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19/04/2021

Chaînes de valeur des oléoprotéagineux en agriculture biologique en France et en Europe

Deux articles parus dans la revue Oilseeds and fats, Crops and Lipids (OCL) s'intéressent aux chaînes de valeur des oléoprotéagineux en agriculture biologique (AB), en France et en Europe. Le premier (Canale et al.) présente les résultats d'un diagnostic des principales filières, conduit en 2016-2017 par Terres Univia, fondé sur des données statistiques et sur une enquête auprès de 37 opérateurs (collecteurs, triturateurs, fabricants d'aliments du bétail), dans plusieurs régions françaises. Le second (Smadja, Muel) expose les résultats d'une analyse multicritères dressant une typologie des chaînes de valeur oléoprotéagineuses en Europe, dans le cadre du projet de recherche H2020 LegValue.

La consommation de produits issus de l'AB connaît une croissance importante depuis plusieurs années en France et en Europe, tirant à la hausse les volumes produits. Entre 2013 et 2018, les surfaces françaises cultivées en AB ont été multipliées par trois pour les oléagineux (soja et tournesol surtout, mais aussi colza et lin), par deux pour les protéagineux (pois, féverole, lupin) et par quatre pour les légumes secs (lentilles, pois chiches).

Évolution des surfaces en oléoprotéagineux en agriculture biologique en France, 2002-2018 : soja, tournesol, colza et lin en haut ; féverole, pois, lupin, lentille et pois chiche en bas

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Source : Oilseeds and fats, Crops and Lipids

Outre la consommation humaine d'huiles et de légumes secs, cette croissance répond à la demande de tourteaux pour les filières animales en AB, en particulier la volaille. Les prix payés aux producteurs sont plus élevés que pour l'agriculture conventionnelle (ex : 370 €/t en AB contre 180 €/t pour le pois). Cependant, la production française ne suffit pas à satisfaire la demande des transformateurs, qui importent des pays européens « un tiers de graines de tournesol et les trois quarts des graines de colza » pour la trituration. Des défis logistiques se posent : dispersion géographique des producteurs augmentant le coût de transport, utilisation de mélanges d'espèces nécessitant des équipements adaptés pour la collecte, variabilité nutritionnelle des tourteaux issus de pression à froid, etc. Ces défis nécessitent selon Canale des efforts de structuration des filières, pour lesquels l'article de Smadja et Muel fournit des clefs, en identifiant des grandes familles de chaînes de valeur à travers leurs caractéristiques (récentes ou non, initiées par l'amont ou par l'aval, pratiques contractuelles, cf. figure ci-dessous) et en conduisant une réflexion sur les conditions de leur succès.

Caractéristiques des chaînes de valeur oléoprotéagineuses en agriculture biologique en Europe selon les axes issus de l'analyse en correspondance multiple

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Source : Oilseeds and fats, Crops and Lipids

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Oilseeds and fats Crops and Lipids, Oilseeds and fats Crops and Lipids

16/04/2021

La diversité des exploitations agricoles abritant des équins

La revue Économie rurale a consacré un numéro spécial à la filière équine française et à sa diversification, depuis les courses hippiques, les haras nationaux et centres équestres, jusqu'aux chevaux de sécurité publique et à la filière asine. Ce numéro présente aussi un riche panorama statistique des exploitations agricoles détenant des équins, permettant de documenter des filières méconnues et particulièrement éclatées. Sur un million d'équidés français, la moitié vit dans des exploitations agricoles, mais cette population restait peu étudiée. Cela s'explique en partie par le fait qu'avec un cheptel moyen de 8 têtes, ces ateliers équins paraissent souvent marginaux dans l'activité économique des exploitations.

