 Publié dans Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : allemagne, biogaz, subvention, prix des terres | Imprimer | |
08/02/2016
Lancement d’une campagne de séquençage du génome porcin en Allemagne
Dans le cadre de la Veille scientifique et technologique produite par les services scientifiques des ambassades de France, un article du 29 janvier 2016 fait état du lancement récent, par deux universités allemandes, d’une campagne de séquençage du génome porcin à partir d’une cohorte de 3 500 porcs de plusieurs races, parmi lesquelles le porc pietrain. Cette étude, programmée jusqu’à la mi-2017, complétera les données sur la taille, le poids et la quantité de viande. On peut rappeler ici que des travaux importants ont déjà été effectués, sur le même sujet, notamment par l’Institut national de recherche agronomique (INRA).
Source : ministère des Affaires étrangères et du Développement international
08:56 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : génome, séquençage, poc, allemagne | Imprimer | |
10/11/2015
Les coûts médicaux liés à une consommation excessive de sucre, sel et graisses saturés estimés à 16,8 milliards d’euros en Allemagne
Dans un article publié récemment dans PLOS One, des chercheurs allemands évaluent les coûts qui auraient pu être directement évités, pour le système de santé allemand, dûs à des régimes alimentaires non équilibrés (notamment du fait de consommations excessives de sucre, sel et graisses saturées) et examinent plusieurs scénarios de réduction de ces consommations. Ces coûts ont été évalués, pour l’année 2008, à 16,8 milliards d’euros, soit 7 % des coûts totaux de traitement en Allemagne. Plus précisément, 8,6 milliards d’euros seraient liés à une consommation excessive en sucre, 8,6 milliards à celle en sel et 2,9 milliards à celle en graisses saturées).
Source : PLOS One
10:32 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : allemagne, sucre, sel, graisses | Imprimer | |
15/10/2015
Le modèle agricole allemand : un succès qui cache des vulnérabilités
Traditionnellement perçue comme spécialisée dans l’industrie, l’Allemagne a surpris ces dernières années par la vigueur de son secteur agricole. Dans un article paru dans Regards sur l’économie allemande, Thierry Pouch constate néanmoins que l’agriculture d’outre-Rhin fait face à d’importants défis.
Si la réunification a provoqué un effondrement des productions agricoles dans les régions situées à l’est, à partir de 2000 la croissance de la production a été constante. Ce revirement de situation a amené l'Allemagne, en quelques années, à occuper le second rang parmi les États membres de l’UE en matière de production agricole. Le succès est particulièrement frappant pour les productions animales, puisqu’en lait et viande porcine, l’Allemagne a distancé ces dernières années la France.
Dans un secteur comme le porc, véritable point fort de l’agriculture allemande, le redressement spectaculaire de la production est dû, selon l’auteur, à quatre facteurs : la profonde restructuration des industries d’abattage associée à une compression du coût du travail, l’assouplissement de la législation environnementale, l’organisation transfrontalière de la filière d’engraissement de porcins, et le développement du biogaz permettant de valoriser les effluents.
Toutefois, pour T. Pouch, le déficit commercial chronique de l’Allemagne en produits agricoles et alimentaires révèle la vulnérabilité de son modèle. Le prix du foncier, qui a été multiplié par deux depuis 2000, la forte dépendance du complexe agro-alimentaire aux exportations et les limites environnementales induites par la forte concentration de l’outil de production, sont autant d’entraves à la dynamique productive et commerciale de l’agriculture allemande.
Cet article met ainsi en relief, de manière solide, les contradictions et les limites d’un modèle parfois cité en exemple de ce côté-ci du Rhin.
