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05/07/2021

Une exposition sur le vin dans l'antiquité gréco-romaine

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La Cité du vin de Bordeaux présente jusqu'au 29 août une exposition intitulée « Boire avec les dieux». Elle explore la place et les fonctions de cette boisson dans les civilisation et société gréco-romaines, sans aborder la viticulture proprement dite. La mythologie et les cultes, en particulier celui de Dionysos, donateur du vin aux hommes, sont très présents dans l’exposition au travers de pièces archéologiques et de 4 podcasts. Trois artistes contemporains viennent enfin apporter un regard actuel sur ces mythes.

Source : Cité du vin

19:16 Publié dans Alimentation et consommation, Filières agricoles, Société | Lien permanent | Tags : histoire, antiquité, vin |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/06/2021

Agriculture et agroalimentaire en UE : impacts de la Covid-19 et des mesures publiques mises en œuvre

Le Département thématique des politiques structurelles et de cohésion du Parlement européen a publié un rapport destiné à sa Commission agriculture (COMAGRI). Il analyse les impacts de la crise de la Covid-19 sur 11 secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire, à l'échelle de l'Union et à celle des États membres, ainsi que l'effet des mesures d'atténuation de la crise mises en œuvre.

Le rapport met en avant que la chaîne de valeur agroalimentaire européenne a bien résisté à la crise : les niveaux de production, d'échanges et de prix sont restés globalement stables. Par exemple, la valeur de la production agricole a baissé de 1,4 % en 2020 par rapport à 2019, mais a augmenté de 2,9 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Les facteurs les plus impactants ont été la faible disponibilité de la main-d’œuvre, du fait des restrictions de déplacement, ainsi que la fermeture du débouché représenté par la restauration (vins, viande bovine, etc.). La figure ci-dessous présente les évolutions pour la viande bovine.

Évolution de la production nette de viande bovine de l'UE à 27 et consommation estimée

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Source : Parlement européen

La troisième partie du document, particulièrement riche, documente les impacts de la Covid-19 sur 11 secteurs étudiés (ex. du vin et de la viande bovine dans la figure ci-dessous). Elle présente de nombreuses données, à l'échelle européenne comme à l'échelle française, comparant l'année 2020 à la moyenne 2015-2019. On y lit par exemple que, pour le vin, en valeur sur cette période et pour la France, la production a baissé de 9 %, les exportations vers l'UE ont progressé de 3,2 % tandis que celles à destination des pays tiers ont baissé de 6,8 %. La première vague de la pandémie a également engendré un surplus non vendu d'un milliard de litres, d'où une perte de valeur de 12 % entre mars et juin 2020 sur le prix moyen au litre (de 3,05 € à 2,69 €).

Comparaison de la production et des échanges commerciaux entre la moyenne 2015-2019 et l'année 2020 pour les États membres principaux producteurs et exportateurs de vins (tableau a) et de viande bovine (tableau b)

a)

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b)

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Source : Parlement européen

Lecture : hors animaux vivants pour le tableau b). * : valeur absolue ; ** : évolution.

Enfin, les auteurs analysent les effets des mesures mises en place par l'UE et par les États membres. Ils jugent que l'Union a bien su préserver l'intégrité du marché unique, mais que les mesures adoptées dans le cadre de la PAC ont eu des effets mitigés, étant différemment mises en œuvre selon les pays. De plus, la charge économique de la crise pèse massivement sur leurs finances publiques : le soutien de l'UE a été de 80 millions d'euros (aide au stockage privé), contre 63,9 milliards par les États membres. Les auteurs recommandent donc d'analyser pourquoi les mesures prises au titre de la PAC n'ont eu qu'un effet limité, et de mettre en place des programmes d'assistance alimentaire aux plus démunis, en réponse aux impacts de la crise.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

16:23 Publié dans 4. Politiques publiques, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : union européenne, covid-19, vin, viande bovine |  Imprimer | | | | |  Facebook

Jean-Marc Moriceau, La mémoire des paysans. Chroniques de la France des campagnes. 1653-1788, Paris, Tallandier, 2020, 736 pages

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En avril dernier, de fortes gelées ont touché les cultures de nombreuses régions, entraînant d'importants dégâts et suscitant moultes discussions sur les aléas météorologiques et les manières de s'en protéger. Malgré l'étonnement de certains médias, ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il gelait tardivement en France. Les « méchancetés » de la nature ont toujours existé et, en la matière, célébrer l'inédit peut être le signe d'un manque de mémoire. Voici un enseignement, parmi d'autres, qu'on tirera de la lecture de ce livre passionnant, qui compile un siècle et demi (1653-1788) de témoignages sur la vie des paysans : journaux familiaux, registres de curés ou notaires, écrits techniques et agronomiques, livres de comptes, inventaires, chroniques diverses.

