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17/11/2021

Caroline Dufy, Le retour de la puissance céréalière russe. Sociologie des marchés du blé, 2000-2018, Éditions Peter Lang, septembre 2021, 276 pages

retour puissance céréalière.jpg

Dans ce livre consacré à la circulation du blé en Russie, C. Dufy (IEP de Bordeaux) traite de la restauration de la puissance céréalière après des années 1990 chaotiques, marquées par l'exode rural et le sous-investissement. Produit agricole peu différencié, « standard », destiné à la consommation locale ou au grand export, le blé fait l'objet d'un circuit très structuré, connecté aux marchés mondiaux, et à certaines périodes fortement encadré par la puissance publique. L'auteure a réalisé, de 2015 à 2018, des entretiens avec des acteurs du secteur (traders, experts, syndicats professionnels, etc.), sans toutefois avoir pu échanger avec les personnels administratifs.

L'ouvrage met d'abord en perspective l'évolution de 1990 à 2018. Après un véritable effondrement de sa production, la Russie, qui adhère à l'OMC en 2012, redevient « en quelques années l'une des premières puissances exportatrices dans le monde ». Pour cela, elle joue la carte de la financiarisation et de l'industrialisation, via de gigantesques entreprises intégrées, accapareuses de terres, les agro-holdings. Avec l'annexion de la Crimée en 2014, les sanctions occidentales et les contre-sanctions russes, la politique agricole prend un « virage » vers « un modèle autocentré, fondé sur la polyculture et l'élevage ».

Est ensuite examiné le parcours du grain jusqu'aux consommateurs. La logistique doit faire face à « l'immensité russe ». L'auteure met ainsi en évidence l'importance du transport et des stockages en silo. Différents acteurs se livrent à un important travail de qualification, de certification et de différenciation du blé. Ce processus assure la commensurabilité entre grains, donc leur substituabilité, et l'intégration des différents segments et circuits dans un marché conforme à sa représentation par la théorie économique, où le prix ajuste offre et demande. La contribution des experts privés et des traders au bon fonctionnement du marché est notamment soulignée.

Enfin, deux chapitres éclairent les logiques d'une régulation étatique « hybride, opaque et contingente ». Sur les marchés d'intervention publique, l'auteure souligne la proximité des outils mis en place avec ceux de la PAC avant la réforme de 1992. Elle relève par ailleurs les effets sur la réalité (formation d'une identité nationale, intégration du territoire dans les relations internationales) des discours politiques sur la sécurité alimentaire, et des fluctuations entre registres libéral et protectionniste.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Peter Lang

16/11/2020

Logistique des circuits courts alimentaires

Si les circuits courts alimentaires font l’objet de nombreuses publications, leur logistique est peu étudiée. Partant de ce constat, les auteurs ont conduit une revue de littérature sur ce sujet, dont les résultats sont publiés dans Sustainable Production and Consumption. Ils ont sélectionné, dans les bases de données bibliographiques des 14 dernières années, 66 études en anglais mentionnant la logistique (figure ci-dessous). Cet échantillon confirme le faible volume d’études sur la logistique, de l’ordre de 5 à 6 articles par an, même si on observe une augmentation depuis 2010.

Nombre de publications annuelles sur la logistique des circuits courts alimentaires, de 2006 à 2019circuits courts.jpgSource : Sustainable Production and Consumption

Lecture : 2011 correspond à un numéro spécial.

Une première série de 26 articles s’intéresse à l’impact environnemental de la logistique des circuits courts. Ses impacts, souvent présupposés comme vertueux par les consommateurs, sont en fait très variables en fonction des périmètres étudiés : il peut y avoir, par exemple, plus de déplacements individuels, pour des petites quantités de produits, qui conduisent à davantage d'émissions polluantes que dans le cas de circuits longs plus optimisés. Les articles permettent d'approcher l'hétérogénéité des effets, sans fournir de comparaison moyenne entre circuits courts et circuits longs. Deux approches sont habituellement utilisées : la première se focalise sur l’énergie utilisée pour le transport, le stockage, la manutention et la gestion ; la seconde repose sur une analyse du cycle de vie. Par ailleurs, 8 articles concernent l’optimisation du transport et de la distribution, pour un vendeur donné, à partir d’une cartographie du système actuel et en recentrant le lieu de vente. Enfin, 27 articles étudient l’amélioration de la logistique des circuits courts par une restructuration de la supply chain. Premièrement, les producteurs peuvent créer une plate-forme commune, jouant le rôle d’interface entre producteurs et consommateurs, et souvent gérée par un intermédiaire (association ou entreprise). En second lieu, quatre modes de distribution affectant les parts relatives du producteur et du consommateur dans la logistique sont étudiés (figure ci-dessous). Les outils numériques remplissent une fonction importante dans cette amélioration.

Modes de distribution des produits en circuits courtscircuits courts 2.jpg

Source : Sustainable Production and Consumption

Lecture : les lignes continues correspondent aux flux des produits du ressort des producteurs, les lignes pointillées à ceux des consommateurs.

