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16/12/2021

Dans la région Grand Est, l’alimentation animale comme valorisation principale des coproduits

Le Réseau pour la sécurité et la qualité des denrées animales (Réséda), le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (Agria Grand Est) et l’Institut de l’élevage ont réalisé une étude pour mieux connaître les sources et usages des coproduits de l'industrie agroalimentaire dans la région Grand Est. Le rapport, publié en novembre 2021, vient compléter les connaissances acquises lors de précédents travaux, menés à l’échelle nationale en 2017 et en Normandie en 2020. Cet état des lieux constitue la première étape du projet Coprame (COPRoduits pour Améliorer la Multiperformance des Élevages bovin lait et viande de la région Grand Est).

Différentes politiques publiques nationales (bioéconomie, économie circulaire, mobilisation de la biomasse, tri à la source de biodéchets), appliquées localement, ont un impact sur les volumes de coproduits disponibles et sur leurs utilisations (figure ci-dessous). Travailler simultanément sur ces deux pans permet de favoriser l’économie circulaire territoriale, en liant producteurs et utilisateurs et en éclairant les concurrences d’usage.

Voies de valorisation des coproduits de l'industrie agroalimentaire

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Source : Réséda

L’enquête, menée auprès de 44 entreprises agroalimentaires et de 256 exploitations agricoles, a confirmé que l’alimentation animale est le principal débouché des coproduits (98,5 %) dans la région (figure ci-dessous), tout comme au niveau national (76 %). La différence de valorisation s’explique par la nature des coproduits régionaux : drêches de brasserie, pulpes de betteraves, etc. Bien que ce débouché soit majoritaire, les coproduits ont généralement d’autres voies de valorisation, dont certaines à plus forte valeur ajoutée (lactosérum pour l’alimentation infantile, huile de noyaux de fruits en cosmétique).

Valorisation des coproduits (% du volume) en région Grand Est, Normandie et France

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Source : Réséda

Des fiches sectorielles sur l’amidonnerie, la transformation des graisses, l’industrie laitière, par exemple, donnent des informations sur la filière (surfaces cultivées, acteurs, etc.), la nature et les caractéristiques des coproduits (sons, radicelles, produits finis non conformes, etc.), les gisements disponibles et leurs voies de valorisation. Elles sont complétées par un éclairage spécifique sur leurs utilisations en élevage. Une analyse qualitative et quantitative des utilisations informe sur les coûts ou les gains associés, la présence de contrat liant les acteurs, les distances parcourues par les produits, les concurrences d'usage. Celles-ci pourraient d'ailleurs se renforcer avec la méthanisation, en fort développement.

En conclusion, les auteurs mettent en avant la complémentarité possible de différentes valorisations de coproduits (alimentation animale, énergie, alimentation infantile, cosmétique). Optimiser leur production et leurs usages dépendra de la stratégie des entreprises, du dialogue entre producteurs et utilisateurs ainsi que des politiques publiques régionales.

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Idele

16/03/2020

Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin, Benoît Coquard

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À rebours des représentations dominantes de zones rurales en déclin hors du temps et dépourvues d’activités en raison de leur distance aux métropoles, l’ouvrage de Benoît Coquard donne à voir la densité des relations sociales dans ces campagnes et les logiques qui les façonnent. Il souligne toutefois d’emblée que les ruralités ne se réduisent pas aux campagnes paupérisées : d’autres espaces connaissent un renouveau des populations et des activités, à l’image de certaines régions viticoles.

Pour ce travail ethnographique, l’auteur a mené son enquête dans la région Grand Est, auprès de jeunes adultes qui sont ouvriers agricoles, artisans, salariés de la grande distribution ou de centres d’appel. Leur vie quotidienne est scandée par les déplacements en automobile, les exigences du travail et les sociabilités amicales dans lesquelles ils s’engagent pleinement. Elles constituent en effet un capital social décisif, tant pour la recherche d’un emploi que pour la formation du couple ou le maintien de la bonne réputation.

L’ouvrage montre que les manières d’être ensemble sont travaillées par les transformations économiques et sociales locales. Du fait de la raréfaction de l’emploi, liée à la désindustrialisation de la région, les plus dotés en titres scolaires partent. Ceux qui restent font partie des couches populaires faiblement qualifiées. Le dépeuplement se double ainsi d’une homogénéité sociale grandissante des populations résidentes. De plus, les sociabilités amicales changent sous l’effet de nouveaux usages de l’espace. Par exemple, du fait de la disparition des petites exploitations et du regroupement des coopératives, la vie quotidienne des travailleurs agricoles se déroule à cheval sur plusieurs cantons ou départements.

Enfin, autrefois valorisés, les bourgs ne constituent plus des centralités désirables pour les loisirs ou le logement. À titre d'illustration, entre 1979 et 2009, le nombre de bistrots dans les lieux étudiés a été divisé par dix. De fait, aujourd’hui, ce n'est plus la localité qui fait l’appartenance mais les collectifs amicaux et les espaces qui leur sont associés. En s'intéressant aux trajectoires de ces jeunes, cet ouvrage apporte des éclairages originaux sur les évolutions contemporaines des mondes agricoles et ruraux.

Nathalie Kakpo, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions La Découverte

17:05 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : coquard, rural, relations sociales, grand est, jeunes |  Imprimer | | | | |  Facebook