Quelques grands thèmes dominent cette masse documentaire. Le premier, hégémonique, concerne les épreuves climatiques : ordre des saisons, « dérangements du temps », sécheresses, incendies, et plus souvent encore excès d'humidité, inondations, printemps et étés pourris, gros ou longs hivers, avec tous leurs effets sur les récoltes de grains, fourrages et raisins. Le deuxième thème touche à la possession et à l'entretien des animaux, depuis les soins, le commerce et le renouvellement des cheptels, jusqu'aux maladies et épizooties. Les archives campagnardes attestent aussi de l'acuité de la « question alimentaire », vue sous l'angle des stocks et des circuits d'approvisionnements, des prix et des fraudes, des grandes famines. Ces repères mémoriels permettent également de percevoir les principales évolutions de l'activité agricole : techniques de culture, rapports à la nature, nouveaux régimes de propriété et de concentration des exploitations, expansion de l'agriculture commerciale. Enfin, plus généralement, la vie rurale transparaît bien au fil des pages, qu'elles aient trait aux impôts, aux inégalités sociales, à la famille ou à la religion, à la diffusion des biens de consommation ou aux attaques de loups.

Cette mémoire paysanne insiste donc surtout sur les malheurs du temps. Elle nous montre les masses silencieuses dans leur diversité, dans leurs variations régionales aussi, puisqu'on perçoit nettement les écarts de développement entre provinces. Faire remonter ainsi les témoignages villageois permet de voir le travail agricole au quotidien, dans son espace géographique et social. Et contrairement aux préjugés sur l'immobilité du rural, les 1 400 moments de vie offerts et commentés par Moriceau confirment que cette France aussi n'a jamais cessé de changer et d'innover.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Tallandier

16:22 Publié dans Agriculteurs, Environnement, Exploitations agricoles, Territoires | Lien permanent | Tags : mémoire, paysans, nature, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'agriculture biologique peut-elle nourrir la planète avec les ressources azotées disponibles ?

Des études récentes considèrent que l'agriculture biologique (AB) pourrait nourrir la population mondiale en 2050. Toutefois, elles ne tiennent pas compte de la disponibilité des ressources en azote pour l'AB et surévaluent donc son potentiel de production. Dans un article publié en mai dans la revue Nature Food, des chercheurs étudient la possibilité d'une transition globale et massive vers l'agriculture biologique, en prenant en compte ce facteur limitant.

Les auteurs utilisent un modèle biophysique d'optimisation linéaire (GOANIM) qui maximise, pour chaque unité géographique, la production en AB étant donné la quantité d'azote organique disponible. 216 scénarios sont ensuite comparés à un scénario de référence dans lequel la production repose à 100 % sur l'agriculture conventionnelle. Ces scénarios diffèrent selon 6 critères : i) la part de la surface agricole dédiée à l'AB ; l'utilisation d'azote issu ii) des eaux usées et iii) d'exploitations d'élevage conventionnel ; iv) la reconception des systèmes d'élevage ; v) un changement de régime alimentaire ; vi) une réduction des pertes alimentaires.

Les résultats montrent qu'une conversion totale à l'AB diminuerait la production alimentaire de 36 % par rapport au scénario de référence, avec une forte variabilité selon les régions. Il serait donc impossible, selon les auteurs, de nourrir la population mondiale avec une agriculture 100 % biologique, même en réduisant complètement les pertes alimentaires. Cependant, il serait possible d'atteindre cet objectif avec 60 % d'AB si des changements étaient mis en œuvre à la fois du côté de la production (ex. : possibilité d'utiliser de l'azote issu d'élevages conventionnels ou d'eaux usées) et de la consommation (ex. : changement de régime alimentaire) (figure ci-dessous). Convertir 20 % de la surface agricole mondiale serait même possible sans modifier la demande ni la réglementation sur les sources d'azote autorisées en AB.

Possibilités de réalisation des différents scénarios 

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Source : Nature Food

Lecture : chaque cellule représente un scénario (tous les scénarios ne sont pas représentés). Les chiffres dans chaque cellule indiquent la quantité moyenne d'azote nécessaire pour que la production biologique couvre la demande alimentaire mondiale (kgN/ha). Les scénarios sont classés selon quatre catégories : réalisable (vert foncé - production plus élevée que la demande), probablement réalisable (vert clair - production inférieure à la demande de moins de 5 %), probablement réalisable (orange - production inférieure à la demande de plus de 5 % mais de moins de 8 %) et irréalisable (rouge - production inférieure de plus de 8 % à la demande). Le scénario correspondant à une transition totale de l'agriculture vers l'AB est présenté dans la dernière ligne.

