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16/03/2022

Contribution potentielle de la biomasse agricole et forestière à la consommation énergétique française en 2050

Un rapport publié en janvier 2022 par WWF France présente les résultats d'une étude sur la quantité de biomasse, d'origines agricole et forestière, qui pourrait être utilisée dans la production énergétique de la France métropolitaine en 2050. Ce travail, initié avec Solagro en 2020, reprend les données de deux exercices prospectifs.

Pour évaluer la biomasse d'origine agricole, le scénario Pulse Fiction est utilisé. Il modélise une évolution des systèmes agricoles vers plus de durabilité (figure ci-dessous), tout en répondant aux besoins alimentaires des Français, avec des régimes plus riches en fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses, et moins riches en protéines animales et produits transformés. En complément, les données des scénarios Afterres 2050, NégaWatt et Terracréa ont été utilisées. En tenant compte des évolutions d'usage des terres, des cheptels et des pratiques de culture et d'élevage, les auteurs estiment que 45 à 50 millions de tonnes de matière sèche (MtMS) de surplus pourraient être utilisés, annuellement, pour la production énergétique en 2050. Ils proviendraient des déjections animales (6 MtMS), des résidus de culture (15 à 20 MtMS), des déchets de l'industrie agroalimentaire (3,5 MtMS), des cultures intermédiaires (12,5 à 15 MtMS) et des surplus d'herbe (7,5 MtMS). L'étude tient compte de taux de mobilisation différents selon l'origine des biomasses : par exemple, un retour au sol de plus de 80 % de la matière organique est nécessaire pour les résidus de culture.

Évolution des systèmes et surfaces de culture selon le scénario Pulse Fiction

biomasse agricole 1.jpg

Source : WWF

Lecture : chaque pourcentage est relatif aux surfaces en grandes cultures, sauf pour la surface occupée par les infrastructures agro-écologiques (IAE), dont la part est relative à la surface agricole utilisée (SAU) totale.

Pour évaluer la quantité de biomasse forestière, le scénario Fern Canopée est utilisé. Il donne une image d'une gestion forestière durable en 2050 (par ex. avec un maintien du taux de prélèvement actuel), dans des conditions qui auront évolué (mortalité des arbres plus forte). Le volume de prélèvement du bois en forêt est alors estimé à 52 millions de m³/an.

Le potentiel de production énergétique totale ainsi évalué est compris entre 120 et 130 TWh/an pour la biomasse agricole, et de 140 TWh/an pour la biomasse forestière. Cela correspondrait à environ 30 % de la consommation énergétique finale de la France en 2050.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d’études et de prospective

Source : WWF

15/03/2022

Louis Bockel, Aristide S. Ouedraogo, Kouakou Aphely Amon Auguste, Padmini Gopal, Analyse prospective de la filière cacao en Côte d'Ivoire 2020-2030. Vers une politique commune de marché de cacao en Afrique de l’Ouest, FAO, novembre 2021, 49 pages

cacao.jpg

La réflexion prospective publiée par l’Organisation mondiale des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en novembre 2021, expose deux scénarios de développement de la chaîne de valeur du cacao en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030. Elle s’inscrit dans le contexte de l’alliance stratégique nouée en 2018, avec le Ghana, pour lutter contre la chute des prix. Un état des lieux de la filière précède ces deux scénarios.

Le scénario de référence (« Business as usual ») est proche de la tendance actuelle. Le niveau moyen annuel de déforestation, estimé à 28 800 ha (référence 2000-2015), décroît lentement pour arriver à un niveau nul en 2030. Au cours de la période, 158 400 ha de forêts sont détruits. Simultanément, 10 000 ha de cacaoyères installées en zone forestière protégée sont reboisés.

