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18/10/2021

Modifications de la structure de la filière fruits et légumes (1997-2018)

Dans le dernier numéro d’Infos Ctifl, la revue mensuelle d’actualités du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, une analyse de la structuration de la filière fruits et légumes et de son évolution (1997-2018) est proposée. Cette filière ne couvre que 2 % de la surface agricole utile française mais elle emploie 18 % de la main-d’œuvre agricole. Ses 200 organisations de producteurs jouent un rôle important dans la première mise en marché et permettent un certain rééquilibrage des relations commerciales, grâce aux investissements réalisés en commun (production, conditionnement), au regroupement de l’offre et à la réduction des coûts de transaction qui en résultent. Cette première mise en marché peut aussi être réalisée par l’un des 540 expéditeurs, parfois producteurs, qui préalablement regroupent et conditionnent une partie de l’offre de fruits et légumes.

Dans la seconde partie de l’article, les auteurs dressent un bilan de l’évolution des circuits de distribution. Au cours de la période étudiée, une plus grande organisation de la filière, pour la première mise en marché, s’est traduite par une part croissante des ventes réalisée par les coopératives et autres organisations collectives (45 % en 2018 contre seulement 29 % en 1997). Le corollaire a été une baisse de la part des ventes réalisées en circuits courts. Les grossistes ont vu leur rôle s’amoindrir tandis que les centrales d’achat de la grande distribution se sont développées, bien que les enseignes soient désormais confrontées au développement d’autres circuits de distribution : magasins spécialisés, restauration hors domicile, vente directe. Les marchés ont, quant à eux, fortement décliné sur la période observée. Enfin, le poids des produits en provenance des pays tiers (« importations ») et de l'Union européenne (« introductions ») a augmenté dans la consommation finale. La production française couvre désormais 52 % des besoins, contre 61 % en 1997, sous l’effet de problèmes de compétitivité « coût » mais également de l’évolution des préférences des consommateurs pour des produits spécifiques (mangues, avocats, etc.).

Poids des opérateurs en pourcentage des volumes commercialisés à chaque stade

filiere fruits et legumes.jpg

Source : CTIFL

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Infos Ctifl

Filière porcine : conséquences des nouvelles réglementations pour la castration

Lors de l'édition 2021 du Salon international des productions animales (Space), consacrée au bien-être animal, l'Institut du porc (Ifip) a traité, au cours de quatre « matinales de l'élevage », des conséquences de la prochaine réglementation sur la castration. Cette opération sur les porcelets sans prise en charge de la douleur sera interdite à compter du 1er janvier 2022. Disponible en replay, chaque conférence s'intéressait à un maillon de la filière, en proposant une mise au point scientifique suivie de témoignages.

L'éleveur peut répondre à cette obligation de trois façons : en pratiquant la castration avec analgésie et anesthésie locale ou générale ; en recourant à une immunocastration sous forme d'injections d'un « vaccin » ; en conservant ses mâles entiers. Les conséquences économiques sont très variables : valorisations inégales des viandes, pénalités à l'abattoir pour les carcasses odorantes issues d'animaux non castrés, etc. Développé par l'Ifip, l'outil SIM'Alter permet alors au producteur d'effectuer une simulation pour affiner sa stratégie.

À l'abattoir, la détection des carcasses malodorantes, dues au scatol et à l'androsténone, peut se faire par une analyse chimique ou, de préférence, par des « nez » humains. Ceci nécessite de sélectionner les agents volontaires, de les former, puis de mettre en place une bonne gestion par roulement au sein de l'équipe. En effet, au bout de 150 carcasses, l'agent doit faire une pause d'au minimum 15 minutes, et il peut alors être préposé à l'enregistrement des données. Ces questions d'organisation du travail font l'objet du projet d'étude SANMALO d'Uniporc.

Au niveau du maillon « transformation », la non-castration induit une baisse des dépôts de gras et une hausse des teneurs en muscle et en os, avec une réduction de la qualité technologique (rétention d'eau) de la viande. Ceci est nettement défavorable pour les process industriels de fabrication des jambons secs de types Bayonne et Parme, et des saucissons. Des risques de déstructuration pour les jambons cuits sont également documentés. Un engraissement des femelles et l’utilisation de castrations sans douleur pourraient être une solution.

