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05/02/2021

Surreprésentation des salariés faiblement rémunérés dans l'agriculture et le commerce alimentaire

Poursuivant l'analyse publiée en avril sur la vulnérabilité des métiers face à la crise de la Covid (voir à ce sujet un précédent billet), France Stratégie étudie la répartition des métiers selon la rémunération et la confronte aux critères de vulnérabilité. Si un tiers des salariés français est payé moins de 1,3 SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance), certains métiers se caractérisent par une proportion nettement plus importante, en particulier dans les secteurs de l'agriculture ou de la forêt (près de 70 %). Lorsqu'on limite l'analyse aux salariés percevant des rémunérations autour du SMIC (jusqu'à 1,05 SMIC), ce sont près de 40 % des salariés du maraîchage et de la viticulture, et 30 % des salariés agricoles et sylvicoles qui sont concernés. Les salariés des métiers de bouche, du commerce et de la restauration sont également surreprésentés dans cette catégorie, sachant que les assistantes maternelles, les ouvriers artisanaux et les aides à domicile et ménagères sont les premiers concernés (voir figure ci-dessous).

Les métiers « sur le front de la Covid », pour lesquels le travail s'est intensifié et les conditions de travail détériorées, se caractérisent par une proportion élevée de salariés au voisinage du SMIC, notamment dans les secteurs agricoles et forestiers au sens large, et, à l'autre bout de la chaîne de valeur, dans le commerce alimentaire.

Représentation du quart des métiers ayant la part la plus élevée de salariés rémunérés jusqu’à 1,05 Smic horaire (sur les 83 métiers étudiés)

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Source : France Stratégie

Source : France Stratégie

17:18 Publié dans Agriculteurs, IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : salariat, covid-19, commerce alimentaire, agriculture |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une évaluation des impacts de l'actionnariat commun dans le secteur semencier

Dans un article publié dans The Antitrust Bulletin, deux chercheurs ont analysé l'organisation du secteur des semences agricoles. Celui-ci est connu pour être très concentré, un petit nombre d'entreprises se partageant l'essentiel des ventes. Cette situation d'oligopole, peu favorable à la concurrence et potentiellement source de déséquilibres de marché, est renforcée par le fait que ces firmes ont pour partie un actionnariat commun : en 2016, 10 à 35 % du capital des 5 plus grosses entreprises semencières (Monsanto, Bayer, Dow, Dupont, Syngenta) était détenu par 5 fonds (State Street, Vanguard, Fidelity, Capital Group et BlackRock, voir à ce sujet un précédent billet). Au moyen de régressions permettant d'en isoler l'effet propre, les auteurs montrent que pour les principales cultures implantées aux États-Unis (soja, maïs et coton), cet actionnariat commun conduit à accroître le prix des semences de 12,9 à 16,4 % en moyenne.

Estimation de l'effet propre de l'actionnariat commun des firmes semencières sur le prix des semences

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 Source : The Antitrust Bulletin

Source : The Antitrust Bulletin

16:17 Publié dans 2. Evaluation, Filières agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : concurrence, concentration, semences |  Imprimer | | | | |  Facebook

Hausse de l’offre céréalière et insécurité alimentaire persistante au Mali : le « paradoxe de Sikasso »

Dans un dossier des Cahiers Agricultures consacré aux zones cotonnières d'Afrique de l'Ouest, un article analyse les relations entre développement économique et sécurité alimentaire, dans une région du sud du Mali. Celle-ci regroupe plus de 5 millions d’habitants et compte 520 zones de production de coton et de céréales (respectivement 30 % et 60 % de la surface agricole cultivée). Les auteurs testent le « paradoxe de Sikasso », selon lequel une production agricole importante peut cohabiter avec des formes d’insécurité alimentaire. La région connaît, entre 1997 et 2013, une forte croissance démographique (+118 %), qui s’accompagne d’une augmentation de la production céréalière rendue possible par le recours aux intrants, financé par l’intensification de la culture cotonnière. Ces réussites agricoles coexistent néanmoins avec des situations de malnutrition concernant un quart des enfants. Dans le traitement de l’insécurité alimentaire, les auteurs préconisent donc la mise en place d’une nutrition-sensitive agriculture et une meilleure prise en compte des usages de la nourriture.

