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13/12/2021

Implication des agriculteurs dans des démarches « sans pesticides »

Lancé en 2018 par l'Association suisse de production intégrée (IP-Suisse), le programme « blé sans pesticides » permet aux agriculteurs adhérents de bénéficier de majorations de prix et de soutiens publics supplémentaires. Dans un article publié dans Food Policy, des chercheurs ont identifié les déterminants de l'engagement des céréaliculteurs dans ce programme. L'analyse repose sur un sondage auprès des 4 749 membres de l'association. Elle montre que les agriculteurs sont d'autant plus enclins à s'inscrire dans le programme qu'ils sont convaincus de son intérêt environnemental, et que la diminution de rendement qu'ils anticipent est limitée. En revanche, la structure de l'exploitation et le contexte pédo-climatique ne sont pas déterminants, ce qui laisse envisager une adoption large du programme. Pour cela, les auteurs recommandent notamment de communiquer sur les impacts environnementaux positifs d'une production agricole sans pesticides.

Source : Food Policy

L'ONU analyse les chaînes de valeur de la viande destinée à l'export en Mongolie

Dans un rapport publié en novembre 2021 dans le cadre du programme Integrating landlocked commodity dependent developing countries into regional and global value chains, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement étudie, en Mongolie, les chaînes de valeur de viande destinée à l'export. L'élevage dans le pays représentait 70 millions de têtes en 2019 et la consommation de la viande repose de plus en plus sur des achats de morceaux de haute qualité plutôt que de carcasses et d'animaux vivants. Les auteurs constatent que les chaînes de valeur se composent de trois maillons : les éleveurs, les rassembleurs-transporteurs et les transformateurs-exportateurs. Dans un but d'amélioration du fonctionnement de ces chaînes, ils pointent ensuite l'absence de structuration des filières, la faible qualité sanitaire mise en œuvre par les éleveurs, le surpâturage, les technologies obsolètes utilisées, l'absence d'impôt pour les éleveurs et les rassembleurs-transporteurs, et un marché tourné vers des prix bas.

Détail de la chaîne de valeur du secteur ovin (en millions de tonnes)

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Source : CNUCED

Lecture : dans chaque case sont représentés les coûts (costs), le chiffre d'affaires à la vente (sale value) et le taux de marge (margin) ; ces informations sont décrites pour les éleveurs (herders), les rassembleurs-transporteurs (middlemen), les transformateurs (processors), les abatteurs (slaughterhouses) et pour les différents marchés (domestique, détail, grande distribution).

Source : Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED)

17/11/2021

Caroline Dufy, Le retour de la puissance céréalière russe. Sociologie des marchés du blé, 2000-2018, Éditions Peter Lang, septembre 2021, 276 pages

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Dans ce livre consacré à la circulation du blé en Russie, C. Dufy (IEP de Bordeaux) traite de la restauration de la puissance céréalière après des années 1990 chaotiques, marquées par l'exode rural et le sous-investissement. Produit agricole peu différencié, « standard », destiné à la consommation locale ou au grand export, le blé fait l'objet d'un circuit très structuré, connecté aux marchés mondiaux, et à certaines périodes fortement encadré par la puissance publique. L'auteure a réalisé, de 2015 à 2018, des entretiens avec des acteurs du secteur (traders, experts, syndicats professionnels, etc.), sans toutefois avoir pu échanger avec les personnels administratifs.

L'ouvrage met d'abord en perspective l'évolution de 1990 à 2018. Après un véritable effondrement de sa production, la Russie, qui adhère à l'OMC en 2012, redevient « en quelques années l'une des premières puissances exportatrices dans le monde ». Pour cela, elle joue la carte de la financiarisation et de l'industrialisation, via de gigantesques entreprises intégrées, accapareuses de terres, les agro-holdings. Avec l'annexion de la Crimée en 2014, les sanctions occidentales et les contre-sanctions russes, la politique agricole prend un « virage » vers « un modèle autocentré, fondé sur la polyculture et l'élevage ».

Est ensuite examiné le parcours du grain jusqu'aux consommateurs. La logistique doit faire face à « l'immensité russe ». L'auteure met ainsi en évidence l'importance du transport et des stockages en silo. Différents acteurs se livrent à un important travail de qualification, de certification et de différenciation du blé. Ce processus assure la commensurabilité entre grains, donc leur substituabilité, et l'intégration des différents segments et circuits dans un marché conforme à sa représentation par la théorie économique, où le prix ajuste offre et demande. La contribution des experts privés et des traders au bon fonctionnement du marché est notamment soulignée.