Enfin, en Europe, l'élevage de porcs mâles entiers augmente régulièrement, passant de 18 % du total du cheptel de mâles en 2010 à 35 % en 2020 (figure ci-dessous). Cependant, la situation est très variée selon les pays, sous l'effet de nombreux facteurs : habitudes alimentaires (morceaux, produits consommés), pression des associations de protection animale, importance des exportations vers certains pays peu préoccupés par le sujet, etc. Autant d'aspects à prendre en compte pour le devenir de ces produits.

Répartition de la production des porcs mâles en Europe

filiere porcine.jpg 
Source : Ifip (enquête 2021)

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : IFIP

Meat Atlas 2021 : « faits et chiffres sur les animaux que nous mangeons »

En septembre 2021, huit ans après la première édition, la fondation allemande Heinrich Böll a publié un nouveau Meat Atlas en partenariat avec les ONG Friends of the Earth Europe et BUND. Adoptant une approche mondiale, complétée d'éclairages régionaux et nationaux, cet atlas propose une synthèse des principaux faits et données sur 28 entrées clés : consommation, échanges internationaux, production, ressources naturelles, politiques publiques, protéines alternatives, etc. Des recommandations accompagnent ces analyses. Le document rapporte également les résultats d'une enquête conduite auprès de jeunes Allemands sur le sujet.

Parmi les nombreux éléments proposés, les auteurs s'intéressent aux étapes de l'abattage et de la transformation. Alors que les capacités de production augmentent, ils rappellent que la crise du covid-19 a mis un « coup de projecteur » sur les conditions de travail difficiles dans l'industrie de la viande. Elles vont de pair avec certaines stratégies d'entreprises pour contourner des règles nationales portant sur les salaires, la protection sociale ou encore l'impôt (ex. travail détaché). Les pages consacrées aux dix plus grandes firmes mondiales rappellent le degré élevé de concentration du secteur : par exemple, en Allemagne, cinq structures contrôlent les deux tiers du marché du porc transformé. Ce pouvoir de marché a aussi des conséquences sur l'évolution des exploitations agricoles, pouvant être accompagnée par des aides publiques.

Ventes réalisées par les plus grandes entreprises des secteurs de la viande et du lait en 2019-2020 (milliards de $ US)

meat atlas.jpg

Source : Heinrich Böll Stiftung

Du côté des ressources aquatiques, l'analyse nuancée considère les différents types d'eau utilisés pour la production : « verte » (précipitations), « bleue » (irrigation), « grise » (volume théorique nécessaire à la dilution de contaminants). Les espèces, les systèmes de production ou encore l'origine de l'alimentation animale sont aussi intégrés et la production industrielle se révèle alors la plus impactante. Les auteurs soulignent également les dégradations des ressources en eau et des zones humides constatées au niveau mondial, comme, par exemple, des zones marines « mortes » du fait de pollutions liées à l'élevage.

Enfin, des éclairages intéressants sont proposés sur la consommation d'insectes. Si son développement paraît prometteur en Europe et Amérique du Nord (marché estimé à 8 milliards de $ à 2030), les atouts et les risques d'un élevage de masse sont soulignés : faible consommation d'espace et de nourriture, perte de diversité génétique, émergence de maladies, etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : fondation Heinrich Böll

15/10/2021

Viande in vitro : obstacles et risque de désillusion

Dans un article de septembre 2021, The Counter s’interroge sur les prochaines étapes des projets de « viande in vitro ». La culture de cellules animales à des fins alimentaires a donné lieu à des prototypes, les startups constituent un secteur de R&D dynamique et les investissements s’intensifient. Fin 2020, à Singapour, une autorisation de mise sur le marché a été octroyée à la société Just. Toutefois, de nombreux indicateurs incitent à la prudence. L’auteur compare ainsi différentes études technico-économiques et interviewe les acteurs, pour mieux cerner leurs ambitions et perceptions des perspectives techniques. Les économies d’échelle, indispensables, peuvent être obtenues en suivant trois voies : des coûts réduits liés aux ingrédients du milieu de culture, des cellules plus « efficaces », des bioréacteurs plus grands. Aucune de ces voies ne semble maîtrisée aujourd'hui et le secteur pourrait être au bord de l’effondrement. Certains appellent donc à un renfort de la recherche par les fonds publics. Pour l’auteur, un tel choix d’allocation paraît particulièrement hasardeux au regard d’autres priorités, comme le déploiement des énergies renouvelables.