Source : Cahiers Agricultures

Une analyse de l'impact des importations de poudres de lait en Afrique de l'Ouest

Pour éclairer les débats sur l’importation de poudres de lait en Afrique de l’Ouest, le Cirad a réalisé, à la demande d’un groupe de députés européens, une analyse présentée le 8 décembre 2020. Elle dresse d'abord le panorama de la filière laitière ouest-africaine : alors que les poudres enrichies en matière grasse végétale constituent 25 % de la consommation de « produits laitiers », seulement 1 % à 7 % de la production locale de lait sont transformés par l'industrie. Le rapport compare ensuite les impacts socio-économiques et environnementaux du lait local et du lait en poudre importé, entier ou enrichi en matière grasse végétale, afin de documenter les controverses en cours : impacts du commerce sur les filières locales, pratiques d’étiquetage non conformes et risques de tromperie des consommateurs, risques et bénéfices pour la santé de ces consommateurs, enjeux écologiques du commerce des produits laitiers. Enfin, les auteurs font des recommandations sur le suivi du secteur, l’encadrement des pratiques d’étiquetage, la responsabilisation des entreprises européennes et l’incitation à la collecte locale.

Source : Cirad

Opportunités de la blockchain pour la traçabilité des produits frais aux États-Unis

Publié en janvier 2021, cet article fait un état des lieux du développement de la technologie blockchain pour améliorer la traçabilité des produits frais aux États-Unis. Il traite aussi des perspectives ouvertes en matière de lutte contre la fraude alimentaire, de sécurité sanitaire des aliments et de réduction des pertes et gaspillages. Aux États-Unis, le coût annuel des maladies liées à la consommation de produits alimentaires présentant un problème sanitaire est estimé entre 7 et 15,5 milliards de dollars, incluant les coûts de notification aux consommateurs, le retrait des produits, la baisse de la demande, etc. La blockchain pourrait être particulièrement intéressante dans le cas des produits frais. Par exemple, elle a permis de réduire de 7 jours à 2,2 secondes le temps nécessaire pour retracer l'origine de mangues vendues dans les magasins Walmart. Cette réactivité pourrait également améliorer la résilience des chaînes d'approvisionnement en cas de crise sanitaire comme celle de la Covid-19. Plusieurs expériences de blockchain sont en cours de développement (figure ci-dessous), même si des freins existent à leur extension à grande échelle (besoin de standards, interopérabilité des systèmes, enjeux liés à la protection et à la propriété intellectuelle des données, etc.).

Entreprises alimentaires ayant adopté des logiciels de traçabilité fondés sur la blockchain

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Source : Applied Economic Perspectives and Policy

Source : Applied Economic Perspectives and Policy

15:30 Publié dans IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : blockchain, etats-unis, traçabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'impact du changement climatique sur la position de la ceinture des pluies tropicales

Des chercheurs des universités de Californie et de Yale ont modélisé l'impact du changement climatique sur l'évolution latitudinale de la zone de convergence intertropicale, laquelle détermine en grande partie les conditions hydrologiques et climatiques au niveau des tropiques. Ils montrent que, contrairement aux conclusions précédemment publiées à ce sujet, les déplacements ne seront probablement pas homogènes. Ainsi, selon les modélisations, d'ici à 2100, la zone de convergence intertropicale se déplacera vers le nord au niveau de l'Afrique de l'Est et de l'océan Indien, et vers le sud au niveau de l'est de l'océan Pacifique, de l'Amérique du Sud et de l'océan Atlantique. Ces résultats fournissent une base d'explication à l'augmentation prévisionnelle des sécheresses en Afrique du Sud et de l'Est, à Madagascar et en Amérique centrale, mais aussi à l'intensification des inondations en Inde du Sud. Ces zones hydrologiques sont fondamentales pour la sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité.

Évolution des températures au niveau de la mer et des niveaux de précipitation en réponse au changement climatique

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Source : Nature Climate Change

Lecture : en a, évolution des températures globales au niveau de la mer entre les périodes de base (1983-2005) et future (2075-2100). En b, évolution des précipitations et des températures au niveau de la mer, dans une zone de l'océan Indien située entre les longitudes 50° Est et 100° Est. En c, évolution des précipitations et des températures au niveau de la mer, dans une zone des océans Pacifique Est et Atlantique située entre les longitudes 110° Ouest et 0°.

Source : Nature Climate Change 

04/02/2021

Impacts économiques cumulés potentiels sur l'agriculture de 12 accords de libre-échange

Le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne a évalué les impacts économiques cumulés potentiels de 12 accords de libre-échange (Australie, Nouvelle-Zélande, Mercosur, Canada, etc.) sur le secteur agricole en Europe. Les auteurs relèvent des opportunités à l'export pour les vins et boissons, les produits laitiers, la viande de porc et le blé, notamment vers le Japon, les pays du Mercosur, la Thaïlande et le Vietnam. Mais ils soulignent aussi une augmentation des importations en viandes bovine, ovine et de volaille, en sucre et en riz, principalement depuis l'Australie et les pays du Mercosur. Pour le bœuf, ils envisagent une augmentation de 85 000 à 100 000 tonnes équivalent-carcasse d'ici à 2030, entraînant une baisse de la production (-0,3 %) et des prix (-2,4 %) sur le marché européen. Si les auteurs concluent que ces accords sont profitables, dans l'ensemble, à l'agriculture et à l'agroalimentaire européens, ils recommandent la protection des secteurs sensibles par des quotas tarifaires.

