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15/04/2022

Ces symbioses qui nous gouvernent

Le magazine La Recherche d’avril-juin 2022 publie un dossier de 40 pages sur le thème « symbiose et réseaux du vivant ». Il fait le point sur les dernières découvertes concernant ces interactions naturelles, à différentes échelles (univers, océans, champs cultivés, fromages, intestin, etc.), et leurs implications pour la santé globale : une plongée dans des recherches qui ne s’intéressent pas à l’organisme seul mais à l’holobionte, cet ensemble constitué par l’hôte et tous ses microorganismes (Forest Rohwer, 2002).

Pour l’agriculture, les applications sont multiples. Les relations que tissent les plantes avec les micro-organismes du sol peuvent augmenter leur tolérance à la sécheresse ou à la salinité, modifier leur date de floraison, maximiser l’absorption des nutriments tout en résistant aux parasites et pathogènes, améliorer leur croissance, etc. De nouvelles stratégies d’amélioration des plantes – jusqu’ici focalisées sur leur seul génome – voient le jour, pour sélectionner les végétaux et leurs communautés microbiennes racinaires, ou les traits génétiques favorisant l’interaction hôte-micro-organismes. Les exemples des start-up françaises Mycophyto et Inoculum Plus, qui proposent des biostimulants de symbioses mycorhyziennes pour la santé des plantes, sont mentionnés.

Si « tout bios est donc symbios », si l’individu est constitué des milliards de relations qu’il tisse en continu avec ses vivants, comment parvenir à les modéliser ? Le dossier convoque économistes, écrivains et philosophes pour éclairer les implications de ces nouvelles découvertes, le concept seul « d’écosystème » n’y suffisant plus. Ces sciences de la symbiose peuvent également permettre de mieux comprendre les dynamiques actuelles de la mondialisation et les diverses politiques du vivant gérant la crise environnementale. Elles contribuent aussi à la conception d'une industrie symbiotique où les acteurs d’un même territoire pensent leur développement en privilégiant les interactions entre leurs différentes organisations. Elles travaillent enfin à l'application des solutions symbiotiques du type gagnant-gagnant aux transitions énergétiques et alimentaires. Si l’idée a déjà plus d’un demi-siècle, avec le cas français de la bioraffinerie de Pomacle Bazancourt, les symbioses industrielles peuvent devenir, selon les économistes cités dans le dossier, un levier essentiel de la transition vers une « économie circulaire ».

Cécile Poulain, Centre d’études et de prospective

Source : La Recherche

10:19 Publié dans Enseignement et recherche, Production et marchés, Territoires | Lien permanent | Tags : vivant, économie circulaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/04/2022

Patrimoine alimentaire et relance des produits

La revue Anthropology of food consacre un numéro aux produits de terroir et aux dynamiques de patrimonialisation dans le domaine agroalimentaire. On y trouvera notamment informations et analyses sur les appellations corses (farine de châtaigne, fromages, charcuterie), et sur le travail des syndicats et associations de défense et de promotion pour « relancer » des produits typiques en déclin.

Parmi les études de cas, signalons l'article de A. Broccolini sur la lentille de Rascino, en Italie, aliment de pauvres « cultivé seulement pour la consommation quotidienne des familles paysannes », et devenu « produit-icône d’un territoire », porté par des producteurs professionnels et un circuit de commercialisation. Parmi les articles plus généraux, P. Pesteil livre une réflexion sur la fraude et ses contre-feux. Après avoir rappelé l'étendue des pratiques de contrefaçon dans le domaine alimentaire, il s'appuie sur différents terrains (Corse, Yakutie en Russie, Italie) pour discuter les intérêts et limites des systèmes de certification d'une part, et des alternatives de « reconquête alimentaire » dite « par le bas » (mouvement Slow Food, certification participative).

Enfin, l'historien P. Meyzie consacre un article aux « produits d'origine » dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles. À partir d'archives diverses (livres de cuisine, documents marchands), il retrace l'association entre produits, origine et qualité, avant la mise en place des systèmes de certification officielle (protection intellectuelle en 1824, puis développement des appellations à partir de 1905). On voit ainsi émerger des noms de produits et des conventions de qualité, qui sont aussi des dispositifs de jugement : fromage « de Roquefort », moutarde « de Dijon », etc. Le plus souvent liés à de grandes villes, ils encadrent le commerce et les attentes des contractants, et concernent en premier lieu des produits très circulants, plutôt qu'en danger de disparition. Ces proto-appellations reflètent les perceptions d'une élite de consommateurs parisiens, soucieux d'un certain exotisme culinaire. La carte ainsi établie (figure ci-dessous) est largement familière, mais elle fait aussi apparaître quelques produits oubliés, ou très confidentiels. Selon l'auteur, ces « gisements de patrimonialisation » pourraient servir de base à des initiatives de redynamisation territoriale.

