Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/12/2020

Les terres cultivées et les pâturages, au cœur des engagements pour la restauration des écosystèmes ?

À l'approche du lancement, l'an prochain, de la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes, l'agence d'évaluation environnementale du gouvernement néerlandais PBL a publié une note recensant les engagements des différents pays du monde en matière de restauration. Au total, 115 pays ont pris de tels engagements dans le cadre des Conventions de Rio ou d'accords internationaux. Sur les près d'un milliard d'hectares concernés, la plupart concernent des terres forestières (42 %), mais 37 % touchent les terres agricoles, cultivées et pâturées (figure). Des études, comme celle de Strassburg et al. (2020), font état de l'utilité de restaurer des terres converties (i.e. d'un écosystème naturel à des terres cultivées ou à des pâturages). Un ciblage de seulement 15 % de celles-ci dans des aires prioritaires permettrait d'éviter 60 % des extinctions d'espèces et de séquestrer 20 % du total de l'augmentation de concentration de CO2 dans l'atmosphère depuis le début de la Révolution Industrielle.

Engagements de restauration au niveau mondial, par catégories de mesure de restauration (2020)

PBL.jpg

Source : PBL

Source : PBL

08:57 Publié dans Agronomie, Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : pâturage, restauration, écosystèmes |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/09/2020

Les écosystèmes anthropisés sont plus riches en espèces hôtes de pathogènes que les écosystèmes naturels

Un article paru en août dans la revue Nature s'intéresse à l'anthropisation des écosystèmes et à ses effets potentiels sur les espèces hôtes de pathogènes et sur le risque associé de zoonoses. Les êtres humains ont modifié plus de 50 % des terres habitables. Cette transformation des forêts, prairies et déserts en zones urbaines et en terres agricoles a causé le déclin de nombreuses espèces spécialistes (ex. : rhinocéros). Les espèces généralistes (comme les rats) ont, en revanche, pu prospérer dans ces nouveaux habitats. Des chercheurs des universités de Londres et d'Oxford se sont donc demandé si les espèces les plus à même d'abriter des pathogènes (« espèces hôtes ») faisaient partie de la première ou de la seconde catégorie.

Pour répondre à cette question, les auteurs ont utilisé les données de 6 800 assemblages écologiques issues de la base globale PREDICTS, qui compile les éléments concernant environ 3,2 millions d'espèces observées dans plus de 660 études. Ils ont identifié 376 espèces hôtes, étudiées dans 184 travaux portant sur 6 continents (figure ci-dessous). Ils ont ensuite assigné à chaque site une catégorie d'usage des terres (végétation primaire, secondaire, écosystèmes gérés - plantations forestières, prairies, cultures et aires urbaines) et une intensité de cet usage (minimal ou substantiel). Ils en comparent alors les effets sur les espèces hôtes et non-hôtes.

Localisation des études analysées et distribution taxonomique des espèces hôtes de pathogènes

Biodiversite1.jpg

Source : Nature

Lecture : les points sur la carte montrent la localisation des assemblages écologiques étudiés, avec ceux ciblant les mammifères en noir et les autres en rouge. Les pays en bleu sont ceux pour lesquels au moins une étude a été conduite. Le graphique représente la distribution taxonomique (invertébrés, oiseaux, mammifères, reptiles/amphibiens) des espèces hôtes de pathogènes.

Leurs résultats montrent que la richesse et l'abondance des espèces hôtes sont supérieures dans les habitats anthropisés par rapport aux écosystèmes primaires. Ces constats s'inversent pour les espèces non-hôtes (figure ci-dessous). En conséquence, les espèces hôtes représentent une proportion plus importante de la diversité spécifique (+ 18 à 72 %) et de l'abondance totale (+ 21 à 144 %) dans ces milieux. L'amplitude de ce résultat, qui varie selon les taxons, est particulièrement forte pour les rongeurs, les chauve-souris et les passereaux hôtes. Enfin, les auteurs montrent que les espèces de mammifères abritant le plus de pathogènes sont plus présentes dans les écosystèmes gérés par l'homme. Ils suggèrent donc que la restauration des habitats dégradés et la protection des zones naturelles pourraient bénéficier à la fois à l'environnement et à la santé publique.