Le second scénario (« Du développement durable ») propose un plan bien plus ambitieux de sortie de la déforestation : 7 420 ha seulement sont déboisés sur l’ensemble de la période ; l’extension de la culture de cacao est permise par la mise en culture de jachères, de zones dégradées ainsi que par la mobilisation de parcelles dédiées à des cultures annuelles. Ce scénario prévoit le reboisement de 40 000 ha de cacaoyères installées en zone forestière protégée. Il s’accompagne de mesures de réhabilitation de 816 000 ha de plantations existantes ainsi que d'un meilleur entretien de plus d’un million d’hectares. Il table également sur la diffusion de pratiques agroforestières permettant de lutter contre les effets du changement climatique, auxquels les cacaoyers sont très exposés. Des objectifs de transformation locale de 50 % des volumes de cacao sont fixés, alors que seuls 30 % sont actuellement traités en Côte d’Ivoire.

Les investissements publics à prévoir et les mesures incitatives à déployer, dans le cadre du second scénario, sont exposés : appui aux pratiques durables, soutien à la transformation et aux exportateurs, aide logistique aux coopératives, subvention des intrants, etc. Une estimation de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux, met en évidence la possible augmentation des revenus des producteurs de cacao, de 60 à 70 % sur 10 ans, la création de 180 000 emplois (en équivalent temps plein), l’accroissement du stockage du carbone et la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Projection des changements d’usage des terres selon les deux scénarios étudiés

cacao tableau.jpg

Source : FAO

Lecture : situation actuelle dans le haut du tableau (intitulés sur fond gris) ; effets du scénario « business as usual » dans la partie centrale (lignes violettes) ; effets du scénario de développement durable dans le bas du tableau (lignes vertes et grises).

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

Lien : FAO

11/03/2022

Prospective des systèmes alimentaires : « futur souhaitable ou exercice sous influences ? »

L’éditorial du sixième numéro de la revue Systèmes alimentaires / Food Systems annonce d'emblée la couleur : « Prospective des systèmes alimentaires : futur souhaitable ou exercice sous influences ? ». Il donne d'abord une brève définition de la prospective et de la méthode des scénarios, puis évoque les objectifs et spécificités des études prospectives du secteur alimentaire réalisées par la FAO en 1979, par le Cirad et l’Inra en 2009, et par l’Iddri, Le Basic et Solagro en 2021. Dans les travaux les plus récents, deux grands types de scénarios, basés sur un plus grand recours aux intrants ou sur une optimisation des processus biologiques, sont couramment présentés. De manière générale, l’éditorialiste rappelle que, soumis à des biais lors de leur construction, les scénarios peuvent constituer des instruments au service de groupes d’intérêt ou, au contraire, être de puissants outils collectifs d’anticipation de l’avenir. Pour cela, une pratique conforme à la déontologie, un partage entre pairs et une contextualisation forte des scénarios, dans l’espace et dans le temps, et à plusieurs échéances, sont nécessaires.

Source : Classiques Garnier

Prospective des systèmes alimentaires : « futur souhaitable ou exercice sous influences ? »

L’éditorial du sixième numéro de la revue Systèmes alimentaires / Food Systems annonce d'emblée la couleur : « Prospective des systèmes alimentaires : futur souhaitable ou exercice sous influences ? ». Il donne d'abord une brève définition de la prospective et de la méthode des scénarios, puis évoque les objectifs et spécificités des études prospectives du secteur alimentaire réalisées par la FAO en 1979, par le Cirad et l’Inra en 2009, et par l’Iddri, Le Basic et Solagro en 2021. Dans les travaux les plus récents, deux grands types de scénarios, basés sur un plus grand recours aux intrants ou sur une optimisation des processus biologiques, sont couramment présentés. De manière générale, l’éditorialiste rappelle que, soumis à des biais lors de leur construction, les scénarios peuvent constituer des instruments au service de groupes d’intérêt ou, au contraire, être de puissants outils collectifs d’anticipation de l’avenir. Pour cela, une pratique conforme à la déontologie, un partage entre pairs et une contextualisation forte des scénarios, dans l’espace et dans le temps, et à plusieurs échéances, sont nécessaires.

