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16/11/2021

Une mission d'information du Sénat sur les enjeux et perspectives de la méthanisation

La méthanisation connaît un développement rapide en France : la production de biogaz a été multipliée par sept entre 2007 et 2018. Dans ce contexte, une mission d'information du Sénat a analysé les enjeux associés à cette production et formulé des recommandations.

La première partie du rapport fait un état des lieux. Elle montre que la méthanisation a bénéficié d'un cadre législatif et réglementaire incitatif (tarifs d'achat, fiscalité, aides à l'investissement). Cela a permis le développement initial de la filière, malgré des coûts de production élevés (90 à 100 €/MWh contre 25 €/MWh pour le gaz fossile). Ces dispositifs font toutefois l'objet d'une refonte, depuis quelques années, qui pourrait freiner ce dynamisme. En conclusion de cette partie, la mission déplore qu'il n'ait jamais été défini de « modèle français » de la méthanisation, permettant de clarifier ce qui en est attendu (types d'installation souhaités, place des cultures énergétiques, etc.). De ce fait, elle se voit assigner des objectifs nombreux et parfois contradictoires : soutien au revenu des agriculteurs, production d'énergie, développement économique, etc.

La seconde partie identifie les impacts positifs et négatifs de la méthanisation. Les sénateurs mettent d'abord en avant ses externalités positives : décarbonation du mix énergétique, renforcement de la souveraineté énergétique française, utilisation du digestat comme fertilisant, soutien à l'économie rurale (4 000 emplois directs et indirects en 2018, et jusqu'à 53 000 en 2030 selon le scénario le plus favorable). Ils pointent également les risques associés à la méthanisation : fuites de méthane, émissions de protoxyde d'azote, dégradation de la qualité des sols et des eaux, difficultés économiques pour les agriculteurs, développement des cultures à vocation énergétique au détriment des cultures alimentaires, pression foncière, etc.

En conclusion, la mission plaide pour un développement maîtrisé de la méthanisation, respectueux de l'environnement et utile aux agriculteurs. Elle formule 61 recommandations regroupées en cinq axes : clarifier les politiques publiques, structurer la filière, territorialiser les projets, améliorer les pratiques pour renforcer les externalités positives, prévenir les risques.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : Sénat

07:22 Publié dans 4. Politiques publiques, Energie, Territoires | Lien permanent | Tags : méthanisation, production energétique |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/11/2021

Vers une recrudescence des acquisitions de terres agricoles par des investisseurs étrangers ?

Plus de dix ans après l’envolée des acquisitions de terres agricoles par des investisseurs étrangers, suivie d’une relative accalmie, le rapport Land Matrix de septembre 2021 s’inquiète d’un éventuel rebond, porté par la reprise économique post-Covid.

L’initiative internationale Land Matrix Project surveille depuis 2009 l’étendue et la nature réelle de la « ruée vers les terres », en répertoriant et analysant les projets de transactions foncières supérieures à 200 hectares qui impliquent un transfert de propriété, de droit d’exploitation ou de contrôle de la terre. Le réseau a ainsi documenté des transactions portant sur près de 30 millions d’hectares entre 2000 et 2020. Ce troisième rapport se base sur l’analyse de ces données et sur une revue de littérature pour mieux comprendre les impacts variés des acquisitions de terres à grande échelle.

Les auteurs considèrent que les transactions foncières étrangères à grande échelle n’ont dans l'ensemble pas tenu leurs promesses en matière de développement rural. Elles s’accompagnent souvent de peu de bénéfices socio-économiques, en matière d'infrastructures, de productivité ou d'emploi (figure ci-dessous). De plus, elles portent atteinte aux forêts tropicales, aux habitats naturels et à la biodiversité, aux frontières agricoles de l’Amazonie, de l’Asie du Sud-Est et du bassin du Congo.