Les auteurs soulignent enfin l'importance de restructurer les systèmes d'élevage pour le développement de l'agriculture biologique. Selon eux, il faudrait notamment les réorienter vers des élevages ruminants et mieux les répartir sur le territoire pour favoriser le bouclage du cycle de l'azote. Ces observations contrastent avec les résultats d'autres études qui s'appuient sur une baisse drastique de la taille du cheptel, ignorant ainsi le rôle crucial de l'élevage comme source d'intrants pour l'AB.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Food

14/06/2021

Modéliser les arbitrages entre court et long termes : le cas de l'agriculture ghanéenne

Des chercheurs ont évalué sur les court, moyen et long termes, l'évolution d'un site « climat-intelligent », lancé par le CGIAR en 2011, destiné à promouvoir et suivre les changements de pratiques agricoles dans sept villages au nord du Ghana. À l'aide d'un modèle quantitatif ont été estimées, sur plusieurs décennies (de 2011 à 2061), les conséquences des pratiques, technologies et politiques actuelles, ainsi que celles des évolutions démographiques et climatiques, sur l'atteinte de trois objectifs :

- L'augmentation de la productivité agricole et des revenus pour améliorer la sécurité alimentaire des générations présentes et futures, évaluée en observant les évolutions des rendements, de la production et des bénéfices tirés du maïs, ainsi que celles de la disponibilité alimentaire et de la biomasse. Le choix du maïs se justifie par l'importance de sa culture sur le site, bénéficiant de fortes subventions publiques et ayant un impact important sur la sécurité alimentaire.

- L'adaptation et la résilience au changement climatique, évaluées à partir de la dynamique du nombre de foyers ayant recours à des pratiques de gestion climat-intelligentes des terres et des sols, et des hectares concernés.

- L'atténuation du changement climatique, mesurée à l'aune des émissions et séquestrations de gaz à effet de serre (GES).

Le système a d'abord été caractérisé à l'aide d'un diagramme de boucles causales représentant les schémas mentaux des agriculteurs et des scientifiques du CGIAR impliqués dans le projet (figure ci-dessous). Celui-ci a ensuite été traduit en diagrammes de stocks et de flux servant de base à une modélisation réalisée sur six sous-modèles : population ; biomasse ; changements d'usage des terres ; production de maïs, pratiques et technologies ; profit brut lié au maïs ; émissions de GES.

Diagramme de boucles causales représentant les schémas mentaux des agriculteurs et des scientifiques

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Source : Agricultural Systems

Lecture : les flèches indiquent des causalités, les signes + et – le sens des relations entre les variables. Les lignes doubles sur les flèches indiquent un délai de réponse au stimulus.

Les conclusions de l'étude montrent qu'en dépit des progrès réalisés sur le court terme pour la productivité et les revenus, des impacts négatifs apparaissent pour l'atténuation des émissions. Par ailleurs, l'augmentation des subventions pour l'utilisation d'intrants pour le maïs modifie les dynamiques du système (figure ci-dessous), augmente la dépendance à cette culture et finit par accroître, après 2030, la vulnérabilité aux changements climatiques et socioéconomiques ainsi qu'aux événements climatiques extrêmes.

Adaptation et résilience au changement climatique sur la période 2011-2061: surfaces en maïs et nombre de foyers selon le recours aux pratiques d'agriculture climat-intelligente et selon l'utilisation d'intrants

ghana,agriculture,cgiar,climat

Source : Agricultural Systems

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Agricultural Systems

Prospective du système alimentaire britannique à l'horizon 2050

Quels sont les futurs possibles pour un système alimentaire britannique compatible avec l'Accord de Paris et les Objectifs de développement durable (ODD) à l'horizon 2050 ? Le programme Global Food Security (GFS) apporte des réponses en publiant une prospective par scénarios, fruit des travaux d'un groupe de 22 experts (recherche, industrie, État).

Selon les auteurs, deux variables seront déterminantes : d'une part la globalisation, qui pourrait soit se poursuivre sous de nouvelles formes, soit connaître un repli profond en raison des tensions géopolitiques ; d'autre part le degré de prise en compte des ODD, avec une focalisation stricte sur la réduction des gaz à effet de serre (GES), ou bien une approche plus globale incluant biodiversité, paysages, santé, etc. Quatre scénarios contrastés en résultent.

Dans le scénario « Neutralité carbone », avec la « déglobalisation », le Royaume-Uni ne peut plus compter sur les importations pour se nourrir. L'autosuffisance est assurée par des « méga-fermes » étatiques géantes et automatisées, avec peu de main-d’œuvre, et intégrées à des réseaux logistiques. Ultra-efficientes, elles permettent de limiter l'inflation alimentaire et de réduire les GES.

Dans « Système alimentaire communal », l'instabilité géopolitique pousse les Britanniques à relocaliser en partie la production. La diversification des cultures les rend plus résilientes aux chocs climatiques, et assure une relative variété de produits pour les consommateurs et une amélioration de la biodiversité. Les marchés régionaux et la saisonnalité des produits dominent le système alimentaire.