Source : Classiques Garnier

19/04/2021

Des scénarios de transition pour l'agriculture hollandaise

Les Pays-Bas se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 49 % d'ici 2030, par rapport au niveau de 1990. Des chercheurs de l'université de Wageningen ont étudié les impacts potentiels de quatre scénarios de transition de l'agriculture hollandaise en les comparant à un scénario de référence dit « business-as-usual » et à la situation de 2017 (année des données de l'étude). Leurs résultats ont été publiés dans la revue Land Use Policy en mars.

L'analyse présentée repose sur l'intégration de plusieurs modèles, permettant : i) de déterminer le niveau de production optimal de chaque sous-secteur agricole ; ii) de chiffrer les impacts économiques ; iii) d'estimer les impacts environnementaux ; iv) d'étudier les répercussions des variations de prix sur l'ensemble de la chaîne. Quatre scénarios permettant d'atteindre les objectifs de transition agro-écologique fixés au niveau national sont étudiés : réduction des émissions de GES, d'ammoniac, réduction de la lixiviation des nitrates, ou des phosphates. Leur construction repose sur trois variables : l'orientation de l'agriculture en 2030 (productiviste ou « orientée vers la nature »), les objectifs environnementaux (minimaux ou plus ambitieux) et l'ensemble des mesures envisageables (mesures simples et facilement acceptables ne réduisant pas la productivité ou mesures plus contraignantes).

Dans tous les scénarios, les quantités produites en 2050 seront inférieures aux niveaux actuels et les exportations diminueront. Le niveau d'auto-suffisance restera très bas pour les céréales (autour de 10-15 %) et descendra sous les 100 % pour la betterave, le pays devenant donc importateur net de ce produit (figure ci-dessous). Cela pourrait se produire aussi pour la pomme de terre, dans le cas d'une trajectoire « orientée vers la nature ». La marge brute pour chaque production est également appelée à diminuer de 10 à 20 %. Dans le scénario le plus favorable à l'environnement, la valeur ajoutée et l'emploi diminueraient de 35 à 40 %. Du point de vue environnemental, les auteurs montrent qu'il est nécessaire de limiter la taille des cheptels pour atteindre les réductions d'émissions visées. Cela induit un changement d'usage des terres qui, dans les scénarios les plus ambitieux, se fait au profit d'activités forestières, permettant ainsi le stockage du carbone et l'atteinte de la neutralité du secteur agricole en termes d'émissions de GES, à 2050 comme prévu dans l'Accord de Paris.

Ratio d'auto-suffisance pour quelques produits

pays bas .jpg

Source : Land Use Policy

Lecture : un ratio supérieur ou égal à 1 signifie que les Pays-Bas produisent suffisamment pour couvrir leurs besoins. En dessous de 1, des importations sont nécessaires. Au-dessus de 1, des exportations sont possibles. Scénarios étudiés : baseline 2050 (scénario de référence, business as usual) ; productivity intended (agriculture orientée vers la productivité et objectifs environnementaux minimaux) ; nature inclusive intended (agriculture orientée vers la nature et objectifs environnementaux minimaux) ; productivity stricter (agriculture orientée vers la productivité et objectifs environnementaux ambitieux) ; nature inclusive stricter (agriculture orientée vers la nature et objectifs environnementaux ambitieux). Baseline 2017 : situation actuelle.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

 

13/04/2021

Banque mondiale, Future Foodscapes. Re-imagining Agriculture in Latin America and the Caribbean, novembre 2020

La Banque mondiale a publié en novembre 2020 les résultats d’une étude sur l’avenir des systèmes agricoles et alimentaires en Amérique latine et dans la Caraïbe à l’horizon 2030. Cette région est la première exportatrice nette de produits alimentaires au monde. L’agriculture compte pour environ 5 % du produit intérieur brut (PIB) dans 20 pays, mais elle est surtout le principal moteur du développement du secteur agroalimentaire, qui représente 11,3 %, 6,9 % et 11,9 % des PIB du Pérou, du Chili et du Mexique. Dix facteurs sont susceptibles de structurer l’avenir de l’agriculture parmi lesquels la croissance démographique régionale, la hausse du revenu médian, la hausse de la productivité, l’urbanisation grandissante, les migrations infra-nationales et régionales, la digitalisation du secteur agroalimentaire. Le changement climatique et les relations commerciales internationales constituent deux sources de ruptures possibles. À partir de ces éléments, cinq scénarios ont été élaborés.