Localisation des produits d'origine (1680-1830)

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Source : Anthropology of food

Lecture : la taille des points associés à chaque produit est proportionnelle au nombre de mentions identifiées dans le corpus.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Anthropology of food

11/04/2022

Une série de podcasts du Cirad sur les systèmes alimentaires dans le monde

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Dans le cadre de cette série, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) consacre un épisode à Hà Nội. Les systèmes alimentaires des villes du Sud sont souvent présentés de manière binaire, oscillant entre la modernité représentée par la grande distribution et la tradition incarnée par la vente de rue. Paule Moustier, chercheuse au Cirad, a au contraire mis en valeur leur diversité. Elle identifie six catégories de systèmes alimentaires à Hà Nội, qui coexistent : i) traditionnel et informel, où le rôle des femmes est prédominant ; ii) innovant, basé sur des petites et moyennes entreprises ; iii) moderne, avec la grande distribution et le commerce digital ; iv) de subsistance ; v) de circuits courts et vi) de circuits longs. Cette diversité aurait permis à Hà Nội de ne pas connaître de tensions sur les approvisionnements durant la pandémie de Covid 19. Et si Dao The Anh, vice-président de l’Académie des sciences agricoles du Vietnam, reconnaît la nécessité de conserver le réseau des petits commerces, il plaide également pour leur modernisation.

Source : Cirad

09:42 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : vietnam, système alimentaire, ville |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/03/2022

La « vie chère » dans les Outre-mer

Dans la dernière livraison de la revue Géographie, économie, société, mise en ligne en février 2022, l'article de J.-F. Hoarau (université de La Réunion), identifie les facteurs et mécanismes qui participent aux différentiels de prix entre la métropole et les départements et régions d’Outre-mer (DROM), principalement tirés par les prix alimentaires. De plus, la vulnérabilité au changement climatique et la dépendance externe de ces territoires pourraient accroître prochainement les coûts d'accès à l'alimentation humaine (mais aussi animale).

Pour l’auteur, les forts handicaps structurels des économies ultra-marines sont à l'origine des écarts de prix. Ils les conduisent à une plus grande exposition aux chocs et à une situation de fragilité économique. Ces handicaps entraînent des surcoûts qui se traduisent par un surenchérissement des prix à la consommation et un défaut de compétitivité. L’auteur rappelle aussi que la localisation dans l’espace est un facteur crucial du développement économique. La distance importante entre les territoires et les grands marchés internationaux (figure ci-dessous) s’accompagne de coûts d’approche élevés (frais supplémentaires liés au conditionnement, au transport, etc.). De plus, leur insularité empêche les entreprises locales de bénéficier d’effets d’agglomération tels que la densité d’emplois, la présence d’une main-d’œuvre spécialisée ou l’existence d’infrastructures modernes. Cette limite est par exemple visible dans la quasi-absence d’effort de recherche des entreprises ultramarines.

Le système de transport global (terrestre, maritime et aérien)

productivité globale des facteurs,etats-unis,filière lait

Source : Géographie, économie, société

Lecture : en vert, le transport routier ; en bleu, les routes maritimes ; en rouge, les réseaux aériens.

De plus, pour J.-F. Hoarau, en économie, « l’histoire compte ». Les structures sociales issues des institutions coloniales traversent les âges et se manifestent dans la prévalence d’une logique « exportations de produits agricoles tropicaux contre importations de produits manufacturés » (figure ci-dessous).

