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03/05/2018

L'IEEP propose des idées pour définir et mesurer les objectifs environnementaux de la nouvelle PAC

À la suite des propositions de la Commission européenne sur la future Politique agricole commune (PAC) 2021-2027, l'Institut pour une politique européenne de l'environnement (IEEP) a publié un rapport intitulé Ideas for defining environmental objectives and monitoring systems for a results – oriented CAP post 2020. Financé par la section allemande du WWF, ce travail analyse l'architecture générale proposée par la Commission, au regard des objectifs environnementaux de l'Union européenne (biodiversité, qualité et disponibilité de l'eau, protection des sols, qualité de l'air). Si les auteurs saluent le passage d'une « obligation de moyens » à une « obligation de résultats », ils pointent aussi des zones grises et des points critiques, aux différentes étapes de formulation des objectifs et indicateurs de suivi qui, selon eux, ne permettent pas pour l'instant d'assurer que les enjeux environnementaux resteront prioritaires au même titre que les questions économiques et sociales.

Source : IEEP

13:08 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : ieep, pac |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/04/2018

La biodiversité est beaucoup moins médiatique que le changement climatique

Tel est le résultat d'une récente étude portant sur les informations scientifiques relayées par la presse écrite de référence, américaine, canadienne et britannique, en langue anglaise et sur une période de 25 ans (1991-2016). Près de 200 000 articles en provenance de 12 titres (tels que The Washington Post, The Times ou National Post) ont ainsi été recensés à partir de la base Factiva et analysés. Partant du postulat que la prise de conscience du public est essentielle en matière environnementale pour la décision politique et l'adoption de nouveaux comportements, les chercheurs ont identifié la presse comme un relais d'information important. Ils ont donc comparé les fonds publics alloués à la recherche dans les domaines du changement climatique et de la biodiversité, le nombre de publications scientifiques et celui des articles de presse traitant ces sujets.

Le résultat est significatif et l'écart s'amplifie tout au long de la période examinée : avec des fonds engagés deux fois et demi plus importants, des publications scientifiques deux fois plus nombreuses, l'exposition médiatique du changement climatique est, en moyenne sur la période, plus de trois fois supérieure à celle de la biodiversité. L'écart est même de 8 pour 1 sur la dernière année d'analyse, en 2016. Les auteurs identifient une rupture à partir de l'année 2000 : alors que, jusqu'à cette date, le nombre d'articles de presse était corrélé à la fois au financement de la recherche et à l'intensité de l'activité de recherche, ce n'est plus le cas depuis pour la biodiversité. Ainsi, en dépit de fonds publics alloués et d'un nombre de publications scientifiques en hausse sensible sur la période, ce sujet n'a pas été plus évoqué dans la presse.

Exposition médiatique comparée des thématiques "changement climatique" et "biodiversité" dans la presse écrite de langue anglaise aux États-Unis, Canada et Royaume-Uni

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Source : Frontiers in Ecology and Evolution

Au-delà du constat, les auteurs tentent de mettre au jour les causes de ce faible intérêt. Ils avancent plusieurs hypothèses, comme la structuration des communautés internationales de chercheurs, plus récente pour l'IPBES que pour le GIEC, ou la difficulté de trouver un message simple et frappant. Les auteurs identifient également les nombreuses controverses climatiques comme moteur efficace de médiatisation. Enfin, le caractère souvent local des atteintes à la biodiversité rend plus complexe leur relais à un niveau national, voire international.

En matière de communication vers le grand public, les auteurs recommandent par conséquent de s'appuyer sur l'expérience du GIEC, basée sur les résultats de la recherche, mais également de développer les actions de science participative, qui resserrent les liens entre la recherche et la société.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Frontiers in Ecology and Evolution

10:04 Publié dans Environnement, Société | Lien permanent | Tags : biodiversité, changement climatique, médias, presse |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'utilisation du glyphosate annule les bénéfices pour la biodiversité permis par le sans-labour

Suite à un récent communiqué de presse du CNRS et du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), l'impact négatif des pratiques agricoles sur la biodiversité a été largement relayé dans la presse généraliste. Contribuant à ce débat, des chercheurs du MNHN et d'Agrosolutions ont publié mi-mars, dans la revue Agriculture, Ecosystems & Environment, une analyse de l'impact sur les populations d'oiseaux de différentes méthodes de travail du sol de parcelles de blé et de colza d'hiver.

