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20/04/2021

Un rapport sur le commerce en ligne et le développement durable

Le Conseil général de l'environnement et du développement durable, France Stratégie et l'Inspection générale des finances ont publié en février un rapport visant à orienter le commerce en ligne vers une durabilité accrue. En effet, la logistique du e-commerce a des conséquences environnementales et sociales que les auteurs analysent et recommandent d'atténuer grâce à une série de propositions.

La première partie fait un bilan du développement du e-commerce et de ses conséquences pour le commerce en général. Ce canal de commercialisation est en très forte hausse, passant de 31 à 112 milliards d'euros de chiffre d'affaires entre 2010 et 2020, soit une croissance moyenne annuelle de 14 % contre seulement 1,4 % pour le commerce en magasin sur la même période. Les acheteurs s'en disent satisfaits à 94 %. Par ailleurs, le commerce alimentaire est beaucoup moins concerné que celui d'autres secteurs : la vente en ligne représente 4,4 % des transactions en 2019, avec cependant un doublement en 5 ans.

Évolution de la part de marché des produits alimentaires (en %) par forme de vente sur la période 2014-2019

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Source : Insee

La deuxième partie du rapport détaille les conséquences environnementales et sociales du e-commerce. La logistique reste très pénalisante, avec des transports encore peu décarbonés et des entrepôts pouvant, dans une moindre mesure, participer à l'artificialisation des terres. Ces entrepôts représentent en moyenne moins de 1 % des 23 000 ha de surfaces artificialisés annuellement sur la période 2006-2016. Par ailleurs, les emplois créés par le e-commerce s'exercent souvent dans des conditions difficiles, en entrepôt ou dans le transport du dernier kilomètre,avec des risques sur leur pérennité du fait de l'automatisation et de la robotisation. Cependant, dans le secteur alimentaire (figure ci-dessous), les magasins spécialisés et petites surfaces ont connu des hausses d'emploi sur la période 2010-2018 (respectivement + 18 et + 47 %), contrairement aux grandes surfaces (emploi stable) et aux magasins non alimentaires non spécialisés (- 2 à -13 % selon le secteur). Dans le cas des grandes surfaces, précisons que, après une hausse de 2010 à 2012, l'emploi a ensuite diminué de 5 % entre 2012 et 2018.

Évolution du nombre d’entreprises et de salariés entre 2010 et 2018

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Source : CGEDD - France Stratégie - IGF (données FARE – extraits CEP)

Lecture : le commerce « hors magasin » inclut les activités alimentaires et non alimentaires.

La dernière partie présente une stratégie globale, à destination des pouvoirs publics, avec 15 propositions à mettre en œuvre aux niveaux européen, national et local. L'intégration de la logistique dans les Schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), ainsi que la création de « conférences annuelles régionales de la logistique », sont ainsi préconisées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : CGEDD

19/04/2021

Chaînes de valeur des oléoprotéagineux en agriculture biologique en France et en Europe

Deux articles parus dans la revue Oilseeds and fats, Crops and Lipids (OCL) s'intéressent aux chaînes de valeur des oléoprotéagineux en agriculture biologique (AB), en France et en Europe. Le premier (Canale et al.) présente les résultats d'un diagnostic des principales filières, conduit en 2016-2017 par Terres Univia, fondé sur des données statistiques et sur une enquête auprès de 37 opérateurs (collecteurs, triturateurs, fabricants d'aliments du bétail), dans plusieurs régions françaises. Le second (Smadja, Muel) expose les résultats d'une analyse multicritères dressant une typologie des chaînes de valeur oléoprotéagineuses en Europe, dans le cadre du projet de recherche H2020 LegValue.

La consommation de produits issus de l'AB connaît une croissance importante depuis plusieurs années en France et en Europe, tirant à la hausse les volumes produits. Entre 2013 et 2018, les surfaces françaises cultivées en AB ont été multipliées par trois pour les oléagineux (soja et tournesol surtout, mais aussi colza et lin), par deux pour les protéagineux (pois, féverole, lupin) et par quatre pour les légumes secs (lentilles, pois chiches).

