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01/07/2022

Innovations numériques au service de la transition agro-écologique au Bénin

Dans un article des Cahiers Agricultures, des chercheurs traquent les innovations numériques pouvant soutenir la transition agro-écologique au Bénin. Adaptant la méthode d’une précédente étude, ils identifient une vingtaine de solutions atypiques utilisées par les agriculteurs et évaluent leur intérêt agro-écologique. Deux grands types d’innovations se dégagent : des systèmes de collecte de données pour l’aide à la décision et le pilotage ; des plateformes d’échange ou de partage d’informations. Si ces innovations sont porteuses d’amélioration des pratiques, aucune n’est dédiée à l’agro-écologie. Leur déploiement au Bénin est également soumis à plusieurs réserves : coût élevé, mauvaise couverture réseau, faible culture numérique des agriculteurs, multiplicité des langues locales, etc.

Source : Cahiers Agricultures

11:49 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : bénin, numérique, agro-écologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Dossier sur l'évaluation des solutions numériques en agriculture

Malgré un foisonnement de solutions numériques dédiées à l’agriculture (logiciels spécialisés, objets connectés, services Web) et les promesses dont elles sont porteuses, peu d’entre elles ont été largement adoptées par les agriculteurs. Le RMT NAEXUS propose, dans un dossier, la synthèse d’une conférence organisée sur ce thème. Les étapes du processus d’adoption y sont décrites ainsi que les différents facteurs identifiés comme freins ou leviers. Le manque d’adéquation entre les outils proposés et les besoins réels du terrain est mis en exergue et des pistes sont suggérées pour y remédier : formation des conseillers agricoles, co-construction, plateforme d’échanges entre utilisateurs, démonstration des outils, etc. Ce dossier se conclut par des fiches de présentation de plusieurs réseaux d’évaluation existants.

Source : RMT Naexus

11:48 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : numérique |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/12/2021

Un MOOC pour comprendre les enjeux environnementaux du numérique

Depuis novembre 2021, l'Inria propose sur la plateforme FUN un nouveau MOOC sur l'empreinte écologique du numérique. Les apports des sciences du numérique sont importants dans divers domaines (agriculture, forêt, pêche), grâce à leurs possibilités de modélisations environnementales ou d'amélioration de l'efficacité de l'utilisation des ressources naturelles. Toutefois, comme l'indique le « paradoxe de Jevons », ces solutions peuvent aussi conduire à surconsommer, dans un « empilement numérique » inadapté à la transition écologique. Cette formation en ligne permet, sur un mode ludique et destiné à un public large, de comprendre les enjeux associés au développement très rapide du numérique. Les perspectives abordées par le MOOC sont présentées dans un podcast synthétique.

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Sources : plateforme FUN, Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria)

08:18 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : numérique, technologies, environnement, mooc |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/05/2021

Services numériques de location de tracteurs dans des pays « en voie de développement »

La revue World Development publie en avril une étude sur deux sociétés ayant déployé, en Inde et au Nigeria, un service numérique dédié à la location de tracteurs. Ce type d'offre est souvent surnommé « Uber pour les tracteurs », mais il diffère sensiblement du service de voiture avec chauffeur déployé par cette même entreprise en milieu urbain dans les pays « développés ». En effet, la faible densité de la clientèle potentielle, des zones rurales dotées de couvertures réseau hétérogènes, les niveaux réduits d'alphabétisation et d'équipement en smartphones des petits exploitants, etc., tout cela rend nécessaire le recours à des intermédiaires, qui effectuent les demandes de réservation dans l'application. Aussi, ce sont essentiellement des agriculteurs propriétaires qui bénéficient des fonctionnalités de cette offre numérique : suivi en temps réel des tracteurs équipés de GPS, mise à disposition des tracteurs facilitée et des avantages (simplicité d'usage, réduction des coûts de transaction).

Interface des réservations de tracteurs, destinée aux agents intermédiaires, dans l'application « Hello Tractor » (Nigeria)

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Source : World Development

Source : World Development

14/04/2021

Innovation dans les industries alimentaires : impacts de la révolution numérique

L'industrie alimentaire est le premier secteur industriel français en nombre d'emplois et en chiffre d'affaires. Pourtant, il se trouve confronté ces dernières années à plusieurs défis : une baisse de sa compétitivité à l'international, une déflation résultant d'une guerre des prix avec la grande distribution, des attentes élevées des consommateurs en matière sanitaire, sensorielle, nutritionnelle et environnementale. Les acteurs sont ainsi à la recherche d'un « compromis raisonné » pour élaborer les nouveaux produits (voir la figure). Forte de ce constat et au regard des évolutions des comportements alimentaires, l'Académie des technologies a publié, en mars, un rapport comprenant une série de recommandations sur les transitions numériques stratégiques pour le secteur.

