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11/05/2021

Gains de productivité des cultures vivrières et malnutrition dans les pays en développement à l'horizon 2030

Un article, récemment publié dans la revue Plos One, montre que l'augmentation des gains de productivité des cultures vivrières ne suffirait pas à réduire la malnutrition dans les « pays en développement » en 2030. Ces résultats ont été obtenus par le service économique de l'USDA (ministère de l'agriculture américain) et l'IFPRI (International Food Policy Research Institute) en testant plusieurs scénarios à l'aide de deux modèles mondiaux combinés. Ces simulations ont été réalisées à la demande du Consultative group on international agricultural research (CGIAR), dans le cadre de l'initiative Crops to end hunger.

Une hausse annuelle plus rapide (+ 25 % par rapport au taux de croissance de référence) des rendements permettrait de diminuer le nombre de personnes souffrant de malnutrition : de 11 millions dans le cas de la production de riz, de 6 millions dans celui du blé et 2 millions pour la banane plantain ou le manioc. Les besoins glucidiques seraient certes mieux couverts, mais ce ne serait pas le cas pour toutes les vitamines ou sels minéraux (figure ci-dessous). Cependant, les résultats varient sensiblement selon les pays et les productions. Les auteurs recommandent de tenir compte de cette hétérogénéité pour cibler les politiques de soutien à l'innovation et au développement.

Taux de couverture pour différents nutriments en 2030

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Source : Plos One

Lecture : le taux de couverture est égal à 1 lorsque les disponibilités journalières moyennes sont égales aux apports nutritionnels recommandés.

Source : Plos One

Services numériques de location de tracteurs dans des pays « en voie de développement »

La revue World Development publie en avril une étude sur deux sociétés ayant déployé, en Inde et au Nigeria, un service numérique dédié à la location de tracteurs. Ce type d'offre est souvent surnommé « Uber pour les tracteurs », mais il diffère sensiblement du service de voiture avec chauffeur déployé par cette même entreprise en milieu urbain dans les pays « développés ». En effet, la faible densité de la clientèle potentielle, des zones rurales dotées de couvertures réseau hétérogènes, les niveaux réduits d'alphabétisation et d'équipement en smartphones des petits exploitants, etc., tout cela rend nécessaire le recours à des intermédiaires, qui effectuent les demandes de réservation dans l'application. Aussi, ce sont essentiellement des agriculteurs propriétaires qui bénéficient des fonctionnalités de cette offre numérique : suivi en temps réel des tracteurs équipés de GPS, mise à disposition des tracteurs facilitée et des avantages (simplicité d'usage, réduction des coûts de transaction).

Interface des réservations de tracteurs, destinée aux agents intermédiaires, dans l'application « Hello Tractor » (Nigeria)

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Source : World Development

Source : World Development

Recommandations stratégiques américaines en matière d'intelligence artificielle

La National Security Commission on Artificial Intelligence (NSCAI) est une commission américaine indépendante chargée de faire des recommandations stratégiques au gouvernement pour que progresse le développement de l'intelligence artificielle (IA). Elle a publié en mars 2021 la version finale de son rapport. Une première partie est consacrée aux mesures à prendre pour faire face aux menaces extérieures que fait peser l'IA sur le pays et ses intérêts. La deuxième s'intéresse aux leviers actionnables pour promouvoir l'innovation et la compétitivité américaines en matière d'IA : investissements, formations, accords de visas, cartes vertes aux étudiants étrangers hautement qualifiés. Les secteurs agricole et alimentaire sont identifiés, dans le rapport, comme pouvant bénéficier des avancées de l'IA afin d'améliorer leur productivité tout en minimisant les impacts sur l'environnement (exemple : agriculture de précision).