Dans « Système alimentaire commercial », le Royaume-Uni dépend des importations. Les exploitations familiales ont disparu. Une logistique pilotée par l'intelligence artificielle assure des approvisionnements stables, mais la taxe carbone réduit la disponibilité des produits les plus émetteurs de GES (viande, riz paddy), sauf pour les plus riches. Les œufs et le café, par exemple, deviennent rares et chers.

Enfin, dans le scénario « Système alimentaire collaboratif », les consommateurs se sont résolument tournés vers des régimes sains (food litteracy). Les chaînes de valeur globales, autrefois purement économiques, sont maintenant co-gérées par les citoyens co-propriétaires. Les exploitations sont moins productives mais plus efficientes, avec des meilleures performances environnementales.

Sur cette base, le rapport propose des priorités politiques et un agenda pour la recherche.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security programme, Global Food Security programme, Global Food security programme

Camille Adamiec, Marie-Pierre Julien, Faustine Régnier, L'alimentation au fil des saisons. La saisonnalité des pratiques alimentaires, 2020, Presses universitaires François-Rabelais, 240 pages

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« ''Il n'y a plus de saisons'', ''le climat va changer'' : jadis peur irrationnelle et aujourd'hui crainte infondée, les saisons sont toujours apparues comme précaires et leur régularité menacée ». M. de la Soudière débute ainsi l'avant-propos de cet ouvrage collectif, dirigé par C. Adamiec, M.-P. Julien et F. Régnier. Il rappelle comment les saisons n'ont cessé d'être réinventées, avec des variations selon les époques et les sociétés. Nouvel impératif largement relayé, elles sont aujourd'hui « à la mode », mais les variations des pratiques alimentaires associées restent peu connues.

Les contributions réunies dans cet ouvrage éclairent, sous des angles variés et complémentaires, les choix et contraintes dus aux rythmes alimentaires saisonniers (partie 1), puis les enjeux socio-économiques (partie 2). Elles mettent en évidence les multiples modalités liées à ce qui relève à la fois d'un phénomène naturel et de constructions sociales et culturelles. Les auteurs montrent ainsi « comment notre société qui a industrialisé les productions, distributions et consommations alimentaires, s'organise toujours autour de saisonnalités, alors même qu'elle a mis un point d'honneur à s'en émanciper ». Retenons par exemple le chapitre de F. Régnier, qui s'appuie sur l'analyse de données d'achats des ménages français et sur celle de l'évolution de requêtes sur le moteur de recherche Google (Google trends). La persistance de rythmes saisonniers est liée à des calendriers de production (ex. primeurs, fruits exotiques), à des faits culturels (fêtes) ou sociaux (ex. injonctions printanières à la minceur). Les opérations marketing peuvent renforcer certains de ces effets. Toutefois, des situations contrastées sont constatées, comme entre produits de consommation courante (ex. condiments) et à forte variabilité temporelle (ex. fruits et légumes, chocolats), et ce y compris au sein d'une même catégorie (ex. volaille mangée entière ou en filets). Des saisons « longues » se distinguent alors de pics de consommation.

Dans sa conclusion, C. Lamine souligne les « tensions entre effacement, maintien et réaffirmation ». Pour elle, la saisonnalité est multifactorielle, puisqu'elle relève aujourd'hui à la fois d'innovations techniques (pour s'en affranchir ou pour « re-saisonnaliser »), du « gouvernement des conduites » par les normes associées, d'aspects politiques et partisans, ou encore de débats sur le changement climatique.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses universitaires François-Rabelais

16:14 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, IAA, Société | Lien permanent | Tags : saison, alimentation, consommation |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2021

Collaborer avec le marché : les stratégies des associations végétariennes en France

La Revue française de sociologie consacre un numéro, mis en ligne en mai 2021, aux relations entre mouvements sociaux et acteurs économiques. L'introduction du dossier souligne les « continuités, imbrications et transferts entre ces deux mondes » : positionnements militants à l'intérieur des entreprises, mise sur le marché de produits vertueux, certifications et labels permettant une consommation engagée, mécanismes de responsabilité sociale, philanthropie et action des fondations, etc.

L'article de S. Dubuisson-Quellier (Sciences Po) et N. Kabouche (université de Neuchâtel), sur les stratégies des associations végétariennes, illustre leur répertoire d'action axé sur la « collaboration » avec les entreprises et la « transition » vers une alimentation végétalisée. L'enquête, menée en 2018-2019, porte sur deux associations anonymisées, l'une intervenant essentiellement sur le registre de l'expertise, l'autre connue pour des actions plus conflictuelles en faveur du véganisme et de la cause animale. Ont également été interviewés des représentants d'entreprises visées par ces mouvements (startups, restaurateurs, responsables marketing).