Un des enjeux forts, à la croisée de plusieurs recommandations, concerne la consolidation, voire la création des données aux différents maillons de la chaîne alimentaire : au niveau de l'aliment (propriétés nutritionnelles, coût environnemental, qualités organoleptiques), au niveau des procédés de fabrication et du conditionnement. Les progrès réalisés par l'intelligence artificielle et les méthodes d'apprentissage devraient permettre de modéliser ces systèmes complexes, dans le but d'améliorer la production et le conditionnement des produits existants, mais aussi d'aider à la conception de nouveaux aliments. De plus, des informations standardisées, interopérables et contrôlées en entrée d'une blockchain conforteraient la traçabilité des denrées, attente forte du consommateur. Ce chaînage d'informations, à chaque étape, aiderait également l'industriel par rapport à plusieurs problèmes : veiller au bon respect des cahiers des charges, choisir de s'approvisionner chez des producteurs soucieux de diminuer l'impact environnemental, réagir rapidement en cas d'accident sanitaire.

Les industriels à la recherche d’un « compromis raisonné » pour respecter la règle des 8S

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Source : Académie des technologies

Plusieurs autres solutions numériques sont détaillées dans le rapport (capteurs spécifiques, équipements intelligents, robotique-cobotique, etc.), comme pouvant être utiles à l'industrie alimentaire. Cependant, ce secteur est concurrencé par de nouveaux produits et services qui émergent sur le marché des plats cuisinés : robots cuiseurs, fours intelligents, livraison de repas à domicile, plateformes dédiées à la vente directe ou à l'approvisionnement via des circuits courts, etc.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Académie des technologies

09/04/2021

Prospective participative et innovations numériques agricoles responsables

Dans un article mis en ligne en mars, le journal Agricultural Systems rapporte un exercice de prospective participative sur la digitalisation de l'agriculture et ses conséquences sociales ou éthiques, organisé au sein d'un organisme de recherche australien, le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation). Une vingtaine de participants, experts dans diverses disciplines et tous chargés au CSIRO d'un même projet d'innovation numérique en agriculture, ont élaboré plusieurs scénarios de futurs agricoles possibles pour le pays, à partir des tendances observées actuellement et de facteurs de ruptures préalablement identifiés.

Les quatre scénarios produits pour l'agriculture numérique australienne intitulés : « lutter », « innover », « survivre » et « prospérer »

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Source : Agricultural Systems

Lecture : l'axe des x représente les niveaux d'innovation allant de « conservateur » à gauche à « innovant » à droite. L'axe des y représente les niveaux de sécurisation des ressources naturelles à disposition des agriculteurs, allant de « sécurisé » en bas à « non sécurisé » en haut. Chaque scénario présente des avantages et des inconvénients et un aperçu de l'agriculture numérique mise en œuvre.

Les participants ont ensuite évalué les impacts sociaux et éthiques que pourraient avoir les technologies numériques dans les futurs probables de l'agriculture australienne. L'intérêt de cet exercice de prospective réside principalement dans la démarche de réflexivité et d'anticipation opérée par des personnes en charge d'un projet d'innovation numérique au sein d'un organisme de recherche.

Source : Agricultural Systems

10/02/2021

La transition numérique au service des politiques agricoles

Alors que l'impact du numérique en agriculture fait l'objet de recherches de plus en plus fournies, l'apport des technologies venant en appui aux politiques publiques, particulièrement agricoles, est rarement étudié. Une analyse récemment publiée dans Food Policy permet d'identifier les principaux domaines qui, en la matière, pourraient bénéficier de cette transition.

Les travaux menés s'inscrivent dans la problématique des « instruments d'action publique » (voir Lascoumes et Simard, 2011). Les auteurs détaillent ceux qui sont mobilisés par les politiques agricoles, de leur conception jusqu'à leur évaluation. Ils traitent aussi des opportunités offertes par la technologie et des questions nouvelles que posent ces évolutions. Sont ainsi identifiés plusieurs domaines dans lesquels les technologies numériques impacteront la conception des politiques et leurs modalités d'action (voir schéma ci-dessous), afin d'en améliorer l'efficacité et l'efficience. À titre d'illustration, les auteurs ont analysé la mise en œuvre des politiques relatives aux pollutions par les nitrates et les pesticides.