Enfin, deux chapitres éclairent les logiques d'une régulation étatique « hybride, opaque et contingente ». Sur les marchés d'intervention publique, l'auteure souligne la proximité des outils mis en place avec ceux de la PAC avant la réforme de 1992. Elle relève par ailleurs les effets sur la réalité (formation d'une identité nationale, intégration du territoire dans les relations internationales) des discours politiques sur la sécurité alimentaire, et des fluctuations entre registres libéral et protectionniste.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Peter Lang

18/10/2021

Modifications de la structure de la filière fruits et légumes (1997-2018)

Dans le dernier numéro d’Infos Ctifl, la revue mensuelle d’actualités du Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, une analyse de la structuration de la filière fruits et légumes et de son évolution (1997-2018) est proposée. Cette filière ne couvre que 2 % de la surface agricole utile française mais elle emploie 18 % de la main-d’œuvre agricole. Ses 200 organisations de producteurs jouent un rôle important dans la première mise en marché et permettent un certain rééquilibrage des relations commerciales, grâce aux investissements réalisés en commun (production, conditionnement), au regroupement de l’offre et à la réduction des coûts de transaction qui en résultent. Cette première mise en marché peut aussi être réalisée par l’un des 540 expéditeurs, parfois producteurs, qui préalablement regroupent et conditionnent une partie de l’offre de fruits et légumes.

Dans la seconde partie de l’article, les auteurs dressent un bilan de l’évolution des circuits de distribution. Au cours de la période étudiée, une plus grande organisation de la filière, pour la première mise en marché, s’est traduite par une part croissante des ventes réalisée par les coopératives et autres organisations collectives (45 % en 2018 contre seulement 29 % en 1997). Le corollaire a été une baisse de la part des ventes réalisées en circuits courts. Les grossistes ont vu leur rôle s’amoindrir tandis que les centrales d’achat de la grande distribution se sont développées, bien que les enseignes soient désormais confrontées au développement d’autres circuits de distribution : magasins spécialisés, restauration hors domicile, vente directe. Les marchés ont, quant à eux, fortement décliné sur la période observée. Enfin, le poids des produits en provenance des pays tiers (« importations ») et de l'Union européenne (« introductions ») a augmenté dans la consommation finale. La production française couvre désormais 52 % des besoins, contre 61 % en 1997, sous l’effet de problèmes de compétitivité « coût » mais également de l’évolution des préférences des consommateurs pour des produits spécifiques (mangues, avocats, etc.).

Poids des opérateurs en pourcentage des volumes commercialisés à chaque stade

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Source : CTIFL

Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective

Source : Infos Ctifl

14/09/2021

Les liens entre écologie et agriculture numérique selon les acteurs de l'innovation

Dans un article publié dans le Journal of Rural Studies d'août, trois chercheurs d'Inrae s'intéressent aux relations entre deux des grandes préconisations faites actuellement à l'agriculture : l'écologisation des politiques et des pratiques, et l'usage des technologies numériques. Cette question est abordée à travers 38 entretiens réalisés avec des acteurs français de l'innovation, en agriculture conventionnelle ou biologique. Les apports du numérique à la prise en compte des questions environnementales sont perçus différemment par ces deux catégories d'acteurs. Les agriculteurs conventionnels en attendent des préconisations sur l'usage des intrants pour optimiser leur productivité tout en en limitant l'impact environnemental. En agriculture biologique, les solutions numériques sont plutôt vues comme des outils pouvant aider l'exploitant à mieux comprendre son système de production et à analyser ses pratiques agronomiques. Selon les auteurs, les acteurs du secteur de l'AgriTech n'ont pas perçu ces différences importantes et ils conçoivent actuellement des outils numériques surtout adaptés à la vision majoritaire de l'écologisation qui est celle de l'agriculture conventionnelle.

Source : Journal of Rural Studies

07/07/2021

Impacts économiques de Xylella fastidiosa sur les marchés de l'olive

La bactérie Xylella fastidiosa, détectée en Italie en 2013, provoque la dessiccation des oliviers en obstruant le xylème, ce qui bloque la circulation de la sève. Son expansion est un problème majeur pour la filière en Italie et en Europe. Un article publié dans Ecological Economics analyse les impacts économiques de ce risque sur les producteurs et les consommateurs, à l'aide d'un modèle d'équilibre général multi-pays. En considérant plusieurs hypothèses de diffusion de Xylella fastidiosa, les auteurs montrent que les baisses de production liées à la maladie devraient conduire à des hausses de prix pour les consommateurs, et un certain maintien des revenus des producteurs, les pertes de production étant en partie compensées par les prix plus élevés. En fonction de la vitesse d'expansion de la maladie, les pertes économiques pour le consommateur, liées à l'augmentation des prix à l'achat, sont estimées entre 4,1 et 10,3 milliards d'euros sur une période de 50 ans, auxquelles pourraient s'ajouter des pertes supplémentaires significatives en tenant compte, dans la modélisation, de cas de contamination de la Grèce et de l'Espagne.