Liens entre l'utilisation des terres, et la richesse et l'abondance des espèces hôtes de pathogènes

Biodiversite2.jpg

Source : Nature

Lecture : a) richesse spécifique (nombre d'espèces), b) abondance totale (nombre d'individus), c) part des espèces hôtes dans la richesse spécifique et d) part des espèces hôtes dans l'abondance totale. Espèces hôtes en rouge, espèces non-hôtes en vert, usage minimal des terres représenté par des points, usage substantiel par des triangles.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature

12/11/2019

Le Centre for Environment, Fisheries and Aquaculture Science (Cefas)

Cefas.jpg

Le Cefas est une agence exécutive du ministère de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales (Defra) du Royaume-Uni, chargée des questions de durabilité des environnements aquatiques, marins ou d'eau douce. Fondé en 1902 à Lowestoft, cet organisme compte actuellement 530 employés dans diverses villes du pays, ainsi que deux antennes à l'étranger (Koweït, Oman). Le Cefas a pour mission d'appuyer la prise de décisions par le gouvernement du Royaume-Uni, mais il peut également être sollicité par d'autres acteurs (territoires d'outre-mer, gouvernements étrangers, entreprises, ONG, instituts de recherche, etc.), sur diverses thématiques : prévision des changements écosystémiques, développement de techniques innovantes de mesure et de surveillance, collecte de données, appui à l'économie bleue et durabilité des produits de la mer. Par exemple, cet organisme a proposé des éléments scientifiques pour aider à la mise en place d'aires de protection marine au Royaume-Uni. Par ailleurs, en matière de modélisation, il a développé des méthodes pour évaluer les impacts potentiels des flottes de pêche sur les espèces et les écosystèmes.

Dans le cadre de l'interdiction par l'Union européenne de la pêche électrique, il a publié en juin dernier une étude des impacts de ce type de chalut sur la biodiversité. La richesse spécifique mesurée est plus faible de 57 % sur la zone où la pêche électrique fut utilisée, comparativement à celle qui en était exempte. De plus, le nombre de captures était moindre de 21 %. Toutefois, les auteurs soulignent que la zone soumise à la pêche électrique avait également été exploitée par des chaluts traditionnels : les effets respectifs des deux techniques ne peuvent donc pas être distingués.

Enfin, dernière illustration de ses travaux, en mai 2019, le Cefas a co-animé un atelier sur la diminution des prises accessoires de cétacés dans les pêcheries du Royaume-Uni, rassemblant entre autres pêcheurs et décideurs politiques. Sur la base de ces échanges, il conseille par exemple de mettre en place des incitations monétaires pour encourager les pêcheurs à tester des alternatives techniques et à collecter des données pour en évaluer l'efficacité.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Centre for Environment, Fisheries and Aquaculture Science

09/09/2019

Analyse des impacts des activités humaines sur les océans

Un article d'août 2019, dans Nature Scientific Reports, traite de l'évolution des impacts des activités humaines sur les océans de 2003 à 2013, à l'échelle mondiale. Pour ce faire, des zones d'un kilomètre de côté ont été définies, représentant 21 types d'écosystèmes. Pour chacune, à partir de diverses sources, les mesures de 14 facteurs de pression sur l'environnement (en ordonnées de la figure ci-dessous) ont été agrégées afin d'obtenir une note synthétique annuelle. Ces facteurs appartiennent à 4 catégories : la pêche (6 d'entre eux), le changement climatique (3), le transport maritime (1) et les pollutions d'origine terrestre (4). Les notes synthétiques augmentent sur 59 % de la surface des océans durant la période étudiée. Plus de 90 % de ces hausses découlent de facteurs climatiques. Si les impacts des pratiques de pêche diminuent pour 53 % des pays, ces baisses pourraient être, selon les auteurs, attribuées à des mesures de gestion tout comme au déclin des stocks disponibles.

Impacts des 14 facteurs de pression sur 21 écosystèmes marins, en 2013

Oceans.jpg

Source : Nature Scientific reports

Lecture : en ordonnées, de haut en bas, i) facteurs liés au changement climatique (température de surface en haute mer : sst ; acidification des océans : oa ; montée du niveau des mers : slr) ; ii) transport maritime ; iii) pollutions d'origine terrestre ; iv) facteurs associés à la pêche (pêcheries pélagiques à haut niveau de prises accessoires, pélagiques à bas niveau de prises accessoires, démersales aux pratiques destructives, démersales aux pratiques non destructives et haut niveau de prises accessoires, démersales aux pratiques non destructives et bas niveau de prises accessoires, pêche artisanale).