Les technologies numériques peuvent par exemple favoriser les liens entre utilisation des intrants, pratiques culturales sur les parcelles et pollutions diffuses à l'échelle d'un territoire. Les données géoréférencées, issues de capteurs placés dans les champs ou provenant des agroéquipements, peuvent en effet être croisées avec celles issues d'observations des milieux. Ce croisement facilite les diagnostics en matière de pratiques agricoles et le ciblage des exploitations bénéficiant de dispositifs spécifiques, toutes choses susceptibles d'améliorer l'efficience de la réduction des pollutions par les nitrates.

La digitalisation des politiques agricoles est cependant tributaire de la pénétration du numérique dans les exploitations et de l'évolution des objectifs de ces politiques en matière d'accès aux données. Elle dépend aussi des transformations du rôle de l'État (régulateur ou facilitateur) dans la chaîne de valeur alimentaire. Compte tenu des incertitudes relatives à ces paramètres, les auteurs concluent à la nécessité d'une réflexion prospective explorant les scénarios de recours au numérique en appui aux politiques agricoles.

Domaines de la politique agricole impactés par les technologies numériques, en matière d'instruments ou de designs

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Source : Food Policy

Lecture : en bleu, dimensions directement touchées par les technologies numériques ; en vert, dimensions indirectement touchées.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Food Policy

19:34 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : numérique, politique agricoles, technologies, digital |  Imprimer | | | | |  Facebook

19/01/2021

Numérique et bien-être des animaux d’élevage

Lors d’un séminaire organisé en décembre 2020, la chaire AgroTIC traitait deux domaines d’actualité : l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) en élevage, et le bien-être animal (BEA). Une douzaine d’interventions ont permis, au-delà d’un panorama des nombreux outils existants, de voir si la relation entre TIC et bien-être était toujours positive et bénéfique tant pour l’éleveur que pour l’animal, dans une perspective One Welfare. Les présentations étaient regroupées en 3 sessions : la première relative à l'évaluation du BEA, depuis la mesure des paramètres jusqu'à l’aide à la décision ; la deuxième associant le bien-être animal et celui de l’éleveur ; la dernière traitant des questions de société. Revenons ici sur deux de ces interventions.

L’utilisation des outils numériques en élevage présente plusieurs défis, selon Michel Marcon, de l’Institut du porc (IFIP). Le premier est économique : le consommateur est de plus en plus sensible au BEA, mais il n’accepte de payer davantage que de façon limitée ; quant à l’éleveur, son utilisation du numérique doit conduire à une réduction des frais et des médicaments vétérinaires par une détection précoce des problèmes de santé. Ces outils peuvent aussi être une source de revenu supplémentaire par une amélioration des performances ou une meilleure traçabilité du cahier des charges d’un label. Un deuxième défi tient à l'accessibilité et à la connectique, le rural étant parfois mal raccordé (figure ci-dessous). L'éleveur doit également choisir une solution robuste, adaptée à des contraintes techniques (insectes sur les caméras, humidité, etc.), non spécifique de l'endroit pour lequel l’outil a été choisi (installation dans des bâtiments différents).

Couverture en fibre des zones rurales de l’ouest de la France fin 2019

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Source : Arcep

Pour Nathalie Hostiou (INRAE), le numérique a divers impacts sur le métier d’éleveur. D'abord, la réduction du temps de travail n’est pas aussi importante qu'espérée, l’automatisation permettant plutôt une redistribution du travail dans la journée et une flexibilité des horaires. En matière de charge mentale, le numérique peut devenir un « fil à la patte » avec des alertes jour et nuit. Il induit par ailleurs de nouvelles relations humain-animal avec une distanciation (moins de contacts directs), mais aussi une meilleure connaissance individuelle des animaux. Enfin, l’autonomie dans le travail peut être remise en question avec une forte dépendance aux services, une dépossession des paramètres déterminants pour la gestion de l’élevage et des décisions qui leur sont liées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : chaire AgroTIC

04/07/2019

Nouvelles formes de commerce et entreprises agroalimentaires

Une étude commandée par FranceAgriMer, conduite par les cabinets Blézat Consulting et AlimAvenir, publiée en juin 2019, analyse l'impact sur les entreprises agroalimentaires des nouvelles formes de commerce liées au numérique. Les auteurs ont notamment enquêté auprès d'une soixantaine d'acteurs (distributeurs, prestataires, pure players, restaurateurs, etc.), pour recueillir des éléments sur leurs expériences et stratégies face au développement du e-commerce. Ils proposent en particulier quatre scénarios prospectifs décrivant ce que pourrait être le commerce alimentaire en 2030 : « L'élan brisé du e-commerce », « Amazon way of life », « Enfin casier ? », « Bombe à fragmentation ».

