18/06/2019
Évaluation de l'état de la biodiversité et des services écosystémiques par l'IPBES
La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié, le 6 mai 2019, un rapport d'évaluation de leur état au niveau mondial. Elle y met en avant le rôle irremplaçable de la nature pour l'existence humaine et la qualité de vie.
Ces contributions naturelles sont variées et peuvent présenter des antagonismes ou des synergies. En prioriser certaines, comme par exemple la production agricole, peut entraîner des changements écologiques et en menacer d'autres. Depuis les années 1970, sur les 18 catégories de contributions analysées, 4 ont augmenté (production agricole, pêche, bioénergies et récolte de matières premières), tandis que les 14 autres ont décliné (tableau ci-dessous). Les contributions non matérielles (ex. : expérience physique et psychologique de la nature) et les services de régulation (de la qualité de l'air et de l'eau par exemple) ont été particulièrement touchés.
Évolution des contributions de la nature à l'homme
Source : IPBES
Selon les auteurs, l'abondance des espèces endémiques a chuté de 20 %, dans les principaux écosystèmes depuis 1870, mais l'action humaine menace encore plus la biodiversité aujourd'hui. Ils estiment ainsi que 25 % des espèces évaluées sont menacées, environ 1 million étant en danger d'extinction. La diversité des variétés cultivées et des races élevées chute également, ce qui menace la sécurité alimentaire en diminuant la résilience des systèmes agricoles aux maladies et pathogènes, ainsi qu'au changement climatique. Ces modifications induites par l'homme créent les conditions d'une évolution biologique très rapide. Les déterminants de ce changement global, renforcés par des incitations favorisant l'expansion économique aux dépens de la conservation, incluent les modifications d'usage des terres et des mers, l'exploitation directe d'organismes vivants, le changement climatique, la pollution et les espèces envahissantes.
Les auteurs constatent également que les objectifs de conservation définis au niveau international (cible d'Aichi, Agenda 2030) ne pourront être atteints si les trajectoires actuelles de dégradation se poursuivent. Des changements profonds sont nécessaires des points de vue économique, social, politique et technologique. Par ailleurs, ils soulignent le besoin d'une transition écologique des systèmes alimentaires, via la promotion de pratiques durables adaptées aux contextes locaux (ex. : agro-écologie).
Estelle Midler, Centre d'études et de prospective
Source : IPBES
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11/04/2018
Un rapport de l'IPBES consacré à la dégradation des écosystèmes terrestres
Après un premier rapport publié en 2016, portant sur les pollinisateurs, la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) consacre son second rapport thématique au phénomène de dégradation des terres. Rassemblant les contributions d'une centaine d'experts internationaux, ce document, dont la synthèse destinée aux décideurs politiques vient d'être publiée, s'appuie sur plus de 3 000 sources académiques, gouvernementales ou issues de la société civile.
Les experts désignent par « dégradation des terres » les processus causés par les activités humaines conduisant au déclin de la biodiversité des écosystèmes terrestres et des services qu'ils fournissent. Cette dégradation peut résulter a) de l'altération d'écosystèmes naturels liée à l'extension des surfaces cultivées et des pâturages ; b) de la dégradation d'écosystèmes agraires du fait de pratiques agricoles et pastorales intensives à l'origine de phénomènes d'acidification, de salinisation, d'érosion accélérée, de perte de matière organique et de fertilité des sols ; c) de la dégradation poussée et quasi-irréversible des écosystèmes et des services qu'ils assurent dans le cas, par exemple, de l'extension urbaine.
Pertes de carbone organique des sols dans le monde
Source : IPBES
Pour les experts, la principale cause de la dégradation des terres réside dans la surconsommation des pays développés et dans la consommation croissante des pays émergents, de tous types de produits (alimentaires, biocarburants, métaux rares, etc.). Ils estiment qu'elle aura des conséquences importantes : accélération du changement climatique, accentuation des inégalités, déplacements contraints de population (50 à 700 millions de personnes d'ici à 2050), et même perte de diversité culturelle, l'identité de nombreuses populations locales et indigènes étant étroitement liée aux écosystèmes dans desquels elles vivent. Sur le plan agricole, les experts pensent que la dégradation des écosystèmes terrestres pourrait, combinée aux effets du changement climatique, entraîner une diminution des rendements mondiaux de l'ordre de 10 %, et jusqu'à 50 % dans certaines régions (Afrique subsaharienne, Amérique centrale et du Sud).
Pour terminer, s'ils formulent des recommandations à même d'inverser la tendance, ils considèrent que la mise en œuvre effective des accords internationaux existant sur le sujet serait suffisante et engendrerait un bénéfice plus de dix fois supérieur aux coûts. Toutefois, ces derniers seront d'autant plus élevés que l'on tardera à agir.
Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective
Source : IPBES
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05/03/2018
Un nouveau cadre conceptuel pour mesurer la contribution sociétale de la nature
C'est une nouvelle façon d'évaluer et même d'analyser les interactions entre les écosystèmes et les hommes, que proposent une trentaine d'experts coopérant au sein de l'IPBES, dans un article récemment publié dans la revue Science. Dans ce nouveau cadre conceptuel d'évaluation, la nature n'est plus considérée comme une marchandise ou un service, mais comme une source de contributions, positives ou négatives, aux sociétés. 18 catégories de contributions ont ainsi été formalisées : certaines sont matérielles, avec fourniture de nourriture et de molécules utiles à l'homme ; d'autres sont immatérielles (le patrimoine naturel est un élément constitutif de l'identité d'une société et une source importante d'inspiration artistique) ; certaines, enfin, sont fonctionnelles, comme l'eau ou le climat. Les interactions entre les différentes contributions sont également analysées.
Évolution de la prise en compte de la contribution sociétale de la nature
Source : IPBES
Cette nouvelle façon d'analyser les relations entre l'homme et la nature permet de se démarquer de l'approche parfois trop financière liée aux services écosystémiques, et d'intégrer une plus grande diversité de points de vue quant aux liens créés avec la nature et à leur importance pour les populations.
Source : Science
09:45 Publié dans Environnement, Société | Lien permanent | Tags : ipbes, nature, écosystèmes, contribution sociétale | Imprimer | |