Les auteurs ont mobilisé le recensement agricole (RA) de 2010, complété par un appariement avec les données du Système d'information relatif aux équidés (SIRE). Ils ont ensuite élaboré une typologie des exploitations, selon la taille et la composition de leur cheptel équin, distingué selon trois types de race : chevaux de trait, races de sang (regroupant animaux de selle, de course et poneys), et ânes. La proportion de poulinières pour les cheptels équins est également prise en compte. Ce dernier point permet de distinguer les exploitations orientées vers la production de celles ciblant la valorisation du cheptel. À partir de ces indicateurs, les chercheurs ont établi un classement des exploitations, grâce à une classification ascendante hiérarchique. Cette méthode statistique permet de minimiser les variances intra-groupe et de maximiser la variance inter-groupes, faisant ici ressortir neuf catégories d'exploitations (voir tableau).

Groupes d'exploitations avec équins d'après les cheptels détenus en 2010

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Source : Économie rurale

Les trois quarts des exploitations appartiennent finalement au groupe 1, caractérisé par de petits cheptels équins (3 animaux en moyenne), et l'analyse fait ressortir des exploitations détenant des troupeaux d'ânes importants, peu identifiés jusque-là. Le RA 2010 permet alors d'analyser chacun des groupes selon la localisation et les autres ateliers des exploitations, fournissant en cela un panorama inédit. Ces travaux, reposant sur le dernier recensement agricole disponible, ont aussi permis d'actualiser le questionnaire administré en 2020, afin que celui-ci rende mieux compte des évolutions des filières équines et puisse en donner une image actualisée.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Économie rurale

08/02/2021

Un inventaire des émissions de gaz à effet de serre liées aux usages des terres

Le dernier numéro de la revue Nature présente un recensement des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), liées à l'usage des sols, entre 1961 et 2017. Si les émissions issues de combustibles fossiles sont déjà largement analysées, la compilation de celles liées à l'utilisation des terres, à leur changement d'usage et à l'exploitation de la forêt (rassemblés comme « usage des sols »), est inédite par son ampleur et la période considérée. Sur un pas de temps annuel, à partir des statistiques de la FAO, les émissions et le stockage de GES sont ainsi modélisés par pays, production, type de gaz et processus impliqué (ex. fermentation entérique, récolte de bois). Les émissions de GES sont attribuées aux pays producteurs, et non aux consommateurs des produits finaux puisque l'approche est centrée sur l'usage des sols. De même, dans la base de données constituée, les émissions liées aux cultures ne sont réallouées aux élevages, via l'alimentation animale, que dans un traitement complémentaire.

Il apparaît en particulier (figure ci-dessous), après 40 ans de relative stabilité, que les émissions nettes ont fortement augmenté à partir de 2001, en raison des changements d'usage de sols mis en culture pour la production de céréales et d'oléagineux.

Émissions et stockage mondial de GES liés à l'usage des sols, selon le processus impliqué (à gauche) et le groupe de produits (à droite)

GES.jpg 
Source : Nature

Lecture : pour les processus représentés à gauche, de bas en haut, abandon de terres agricoles, mise en culture de sols pour la production de céréales et d'oléagineux (Land Use Change to croplands, LUC_Crops), fermentation entérique, récolte de bois, conversions de terres en pâturage, rizières, tourbières, différentes formes de fertilisation.

Les émissions de GES sont décomposées en fonction de facteurs techniques et socio-économiques, faisant ressortir différents leviers d'amélioration selon les zones. Ainsi, en Afrique et en Asie centrale, l'amélioration des rendements, pour réduire les surfaces nécessaires aux productions, est prioritaire. Le principal levier d'action concerne néanmoins les pays où les émissions ont le plus progressé à cause du changement d'usage des terres, notamment en Amérique latine et en Asie du Sud. Le défrichement de forêts denses pour la production de soja, riz, maïs et huile de palme est en effet responsable de la forte augmentation des émissions.

Si l'approche par pays producteurs permet de bien identifier les problèmes majeurs, à ce stade, une approche complémentaire rapportant les émissions de GES aux consommateurs ferait ressortir d'autres leviers d'action, notamment pour les pays européens. Enfin, le bilan des GES rappelle les enjeux de stockage du carbone dans les sols agricoles : si, sur la période analysée, l'essentiel des « émissions négatives » est dû à l'abandon de terres agricoles, la prise en compte du potentiel de stockage de carbone dans des terres productives est primordiale (voir à ce sujet un autre billet).