Évolution des surfaces en oléoprotéagineux en agriculture biologique en France, 2002-2018 : soja, tournesol, colza et lin en haut ; féverole, pois, lupin, lentille et pois chiche en bas

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Source : Oilseeds and fats, Crops and Lipids

Outre la consommation humaine d'huiles et de légumes secs, cette croissance répond à la demande de tourteaux pour les filières animales en AB, en particulier la volaille. Les prix payés aux producteurs sont plus élevés que pour l'agriculture conventionnelle (ex : 370 €/t en AB contre 180 €/t pour le pois). Cependant, la production française ne suffit pas à satisfaire la demande des transformateurs, qui importent des pays européens « un tiers de graines de tournesol et les trois quarts des graines de colza » pour la trituration. Des défis logistiques se posent : dispersion géographique des producteurs augmentant le coût de transport, utilisation de mélanges d'espèces nécessitant des équipements adaptés pour la collecte, variabilité nutritionnelle des tourteaux issus de pression à froid, etc. Ces défis nécessitent selon Canale des efforts de structuration des filières, pour lesquels l'article de Smadja et Muel fournit des clefs, en identifiant des grandes familles de chaînes de valeur à travers leurs caractéristiques (récentes ou non, initiées par l'amont ou par l'aval, pratiques contractuelles, cf. figure ci-dessous) et en conduisant une réflexion sur les conditions de leur succès.

Caractéristiques des chaînes de valeur oléoprotéagineuses en agriculture biologique en Europe selon les axes issus de l'analyse en correspondance multiple

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Source : Oilseeds and fats, Crops and Lipids

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Oilseeds and fats Crops and Lipids, Oilseeds and fats Crops and Lipids

Des scénarios de transition pour l'agriculture hollandaise

Les Pays-Bas se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 49 % d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Des chercheurs de l'université de Wageningen ont étudié les impacts potentiels de quatre scénarios de transition de l'agriculture hollandaise en les comparant à un scénario de référence dit « business-as-usual » et à la situation de 2017 (année des données de l'étude). Leurs résultats ont été publiés dans la revue Land Use Policy en mars.

L'analyse présentée repose sur l'intégration de plusieurs modèles, permettant : i) de déterminer le niveau de production optimal de chaque sous-secteur agricole ; ii) de chiffrer les impacts économiques ; iii) d'estimer les impacts environnementaux ; iv) d'étudier les répercussions des variations de prix sur l'ensemble de la chaîne. Quatre scénarios permettant d'atteindre les objectifs de transition agro-écologique fixés au niveau national sont étudiés : réduction des émissions de GES, d'ammoniac, réduction de la lixiviation des nitrates, ou des phosphates. Leur construction repose sur trois variables : l'orientation de l'agriculture en 2030 (productiviste ou « orientée vers la nature »), les objectifs environnementaux (minimaux ou plus ambitieux) et l'ensemble des mesures envisageables (mesures simples et facilement acceptables ne réduisant pas la productivité ou mesures plus contraignantes).

Dans tous les scénarios, les quantités produites en 2050 seront inférieures aux niveaux actuels et les exportations diminueront. Le niveau d'auto-suffisance restera très bas pour les céréales (autour de 10-15 %) et descendra sous les 100 % pour la betterave, le pays devenant donc importateur net de ce produit (figure ci-dessous). Cela pourrait se produire aussi pour la pomme de terre, dans le cas d'une trajectoire « orientée vers la nature ». La marge brute pour chaque production est également appelée à diminuer de 10 à 20 %. Dans le scénario le plus favorable à l'environnement, la valeur ajoutée et l'emploi diminueraient de 35 à 40 %. Du point de vue environnemental, les auteurs montrent qu'il est nécessaire de limiter la taille des cheptels pour atteindre les réductions d'émissions visées. Cela induit un changement d'usage des terres qui, dans les scénarios les plus ambitieux, se fait au profit d'activités forestières, permettant ainsi le stockage du carbone et l'atteinte de la neutralité du secteur agricole en termes d'émissions de GES, à 2050 comme prévu dans l'Accord de Paris.