Décomposition (en %) du commerce extérieur des DROM, en 2018

productivité globale des facteurs,etats-unis,filière lait

Source : Géographie, économie, société

Enfin, un troisième ensemble de facteurs touche à l’étroitesse économique des marchés et au défaut de concurrence associé. La faiblesse de la demande limite le nombre d’entreprises capables de desservir de manière efficace le marché local, favorisant des situations de monopole et d’oligopole qui concernent les industries de transformation locale comme la grande distribution. D'après l'auteur, l’intensité concurrentielle pourrait être renforcée et la recherche de compétitivité des entreprises resserrée sur le commerce extérieur à l’échelle régionale, par exemple au moyen du développement d’une industrie agroalimentaire de haute qualité, tournée vers les petits marchés touristiques « de luxe » avoisinants.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Géographie, économie, société

09/03/2022

Drives piétons, dark kitchens et dark stores : état des lieux parisien

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En février 2022, l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur) a publié une analyse de ce qu'il appelle le « nouvel écosystème de la distribution alimentaire en centre-ville ». Se développant dans les zones densément peuplées, ces activités ont notamment bénéficié des confinements récents. Depuis 2018, les drives piétons sont principalement portés par Carrefour et Casino. Plus récemment, d'autres enseignes mettent en place des dispositifs non adossés à un magasin, voire automatisés. Lieux de préparation de repas commandés sur Internet et livrés à domicile, la trentaine de dark kitchens identifiées contribue à la diversification des formes de livraison à l’œuvre depuis une vingtaine d'années, suite à l'arrivée des plateformes digitales. Permettant des livraisons dans des délais très courts (10-20 min), les dark stores (environ 80) ont fortement augmenté depuis 2020. Portés par une dizaine de start-ups, ils proposent un catalogue restreint de références. Leurs activités font face à diverses critiques : concurrence avec les commerces alimentaires, nuisances, gestion des pertes en produits frais, conditions de travail. Enfin, les auteurs traitent du statut juridique de ces nouvelles activités.

Source : Apur

16/02/2022

Évolution des productions végétales brésiliennes sur trois décennies

En janvier 2022, l'Instituto de Manejo e Certificação Florestal e Agrícola (Imaflora) a publié une analyse approfondie de la production agricole du Brésil sur la période 1988-2017. Ces trois décennies correspondent à la fin de la phase dite de modernisation de l'agriculture (années 1960-1990), à l'ouverture des marchés (1990-2000) et, depuis, au positionnement du pays comme fournisseur important de matières premières au niveau international. Mobilisant diverses bases de données, les auteurs se sont intéressés aux dynamiques spatiales et temporelles, ainsi qu'à la productivité et à la diversité des principales productions végétales. Ils montrent ainsi la concentration de la production brésilienne sur un nombre réduit de cultures.

Au cours de la période étudiée, la diversité végétale cultivée a été réduite de 9 %, sachant qu'une soixantaine d'espèces étaient utilisées dans les années 1980. De plus, la superficie agricole totale du pays est passée de 57 millions d'hectares en 1988 à 78 millions en 2017. Sur la période, au moins 70 % de cette surface sont dédiés à cinq cultures. Dans les années 2000, le soja a acquis une place de choix, occupant, en 2017, 43,2 % de la superficie, suivi du maïs (22,5 %), de la canne à sucre (13 %), des haricots (3,9 %) et du riz (2,6 %). La majeure partie de la surface agricole est consacrée au soja et au maïs (figure ci-dessous), ce dernier ayant perdu la première position à partir de 1995. La canne à sucre, quant à elle, est désormais à la troisième place, dépassant les cultures vivrières (riz et haricots).

Répartition spatiale des cinq principales cultures au Brésil en 2017 : première (carte de gauche) et deuxième (carte de droite) productions, en surface (%), par région agricole et au niveau national (barre inférieure)

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Source : Imaflora

Lecture : en jaune, maïs ; en vert clair, soja ; en marron, riz ; en vert foncé, canne à sucre ; en orange, haricot.

Sur les trois décennies analysées, la production totale annuelle est passée de 382 à 1 089 millions de tonnes, accompagnée de gains de productivité pour diverses cultures. Les situations sont toutefois différenciées. Par exemple, la production de soja a augmenté de 536 %, avec une croissance de 221 % de la superficie cultivée ; ces taux sont, respectivement, de 295 % et de 32 % pour le maïs. De plus, la surface consacrée à certaines cultures a été réduite, mais avec une croissance des volumes récoltés : c'est par exemple le cas du café, dont la surface a diminué de 40 % et la production augmenté de 96 %. Par ailleurs, la tendance est à la baisse pour le manioc, le cacao et le blé, avec par exemple -47 % de surfaces et -24 % de production pour ce dernier.

Enfin, l'analyse permet également d'approfondir les dynamiques par région agricole (exemple figure ci-dessous) et par type d'exploitations.