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Nature

05/02/2021

Une évaluation des impacts de l'actionnariat commun dans le secteur semencier

Dans un article publié dans The Antitrust Bulletin, deux chercheurs ont analysé l'organisation du secteur des semences agricoles. Celui-ci est connu pour être très concentré, un petit nombre d'entreprises se partageant l'essentiel des ventes. Cette situation d'oligopole, peu favorable à la concurrence et potentiellement source de déséquilibres de marché, est renforcée par le fait que ces firmes ont pour partie un actionnariat commun : en 2016, 10 à 35 % du capital des 5 plus grosses entreprises semencières (Monsanto, Bayer, Dow, Dupont, Syngenta) était détenu par 5 fonds (State Street, Vanguard, Fidelity, Capital Group et BlackRock, voir à ce sujet un précédent billet). Au moyen de régressions permettant d'en isoler l'effet propre, les auteurs montrent que pour les principales cultures implantées aux États-Unis (soja, maïs et coton), cet actionnariat commun conduit à accroître le prix des semences de 12,9 à 16,4 % en moyenne.

Estimation de l'effet propre de l'actionnariat commun des firmes semencières sur le prix des semences

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 Source : The Antitrust Bulletin

Source : The Antitrust Bulletin

16:17 Publié dans 2. Evaluation, Filières agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : concurrence, concentration, semences |  Imprimer | | | | |  Facebook

Hausse de l’offre céréalière et insécurité alimentaire persistante au Mali : le « paradoxe de Sikasso »

Dans un dossier des Cahiers Agricultures consacré aux zones cotonnières d'Afrique de l'Ouest, un article analyse les relations entre développement économique et sécurité alimentaire, dans une région du sud du Mali. Celle-ci regroupe plus de 5 millions d’habitants et compte 520 zones de production de coton et de céréales (respectivement 30 % et 60 % de la surface agricole cultivée). Les auteurs testent le « paradoxe de Sikasso », selon lequel une production agricole importante peut cohabiter avec des formes d’insécurité alimentaire. La région connaît, entre 1997 et 2013, une forte croissance démographique (+118 %), qui s’accompagne d’une augmentation de la production céréalière rendue possible par le recours aux intrants, financé par l’intensification de la culture cotonnière. Ces réussites agricoles coexistent néanmoins avec des situations de malnutrition concernant un quart des enfants. Dans le traitement de l’insécurité alimentaire, les auteurs préconisent donc la mise en place d’une nutrition-sensitive agriculture et une meilleure prise en compte des usages de la nourriture.

Source : Cahiers Agricultures

Une analyse de l'impact des importations de poudres de lait en Afrique de l'Ouest

Pour éclairer les débats sur l’importation de poudres de lait en Afrique de l’Ouest, le Cirad a réalisé, à la demande d’un groupe de députés européens, une analyse présentée le 8 décembre 2020. Elle dresse d'abord le panorama de la filière laitière ouest-africaine : alors que les poudres enrichies en matière grasse végétale constituent 25 % de la consommation de « produits laitiers », seulement 1 % à 7 % de la production locale de lait sont transformés par l'industrie. Le rapport compare ensuite les impacts socio-économiques et environnementaux du lait local et du lait en poudre importé, entier ou enrichi en matière grasse végétale, afin de documenter les controverses en cours : impacts du commerce sur les filières locales, pratiques d’étiquetage non conformes et risques de tromperie des consommateurs, risques et bénéfices pour la santé de ces consommateurs, enjeux écologiques du commerce des produits laitiers. Enfin, les auteurs font des recommandations sur le suivi du secteur, l’encadrement des pratiques d’étiquetage, la responsabilisation des entreprises européennes et l’incitation à la collecte locale.