Ratio d'auto-suffisance pour quelques produits

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Source : Land Use Policy

Lecture : un ratio supérieur ou égal à 1 signifie que les Pays-Bas produisent suffisamment pour couvrir leurs besoins. En dessous de 1, des importations sont nécessaires. Au-dessus de 1, des exportations sont possibles. Scénarios étudiés : baseline 2050 (scénario de référence, business as usual) ; productivity intended (agriculture orientée vers la productivité et objectifs environnementaux minimaux) ; nature inclusive intended (agriculture orientée vers la nature et objectifs environnementaux minimaux) ; productivity stricter (agriculture orientée vers la productivité et objectifs environnementaux ambitieux) ; nature inclusive stricter (agriculture orientée vers la nature et objectifs environnementaux ambitieux). Baseline 2017 : situation actuelle.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

 

16/04/2021

La diversité des exploitations agricoles abritant des équins

La revue Économie rurale a consacré un numéro spécial à la filière équine française et à sa diversification, depuis les courses hippiques, les haras nationaux et centres équestres, jusqu'aux chevaux de sécurité publique et à la filière asine. Ce numéro présente aussi un riche panorama statistique des exploitations agricoles détenant des équins, permettant de documenter des filières méconnues et particulièrement éclatées. Sur un million d'équidés français, la moitié vit dans des exploitations agricoles, mais cette population restait peu étudiée. Cela s'explique en partie par le fait qu'avec un cheptel moyen de 8 têtes, ces ateliers équins paraissent souvent marginaux dans l'activité économique des exploitations.

Les auteurs ont mobilisé le recensement agricole (RA) de 2010, complété par un appariement avec les données du Système d'information relatif aux équidés (SIRE). Ils ont ensuite élaboré une typologie des exploitations, selon la taille et la composition de leur cheptel équin, distingué selon trois types de race : chevaux de trait, races de sang (regroupant animaux de selle, de course et poneys), et ânes. La proportion de poulinières pour les cheptels équins est également prise en compte. Ce dernier point permet de distinguer les exploitations orientées vers la production de celles ciblant la valorisation du cheptel. À partir de ces indicateurs, les chercheurs ont établi un classement des exploitations, grâce à une classification ascendante hiérarchique. Cette méthode statistique permet de minimiser les variances intra-groupe et de maximiser la variance inter-groupes, faisant ici ressortir neuf catégories d'exploitations (voir tableau).

Groupes d'exploitations avec équins d'après les cheptels détenus en 2010

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Source : Économie rurale

Les trois quarts des exploitations appartiennent finalement au groupe 1, caractérisé par de petits cheptels équins (3 animaux en moyenne), et l'analyse fait ressortir des exploitations détenant des troupeaux d'ânes importants, peu identifiés jusque-là. Le RA 2010 permet alors d'analyser chacun des groupes selon la localisation et les autres ateliers des exploitations, fournissant en cela un panorama inédit. Ces travaux, reposant sur le dernier recensement agricole disponible, ont aussi permis d'actualiser le questionnaire administré en 2020, afin que celui-ci rende mieux compte des évolutions des filières équines et puisse en donner une image actualisée.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Économie rurale

14/04/2021

Innovation dans les industries alimentaires : impacts de la révolution numérique

L'industrie alimentaire est le premier secteur industriel français en nombre d'emplois et en chiffre d'affaires. Pourtant, il se trouve confronté ces dernières années à plusieurs défis : une baisse de sa compétitivité à l'international, une déflation résultant d'une guerre des prix avec la grande distribution, des attentes élevées des consommateurs en matière sanitaire, sensorielle, nutritionnelle et environnementale. Les acteurs sont ainsi à la recherche d'un « compromis raisonné » pour élaborer les nouveaux produits (voir la figure). Forte de ce constat et au regard des évolutions des comportements alimentaires, l'Académie des technologies a publié, en mars, un rapport comprenant une série de recommandations sur les transitions numériques stratégiques pour le secteur.