Source : National Security Commission on Artificial Intelligence

16:10 Publié dans IAA, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : intelligence ar, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les conséquences à long terme des programmes d'afforestation à grande échelle

Dans un article se penchant sur les conséquences à long terme de deux projets d'afforestation d'envergure, menés dans le nord-est de la Chine, des chercheurs chinois, australiens et nord-américains révèlent la complexité de la gestion durable des terres dans les programmes de restauration écologique de grande échelle. Mis en œuvre dans le but de lutter contre les tempêtes de sable et l'érosion des sols, ces projets ont entraîné une réduction des eaux de surface et une moindre teneur en eau des sols en aval (voir figure). Cette dernière est visible seulement deux décennies après leur lancement, lorsque les forêts artificielles arrivent à un stade de maturité suffisamment avancé. Les auteurs recommandent la sélection d'espèces et la planification des programmes d'afforestation prenant en considération les conditions hydrographiques et climatiques locales.

Évolution des aires forestières et des ressources en eau des sols

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Source : Science Advances

Source : Science Advances

Évaluation des effets de la PAC sur le renouvellement des générations d'agriculteurs

Face au problème du vieillissement des agriculteurs de l'Union européenne, la Commission a commandé une évaluation pour savoir si la PAC favorisait le renouvellement des générations, le développement local et l'emploi dans les zones rurales. Il en ressort que les instruments de cette politique publique produisent globalement les effets attendus, mais de façon variable selon les territoires et le contexte socio-économique des pays, et qu'ils sont plus adaptés aux transferts des exploitations au sein du cadre familial qu'à une cession de celles-ci à des tiers. Par ailleurs, l'accès à la terre reste le principal obstacle à l'installation, dans un contexte de marché du foncier atone. La Commission souligne également l'importance des réglementations nationales pour traiter les questions de renouvellement générationnel. Il s'agit par exemple du rôle des régimes de retraite dans la préférence des agriculteurs à rester actifs et continuer à percevoir les aides au revenu (premier pilier de la PAC) plutôt que leur retraite.

Proportion des agriculteurs de moins de 35 ans (en haut) et de plus de 65 ans (en bas)

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Source : Commission européenne (Direction générale de l’agriculture, Eurostat)

Source : Commission européenne

Le travail détaché, un facteur de recomposition du salariat agricole

Le salariat migrant présent dans les filières arboricoles et maraîchères se renouvelle, depuis près de vingt ans, du fait de l'instauration en 2003 des prestations de services internationales (PSI), qui permettent la mise à disposition temporaire de travailleurs par des entreprises localisées dans un autre pays de l’Union européenne. Un article publié dans la Nouvelle revue du travail en avril 2021 (numéro consacré au travail en agriculture) explore les différences, en Provence, entre le travail détaché et le recours à l’emploi saisonnier. L’un et l’autre ont pour origine la recherche de coûts salariaux moindres, mais le premier se caractérise par une externalisation de « la fonction RH » (recrutement, paie, remplacement), prise en charge par une entreprise de travail temporaire. Objet de contournements (embauche directement par l’employeur à la suite d’un détachement), la PSI a favorisé la diversification de l’origine nationale des populations laborieuses migrantes, et même la sédentarisation de certaines d’entre elles en lien avec l’activité agricole, à l’instar de populations latino-américaines en Provence.

Source : Nouvelle revue du travail

10/05/2021

Le bannissement des cages en discussion au Parlement européen

La commission agricole du Parlement européen a mené, le 15 avril 2021, une audition sur l'arrêt de l’utilisation des cages dans tous les modes d'élevage. Elle fait suite au succès d'une initiative citoyenne européenne, intitulée « Pour une nouvelle ère sans cage », proposée par le CIWF en 2018. Cette pétition a obtenu un réel succès avec plus d'1,4 million de soutiens permettant sa validation en 2020.

S'appuyant sur trois rapports du CIWF, de l'IEEP (think tank environnemental) et du Parlement européen, la pétition visait les cages proprement dites (volailles, lapins), mais aussi les cages de mise-bas des truies, les cases individuelles des veaux, etc. Nonobstant les textes législatifs en vigueur ou en préparation (voir tableau), la pétition demande d'inclure dans la directive de 1998 sur l'élevage un article interdisant les cages à partir de 2027, un soutien financier aux éleveurs pour mettre en place cette obligation et une interdiction des importations de pays tiers ne respectant pas cette demande.

