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14/03/2019

Le Conseil d'orientation pour l'emploi fait le point sur le travail non déclaré

Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) a publié en février un rapport faisant l'état des connaissances sur l'étendue du travail non déclaré en France, ses caractéristiques, ses causes et l'efficacité des politiques qui cherchent à le réduire. Il avance, avec précautions, que le travail non déclaré représenterait dans notre pays, en volume, autour de 2,5 millions de personnes. Les secteurs les plus concernés ont en commun d’être intensifs en travail, de comporter une part importante d’emplois faiblement rémunérés, souvent non qualifiés, d’avoir un tissu important de PME ou encore d’être très dépendants de la conjoncture. L'agriculture en fait donc pleinement partie, comme l’hôtellerie-restauration, les transports et le BTP. Toutefois, à l'opposé de ces trois secteurs, les données disponibles ne permettent pas d'objectiver le phénomène dans le secteur agricole.

Le rapport documente différentes formes de travail non déclaré, dont celles liées au détachement de travailleurs entre pays européens. S'agissant du travail détaché non déclaré, diverses stratégies d’optimisation, parfois abusives voire frauduleuses, visant à réduire le coût de la main-d’œuvre, sont observées en la matière : non-respect de la réglementation du pays d’origine (versement des contributions sociales) ou du pays d’accueil (durée et conditions de travail, déclaration du nombre d’heures travaillées, etc.). Le COE les exemplifie par un cas de fraude avérée en abattoir.

L'efficacité de différentes mesures visant à lutter contre le travail non déclaré est aussi discutée, comme la simplification administrative. L'Italie et la Croatie ont notamment testé des « vouchers », sorte de « chèques emploi », afin de réguler l’emploi occasionnel et saisonnier en agriculture. Les résultats paraissent très mitigés. En France, le Titre emploi simplifié agricole (TESA), autre outil de facilitation administrative, a quant à lui trouvé son public, représentant, en 2016, 60 % du volume des déclarations sociales effectuées aux caisses de la MSA.

En conclusion, le COE souligne le fossé entre l’importance affichée sur la lutte contre le travail illégal, d'une part, et la méconnaissance du phénomène d'autre part. Il préconise donc de mener une enquête quantitative de grande ampleur, pour améliorer la connaissance statistique du travail non déclaré, dans toutes ses dimensions.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d’orientation pour l’emploi

13/09/2018

Consommation responsable : rapport du COE sur les opportunités pour l'emploi

Dans un rapport adopté en juin 2018, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) s'intéresse aux impacts potentiels sur les emplois (volume, structure, localisation) de la consommation responsable, définie comme tout comportement d'un consommateur arbitrant ses choix (achat, usage, rejet de biens et services), « non seulement sur la base de critères d'intérêt privé (prix, qualité) mais aussi au regard de considérations collectives ». Plusieurs segments (pratiques nouvelles ou connaissant une amplification récente) sont identifiés, en lien avec des problématiques i) d'environnement (ex : produits verts), ii) de santé et bien-être (produits biologiques, produits plus sains), iii) d'impact économique territorial potentiel jugé positif (produits locaux, circuits courts, « Made in France »), iv) de respect de normes sociales fondamentales et de principes éthiques (ex : commerce équitable). Mobilisant en particulier la littérature existante et une étude réalisée en propre sur les effets potentiels du « Made in France », le rapport caractérise les segments de consommation, analyse leurs effets possibles sur l'emploi et documente ces effets pour chaque tendance.

In fine, les auteurs proposent une grille d'analyse commune et relèvent que si ces nouvelles attentes se traduisent de plus en plus par des comportements effectifs d'achat, amenés à se poursuivre et s'amplifier, elles reposent sur des arbitrages complexes. En matière d'emploi, ces évolutions représentent des opportunités variées et divers canaux de création sont ainsi identifiés : plus grande intensité en main-d’œuvre (exemple des magasins bio équitables), moindre propension à importer, etc. De possibles effets multiplicateurs au niveau des territoires (ex : magasins de producteurs) et d'entraînement des secteurs connexes sont également mis en exergue. La nature et la localisation des emplois peuvent évoluer : réallocations géographiques et sectorielles (ex : bio, circuits courts), métiers nouveaux ou transformés (ex : permaculture, agriculture urbaine), etc.