Source : Regards sur l’économie allemande
Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective
Source : Regards sur l’économie allemande
09:54 Publié dans Enseignement et recherche, Production et marchés | Lien permanent | Tags : allemagne, modèle agricole, pouch | Imprimer | |
15/04/2015
Allemagne : pour un élevage accepté par la société
Le 20 mars 2015, le Conseil scientifique de la politique agricole, placé auprès du Ministère fédéral allemand de l’alimentation et de l’agriculture, a publié son rapport intitulé Chemins vers un élevage accepté par la société. Ce conseil pluridisciplinaire rend ses avis et expertises de manière indépendante et peut également s’autosaisir. Il est constitué d’une quinzaine d’universitaires, qui ont travaillé trois ans pour rédiger ce document de près de 400 pages sur l’élevage.
Le rapport part du constat que l’élevage en Allemagne est devenu, durant les dernières décennies, un secteur économique florissant, dans lequel des progrès importants ont été réalisés en termes d’efficience. Dans le même temps, il relève de graves déficits, en premier lieu dans le domaine de la protection animale, mais aussi dans celui de l’environnement. Combinés à une évolution du rapport Homme-Animal, ces déficits conduisent selon ce rapport à un niveau d’acceptation réduit de l’élevage par la société. Les manifestations locales et nationales contre les élevages de masse ou les « usines à animaux », régulières en Allemagne, confirment d’ailleurs cette analyse.
Selon le conseil, l’élevage tel que pratiqué en Allemagne n’est pas viable (« nicht zukunftsfähig »). Le rapport présente des recommandations multiples et chiffrées pour le niveau fédéral, les Länder et l’UE, afin de réformer en profondeur l’élevage allemand, notamment dans le domaine du bien-être animal. Au-delà de productions plus respectueuses des animaux et de l’environnement, les scientifiques se prononcent également pour une réduction de la consommation de viande.
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les Verts, dont la transition agricole est devenue le nouveau cheval de bataille depuis l’abandon du nucléaire, les agriculteurs biologiques comme les protecteurs des animaux se réjouissent des conclusions du rapport. Les organisations agricoles le condamnent sévèrement, estimant que la science a capitulé devant le « mainstream vert ». Même s’il y contribue de manière scientifique et constructive, il n’est pas certain que ce rapport apaise le débat autour de l’élevage, déjà très polarisé outre-Rhin. Dans tous les cas et face à une population allemande réceptive aux thèses défendues, le gouvernement fédéral pourra difficilement ignorer ses conclusions.
Arnaud Brizay, Conseiller pour les affaires agricoles, Service Économique Régional, Ambassade de France en Allemagne
Source : Bundesministerium für Ernährung und Landwirtschaft
10:10 Publié dans Mondialisation et international, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : allemagne, élevage | Imprimer | |
30/01/2012
Energies vertes, un revenu croissant pour les agriculteurs allemands
À la suite du vote du Bundestag, les tarifs de rachat de l’électricité produite à partir de biogaz vont être modifiés à partir du 1er janvier 2012. L’objectif affiché par le gouvernement est d’enclencher la baisse des soutiens, de limiter le développement des cultures de maïs destiné au biogaz mais aussi de rendre plus attractif le développement de grandes unités destinées à développer la production d’électricité pour accompagner la sortie du nucléaire. Enfin, un tarif attractif pour les très petites installations qui utilisent principalement du lisier sera mis en place.
Les agriculteurs bénéficient largement de ce dispositif. La presse agricole chiffre à 75% leurs retours sur investissement pour la biomasse et une estimation de 35% sur le photovoltaïque et de 20% sur l’éolien semble plausible. Sous ces hypothèses, les agriculteurs bénéficieraient donc de près de 4,5 milliards d'euros, soit un montant proche des aides du premier pilier de la PAC. À ce chiffre s’ajoutent les bénéfices en termes d’image pour les agriculteurs et la sécurité de cette recette, puisque les prix sont fixés sur 20 ans.
Source : DG Trésor, Sillons d'Europe, Nº 141 - 9 décembre 2011
10:51 Publié dans 4. Politiques publiques, Biomasse/Biocarburants, Energie | Lien permanent | Tags : allemagne | Imprimer | |