Source : Cirad

04/02/2021

Impacts économiques cumulés potentiels sur l'agriculture de 12 accords de libre-échange

Le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne a évalué les impacts économiques cumulés potentiels de 12 accords de libre-échange (Australie, Nouvelle-Zélande, Mercosur, Canada, etc.) sur le secteur agricole en Europe. Les auteurs relèvent des opportunités à l'export pour les vins et boissons, les produits laitiers, la viande de porc et le blé, notamment vers le Japon, les pays du Mercosur, la Thaïlande et le Vietnam. Mais ils soulignent aussi une augmentation des importations en viandes bovine, ovine et de volaille, en sucre et en riz, principalement depuis l'Australie et les pays du Mercosur. Pour le bœuf, ils envisagent une augmentation de 85 000 à 100 000 tonnes équivalent-carcasse d'ici à 2030, entraînant une baisse de la production (-0,3 %) et des prix (-2,4 %) sur le marché européen. Si les auteurs concluent que ces accords sont profitables, dans l'ensemble, à l'agriculture et à l'agroalimentaire européens, ils recommandent la protection des secteurs sensibles par des quotas tarifaires.

Secteurs avec le plus d'opportunités à l'exportation (haut) et sujets à des augmentations des importations (bas)

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Source : Joint Research Centre

Lecture : le scénario « conservative » (resp. « ambitious ») fait l'hypothèse d'une libéralisation de 97 % des lignes tarifaires (resp. 98,5 %) et d'une baisse de 25 % (resp. 50 %) des droits de douane pour les lignes tarifaires restantes, qui désignent les produits sensibles.

Source : Joint Research Centre (Commission européenne)

L'agroforesterie ne suffit pas pour lutter contre la déforestation dans les pays producteurs de cacao

Dans une synthèse récente, l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) a recensé les principaux leviers existants pour réduire la déforestation liée à la production de cacao. L'agroforesterie est la solution généralement promue par les entreprises et les gouvernements. Pour les auteurs, elle n'est néanmoins pas adaptée à toutes les situations, notamment selon la complexité du couvert végétal. En effet, les formes les plus simples (ex. arbres fruitiers en bordure de parcelle) ne compensent généralement pas la perte du couvert originel s'il y a eu déforestation. Pour être plus efficaces, les politiques d'aide au développement du secteur devraient donc avoir pour finalité de restaurer la biodiversité et non de seulement développer l'agroforesterie. Par ailleurs, les auteurs observent que la diffusion de pratiques culturales plus favorables à la biodiversité est particulièrement freinée par la difficulté à valoriser les produits qui en sont issus, surtout en raison de la forte volatilité des prix du marché et de l'offre importante de cacao labellisé (biologique, Rainforest/UTZ).

Source : Institut du développement durable et des relations internationales

15:25 Publié dans Développement, Environnement, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : agroforesterie, déforestation, cacao |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le gène Stb16q apporte une résistance durable du blé à la septoriose

La septoriose est l'une des principales maladies s'attaquant au blé tendre, causant des pertes de rendement de 40 à 55 %. De plus, le champignon Zymoseptoria tritici, responsable de cette maladie, développe une résistance aux produits phytosanitaires utilisés pour le combattre. En janvier 2021, Nature Communications a publié une étude réalisée conjointement par INRAE, l’université de Wageningen, l’USDA (ministère de l'agriculture des États-Unis), en collaboration avec le semencier Florimond-Desprez. Ce travail a permis d'identifier et de caractériser un gène du blé, le Stb16q, qui procure à la plante une résistance à cette maladie. Ces résultats ouvrent la voie à une sélection variétale de blés disposant de ce gène. L'usage de produits phytosanitaires contre la septoriose pourrait ainsi être réduit et, dans cette optique, les auteurs soulignent l'intérêt de combiner le Stb16q à d'autres facteurs de résistance génétiques, et de faire évoluer les pratiques (biocontrôle en particulier).