Création potentielle d’emplois à travers les acquisitions de terres à grande échelle (par type de culture)

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Source : Land Matrix

Lecture : calculs effectués sur la base de données de la Land Matrix. Pour les cultures et les régions sélectionnées, la superficie totale est de 13 168 545 ha. Seules les transactions conclues ont été incluses, à l’exception des transactions abandonnées. Seules sont présentées les données relatives aux cultures associées à un potentiel de création d’emplois supérieur à 50 000 et pour lesquelles au moins 15 transactions ont été conclues dans les régions sélectionnées.

Selon les analyses de Land Matrix, ces terres acquises sont cultivées majoritairement pour approvisionner les marchés internationaux de produits de base. Elles accueillent en particulier près de 20 % de la surface mondiale de production d’huile de palme, 10 % de celles de caoutchouc et de betterave à sucre, 5 % de celle de canne à sucre, contre moins de 1 % de celle cultivée en maïs, blé et riz. Les productions agricoles issues de ce foncier ont donc un effet limité sur la sécurité alimentaire, mais elles provoquent une augmentation de la concurrence pour les terres.

Les auteurs de ce rapport montrent l’urgence de repenser les modalités d’acquisitions de terres à grande échelle, pour les transformer en contributions responsables et durables à un développement qui respecte les droits humains et l’environnement. Land Matrix présente ainsi 11 recommandations politiques pour l’avenir, à consulter en ligne.

Soulignons enfin la disponibilité des données sur le site internet de Land Matrix, permettant de visualiser les tendances à l'échelle mondiale ou nationale.

Cécile Poulain, Centre d'études et de prospective

Source : Land Matrix

Laurent Davezies, L'État a toujours soutenu ses territoires, Éditions du Seuil, 2021, 108 pages

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Ce livre questionne la réalité de certains débats sur la « fracture territoriale » ou « l'abandon des territoires ». Les rapports entre ville et campagne ont toujours été au cœur des préoccupations françaises, et les nouvelles revendications ne font que réactiver des questions anciennes. Amplifiées par les médias et les réseaux sociaux, elles tournent autour de la « métropolisation de la France », du « creusement des inégalités », de la « relégation du rural », de l’abandon des « zones périphériques » par le centre parisien. Mais qu'en est-il vraiment ? Les disparités géographiques sont-elles en train de se creuser ?

L'ouvrage de Davezies aborde de nombreux sujets et on se centrera volontairement ici sur le rural. L’auteur confirme d’abord que le dynamisme des zones urbaines a un effet direct d'entraînement de leur pourtour en matière de revenus, services, équipements, logement, transports et protection sociale. Quand la ville va bien son hinterland est dynamique, quand elle va mal le rural proche rencontre des difficultés. Il y a aussi 7 000 communes que l'Insee appelle « isolées hors influence des pôles ». Représentant un quart des « communes rurales », elles se situent autour d'une diagonale allant de la Lorraine aux Landes. Elles regroupent 5 % de la population française hexagonale (2,9 millions d'habitants), sur 26 % de sa superficie. On y trouve certes des personnes âgées isolées, des emplois vulnérables, une agriculture qui souffre, mais tout n'y va pas si mal : elles aussi commencent à entrer dans les zones d'attraction des aires urbaines, à gagner des emplois non marchands et des actifs navetteurs. De 1968 à 1999 elles avaient perdu 455 000 habitants ; de 1999 à 2016 elles en ont regagné 70 000. Tout cela a permis une progression du pouvoir d'achat de ces populations, dorénavant très proche de la moyenne de la France de province.

Il y a donc en France des territoires qui connaissent des difficultés, mais en aucun cas des territoires abandonnés par la puissance publique. Des activités et des familles sont parties mais les mécanismes protecteurs sont restés, et ils n'ont pas cessé de s’amplifier. La situation des ménages dépend aujourd'hui plus de la circulation privée et publique des revenus que de la création de richesses sur les territoires. Comme le dit Davezies, il est donc « curieux de prendre l'État pour cible », alors qu'il reste le principal aménageur des espaces rendus vulnérables par la désertion des entreprises. Aux yeux de l’opinion, les responsabilités du marché sont invisibles, mais les culpabilités de l'État sont d'avance acquises…

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Éditions du Seuil

07:25 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : territoires, rapport ville campagne, ruralité, géographie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Pistes de la Cour des comptes pour accompagner la transition agro-écologique