Source : The Counter

14/10/2021

L'Anses publie son avis sur la protection des parcours de porcins en plein air

L'Anses a publié, en septembre 2021, un avis et un rapport d'expertise collective sur les dispositifs de protection des parcours de porcins en plein air, pour éviter la transmission de maladies par la faune sauvage. En effet, alors que la peste porcine africaine sévit dans des pays proches, l'élevage en plein air fait craindre une telle contagion, l'avis allant cependant au-delà de cette seule épizootie. Ce type d'élevage concerne 5 à 10 % des exploitations françaises, souvent en lien avec une démarche de qualité. La double clôture réglementaire comporte des coûts d'entretien élevés et les exploitants préfèrent utiliser une clôture plus simple, également prévue par la réglementation, en association à des mesures complémentaires (organisation spatiale de l'élevage, présence d'un chien ou d'un verrat sur le parcours, dispositifs d'effarouchement, immunocastration des femelles). Si l'avis regrette le manque d'études sur le sujet, il constate que ces dispositions complémentaires augmentent l'efficacité d'une clôture simple, mais également la non-observance des mesures de biosécurité.

Source : Anses

Les organisations professionnelles face au droit de la concurrence

Représentant les entreprises d’une même profession ou d’un même secteur, les organisations professionnelles sont confrontées au « risque concurrentiel » par leurs pratiques et celles de leurs adhérents (échange d’informations tarifaires ou stratégiques, actions de lobbying, interprétation erronée de la réglementation, etc.). Elles peuvent s’en prémunir, notamment en menant des actions de prévention (sensibilisation, formation).

Afin de les appuyer dans cette démarche, et dans le cadre d’un renforcement des sanctions applicables aux organisations professionnelles et à leurs membres, l’Autorité de la concurrence a publié un guide à leur intention. Les enjeux qui y sont exposés, ainsi que le nouveau cadre réglementaire, ont par ailleurs été évoqués lors d’un webinaire, le 7 septembre 2021. Les organisations professionnelles du secteur agroalimentaire sont notamment concernées par des recommandations, en complément de l’avis n°18-A-04 relatif au secteur agricole émis le 3 mai 2018.

Source : Autorité de la concurrence

Bien-être animal et attentes des consommateurs de lait au Japon

Le bien-être animal est encore un sujet plutôt émergent au Japon. C'est dire l'intérêt de l'article publié en septembre 2021 dans Ecological Economics, qui traite du niveau d'information et des attentes des consommateurs de produits laitiers en la matière. La filière laitière japonaise a connu un développement récent et rapide, majoritairement orienté vers du lait stérilisé à Ultra-haute température (UHT) standardisé. Il repose sur des exploitations de petite surface, très intensives par vache grâce à l'achat d'aliment concentré, où près de 80 % des animaux n'ont pas accès à des parcours extérieurs. Les auteurs mettent en évidence une méconnaissance de la situation par les consommateurs. Ils révèlent en même temps leurs attentes et leur consentement à payer un surplus (équivalent à 0,15 €/L) pour du lait garantissant un meilleur bien-être animal, qui s'accroît lorsqu'ils sont mieux informés (+ 0,05 €/L supplémentaire). Selon eux, cette méconnaissance des pratiques réelles, considérée comme une asymétrie d'information, représente une défaillance du marché à corriger, car mieux informer les consommateurs permettrait de développer des produits conformes à leurs attentes.

