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13/06/2017

Analyse coûts-bénéfices de recommandations alimentaires portant sur la santé et la préservation de l'environnement

Le dernier numéro d'Inra Sciences Sociales présente les résultats d'une évaluation des coûts et bénéfices de recommandations de consommation alimentaire portant sur des enjeux sanitaires et environnementaux. « En tenant compte de façon nouvelle des préférences des consommateurs et des coûts qu'ils supportent dès lors qu'ils sont sollicités pour changer leurs modes de consommation », ces éléments apportent, d'après les auteurs, une contribution « aux débats publics sur les évolutions souhaitables des régimes alimentaires ».

Ces travaux ont cherché à évaluer les effets de l'adoption de recommandations sur l'ensemble du régime alimentaire des consommateurs et sur la variation de leur bien-être, ainsi que leurs impacts en matière de santé publique et d'environnement. Pour chaque cas, une démarche en trois temps a été mise en œuvre : simulation des modifications du régime alimentaire (modèle de comportement des consommateurs), évaluation des impacts (modèle épidémiologique, émissions de gaz à effet de serre - GES), analyse coûts-bénéfices (détermination de la valeur monétaire de la variation de bien-être des consommateurs, conversion en équivalents monétaires des impacts sanitaires et environnementaux). Sept recommandations ont été testées : augmentation de la consommation de fruits et légumes, de poissons et produits de la mer, de produits laitiers frais ; diminution de celle de boissons rafraîchissantes sans alcools, de fromages, beurre et crème, de viande rouge, de tout type de viande. Une variation de 5 % de la consommation a été considérée, à la hausse ou à la baisse selon les cas.

Parmi les résultats, on peut retenir que toutes les recommandations ont un impact sur la santé, généralement compatible avec celui sur l'environnement, et supérieur en valeur monétaire. Si le rapport coût-bénéfice varie fortement, la plupart des recommandations sont coût-efficaces. De manière générale, au regard des objectifs étudiés, l'augmentation de la consommation de fruits et légumes apparaît la plus souhaitable, puis viennent, dans une moindre mesure, les poissons et produits de la mer, et la réduction de la viande rouge. Enfin, plusieurs limites à cette analyse sont relevées (autant de pistes de travaux ultérieurs) : la prise en compte des seules émissions de GES au titre des impacts environnementaux, et la non intégration de l'hétérogénéité des impacts des produits dans chaque groupe d'aliments, qui peut varier selon le mode de production par exemple.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

Les assurances récoltes américaines ont-elles un impact sur les systèmes de cultures et l’environnement ?

Dans un article publié dans l'édition d'avril de l’American Journal of Agricultural Economics, des chercheurs américains ont analysé l’impact des assurances récoltes (federal crop insurances) sur l’usage des terres, les systèmes de production et la qualité de l’environnement dans la région de la corn-belt aux États-Unis.

Pour cela, ils ont construit un modèle de prédiction des choix d’allocation des terres entre différents usages (culture, pâturage ou conservation) et cultures (maïs, soja, blé ou fourrages). Ce modèle repose sur l’utilisation de données récoltées à différents niveaux : parcellaire (usage actuel des terres, caractéristiques physico-chimiques), cantonal (rendements, prix des terres, etc.) et régional (prix des locations des terres, coûts de production). La comparaison des estimations obtenues avec ou sans assurance a ensuite permis d’évaluer l’impact de celle-ci sur la conversion des terres non-agricoles et l'orientation des cultures.

Les résultats montrent que les assurances ont un impact faible sur la conversion de terres non-agricoles : les surfaces allouées aux cultures augmentent de 0,06 % avec les assurances, tandis que celles allouées à la conservation et au pâturage diminuent de 0,42 % et 0,28 % respectivement. Toutefois, elles impactent plus fortement les choix de cultures, les surfaces de blé diminuant par exemple de 8,16 % lorsqu’une assurance est disponible.

Ces estimations ont ensuite été combinées à des modèles biophysiques pour déterminer l’effet des assurances sur l’environnement, en particulier sur l’écoulement et le lessivage des nitrates dans le sol, l’érosion des sols par l’eau et le vent, et la séquestration du carbone. Les résultats montrent que les changements de systèmes de cultures générés par les assurances ont un faible (mais négatif) impact sur la qualité de l’environnement. Une augmentation de 4 % de l’érosion éolienne des sols représente l’impact principal. Comme le nuancent les auteurs, ces effets pourraient varier fortement d’une région à une autre. Des travaux de recherche complémentaires, visant à identifier les zones à fort potentiel d’impacts, seraient utiles, afin de concevoir des programmes d’assurance qui soient à la fois plus efficaces économiquement et bénéfiques pour l’environnement.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : American Journal of Agricultural Economics

16/05/2017

La théorie du capital social et l'analyse des réseaux pour éclairer les politiques de gestion des espaces naturels

Comment rémunérer les services écosystémiques des forêts, notamment sur les usages libres tels que la promenade ou le ramassage de produits non ligneux (champignons ou autres) ? L'instauration d'outils visant à assurer un retour financier aux propriétaires se heurte à l'absence de restriction d'accès des usagers, notamment pour les forêts publiques. Un article récent, publié dans le Journal of Environmental Management, analyse le processus de mise en place d'un droit payant de cueillette de champignons en Catalogne, en s'appuyant sur la théorie des réseaux et du « capital social » (ressources relationnelles d'un individu), et montre le rôle des interactions entre les décideurs politiques et les usagers dans le succès de ce type de mesure.