Lois et actions interdisant les cages dans les État membres de l'Union européenne

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Source : Parlement européen

Au cours de cette audition se sont exprimés les organisateurs de la pétition, un expert scientifique, un éleveur hollandais travaillant sans cage, des membres du Comité économique et social européen (CESE) et du Comité des régions, les commissaires européens à la santé et à l'agriculture, et de nombreux parlementaires. Les commissaires européens ont ainsi salué cette initiative qui pourrait être intégrée dans la stratégie « De la ferme à la fourchette ».

Source : Parlement européen

Les paiements des mesures agro-environnementales : stables, croissants ou décroissants dans le temps ?

Les mesures agro-environnementales (MAE) offrent aux agriculteurs des paiements annuels, dont les montants sont stables sur une période déterminée (ex. 100 €/an/ha pendant 5 ans). Dans le même temps, elles sont un fort levier de transition agro-écologique des exploitations. Dans ce cadre, des séquences de paiements croissants ou décroissants pourraient s'avérer plus efficaces, pour accompagner le changement de pratiques, et être préférées par les exploitants.

Des chercheurs et chercheuses d'Inrae ont donc conduit une expérience (voir figure) pour tester différentes séquences de paiements. 123 agriculteurs de Charente-Maritime y ont participé, chacun devant choisir entre plusieurs MAE ciblant la couverture des sols, les diverses options étant présentées sur des cartes de choix. Les résultats, publiés dans le numéro de mai de la revue Ecological Economics, montrent que les agriculteurs sont satisfaits des paiements stables dans le temps, et que certains exploitants (les plus patients et les moins averses au risque) semblent défavorables aux paiements décroissants. Ces résultats suggèrent qu'il n'y aurait donc pas lieu d'introduire une progressivité ou une dégressivité des aides des MAE pendant la durée d'engagement de l'agriculteur.

Exemple de carte de choix

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Source : Ecological Economics

Lecture : l'agriculteur doit choisir entre le contrat A, le contrat B et le statu quo. Par exemple, dans le cas du contrat A, la technique de semis du couvert est imposée, le couvert doit être mis en place pour 3 mois, le paiement annuel moyen est de 160 €/ha et le paiement est décroissant de la première à la cinquième année.

Source : Ecological Economics

Développement de partenariats public-privé pour la préservation des écosystèmes

Au 1er trimestre 2021, la revue Secteur privé & développement (publiée par Proparco) a réuni une quinzaine d’articles sous le titre « Préserver la biodiversité, le secteur privé en action ». A. Thiongo, de l’organisation Conservation International, décrit dans l’un d’eux une initiative menée en Afrique du Sud qui vise à améliorer la qualité des pâturages à usage collectif. Une organisation à but non lucratif y organise des ventes aux enchères permettant un contact direct entre acheteurs et éleveurs, afin que ceux-ci puissent bénéficier d’un meilleur prix pour leurs produits. Concomitamment, ils s’engagent, dans le cadre d'un accord de préservation de l'environnement, à déployer des mesures de protection des pâturages, favorisant ainsi la productivité de leur troupeau et la qualité des produits. Un autre projet visant à développer, au Ghana, des chaînes de valeur plus favorables à la biodiversité, et basé sur les principes du commerce équitable, est également présenté dans l’article. Enfin, les cadres des partenariats public-privé développés par Conservation International y sont exposés.

Source : Secteur privé & développement

Une vue d'ensemble du végétarisme sous l'angle de la qualité de vie

Une revue des effets potentiels du régime végétarien sur la qualité de vie, et inversement, a été publiée le 12 avril dans l'International Journal of Environmental Research and Public Health. Le graphique ci-dessous présente toutes les variables étudiées ainsi que leurs impacts positifs ou négatifs sur cette qualité de vie.

Relations entre les aspects du végétarisme et les différentes dimensions de la qualité de vie (physique, psychologique, sociale, environnementale)

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Source : International Journal of Environmental Research and Public Health

Lecture : les flèches indiquent la direction de l'influence, c'est-à-dire si un domaine influence ou est influencé par certains aspects du végétarisme. Les symboles plus (+) et moins (-) indiquent des influences positives ou négatives. NCD : maladies non transmissibles ; VD : régime végétarien.

