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05/07/2019

Vers une pénurie de main-d’œuvre en agriculture aux États-Unis ?

Ce constat, publié en juin 2019 dans le magazine Choices, a été posé à partir de la modélisation de l'offre de travail des ouvriers mexicains, représentant actuellement 68 % de la main-d’œuvre employée dans les exploitations aux États-Unis. Compte tenu de l'évolution démographique et sociale du Mexique (forte baisse de la natalité en zones rurales, progression du niveau d'éducation), la principale source d'ouvriers agricoles se réduit régulièrement, alors que les exploitations américaines recrutent principalement de jeunes hommes d'origine agricole ou rurale, et faiblement éduqués. Les actifs ruraux se détournent donc de l'agriculture, profitant de la tertiarisation de l'économie mexicaine, et l'absence d'investissements dans la mécanisation des travaux agricoles aux États-Unis pourrait à terme poser d'importants problèmes.

Les chercheurs ont modélisé l'offre de main-d’œuvre pour déterminer son élasticité par rapport aux salaires versés. Toutes choses égales par ailleurs, pour la maintenir au niveau actuel, les salaires réels devraient augmenter de 10 % au cours des 10 prochaines années, poursuivant l'évolution récente. Cette hausse conduirait cependant à une modification des modes de production, en faveur de systèmes moins consommateurs de main-d’œuvre (mécanisation, gestion du travail), mais également à une diversification des origines des travailleurs.

Source : Choices

13/06/2019

Un rapport de la délégation à la prospective du Sénat sur l'adaptation aux dérèglements climatiques à l'horizon 2050

En mai 2019, la délégation à la prospective du Sénat a publié un rapport consacré à l'adaptation de la France aux changements climatiques à l'horizon 2050. Prenant acte d'une « réalité présente » et d'une « inexorable aggravation à moyen terme », les auteurs soulignent l'importance cruciale de l'adaptation, moins traitée et mise en avant que l'atténuation. S'ils s'intéressent aux prochaines décennies, l'horizon plus lointain (fin du siècle) est également considéré (projections climatiques à long terme, temporalité des actions).

Temporalité des actions d'adaptation

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Source : Sénat

S'appuyant sur 36 auditions et la mobilisation de diverses publications, le document dresse, dans une première partie, un panorama des impacts actuels et à venir du changement climatique (hausse des températures, transformation du régime des précipitations, etc.). Il en détaille différents effets : sanitaires (ex. : prolifération de certaines algues), sur la sécurité des biens et des personnes (ex. : modification du régime de risques naturels), sur la ressource en eau (ex. : baisse de la recharge des nappes) et sur les activités économiques. L'agriculture figure au premier rang des secteurs touchés : sécheresses, stagnation ou plus grande variabilité interannuelle des rendements, modification des qualités organoleptiques des produits, problématiques de santé végétale et animale, etc.

La deuxième partie est consacrée aux moyens de « faire face » à ces dérèglements, alors que la mobilisation des acteurs publics (État et collectivités) est jugée encore « trop modeste ». Divers défis sont identifiés, parmi lesquels celui d'une approche systémique dans la conception des politiques d'adaptation : par exemple, une telle politique pour l'agriculture ne peut être menée sans travailler à l'évolution du système et des conduites alimentaires. Les auteurs formulent ainsi un ensemble de recommandations de portée générale.

Enfin, la troisième partie s'intéresse à quatre chantiers d'adaptation sensibles : territoires vulnérables, bâti et urbanisme, politiques de l'eau, agriculture. Dans ce dernier cas, les auteurs recommandent en particulier une meilleure rémunération des services agro-environnementaux (2nd pilier de la PAC), un traitement « responsable » des questions d'irrigation (stockage de surface conditionné à des pratiques plus économes et respectueuses de la biodiversité) et le renforcement des mécanismes de couverture assurantielle (prenant en compte les efforts d'adaptation des exploitants).