Constatant que les itinéraires sans labour, souvent considérés comme favorables à la biodiversité, présentent diverses techniques de gestion des adventices estivales, ils ont comparé les populations d'oiseaux de parcelles d'Île-de-France où sont pratiqués : a) le labour, b) le sans-labour avec gestion des adventices par traitement au glyphosate, et c) le sans-labour avec implantation d'une interculture pour la gestion des adventices et sans traitement phytosanitaire. À partir de 163 points d'observation sur 73 parcelles, le nombre et les espèces d'oiseaux vus ou entendus ont d'abord été répertoriés. Ces données ont par la suite fait l'objet d'un traitement statistique afin d'isoler l'effet spécifique des itinéraires suivis.

Localisation des parcelles franciliennes étudiées selon la technique de lutte utilisée contre les mauvaises herbes

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Source : Agriculture, Ecosystems & Environment

Lecture :

- carré : sans labour avec culture intermédiaire - reprises de colza et/ou légumineuses implantées

- étoile : sans labour avec traitement herbicide total 

- triangle : labour

Les résultats montrent qu'il existe, pour les oiseaux, un important bénéfice du sans-labour sans herbicide par rapport au labour. A contrario, il y a plus de deux fois moins d'oiseaux, dans les parcelles sans-labour où du glyphosate a été utilisé, que dans les champs labourés. L'impact négatif de l'herbicide est bien plus important que la nature du travail du sol. Moins de labour et plus d'herbicides ne seraient donc pas une solution pour enrayer l'érosion de la biodiversité.

Ces travaux rejoignent les conclusions d'études récentes concluant que la biodiversité est largement tributaire de la quantité et de la nature des produits phytosanitaires utilisés par les agriculteurs. Un nombre croissant de recherches montrent également qu'une importante réduction de leur utilisation est possible sans impact économique pour une grande majorité d'exploitants, d'autant plus quand elle est couplée à des changements de techniques culturales.

Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective

Source : Agriculture, Ecosystems & Environment

10:01 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité, glyphosate, sans labour, oiseaux |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un rapport de l'IPBES consacré à la dégradation des écosystèmes terrestres

Après un premier rapport publié en 2016, portant sur les pollinisateurs, la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) consacre son second rapport thématique au phénomène de dégradation des terres. Rassemblant les contributions d'une centaine d'experts internationaux, ce document, dont la synthèse destinée aux décideurs politiques vient d'être publiée, s'appuie sur plus de 3 000 sources académiques, gouvernementales ou issues de la société civile.

Les experts désignent par « dégradation des terres » les processus causés par les activités humaines conduisant au déclin de la biodiversité des écosystèmes terrestres et des services qu'ils fournissent. Cette dégradation peut résulter a) de l'altération d'écosystèmes naturels liée à l'extension des surfaces cultivées et des pâturages ; b) de la dégradation d'écosystèmes agraires du fait de pratiques agricoles et pastorales intensives à l'origine de phénomènes d'acidification, de salinisation, d'érosion accélérée, de perte de matière organique et de fertilité des sols ; c) de la dégradation poussée et quasi-irréversible des écosystèmes et des services qu'ils assurent dans le cas, par exemple, de l'extension urbaine.

Pertes de carbone organique des sols dans le monde

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Source : IPBES

Pour les experts, la principale cause de la dégradation des terres réside dans la surconsommation des pays développés et dans la consommation croissante des pays émergents, de tous types de produits (alimentaires, biocarburants, métaux rares, etc.). Ils estiment qu'elle aura des conséquences importantes : accélération du changement climatique, accentuation des inégalités, déplacements contraints de population (50 à 700 millions de personnes d'ici à 2050), et même perte de diversité culturelle, l'identité de nombreuses populations locales et indigènes étant étroitement liée aux écosystèmes dans desquels elles vivent. Sur le plan agricole, les experts pensent que la dégradation des écosystèmes terrestres pourrait, combinée aux effets du changement climatique, entraîner une diminution des rendements mondiaux de l'ordre de 10 %, et jusqu'à 50 % dans certaines régions (Afrique subsaharienne, Amérique centrale et du Sud).