Source : FranceAgriMer

09:17 Publié dans Alimentation et consommation, IAA | Lien permanent | Tags : numérique, commerce, e-commerce, agroalimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/06/2019

Quelle utilisation des applications mobiles pour les courses au quotidien ?

Nielsen a publié, mi-mars, un article en ligne consacré à l'utilisation d'applications mobiles pour les courses au quotidien, s'appuyant sur des éléments recueillis auprès d'un échantillon d'environ 9 600 personnes. Plusieurs types d'applications sont considérés et il apparaît notamment que 55 % des individus interrogés recourent au moins à l'une d'entre elles. De plus, les applications d'enseignes de la grande distribution arrivent en tête, devant celles liées à la nutrition, aux recettes et aux promotions.

Utilisation déclarée des applications mobiles

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Source : Nielsen

Source : Nielsen

09:07 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : applications, courses, quotidien, numérique |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/03/2019

Le droit des données agricoles : dossier de la Revue de droit rural

Dans son numéro de janvier 2019, la Revue de droit rural consacre un dossier au droit des données agricoles. Alors que croissent les données produites sur les exploitations et l'intérêt de divers acteurs pour ces informations, les quatre articles proposent des éclairages juridiques intéressants, par exemple sur les questions de droit de la concurrence et des contrats. Autre approche, celle proposée par C. Alleaume sur le droit de la propriété intellectuelle (PI) : s'il n'y a pas de droit de propriété défini sur les données brutes, deux types de PI sont reconnus sur les bases de données (droit d'auteur et droit sui generis), « ce qui aboutit à conférer à leurs titulaires un contrôle de l'usage des données contenues dans leurs bases ».

Source : Revue de droit rural

13:06 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : données agricoles, droit, numérique |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/11/2018

Agronomie et agriculture numérique

La revue AE&S, éditée par l'Association française d'agronomie, consacre son dernier numéro à l'agriculture numérique. Si le dossier fait place à différentes opinions, la tension entre opportunités et craintes prédomine : tandis que G. Grenier (Bordeaux Sciences Agro) rappelle les apports de l'agriculture de précision, Ph. Jeanneaux (VetAgroSup) réfléchit aux conséquences sur l'autonomie des agriculteurs. Si, pour H. Pillaud (agriculteur), « l’agriculture du XXIe siècle sera numérique ou ne sera pas », V. Tardieu (journaliste) prévient : « ne recommençons pas ce qui s’est produit avec les solutions phytosanitaires d’hier, en remplaçant les béquilles chimiques par des béquilles électroniques – ou en cumulant les deux… ». Le débat est mené en s'appuyant sur des études de terrain, comme celle de N. Lachia, L. Pichon et B. Tisseyre (Montpellier SupAgro) sur les conséquences du numérique sur le conseil en viticulture (perceptions par les conseillers, outils numériques utilisés, impacts sur les missions de conseil, besoins en formation).

Source : AE&S

08:34 Publié dans Agronomie | Lien permanent | Tags : ae&s, agronomie, numérique, agriculture numérique |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/10/2018

Les opportunités émergentes de la blockchain pour le secteur agroalimentaire

La FAO et l'ICTSD ont récemment publié un Issue Paper sur les opportunités émergentes de la blockchain pour le secteur agroalimentaire. Après une présentation pédagogique des « technologies des registres distribuées » (caractéristiques, fonctionnement, différence entre chaînes de blocs publiques et privées, etc.), le document se concentre sur trois principales applications potentielles dans ce secteur : les chaînes d'approvisionnement agricoles (incluant la finance : crédits, assurances, produits dérivés), les registres de propriété des terres, et les accords internationaux relatifs à l'agriculture (accords commerciaux sous l'égide de l'OMC, et ceux relatifs au changement climatique). Enfin, les auteurs analysent les implications de ces technologies en matière de politiques publiques, et les défis techniques, institutionnels et infrastructurels à surmonter.

Source : ICTSD

09:43 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, IAA | Lien permanent | Tags : blockchain, numérique, agroalimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/06/2018

Technologies numériques d'auto-mesure : inégalités sociales d'utilisation, perceptions et appropriations dans les milieux modestes

Alors que se développent les applications de self-quantification (mesure, enregistrement, quantification, participation à des réseaux sociaux), en matière d'alimentation et d'activité physique, peu de travaux en ont documenté les usages quotidiens et les perceptions, et leurs liens avec les statuts sociaux. Deux articles récents apportent des éléments intéressants en la matière.