Source : Ecological Economics

13/10/2021

Changement climatique, pressions parasitaires et rendements dans les pays tempérés

Des travaux publiés dans Nature Climate Change, en août 2021, suggèrent que le changement climatique impactera différemment la pression des pathogènes des plantes selon les zones de production agricole. D’après les modèles utilisés, les rendements de la plupart des cultures, dans les hautes latitudes, augmenteraient avec les températures tandis que les tropiques ne verraient que peu ou pas de gain. Par contraste, le risque d’infection par les pathogènes des plantes (80 champignons et oomycètes étudiés sur 12 cultures) diminuerait dans les zones tropicales (Brésil, Afrique sub-saharienne, Inde et Asie du Sud-Est), mais augmenterait dans les latitudes plus élevées. Les États-Unis, l’Europe et la Chine pourraient ainsi connaître des changements majeurs dans les associations de populations de pathogènes. Les avantages des gains de rendement dans ces zones de production pourraient donc être tempérés par la charge accrue de la protection des cultures due à l'accroissement des maladies et d'agents pathogènes peu familiers.

Source : Nature Climate Change

Impacts économiques et environnementaux de la stratégie Farm to fork

Deux chercheurs allemands ont publié récemment une étude simulant les impacts économiques et environnementaux de la stratégie Farm to fork (F2F) de l'Union européenne (UE). Ils estiment une possible chute de la production agricole européenne (ex. - 20 % pour le bœuf), qui s'accompagnerait d'une hausse des prix dans l'UE (ex. + 58 % pour la viande bovine) et hors UE dans une moindre mesure (ex. + 7,4 % pour la viande bovine). Il y aurait également une modification du positionnement de l'Union dans le commerce mondial (ex. passage d'exportatrice nette à importatrice nette de bœuf), une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs (- 70 milliards d'€) et une hausse du revenu des agriculteurs (+ 35 Md€). Par ailleurs, les auteurs obtiennent pour l'UE une réduction de l'usage des fertilisants (51 %) et des pesticides (58 %), une augmentation de 11 millions d'ha des aires protégées et une baisse de 109 MtéqCO2 des émissions de gaz à effet de serre (GES). Cependant, observant les effets de F2F hors-UE, notamment sur les émissions de GES, ils concluent que cette stratégie impose des restrictions à la production sans répondre globalement aux objectifs du Pacte vert, notamment en termes climatiques.

Volume de production (en prix constants), variation en % par rapport à la référence

farm to fork.jpg

Source : Kiel Universität

Lecture : les barres représentent les variations des volumes de production dues aux différents objectifs de la stratégie F2F pour 2030 (violet pour la réduction de 20 % de l'usage des fertilisants minéraux, orange pour la réduction de 50 % de l'usage des produits phytosanitaires, vert clair pour la réduction de 50 % des excédents de balance azotée, jaune pour l'atteinte de 25 % de SAU en agriculture biologique, bleu pour l'atteinte de 10 % d'éléments à haute diversité paysagère), et dues à l'ensemble des objectifs de la stratégie F2F combinés (vert foncé).

Sur le sujet des impacts de la stratégie F2F, on pourra se reporter également à un précédent billet.

Source : Kiel Universität

11/10/2021

Les agriculteurs pakistanais manquent de connaissances sur l'utilisation des insecticides

300 agriculteurs de trois provinces du Pakistan ont été interrogés entre octobre 2019 et février 2020, par des chercheurs, sur leurs connaissances des produits insecticides. Les résultats, publiés dans Plos One en août 2021, montrent que la grande majorité des participants ont des lacunes concernant la nature et le mode d'action des produits conventionnels, leurs liens avec les phénomènes de résistance et les pollutions environnementales, ou l'existence d'alternatives biologiques. Pourtant, ils sont 55 % à utiliser principalement les insecticides chimiques comme mode de contrôle, alors que 7 % ont recours à des méthodes biologiques, 5 % à de la lutte intégrée et 33 % à des pratiques ancestrales.

Source : Plos One

20/09/2021

Coûts et bénéfices de l'agriculture de précision : le cas du blé en Suisse

L'agriculture de précision permet d'ajuster les apports d'intrants au plus près des conditions réelles des sols et de la croissance des plantes, avec des bénéfices potentiels sur les rendements, les marges et la réduction des pressions environnementales (excès d'azote, prélèvements en eau, etc.). Les technologies de recueil et de traitement de l'information ne cessent de s'améliorer, avec des résolutions spatiales de plus en plus précises (jusqu'à 2x2 m pour les drones), mais elles ont aussi un coût (achat de matériel, de données, etc.). Leur diffusion dans les pays européens s'avère ainsi moins répandue que dans les grandes exploitations des États-Unis. Est-ce dû à un retour sur investissement insuffisant ? Un article publié en juillet dans la revue Ecological Economics essaie de répondre à cette question.