La Cour des comptes a engagé une série de travaux qui ciblent plusieurs grandes politiques publiques (universités, retraites, etc.), contribuant ainsi à sa mission constitutionnelle d’information des citoyens. À cet égard, en s'appuyant sur ses travaux et ceux de son homologue de l'Union européenne, elle a publié en octobre 2021 une note relative aux leviers d’action pour accompagner la transition agro-écologique, en particulier ceux de la Politique agricole commune. L’objectif de ce travail est de contribuer au débat public prévu à l’automne 2021 concernant la déclinaison nationale de la nouvelle PAC.

Les auteurs rappellent que des objectifs environnementaux ont été introduits dans la PAC, depuis 2015, et mis en œuvre via différents types de mesures comme la conditionnalité et les « paiements verts » pour le premier pilier, ou les aides à l’agriculture biologique et les Mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) s’agissant du second pilier. Ils pointent des résultats environnementaux modestes dans la mise en œuvre en France de ces mesures, dont la majorité est concentrée sur 9 % de la Surface agricole utilisée (SAU).

Mesures de la PAC en France en faveur de l’environnement, selon les montants et les surfaces concernées (moyenne annuelle 2015-2019)

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Source : Cour des comptes

Pour les auteurs, bien que le volume des paiements soit important, les effets concrets du verdissement restent très limités, en partie en raison de l’absence d’objectifs mesurables et de la trop grande souplesse permise dans son application. En outre, la performance environnementale mesurée à l’aune des rares indicateurs disponibles reste mitigée. Ainsi, si la SAU en agriculture biologique a doublé depuis 2010 pour atteindre 9,5 %, elle reste inférieure à l’objectif affiché de 15 % par le plan Ambition bio 2022.

Attendu que la nouvelle PAC prévoit un renforcement des exigences environnementales et que la transition agro-écologique apparaît comme un axe prioritaire pour la France, la Cour émet différentes recommandations. Pour le premier pilier, elle propose par exemple de prévoir des modalités exigeantes d’accès aux éco-régimes. À cet égard, le label Haute valeur environnementale de niveau 3 (HVE 3) permet d’y accéder alors que les garanties environnementales qui lui sont associées sont jugées insuffisantes à ce stade. Plus généralement, la Cour recommande de s’inscrire dans une dynamique systémique par la mobilisation de l’ensemble des leviers disponibles.

Principaux leviers d’action pour accompagner la transition agro-écologique

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Cour des comptes

Johann Grémont, Centre d’études et de prospective

Source : Cour des comptes

07:20 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : maec, paiements verts, cour des comptes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Utilisation du big data et des systèmes d'aide à la décision en hygiène alimentaire

Publié récemment dans Trends in Food Science and Technology, un article de chercheurs irlandais fait une revue de littérature sur l'usage du Big Data et des Systèmes d'aides à la décision (SAD) pour l’évaluation du risque sanitaire en alimentation, plus spécifiquement lié au changement climatique. Il a en effet des conséquences sur la sécurité alimentaire, en particulier au niveau microbiologique. À partir de 4 bases de données bibliométriques, les auteurs ont identifié 856 articles parus entre 1995 et 2021, pour en retenir finalement 92 portant sur les thèmes analysés.

De nombreuses sources d'informations et de données sur l'alimentation existent (recherche, données recueillies tout au long de la chaîne alimentaire), fournissant des éléments de natures diverses : propriétés physico-chimiques, règles juridiques, caractéristiques économiques, etc. (figure ci-dessous). Les techniques d'exploration de données (data mining) en évaluation des risques alimentaires associent l'intelligence artificielle, l’apprentissage automatique (machine learning) et l'apprentissage profond (deep learning). Elles évaluent la probabilité de la présence de pathogènes ou de contaminants, en explorant les facteurs environnementaux qui augmentent le risque de leur présence à toutes les étapes, de la fourche à la fourchette.