Source : Nature Communications

Effets potentiels d'un arrêt des importations européennes de soja destiné à l'alimentation animale

Un article publié dans Nature Food envisage les effets potentiels d'un arrêt, par l'Union européenne, de ses importations de soja destiné à l'alimentation animale. Les auteurs ont modélisé trois scénarios sous deux contraintes : l'arrêt de ces importations ; la non-augmentation des surfaces destinées à la production d'aliments pour animaux, au niveau mondial. Ils montrent notamment que, dans tous les cas, les apports en macro et micronutriments essentiels pour les mangeurs européens ne sont pas impactés (à l'exception des vitamines A et B12), la plupart étant compensés par des sources végétales. Les ruminants apparaissent avantagés par rapport aux monogastriques, grâce à leur meilleure capacité à utiliser d'autres aliments (ex. fourrages). Par ailleurs, les surfaces consacrées à cette culture diminueraient, en particulier en Amérique latine, mais la demande en huile de palme pourrait, elle, augmenter. Ainsi, parmi les enseignements de ce travail, les auteurs retiennent la nécessité d'agir conjointement sur les importations de soja, sur les régimes alimentaires et sur les productions animales et végétales.

Source : Nature Food

15/12/2020

Histoire du sucre, histoire du monde, James Walvin

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L’universitaire britannique James Walvin rencontre l’histoire et l’économie du sucre en 1967, à la Jamaïque, dans le cadre de l’étude d’une plantation locale. Ce compagnonnage aboutit à un ouvrage de référence, traduit en 2020 en français, qui s’inscrit dans l’histoire de l’économie, des cultures et des modes de vie.

Découpé en 16 chapitres, le livre revient tout d’abord sur la naissance et la diffusion de la production de sucre. Celui-ci a, dans un premier temps, circulé sous la forme de miel dans le sillage de l’expansion des empires grec, romain, islamique et ottoman. Puis la production sucrière change d’échelle à la faveur des explorations maritimes des Européens, amorcées au XVe siècle. Développée au départ dans les îles de l’Atlantique, elle se déplace vers les Amériques après que les Portugais eussent organisé le premier déplacement massif d’esclaves, de Luanda vers les champs de canne du Nouveau monde. Les colons français et britanniques s’inspirent des pratiques agricoles des pionniers du Brésil et, en 1770, la Jamaïque et surtout Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe deviennent le centre mondial de la production sucrière. Les femmes et les hommes, assignés au travail éreintant de la coupe, sont broyés ; les terres sont découpées, entourées de murs et de fossés tandis que les forêts, brûlées, cèdent la place aux parcelles et routes. Des chapitres suivants, qui analysent la consommation du sucre et de ses sous-produits, on retiendra la formation du binôme sucre-boisson chaude ainsi que l'affirmation, au XVIIe siècle, de la distinction du sucré et du salé, comme du dessert « à la française ». La mélasse agrémente, elle, la cuisine populaire ; le rhum s’exporte vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Les chapitres 9, 10, 11 et 12 montrent le basculement des lieux de pouvoir de l’industrie du sucre, de l’Europe vers les États-Unis. À partir de 1789, la production de Saint-Domingue s’effondre du fait des soulèvements d’esclaves, élément qui favorise le recours au sucre de betterave en Europe. Simultanément, les transformations de l’économie nord-américaine (constitution de trusts comme l'American sugar refining company) combinées à la mécanisation, participent outre-Atlantique à la formation de géants de l’agroalimentaire. L’ouvrage revient enfin sur les conséquences sanitaires de la consommation de sucre ainsi que sur les luttes acharnées entre industriels et acteurs de santé autour de sa taxation, par exemple.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : La Découverte

09:36 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés, Société | Lien permanent | Tags : filière, sucre, histoire, esclavage |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/12/2020

L'avenir de l'élevage européen et sa contribution à un secteur agricole durable

Une étude parue en octobre 2020 s'intéresse à l'avenir de l'élevage européen. La première partie présente la situation actuelle et les tendances à l’œuvre : place de l'élevage dans l'économie de l'Union européenne (UE), impacts sur l'environnement, bien-être animal, relation à la santé humaine. La deuxième partie analyse les facteurs de changement pour les années à venir. La troisième propose des solutions pour assurer un élevage durable.