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Sénat

12/06/2019

Dépossession foncière et stratégies d'acteurs en milieu rural

Le numéro 238 de la Revue internationale des études du développement (Institut d'études du développement de la Sorbonne), mis en ligne en mai 2019, traite de la dépossession foncière, en tant que perte totale ou partielle des droits d'usage pour les populations locales, dans divers territoires d’Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Il en appréhende la diversité des formes et des impacts, et en caractérise les acteurs, leurs logiques et leurs interactions. Les méthodes varient selon les articles : analyse des processus historiques, socio-économiques et politiques ; observations de terrain ; études de cas et enquêtes de terrain ; etc. Neuf des onze articles ont un rapport avec l'agriculture, traitant des mobilisations et contestations sociales (Mauritanie, Mozambique, Inde), des stratégies socio-politiques des acteurs, notamment étatiques (Tanzanie, Mozambique, Mexique, Guatemala, Honduras, île de La Réunion), et de la concurrence foncière avec d'autres activités (Pérou, Cambodge).

Ce numéro illustre la grande variété des processus de dépossession foncière dans le monde. Par exemple, l'analyse de la Tanzanie retrace l'évolution historique du rôle de l’État : la gestion du foncier contribue à sa consolidation, avec la mise en œuvre de politiques sur l'accès et la distribution des terres, dans un contexte d'évolution du socialisme au néolibéralisme. L'action publique est également abordée dans l'article consacré à La Réunion : selon les auteures, des politiques autrefois orientées vers la production de canne à sucre et l'irrigation, se tournent désormais vers le soutien aux efforts en faveur de l'environnement. Pour une partie des agriculteurs, dans l'incapacité de mettre en application ces nouvelles exigences, elles entraînent précarisation voire abandon des terres.

Des objectifs parfois divergents entre institutions internationales et organismes de coopération sont également mis en lumière, notamment entre protection de l'agriculture familiale (FAO) et promotion des politiques environnementales (PNUE). Ainsi, comme observé en Amérique centrale, les politiques de reforestation (REDD+), en restreignant l'accès à la terre des populations anciennement installées, peuvent aller à l'encontre du maintien des petits agriculteurs déjà marginalisés. Enfin, au niveau local, la consultation des populations peut contribuer à servir des intérêts particuliers dans des situations où le droit foncier est utilisable à des fins particulières et l’État peu présent, comme le montre l'exemple du Mozambique.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Revue internationale des études du développement

09:32 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : foncier, dépossession |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2019

CUMA, autonomie et transition agro-écologique

V. Lucas vient de mettre en ligne sa thèse de sociologie, soutenue en 2018 et intitulée L'agriculture en commun. Gagner en autonomie grâce à la coopération de proximité. Elle s'y intéresse aux reconfigurations d'une modalité ancienne de coopération entre producteurs, les Coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA), et à leurs capacités d'intégration des innovations tournées vers l'accroissement de l'autonomie des exploitations. L'enquête met notamment en avant les enjeux des systèmes herbagers autonomes et économes, et de l'agriculture de conservation des sols. Une grille de lecture, inspirée des travaux de J. van der Ploeg, distingue six mécanismes d'autonomisation : 1) diversification des productions ; 2) réduction des consommations intermédiaires ; 3) amélioration de l'efficience technique ; 4) mobilisation de processus écologiques ; 5) développement de la pluriactivité ; 6) coopération de proximité. Elle permet d'observer des pratiques parfois peu documentées, qui ressortissent de l'agro-écologie, même si ce terme est souvent tenu à distance par les agriculteurs, soucieux de maintenir de bonnes relations de travail et d'éviter toute politisation.

On pourra également se reporter à une courte vidéo de présentation de ces travaux.

Terrains étudiés dans le cadre de la thèse

CUMA.jpg

Source : TEL

Source : TEL

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13/05/2019

Les blés des oasis sahariennes : des ressources génétiques précieuses pour l’adaptation au changement climatique

Publié en février 2019 et mis en ligne sur Cairn mi-mars, Le Déméter 2019 propose une série d’articles sur les thèmes de la mondialisation, de la géopolitique, de l’urbanisation, du e-commerce, de la logistique, etc., ainsi que sur leurs conséquences pour les agricultures, les systèmes alimentaires et les ruralités en Europe. Rédigé par 57 auteurs, cet opus développe des thèmes de fond (1ère partie), propose des réflexions prospectives (2e partie) et comporte des statistiques commentées (3e partie).