Facteurs pris en compte dans l’élaboration des scénarios

caraïbe.jpg

Source : Banque mondiale

Source : Banque mondiale

12/05/2020

Réallocation des terres cultivées, optimisation de la fertilisation et réduction des surfaces de production

L'expansion des terres cultivées, qui devrait se poursuivre avec l'accroissement de la population mondiale, menace les écosystèmes naturels. Dans un article publié dans Nature Sustainability, des chercheurs européens ont étudié s'il était possible, en optimisant l'allocation spatiale des terres et l'utilisation de fertilisants, de réduire la surface nécessaire à la production alimentaire. Ils en évaluent également les conséquences sur l'environnement.

Pour ce faire, les auteurs ont recours à un modèle d'optimisation répartissant les cultures de façon à minimiser la surface utilisée tout en maintenant les volumes de production de 2011-2015 pour chacune d'entre elles. Deux scénarios (normatifs et non pas exploratoires) sont étudiés. Le premier (maximum land sharing, MLS) repose sur une intensification maximale visant à minimiser la surface agricole nécessaire pour conserver une production constante. Le second (targeted land sharing, TLS) conduit à abandonner les cultures dans les hotspots de biodiversité et à libérer de la surface cultivée, de manière uniforme sur la surface terrestre, pour réduire les effets négatifs de l'agriculture intensive. Sont ensuite quantifiés les impacts de ces scénarios sur l'utilisation d'azote, de phosphore et d'eau d'irrigation, sur les émissions de gaz à effet de serre, le stockage du carbone et les habitats naturels.

Par rapport à la situation de référence (2011-2015), les auteurs montrent que la réallocation des cultures et l'utilisation optimale de fertilisants permettent de réduire la surface cultivée de près de 47 % dans le scénario MLS et de 38 % dans le scénario TLS (voir figure ci-dessous).

Surface cultivée en 2005 (a) et surface libérée dans les scénarios MLS (b) et TLS (c)

Surfaces1.jpg

Source : Nature Sustainability

Ces réductions de surface cultivée, combinées à une utilisation optimale des intrants, auraient aussi des conséquences sur l'environnement. Dans le scénario MLS, l'application d'azote et de phosphore augmenterait de 6 %, mais les besoins en eau d'irrigation et les émissions de GES diminueraient, respectivement de 35 % et 13 %. De plus, les surfaces d'habitats naturels disponibles pour les mammifères rares ou vulnérables à l'agriculture croîtraient de 2,6 % (contre 12,8 % dans le scénario TLS).

Effets des deux scénarios sur les externalités environnementales des systèmes de cultures (a. MLS, b. TLS)

Surfaces2.jpg

Source : Nature Sustainability

Lecture : la ligne des 100 % représente le scenario de référence (situation 2011-2015). Pour une portion de cadran, les résultats pour les 16 cultures majeures étudiées sont représentés avec une couleur foncée. Les résultats pour les autres cultures sont représentés avec une couleur claire.