Pour terminer, s'ils formulent des recommandations à même d'inverser la tendance, ils considèrent que la mise en œuvre effective des accords internationaux existant sur le sujet serait suffisante et engendrerait un bénéfice plus de dix fois supérieur aux coûts. Toutefois, ces derniers seront d'autant plus élevés que l'on tardera à agir.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : IPBES

09:59 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : ipbes, écosystèmes, terres, dégradation |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/04/2018

Le partage de l'eau. Une réflexion géopolitique, Frédéric Lasserre, Alexandre Brun

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L'eau est une ressource non rare que de mauvais choix politiques et économiques tendent à raréfier. Sa répartition et ses usages dépendent souvent moins des dotations naturelles que de rivalités étatiques et stratégiques. Telle est la thèse défendue par les géographes F. Lasserre (université Laval, Québec) et A. Brun (université de Montpellier), dans ce livre alerte, fourmillant d'exemples concrets, très informé mais néanmoins accessible. Les questions agricoles y occupent une place de choix, qu'il s'agisse de diagnostics présents ou de réflexions prospectives.

Les grands enjeux liés à l'eau sont rappelés dès le départ : surexploitation, pollution, gaspillage, alimentation humaine, biodiversité, inondations ou stress hydrique, fragilisation des productions agricoles alors même qu'elles représentent 70 % des prélèvements d'eau douce. Pour résoudre ces problèmes, la gestion par « bassin versant », apparue en France dès le XVIIe siècle, est aujourd'hui généralisée, mais les parties prenantes ont souvent du mal à s'entendre sur les objectifs et les moyens, comme le montrent les exemples de la Dordogne et du Mékong. Quant au droit international de l'eau, il reste faible, assez flou, peu utilisé, empreint de tensions entre logique de souveraineté territoriale et logique d'intégrité de la ressource. Pour autant, l'eau n'a pas été jusqu'à maintenant une cause directe de guerres ; elle n'est qu'un facteur de tensions supplémentaires, dans le cadre de relations internationales ou inter-régionales déjà dégradées. C'est ce que montre le chapitre consacré aux vives disputes entre les dix pays riverains du Nil, tous ayant le plus grand mal à réorienter leurs politiques d'agriculture intensive irriguée. Le chapitre sur le désastre de la mer d'Aral pointe la même responsabilité, primordiale, des choix de développement agricole : d'abord encouragée par la doctrine des grands travaux chère au pouvoir soviétique, l'irrigation massive, aujourd'hui devenue irréversible, illustre les conséquences de l'imposition d'un modèle économique inadapté aux ressources disponibles. En contexte capitaliste, les mêmes erreurs produisent les mêmes catastrophes, puisque l'épuisement du Colorado est surtout imputable aux prélèvements agricoles (80 % de la consommation totale dans l'Ouest américain), loin devant les fontaines de Las Vegas ou les golfs de l'Arizona stigmatisés par les médias ! Au-delà de ce sombre tableau, des raisons d'espérer viennent des efforts réalisés, partout dans le monde, pour mieux utiliser et partager l'eau. Elles viennent aussi des villes moyennes et métropoles où les fleuves ne sont plus seulement des axes de transport ou des exutoires d'égouts, mais des espaces publics réinvestis, renaturés, apaisés et touristiques, en train d'inventer les nouvelles sensibilités et représentations, plus respectueuses de l'eau, qui s'imposeront demain.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Odile Jacob

03/04/2018

Un nouveau MOOC s'intéresse à la durabilité des systèmes alimentaires dans une perspective méditerranéenne

Développé dans le cadre d'un partenariat entre le Barilla Center for food and nutrition (BCFN), le Sustainable Development Solutions Network, la SDG Academy et l'université de Sienne, ce cours en ligne, ouvert mi-mars, a pour objectif de donner un aperçu des défis et opportunités du secteur agricole dans le bassin méditerranéen, en lien avec les enjeux environnementaux et climatiques. Il est organisé en dix modules, traitant par exemple de l'histoire de l'agriculture et du régime alimentaire de cette région, de pêche et d'aquaculture, des moyens d'atteindre différents Objectifs du développement durable (ODD), ou encore des nouveaux types de métiers dans le contexte méditerranéen.