Secteurs avec le plus d'opportunités à l'exportation (haut) et sujets à des augmentations des importations (bas)

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Source : Joint Research Centre

Lecture : le scénario « conservative » (resp. « ambitious ») fait l'hypothèse d'une libéralisation de 97 % des lignes tarifaires (resp. 98,5 %) et d'une baisse de 25 % (resp. 50 %) des droits de douane pour les lignes tarifaires restantes, qui désignent les produits sensibles.

Source : Joint Research Centre (Commission européenne)

Production agricole et droit de l'environnement, Isabelle Doussan, Benoît Grimonprez, Carole Hermon

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Dès l'introduction de cet ouvrage, les trois auteurs, deux professeurs de droit et une chercheuse à INRAE, soulignent que le rapport de l'agriculture à l'environnement est ambivalent. En effet, si certaines pratiques, « héritages du passé », peuvent l'endommager, d'autres au contraire valorisent la nature et ses services écosystémiques. Ce dernier point organise l'ouvrage en trois parties : après avoir rappelé les contraintes environnementales pesant sur la production agricole, les auteurs détaillent les incitations à produire vertueusement (aides publiques, fiscalité, sollicitations du marché), puis les sanctions prévues en cas de manquement. Parmi les aides publiques, à côté des traditionnels soutiens prévus aux premier et second (MAEC) piliers de la PAC, figurent les paiements pour services environnementaux (PSE), qui font l'objet d'un chapitre de synthèse, explicitant le statut juridique ambivalent de cet outil incitatif, entre aide et commande publiques.

Source : LexisNexis

15:50 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : maec, pse, production agricole, droit |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'USDA fait le point sur le taux d’utilisation des quotas tarifaires de l'OMC

Le ministère de l'Agriculture des États-Unis (USDA) a analysé l'utilisation des quotas tarifaires à l'importation (TRQ) déclarés par les pays à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les auteurs notent que, sur la période 2006-2015, les TRQ sont utilisés à 56 % de leur volume en moyenne ; 36 % le sont à moins de 20 % et 40 % à plus de 80 %. Ils croisent deux indicateurs pour classer les TRQ en quatre catégories (cf. figure) : le fait que le TRQ soit utilisé ou non à plus de 65 %, et des prix sur le marché domestique supérieurs ou non à ceux des produits importés. Ils notent, par ailleurs, le foisonnement de questions relatives aux TRQ au sein du Comité de l'agriculture de l'OMC, preuve de la difficulté de leur mise en œuvre.

Typologie des quotas tarifaires

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Source : USDA

Lecture : pour la catégorie low-demand des TRQ, le remplissage est inférieur à 65 % et les prix domestiques sont inférieurs aux prix des produits importés (droits de douane élevés et/ou une production nationale abondante). Pour la catégorie binding, remplissage supérieur à 65 % et prix domestiques supérieurs aux prix des produits importés, suggérant un potentiel pour des importations plus importantes. Pour la catégorie functional, remplissage supérieur à 65 % et prix domestiques proches des prix des produits importés : le TRQ est équilibré et sensible à une évolution de la demande. Pour la catégorie underutilized, remplissage inférieur à 65 % et prix domestiques plus élevés que ceux des produits importés, laissant penser à des contraintes administratives et des mesures non tarifaires à l'importation.

Source : United States Department of Agriculture

15:30 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : quotas, omc, commerce international |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'agroforesterie ne suffit pas pour lutter contre la déforestation dans les pays producteurs de cacao

Dans une synthèse récente, l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) a recensé les principaux leviers existants pour réduire la déforestation liée à la production de cacao. L'agroforesterie est la solution généralement promue par les entreprises et les gouvernements. Pour les auteurs, elle n'est néanmoins pas adaptée à toutes les situations, notamment selon la complexité du couvert végétal. En effet, les formes les plus simples (ex. arbres fruitiers en bordure de parcelle) ne compensent généralement pas la perte du couvert originel s'il y a eu déforestation. Pour être plus efficaces, les politiques d'aide au développement du secteur devraient donc avoir pour finalité de restaurer la biodiversité et non de seulement développer l'agroforesterie. Par ailleurs, les auteurs observent que la diffusion de pratiques culturales plus favorables à la biodiversité est particulièrement freinée par la difficulté à valoriser les produits qui en sont issus, surtout en raison de la forte volatilité des prix du marché et de l'offre importante de cacao labellisé (biologique, Rainforest/UTZ).