Les auteurs détaillent les opérations menées. La première association se fait rétribuer pour une prestation de service (labellisation) et fournit divers services aux entreprises de l'agroalimentaire (veille réglementaire, information sur les attentes des communautés militantes). Pour la deuxième structure, il s'agit au contraire de services rendus gratuitement aux consommateurs, via son site internet, sous la forme d'une notation des grandes chaînes de restauration. Cet outil est aussi utilisé pour essayer d'engager un dialogue avec l'entreprise, et si possible un accompagnement de ses démarches de végétalisation. Est également développé un système de référencement en ligne des petits restaurants. Ici, l'association met le client en relation avec des fournisseurs, s'engage à « remplir la salle » lors de soirées-tests, etc.

Si les associations forment un « pont entre différents acteurs du monde marchand », leurs actions semblent aussi favorisées par une proximité sociale entre les militants et leurs homologues en entreprise. À mesure que la cause se développe, les passages d'un monde à l'autre sont d'ailleurs de plus en plus fréquents au cours des carrières – un phénomène repéré également, par exemple, par d'autres travaux sur la compensation carbone.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Revue française de sociologie

Série documentaire sur le patrimoine alimentaire afro-américain

Les 26 et 27 mai derniers, Neflix diffusait une mini-série documentaire, « Comment la cuisine afro-américaine a changé les États-Unis », inspirée d’un ouvrage de Jessica Harris, historienne de l’alimentation et professeur des universités (disponible en replay). Ce programme documente, dans un savant mélange d’érudition et de moments gourmands, la contribution des pratiques culinaires afro-américaines au patrimoine alimentaire états-unien. La série débute au Bénin, jadis Royaume du Dahomey, lieu de regroupement et de départ des esclaves vers les Amériques. À la traite sont associées la découverte et l’appropriation, par les hommes du Nouveau monde, d’ingrédients qui occuperont par la suite une place importante dans les cuisines (afro-)américaines : l’ocra, l’igname, le piment, le haricot cornille et la féverole.

Le deuxième épisode nous emmène à Charleston (Caroline du Sud), point d’arrivée de centaines de milliers d’esclaves. Parce qu’ils cultivaient le riz dans leurs contrées d’origine, ces femmes et hommes ont largement contribué à la production de cette céréale dans la région et en particulier à la naissance du fameux Carolina Gold. En outre, les esclaves se nourrissaient des restes des repas de leurs propriétaires (dans le meilleur des cas les pieds, queues et intestins de porcs) savamment cuisinés, pratiques alimentaires qui ont donné naissance à la soul food.

Des esclaves préparant un repas

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Source : document d’archive, Netflix

Celle-ci est revisitée par des jeunes chefs cuisiniers afro-américains ou plus simplement  par des amateurs qui se réclament des héritages légués par leurs ascendants (troisième épisode). Au Hatchet Hall, restaurant de Los Angeles, sont reproduites les techniques culinaires des chefs Hemings et Hercules qui officiaient auprès des présidents Washington et Jefferson : cuisson sur la flamme directement dans l’âtre, sauce mijotée sur une cuisinière potager, dispositif rapporté de France ; utilisation des parties les plus nobles de l’animal auxquelles leurs aînés n’avaient pas accès. La tarte à la patate douce et le pepper pot, originaires des Antilles, témoignent d’un passé toujours présent, tandis que le lapin braisé accompagné de carottes rôties au feu de bois sur du gruau grillé ou le pain de maïs aux betteraves fumées s’inscrivent dans le renouveau des pratiques culinaires héritées de cette histoire singulière.

Capture d’écran du blog de Gabrielle Eitienne, qui « partage les leçons des aînés en organisant des dîners communautaires »

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Source : Netflix

Soulignons enfin que les ingrédients de la soul food et l’histoire de celle-ci présentent des points communs avec le patrimoine alimentaire de la Caraïbe et la manière dont il est aujourd’hui revisité.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Netflix

Coûts de transaction et choix du mode de commercialisation de producteurs d’anacarde au Bénin

Dans un article publié dans la revue scientifique Cahiers Agricultures, P. Kokou Degla et J.H. Ahodode, chercheurs à l’université de Parakou au Bénin, présentent les résultats d’une étude menée auprès de 122 producteurs d’anacarde dans le nord-ouest du pays.

En considérant les coûts de transaction comme éléments nécessaires à l’analyse économique de la filière, ils ont testé l’hypothèse de la « préférence des acteurs pour le mode de coordination minimisant les coûts de transaction dans un processus d’échange ». Ceux retenus dans leur étude sont directement liés au processus de commercialisation du produit, soit « les coûts de recherche et d’information, les coûts de négociation et de décision et les coûts de surveillance et d’exécution des contrats ».

L’ensemble de ces coûts atteint, en moyenne, 43 francs CFA/kg pour une vente collective et 93 francs CFA/kg pour une vente individuelle. La moindre mutualisation des coûts, dans la vente individuelle, ainsi que la multiplication des contacts avec les acheteurs, afin d’écouler de petites parties du stock au fil de la campagne, expliquent cette différence.

