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15/09/2020

L'utilisation intensive de mélanges d'herbicides peut provoquer l'apparition de résistances générales chez les plantes adventices

Un article publié par une équipe anglaise dans la revue Nature se penche sur le problème des résistances spécifiques (à un herbicide) et générales (à plusieurs herbicides aux modes d'action différents) développées par les adventices. Pour cela, les auteurs étudient la résistance du vulpin à trois produits.

Les chercheurs ont collecté des graines de vulpin au sein de 132 champs de blé appartenant à 71 exploitations agricoles réparties dans toute l'Angleterre. L'expérience s'est ensuite déroulée en deux phases. D'abord, trois herbicides destinés à contrôler le vulpin ont été testés sous serre sur les variétés collectées, à différentes doses, à l'aide de groupes de contrôle (sensibles à l'herbicide, ayant développé des résistances ciblées et non ciblées). Cette première étape phénotypique a permis de quantifier la résistance du vulpin en Angleterre à chacun des trois herbicides. Les résultats montrent que celle-ci est largement répandue : entre 60 et 90 % des plants ont survécu à l'application de chacun des trois herbicides, tandis que 79 % de la population de vulpin a présenté une certaine résistance (> 20 % de survie) à l'ensemble des trois herbicides.

L'ADN de la population de vulpin a ensuite été séquencé afin d'étudier la présence de mutations sur deux gènes en particulier, attestant du développement de résistances ciblées. La concentration dans les feuilles d'une protéine marqueuse d'une résistance non ciblée a également été mesurée. Ces deux paramètres ont ensuite été analysés à la lumière de l'historique des pratiques de culture collecté pour 94 des 132 sites, sur les sept dernières années en moyenne. Il en ressort que si les mélanges d'herbicides peuvent limiter le développement de résistances spécifiques, ils peuvent aussi générer celui de résistances générales pouvant opérer sur des mécanismes d'action différents (figure ci-dessous). Pour les auteurs, ce constat appelle des arbitrages dans les stratégies de lutte contre les adventices.

Effet de l'historique de pratiques culturales sur la présence de mécanismes de résistance spécifique aux modes d'action des herbicides testés (a, b, c) et non spécifiques (d, e)

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Source : Nature

Lecture : les figures a, b, c présentent la fréquence à laquelle on retrouve des mutations génétiques marqueuses de résistances spécifiques agissant sur chacun des trois pesticides (a, b, c), au sein des populations de vulpin, en fonction de l'utilisation passée plus ou moins forte de mélanges d'herbicides aux modes d'action différents ; les figures d et e présentent la concentration foliaire de AmGSTF1 (enzyme marqueur de résistance non ciblée), en fonction de l'utilisation passée plus ou moins forte de mélanges d'herbicides aux modes d'action différents (d) et en fonction de la diversité passée des modes d'action des herbicides utilisés (e).

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Nature

12/04/2019

L'emploi de protéagineux comme précédent cultural induirait, pour certaines cultures, un gain de marge significatif

Dans un article paru fin février dans la revue Agronomy for Sustainable Development, des chercheurs d'Agrocampus Ouest présentent les résultats d'une enquête réalisée dans l'ouest de la France. Menée auprès de 127 agriculteurs, parmi lesquels 108 éleveurs et 55 exploitants en agriculture biologique ou en conversion, elle visait à recueillir leurs motivations pour cultiver des protéagineux (féverole, pois fourrager, lupin) et à documenter la diversité des pratiques culturales de ces trois légumineuses.

La première étape a consisté en un questionnaire en ligne visant à caractériser les systèmes de production des agriculteurs de l'échantillon. Dans un second temps, une enquête en face à face auprès de 69 volontaires a permis de recueillir des données précises sur les cultures de protéagineux. À partir de là, est mise en évidence une grande diversité des systèmes de gestion : type de lutte contre les adventices, utilisation des pesticides, variété des pratiques telles que les rotations et les cultures intercalaires complexes, variabilité du nombre d'opérations allant de deux (semis et récolte) à vingt travaux sur la campagne. Bien que la rentabilité à court terme des protéagineux reste très en-deçà de celle du blé tendre, les agriculteurs affirment les mettre en culture pour augmenter leur indépendance en protéines pour l'alimentation animale, mais aussi pour leurs avantages agronomiques, dans leurs dimensions temporelles (rotation des cultures) et spatiales (cultures intercalaires). La rentabilité des protéagineux devrait donc être analysée au niveau de la culture mais aussi, plus globalement, des successions culturales.

D'après les auteurs, sur la base des réponses des agriculteurs en conventionnel, l'emploi de protéagineux comme précédent cultural induirait, pour les cultures suivantes, un gain de marge chiffré à 118 euros/ha du fait d'une économie d'intrants (en particulier d'engrais azoté) et d'une augmentation du rendement. De plus, l'enquête montre des rendements similaires des protéagineux dans les systèmes de production biologique et conventionnel : cela suggère que l'adoption des pratiques biologiques dans les exploitations conventionnelles permettrait d'augmenter les profits bruts de ces dernières du fait de la réduction des coûts des intrants.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Agronomy for Sustainable Development

10:26 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : protéagineux, pratiques culturales, marge, pois, féverole, lupin |  Imprimer | | | | |  Facebook