Source : Institut du développement durable et des relations internationales

15:25 Publié dans Développement, Environnement, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : agroforesterie, déforestation, cacao |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les consommateurs se disent prêts à payer plus pour des produits portant des labels superflus ou trompeurs

Dans un article publié en janvier dans la revue Food Policy, des chercheurs de l'université de Purdue, aux États-Unis, ont étudié le phénomène selon lequel les consommateurs sont prêts à acheter plus cher des produits portant des labels superflus ou trompeurs. Ils ont interrogé 1 122 individus américains sur leur consentement à payer pour trois types de labels superflus : un sel sans OGM, un jus d'orange sans gluten et du poulet élevé sans hormones (les hormones sont interdites pour cet élevage aux États-Unis). Selon les résultats (voir tableau ci-dessous), 40 à 58 % des individus se disent prêts à payer davantage pour des produits portant ces labels que pour d’autres non labellisés. De manière générale, les personnes ayant le plus de connaissances (scientifiques et/ou sur l'agriculture) ont un consentement à payer moindre pour ces labels. Par ailleurs, lorsque des informations leur sont données expliquant en quoi le label est trompeur, 39 à 43 % des répondants diminuent leur consentement à payer, mais 30 % l'augmentent.

Différence moyenne et médiane de consentement à payer pour un produit portant un label superflu et pour un produit non labellisé, selon les labels, avant et après information

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Source : Food Policy

Source : Food Policy

15:15 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : labels, consommation, alimentation, nutrition |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le gène Stb16q apporte une résistance durable du blé à la septoriose

La septoriose est l'une des principales maladies s'attaquant au blé tendre, causant des pertes de rendement de 40 à 55 %. De plus, le champignon Zymoseptoria tritici, responsable de cette maladie, développe une résistance aux produits phytosanitaires utilisés pour le combattre. En janvier 2021, Nature Communications a publié une étude réalisée conjointement par INRAE, l’université de Wageningen, l’USDA (ministère de l'agriculture des États-Unis), en collaboration avec le semencier Florimond-Desprez. Ce travail a permis d'identifier et de caractériser un gène du blé, le Stb16q, qui procure à la plante une résistance à cette maladie. Ces résultats ouvrent la voie à une sélection variétale de blés disposant de ce gène. L'usage de produits phytosanitaires contre la septoriose pourrait ainsi être réduit et, dans cette optique, les auteurs soulignent l'intérêt de combiner le Stb16q à d'autres facteurs de résistance génétiques, et de faire évoluer les pratiques (biocontrôle en particulier).

Source : Nature Communications

Effets potentiels d'un arrêt des importations européennes de soja destiné à l'alimentation animale

Un article publié dans Nature Food envisage les effets potentiels d'un arrêt, par l'Union européenne, de ses importations de soja destiné à l'alimentation animale. Les auteurs ont modélisé trois scénarios sous deux contraintes : l'arrêt de ces importations ; la non-augmentation des surfaces destinées à la production d'aliments pour animaux, au niveau mondial. Ils montrent notamment que, dans tous les cas, les apports en macro et micronutriments essentiels pour les mangeurs européens ne sont pas impactés (à l'exception des vitamines A et B12), la plupart étant compensés par des sources végétales. Les ruminants apparaissent avantagés par rapport aux monogastriques, grâce à leur meilleure capacité à utiliser d'autres aliments (ex. fourrages). Par ailleurs, les surfaces consacrées à cette culture diminueraient, en particulier en Amérique latine, mais la demande en huile de palme pourrait, elle, augmenter. Ainsi, parmi les enseignements de ce travail, les auteurs retiennent la nécessité d'agir conjointement sur les importations de soja, sur les régimes alimentaires et sur les productions animales et végétales.

