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13/05/2019

Les blés des oasis sahariennes : des ressources génétiques précieuses pour l’adaptation au changement climatique

Publié en février 2019 et mis en ligne sur Cairn mi-mars, Le Déméter 2019 propose une série d’articles sur les thèmes de la mondialisation, de la géopolitique, de l’urbanisation, du e-commerce, de la logistique, etc., ainsi que sur leurs conséquences pour les agricultures, les systèmes alimentaires et les ruralités en Europe. Rédigé par 57 auteurs, cet opus développe des thèmes de fond (1ère partie), propose des réflexions prospectives (2e partie) et comporte des statistiques commentées (3e partie).

Parmi les analyses thématiques, A. Bonjean (généticien spécialiste des céréales, France), P. Monneveux (agronome, Amérique du Sud) et M. Zaharieva (consultante en ressources génétiques des plantes et biotechnologies, Pérou) s’intéressent aux blés des oasis sahariennes, à leurs origines, spécificités et valeurs en tant que ressources génétiques de première importance pour l’adaptation au changement climatique de cette culture, au niveau mondial. Confrontés depuis des siècles à des stress abiotiques extrêmes, ces blés sont dotés de caractères de tolérance au manque d’eau (pluies entre 0 et 50 mm durant le cycle de culture, irrigation insuffisante, forte évapotranspiration), aux hautes températures (30 °C en moyenne annuelle, entre 35 et 45 °C durant la fécondation), aux importants écarts thermiques journaliers (de l'ordre de 20 à 30 °C) et à une salinité élevée (concentration en chlorure de sodium autour de 5 %).

Ces variétés de blé (tendre, hérisson, nain des Indes, dur, grand épeautre) sont très précoces (évitement du stress hydrique terminal), avec une forte tolérance à l’échaudage et des pertes hydriques par respiration très faibles, contrairement aux blés d’Europe. Leur trait pubescent, ainsi que le caractère barbu et compact des épis seraient, d’après Léon Ducellier (professeur d’agriculture au début du XXe siècle), des adaptations aux hautes températures.

Néanmoins, les systèmes de culture sahariens et la richesse génétique de ces blés risquent de disparaître, du fait de changements écologiques et socio-économiques drastiques. Les auteurs proposent donc la constitution d’un consortium chargé de sauvegarder, étudier et utiliser ces ressources génétiques précieuses pour le futur.

Pacôme Dupont-Guianvarch, Centre d’études et de prospective

Source : Le Déméter

12:54 Publié dans Agriculteurs, Climat | Lien permanent | Tags : déméter, blé, oasis, sahara, ressources génétiques |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/01/2018

Le Déméter 2018, Huiles végétales : enjeux, marchés et controverses

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Dans un dossier d'une douzaine d'articles, le rapport Déméter 2018 dresse un tableau détaillé des défis et des controverses associés à la forte croissance des huiles végétales au plan mondial. Dans le premier article, A. Rival (Cirad) dessine une géopolitique des huiles végétales, d'où il ressort que 85 % de la production mondiale reposent sur quatre sources : Amérique pour le soja, Europe pour le colza, mer Noire pour le tournesol et Asie du Sud-Est pour le palme. Cependant le barycentre de la consommation se déplace vers l'Asie, tandis que l'Afrique attire les investisseurs comme front pionnier, selon J.-M. Roda (Cirad). En résultent des rivalités entre le Nord et le Sud (par exemple, en Afrique, entre investisseurs occidentaux – Archer, Bunge, Cargill et Dreyfus – et malaisiens), mais aussi entre modèles de production, intensifs en intrants au Nord, en main-d’œuvre au Sud.

La forte croissance du marché mondial des huiles s'explique principalement par la transition alimentaire dans les pays émergents. Cependant, pour P. Dusser (Groupe Avril), c'est la consommation de protéines qui devrait tirer le marché dans la prochaine décennie, sachant que les cultures étudiées ici permettent de produire, dans des proportions variables, à la fois de l'huile et des protéines. Les usages non alimentaires auraient, d'après D. Pioch (Cirad), un avenir prometteur dans le domaine de la chimie, mais plus incertain en matière énergétique.

Les préférences des consommateurs évoluent : J.-M. Lecerf (Institut Pasteur) rappelle que si les lipides ont été les premières cibles des recommandations nutritionnelles, il n'existe pas sur le plan diététique d'huile parfaite. La tendance est aujourd'hui à la diversification des huiles pour des motivations éthiques ou de santé. De plus, la perception des consommateurs est au cœur d'enjeux stratégiques pour le secteur. Les allégations « sans huile de palme » sont ainsi jugées trompeuses par plusieurs auteurs, car injustifiées sur le plan nutritionnel et contre-productives en matière de durabilité. En parallèle, l'huile de palme est devenue un laboratoire d'innovations en matière de certification environnementale, associant l'industrie et les ONG. Les tensions internes à ces dispositifs, que décrit E. Cheyns (Cirad), en soulignent les limites, et la question de la durabilité des modes de production apparaît clairement comme l'un des enjeux pour l'avenir.

Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective

Lien : Le Déméter