Ces résultats donnent une idée des bénéfices environnementaux d'une allocation optimale des cultures et des ressources dans le monde. Toutefois, une telle répartition des surfaces de production augmenterait la dépendance de certaines régions aux importations, rendant nécessaire, selon les auteurs, une forte coopération entre acteurs pour combiner intérêts nationaux et objectifs environnementaux globaux.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Sustainability

10:21 Publié dans Agronomie, Production et marchés | Lien permanent | Tags : scénarios, terres cultivées, fertilisation, réallocation |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/03/2020

Prospective et cycle de l'azote au niveau mondial

Un article publié dans Global Environmental Change s'intéresse à l'intégration de l'azote dans les exercices de prospective. L'azote est un élément nutritif essentiel pour la croissance des plantes. Cependant, en excès, ses différentes formes moléculaires (nitrate, ammoniac, oxyde nitreux, etc.) sont à l'origine de pollutions de différentes natures et à plusieurs échelles : acidification des sols, dégradation de la qualité des eaux de surface et souterraines, impacts sur la biodiversité, contribution au réchauffement global, etc. La pollution azotée ne cesse d'augmenter, en raison notamment de l'utilisation croissante des engrais minéraux, tirée par une demande alimentaire qui se poursuivra dans les décennies à venir (+60 % en 2050 par rapport à 2005). Son coût global est aujourd'hui estimé entre 0,2 et 2 % du PIB.

Les différentes formes de l'azote réactif se succèdent de façon dynamique, constituant le cycle de l'azote. Réduire une forme de pollution azotée en un lieu donné a donc des conséquences en cascade, qui sont autant de défis pour la cohérence et l'efficacité des politiques environnementales. Partant de ce constat, les auteurs plaident pour une prise en compte systémique du cycle de l'azote dans les exercices de prospective, en particulier dans les Shared Socioeconomic Pathways (SSP), un ensemble de 5 scénarios développés par la communauté scientifique pour servir de référence aux grands exercices internationaux de modélisations environnementales et climatiques.

L'intégration de nouvelles actions de réduction de l'azote dans le cadre des Shared Socioeconomic Pathways / Representative Concentration Pathways (RCP)

Azote.jpg

Source : Global Environmental Change

Sur la base d'une revue de littérature, ils proposent un ensemble cohérent d'indicateurs de l'azote et leurs hypothèses d'évolution aux horizons 2030 et 2050, intégrables dans les SSP. Le scénario le plus ambitieux ramènerait le surplus azoté à l'intérieur des limites planétaires (planet boundaries) à l'horizon 2050 : il combine une amélioration continue de l'efficience de son utilisation, une réduction de 30 % des excrétions par tête de bétail, un recyclage de 90 % des effluents, un déploiement généralisé des techniques de réduction de la pollution de l'air et un traitement de la quasi-totalité (99 %) des eaux usées. Le scénario le moins ambitieux suit, quant à lui, les tendances actuelles. Ce travail s'inscrit dans le cadre du projet Towards an International Nitrogen Management System (INMS) lancé par l'UNEP en 2017, qui devrait aboutir à la publication, en 2022, du premier International Nitrogen Assessment.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Global Environmental Change

17:11 Publié dans 1. Prospective, Agronomie | Lien permanent | Tags : azote, prospective, scénarios |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/11/2019

Grandes tendances agricoles et alimentaires mondiales : quelles perspectives pour l'Europe ?

Dans un contexte marqué par les élections européennes et les débats sur la PAC, le Parlement européen a commandé une étude sur les grandes tendances (megatrends) de l'agriculture et de l'alimentation. Le rapport, publié en septembre, a été réalisé par les sociétés de conseil VVA et Arcadia International, l'Association européenne des agences de développement (EURADA) et le réseau des Centres européens d'entreprise et d'innovation (CEEI). Il combine analyse bibliographique, enquêtes auprès de 21 experts et entretiens avec des parties prenantes (entreprises, associations, universités).

Les parties 2 et 3 du document fournissent un résumé, à la fois complet et concis, des tendances lourdes et des émergences susceptibles de déterminer l'avenir des systèmes alimentaires, s'appuyant notamment sur des travaux prospectifs récents (FAO, étude de la Commission Lancet, etc.). Plusieurs dynamiques clés sont ainsi rappelées : augmentation de la demande alimentaire (+ 50 %), évolutions contrastées des régimes alimentaires dans les différentes régions du monde (figure ci-dessous), possibles ruptures technologiques, compétition de plus en plus forte pour les ressources naturelles, impacts du changement climatique, etc.