Les auteurs décrivent une très forte asymétrie d’informations entre de multiples producteurs et un faible nombre d’acheteurs. Le développement de coopératives ou d’autres structures de vente collective permettrait de la réduire ; pourtant, 62 % des producteurs de l’échantillon vendent leurs produits individuellement. Dans certains cas, ils ne connaissent pas l’existence de ces coopératives – parfois constituées par des ONG et des acteurs du développement, sans implication des agriculteurs dans leur conception – ou les avantages qu’elles peuvent apporter pour la commercialisation. Les auteurs mettent aussi en avant le coût financier de l’adhésion ainsi que la moindre liberté de décision et d’action des vendeurs engagés dans ces structures. Les liens familiaux entre producteurs et acheteurs constituent également un frein à la vente collective. De plus, les préfinancements ou les crédits proposés par les acheteurs aux agriculteurs rendent ces derniers captifs. Enfin, dans d’autres cas, des expériences passées de malversations au sein de structures collectives n’incitent pas les producteurs à les rejoindre malgré le développement de meilleurs dispositifs de contrôle.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Cahiers Agricultures

Choisir la meilleure stratégie d'intervention contre l'isavirus du saumon : l'appui de la modélisation

Afin d'améliorer la santé des poissons et diminuer les coûts d'intervention sanitaire, les auteurs d'un article de Preventive Veterinary Medicine ont modélisé différentes stratégies de prévention et de lutte contre l'isavirus du saumon (ISA), responsable d'anémie infectieuse. Les simulations sont alimentées par des données de 1 475 élevages norvégiens de saumons atlantiques (93 % des élevages) et de truites arc-en-ciel, entre 2004 et 2019. 142 épizooties dues à l'ISA ont eu lieu au cours de cette période.

6 scénarios sont simulés : aucune stratégie d'intervention (1a) ; vaccination obligatoire de tous les poissons sans intervention en cas de crise (1b) ; abattage obligatoire de l'ensemble des poissons 6 semaines après détection des symptômes (2a) ; vaccination obligatoire, en plus de 2a (2b) ; dépistage obligatoire de 20 poissons par ferme toutes les 4 semaines et abattage obligatoire 6 semaines après occurrence d'au moins un test positif (3a) ; vaccination obligatoire en plus de 3a (3b). Chaque scénario est simulé sur une période de 10 ans et lancé 200 fois, afin de faire une étude statistique de l'évolution de l'ISA sur cette période (figure ci-dessous). Le scénario 2a, similaire aux pratiques qui prévalent actuellement, sert de référence pour l'analyse des résultats.

La stratégie 1b (vaccination seule) semble aussi efficace que celle de référence : elle réduit de 80 % le nombre moyen de cas par rapport à une absence de stratégie (1a). L'intérêt de la vaccination diminue lorsque des stratégies plus strictes sont mises en œuvre (2b et 3b par rapport à 2a et 3a).

En plus des éléments de comparaison apportés par le modèle, les auteurs soulignent l'importance de considérations économiques, relatives à l’image des filières et au souci du bien-être animal, qui peuvent amener à préférer une stratégie moins efficace mais plus acceptable par les parties prenantes. Par exemple, les fermes aquacoles élèvent un très grand nombre de poissons, ce qui rendrait coûteuse leur vaccination systématique. Cette dernière serait donc intéressante économiquement, selon les auteurs, dans les zones où les risques d'infection par l'ISA sont très élevés et justifient les coûts.

Nombre moyen de foyers d'anémie infectieuse du saumon en fonction du temps

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Source : Preventive Veterinary Medicine

Lecture : en noir, les enregistrements réels du nombre de foyers entre 2015 et 2019 et, en couleurs, les résultats des simulations des scénarios.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Preventive Veterinary Medicine

Consensus sur une définition des postbiotiques

Dans un article publié en mai 2021, l'International Scientific Association of Probiotics and Prebiotics (ISAPP) propose une définition du terme « postbiotique », après avoir fait de même pour probiotique, prébiotique et synbiotique. Constatant l'augmentation exponentielle de l’utilisation de ce terme ou de termes recouvrant le même concept dans la littérature scientifique (figure ci-dessous), l'association a souhaité le préciser. Comme précédemment, elle a pour cela réuni un large échantillon de scientifiques du monde entier et de disciplines médicales, afin d'aboutir à un consensus.

Évolution de l'utilisation du terme « postbiotique » dans la littérature scientifique

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Source : Nature Review Gastroenterology and Hepatology

Lecture : différents termes ont été utilisés dans la littérature depuis vingt ans pour désigner des micro-organismes inactivés ou tués. Depuis cinq ans, le terme postbiotique les a tous largement supplantés.