Le COE identifie différents atouts français pour « consolider et développer » l'offre agricole, industrielle et des services liés (ex : poids des secteurs agricole et agroalimentaire, crédibilité et reconnaissance des labels d'origine et de qualité). La réalisation des potentialités d'emploi nécessite toutefois la conjugaison de plusieurs actions : information du consommateur, productivité et compétitivité de l'offre, distribution des produits « responsables », anticipation des besoins en compétences dans les métiers et territoires, attention accrue portée à la qualité des emplois, etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d'orientation pour l'emploi

14/02/2018

Automatisation et numérisation : des conséquences importantes sur l'organisation et le contenu du travail

Après les impacts sur le volume d'emplois (tome 1) et sur les compétences (tome 2), le Conseil d'orientation pour l'emploi vient de publier le dernier volet d'une analyse multidimensionnelle des conséquences de l'automatisation et du numérique, consacré au contenu du travail et à la façon de travailler. Considérant notamment l'agriculture et l'agroalimentaire, cette étude très vaste, qui couvre l'ensemble de l'économie et une grande diversité de situations de travail, débute par un rappel du cadre théorique d'analyse des impacts de l'adoption de nouvelles technologies au sein des entreprises, ainsi que sur leur environnement (théorie des organisations, sociologie et psychologie du travail, économie). La revue de la littérature, mais également les nombreux entretiens et enquêtes menés, confirment que l'évolution actuelle est sans équivalent dans l'histoire industrielle par son ampleur et la profondeur des changements, à tous les stades de la chaîne de valeur. C'est en particulier le cas pour le secteur alimentaire.

Des avancées technologiques qui impactent toute la chaîne de valeur du secteur alimentaire

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Source : Opcalim pour le Conseil d'orientation pour l'emploi

Contrairement aux précédentes « révolutions » industrielles, aucun modèle d'organisation du travail (ancien ou néo-taylorisme, post-taylorismes, fordisme, toyotisme) ne se démarque, de façon privilégiée, comme étant le plus adapté pour accompagner la diffusion et l'adoption des innovations technologiques. C'est pourquoi, selon les auteurs, ce sont des couples évolutions organisationnelles-technologies qui doivent être analysés en parallèle. En effet, au-delà des process, ces innovations modifient nos façons de communiquer, de collaborer ou de coordonner notre travail, tout en changeant le cadre spatio-temporel dans lequel nous exerçons nos activités (télétravail, coworking, messageries, etc.).

Dans une seconde partie, s'appuyant en premier lieu sur une analyse statistique des données sur les conditions de vie au travail (DARES), le rapport s'enrichit d'approches qualitatives éclairant la grande diversité des conséquences (souvent ambivalentes) de l'adoption du numérique, de l'automatisation ou de la robotisation sur l'intensité du travail, sa complexité et son intérêt. C'est le cas avec l'étude menée par l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), auprès d'exploitations laitières du Grand-Est, sur les implications de l'introduction de robots de traite : celle-ci s’accompagne d’une transformation significative du métier d'éleveur, d'une amélioration de la qualité de la vie sans baisse de la charge de travail. Cette dernière se reporte en effet sur des tâches plus cognitives (exploitation des données notamment), accroissant les risques de dépendance aux outils numériques.

La troisième partie du rapport est d'ailleurs consacrée à une analyse fine des opportunités et des risques liés aux changements technologiques, pointant l'importance d'une conduite du changement menée avec les travailleurs concernés pour mieux atteindre les objectifs poursuivis par l'introduction de ces innovations.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d'orientation pour l'emploi

11:18 Publié dans Agriculteurs, IAA, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : coe, automatisation, numérisation, travail |  Imprimer | | | | |  Facebook