Pertinence des différents facteurs influençant les consommations alimentaires dans diverses parties du monde

Megatrends.jpg

Source : Parlement européen

Le rapport propose ensuite quatre scénarios prospectifs de l'évolution du système alimentaire européen à l'horizon 2050, qui mettent en exergue le rôle décisif de l'action publique. Le scénario 1, « des petits pas, mais pas d'objectifs atteints », correspond au « business as usual », avec la poursuite de la dégradation environnementale et une offre alimentaire quantitativement insuffisante pour satisfaire la demande. Le scénario 2, « production de masse à tout prix », voit les politiques agricoles se recentrer sur les volumes, avec un retour des aides couplées et un focus sur la gestion des risques, au détriment de l'environnement et du climat. Le scénario 3, « survivants locaux », est caractérisé par un repli protectionniste généralisé et une sécurité alimentaire prise en charge par la production domestique. Le scénario 4, « alimentation et durabilité pour tous », résulterait d'une activation forte et simultanée des leviers de politique publique à tous les niveaux du système alimentaire : véritable politique nutritionnelle européenne, aides couplées à des objectifs de santé et de sécurité alimentaire, intégration des préoccupations environnementales dans les traités de libre-échange, éducation à la santé par l'alimentation, etc.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

10:34 Publié dans 1. Prospective | Lien permanent | Tags : systèmes alimentaires, scénarios, europe |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2019

Impacts sur l'agriculture de quatre scénarios politiques pour l'Union européenne à l'horizon 2040

Un article paru dans Land Use Policy en juin 2019 présente les résultats de la modélisation des impacts sur l'agriculture, à l'horizon 2040, de quatre scénarios politiques, développés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et adaptés par les auteurs au cas européen. Le premier scénario (A1), libéral, prévoit la suppression de la Politique agricole commune (PAC) et la réduction des taxes à l'importation. Ce scénario conduirait à une réduction des petites et moyennes exploitations et, ainsi, à l'abandon de terres agricoles. De ce fait, la production totale serait en recul, malgré une meilleure efficience des structures restantes. Le scénario euro-sceptique (A2), avec maintien de la PAC et activation de mesures de protectionnisme, maximiserait les niveaux de production, au détriment de l'environnement. Le scénario social-démocrate (B1), remplaçant la politique agricole par le paiement de services écosystémiques aux agriculteurs, obtiendrait des résultats proches de ceux du scénario A1 : en effet, il serait marqué notamment par un abandon de prairies (propices à une mosaïque d'habitats, donc à une biodiversité importante), remplacées par des surfaces boisées plus uniformes. Enfin, le scénario localiste (B2), maintenant la PAC et régulant l'utilisation des terres au niveau local, semble le meilleur compromis, avec un haut niveau de production (1 % inférieur à A2) et les performances environnementales les plus élevées. Sa mise en œuvre nécessiterait de cibler des aides sur les zones agricoles marginales, sensibles à l'abandon des terres.

Modélisation des performances environnementales (indice BFFP) et productives des quatre scénarios prospectifs à horizon 2040, par rapport à l'année de référence 2010

ScenariosUE.jpg

Source : Land Use Policy

Lecture : le BFFP agrège les mesures des pressions sur la biodiversité des plantes dans trois systèmes de production (terres arables, prairies et cultures permanentes) ; l'indicateur en abscisse somme les productions pour la consommation humaine, pour l'alimentation animale, de biomasse non alimentaire pour produire de l'énergie, et de résidus de cultures permanentes.