Réseau des sources et des types d'informations alimentaires

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Source : Trends in Food Science and Technology

Parmi les menaces documentées, le changement climatique affectera température et taux d'humidité, deux facteurs favorisant le développement de mycotoxines dans les céréales, qui consommées par les vaches peuvent ensuite se retrouver dans leur lait. Or, cette filière fait l'objet de très nombreuses collectes de data, et leur traitement à l'aide de SAD permet par exemple de tracer et d'identifier avec précision les sources de contaminations à l'aflatoxine B1, et donc de retirer à la fois le lait produit de la chaîne alimentaire et les céréales de la ration des animaux concernés.

Le développement d'outils associant big data et SAD est promu dans divers programmes de recherche (programme européen H2020, projet néerlandais RICHFIELDS, etc.). Les auteurs font trois recommandations pour les améliorer : i) le recours renforcé à des outils d'analyse automatique de documents, actuellement sous-utilisés ; ii) l'utilisation de la plateforme de recueil de données sur la consommation des Européens, lancée en 2021 par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui peut se faire via des applications mobiles ; iii) le développement de la blockchain pour une transparence complète et le traçage de tous les composants sur l'ensemble de la chaîne alimentaire.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Trends in Food Science and Technology

12/11/2021

La 16e Semaine caribéenne de l’agriculture

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Organisée du 4 au 8 octobre 2021 par diverses entités (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), Communauté des Caraïbes (Caricom), Adivalor Guadeloupe, etc.), la 16e Semaine caribéenne de l’agriculture avait pour thème la transformation des systèmes alimentaires. Cet événement en ligne, accueillant des acteurs des secteurs public et marchand, a alterné conférences et webinaires techniques sur différentes dimensions de l’agriculture : enseignement, production, transformation des produits primaires, agritourisme, etc. Les participants ont recherché des voies de sortie du « paradoxe caribéen » : productrice et exportatrice de premier plan, la région contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale mais, dans le même temps, elle importe la majorité des produits consommés, se rendant ainsi vulnérable aux ruptures d’approvisionnement.

L’importance de la collecte et de l’analyse des données sur les exploitations a été d’emblée mise en évidence. Des recensements agricoles documentant la valeur vénale des terres, la disponibilité alimentaire par catégorie de produit, les structures de transformation et les équipements permettraient d’avoir une image plus fidèle de la part de l’agriculture dans les produits intérieurs bruts nationaux. Cela contribuerait aussi à montrer que l’agriculture est une partie de la solution aux défis du changement climatique. Ont ensuite été exposés les résultats d’un projet pilote visant à promouvoir un usage rigoureux des pesticides, de manière à minimiser leurs effets sur la santé humaine et l’environnement : entre 2015 et 2020, élimination de 319 tonnes de produits n'étant plus aux normes en vigueur, mise en œuvre de schémas de gestion des contenants, tests de biopesticides concluants (maintien des rendements) au Surinam et à Trinité-et-Tobago.

Les conséquences de la fièvre porcine africaine sur la sécurité alimentaire, la production et l’alimentation animale ont aussi été à l’ordre du jour puisque la maladie touche dorénavant Haïti et la République dominicaine, conduisant à une coopération régionale multiniveaux pour la mise en œuvre des mesures de biosécurité. Enfin, en quelques années, plusieurs événements environnementaux extrêmes se sont succédés qui, ajoutés à la pandémie de Covid 19, conduisent les intervenants à souligner l’importance d’une protection sociale adaptée aux risques spécifiques à l’activité agricole (figure ci-dessous).

Le rôle de la protection sociale dans le rétablissement des situations agricoles à la suite d’un choc

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Source : Carribean week of agriculture

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Caribbean week of agriculture

Caribbean week of agriculture

07:14 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Mondialisation et international, Territoires | Lien permanent | Tags : caraibes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le Bureau australien de l'économie agricole, des ressources et des sciences

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Créé en 1945, l'Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES) est un organisme de recherche fournissant des données et conduisant des travaux indépendants propres à aider les pouvoirs publics et les opérateurs privés à prendre des décisions en matière d'agriculture, de pêche et de forêt. Rattaché au ministère de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement, il tire une part de son budget d'une activité commerciale de conseil et de financements par des industriels privés. Cette collaboration avec le secteur privé, pouvant aller jusqu'à des publications conjointes, donne une légitimité à l'ABARES vis-à-vis de ses interlocuteurs publics comme des entreprises.