Source : Ecological Economics

Une analyse des aides européennes de crise apportées au secteur laitier

La Cour des comptes européenne a publié un rapport spécial consacré au soutien exceptionnel apporté par l'Union européenne (UE) aux producteurs de lait, au cours de la période 2014-2016. Les magistrats reviennent d'abord sur les processus qui ont contribué à cette crise, avant de rappeler les mesures mises en œuvre et de les analyser. Ils relèvent que si la Commission a réagi rapidement au déploiement de l'embargo russe sur les produits laitiers de l'UE, la réponse aux déséquilibres structurels de marché a été tardive et peu efficiente. Les mesures de réduction volontaire de la production n'ont été mises en place qu'en septembre 2016, et les stocks publics de poudre de lait écrémé ont pesé sur les marchés et retardé la sortie de crise. À partir de ce retour d'expérience minutieux, les magistrats recommandent notamment que la Commission se prépare à la gestion de déséquilibres futurs en améliorant la réactivité et le ciblage des mesures, et en évaluant le rôle du filet de sécurité.

Source : Cour des comptes européenne

06/07/2021

Cartographie d'un vignoble pour optimiser l'installation d'un réseau de capteurs

L'International Viticulture and Enology Society (IVES) publie dans sa revue OENO One une étude évaluant la qualité de réception des réseaux de capteurs (via le protocole LoRA) dans les conditions réelles d'une exploitation viticole. Les informations enregistrées (température, humidité, croissance des plantes, etc.) sont à la base de la mise en place d'une agriculture de précision aidant le viticulteur à programmer et à moduler ses interventions. Cette étude présente une méthode, basée sur une cartographie de l'exploitation, pour visualiser la qualité du signal et déterminer l'emplacement idéal de la « passerelle » qui sert d'interface, assurant la connectivité des capteurs au réseau. Plusieurs contraintes sont également à prendre en compte dans le choix de cet emplacement : l'accessibilité, la proximité d'un réseau électrique, les conditions de sécurité, la topographie, les perturbations causées par d'autres réseaux Wi-Fi ou par les signaux électromagnétiques d'autres équipements, etc.

Qualité de la réception du signal dans les différentes zones de l'exploitation

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Source : OENO One

Lecture : la qualité de la réception du signal est représentée par le gradient de couleur (le rouge correspondant à la meilleure qualité). Entourées en violet, les parties en open field ; en bleu, les zones partiellement ouvertes ; en orange, les zones fermées ; en vert, les principaux bâtiments ; en rouge, la cave. Le point bleu indique l'emplacement de l'antenne passerelle.

Source : OENO One

19:32 Publié dans Exploitations agricoles, Filières agricoles, IAA | Lien permanent | Tags : capteurs, viticulture, agriculture de précision |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine : qualité et origine

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Le 20 mai dernier se sont déroulées Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine sur le thème de la qualité et de l’origine. En présence de la directrice de l’Institut national de l'origine et de la qualité, Marie Guittard, cette conférence d’une heure visait à présenter les Signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO) tels que l’Appellation d'origine protégée (AOP), l’Indication géographique protégée, le Label rouge et l’Agriculture biologique. La forte augmentation de l’offre et de la demande pour cette dernière a notamment été évoquée. Karine Latouche, directrice de recherche à INRAE, a présenté la recherche COMPANI (2019), qui analyse l’AOP en tant que facteur de compétitivité à l’export des entreprises dans l’industrie du fromage et du beurre français. Un résultat de cette recherche est que les fromages et les beurres AOP sont vendus, à l'exportation, 11,5 % plus cher que des produits sans certification. La création d’un observatoire économique des produits sous SIQO, qui sera un outil d’aide à la décision et de pilotage pour les décideurs, a également été évoquée.

Source : Les Rencontres de l’Alimentation - Nouvelle-Aquitaine

05/07/2021

Avenir de la filière caprine française

Le numéro 108 de la revue de la Société d'Ethnozootechnie termine le projet, débuté avec le numéro 105, d'une description de la filière caprine française. Elle comporte trois parties : un aperçu historique, une description des régions caprines, un bilan et des perspectives.