Parmi les analyses thématiques, A. Bonjean (généticien spécialiste des céréales, France), P. Monneveux (agronome, Amérique du Sud) et M. Zaharieva (consultante en ressources génétiques des plantes et biotechnologies, Pérou) s’intéressent aux blés des oasis sahariennes, à leurs origines, spécificités et valeurs en tant que ressources génétiques de première importance pour l’adaptation au changement climatique de cette culture, au niveau mondial. Confrontés depuis des siècles à des stress abiotiques extrêmes, ces blés sont dotés de caractères de tolérance au manque d’eau (pluies entre 0 et 50 mm durant le cycle de culture, irrigation insuffisante, forte évapotranspiration), aux hautes températures (30 °C en moyenne annuelle, entre 35 et 45 °C durant la fécondation), aux importants écarts thermiques journaliers (de l'ordre de 20 à 30 °C) et à une salinité élevée (concentration en chlorure de sodium autour de 5 %).

Ces variétés de blé (tendre, hérisson, nain des Indes, dur, grand épeautre) sont très précoces (évitement du stress hydrique terminal), avec une forte tolérance à l’échaudage et des pertes hydriques par respiration très faibles, contrairement aux blés d’Europe. Leur trait pubescent, ainsi que le caractère barbu et compact des épis seraient, d’après Léon Ducellier (professeur d’agriculture au début du XXe siècle), des adaptations aux hautes températures.

Néanmoins, les systèmes de culture sahariens et la richesse génétique de ces blés risquent de disparaître, du fait de changements écologiques et socio-économiques drastiques. Les auteurs proposent donc la constitution d’un consortium chargé de sauvegarder, étudier et utiliser ces ressources génétiques précieuses pour le futur.

Pacôme Dupont-Guianvarch, Centre d’études et de prospective

Source : Le Déméter

12:54 Publié dans Agriculteurs, Climat | Lien permanent | Tags : déméter, blé, oasis, sahara, ressources génétiques |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/05/2019

Une analyse des dynamiques d'évolution des systèmes fourragers et de la place accordée à l'herbe

Si la prairie présente des intérêts agronomiques, économiques et environnementaux, les surfaces herbagères ont considérablement diminué depuis les années 1960, au profit du maïs. Dans certaines régions, tel le pays rennais (Ille-et-Vilaine), la tendance semble toutefois s'inverser depuis 2000. Pour analyser ces dynamiques, une équipe de chercheurs s'est penchée sur les évolutions des systèmes fourragers des exploitations laitières de cette région au cours des quinze dernières années. Pour cela, les auteurs ont reconstitué, par enquêtes, les trajectoires d'évolution, sur cette période, de 15 exploitations laitières représentatives, en se focalisant sur la place de l'herbe dans le système fourrager. Leurs travaux sont publiés dans la revue Agricultural Systems.

Trajectoires d'évolution des systèmes fourragers pour les 15 exploitations étudiées

systemes fourragers.jpg

Source : Agricultural Systems

Lecture : les colonnes présentent une typologie des systèmes fourragers principalement basée sur la place de l'herbe, de G- (peu d'herbe) à G+++ (beaucoup d'herbe). Pour chaque exploitation, la flèche indique la trajectoire suivie au cours des 15 dernières années. L’exploitation « farm11 » est ainsi passée de G à G+++. La colonne de droite regroupe les trajectoires individuelles selon 6 tendances : augmentation importante de la part d'herbe (↑G+++, ↑G-dehy), stabilisation à des niveaux divers (StabG--, StabG=, Stab+/++), diminution (↓G=).

L'analyse des données collectées met en évidence six trajectoires d'évolution. Celles associées à une forte progression des surfaces en prairies vont de pair avec une complexification de la gestion de la ressource herbagère : implantation de prairies multi-espèces, pâturage tournant rationné, extension des durées d'implantation des prairies, etc. Les éleveurs s'orientant dans ces directions privilégient l'autonomie du système de production et sont bien intégrés aux groupes de développement agricole alternatifs, tels les Civam.

À rebours, les éleveurs qui réduisent l'herbe la gèrent de façon très simplifiée. Celle-ci est souvent cantonnée à quelques prairies permanentes pâturées en continu par les animaux non productifs. Focalisés sur les niveaux de production par animal, ces éleveurs privilégient le maïs pour l'alimentation des vaches laitières. Ils sont intégrés aux réseaux de développement agricole classiques ou ont recours à un conseil individualisé.