Les experts définissent un postbiotique comme une « préparation de micro-organismes inanimés et/ou de leurs composants, conférant un bénéfice en termes de santé pour le receveur ». Ils précisent qu'il s'agit de micro-organismes délibérément inactivés, accompagnés ou non de métabolites ou de composants cellulaires. Les métabolites seuls, les vaccins et les probiotiques tués ne sont pas des postbiotiques. Le bénéfice pour le receveur, homme ou animal, doit être vérifié. Le site d'action n'est pas limité au tractus digestif. Implicitement, le postbiotique ne doit pas être dangereux pour l'usage considéré.

Cinq modes d'action des postbiotiques ont aussi été étudiés, par exemple concernant le microbiote intestinal (figure ci-dessous). Ils peuvent agir directement sur la composition du microbiote local en modulant la part relative des différentes espèces présentes (1). Sur le site cible, ils peuvent renforcer la barrière épithéliale (2) et/ou moduler la réponse immunitaire locale (3). Ils peuvent également provoquer une réponse systémique, immunitaire (3) ou métabolique (4). Enfin, ils peuvent utiliser l'axe microbiote-cerveau pour stimuler la sécrétion de neurotransmetteurs ou d'hormones (5).

Modes d'action présumés des postbiotiques

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Source : Nature Review Gastroenterology and Hepatology

Les scientifiques envisagent quelques usages cliniques possibles qui devront être évalués : nouveaux antimicrobiens, anti-inflammatoires et immunorégulateurs, antalgiques en particulier pour lutter contre des douleurs digestives, adjuvants pour des vaccins.

Des études scientifiques ultérieures ainsi que des avis des autorités seront nécessaires pour réglementer l'usage de ce terme, y compris par les sociétés commerciales.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Review Gastroenterology and Hepatology

10/06/2021

Pascal Griset, Jean-Pierre Williot, Yves Bouvier, Face aux risques. Une histoire de la sûreté alimentaire à la santé environnementale, Éditions du Cherche-Midi, 2020, 208 pages

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Plus les risques régressent, au fil du temps, et plus ceux qui subsistent paraissent insupportables : c'est une des nombreuses leçons qu'enseigne cet ouvrage, fort intéressant, consacré à l'histoire des menaces alimentaires, industrielles et environnementales, mais aussi aux réponses scientifiques et institutionnelles qui leur ont été apportées. Centré sur la France, il couvre une longue période allant du milieu du XVIIIe siècle à aujourd'hui, et décrit aussi bien la diffusion des dangers et des pathogènes que les impacts sur les populations, les avancées techniques ou juridiques, les représentations culturelles des périls et du progrès.

Édité dans un grand format, il vaut d'abord pour sa riche iconographie, constituée de gravures, peintures, dessins, affiches, graphiques, photos. Ces nombreux documents d'époque, peu connus ou rarement vus, montrent bien les contextes, les ambiances sociales et les attitudes des acteurs. Ils restituent aussi les manières, constamment changeantes, de voir un même péril.

Le texte délimite trois grandes phases. La première (1750-1950) voit la lente affirmation des préoccupations de sécurité sanitaire : approvisionnements alimentaires, questions de salubrité, premières structurations de réseaux professionnels, interventions plus ou moins hésitantes de la puissance publique. La deuxième phase (1950-1980) décrit les privations d'après-guerre puis la remise en cause de la société de consommation et les inquiétudes face à l'abondance et au productivisme. Ces années sont aussi marquées par une nouvelle organisation de la recherche scientifique et l'émergence de mouvements environnementalistes. La dernière période (1980-2020) est celle de la convergence des problèmes publics de santé, d'alimentation et d'environnement, qui entraîne une redéfinition et une réorganisation des actions de l'État, et en particulier la création de nouvelles agences et autorités administratives indépendantes. L'approche globale s'impose aujourd'hui de plus en plus et les procédures d'expertise et de décision sont réformées en conséquence.

Ce livre montre clairement que le risque et l'assurance ont toujours formé un couple indissociable. La menace appelle la protection qui, en retour, renforce la sentiment de menace. La science et les pouvoirs publics sont pris dans ce mouvement ininterrompu, qui est le propre du progrès. Le livre atteste aussi que les problèmes de santé publique, une fois définis et délimités, trouvent de plus en plus rapidement leurs solutions : comme le disait Hölderlin, « là où croît le péril croît aussi ce qui sauve ».

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Cherche-Midi

Rapport sur la FoodTech en Europe : bilan des investissements 2020 et tendances

Le rapport annuel de la société de conseil DigitalFoodLab, publié en mai 2021, dresse un panorama de la FoodTech en Europe, sur la base des investissements consacrés en 2020. Selon la définition retenue, la FoodTech regroupe « l'ensemble des entrepreneurs et des startups du domaine alimentaire qui innovent sur les produits, la distribution, le marché ou le modèle économique ».