La filière a conservé une bipolarité entre industries laitières commercialisant préférentiellement des produits provenant d'éleveurs livreurs en circuits nationaux et producteurs fermiers privilégiant les circuits courts. Ces derniers représentent encore une part importante (20 %) de la production fromagère.

Bipolarité de la filière caprine française

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Source : Ethnozootechnie

À l'avenir, six questions seront déterminantes. L'incidence croissante de la PAC sur les revenus des éleveurs livreurs les rendra-t-elle dépendants des aides ? La livraison du lait aux entreprises agroalimentaires entraînera-t-elle une concentration autour de quelques groupes ? Le secteur fermier saura-t-il se maintenir grâce aux circuits courts ? La baisse du nombre d'éleveurs se ralentira-t-elle ? Comment la filière répondra-t-elle aux demandes sociétales ? Restera-t-elle unie dans sa diversité ?

Source : Société d'Ethnozootechnie

La relation entre les professionnels et les animaux dans l'élevage du futur

Dans le cadre de la semaine de l'agriculture, les instituts techniques agricoles et INRAE ont organisé, du 17 au 21 mai 2021, trois webinaires pour « imaginer l'agriculture de 2035 ». Après avoir exploré les paysages olfactifs pour la protection des cultures, puis le microbiome des plantes, le dernier s'intéressait aux relations homme-animal dans les élevages de demain.

La profession d'éleveur du futur sera multifonctions : il faudra savoir être à la fois chef d’entreprise, producteur, responsable environnemental et du bien-être animal. Dans une telle configuration, l'animal serait à la fois un compagnon de travail et un être affectif avec lequel l'homme interagit.

L'étude des relations entre éleveurs et animaux s'est renouvelée au cours de la dernière décennie. Le bien-être associe désormais celui de l'animal et celui de l'éleveur parce qu'ils dépendent l'un de l'autre : c'est le concept One Welfare qu'étudie un réseau mixte technologique nouvellement créé.

Dix ans d'une relation éleveur-animal

élevage, one welfare,

Source : Acta-INRAE

Source : Acta

Une exposition sur le vin dans l'antiquité gréco-romaine

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La Cité du vin de Bordeaux présente jusqu'au 29 août une exposition intitulée « Boire avec les dieux». Elle explore la place et les fonctions de cette boisson dans les civilisation et société gréco-romaines, sans aborder la viticulture proprement dite. La mythologie et les cultes, en particulier celui de Dionysos, donateur du vin aux hommes, sont très présents dans l’exposition au travers de pièces archéologiques et de 4 podcasts. Trois artistes contemporains viennent enfin apporter un regard actuel sur ces mythes.

Source : Cité du vin

19:16 Publié dans Alimentation et consommation, Filières agricoles, Société | Lien permanent | Tags : histoire, antiquité, vin |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/05/2021

Les mondes légumiers et maraîchers en Normandie

P. Guillemin (ESO Caen) a consacré sa thèse de géographie aux productions de légumes dans l'ancienne région Basse-Normandie (Calvados, Manche et Orne). Elle vient d'être récemment mise en ligne sur le site HAL (archives ouvertes pluridisciplinaires). La première partie présente les grandes tendances repérables en France : concentration, intégration et internationalisation, défis liés à la réduction croissante des traitements phytosanitaires, difficultés de recrutement des salariés, installations hors cadre familial, développement de l’agriculture biologique et des circuits courts, etc.

Positionnant ses travaux par rapport aux sources disponibles, l'auteur rappelle l'utilité des concepts de « filière » et de « bassin » pour étudier l'évolution de ces agricultures. L'exploitation du Recensement agricole de 2010 lui permet d’identifier et de localiser douze types d'exploitations, depuis les grandes structures légumières « aux allures de firme » jusqu'aux petits maraîchages diversifiés en circuits courts de proximité, en passant par des formes mixtes avec des grandes cultures ou de la polyculture-élevage (figure ci-dessous). Pour bien saisir les nombreuses installations sur de petites surfaces, au cours des années 2010 (maraîchage bio, permaculture), cette approche est complétée par la constitution d'une base de données à partir des pages locales du quotidien Ouest-France, qui mettent régulièrement en avant ces sujets. L'auteur y relève une sur-représentation du petit maraîchage biologique, en circuits courts, et une « sous-médiatisation des exploitations agricoles productivistes, de dimensions foncières importantes et commercialisant en circuit long », pourtant largement majoritaires.

Représentation graphique des douze types d’exploitations légumières

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Source : P. Guillemin, HAL

Lecture : les exploitations légumières et maraîchères sont réparties selon leur taille (en abscisses) et les caractéristiques du collectif de travail (en ordonnées).