Un des enjeux forts, à la croisée de plusieurs recommandations, concerne la consolidation, voire la création des données aux différents maillons de la chaîne alimentaire : au niveau de l'aliment (propriétés nutritionnelles, coût environnemental, qualités organoleptiques), au niveau des procédés de fabrication et du conditionnement. Les progrès réalisés par l'intelligence artificielle et les méthodes d'apprentissage devraient permettre de modéliser ces systèmes complexes, dans le but d'améliorer la production et le conditionnement des produits existants, mais aussi d'aider à la conception de nouveaux aliments. De plus, des informations standardisées, interopérables et contrôlées en entrée d'une blockchain conforteraient la traçabilité des denrées, attente forte du consommateur. Ce chaînage d'informations, à chaque étape, aiderait également l'industriel par rapport à plusieurs problèmes : veiller au bon respect des cahiers des charges, choisir de s'approvisionner chez des producteurs soucieux de diminuer l'impact environnemental, réagir rapidement en cas d'accident sanitaire.

Les industriels à la recherche d’un « compromis raisonné » pour respecter la règle des 8S

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Source : Académie des technologies

Plusieurs autres solutions numériques sont détaillées dans le rapport (capteurs spécifiques, équipements intelligents, robotique-cobotique, etc.), comme pouvant être utiles à l'industrie alimentaire. Cependant, ce secteur est concurrencé par de nouveaux produits et services qui émergent sur le marché des plats cuisinés : robots cuiseurs, fours intelligents, livraison de repas à domicile, plateformes dédiées à la vente directe ou à l'approvisionnement via des circuits courts, etc.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Académie des technologies

Carlos Lopes, L'Afrique est l'avenir du monde. Repenser le développement, Éditions du Seuil, 2021, 256 pages

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Publié en langue anglaise en 2019, Africa in transformation. Economic Development in the Age of the Doubt de Carlos Lopes dispose désormais, avec cette parution, d’une traduction française. L’introduction – écrite avant la crise de la Covid-19 – ne reflète pas la situation macroéconomique actuelle du continent et n’évoque pas la récession à laquelle il est confronté après quinze années de croissance. Cependant, elle apporte de nombreux éléments sur le contexte social et économique de l’Afrique puis présente les différents enjeux traités dans les chapitres de l’ouvrage. Les analyses s’inscrivent dans le temps long, elles sont issues des réflexions de l’auteur lors de quatre années passées à la tête de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies.

Dans le sixième chapitre « Augmenter la productivité agricole », C. Lopes souligne le rôle important que pourra jouer l’agriculture dans le développement économique du continent, puisqu'elle concentre 65 % des emplois et 75 % des échanges commerciaux intracontinentaux. Il présente le bilan de la hausse de la productivité agricole africaine (augmentation de la valeur ajoutée de 67 % par travailleur entre 1990 et 2012). Tout en citant des exemples de réussite (Ghana, Égypte, Tanzanie, Nigeria pour l’agriculture et Ouganda pour la production aquacole), l’auteur déplore que la productivité de l’Afrique reste la plus faible du monde et constate qu’elle est corrélée à une très grande insécurité alimentaire. Les infrastructures défaillantes, la faible intégration des producteurs agricoles dans les chaînes de valeur nationales et internationales, leur difficulté d’accès au financement et le manque de cohérence des politiques de soutien à l’agriculture sont identifiés comme des facteurs entravant la hausse de cette productivité.

Son augmentation permettrait pourtant, aux nombreuses exploitations agricoles assurant la subsistance des familles, de générer des surplus commercialisables destinés aux marchés urbains en fort développement et d’accroître ainsi leur valeur ajoutée.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Seuil

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement

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Créée en 1964 pendant la période de décolonisation, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) promeut le commerce comme facteur de développement. Elle rassemble 195 pays et est dotée d'un budget annuel de 60 millions de $ (environ 51 M €). Considérant indispensables l'existence et le bon fonctionnement d'instances multilatérales plutôt que seulement bilatérales ou plurilatérales, elle met à disposition des pays « peu développés » ou « en développement » des outils, études, rapports, données pour les aider à se positionner dans un système mondial dominé par les grandes puissances. Elle les aide également à mettre en place un cadre propice aux investissements.