Les auteurs ont effectué des simulations pour estimer les bénéfices économiques nets de cinq technologies de recueil de l'information, aux résolutions de plus en plus fines et permettant de moduler l'azote apporté : analyse de sols, capteur monté sur le tracteur, capteur manuel, données satellitaires, drones. Dans leur modèle, les doses d'azote optimales sont calculées de façon à maximiser le profit pour une technologie donnée. 10 000 simulations ont été conduites sur des terres agricoles types d'1 ha, divisées en 2 500 parcelles, avec trois qualités différentes de sols (teneur en matière organique, texture). L'hétérogénéité et la répartition spatiale des terres ainsi simulées sont mesurées par les indices de Shannon et de Moran (figure ci-dessous).

Agrégation de l'information en fonction de la précision des technologies considérées dans les simulations

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Source : Ecological Economics

Lecture : 1, 2 et 3 correspondent aux trois types de sols analysés dans l'article.

Les résultats montrent que les technologies aux résolutions les plus fines produisent des bénéfices nets par rapport à celles moins précises, mais au-delà d'un certain seuil d'hétérogénéité des sols ces bénéfices sont modestes, de l'ordre de 0,2 % du revenu total. Les rendements sont en moyenne un peu plus élevés et l'usage d'azote plus réduit, avec toutefois une variabilité nettement moindre (figure ci-dessous). Par ailleurs, en considérant un prix de l'azote au double de sa valeur actuelle, les bénéfices nets sont un peu plus élevés. Les résultats confirment aussi l'hypothèse des auteurs d'un faible retour sur investissement individuel. Les auteurs soulignent l'intérêt d'analyser les situations d'usage partagé ou contractuel des technologies, et notent enfin que celles-ci présentent d'autres avantages non pris en compte ici : optimisation des autres intrants (eau, pesticides), amélioration de la teneur en protéines du blé, etc.

Rendements, doses d'azote et bénéfices nets pour les quatre types de technologies dans le cas d'une hétérogénéité élevée des sols

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Source : Ecological Economics

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Ecological Economics

17/09/2021

Les technologies spatiales au service de l'agriculture

Le site Techniques de l'ingénieur a publié, en août, une série d'articles sur le thème des technologies spatiales au service de l'agriculture. Les différents types de satellites (météorologiques, de positionnement, de télécommunication ou d'observation) figurent au premier rang de ces technologies et trouvent nombre d'applications en agriculture. Les systèmes de navigation guident les engins dans les parcelles (semis, irrigation, épandage) afin d'optimiser les passages en évitant les recouvrements et les zones non traitées. Pour indemniser les agriculteurs en cas d'aléas climatiques, certains assureurs s'appuient sur des indices (ex. : indice de production des prairies) établis à partir d'un historique de données satellitaires pour estimer les carences de production. Autre technologie performante, des capteurs optiques ou thermiques, embarqués sur des satellites, permettent de mesurer, par télédétection, différentes variables biophysiques : taux de chlorophylle des plantes, biomasse, stress hydrique, etc. Grâce à ces informations, les agriculteurs peuvent ajuster les apports en eau ou en engrais selon les besoins des végétaux aux différents stades de développement (agriculture de précision).

Carte de préconisation des besoins de fertilisation du logiciel Farmstar obtenue à partir d'images satellitaires

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Source : Crédit image Airbus

Les images satellitaires sont aussi utilisées pour contrôler les déclarations de surface des agriculteurs dans le cadre de l’octroi des aides du premier pilier de la Politique agricole commune. Pour la France, selon l'Agence de services et de paiement (ASP), qui distribue ces aides, les déplacements physiques des contrôleurs dans les exploitations ont ainsi pu être diminués de moitié.