Selon les auteurs, les producteurs doivent être conscients de l’importance de la logistique pour le développement des circuits courts. Ils devraient être ouverts à des systèmes de distribution innovants, à des coopérations verticales et horizontales, par exemple avec des chercheurs, pour analyser la situation existante et proposer des améliorations. Les auteurs recommandent enfin d’approfondir les études sur la contribution environnementale de ces circuits, en prenant en compte le fait que le consommateur remplit un panier et ne va pas chercher un seul produit.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainable Production and Consumption

18:26 Publié dans Environnement, IAA | Lien permanent | Tags : circuits courts, logistique, alimentation |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2020

Quels impacts de la Covid-19 sur les chaînes de valeur agricoles et alimentaires aux États-Unis ?

La revue Choices a récemment publié un dossier dédié aux impacts de la pandémie sur les chaînes de valeur agricoles et alimentaires aux États-Unis, avec un focus sur le marché du travail. Les auteurs ont identifié trois domaines principaux de fragilité face à la Covid-19 : la main-d’œuvre, à tous les maillons de la chaîne (production, transformation, commercialisation) ; la logistique ; les modes de consommation (voir infographie ci-dessous). Les réponses politiques, locales ou fédérales, sont également abordées, comme l'assouplissement du système de visa H-2A pour les saisonniers agricoles, ou les adaptations successives des réglementations sur la sécurité des camionneurs.

Perturbations générées par la pandémie de Covid-19 à différents stades des chaînes de valeur agricoles et alimentaires

chaine de valeur agri agro.jpg

Source : Choices

L'un des articles analyse l'évolution relative du taux de chômage dans les différents secteurs de l'économie, entre février et août 2020. Si l'agriculture, dans son ensemble, a subi une baisse limitée par rapport à la tendance de long terme, les conséquences sont plus contrastées selon les sous-secteurs, les services et la transformation alimentaires étant les plus affectés.

Les services, qui comprennent la restauration, ont été frappés par la chute brutale de la demande : confinement des consommateurs, report des événements sportifs ou culturels, arrêt des activités en lien avec le tourisme (transport aérien, hébergement hôtelier, croisières, etc.). Dans le secteur de la transformation, le taux de chômage a quasiment doublé entre février et mai, principalement en raison de fermetures temporaires liées à la diffusion active du virus au sein des usines. Les conditions de travail sur les chaînes de production, en atmosphère confinée, froide et humide, ainsi que la promiscuité imposée, ont fait de ce secteur aux États-Unis l'un des plus touchés par le virus, derrière celui de la santé.

Enfin, la pandémie a révélé la fragilité de la chaîne logistique alimentaire. La redirection des flux du secteur de la restauration vers la distribution s'est faite avec difficulté, conduisant à la fois à des surplus vendus à prix cassés et à des pénuries, en dépit de la flexibilité du transport routier qui s'est adapté à une demande et une réglementation fluctuantes.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Choices

14/05/2020

Coronavirus : divers regards sur la crise proposés par Terra Nova

Initiée le 23 mars 2020 par le think tank Terra Nova, cette série de contributions propose des « réflexions, témoignages et questionnements suscités par la pandémie de Covid-19 et ses multiples conséquences ». Parmi la quarantaine de contributions disponibles début mai, T. Pech rappelle les liens étroits entre urgences sanitaire et écologique : le développement des infections zoonotiques est en effet, selon lui, associé au déclin de la biodiversité et à l'augmentation des interactions entre animaux sauvages et domestiques, notamment du fait de l'expansion de l'agriculture et de l'élevage. Dans son texte publié le 10 avril, L. Dablanc revient sur la logistique en temps de crise. Toujours stratégique pour les villes, cette activité est devenue plus visible et prioritaire. Des éclairages sont donnés, grâce à un « Baromètre de la logistique urbaine en confinement », sur les aspects alimentaires (e-commerce, livraisons de repas). Pour finir, mentionnons l'analyse de L. Chabason sur la gouvernance mondiale pour mieux lutter contre les pandémies zoonotiques.

Source : Terra Nova

08/06/2017

La technologie blockchain peut révolutionner les chaînes logistiques et la traçabilité dans le secteur agricole et agroalimentaire

Dans un article publié par Eco-Business le 13 mai, deux spécialistes du cabinet de conseil KPMG exposent le potentiel révolutionnaire, pour le secteur agricole et agroalimentaire, de la blockchain. Cette technologie, développée comme sous-jacent de la monnaie numérique Bitcoin, permet des transactions instantanées, transparentes, sécurisées, à des coûts minimes et sans organe central de contrôle, donc sans intermédiaire. Ces caractéristiques ouvrent d'importantes possibilités pour l'amélioration du suivi des échanges de produits alimentaires, notamment dans les pays tiers. La start-up londonienne Provenance expérimente ainsi actuellement la traçabilité du thon pêché en Indonésie, tandis que la plateforme de commerce électronique taïwanaise OwlTing a lancé fin mai un système de garantie de l'origine des produits agroalimentaires, OwlChain. Le distributeur américain Walmart s'en sert déjà pour tester le cheminement des mangues aux États-Unis et celui des porcs en Chine.

Schéma de fonctionnement de la technologie blockchain

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Source : BlockChainFrance

Source : Eco-Business