Premier grand enseignement, la FoodTech a largement résisté à la crise du Covid-19, qui s'est même révélée être une opportunité pour certaines de ces startups. C'est le cas notamment des nouveaux acteurs du foodservice, les cloud kitchens : spécialisés dans l'achat de locaux, ils les aménagent en cuisines professionnelles, les louent à des restaurateurs en accompagnant leur prestation immobilière de conseils, de services et de logiciels dédiés. Plusieurs vagues de startups se sont succédées depuis 2014 (figure ci-dessous) : une première génération centrée sur la livraison de plats depuis des restaurants, une seconde l'élargissant aux courses à domicile, et une troisième en 2020, plus diversifiée (cloud kitchen, robotique, protéines alternatives, etc.) et caractérisée par des levées de fonds importantes dès les tout premiers mois d'activité.

Progression des investissements dans différents segments de la FoodTech en Europe

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Source : DigitalFoodLab

Globalement, les investissements mondiaux dans le secteur de la FoodTech (figure ci-dessous) ont augmenté de 28 % en 2020, la moitié d'entre eux revenant à des startups américaines. L'Europe ne représente elle que 12 % de ces investissements, mais elle maintient le montant record de ses levées de fonds de 2019 (2,7 milliards d'euros), concentrés sur quelques pays.

Évolution des investissements mondiaux dans la FoodTech et part européenne

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Source : DigitalFoodLab

Malgré une légère baisse des investissements, la Grande-Bretagne reste leader sur la zone regroupant l'Europe continentale, les îles britanniques et l'Islande. Elle est désormais suivie de près par la France, avec un total passant de 400 millions d'euros en 2019 à 600 millions en 2020, dont 60 % consacrés à l'alimentation animale à base d'insectes.

D'après DigitalFoodLab, les premiers mois de 2021 sont annonciateurs d'une année d'investissements records durant laquelle les cloud kitchens, les dark stores (centres de distribution et de préparation des commandes e-commerce installés au cœur des villes) et autres services de livraison devraient pérenniser leur développement. De même, les startups spécialisées dans les nouveaux aliments (insectes, fermentation de précision, agriculture cellulaire, etc.) sont à suivre particulièrement.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : DigitalFoodLab

09/06/2021

Quels risques à l'avenir pour la santé et la sécurité au travail dans les secteurs agricole et forestier ?

À la demande de l'Agence européenne de santé et sécurité au travail, des chercheurs ont réalisé une étude prospective sur les risques pour les travailleurs liés aux activités agricoles et forestières. À partir d'un état des lieux statistique, ils ont mené une large revue de littérature, complétée par la consultation d'experts dans de multiples domaines. Les principales conclusions de leur rapport ont été récemment publiées dans un Policy Brief.

Avec 24,5 morts par an pour 100 000 travailleurs en 2018, d'après Eurostat, le secteur forestier a le taux de mortalité le plus élevé des activités économiques et occupe le deuxième rang en matière de sinistralité (2 813 accidents non mortels pour 100 000 travailleurs). L'agriculture arrive en quatrième position (2 019 cas). Ces situations sont d'autant plus préoccupantes que plusieurs travaux font état d'une minoration des déclarations, liée à l'hétérogénéité des systèmes d'assurance et des concepts statistiques utilisés selon les pays, mais aussi à la diversité des types de travailleurs concernés. En effet, les accidents impliquant des retraités, des travailleurs occasionnels (membres de la famille) ou encore non déclarés, sont rarement imputés à l'activité. Au-delà, les auteurs identifient les différents risques pour la santé des agriculteurs et forestiers : usages de pesticides et produits chimiques, troubles musculo-squelettiques, nuisances sonores, etc.

Ils ont identifié les tendances ayant des impacts (positifs ou négatifs) sur le travail agricole ou forestier, dans divers domaines : technologie, environnement, sécurité alimentaire, économie, marché du travail. Ils ont ensuite examiné leurs possibles répercussions sur la santé et la sécurité des actifs. Une large part est faite aux apports potentiels de la technologie pour réduire les risques d'accidents graves et la pénibilité, comme par exemple par la cobotique, soulageant les travailleurs agricoles âgés. Il en est de même pour les défis posés par nombre d'innovations, qui peuvent augmenter les risques psychosociaux (isolement accru des actifs suite à la réduction des emplois liés à la robotisation, etc.). L'accroissement des sources de stress (voir figure) est d'ailleurs une préoccupation grandissante pour la prévention.

En conclusion, les auteurs formulent de nombreuses propositions pour les politiques agricoles et forestières, de santé et de sécurité au travail, de santé générale, ou de recherche et développement agricoles. Il s'agit, par exemple, d'intégrer la préoccupation de la santé et de la sécurité dans la réflexion sur l'amélioration du conseil agricole, ou de conditionner les aides de la PAC au respect des normes en matière de travail.

Les différentes sources de stress des agriculteurs

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Source : Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail