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12/06/2019

Les impacts de la consommation alimentaire européenne sur la biodiversité

Un article publié récemment dans le Journal of Cleaner Production analyse les conséquences, sur la biodiversité, de la consommation alimentaire de l'Union européenne. La méthode choisie, d'analyse de cycle de vie (ACV), prend en compte les impacts tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de la production à la consommation en passant par le transport, le stockage, etc. L'originalité de ce travail, selon les auteurs, réside dans le nombre conséquent de catégories de produits alimentaires considérées (32), dans l'analyse des déficits de connaissance par l'utilisation et la comparaison critique de différents modèles, et l'utilisation simultanée d'indicateurs midpoint (ex. : émissions de gaz à effet de serre, eutrophisation des eaux, etc.) et endpoint (ex. : nombre d'espèces pouvant potentiellement disparaître). Les résultats mettent en évidence que les consommations de viande et de produits laitiers ont les impacts les plus importants sur la réduction des espèces, notamment du fait des changements d'usages des sols liés aux besoins de l'alimentation animale (transformation de sols « naturels » en sols agricoles) (cf. figure). Le changement climatique joue également un rôle notable dans ces dynamiques. Les auteurs soulignent l'intérêt de développer et d'affiner ce type d'approche évaluative dans le contexte des Objectifs de développement durable (ODD).

Contribution relative de chaque produit alimentaire étudié aux dommages causés à la réduction potentielle des espèces en 2015, sur la base de la méthode d'ACV ReCiPe établie en 2008 (a) et en 2016 (b)

ACV.jpg

Source : Journal of Cleaner Production

Source : Journal of Cleaner Production

13/12/2018

Impact des appellations d'origine protégée sur les exportations françaises de produits laitiers

Une étude réalisée par l'Inra et le CEPII, publiée en octobre dernier, estime l'impact des appellations d'origine protégée (AOP) sur les exportations françaises de produits laitiers (fromages, matières grasses et pâtes à tartiner). Les estimations sont réalisées à partir de données individuelles d'entreprises issues des douanes et de l'Institut national de l’origine et de la qualité (Inao), pour l'année 2012. Ce travail revêt un intérêt particulier car les AOP constituent un sujet sensible dans les négociations commerciales internationales.

Les auteurs montrent d'abord que les produits laitiers AOP sont reconnus par les consommateurs étrangers comme étant de qualité, pouvant être vendus à des prix plus élevés. Selon l’analyse économétrique, pour une destination donnée, un fromage AOP est exporté 11,5 % plus cher qu’un produit similaire sans appellation. Cela s'explique par le surcoût engendré par son mode de production, mais aussi par la qualité perçue par les consommateurs. L'analyse montre en effet qu'elle est en moyenne plus élevée pour les produits laitiers AOP que pour les produits laitiers sans appellation.

Cette qualité perçue permet aux produits AOP d'être vendus sur un plus grand nombre de marchés, sans pour autant accroître les quantités exportées vers chaque pays. L'étude révèle que les appellations ont un impact positif sur l'accès à de nouveaux marchés européens et vers les pays ayant des systèmes d’indications géographiques. En revanche, elles n'ont pas d'impact sur l'accès aux autres marchés. Par ailleurs, les estimations relatives aux quantités exportées suggèrent que les AOP ne permettent pas aux entreprises d'accroître ces volumes exportés, dans les pays où elles sont déjà présentes, par rapport aux entreprises déjà exportatrices qui ne bénéficient pas de l’appellation.

En conclusion, les auteurs suggèrent que l'impact non significatif de l'AOP, sur l'accès aux marchés extra-européens et sur le volume des échanges, doit conforter les pouvoirs publics dans leur stratégie d'identification et de protection de ces appellations hors du marché communautaire.

Valeur unitaire médiane des exportations entre entreprises disposant, ou non, de produits sous AOP en 2012

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Source : CEPII

Lecture : « Auth.firms » (autorized firms) correspond aux entreprises habilitées à exporter des produits laitiers AOP (les « Auth. firms, no PDO » n'en exportent pas ; les « Auth. firms, PDO » en exportent) ; « Other firms » correspond aux entreprises non habilitées à exporter des produits sous AOP.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : CEPII

09/07/2018

Nouveau rapport de l'Observatoire de la formation des prix et des marges

L'Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) a publié fin juin son rapport annuel au Parlement. Mis à jour avec les données de prix les plus récentes, il dresse un état des lieux complet des prix agricoles et alimentaires et de leur transmission entre les différents maillons des filières. À partir de l'objectif initial de retracer évolutions et transmissions de ces prix, il analyse chacun de ces maillons, depuis les coûts de production au sein des exploitations agricoles jusqu'aux comptes de la distribution, et jusqu'à l'analyse macroéconomique des dépenses alimentaires des Français (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Quelques mois après les États généraux de l'alimentation (EGA), auxquels les travaux de l'OFPM ont contribué, ce rapport constitue un élément important dans la compréhension et la présentation des mécanismes complexes à l’œuvre dans la formation des prix. Ainsi, l'analyse des prix des produits laitiers illustre parfaitement les imbrications entre les multiples produits issus du lait et entre les différents marchés, nationaux ou mondiaux. Par exemple, l'évolution du prix du beurre, aux différents stades (graphique ci-dessous), permet de mieux comprendre les difficultés qu'a rencontrées ce marché fin 2017, à partir de l'envolée des cours mondiaux, jusqu'à la « pénurie » dans les rayons.

Comparaison de l'évolution du prix du beurre aux différents stades de la filière, de 2011 à 2017

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Source : OFPM

Cette augmentation des cours du beurre se répercute sur les autres produits, notamment les yaourts : une valorisation accrue de la matière grasse, coproduit de la fabrication des yaourts (partiellement écrémés), engendre une baisse du coût de leur matière première (figure ci-dessous), et de leurs prix de gros, finalement non transmise aux consommateurs sur l'année 2017.

Composition du prix moyen annuel au détail en GMS du yaourt nature « moyen », de 2008 à 2017

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Source : OFPM

Avec ce nouveau rapport, l'OFPM a construit, pour certaines des filières, un historique de dix années d'analyse, particulièrement riche, et qui confère tout leur sens aux indicateurs élaborés.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Observatoire de la formation des prix et des marges

10:17 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : ofpm, prix, marges, produits laitiers, beurre |  Imprimer | | | | |  Facebook