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Sources : BCFN, SDG Academy

07/03/2018

Agriculture urbaine et production sur les toits

Dans le numéro de février 2018 de Agronomy for Sustainable Development, une publication de chercheurs français fournit la première analyse quantitative exhaustive des services écosystémiques rendus par les productions alimentaires sur les toits. Les technosols mis en place sur le toit d'AgroParisTech, dans le cinquième arrondissement de Paris, ont été évalués au regard de la production de légumes récoltée, du ruissellement de l'eau et du recyclage des déchets organiques (utilisés pour amender les sols). Les résultats, par comparaison avec des cas de référence (production de pleine terre, en toiture végétalisée et sur sol artificialisé en ville), montrent notamment des « rendements quasi-équivalents ».

Sur la thématique de l'agriculture urbaine, on pourra également se reporter à une synthèse publiée récemment par l'Ademe, distinguant trois types de projets d'agriculture urbaine, en fonction des bénéfices recherchés (voir à ce sujet une précédente brève sur ce blog).

Source : Agronomy for Sustainable Development

10:06 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, toits, technosols, services écosystémiques |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/03/2018

Un nouveau cadre conceptuel pour mesurer la contribution sociétale de la nature

C'est une nouvelle façon d'évaluer et même d'analyser les interactions entre les écosystèmes et les hommes, que proposent une trentaine d'experts coopérant au sein de l'IPBES, dans un article récemment publié dans la revue Science. Dans ce nouveau cadre conceptuel d'évaluation, la nature n'est plus considérée comme une marchandise ou un service, mais comme une source de contributions, positives ou négatives, aux sociétés. 18 catégories de contributions ont ainsi été formalisées : certaines sont matérielles, avec fourniture de nourriture et de molécules utiles à l'homme ; d'autres sont immatérielles (le patrimoine naturel est un élément constitutif de l'identité d'une société et une source importante d'inspiration artistique) ; certaines, enfin, sont fonctionnelles, comme l'eau ou le climat. Les interactions entre les différentes contributions sont également analysées.

Évolution de la prise en compte de la contribution sociétale de la nature

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Source : IPBES

Cette nouvelle façon d'analyser les relations entre l'homme et la nature permet de se démarquer de l'approche parfois trop financière liée aux services écosystémiques, et d'intégrer une plus grande diversité de points de vue quant aux liens créés avec la nature et à leur importance pour les populations.

Source : Science

09:45 Publié dans Environnement, Société | Lien permanent | Tags : ipbes, nature, écosystèmes, contribution sociétale |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une étude sur la transmission des antibiorésistances entre animaux de ferme, sol et eau en Finlande

La revue Environmental Science & Technology a publié une étude sur la transmission de gènes d'antibiorésistance entre animaux d'élevage (sélection d'antibiotic-resistance genes – ARG – lors de l'utilisation d'antibiotiques, puis diffusion par épandage de fumier), sol et eau en Finlande. L'étude porte sur quatre élevages, deux bovins laitiers et deux porcins, dont tous les animaux avaient reçu un traitement antibiotique ponctuel suite à une infection bactérienne. Des échantillons ont été prélevés dans deux types de fumier (frais et stocké), dans des sols agricoles (sols témoins et sols recevant un épandage – prélèvement avant, juste après, deux et six semaines plus tard) et dans l'eau d'un fossé d'évacuation (avant et après épandage). Les extractions d'ADN dans les divers échantillons ont permis d'identifier au total 161 gènes de résistance, notamment à des groupes d'antibiotiques et à des désinfectants. La plus grande diversité de ces gènes a été trouvée dans le fumier, frais ou stocké, et dans les sols épandus. À noter que les sols non fertilisés ne comportaient que 29 types d'ARG.

D'après les auteurs, cette étude confirme que les élevages sont un réservoir d'ARG. Cependant, les échantillons prélevés avant l'application annuelle de fumier présentent de faibles concentrations (même en cas d'épandage depuis des années), montrant la survie relativement courte de ces gènes dans le sol. Les conditions climatiques finlandaises (périodes longues de gel) contribueraient également à atténuer la diffusion de l'antibiorésistance via l'environnement.