Parmi ses missions principales, l'ABARES mène des travaux d'analyse, de conjoncture, de prévision et de conseil sur les filières agricole et agroalimentaire australiennes (voir un précédent billet sur le sujet). Il conduit également des expertises plus précises sur la biosécurité, le commerce et les chaînes globales de valeur, la performance et la productivité des exploitations agricoles, l'économie des ressources naturelles et celle de l'industrie, la gestion des données, les effets du changement climatique (figure ci-dessous), les politiques publiques. L'organisme collecte des données de structure et de performance économique des exploitations et des industries de certaines filières agricoles (produits laitiers, viandes bovine et ovine, grandes cultures, horticulture et légumes, etc.). L'ABARES analyse ces informations pour produire ses publications, mais il les met également à disposition d'autres organismes pour la conduite de leurs travaux.

Modélisation des effets (en %) du changement climatique sur le profit des exploitations agricoles

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Source : ABARES (rapport sur l'adaptation des exploitations agricoles australiennes aux impacts du changement climatique, 2021)

Enfin, depuis 1971, l'ABARES organise des conférences Outlook aux niveaux national et régional, pour présenter les résultats de ses travaux. Ces conférences sont adaptées aux spécificités de chaque territoire, concernant la situation économique des principales filières agricoles : évolution prévisible des prix, enjeux pour l'industrie, stratégies de croissance et d'innovation, gestion des ressources naturelles, etc. La dernière en date était consacrée, en mars 2021, à la place de l'agriculture dans un monde changeant et incertain.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES)

10/11/2021

Une comparaison d'outils d'aide à la décision pour la fertilisation azotée

Les agriculteurs disposent d'une large palette d'Outils d'aide à la décision (OAD) pour maîtriser la fertilisation azotée de leurs cultures et déterminer la dose à apporter pour maximiser leur marge tout en limitant la lixiviation. Dans un article publié en octobre 2021 dans la revue Agricultural Systems, des chercheurs étasuniens comparent l'efficacité de deux familles d'OAD : les « statiques », qui fournissent une recommandation indépendante des conditions météorologiques ou pédologiques ; les « dynamiques », supposés plus précis car ajustant leurs conseils selon ces paramètres. Leur travail, fondé sur la simulation de recommandations pour 4 200 parcelles de l'Illinois, montre cependant que les outils dynamiques ne sont pas plus performants sur le plan environnemental, et même moins efficaces d'un point de vue économique. Pour eux, le recours à des outils de plus en plus sophistiqués n'est donc pas nécessairement le gage d'une meilleure performance.

Source : Agricultural Systems

07:09 Publié dans Agronomie, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : fertilisation, azote, oad, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un rapport FAO-NEPAD évalue les progrès de la restauration des forêts et des paysages en Afrique

Cinq mois après le lancement de la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030), l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) ont publié un rapport évaluant l'effet des programmes de restauration des forêts et des paysages, conduits en Afrique au cours des deux dernières décennies. Les auteurs estiment qu'en dépit de ces projets et des engagements (African Forest Landscape Restoration Initiative, Grande Muraille verte, etc.), 4,4 millions d'hectares de forêts (sur 637 millions) ont été perdus chaque année, entre 2015 et 2020. L'agriculture industrielle et de subsistance, l'exploitation du bois et le changement climatique figurent parmi les causes principales des pertes et dégradations. Entre 2010 et 2020, seuls 11 pays sur 58 ont vu leur couverture forestière augmenter (figure ci-dessous). Le rapport, qui détaille une riche sélection d'études de cas, s'appuie sur une série d'entretiens avec des acteurs engagés dans des projets de restauration pour fournir des recommandations sur les facteurs clés de succès, comme l'appropriation locale.