Sur la base de cette analyse structurelle, P. Guillemin délimite des zones (périurbaines) ou des (micro-)bassins de productions légumières et maraîchères, et met en évidence des trajectoires socio-économiques variées (adaptation, crise, reconversion, émergence). Enfin, inspiré par les travaux de G. Laferté sur les céréaliculteurs (voir un billet précédent), il éclaire, en s'appuyant sur des observations et des entretiens, la stratification des mondes légumiers et maraîchers bas-normands. Il met en évidence une hétérogénéité sociale croissante, marquée par l'embourgeoisement des « gros » légumiers, le « déclassement » de petits exploitants en difficulté et l'arrivée de « maraîchers créateurs ». Ces derniers, liés à l'élite culturelle locale demandeuse d'alimentation éthique, sont mis en valeur par le marketing territorial et la presse.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : HAL

14/05/2021

Évaluation des indications géographiques et des spécialités traditionnelles garanties dans l’Union européenne

Réalisé à la demande de la Commission européenne, un rapport d’évaluation de la politique de l’Union (UE) en matière d’indications géographiques (IG) et de spécialités traditionnelles garanties (STG) a été publié en mars 2021. L’étude répond à seize questions évaluatives portant sur cinq critères : la pertinence, l'efficacité, l'efficience, la cohérence et la valeur ajoutée des interventions de l’UE en matière d'IG et de STG. L’évaluation a utilisé plusieurs méthodes telles que des entretiens auprès des parties prenantes, une revue de littérature, des études de cas et une analyse de données.

Liste des questions évaluatives

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Source : Commission européenne

Lecture : GI : indication géographique ; TSG : spécialité traditionnelle garantie ; PDO : désignation d’origine protégée ; CAP : Politique agricole commune ; EUTM : marque de l’UE.

Après avoir décrit les IG, STG et leur mise en œuvre au niveau de l’UE, des États membres (EM) et des pays tiers, les auteurs répondent aux questions évaluatives. Les objectifs du dispositif européen sont évalués comme étant pertinents pour les groupes de producteurs et les autorités nationales. Les objectifs les plus pertinents sont de protéger les intérêts des consommateurs tout en les informant sur la valeur ajoutée du produit, et de garantir une protection uniforme des noms telle que prévue par le droit de la propriété intellectuelle. De l’évaluation de la pertinence pour les zones rurales, il ressort que les IG et STG contribuent à promouvoir l’identité et le patrimoine gastronomique régionaux. Enfin, nombre de ces signes de qualité intègrent des exigences relatives au bien-être animal et à la durabilité environnementale, en accord avec la visibilité croissante de ces problématiques dans le débat public, bien qu’elles ne soient pas des objectifs fixés par le cadre réglementaire de l’UE. Les auteurs jugent toutefois que l’intégration de ces problématiques peut être améliorée.

Les IG et STG sont globalement efficaces. Leurs bénéfices sont multiples mais pas systématiques pour les parties prenantes. Celles-ci mentionnent des freins, parmi lesquels une faible notoriété et une compréhension malaisée par les consommateurs dans certains EM, ainsi que des lacunes dans les contrôles à l’aval des filières. La valeur ajoutée de l’UE se traduit par la garantie de la mise en œuvre du dispositif dans certains États membres et par l’homogénéité des procédures d'un pays à l'autre. Les auteurs formulent des recommandations concernant par exemple la régulation et la structuration des filières, ainsi que la consolidation des liens avec le tourisme et la recherche.

Salomé Sengel, stagiaire au Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

11/05/2021

Le travail détaché, un facteur de recomposition du salariat agricole

Le salariat migrant présent dans les filières arboricoles et maraîchères se renouvelle, depuis près de vingt ans, du fait de l'instauration en 2003 des prestations de services internationales (PSI), qui permettent la mise à disposition temporaire de travailleurs par des entreprises localisées dans un autre pays de l’Union européenne. Un article publié dans la Nouvelle revue du travail en avril 2021 (numéro consacré au travail en agriculture) explore les différences, en Provence, entre le travail détaché et le recours à l’emploi saisonnier. L’un et l’autre ont pour origine la recherche de coûts salariaux moindres, mais le premier se caractérise par une externalisation de « la fonction RH » (recrutement, paie, remplacement), prise en charge par une entreprise de travail temporaire. Objet de contournements (embauche directement par l’employeur à la suite d’un détachement), la PSI a favorisé la diversification de l’origine nationale des populations laborieuses migrantes, et même la sédentarisation de certaines d’entre elles en lien avec l’activité agricole, à l’instar de populations latino-américaines en Provence.

Source : Nouvelle revue du travail