Pour terminer, les auteurs mettent également en évidence des trajectoires qualifiées « d'hybrides », où des éleveurs conservent des systèmes fourragers reposant largement sur le maïs, mais augmentent légèrement les surfaces en herbe au cours de la période étudiée, dans le but de réduire les coûts alimentaires et de sécuriser leurs marges. Ces agriculteurs se situent souvent à l'interface de plusieurs groupes de développement agricole, classiques et alternatifs. Ce dernier point montre que les logiques herbagères et reposant sur le maïs ne sont pas exclusives et que des combinaisons sont possibles.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Agricultural Systems

12:47 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : fourrages, systèmes fourragers, herbe |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/05/2019

Enquêter sur l'homéopathie vétérinaire : y croire ou pas

Sur le blog Transhumances, F. Hellec (Inra) consacre une série de billets à l’homéopathie en élevage, très présente en bio, le cahier des charges restreignant fortement le recours aux antibiotiques. L’apprentissage de ces démarches s’appuie sur des échanges entre éleveurs, sur un corpus spécifique – la matière médicale –, sur des grilles d’analyse et même sur des logiciels disponibles dans le commerce. Des récits de guérisons miraculeuses, véritables « cas d’école », visent à démontrer que « quand le bon remède a été trouvé, la guérison est complète et obtenue rapidement » ; en contrepartie, les échecs sont attribués à un manque de maîtrise, sans remettre en cause la démarche elle-même. L’auteure en vient ainsi à affronter la question épineuse de l’efficacité thérapeutique de l’homéopathie. D'un côté, durant l’enquête, de nombreux discours et pratiques viennent heurter sa culture scientifique. D’un autre côté, la relation entre l’éleveur et ses animaux se trouve « profondément modifiée » : le nouveau cadre relationnel, un suivi plus attentif de l’état sanitaire, des gestes et des paroles, etc., contribuent selon elle en pratique à « ce qui marche » dans l’homéopathie vétérinaire.

Source : Transhumances, Transhumances, Transhumances

11:29 Publié dans Agriculteurs, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : élevage, vétérinaire, homéopathie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le grain et l'ivraie, film de Fernando Solanas

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Sorti en France en avril 2019, le documentaire Le Grain et l'ivraie (avec pour titre original Viaje a los pueblos fumigados) est construit sur la forme d’un « voyage » dans plusieurs régions d’Argentine : recueillant de nombreux témoignages, il illustre les conséquences de l’utilisation massive des phytosanitaires, notamment du glyphosate, faisant partie du « paquet technologique » qui soutient l’agro-industrie du soja. Résolument engagé, le réalisateur pointe du doigt les dommages environnementaux (déforestation, pollution des eaux et de l’air par les phytosanitaires), sociaux (déplacement de populations indigènes, dépeuplement rural) et sanitaires (présence de pesticides dans le sang des populations, cancers, malformations), imputables à ce modèle. L’existence de modèles alternatifs représente pour le cinéaste une note d'espoir : agriculture biologique, systèmes alimentaires locaux, etc. Espoir cependant relatif selon lui, les devises engendrées par le complexe agro-industriel du soja étant vitales pour le budget de l’État argentin.

Sources : Nour Films, Le Monde

11:25 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : argentine, solanas, soja, glyphosate, pesticides |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/04/2019

L'emploi de protéagineux comme précédent cultural induirait, pour certaines cultures, un gain de marge significatif

Dans un article paru fin février dans la revue Agronomy for Sustainable Development, des chercheurs d'Agrocampus Ouest présentent les résultats d'une enquête réalisée dans l'ouest de la France. Menée auprès de 127 agriculteurs, parmi lesquels 108 éleveurs et 55 exploitants en agriculture biologique ou en conversion, elle visait à recueillir leurs motivations pour cultiver des protéagineux (féverole, pois fourrager, lupin) et à documenter la diversité des pratiques culturales de ces trois légumineuses.