Source : Environmental Science & Technology

09:42 Publié dans Environnement, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : antibiorésistance, finlande |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/02/2018

La sécurité alimentaire européenne et française pourrait être améliorée tout en préservant davantage certaines ressources naturelles

L'intensification durable de l'agriculture apparaît de plus en plus nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire tout en limitant le changement environnemental global. Des chercheurs de l'université d'Amsterdam ont publié un article sur ce sujet, dans la revue Global Environmental Change en janvier 2018. Ils y explorent, via une analyse cartographique, le potentiel d'intensification durable de l'agriculture européenne et évaluent l'impact de cinq mesures sur les zones à forts potentiels identifiées.

Dans le cadre conceptuel développé par les auteurs, la possibilité d'intensifier durablement l'agriculture à un endroit donné dépend des caractéristiques socio-économiques et environnementales de cette zone (voir figure ci-dessous). En particulier, les agriculteurs jeunes, mieux formés, propriétaires et travaillant sur de grandes exploitations, sont plus enclins à adopter des mesures innovantes d'intensification durable. Ils le sont également d'autant plus dans les régions où les consommateurs se sentent concernés par les questions environnementales et sont friands de produits biologiques et végétariens/végétaliens. Le potentiel d'intensification durable d'une zone dépend aussi des opportunités agronomiques inexplorées et de l'usage parfois sous-optimal des ressources naturelles (notamment en matière de rareté de l'eau et d'érosion des sols). Enfin, les cinq mesures étudiées sont la réduction des écarts inter-récoltes (périodes entre deux récoltes), le recours au non-labour, l'irrigation déficitaire, l'abandon de cultures non primordiales pour la sécurité alimentaire et la réduction des pertes alimentaires.

Cadre conceptuel développé pour évaluer le potentiel d'intensification durable de l'agriculture

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Source : Global Environmental Change

Les résultats (voir figure ci-dessous) suggèrent que 34 % des terres arables européennes se situent dans des zones à fort potentiel d'intensification durable. Elles sont en France, en Italie et au Danemark. Pour l'Hexagone, cela s'explique par une population d'agriculteurs relativement jeune, qualifiée et travaillant sur de grandes exploitations, d'une part, et par un écart inter-récoltes élevé qui pourrait donc être réduit, d'autre part. Des progrès pourraient également être réalisés dans la gestion quantitative de l'eau. Enfin, les auteurs montrent que la mise en place de mesures d'intensification durable dans les zones à fort potentiel a un impact positif sur la production d'aliments (mesurée ici en calories) et sur l'utilisation des ressources (terres, eau et sols).

Zones à fort potentiel d'intensification durable de l'agriculture en Europe

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Source : Global Environmental Change

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Global Environmental Change

11:21 Publié dans Agronomie, Environnement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : intensification durable |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/02/2018

Une étude remet en question l'efficacité des prélèvements de loups pour protéger les élevages aux États-Unis

La protection des troupeaux domestiques contre les loups, dans la péninsule supérieure de l’État du Michigan, aux États-Unis, a récemment fait l'objet d'une évaluation. Les travaux, menés par deux chercheurs en sciences de l'environnement de l'université du Wisconsin et un biologiste retraité du U.S. Fish and Wildlife Service, ont été récemment publiés par la revue PLOS One. Ils se concentrent sur les deux mesures proposées aux éleveurs dans l’État : le prélèvement de loups par piégeage puis abattage à proximité de l'exploitation ; la subvention de clôtures d'effarouchement ou de chiens de protection.

Les auteurs prennent comme point de départ une étude menée dans les Rocheuses, qui a conclu à une réduction du risque de nouvelle attaque en cas d'élimination de loups à l'échelle du territoire de la meute, risque qui serait minimisé en cas de destruction de la meute entière. Les scientifiques ayant travaillé dans le Michigan critiquent ces résultats, en raison notamment de l'absence de prise en compte du déplacement de la probabilité d'attaque vers les exploitations alentours, ainsi que de l'éventuelle augmentation de la prédation liée à la recolonisation du territoire libéré par la meute détruite. En effet, comme ils le rappellent, de nombreux travaux montrent que l'abattage de loups dans une meute peut provoquer le départ brutal de certains des membres survivants, qui occasionnent par la suite des dégâts lors de leur errance.

Face à cette controverse, les auteurs ont développé une analyse statistique à trois échelles territoriales pour la période 1998 à 2014 (2,6 km2, 93,2 km2 et 829 km2).