Sur le plan de la santé physique, les auteurs relèvent un impact positif, de meilleurs résultats de santé et des taux plus faibles de maladies non transmissibles, bien qu’un régime végétarien non équilibré puisse entraîner des carences nutritionnelles. Des sentiments positifs, liés à l’adoption d’une attitude en accord avec ses convictions, jouent sur l’état psychologique, même si certaines études montrent un risque accru de dépression chez les végétariens. Sur l’aspect social en revanche, le risque de rejet ou de stigmatisation de la part des non-végétariens pourrait impacter défavorablement la vie des sujets, ce qui pourrait être compensé par un sentiment d’appartenance à une communauté végétarienne.

Source : International Journal of Environmental Research and Public Health

Un portail pour accéder aux principales statistiques sur les métiers

Utilisant différentes enquêtes sur l'emploi et la population, la Dares (ministère du Travail) propose un portrait statistique des 225 métiers de la nomenclature des familles professionnelles (FAP). Il propose des cartes, graphiques, tableaux et analyses (exemple ci-dessous). Plusieurs de ces analyses relèvent du périmètre du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. À chaque fois, le portail documente la situation récente (2019) et les changements observés depuis 2004. Différents indicateurs sont mobilisés, notamment l'évolution de l’emploi, sa qualité, le salaire moyen, le niveau de diplôme, la répartition géographique, etc.

Comparaison des horaires de travail « atypiques » de la catégorie « Agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, bûcherons » avec l'ensemble des 225 métiers

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Source : Dares

Source : Dares

 

15:54 Publié dans 4. Politiques publiques, Agriculteurs, IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : dares, métiers, emploi, agriculteurs, iaa |  Imprimer | | | | |  Facebook

Tomate sous serre et insectes auxiliaires : des marchés en co-construction

Un article de L. Bonnaud (Inrae) et G. Anzalone (ESA d'Angers), paru dans le numéro d'avril 2021 du Journal of rural studies, analyse la co-construction de deux marchés, celui de la tomate sous serre et celui, en plein développement, des insectes auxiliaires (prédateurs des ravageurs, pollinisateurs). Il met notamment en évidence le rôle du conseil technique apporté par les organisations de producteurs et par les représentants technico-commerciaux des fournisseurs d'insectes.

Source : Journal of rural studies

15:52 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : insectes, iaa, agriculture, marchés |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'ONU fait le point sur les apports des technologies spatiales en agriculture

La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (voir le portrait de la CNUCED) a publié, le 26 avril 2021, un rapport recensant les avantages et intérêts des technologies spatiales, dont ceux pour l'agriculture et l'alimentation. Agriculture de précision, adaptation des semis et de l'irrigation, repérage des zones de pâturage naturelles, prévision des rendements, etc. : les applications sont nombreuses et porteuses d'opportunités pour l'amélioration des politiques agricoles.

Source : CNUCED

20/04/2021

Un rapport sur le commerce en ligne et le développement durable

Le Conseil général de l'environnement et du développement durable, France Stratégie et l'Inspection générale des finances ont publié en février un rapport visant à orienter le commerce en ligne vers une durabilité accrue. En effet, la logistique du e-commerce a des conséquences environnementales et sociales que les auteurs analysent et recommandent d'atténuer grâce à une série de propositions.

La première partie fait un bilan du développement du e-commerce et de ses conséquences pour le commerce en général. Ce canal de commercialisation est en très forte hausse, passant de 31 à 112 milliards d'euros de chiffre d'affaires entre 2010 et 2020, soit une croissance moyenne annuelle de 14 % contre seulement 1,4 % pour le commerce en magasin sur la même période. Les acheteurs s'en disent satisfaits à 94 %. Par ailleurs, le commerce alimentaire est beaucoup moins concerné que celui d'autres secteurs : la vente en ligne représente 4,4 % des transactions en 2019, avec cependant un doublement en 5 ans.