Source : Land use policy

15/10/2018

Impact du changement climatique sur l'évolution du commerce international à l'horizon 2050-2059

Une étude, réalisée par l'organisme gouvernemental australien pour la recherche scientifique (CSIRO), publiée début septembre, présente une simulation de l'impact de l'accroissement des émissions de CO2 à l'horizon 2050-2059 sur le commerce mondial de riz, de maïs, d'oléagineux et de céréales secondaires. Les projections climatiques sont estimées à partir de modèles dits de « systèmes terrestres » et les impacts sur la production agricole à partir de modèles de cultures au niveau mondial (Global Gridded Crop Models). Ces modèles sont ensuite couplés à GTEM-C, un modèle d'équilibre général calculable dynamique, afin d'en estimer les effets sur le commerce. Ce travail est original, les impacts des échanges sur le changement climatique étant généralement étudiés, et non l'inverse. En outre, peu d'articles analysent conjointement les conséquences biologiques et économiques des évolutions climatiques.

Les auteurs utilisent les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les RCP (Representative Concentration Pathway), pour simuler un scénario pessimiste de réchauffement climatique (RCP 8.5) et un autre plus optimiste incluant des mesures d'atténuation des émissions de CO2 (RCP 4.5). Ces deux scénarios affectent le commerce international en modifiant la productivité agricole, les prix à la production, et donc la compétitivité à l'exportation des pays. Ils sont comparés à une situation de référence correspondant à un réchauffement climatique élevé (RCP 8.5), sans impact sur la productivité grâce au progrès technique.

Impacts du changement climatique sur le commerce de riz, maïs, oléagineux et céréales secondaires à l'horizon 2050-2059, selon deux scénarios (RCP 4.5 et 8.5)

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Source : Palgrave Communications

Les résultats suggèrent que la répartition du commerce, pour les produits étudiés, différerait de la situation actuelle, avec ou sans atténuation des émissions de CO2. L'impact du réchauffement climatique sur la productivité est négatif pour certains pays (ex. : États-Unis) mais positive pour d'autres (ex. : Chine) (voir figure). Le commerce agricole serait plus concentré dans le scénario pessimiste, quelques régions dominant les marchés. Dans le scénario plus optimiste, les acteurs du commerce international seraient plus diversifiés, ce qui rendrait le système moins vulnérable aux chocs climatiques ou institutionnels. Les mesures d'atténuation des émissions de CO2 contribueraient ainsi à stabiliser les échanges, l'approvisionnement des populations, et donc à réduire l'insécurité alimentaire.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Palgrave Communications

14/02/2018

Le JRC modélise les effets, à 2030, de trois scénarios de la future PAC

Le Joint Research Center (JRC) de la Commission européenne a publié, fin décembre 2017, une prospective à 2030 modélisant les effets de trois scénarios contrastés de la future politique agricole commune post-2020.

Les trois scénarios choisis sont comparés à un scénario de référence correspondant à la politique actuelle. Le premier, « Revenus et environnement » (Inc & Env) correspond à un renforcement de la conditionnalité agri-environnementale, avec un maintien du budget de la PAC. Le deuxième, axé sur la libéralisation et la productivité (Lib & Prod), inclut une grande ouverture des échanges, la suppression des paiements directs du premier pilier et une réorientation du second pilier vers des mesures d'accroissement de la productivité. Enfin, le troisième scénario (NoCAP) consiste en une suppression de tous les soutiens publics à l'agriculture.

Scénarios modélisés

JRC.jpg

Source : JRC

Ces trois scénarios, ainsi que la trajectoire de référence, ont été modélisés au niveau national avec le modèle MAGNET (Modular Applied GeNeral Equilibrium Tool), à l'échelle régionale à l'aide de CAPRI (Common Agricultural Policy Regionalised Impact), et au niveau des exploitations avec IFM-CAP (Individual Farm Model for Common Agricultural Policy Analysis). Leurs effets à 2030 sont ainsi comparés pour la production agricole, le revenu des agriculteurs, l'emploi dans le secteur agricole, les surfaces cultivées, les excédents d'azote et les émissions de gaz à effets de serre (GES).