Source : Nature Scientific reports

16:12 Publié dans Climat, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : océans, écosystèmes, pollutions, pêche, transport |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/05/2019

Le point sur les services écosystémiques de l'agriculture et de la forêt françaises

Pilotée par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire, la plate-forme EFESE (Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques) regroupe des travaux d'évaluation approfondis sur différents types d'écosystèmes français et leurs services. Elle a publié en avril les messages clés issus de la première phase de son programme (2012-2018), portant sur les milieux agricoles, forestiers, urbains, montagneux, aquatiques et marins.

Pour ce qui est des écosystèmes agricoles, qui couvrent 54 % du territoire métropolitain (surface agricole utilisée), l'évaluation montre qu'ils sont porteurs d’une biodiversité riche. Son amplitude et son abondance diminuent toutefois du fait des pratiques agricoles (dont l’usage des produits phytosanitaires), de la simplification des structures paysagères et notamment des réductions des prairies (semi-)permanentes, de la végétation ligneuse et des zones humides. Ces dernières entraînent de façon synergique et avérée la disparition de populations d'oiseaux, de chauves-souris, d'insectes et de la faune des sols, en particulier en grandes cultures. De plus, la teneur moyenne en carbone organique des sols de ces milieux et leur activité biologique ont diminué dans plusieurs régions.

La forêt française couvre, quant à elle, le tiers du territoire métropolitain, avec des tendances plus positives, tant du point de vue de la richesse locale en espèces d’arbres que de diverses caractéristiques reconnues comme importantes pour la biodiversité. Après une phase d’érosion, à la fin des années 1980, l’abondance des oiseaux communs forestiers s’est ainsi stabilisée. Toutefois, de nombreuses espèces de plantes, d'oiseaux et de mammifères de milieux forestiers sont toujours considérées comme menacées. De plus, les forêts métropolitaines ont été fragilisées par les tempêtes et sécheresses des deux dernières décennies, dans un contexte d’augmentation des risques liés, entre autres, au changement climatique.

EFESE fait aussi le compte des services, marchands ou non (largement majoritaires), rendus par ces différents écosystèmes aux agriculteurs et à la société française. À titre d'exemple, les exploitants bénéficient des services de régulation des ravageurs, des maladies et des adventices, de la structuration du sol et de la pollinisation fournis par les écosystèmes agricoles.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : ministère de la Transition Écologique et Solidaire

12:52 Publié dans 2. Evaluation, Environnement | Lien permanent | Tags : efese, écosystèmes, services écosystémiques, agriculture, forêt |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/04/2018

Un rapport de l'IPBES consacré à la dégradation des écosystèmes terrestres

Après un premier rapport publié en 2016, portant sur les pollinisateurs, la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) consacre son second rapport thématique au phénomène de dégradation des terres. Rassemblant les contributions d'une centaine d'experts internationaux, ce document, dont la synthèse destinée aux décideurs politiques vient d'être publiée, s'appuie sur plus de 3 000 sources académiques, gouvernementales ou issues de la société civile.

Les experts désignent par « dégradation des terres » les processus causés par les activités humaines conduisant au déclin de la biodiversité des écosystèmes terrestres et des services qu'ils fournissent. Cette dégradation peut résulter a) de l'altération d'écosystèmes naturels liée à l'extension des surfaces cultivées et des pâturages ; b) de la dégradation d'écosystèmes agraires du fait de pratiques agricoles et pastorales intensives à l'origine de phénomènes d'acidification, de salinisation, d'érosion accélérée, de perte de matière organique et de fertilité des sols ; c) de la dégradation poussée et quasi-irréversible des écosystèmes et des services qu'ils assurent dans le cas, par exemple, de l'extension urbaine.

Pertes de carbone organique des sols dans le monde

Ipbes.jpg

Source : IPBES

Pour les experts, la principale cause de la dégradation des terres réside dans la surconsommation des pays développés et dans la consommation croissante des pays émergents, de tous types de produits (alimentaires, biocarburants, métaux rares, etc.). Ils estiment qu'elle aura des conséquences importantes : accélération du changement climatique, accentuation des inégalités, déplacements contraints de population (50 à 700 millions de personnes d'ici à 2050), et même perte de diversité culturelle, l'identité de nombreuses populations locales et indigènes étant étroitement liée aux écosystèmes dans desquels elles vivent. Sur le plan agricole, les experts pensent que la dégradation des écosystèmes terrestres pourrait, combinée aux effets du changement climatique, entraîner une diminution des rendements mondiaux de l'ordre de 10 %, et jusqu'à 50 % dans certaines régions (Afrique subsaharienne, Amérique centrale et du Sud).