Évolution de la part de marché des produits alimentaires (en %) par forme de vente sur la période 2014-2019

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Source : Insee

La deuxième partie du rapport détaille les conséquences environnementales et sociales du e-commerce. La logistique reste très pénalisante, avec des transports encore peu décarbonés et des entrepôts pouvant, dans une moindre mesure, participer à l'artificialisation des terres. Ces entrepôts représentent en moyenne moins de 1 % des 23 000 ha de surfaces artificialisés annuellement sur la période 2006-2016. Par ailleurs, les emplois créés par le e-commerce s'exercent souvent dans des conditions difficiles, en entrepôt ou dans le transport du dernier kilomètre,avec des risques sur leur pérennité du fait de l'automatisation et de la robotisation. Cependant, dans le secteur alimentaire (figure ci-dessous), les magasins spécialisés et petites surfaces ont connu des hausses d'emploi sur la période 2010-2018 (respectivement + 18 et + 47 %), contrairement aux grandes surfaces (emploi stable) et aux magasins non alimentaires non spécialisés (- 2 à -13 % selon le secteur). Dans le cas des grandes surfaces, précisons que, après une hausse de 2010 à 2012, l'emploi a ensuite diminué de 5 % entre 2012 et 2018.

Évolution du nombre d’entreprises et de salariés entre 2010 et 2018

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Source : CGEDD - France Stratégie - IGF (données FARE – extraits CEP)

Lecture : le commerce « hors magasin » inclut les activités alimentaires et non alimentaires.

La dernière partie présente une stratégie globale, à destination des pouvoirs publics, avec 15 propositions à mettre en œuvre aux niveaux européen, national et local. L'intégration de la logistique dans les Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), ainsi que la création de « conférences annuelles régionales de la logistique », sont ainsi préconisées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : CGEDD

Premier rapport mondial sur le gaspillage alimentaire par le programme des Nations unies pour l'environnement

En tant qu'agence des Nations unies, visant la réduction par deux du gaspillage alimentaire aux niveaux de la distribution, des services alimentaires et des ménages (Objectif de développement durable 12, cible 3), le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publie son premier rapport mondial sur le sujet.

Ce document s'appuie sur de nombreuses données provenant d'une variété de sources, en majorité des études scientifiques ad hoc, 7 pays seulement collectant des statistiques nationales compatibles avec l'indice du gaspillage alimentaire. Ces données sont intégrées dans une modélisation qui permet d'estimer le gaspillage au niveau mondial, par pays, par région et par secteur. Les estimations portant sur les ménages sont les plus robustes, avec des données issues de près de 100 études, réparties dans une variété de pays représentant 75 % de la population mondiale. Les données sur le gaspillage dans les services et la distribution sont au contraire relativement difficiles à trouver hors des pays à hauts revenus.

Selon les auteurs, 17,5 % de la production alimentaire mondiale sont gaspillés – 931 millions de tonnes, soit deux fois plus que les estimations précédentes de la FAO (2011). 10,7 % le sont par les ménages, 4,6 % au niveau des services alimentaires et 2,2 % à celui de la distribution. Le gaspillage des ménages français (85 kg par personne et par an) se situerait à un niveau intermédiaire pour l'Europe (34 kg en Slovénie, 142 en Grèce), mais plus élevé que la moyenne mondiale (74 kg).

Estimations du gaspillage alimentaire des ménages en Europe, sources utilisées et niveaux de confiance

gaspillage,consommation,politiques publiques

Source : PNUE

L'autre résultat clé du rapport est que le gaspillage alimentaire, contrairement à une idée reçue, est similaire d'un groupe de revenus à un autre. Est donc remise en cause l'idée selon laquelle il serait l'apanage des « pays développés », tandis que les « pays en développement » souffriraient essentiellement de pertes aux stades de la production, du stockage et du transport.

Enfin, le rapport propose une méthodologie pour les pays désireux d'effectuer un suivi du gaspillage. En avril, le PNUE devrait lancer des groupes de travail sur le sujet, en Afrique, en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Asie de l'Ouest, afin de faciliter l'établissement de données et la mise en œuvre de stratégies de réduction.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Programme des Nations unies pour l'environnement