Évolution, entre 1999 et 2015, du nombre : d'attaques confirmées, de piégeages avec abattages, de déploiements de mesures d'effarouchement, d'attaques non suivies de mesures appliquées et de loups (Michigan, en dixièmes)

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Source : PLOS One

Ils concluent que les mesures de prélèvement par abattage ne réduisent pas significativement les risques pour l'exploitation attaquée et augmentent la probabilité d'attaques chez les éleveurs voisins, contrairement aux mesures d'effarouchement. Ils recommandent donc de suspendre les prélèvements de loups et de favoriser les mesures de protection non létales (chiens de protection, clôtures électrifiées garnies de rubans colorés et sonores - fladry).

Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective

Source : PLOS One

06/02/2018

Le Royaume-Uni publie son plan environnemental pour les 25 prochaines années

Le Royaume-Uni a publié en janvier son Plan environnemental pour les 25 prochaines années. L'objectif est de déterminer les grandes priorités et actions du gouvernement en matière d'environnement et de ressources naturelles. Il couvre de multiples domaines environnementaux (qualité de l'air, de l'eau, protection des sols, biodiversité, etc.) et concerne, à des degrés divers, la plupart des secteurs économiques. L'agriculture et la pêche sont directement concernées par certaines actions : nouvelles règles sur la pollution de l'eau d'origine agricole, utilisation plus efficiente des engrais, livre blanc en vue d'un futur projet de loi pour une pêche durable, etc. Dans le contexte du départ du Royaume-Uni de l'Union européenne, ce plan fait écho aux déclarations de Michael Gove (Secretary of State for Environment, Food and Rural Affairs) en faveur d'un « Green Brexit ».

Source : Gouvernement britannique

10:14 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : royaume-uni, brexit, ressources naturelles, environnement |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/01/2018

L'huile de palme certifiée durable réduit la déforestation en Indonésie

La demande internationale de commodités agricoles est une cause majeure de déforestation tropicale. De nombreux États et entreprises se sont donc engagés à réduire les pertes de forêts dues à leurs approvisionnements, en particulier en achetant uniquement de l'huile de palme certifiée « durable ». Ainsi, en 2015, 20 % de la production mondiale étaient certifiés par le référentiel RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Cependant, les effets réels de ce type de labels restent à ce jour mitigés (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Un article, mis en ligne en décembre 2017 par la revue PNAS et écrit par des chercheurs américains, expose les résultats d'une évaluation de l'impact du système de certification RSPO sur la déforestation et les feux de forêts en Indonésie, le premier producteur mondial d'huile de palme.

Plantations d'huile de palme certifiées RSPO (orange) et non certifiées (vert et mauve) dans l'ouest indonésien

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Source : PNAS

Pour ce faire, les auteurs utilisent des données sur les plantations certifiées et non certifiées (voir figure ci-dessus), ainsi que des estimations satellitaires annuelles de la perte de forêts entre 2001 et 2015, pour mesurer la déforestation dans ces zones. Afin de contrôler un éventuel biais de sélection, les plantations demandant la certification n'étant pas représentatives de l'ensemble des structures car plus anciennes et moins riches en forêts, ils réalisent un appariement par score de propension : cela leur permet de comparer, avant et après la certification éventuelle, des plantations ayant les mêmes caractéristiques.

Tendances de la déforestation (A et B) et de la surface de forêt conservée (par rapport à 2000, C) dans les plantations d'huile de palme certifiées RSPO et non certifiées, en Indonésie

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Source : PNAS

Les auteurs trouvent que la certification « durable » RSPO est associée à une diminution de la déforestation de 33 %. Celle-ci s'élève ainsi à 6,6 % / an dans les plantations certifiées contre 9,8 % / an dans les non certifiées (voir la figure ci-dessus). Dans les forêts primaires, cette diminution s'élève à 36 %, bien qu'elle soit statistiquement moins significative. Malgré tout, en 2015, les plantations certifiées avait perdu 84 % de leur surface en forêt par rapport à 2000 (soit 1 657 km²), tandis que les plantations non certifiées n'en avaient perdu que 38 % (23 428 km²). Cela s'explique par le fait que les plantations qui demandent la certification ont peu de forêts résiduelles : elles ont déjà déforesté intensément. Ainsi, en 2015, les zones certifiées contenaient moins de 1 % des forêts restantes dans les plantations indonésiennes. Une adoption plus large dans les plantations encore riches en forêts, et des critères plus exigeants, sont donc nécessaires pour que la certification RSPO ait un impact positif et significatif sur la conservation et le climat à long terme. Enfin, les auteurs ne trouvent pas d'effet sur les occurrences de feux de forêt.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