11 pays et régions qui ont vu leur couverture forestière s'étendre entre 2010 et 2020

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Source : FAO

Source : FAO

Pistes des Chambres d'agriculture France pour rendre compatibles les ambitions commerciales, agricoles, environnementales et sociales de l'UE

Publié en octobre 2021, un rapport de Chambres d'agriculture France étudie la compatibilité entre les politiques agricole, commerciale et environnementale de l'Union européenne. Après un examen des Accords de libre-échange (ALE), conclus ou non, et de leurs impacts sur les secteurs agricole et agroalimentaire, les auteurs jugent qu'ils sont contradictoires avec le Green Deal. Ils émettent ensuite des recommandations pour lever cette incompatibilité, parmi lesquelles rendre contraignant le mécanisme de règlement des différends environnementaux et sociaux dans ces accords, coopérer plus fortement sur les pratiques agricoles durables, ou encore innover dans la politique commerciale et les ALE (clauses miroirs, mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, lutte contre la déforestation importée). Ils invitent aussi à renégocier des ALE existants, à mieux intégrer le développement durable dans l'Organisation mondiale du commerce, et à créer une gouvernance mondiale de l'environnement et de l'agriculture pour rendre plus contraignante l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD).

Cadre législatif et conséquences de l'instauration de clauses miroirs

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Source : Chambres d'agriculture France (issu du rapport Interbev - Fondation Nicolas Hulot - Institut Veblen)

Source : Chambres d'agriculture France

Websérie de l'Ifip sur les bâtiments de demain en élevage porcin

En septembre et octobre 2021, l'Ifip a diffusé sur sa chaîne YouTube 7 vidéos consacrées aux bâtiments du futur en élevage porcin. Pour les imaginer, un collectif d'éleveurs, d'interlocuteurs de la filière, de conseillers en Chambres d'agriculture et de consommateurs a été réuni par Midiporc, dans le cadre d'un groupe opérationnel du Partenariat européen pour l'innovation (PEI). L'objectif était de prendre en compte les attentes des parties prenantes, en particulier en matière de bien-être animal et d'environnement. Les vidéos restituent ce travail et la première détaille le projet. Les 5 suivantes décrivent les solutions envisagées dans diverses situations (post-sevrage, engraissement, verraterie, gestation, maternité), avec notamment une présentation sous forme d'images 3D (figure ci-dessous) et une comparaison des performances avec des élevages de référence (bien-être animal, etc.). Par exemple, la conception du bâtiment post-sevrage proposée permet de réduire de 63 % la consommation d'énergie, de 18 à 23 % les émissions d'ammoniac et de 39 % celles de gaz à effet de serre par rapport à la meilleure des références. Enfin, la dernière vidéo s'intéresse à la gestion des effluents. Une brochure regroupe ces éléments et inclut des fiches de bonnes pratiques.

Bilan d'une proposition pour un bâtiment de post-sevrage

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Source : Ifip

Source : Ifip

09/11/2021

Comparaison des politiques de remembrement en Chine et en Europe

En rendant plus difficile la mécanisation des pratiques, un parcellaire fragmenté est souvent considéré comme un frein au développement de l'agriculture. Le remembrement des terres permet de répondre à ce problème. Une revue de littérature dans Land Use Policy (octobre 2021) recense les travaux menés sur la Chine et le continent européen sur ce sujet. Après avoir comparé l'histoire du remembrement dans ces deux régions, leurs législations, les procédures pour le mettre en œuvre et les modalités d'inclusion des professionnels aux projets, les auteurs s'inspirent des observations faites en Europe pour proposer des axes d'amélioration en Chine. En particulier, si l'objectif de ce pays reste d'améliorer sa sécurité alimentaire, via une meilleure productivité, les questions environnementales devraient être mieux prises en compte. De même, une plus grande sensibilisation des agriculteurs chinois permettrait une participation et une adhésion accrues aux projets.