La première étape a consisté en un questionnaire en ligne visant à caractériser les systèmes de production des agriculteurs de l'échantillon. Dans un second temps, une enquête en face à face auprès de 69 volontaires a permis de recueillir des données précises sur les cultures de protéagineux. À partir de là, est mise en évidence une grande diversité des systèmes de gestion : type de lutte contre les adventices, utilisation des pesticides, variété des pratiques telles que les rotations et les cultures intercalaires complexes, variabilité du nombre d'opérations allant de deux (semis et récolte) à vingt travaux sur la campagne. Bien que la rentabilité à court terme des protéagineux reste très en-deçà de celle du blé tendre, les agriculteurs affirment les mettre en culture pour augmenter leur indépendance en protéines pour l'alimentation animale, mais aussi pour leurs avantages agronomiques, dans leurs dimensions temporelles (rotation des cultures) et spatiales (cultures intercalaires). La rentabilité des protéagineux devrait donc être analysée au niveau de la culture mais aussi, plus globalement, des successions culturales.

D'après les auteurs, sur la base des réponses des agriculteurs en conventionnel, l'emploi de protéagineux comme précédent cultural induirait, pour les cultures suivantes, un gain de marge chiffré à 118 euros/ha du fait d'une économie d'intrants (en particulier d'engrais azoté) et d'une augmentation du rendement. De plus, l'enquête montre des rendements similaires des protéagineux dans les systèmes de production biologique et conventionnel : cela suggère que l'adoption des pratiques biologiques dans les exploitations conventionnelles permettrait d'augmenter les profits bruts de ces dernières du fait de la réduction des coûts des intrants.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Agronomy for Sustainable Development

10:26 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : protéagineux, pratiques culturales, marge, pois, féverole, lupin |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/04/2019

Densité de population et canaux de distribution sur les marchés alimentaires locaux aux États-Unis

Publié début mars 2019, un article de la revue Applied Economic Perspectives and Policy analyse les effets de la densité de population sur trois canaux de distribution des marchés alimentaires locaux : vente directe, revendeurs (ex. : restaurants) et grossistes. La Local Food Marketing Practice Survey (5 700 répondants) fournit les données sur les pratiques de vente des agriculteurs, leur localisation (comté) et la distance parcourue. Un modèle statistique quantifie l'influence de la densité de population sur la probabilité de choisir un canal de distribution donné, et, pour les participants, l'impact sur les ventes. À faible distance (25 miles), une densité de population plus élevée favorise le choix de la vente directe au détriment des grossistes, mais cet effet s'atténue rapidement au-delà de 50 miles. Pour le recours aux revendeurs, l'effet de la densité de population est significativement positif jusqu'à 100 miles. Selon les auteurs, cette analyse spatiale des marchés alimentaires locaux fournit des éclairages pour mieux cibler les programmes de soutien public en faveur des marchés alimentaires locaux, comme par exemple le Local Food Promotion Program de 2014, qui appuie les intermédiaires tels que les food hubs.

Source : Applied Economic Perspectives and Policy

04/04/2019

Revue Études rurales : un dossier consacré aux semences

Le dernier numéro d'Études rurales propose plusieurs articles sur les enjeux de la réappropriation des semences par les agriculteurs. Comme le rappelle l'introduction, celles-ci sont devenues au XXe siècle un bien marchand, contrôlé et normalisé. Les agriculteurs ont été cantonnés à un rôle d'utilisateurs de variétés mises au point par la R&D. À l'heure actuelle, se pose ainsi la question de « la coexistence d'une pluralité de pratiques de sélection, de conservation, de marchés et de propriété des semences ». La sélection paysanne pourrait, par exemple, servir de levier pour la réduction des intrants ou l'adaptation au changement climatique. Deux articles sur la gestion collective des maladies illustrent ces potentialités : l'un sur la communauté des « artisans semenciers » qui, en France, s'organise pour « faire avec » certains pathogènes du haricot (bactérie Xhanto) ; l'autre sur l'introduction de semences modernes dans les rizières du Yuangyuang (Chine), où M. Hannachi (Inra) et T. Dedeurwaerdere (UCL) montrent que la gestion collective de la biodiversité cultivée permet de produire un « effet de dilution » des pathogènes à grande échelle, ouvrant selon eux des perspectives pour améliorer la durabilité des systèmes agricoles.