12/01/2018

Le Déméter 2018, Huiles végétales : enjeux, marchés et controverses

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Dans un dossier d'une douzaine d'articles, le rapport Déméter 2018 dresse un tableau détaillé des défis et des controverses associés à la forte croissance des huiles végétales au plan mondial. Dans le premier article, A. Rival (Cirad) dessine une géopolitique des huiles végétales, d'où il ressort que 85 % de la production mondiale reposent sur quatre sources : Amérique pour le soja, Europe pour le colza, mer Noire pour le tournesol et Asie du Sud-Est pour le palme. Cependant le barycentre de la consommation se déplace vers l'Asie, tandis que l'Afrique attire les investisseurs comme front pionnier, selon J.-M. Roda (Cirad). En résultent des rivalités entre le Nord et le Sud (par exemple, en Afrique, entre investisseurs occidentaux – Archer, Bunge, Cargill et Dreyfus – et malaisiens), mais aussi entre modèles de production, intensifs en intrants au Nord, en main-d’œuvre au Sud.

La forte croissance du marché mondial des huiles s'explique principalement par la transition alimentaire dans les pays émergents. Cependant, pour P. Dusser (Groupe Avril), c'est la consommation de protéines qui devrait tirer le marché dans la prochaine décennie, sachant que les cultures étudiées ici permettent de produire, dans des proportions variables, à la fois de l'huile et des protéines. Les usages non alimentaires auraient, d'après D. Pioch (Cirad), un avenir prometteur dans le domaine de la chimie, mais plus incertain en matière énergétique.

Les préférences des consommateurs évoluent : J.-M. Lecerf (Institut Pasteur) rappelle que si les lipides ont été les premières cibles des recommandations nutritionnelles, il n'existe pas sur le plan diététique d'huile parfaite. La tendance est aujourd'hui à la diversification des huiles pour des motivations éthiques ou de santé. De plus, la perception des consommateurs est au cœur d'enjeux stratégiques pour le secteur. Les allégations « sans huile de palme » sont ainsi jugées trompeuses par plusieurs auteurs, car injustifiées sur le plan nutritionnel et contre-productives en matière de durabilité. En parallèle, l'huile de palme est devenue un laboratoire d'innovations en matière de certification environnementale, associant l'industrie et les ONG. Les tensions internes à ces dispositifs, que décrit E. Cheyns (Cirad), en soulignent les limites, et la question de la durabilité des modes de production apparaît clairement comme l'un des enjeux pour l'avenir.

Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective

Lien : Le Déméter

10/01/2018

Une analyse systémique des conséquences des sécheresses dans le monde

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La Banque mondiale, dans un de ses derniers rapports, analyse l'impact des accidents pluviométriques (inondations ou sécheresses) sur l'ensemble de l'économie et des sociétés au niveau mondial. Utilisant des données à un niveau spatial suffisamment désagrégé, le rapport mesure, dans un premier temps, les conséquences des variations de pluviométrie sur la productivité agricole : il évalue ainsi les pertes annuelles à près de 60 trillions de kilocalories (correspondant environ aux besoins de 80 millions de personnes). Les sécheresses ont un impact sur l'agriculture et l'économie supérieur à celui des inondations, et les régions les plus sèches sont également les plus sensibles. L'extension de la zone cultivée, aux dépens de la forêt, est l'une des réactions les plus fréquentes pour réduire l'impact de la sécheresse sur la sécurité alimentaire : 60 % de la déforestation peuvent ainsi être expliqués par les variations anormales de la pluviométrie.

Si les auteurs font la part belle aux conséquences sur l'agriculture et l'alimentation dans les zones rurales, ils s'intéressent également à la propagation des impacts dans le système économique (notamment l'industrie, souvent tributaire d'un accès à l'eau) et social : sécurité alimentaire, santé et capital humain à long terme. Enfin, le rapport préconise de porter une attention particulière à la tarification de l'eau, mais également à un système d'échange de quotas de consommation, complexe à mettre en œuvre mais qui permettrait une meilleure gestion de la ressource.

Source : Banque mondiale