L'élevage occupe une place importante dans l'économie agroalimentaire européenne, avec 70 milliards d'€ de produits animaux ou d'origine animale en 2017 (UE-28, 40 % de la production totale agricole) et des exportations qui augmentent depuis 2000. Il joue un rôle notable dans certains territoires en matière d'emploi et de culture (paysages, gastronomie). La nécessité de réduire les impacts environnementaux (gaz à effet de serre, pollution de l'eau, etc., cf. figure) et la baisse de la consommation de viande seront deux variables déterminantes de l'avenir de l'élevage européen. Les auteurs soulignent aussi ses contributions positives à l'environnement, notamment pour le stockage du carbone et la biodiversité grâce aux prairies permanentes : « 50 % des espèces d'oiseaux dépendent des prairies pour leur alimentation et leur reproduction ».

Intensités d'émissions moyennes de gaz à effet de serre liées à la consommation de 100 g ou de 100 kcal d'aliments

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Source : Commission européenne

Selon les auteurs, les substituts aux produits carnés (végétal, viande artificielle) ne devraient pas atteindre une masse critique à même de concurrencer significativement l'élevage à moyen terme (2030), car ils présentent des limites : produits encore en phase pré-commerciale, impacts incertains sur la santé (produits très transformés) et l'environnement, acceptation par les consommateurs, etc. Il conviendrait d'améliorer conjointement l'efficience environnementale et la compétitivité de l'élevage européen, plutôt que d'importer des produits animaux aux empreintes environnementales potentiellement plus fortes.

Le rapport propose à cet égard des pistes prometteuses : bioéconomie et bouclage des cycles, génétique et écologie microbienne, bien-être animal, etc. Il souligne l'importance de la diversité des systèmes d'élevage et de l'approche systémique : « les animaux sont essentiels parce qu'ils sont par nature des recycleurs, ce qui leur permet de contribuer à une agriculture plus efficace en utilisant la biomasse non comestible et en fournissant des engrais organiques ».

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

09:28 Publié dans 1. Prospective, Filières agricoles, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : elevage, filière, prospective, europe |  Imprimer | | | | |  Facebook

Économie de la filière équine : apports des Journées sciences et innovations équines

Les Journées sciences et innovations équines se sont déroulées le 17 novembre 2020. Cinq sessions ont exploré les thèmes suivants : bien-être et comportement ; pathologie, épidémiologie et gestion sanitaire ; sciences humaines, sociales et économie appliquées aux enjeux équins ; élevage et entretien des animaux ; activités équestres ou avec les équidés. Les 14 communications et les posters sont présentés sur le site de l'Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) sous la forme de courts articles. Retenons ici quelques éclairages économiques.

Tout d'abord, le Réseau Équin suit 128 exploitations (centres équestres, établissements de tourisme équestre, écuries de pensions), et associe diverses compétences (Institut de l’élevage, chambres d'agriculture, IFCE notamment) pour dégager des bonnes pratiques et mieux définir le poids socio-économique de la filière. Le Réseau prodigue des conseils aux exploitants pour améliorer leurs établissements, et aux porteurs de projets pour affiner leur stratégie d’installation ou de développement.

Le projet Equitourisme vise à connaître les motivations touristiques spécifiques des villes du cheval pour mieux structurer leur offre (Chantilly, Deauville, Saumur). Ces demandes s’inscrivent dans des cadres événementiel, culturel et expérientiel (équitation montée ou attelée). Plusieurs pistes d'amélioration sont identifiées : fédérer localement les acteurs du tourisme autour du cheval pour élaborer un « récit » ; au niveau national, pour les villes du cheval, échanger leurs bonnes pratiques et s'acheminer vers un label « Destination du Cheval ».