Source : Land Use Policy

Analyse du niveau de vie des ménages agricoles

Les auteurs de l'Insee Première n°1876, publié en octobre 2021, constatent la proximité du niveau de vie des ménages agricoles avec celui de l’ensemble des ménages français ayant un revenu d’activité. Cependant, la pauvreté monétaire est plus courante et plus intense pour les ménages agricoles : 18 % des individus vivent sous le seuil de pauvreté, contre 13 % en moyenne générale, et le niveau de vie médian des personnes pauvres y est inférieur de 1 300 euros (par an). À l’inverse, les conditions de vie de ces ménages sont, en moyenne, plus favorables, grâce à la possibilité qu’une partie des dépenses privées (logement, énergie) soit intégrée dans les comptes de l’exploitation. Les auteurs exposent ensuite la grande disparité des niveaux de vie des ménages agricoles, selon la production dominante (orientation technico-économique, Otex) de la commune où ils sont installés (figure ci-dessous). La localisation géographique a ainsi un impact sur le niveau de revenu issu de l’activité agricole – très disparate mais qui ne constitue qu’un tiers du revenu total – ainsi que sur les autres ressources (activités salariées, patrimoine, etc.).

Revenu disponible moyen des ménages agricoles : décomposition selon la production agricole dominante du territoire (commune) en 2018

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Source : Insee (dispositif Filosofi 2018)

Lecture : 1 : territoires spécialisés en céréaliculture et cultures de plantes oléagineuses et protéagineuses. 2 : territoires combinant céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, plantes sarclées, ou spécialisés en cultures de plantes sarclées, légumes frais. 3 : ensemble des ménages agricoles. Le graphique se lit de la façon suivante : dans les territoires d’élevage bovin viande, le revenu disponible annuel s’élève en moyenne à 38 060 euros en 2018, et 11 340 euros proviennent de l’activité agricole.

Source : Insee

07:10 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Territoires | Lien permanent | Tags : niveau de vie, revenu, ménages, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

Rôle des assurances agricoles dans l’adaptation et l’atténuation face au changement climatique

L’assurance agricole est un instrument majeur, à l'échelle mondiale, du financement des risques et de l’adaptation au changement climatique. Elle représente un marché de 30 milliards de dollars et génère de multiples mais épars travaux de recherche. Analysant 796 articles publiés entre 2000 et 2019, cette méta-analyse diffusée dans Environmental Research Letters en propose une synthèse, pour mieux définir des priorités pour la recherche. Selon l'étude, les travaux se concentrent sur les pays à revenus élevés, les États-Unis et la Chine en tête, sur la production de céréales (24,7 % des articles) et le bétail (5,7 %). Ils se penchent sur le financement (24,9 %) et l’estimation de la demande d'assurance (22,5 %), mais n'abordent que rarement le changement climatique (4,5 %). Il existe ainsi peu d'études évaluant le rôle des assurances dans l'adaptation et l'atténuation en agriculture. Les auteurs recommandent d’orienter les recherches vers les régions les plus affectées par le changement climatique et pour des cultures favorisant la sécurité nutritionnelle mondiale.

Source : Environmental Research Letters

Paiement pour services écosystémiques en forêt : des dispositifs encore récents à améliorer selon le WWF

À l'occasion du congrès de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), en septembre 2021, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a publié une analyse critique des paiements pour services écosystémiques existant dans le domaine forestier en France depuis 2018 : la procédure dédiée du Forest Stewardship Council (FSC) et le label bas carbone.

Si le premier dispositif touche des surfaces plus importantes et des thématiques plus variées, pour un faible nombre de certifications (4 dont 3 exclusivement sur la biodiversité, en février 2021), le label bas carbone forestier concerne 76 projets pour 489 ha, mais ne porte que sur des boisements ou reboisements, ou l’amélioration de taillis (figure ci-dessous). Pour les auteurs, ces dispositifs sont encore très récents et perfectibles. En particulier, pour le label bas carbone, le champ des techniques couvert est trop restreint, la rémunération de la réduction des émissions de carbone permise par la substitution de matériaux discutable, et l'absence de vision systémique (co-bénéfices) critiquable.

Localisation et types de projets forestiers du label bas carbone en février 2021

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Source : WWF

Source : WWF

07:02 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : pse, forêt, politiques publiques |  Imprimer | | | | |  Facebook