Si la CNUCED est actuellement très mobilisée sur la gestion de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, elle intervient en règle générale dans tous les domaines de l'économie ou qui touchent à celle-ci : le digital et le numérique, les migrations, le e-commerce, le changement climatique, l'utilisation des ressources naturelles, l'agriculture et l'alimentation. Elle a par exemple aidé à réguler les marchés des matières premières, en réponse aux chocs pétroliers, et impulsé des standards internationaux comme le « système généralisé de préférence », qui vise à favoriser les exportations, le développement industriel et la croissance économique des pays en « voie de développement », en demandant aux pays développés d'appliquer des droits très faibles ou nuls à de nombreux produits exportés par ces pays, sans contreparties commerciales. Ce principe a des impacts sur le commerce international de produits agricoles.

Parmi ses publications récentes, la CNUCED a fait paraître un guide technique (voir à ce sujet une précédente brève) pour quantifier les effets des mesures non tarifaires sur le commerce international, et une alerte (voir à ce sujet une autre brève) sur les risques que fait peser le développement de technologies de pointe (robots, biotechnologies, édition génétique, intelligence artificielle, etc.), sur les économies des pays « en voie de développement » reposant principalement sur l'agriculture et ayant une moindre capacité d'innovation. Elle a consacré très largement son rapport 2020 aux impacts économiques de la pandémie, notamment ceux relatifs à la capacité de production agricole, à l'évolution de la productivité du travail agricole, aux prix mondiaux des produits alimentaires et des matières premières d'origine agricole, et au transfert d'emplois de l'agriculture vers l'industrie.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : UNCTAD

13/04/2021

Les pistes de la CNUCED pour un nouvel agenda du commerce mondial

Les conclusions du rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, présentées en juillet 2020, mettent en cause l'accord sur l'agriculture de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et soulignent que ce dernier constitue une barrière à la pleine mise en œuvre du droit à l'alimentation. En réponse, la conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED, voir un portrait de cet organisme), en prévision de la tenue à l'automne 2021 de sa 15e session et de la 12e conférence ministérielle de l'OMC, argue qu'une meilleure mise en œuvre de cet accord, et notamment de ses mécanismes de traitement spécial et différencié, favoriserait la contribution du commerce international à l'effectivité du droit à l'alimentation. Les auteurs enjoignent notamment les pays membres de l'OMC à mettre en œuvre les soutiens techniques et financiers prévus par l'accord pour la production agricole. Ils proposent aussi des pistes d'amélioration : abolition des restrictions à l'exportation pour les biens essentiels à destination des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, ou pour l'aide en situation d'urgence ; adaptation du plafond des aides, afin d'améliorer le soutien aux producteurs agricoles vulnérables ; instauration d'une solution pérenne pour un stockage public renforçant la sécurité alimentaire.

Source : Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement

Banque mondiale, Future Foodscapes. Re-imagining Agriculture in Latin America and the Caribbean, novembre 2020

La Banque mondiale a publié en novembre 2020 les résultats d’une étude sur l’avenir des systèmes agricoles et alimentaires en Amérique latine et dans la Caraïbe à l’horizon 2030. Cette région est la première exportatrice nette de produits alimentaires au monde. L’agriculture compte pour environ 5 % du produit intérieur brut (PIB) dans 20 pays, mais elle est surtout le principal moteur du développement du secteur agroalimentaire, qui représente 11,3 %, 6,9 % et 11,9 % des PIB du Pérou, du Chili et du Mexique. Dix facteurs sont susceptibles de structurer l’avenir de l’agriculture parmi lesquels la croissance démographique régionale, la hausse du revenu médian, la hausse de la productivité, l’urbanisation grandissante, les migrations infra-nationales et régionales, la digitalisation du secteur agroalimentaire. Le changement climatique et les relations commerciales internationales constituent deux sources de ruptures possibles. À partir de ces éléments, cinq scénarios ont été élaborés.