Enfin, si la consommation de viande est en baisse en France, la chute de l'hippophagie est encore plus brutale : cette viande représente 1 % des achats et les 2/3 des Français n'en consomment plus. Cette consommation est pratiquée à domicile (87,5 % des cas), par un profil d'homme ouvrier vivant dans le Bassin parisien ou le nord-est. Pour relancer cette filière, les auteurs proposent de faciliter les achats au-delà du réseau très restreint des boucheries chevalines, et de recourir à une viande d'origine française plutôt qu'importée.

Une communication intéressante concerne la filière du lait d’ânesse, peu étudiée. 60 éleveurs sont recensés, majoritairement en agriculture biologique. Avec un volume moyen annuel de 200 litres par ânesse, le lait est principalement utilisé dans des produits cosmétiques et d’hygiène (cf. figure). Un frein important au développement de la filière est la difficile valorisation économique des ânons mâles non commercialisés.

Devenir du lait d’ânesse produit dans les exploitations françaises

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Source : IFCE

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : IFCE

09:27 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : filière, cheval, tourisme, territoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/11/2020

Productivité et profitabilité de la betterave sucrière en Allemagne

Parue dans le numéro de septembre du Journal of Agricultural Economics, cette étude analyse les performances de la production de betterave sucrière en Allemagne entre 2004 et 2013. À partir des données de 1 940 exploitations agricoles (16 717 observations du Réseau d'information comptable agricole-RICA), les auteurs calculent la productivité et la profitabilité en utilisant l'indice de Lowe aux niveaux individuel et sectoriel, sur trois bassins d'approvisionnement. La réforme de la politique sucrière européenne, mise en œuvre en 2006, s'est traduite par une baisse des prix minimum, jusqu'à l'abolition des quotas en 2017. La profitabilité des exploitations analysées a baissé entre 2004 et 2008 (profits négatifs entre 2007 et 2010), mais s'est ensuite redressée, grâce notamment aux gains de productivité, et a retrouvé en 2013 tout ou partie (selon les bassins) de son niveau de 2006, malgré des rapports de prix inférieurs d'environ 20 % (cf. figure). Ces gains de productivité ont davantage été dus aux changements au sein des exploitations (progrès technique, efficience), qu'à une réallocation de la production entre exploitations.

Décomposition de la productivité, des termes de l'échange et de la profitabilité

Betterave.jpg

Source : Journal of Agricultural Economics

Source : Journal of Agricultural Economics

 

 

 

 

09/11/2020

Quel avenir pour les systèmes d’élevage cunicole ?

Face à la réduction régulière de la consommation de lapin (divisée par trois en 20 ans) et aux demandes de la société sur le bien-être animal, l’Institut technique de l'aviculture (ITAVI) a mené depuis 2017 un travail pour imaginer le ou les systèmes de production de demain. Il a réalisé une synthèse bibliographique sur les impacts des conditions d'élevage sur le bien-être du lapin, quatre ateliers, et une évaluation des impacts économiques d’un changement de système. Réunissant les parties prenantes de la filière, les ateliers ont permis de cartographier les risques, enjeux, opportunités et priorités de cet élevage, d'identifier les évolutions du contexte et d’envisager le futur du système d’élevage (figure ci-dessous).

Système d’élevage cunicole passé, présent et futur

Elevage-cunicole.jpg

Source : ITAVI

Ces changements entraîneraient des augmentations de coûts de production, que ce soit en système conventionnel (ralentissement des rythmes de reproduction), ou en système alternatif (cage aménagée en maternité et parc d’engraissement). Dans ce cas, les coûts seraient supérieurs de 22 à 45 %, pour une surface disponible par lapin de 630 à 1 500 cm².

Source : ITAVI

 

16:34 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés, Société | Lien permanent | Tags : elevage, bien-être animal, filière |  Imprimer | | | | |  Facebook