Enfin, l'espace est également un laboratoire de recherches agronomiques. Le dernier article du dossier l'illustre par l'exemple de la mission Wise, programme privé de recherche spatiale appliquée. Ce programme a pour objectif de tirer parti des effets de la microgravité sur des systèmes biologiques complexes afin de trouver des solutions pour la viticulture et l’agriculture de demain. Bouteilles de vin et sarments de vigne ont ainsi séjourné pendant 10 mois à bord de la station spatiale internationale afin d'étudier plusieurs aspects : propriétés biochimiques, vieillissement du vin, changement dans l'ADN des sarments, etc.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Techniques de l'ingénieur

Transmission du virus H7N9 aux humains : comparaison des mesures de lutte

Un article publié dans One Health modélise la circulation du virus H7N9 de la grippe aviaire A entre volailles et êtres humains, afin de tester plusieurs mesures de lutte selon différents paramètres de contamination. Les volailles sont considérées comme soit « saines », soit « infectées ». Elles peuvent contaminer les humains par contact direct ou indirectement par l'environnement. Au départ considérés comme sains, les humains peuvent devenir « exposés » (porteurs non contagieux), « infectés », « remis » (et résistants) ou « morts ». Ils ne peuvent se contaminer entre eux. Les paramètres du modèle sont fixés à partir de statistiques de la province du Guangdong en Chine : ratio population humaine / population de volailles, taux d'entrée des volailles dans le système, taux de mortalité naturelle humaine, etc. Les auteurs font ensuite varier les taux d'abattage, de vaccination et de contrôle de la santé des volailles, pour modéliser les mesures de lutte. Ils jouent également sur les paramètres de contamination indirecte pour modéliser l'application des mesures d'hygiène et de désinfection.

En cas d'intégration régulière de volailles infectées dans le système (ex. par importation), la maladie devient endémique et il n'est possible d'empêcher la transmission du virus à l'humain qu'à la condition de vacciner la totalité des animaux ou de supprimer tout contact avec les humains. De fait, le dépistage de la maladie, notamment sur les volailles importées, est selon les auteurs la première mesure à mettre en œuvre pour lutter contre sa propagation.

Si les volailles intégrées sont saines, la vaccination est très efficace pour réduire le risque de transmission, à condition qu'elle soit massivement appliquée. Par exemple, vacciner 30 % des volailles permet de diminuer la transmission entre animaux de 47 % environ et celle vers les humains de 52 %. En cas de non-vaccination, le dépistage doit être couplé avec une réduction des contacts entre volailles et populations humaines, et la mise en place de mesures d'hygiène. Enfin, les auteurs préconisent le nettoyage et la désinfection comme moyen d'accélérer l'élimination du virus.

Cycle de transmission du virus H7N9 et mesures de lutte associées

H7N9.jpg

Source : One Health

Lecture : la transmission entre volailles (image de gauche) peut être limitée par l'abattage, le contrôle et la vaccination de celles-ci. Pour réduire la transmission indirecte (voie du haut) ou directe du virus aux humains, il est possible de désinfecter et de nettoyer (pour la voie indirecte) ou de réduire les contacts directs (pour la voie directe).

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : One Health

Une évaluation de la législation européenne sur le bien-être animal en élevage

Dans le cadre de la promotion du bien-être animal (BEA) par la Commission, le service de recherche du Parlement européen (EPRS) a été mandaté pour conduire une étude de l'application de la législation européenne et de la place du BEA dans les labels existant dans les pays de l’Union (résultats publiés en juin). Pour ce faire, deux groupes de travail correspondant aux deux volets de l'étude ont consulté la documentation existante et interrogé des personnes concernées (fonction publique et acteurs privés), aux niveaux européen et nationaux.

La législation européenne relative au BEA se compose de 5 directives et cette partie du rapport permet d'en avoir un récapitulatif (figure ci-dessous). Une directive générale de 1998 s'applique à tous les animaux de ferme tandis que 4 autres sont spécifiques aux poules pondeuses, poulets de chair, porcs et veaux. À celles-ci s'ajoutent des mesures nationales ainsi que des labels.