Source : Études rurales

03/04/2019

Une analyse de la recomposition de la huerta comtadine à travers l'étude des trajectoires de vie d'anciens ouvriers agricoles marocains

Dans un article publié sur le site Géoconfluences, A. Lascaux analyse les reconfigurations contemporaines de l'agriculture comtadine (dans les Bouches-du-Rhône). Fondée sur la huerta (agriculture de type jardinatoire), celle-ci a longtemps reposé sur une large main-d’œuvre saisonnière venue du Maroc. Depuis les années 1980, elle traverse une grave crise, qu'illustre la croissance des surfaces en friches. L'auteure montre qu'une partie de ces friches sont aujourd'hui réinvesties de façon informelle par d'anciens saisonniers marocains, donnant ainsi à voir une forme originale de reprise agricole. Ils y pratiquent une agriculture maraîchère peu exigeante en capitaux, qui va de la polyculture vivrière à la monoculture destinée à la commercialisation. Malgré leur promotion sociale apparente, tous pâtissent d'une triple marginalisation : spatiale, car ils restent cantonnés aux friches ; matérielle, car leurs moyens sont limités ; sociale, du fait de tensions qui émergent avec les agriculteurs anciennement installés.

Source : Géoconfluences

10:11 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : huerta comtadine, ouvriers agricoles |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/03/2019

Rapport de l'OPCC sur le changement climatique dans les Pyrénées : impacts, vulnérabilités et adaptation

L'Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC) a publié récemment un rapport mettant à jour les connaissances sur les conséquences des évolutions du climat sur le massif des Pyrénées, proposant des recommandations et identifiant dix défis, présentés dans une vidéo en ligne. Lancé en 2010, l'OPCC analyse la vulnérabilité sociale, économique et naturelle au changement climatique de cette biorégion, s'appuyant sur une coopération transfrontalière : près de 100 scientifiques et experts ont ainsi contribué au présent rapport. Dans cette zone de montagne particulièrement vulnérable, le changement climatique est un « facteur de stress supplémentaire », aggravant les difficultés actuelles : dépeuplement, changements d'affectation des sols, faible renouvellement des générations dans le secteur primaire. Une augmentation récente de la température moyenne annuelle et une diminution des volumes annuels des précipitations sont ainsi documentées, et un accroissement progressif des températures minimales et maximales est modélisé.

Évolution de la température moyenne annuelle dans l'ensemble des Pyrénées durant la période 1959-2010 (en rouge, anomalie positive par rapport à la valeur moyenne de la période de référence 1961-1990 ; en bleu, anomalie négative ; en noir, moyenne mobile pour une période de dix ans)

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Source : OPCC

Parmi les impacts étudiés sur les systèmes biophysiques et les secteurs socio-économiques, retenons par exemple ceux identifiés pour les forêts : modification de la diversité des communautés et de la distribution des espèces, déplacement en altitude et recolonisation des zones de pâturage, altération de la productivité et du rôle de puits de carbone, dégradation des conditions de santé et apparition de nouveaux pathogènes. Les capacités forestières de protection contre des risques naturels seraient affectées et le nombre et l'intensité des incendies pourraient augmenter. S'appuyant sur ces constats, les auteurs recommandent par exemple de maintenir voire développer les activités agricoles, pastorales et sylvicoles, pour diminuer le volume et la continuité des combustibles, assurer une mosaïque d'habitats plus résilients, etc.

Types de successions possibles d'essences sous l'effet des changements climatiques en zone de montagne pyrénéenne

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Source : OPCC

Du côté de l'agropastoralisme, l'OPCC identifie, par exemple, une expansion de cultures méditerranéennes (ex : vigne, olivier), une baisse de la productivité (manque d'eau, modifications de calendriers, phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents), la perte de diversité floristique des pâturages, ou encore des impacts négatifs accrus sur la santé et le bien-être des animaux d'élevage. Là encore, des recommandations sont proposées : renforcement ou réorientation des plans de suivi et de surveillance des ravageurs et pathogènes, gestion conservatoire des sols, primes à la modernisation des systèmes de ventilation des bâtiments d'élevage, etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : OPCC, OPCC

14/03/2019

Le Conseil d'orientation pour l'emploi fait le point sur le travail non déclaré

Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié en février un rapport faisant l'état des connaissances sur l'étendue du travail non déclaré en France, ses caractéristiques, ses causes et l'efficacité des politiques qui cherchent à le réduire. Il avance, avec précautions, que le travail non déclaré représenterait dans notre pays, en volume, autour de 2,5 millions de personnes. Les secteurs les plus concernés ont en commun d’être intensifs en travail, de comporter une part importante d’emplois faiblement rémunérés, souvent non qualifiés, d’avoir un tissu important de PME ou encore d’être très dépendants de la conjoncture. L'agriculture en fait donc pleinement partie, comme l’hôtellerie-restauration, les transports et le BTP. Toutefois, à l'opposé de ces trois secteurs, les données disponibles ne permettent pas d'objectiver le phénomène dans le secteur agricole.