Facteurs pris en compte dans l’élaboration des scénarios

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Source : Banque mondiale

Source : Banque mondiale

Vers une gestion spatialisée de la fermeture des zones de pêche pour une exploitation durable des ressources

Une étude parue dans Frontiers of Marine Science identifie les zones où les poissons et crustacés capturés sont systématiquement trop petits et rejetés en mer, afin que les pêcheurs ne s'y rendent pas. Le merlu commun, la crevette rose, le chinchard et le merlan bleu ont été ciblés, du fait de leur taux de rejet pouvant dépasser 40 % des prises. Leur distribution spatiale a été analysée dans trois zones de pêche en Méditerranée (données MEDITS) et une en Atlantique nord-est (données IBTS), et comparée à l'effort de pêche des chalutiers grâce à deux systèmes d'identification des navires (AIS et VMS).

Les zones fortement exploitées correspondent à celles où les prises sont de taille insuffisante. Les auteurs conseillent donc une gestion adaptative des zones fermées à la pêche, à la place d'interdictions permanentes, pour minimiser les captures non souhaitées.

Source : Frontiers of Marine Science

12/04/2021

Les politiques agricoles françaises dans l'entre-deux-guerres

Dans un article publié dans la Revue de l'OFCE, Thierry Pouch analyse les politiques agricoles mises en œuvre en France au lendemain de la Première Guerre mondiale. Pas tout à fait remise de la crise de la fin du XIXe siècle (baisse des prix sous l'effet de la concurrence nord-américaine), lorsque le conflit éclate, l'agriculture française est durement impactée par les combats et peine à rétablir ses capacités productives une fois la paix revenue. En cause selon l'auteur, l'incapacité des gouvernements successifs à mettre en œuvre une politique favorable à la modernisation du secteur agricole, en raison du conservatisme d'une partie de la classe politique. Elle se montre hostile à toute intervention de l’État, attachée qu'elle est au maintien des anciennes structures agraires. Il faudra attendre 1936 et l'arrivée au pouvoir du Front populaire pour que le pays, à la suite notamment des États-Unis, s'oriente vers une politique de régulation des marchés agricoles, qui permettra de stimuler la production de façon efficace, malheureusement juste avant que ne débute la Seconde Guerre mondiale.

Source : Revue de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques)

 

 

 

Une nouvelle base de données sur les émissions de gaz à effet de serre des systèmes alimentaires

Des équipes du Centre commun de recherche de l'Union européenne (JRC) et de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) ont construit une base de données internationale des émissions de gaz à effet de serre (GES), issues des systèmes alimentaires entre 1990 et 2015. Elle est présentée dans un article publié en mars dans la revue Nature Food et prend en compte toutes les étapes de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation. En 2015, le système alimentaire mondial générait 18 GteqCO2 de GES, soit 34 % des émissions mondiales (-10 % par rapport à 1990). 39 % d'entre elles étaient liés à la production agricole, 32 % au changement d'usage des terres associé et 29 % à la transformation, à la distribution, à la consommation et à la fin de vie des produits. De fortes disparités existent entre pays industrialisés et « en développement » (voir la figure). Les auteurs observent également une baisse des émissions de GES par personne depuis 1990, de 3 à 2,4 teqCO2/an.

Émissions de GES du système alimentaire en 2015

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Source : Nature Food

Lecture : les diagrammes circulaires montrent la contribution des différents secteurs du système alimentaire aux émissions de GES en 2015, par région ; land-based : émissions liées à la production ou au changement d'usage des terres ; energy : liées à l'utilisation d'énergie ; industry : liées à la transformation, au transport et à l'emballage ; waste : liées au traitement des déchets. Les couleurs sur la carte correspondent à la part des émissions de GES provenant des systèmes alimentaires par rapport au total des émissions de chaque pays.