Pour terminer, s'ils formulent des recommandations à même d'inverser la tendance, ils considèrent que la mise en œuvre effective des accords internationaux existant sur le sujet serait suffisante et engendrerait un bénéfice plus de dix fois supérieur aux coûts. Toutefois, ces derniers seront d'autant plus élevés que l'on tardera à agir.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : IPBES

09:59 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : ipbes, écosystèmes, terres, dégradation |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/03/2018

Un nouveau cadre conceptuel pour mesurer la contribution sociétale de la nature

C'est une nouvelle façon d'évaluer et même d'analyser les interactions entre les écosystèmes et les hommes, que proposent une trentaine d'experts coopérant au sein de l'IPBES, dans un article récemment publié dans la revue Science. Dans ce nouveau cadre conceptuel d'évaluation, la nature n'est plus considérée comme une marchandise ou un service, mais comme une source de contributions, positives ou négatives, aux sociétés. 18 catégories de contributions ont ainsi été formalisées : certaines sont matérielles, avec fourniture de nourriture et de molécules utiles à l'homme ; d'autres sont immatérielles (le patrimoine naturel est un élément constitutif de l'identité d'une société et une source importante d'inspiration artistique) ; certaines, enfin, sont fonctionnelles, comme l'eau ou le climat. Les interactions entre les différentes contributions sont également analysées.

Évolution de la prise en compte de la contribution sociétale de la nature

ipbes.jpg

Source : IPBES

Cette nouvelle façon d'analyser les relations entre l'homme et la nature permet de se démarquer de l'approche parfois trop financière liée aux services écosystémiques, et d'intégrer une plus grande diversité de points de vue quant aux liens créés avec la nature et à leur importance pour les populations.

Source : Science

09:45 Publié dans Environnement, Société | Lien permanent | Tags : ipbes, nature, écosystèmes, contribution sociétale |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2016

La protection de la nature doit-elle être économiquement fondée ?

Dans les débats actuels sur l'importance des politiques publiques en matière de conservation des écosystèmes, cet essai de R. David Simson (US Environmental Protection Agency), publié en juin par le Property and Environment Research Center, vient alimenter la controverse de manière stimulante : comment affirmer que les services écosystémiques ont tant de valeur, puisque les recherches publiques peinent à l'évaluer ? Les services rendus par la nature sont-ils tous des biens publics ? Si c'est leur rareté qui fait leur valeur, alors comment justifier l'intérêt économique de préserver en abondance certains biens ?

Deux stratégies de conservation s'opposent : l'option « trames vertes et bleues », avec une dissémination de zones préservées au sein du territoire, ou l'option « réserves », plus étendues mais également repoussées en-dehors des zones les plus peuplées. Quoi qu'il en soit, selon l'auteur, l'argument économique n'est pas aujourd'hui le plus pertinent pour justifier l'intervention publique.

Source : PERC

13:49 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : écosystèmes, conservation |  Imprimer | | | | |  Facebook

21/05/2015

Lancement d’une cartographie des écosystèmes et de leurs services à l’échelle européenne

Le 5 mai dernier avait lieu la conférence de lancement d’un nouveau projet de cartographie des écosystèmes, dénommé Esmeralda. Ce projet, fruit d’une collaboration entre 25 institutions scientifiques européennes, de plus de 20 pays et coordonné par l’université de Kiel (Allemagne), s’inscrit dans l’action 5 de la stratégie biodiversité de l’UE à l’horizon 2020 « améliorer la connaissance des écosystèmes et de leurs services ». Il a en effet pour objectif de fournir aux décideurs publics les informations nécessaires à la conception de politiques environnementales. Complémentaire d’autres initiatives en la matière (programme européen MAES, ou EFESE en France), il vise à établir des méthodes flexibles et adaptables à la diversité des situations européennes pour évaluer un écosystème et ses services.

Source : Esmeralda project

09:08 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : écosystèmes |  Imprimer | | | | |  Facebook