Source : Nature Food

22/01/2021

Tendances et perspectives pour l'agriculture des pays de l'Union africaine

Le ReSAKSS, système régional d'analyse stratégique et de gestion des connaissances de l'Union africaine (voir à ce sujet un portrait), a publié récemment son Annual Trends and Outlook Report 2020 (ATOR 2020). Il a notamment été présenté à l'occasion de sa conférence annuelle 2020, Sustaining Africa's Agrifood System Transformation: The Role of Public Policies. Le rapport ATOR fournit un ensemble riche et diversifié d'analyses sur des sujets d'intérêt majeur pour l'avenir de l'agriculture des pays de l'Union africaine, et fait le point sur les indicateurs du Programme détaillé de développement de l'agriculture africaine (PDDAA). Il se fonde sur les meilleures données disponibles. Les travaux du ReSAKSS sont accompagnés par l'IFPRI et ont bénéficié de divers financements internationaux (USAID, Fondation Bill et Melinda Gates, IFAD, etc.).

Valeur ajoutée agricole par habitant dans 16 pays d'Afrique, 1965-2018

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Source : ReSAKSS

Le millésime 2020 du rapport se concentre sur le rôle des politiques publiques pour assurer la croissance et le développement des secteurs agricole et agroalimentaire. Comme le souligne le chapitre 2, de nombreux pays de l'Union africaine ont connu, depuis le début du XXIe siècle, une forte croissance économique, en particulier dans l'agriculture (figure ci-dessus). Cette phase de boom a succédé à deux décennies de stagnation (années 1980 et 1990), au cours desquelles le PIB par tête a diminué (figure ci-dessous). La croissance agricole des années 2000 et 2010 s'appuie sur le progrès technique, avec des gains de productivité de la terre et du travail substantiels. Selon les auteurs, qui passent en revue les facteurs explicatifs du PIB par habitant, les politiques publiques ont joué un rôle fondamental : gouvernance (efficacité des pouvoirs publics, qualité des régulations), développement du capital humain (scolarisation, espérance de vie), stabilité macroéconomique, assistance au secteur agricole par rapport au reste de l'économie, etc.

Le rapport ATOR 2020 comprend dix-sept chapitres, incluant analyses thématiques et études de cas nationales, qui soulignent ces dynamiques et insistent sur plusieurs défis : la digitalisation de l'agriculture africaine, la transformation des chaînes de valeur intermédiaires du millet au Sénégal, le rôle de l'irrigation dans le développement de l'agriculture au sud du Sahara, la mécanisation agricole au Ghana, les politiques relatives aux engrais et aux semences, etc.

Croissance annuelle moyenne par décennie dans 30 pays d'Afrique, 1960-2018

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Source : ReSAKSS

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : ResAKSS

20/01/2021

Une séance de l'Académie d'agriculture consacrée à André Voisin

« Nul n'est prophète en son pays » : l'adage sied bien à André Voisin, agriculteur-chercheur du milieu du XXe siècle, dont les écrits sur le fonctionnement des herbages et le pâturage demeurent largement ignorés en France, alors qu'ils sont toujours enseignés dans les écoles d'agronomie sud-américaines et océaniennes. Pour éclairer ce paradoxe, l'Académie d'agriculture de France a récemment consacré une séance aux travaux de son ancien membre.

Parmi les présentations, signalons celle d'André Pfimlin, qui rappela les lois du « pâturage rationnel » établies par Voisin : un temps de repos des prairies suffisamment long entre deux séquences de pâturage pour permettre la « flambée de croissance » de l'herbe ; un temps d'occupation court afin de ne pas cisailler les jeunes repousses ; une conduite du troupeau en lots pour réserver la primeur des prairies fraîches aux vaches en production ; etc. Autant de principes qui visent à « faire se rencontrer l'herbe et la vache au bon moment », afin de satisfaire les besoins de la seconde sans compromettre ceux de la première, et réciproquement.

Si Voisin n'eut que peu d'échos en France, c'est surtout, comme le montra Charlène Bouvier, en raison de son opposition au retournement des prairies permanentes que prônaient alors les tenants de la révolution fourragère (Chazal, Dumont, etc.). Ces derniers leur préféraient les prairies temporaires et les cultures fourragères, qu'ils jugeaient plus productives. De son côté, Voisin voyait dans la prairie permanente la garantie d'une flore adaptée aux conditions pédo-climatiques locales et, dans la prairie temporaire, une charge financière pour l'éleveur puisqu'elle doit être régulièrement ressemée, sous peine de voir la production herbagère diminuer sévèrement dans les 4 ou 5 années suivant l'implantation (« les années de misère »).

Pour conclure la séance, Gilles Lemaire a montré que la démarche de Voisin, empirique, pluridisciplinaire et beaucoup plus systémique qu'analytique, contrastait avec la façon dont était alors conçue la recherche agronomique en France. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que ses travaux aient été plus favorablement accueillis dans un pays comme la Nouvelle-Zélande, où ce type d'approche caractérise la recherche et le développement agricoles depuis les années 1920-1930.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Lien : Académie d'agriculture de France