Législation européenne sur le bien-être animal en élevage

BEA.jpg

Source : European parliament research service (EPRS)

Le rapport émet plusieurs réserves. Il regrette que les directives, en particulier celle de 1998, soient maintenant anciennes et ne correspondent plus aux acquis de la science en matière de BEA. Le texte n'est en outre pas assez précis, souvent sans normes chiffrées. Si les directives relatives aux poules pondeuses, aux porcs et aux veaux ont apporté de réelles améliorations, l'efficacité de celle qui traite des poulets de chair est moins évidente : il est notamment très difficile de faire un lien entre les quelques améliorations des pratiques et la directive. Enfin, les auteurs regrettent des incohérences entre les directives et les politiques commerciales et environnementales.

Ils ont identifié 24 labels comprenant des mesures relatives au BEA, en augmentation ces dernières années (figure ci-dessous). La plupart ont été instaurés par le secteur privé. Ils concernent principalement les filières porcine, poulets de chair et lait de vache. Si la transparence de leurs cahiers des charges est correcte, des études complémentaires sur leur efficacité demeurent nécessaires. Enfin, deux désaccords entre les acteurs privés et la Commission sont dus au caractère national de ces labels : premièrement les acteurs privés craignent une distorsion de concurrence sur le marché intérieur du fait de coûts différents des labels ; en second lieu les différentes normes des labels entraînent des inégalités de revenu entre les producteurs communautaires.

Labels développés dans des États membres, comportant des mesures sur le BEA

BEA2.jpg

Source : EPRS

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Service de recherche du Parlement européen

De nombreux dispositifs de lutte contre la déforestation, mais une efficacité questionnée

Dans un rapport récemment publié par l'Institut français des relations internationales (Ifri), Alain Karsenty (Cirad) dresse un état des lieux des politiques et instruments internationaux de lutte contre la déforestation dans les régions tropicales, avant de proposer des pistes d'amélioration. L'estimation des impacts, sur les forêts tropicales, de la production de matières premières destinées au marché mondial fait consensus (figure ci-dessous). Il n'en va pas de même pour d'autres facteurs dont le lien avec la déforestation est plus ambivalent. C'est le cas de la pauvreté et de l'insécurité foncière, qui sont au cœur de controverses.

26 % de la surface déforestée entre 2001 et 2015 sont imputables à sept matières premières agricoles (en million d'hectares)

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Source : Ifri

Les acteurs privés sont eux-aussi largement concernés. Si, au XXe siècle, les entreprises d'exploitation forestière ont été motrices, des entreprises agroalimentaires (voire certains conglomérats regroupant activités agricoles, forestières et minières) sont désormais impliquées directement ou indirectement dans la déforestation en zone tropicale. Elles font de plus en plus souvent appel à des sous-traitants ou contractualisent avec des producteurs agricoles locaux, ce qui conduit à une dilution de la responsabilité.

Par ailleurs, la Chine tient un rôle croissant dans les évolutions du couvert forestier tropical. Tout en protégeant ses forêts naturelles et en plantant massivement, elle a multiplié par cinq ses importations de bois en 20 ans (figure ci-dessous). Elle a aussi fortement accru son approvisionnement en matières premières agricoles, externalisant ainsi la déforestation. De plus, elle utilise son influence au sein d'organisations internationales, dont la FAO, pour ralentir la mise en œuvre de certains accords visant à lutter contre la déforestation.

Principaux flux d'exportation de sciages tropicaux en 2020

deforestation 2.jpg

Source : Ifri

Le rapport détaille aussi l'empilement des réglementations et initiatives privées mises en œuvre depuis le milieu du XXe siècle : certification de gestion forestière durable, protocole de Kyoto puis dispositifs REDD et REDD+ (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière), lutte contre le commerce illégal (initiative Forest Law Enforcement, Governance and Trade, FLEGT) et plus récemment contre la déforestation importée, accords bilatéraux de paiement aux résultats, etc.

En conclusion, l'auteur recommande de combiner différents instruments internationaux, accords bilatéraux et politiques nationales (agriculture, alimentation, éducation, foncier, fiscalité, etc.) pour améliorer leur efficacité.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Ifri