Le rapport documente différentes formes de travail non déclaré, dont celles liées au détachement de travailleurs entre pays européens. S'agissant du travail détaché non déclaré, diverses stratégies d’optimisation, parfois abusives voire frauduleuses, visant à réduire le coût de la main-d’œuvre, sont observées en la matière : non-respect de la réglementation du pays d’origine (versement des contributions sociales) ou du pays d’accueil (durée et conditions de travail, déclaration du nombre d’heures travaillées, etc.). Le COE les exemplifie par un cas de fraude avérée en abattoir.

L'efficacité de différentes mesures visant à lutter contre le travail non déclaré est aussi discutée, comme la simplification administrative. L'Italie et la Croatie ont notamment testé des « vouchers », sorte de « chèques emploi », afin de réguler l’emploi occasionnel et saisonnier en agriculture. Les résultats paraissent très mitigés. En France, le Titre emploi simplifié agricole (TESA), autre outil de facilitation administrative, a quant à lui trouvé son public, représentant, en 2016, 60 % du volume des déclarations sociales effectuées aux caisses de la MSA.

En conclusion, le COE souligne le fossé entre l’importance affichée sur la lutte contre le travail illégal, d'une part, et la méconnaissance du phénomène d'autre part. Il préconise donc de mener une enquête quantitative de grande ampleur, pour améliorer la connaissance statistique du travail non déclaré, dans toutes ses dimensions.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d’orientation pour l’emploi

13/03/2019

Paradoxe de la modernisation : le productivisme agricole et ses critiques en Bretagne (1990-2010)

Dans la revue Politix, C. Lemieux (EHESS) s'intéresse aux conflits sociaux autour de l'élevage porcin. Il s'appuie sur des observations ethnographiques et des entretiens réalisés entre 2006 et 2009, dans trois départements de Bretagne, avec des éleveurs, des syndicalistes agricoles, des habitants, des militants écologistes, des agents de l’État et des élus locaux.

En premier lieu, l'article décortique les transformations de la morphologie sociale de la région, la rurbanisation enclenchant une lutte entre agriculteurs et néo-habitants pour la maîtrise foncière et politique du territoire. Il montre comment, à l'occasion des procédures d'enquête publique sur les installations d'élevage, les différenciations entre groupes s’effacent au profit d’une simplification extrême de l’espace social, réduit à l’opposition entre urbains et ruraux. Ce clivage « en vient à résumer à lui seul, mais en apparence seulement, toute la conflictualité locale ».

Chacun de ces camps produit des idées et s’efforce de prescrire « ce que la société doit devenir » – élaborant ainsi leurs conceptions de la « modernité ». Celle que portent les agriculteurs s’est formée dans les années 1950 et met « une foi indéfectible dans la science et l'industrie » au service de la compétition sur les marchés internationaux. Elle rentre en conflit avec la modernité environnementale dont se réclament les néo-habitants, élaborée plus tardivement, et que le droit communautaire et les dispositifs de la PAC intègrent dans les années 1990, exerçant une pression inédite.

Les producteurs porcins en viennent progressivement à réinterpréter ces critiques et ces injonctions et à les considérer comme une attente des marchés. Ils réorganisent alors leurs exploitations en contrôlant mieux les rejets dans la nature. Mais, ce faisant, ils approfondissent aussi la logique d’intensification productiviste. Le monde agricole connaît donc un véritable processus de « modernisation », concept que l’auteur entend réhabiliter en sciences sociales. Sans céder à la téléologie, ni réifier les deux camps, Lemieux souligne ainsi la nécessité de prendre en compte des « évolutions de longue durée dont la dynamique génère dans le présent contradictions et paradoxes ».

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Politix

13:23 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : bretagne, modernisation, productivisme |  Imprimer | | | | |  Facebook