Source : Nature Food

09/04/2021

Que pensent les Français de la culture de cellules musculaires pour produire de la viande ?

Parue dans Viandes et produits carnés, une étude porte sur les perceptions, avis et attitudes des consommateurs français eu égard à la viande in vitro. Elle repose sur l'administration d'un questionnaire, via Google Forms, qui a recueilli 4 533 réponses. 40 à 50 % des sondés estiment que l’élevage fait face à des problèmes éthiques et environnementaux, mais seulement 18 % à 26 % d'entre eux considèrent que la « viande artificielle » peut résoudre ces difficultés. L'exploitation des réponses permet d'examiner divers aspects (appétence ou dégoût, consentement à payer, etc.). D’après cette enquête, le marché de la viande artificielle serait « au mieux un marché de niche s’adressant environ à un cinquième des Français », alors que, pour un autre cinquième des sondés, « elle n’a aucun avenir ».

Source : Viandes & produits carnés

Prospective des cultures adaptées au changement climatique en Cornouailles : combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives

Comment anticiper les cultures qui seront adaptées au changement climatique dans un territoire donné ? Les modèles de cultures utilisant les projections climatiques fournissent des éclairages sur l'adaptation pédo-climatique. Mais d'autres facteurs comptent tels le coût des équipements spécifiques, les connaissances agronomiques limitées sur les productions nouvelles, l’existence ou non de débouchés, etc. Un article publié dans Agricultural Systems présente les résultats d’un exercice prospectif visant à intégrer ces éléments dans la réflexion. Les chercheurs (université d'Exeter) ont appliqué la méthode Delphi, avec un groupe de 15 experts, pour dégager la liste des cultures les plus adaptées, non seulement au changement climatique mais aussi aux contextes économique, social et environnemental du territoire d'étude : les Cornouailles et les Îles Scilly. Ces résultats ont été confrontés aux simulations du modèle Ecocrop de viabilité des cultures. Cette approche combinée qualitative et quantitative a mis en évidence une sélection originale de cultures adaptées (exemple de la bourrache dans la figure ci-dessous), qu’une méthode fondée sur la seule modélisation n'aurait pas permis d'obtenir.

Résultats combinés du modèle Ecocrop et de la consultation des experts par la méthode Delphi en matière d'adaptation des cultures en Cornouailles et dans les Îles Scilly

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Source : Agricultural Systems

Note : résultats du modèle Ecocrop montrant l'adéquation climatique moyenne (2002-2017) pour la bourrache (a), le lin (b), la patate douce (c) et le romarin (d). Les symboles « soleil » et « nuage » indiquent une adéquation climatique élevée ou faible. Les émoticônes indiquent un classement d'experts élevé ou faible.

Source : Agricultural Systems

Rexecode fait le point sur la compétitivité française à l'export en 2020

L'institut privé d'études économiques Rexecode a publié en mars son 77e document de travail. Les auteurs y observent d'une façon générale que les indicateurs de compétitivité de la France, s'ils restent bons, se sont plus fortement dégradés en 2020 que pour ses voisins européens, et que la crise sanitaire, la compétitivité-prix à l'export et la spécialisation industrielle ne suffisent pas à expliquer cette dégradation. Celle-ci met en lumière une fragilité générale de la performance du pays à l'exportation. Les soldes négatifs des secteurs agricole (-434 M€) et agroalimentaire (-1 049 M€) ont été significativement accrus. Le rapport fait aussi état d'une enquête de compétitivité sur les biens de consommation : elle montre, pour les produits agroalimentaires, que la France a, depuis la précédente enquête en 2018, perdu en notoriété, en délais de livraison et en variété des fournisseurs, mais gagné en design, en ergonomie et en rapport qualité-prix.

Décomposition de l'évolution du solde commercial de la France en 2020 par rapport à 2019

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Source : Rexecode (données des Douanes)

Source : Rexecode