Impacts à 2030 des différents scénarios

JRC2.jpg

Source : JRC

Les deux derniers scénarios entraînent un important recul de la production agricole, de l'emploi et des revenus, de surcroît plus inégalement répartis. La baisse des émissions de GES qui en résulte serait, par ailleurs, contrebalancée dans les autres régions du monde auprès desquelles l'Europe devrait s'approvisionner, devenant importatrice nette de produits agricoles. Le premier scénario permet un accroissement des revenus agricoles et une légère réduction des excédents d'azote, mais reste insuffisant pour avoir des effets sur les zones où ce surplus est le plus fort.

Plus largement, ce travail fait ressortir les effets directs et indirects de la PAC actuelle, et rappelle, par la comparaison de différents objectifs stratégiques, l'importance de les prioriser et de les cibler.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

11:14 Publié dans 1. Prospective, 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : jrc, pac post-2020, scénarios |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/12/2015

Proposition de nouveaux scénarios sur la demande alimentaire mondiale pour le XXIe siècle

Dans un article publié début novembre dans la revue PLOS One, des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research proposent une méthode statistique simple pour créer des scénarios de long terme, facilement personnalisables, sur la demande alimentaire (calories totales et calories animales). Seules sont nécessaires, en données d’entrée, les projections de population et de revenu. Cette méthode a été utilisée ici pour construire quatre scénarios de demande alimentaire à l’horizon 2100, basés sur les travaux de l’IPCC (Special Report on Emissions Scenarios - SRES) : les projections de population et de revenu ont été sélectionnées dans la base SRES et traduisent des orientations variables de l’économie (plus ou moins durable, globalisée), de l’attitude des individus vis-à-vis des enjeux environnementaux, des taux de natalité et de croissance de la population ou encore de consommation de produits animaux et de gaspillage.

Les résultats des quatre scénarios montrent une augmentation forte de la demande alimentaire globale d’ici 2050, liée à la croissance des revenus individuels dans les pays en développement et à celle du gaspillage alimentaire au domicile dans les autres pays. Dans la seconde partie du XXIe siècle, les résultats divergent selon les scénarios. La demande en calories animales croît de façon égale dans les quatre cas jusqu’en 2050, puis des différences apparaissent, en particulier pour les pays ayant une consommation de viande traditionnellement élevée et ceux ayant au contraire de très faibles demandes. Une présentation interactive en ligne propose d’explorer les résultats par régions, selon chaque scénario.

La méthode (code proposé en open source) permet de construire des scénarios en faisant varier l’horizon temporel et de fournir de l’information au niveau national. Une agrégation à un niveau régional, de taille variable, est ensuite possible. Selon les auteurs, cela peut servir à d’autres recherches nécessitant des scénarios sur la demande alimentaire, comme par exemple en matière de sécurité alimentaire, d’enjeux environnementaux ou de projections agricoles.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Sources : PLOS One, Potsdam Institute for Climate Impact Research

11:09 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : demande alimentaire mondiale, scénarios |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/10/2011

Scénarios canadiens d'adaptation au changement climatique

Le ministère de l'agriculture canadien, dans le cadre du programme Cultivons l'avenir, a réuni un groupe multidisciplinaire de 60 participants représentant l'ensemble du secteur pour réfléchir à  la question de la résilience du système agricole canadien au changement climatique.

Quatre scénarios ont été élaborés sur la base de deux incertitudes : les répercussions du changement climatique seront-elles graduelles ou perturbatrices ? La géopolitique fonctionnera-t-elle de façon fragmentée ou de façon intégrée ?

scénarios

Étant donné l'horizon temporel, les hypothèses climatiques sont peu contrastées et dans les quatre scénarios, le climat devient plus chaud et plus sec.

Voir un résumé des scénarios :

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11:34 Publié dans 1. Prospective, Climat | Lien permanent | Tags : scénarios |  Imprimer | | | | |  Facebook