Évolution du nombre de cultures par région agricole, de 1988 à 2017

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Source : Imaflora

Lecture : en rouge, perte de plus de cinq cultures ; en orange, perte de 1 à 5 cultures ; en gris, stabilité du nombre de cultures ; en vert clair, gain de 1 à 5 cultures ; en vert foncé, gain supérieur à 5 cultures.

Franck Foures, Conseiller régional agricole par interim et référent sanitaire et phytosanitaire, Service économique régional, ambassade de France au Brésil

Source : Imaflora

09/02/2022

Dénominations en langue occitane de produits alimentaires

Dans le numéro de Langage et société consacré aux nouveaux usages socio-économiques des langues régionales, C. Alén Garabato et H. Boyer (sociolinguistes, université Montpellier 3) consacrent un article aux noms de produits alimentaires en occitan. La tendance à utiliser cette langue, dans un contexte commercial, apparaît dans les années 1980, puis s'accélère dans les années 2000. Trois exemples sont abordés : les pâtes, les bières artisanales et le vin. Les producteurs font preuve d'une grande créativité. Ils exploitent « des lexèmes pas forcément connus du grand public », « à forte charge identitaire » ou encore des « bribes de discours figées » comme « Tot çò que cal » [Tout ce qu’il faut], « Farem Tot Petar » [On fera tout sauter] », pour des cuvées de vin rouge (image ci-dessous). Ils manifestent souvent un certain respect de la langue (graphie normalisée). Sans exagérer la portée militante et revendicative de ces choix, les auteurs soulignent leur intérêt, dans le cadre d'une patrimonialisation dynamique, ainsi que leur contribution à une « relative légitimation face au français ».

Cuvée « Tot çò que al » du domaine Château Plaisance (AOC « Fronton »)

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Source : Langage et société

Source : Langage et société

08/02/2022

La gastronomie : le futur de la FoodTech ?

Pour la deuxième édition d'ESAFoodTech, l'École supérieure d'agriculture d'Angers (ESA) a diffusé sur sa chaîne Youtube une série de conférences consacrées au thème « Gastronomie et technologies : qu’est-ce qui change ? ». Elles ont traité, par exemple, des effets potentiels des robots et des apports possibles de la FoodTech à la valorisation de l'origine des produits et du terroir. En conclusion de cette édition, M. Vincent (cabinet de conseil DigitalFoodLab) envisage les tendances à long terme de la FoodTech. Actuellement, ces start-ups se concentrent sur une nouvelle offre de produits alimentaires (viande et lait végétaux, viande artificielle), ressemblant à ceux déjà consommés : aspect, goût, propriétés nutritives. L'objectif est de ne rien changer à l'expérience utilisateur, tout en répondant à des enjeux de santé, d'environnement et de bien-être animal. À moyen terme, lorsque ces substitutions seront acceptées et intégrées dans les comportements, un deuxième temps s'ouvrira pour le secteur, avec des innovations alimentaires disruptives et créatives. Portée par la gastronomie, la FoodTech recherchera alors des propositions de nouveaux goûts, aspects et textures pour séduire le consommateur.

Source : ESAFoodTech

07/02/2022

L’inaction climatique, première menace planétaire ?

Le risque climatique est la première préoccupation des dirigeants d’entreprise, à court, moyen et long termes, selon le Rapport sur les risques globaux 2022 publié par le World Economic Forum en janvier. Fruit d’un questionnaire sur la perception des risques adressé à près d’un millier d’experts, les résultats montrent que les trois risques identifiés comme les plus importants, à un horizon de dix ans, sont liés à l'environnement global : inaction climatique, événements météorologiques extrêmes et perte de biodiversité. Ils auront des conséquences sur les activités agricoles, forestières et piscicoles. Selon les sondés, les fractures sociales, économiques, géopolitiques et de santé publique, en augmentation à la suite de la pandémie, feront l'objet de réponses publiques divergentes et entraînant des retards dans la prise en charge de défis cruciaux : transition verte, gestion des inégalités et des vulnérabilités numériques, prise en charge des migrations, gestion de l'espace comme bien commun. Ils craignent ainsi que ces transitions (technologique, climatique ou autre), conduites avec des ressources limitées et dans un climat de tensions, n'aggravent les problèmes sociaux.

Source : World Economic Forum

11:51 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat, Environnement, Territoires | Lien permanent | Tags : cadres dirigeants, risque climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook

La diversité des ancrages sociaux et géographiques, un atout pour l’installation en agriculture ?