Le premier, publié par F. Régnier et L. Chauvel dans le Journal of Medical Internet Research, présente les résultats d'une enquête qualitative conduite auprès de 79 personnes (dont 60 femmes) utilisant une telle application (Weight Watchers, MyFitnessPal, application sportive). Des analyses de contenu, textuelle et quantitative, permettent d'identifier trois types de personnes, se différenciant par leur milieu social et l'objectif d'utilisation de l'outil (curatif et contraint vs préventif et choisi), l'intensité de leurs efforts d'auto-mesure et leur participation à des réseaux sociaux. Les auteurs documentent une diversité d'usages et de motivations, reviennent notamment sur le « pouvoir des nombres » et sur ce qu'apporte l'implication dans une communauté en ligne. Ils mettent en évidence une segmentation sociale importante dans l'utilisation de ces outils, entre milieux aisés et intermédiaires et milieux plus modestes. Ainsi, ce n'est pas tant l'outil qui est important dans l'évolution des modes de vie (régime alimentaire, activité physique), que l'utilisation qui en est faite et la dynamique dans laquelle s'inscrivent les individus.

Trois types d'utilisateurs : « Resistant », « For self-improvement », « For sharing »

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Source : Journal of Medical Internet Research

Le second article, publié par F. Régnier dans Réseaux, s'intéresse aux perceptions et appropriations des outils de self-tracking (alimentation et activité physique) dans les milieux modestes. Des 50 entretiens utilisés, il ressort une familiarité diverse avec ces outils, décroissant au fur et à mesure que baisse le niveau de vie et le degré d'intégration sociale, et reflétant la forte hétérogénéité de cette catégorie de population. Peu familière à ces personnes, la démarche d'auto-mesure « ne correspond ni aux habitudes de consommation ni aux pratiques d'entretien du corps » et s'oppose « à un goût de liberté en matière d'alimentation, et à une culture spécifique du temps libre ». En revanche, ces outils constituent « un vecteur de savoir et d'autonomisation » pour la fraction la mieux intégrée (économiquement, socio-culturellement, en termes de réseaux). Pour l'auteure, se pose ainsi la question d'une « fracture numérique », en termes d'équipement mais surtout d'usages, et « du risque d'une marginalisation des catégories modestes en matière de numérique ''alimentation'' ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Sources : Journal of Medical Internet Research, Réseaux

18/10/2017

Les TIC au service de la petite agriculture familiale : nouvelle version du recueil de la Banque mondiale

La Banque mondiale vient de publier une mise à jour de son recueil (sourcebook) sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les petites exploitations agricoles (smallholders). Le document est découpé en quinze chapitres et met en valeur de nombreux projets et pratiques innovantes à travers le monde.

Dans un premier temps, sont abordées des questions transversales telles que l’état des infrastructures dans les pays en développement, notamment en milieu rural, et le rôle des femmes. La seconde partie s’intéresse aux leviers d’amélioration de la productivité au niveau de l’exploitation (outils d’aide à la décision, R&D et conseil, assurances et services financiers). Sont ensuite discutés les enjeux pour les organisations de producteurs (partage des informations techniques et de marché, mise en place de comptabilités plus fiables) et pour la mise en marché (gestion des risques, traçabilité). Enfin, le recueil examine les questions de gouvernance (e-gouvernement et participation, politiques foncières, gestion forestière).

L’édition précédente datait de 2011 et les importantes avancées survenues depuis ont popularisé l’idée que les politiques de développement peuvent tirer parti des progrès en matière de téléphonie mobile, d’observation satellitaire et d’agriculture de précision. Parmi les quatre nouveaux chapitres, on retiendra celui consacré aux données agricoles, qui met en avant une nouvelle problématique transversale autour de l’accès à l'information et de la régulation du big data. Dans le cas des données climatiques par exemple, « les mêmes jeux de données peuvent être utilisés par une large palette d’acteurs, de façons très différentes », des producteurs au moment des semis aux pouvoirs publics pour les préconisations de traitements, en passant par les assureurs privés. Le scepticisme face à l'idée d'utiliser ces technologies de pointe au profit des pays les moins avancés et des producteurs les plus pauvres n'est donc plus de mise, et les auteurs peuvent « plaider fortement pour des investissements publics dans le big data comme bien public ».

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Banque mondiale