Le numéro d’Études rurales de décembre 2021 porte sur le peuplement des campagnes. La répartition des populations dans l’espace et la manière dont elles l’habitent sont envisagées ici sous l’angle des migrations internationales et interrégionales. Là où la littérature étudie habituellement les saisonniers, plusieurs articles concernent l’installation des immigrés comme entrepreneurs agricoles. Dans certaines campagnes méditerranéennes, la mise en jachère de terres agricoles, que les propriétaires espèrent transformer en zones constructibles, constitue une opportunité, pour les immigrés marocains, d’accéder au foncier, la terre leur étant prêtée en échange de services d’entretien qui les conduisent à réactiver sa fonction agricole. Pour P. Dolci, qui étudie les migrations internes, la trajectoire urbaine des néo-agriculteurs italiens facilite la recherche d’une clientèle dans les villes et la commercialisation des produits, alors même que la proximité géographique se révèle peu pourvoyeuse de débouchés rémunérateurs.

Source : Études rurales

11:50 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculteurs, installation, migrations |  Imprimer | | | | |  Facebook

Durabilité et résilience du système alimentaire des Hauts-de-France

Le Basic et Bio Hauts-de-France ont réalisé un diagnostic de la durabilité et de la résilience du système alimentaire régional, insistant sur les enjeux de reterritorialisation. Les auteurs se sont appuyés sur des données publiques, la littérature existante et des ateliers d'échange avec une soixantaine d'acteurs. L'étude établit un « potentiel nourricier » de 130 % : la région est excédentaire en terres agricoles par rapport aux besoins alimentaires de ses habitants. Mais, elle présente un « potentiel agro-industriel » de seulement 70 % : les capacités de transformation agroalimentaire régionale et les emplois associés sont insuffisants pour répondre à la demande des habitants en produits transformés. Le diagnostic pointe également des fragilités du système alimentaire : dépendance aux intrants importés, faible capacité de résistance face aux chocs climatiques extrêmes, etc. Enfin, il présente deux scénarios à l'horizon 2050 (tendanciel et « de résilience et de préservation ») et leurs impacts sur l'emploi, les potentiels nourricier et agro-industriel.

Le « potentiel nourricier » des Hauts-de-France en 2019

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Source : Le Basic-Bio Hauts-de-France

Source : Le Basic

« Le lait, éternel, universel » : un épisode de l'émission radiophonique Concordance des temps

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Le 8 janvier 2022, J.-N. Jeanneney a consacré un épisode de l'émission Concordance des temps au lait, en compagnie de l'historien D. Nourrisson (université de Lyon). Consommé et présent dès l'Antiquité dans les mythologies (Grecs et Romains, Peuls, Égyptiens notamment), le lait est ensuite sacralisé au Moyen Âge, donnant lieu à de nombreuses œuvres d'art. L'allaitement fait depuis l'objet de débats récurrents (Renaissance, XIXe siècle, période contemporaine) : allaitement maternel, confié à une nourrice ou encore à base de lait animal. À partir du XVIe siècle, la consommation de lait de vache et de ses produits dérivés augmente progressivement, allant de pair avec l'accroissement des rendements de production. Un temps limitée aux zones de montagne et aux campagnes, l'offre en périphérie des villes se développe, des modes de transformation (ex. pasteurisation, fromages) et de transport contribuant à son extension. De grandes entreprises émergent (Nestlé, Danone, Lactalis) et, dans les années 1950, l'État soutient la consommation de lait avec des distributions scolaires.

Source : France Culture

16/12/2021

Dans la région Grand Est, l’alimentation animale comme valorisation principale des coproduits

Le Réseau pour la sécurité et la qualité des denrées animales (Réséda), le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (Agria Grand Est) et l’Institut de l’élevage ont réalisé une étude pour mieux connaître les sources et usages des coproduits de l'industrie agroalimentaire dans la région Grand Est. Le rapport, publié en novembre 2021, vient compléter les connaissances acquises lors de précédents travaux, menés à l’échelle nationale en 2017 et en Normandie en 2020. Cet état des lieux constitue la première étape du projet Coprame (COPRoduits pour Améliorer la Multiperformance des Élevages bovin lait et viande de la région Grand Est).

Différentes politiques publiques nationales (bioéconomie, économie circulaire, mobilisation de la biomasse, tri à la source de biodéchets), appliquées localement, ont un impact sur les volumes de coproduits disponibles et sur leurs utilisations (figure ci-dessous). Travailler simultanément sur ces deux pans permet de favoriser l’économie circulaire territoriale, en liant producteurs et utilisateurs et en éclairant les concurrences d’usage.

Voies de valorisation des coproduits de l'industrie agroalimentaire

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Source : Réséda

L’enquête, menée auprès de 44 entreprises agroalimentaires et de 256 exploitations agricoles, a confirmé que l’alimentation animale est le principal débouché des coproduits (98,5 %) dans la région (figure ci-dessous), tout comme au niveau national (76 %). La différence de valorisation s’explique par la nature des coproduits régionaux : drêches de brasserie, pulpes de betteraves, etc. Bien que ce débouché soit majoritaire, les coproduits ont généralement d’autres voies de valorisation, dont certaines à plus forte valeur ajoutée (lactosérum pour l’alimentation infantile, huile de noyaux de fruits en cosmétique).

Valorisation des coproduits (% du volume) en région Grand Est, Normandie et France

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Source : Réséda

Des fiches sectorielles sur l’amidonnerie, la transformation des graisses, l’industrie laitière, par exemple, donnent des informations sur la filière (surfaces cultivées, acteurs, etc.), la nature et les caractéristiques des coproduits (sons, radicelles, produits finis non conformes, etc.), les gisements disponibles et leurs voies de valorisation. Elles sont complétées par un éclairage spécifique sur leurs utilisations en élevage. Une analyse qualitative et quantitative des utilisations informe sur les coûts ou les gains associés, la présence de contrat liant les acteurs, les distances parcourues par les produits, les concurrences d'usage. Celles-ci pourraient d'ailleurs se renforcer avec la méthanisation, en fort développement.

En conclusion, les auteurs mettent en avant la complémentarité possible de différentes valorisations de coproduits (alimentation animale, énergie, alimentation infantile, cosmétique). Optimiser leur production et leurs usages dépendra de la stratégie des entreprises, du dialogue entre producteurs et utilisateurs ainsi que des politiques publiques régionales.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Idele

14/12/2021

Les facteurs influençant les cessations d'activité précoces des exploitants agricoles

Le numéro de décembre 2021 de l'European Review of Agricultural Economics présente une analyse économétrique des cessations précoces d'activité des exploitants français, et de leurs déterminants structurels et économiques, complémentaire des travaux sociologiques sur le sujet. À partir des données de la Mutualité sociale agricole, les chercheurs ont étudié la probabilité de cessation avant 50 ans, en fonction de la situation des exploitations mais aussi de celle des structures voisines. Ils trouvent notamment que le revenu des agriculteurs a un effet négatif sur la décision de sortie précoce, mais contrasté : il a plus d'impact sur les individus plus jeunes et dotés de petites surfaces. La pluriactivité, quant à elle, favorise les départs. Enfin, le voisinage a d'importants effets d'agglomération et d’entraînement : la densité locale d'exploitations et leur résultat moyen diminuent le risque de cessation, mais les exploitants en-dessous de la moyenne du voisinage sont plus sensibles à leur position relative que les autres.

Source : European Review of Agricultural Economics

Romuald Botte, Bruno Villalba, La figure du paysan. La ferme, l’Amap et la politique, Le Bord de l’eau, 2021, 240 pages

Coécrit avec un chercheur et assorti de références sur les mondes agricoles, cet ouvrage retrace la trajectoire du fondateur de la première Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) des Hauts de France.

Les 2 200 Amap dénombrées aujourd'hui en France, les 66 000 paniers distribués et leurs 270 000 consommateurs s’inscrivent dans le mouvement d’institutionnalisation, dans les années 1990, d’agricultures alternatives, qui témoigne selon les auteurs de « la fin d’un monopole de représentation du monde paysan ». Plusieurs moments de la vie de l’Amap retiennent l’attention. L’installation concentre plusieurs choix stratégiques : le choix du terrain (conditions climatiques, qualité des sols, topographie), celui des cultures (débouchés attendus, etc.) et la sélection des machines adaptées pour limiter la pénibilité. La figure ci-dessous rend compte de l'évolution de l'exploitation. L’assemblée générale annuelle y est un moment clé, avec la présentation des comptes d’exploitation et des prévisionnels à partir desquels va être fixé le prix annuel des paniers de fruits et de légumes. Leurs distributions aux amapiens sont l’occasion d'échanges sur les espèces cultivées, le travail du sol ou les investissements réalisés.

Évolutions du salaire mensuel de R. Botte et projets de la ferme

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Source : Le Bord de l’eau

Lien : Le Bord de l’eau