À travers cet exemple, l'équipe de recherche a tenté de vérifier plusieurs hypothèses relatives aux interactions entre les concepteurs d'une mesure et les utilisateurs finaux : les liens entre les groupes, et au sein des groupes eux-mêmes, évoluent au cours des différentes phases d'élaboration et de mise en œuvre ; l'acceptabilité de la mesure repose en grande partie sur la qualité des liens établis entre les usagers et les décideurs ; l'efficacité de l'action dépend étroitement de la cohésion au sein des communautés d'usagers et entre elles.

S'appuyant sur des entretiens directs menés auprès de membres des deux groupes (16 « politiques », 41 cueilleurs), les chercheurs ont mesuré et cartographié les relations à différents stades du processus d'implémentation du permis payant, à la fois en termes de flux d'informations et de collaborations entre acteurs. Les résultats des entretiens ont permis d'élaborer une batterie d'indicateurs caractérisant les relations structurelles, notamment les jeux de pouvoir et d'influence.

La confirmation des hypothèses formulées aide à préciser les modalités de gouvernance à mettre en place pour une gestion concertée des ressources naturelles dans les forêts publiques, ou les parcs nationaux, et en fournit des indicateurs d'évaluation. Elle permet également d'identifier les enjeux à prendre en compte avant de mettre en place des mesures impactant un maillage de propriétés privées (continuité écologique). Enfin, les auteurs soulignent l'importance d'impliquer systématiquement les élus locaux dans la gouvernance des espaces naturels, même lorsque ces derniers relèvent de la compétence régionale ou nationale.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Environmental Management

17/04/2017

Alliance nationale de recherche pour l'environnement : quels futurs pour la planète ?

Dans une étude intitulée ScénEnvi - Visions du futur et environnement, publiée le 31 mars 2017, l'Alliance AllEnvi s'est livrée à une analyse de travaux internationaux de prospective environnementale. Plus de 200 études ont été identifiées et 99 sélectionnées (travaux récents, traitant des aspects environnementaux, produisant plusieurs scénarios aux horizons 2030, 2050 ou 2100, à une échelle mondiale ou supranationale), pour faire l'objet d'une « revue systématique ». Les scénarios ont notamment été analysés selon la grille D.E.G.E.S.T., qui permet le classement en six catégories (démographie, environnement, gouvernance, économie, société, technologies) des facteurs moteurs d'une trajectoire prospective.

307 scénarios internationaux ont ainsi été répertoriés et classés, selon la nature de leurs deux principaux facteurs moteurs, en onze familles elles-mêmes regroupées en trois grands types :

- les familles volontaristes donnant priorité à l'environnement (44 % des scénarios, en vert sur la figure ci-dessous), combinant à des degrés variés pilotage étatique et mobilisation de la société civile ;

- les familles n'affichant pas de priorité pour l'environnement (32 % de l'ensemble, en bleu), pouvant cependant limiter la dégradation de l'environnement, voire l'améliorer, sous réserve de compatibilité avec d'autres priorités (croissance, dimension sociale, etc.) ;

- les familles du déclin (23 % du total, en gris), décrivant un monde futur sombre, à l'environnement très dégradé (chaos, fragmentation, repli).

Positionnement des trois grands types de trajectoires selon l'« intensité de la gouvernance étatique » et la « qualité de l'environnement »

allenvi.jpg

Source : AllEnvi

Parmi les principaux résultats, quel que soit le type de trajectoire envisagée, les ressources fondamentales que sont l'eau et la terre apparaissent particulièrement menacées et les risques environnementaux iront en s'intensifiant dans les décennies à venir. Quant aux impacts sur l'océan, le littoral et la forêt, ils semblent très peu étudiés, voire oubliés, dans les travaux de prospective environnementale. Les auteurs mettent ainsi en évidence la multiplicité des voies menant tant à la dégradation qu'à l'amélioration de l'environnement, et l'importance de la gouvernance – et de la responsabilité humaine – comme principal levier d'action face aux enjeux environnementaux de court comme de long terme.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : AllEnvi, AllEnvi

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11/04/2017

Réutilisation des eaux usées

Cette année, le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau (WWDR) est intitulé Les eaux usées, une ressource inexploitée, en lien avec la cible 6.3 des Objectifs du développement durable. Il propose de passer d'une logique de traitement et d'élimination à une approche par le recyclage et la récupération, les eaux usées traitées devenant une « source d'eau alternative fiable ». Le rapport rappelle quelques tendances. Au niveau mondial, plus de 80 % des eaux usées seraient rejetés sans traitement : en moyenne, 70 % des eaux résiduelles municipales et industrielles sont traités dans les pays à revenu élevé contre 8 % dans les pays à faible revenu.

Un chapitre est consacré à l'agriculture, répertoriant les différentes sources de pollutions, ainsi que les risques environnementaux et pour la santé. Il souligne que « l'utilisation planifiée des eaux usées municipales est un modèle courant » dans un certain nombre de régions (Moyen-Orient, Chine, Mexique, Australie, etc.). En Jordanie, 90 % des eaux usées traitées sont destinés à l'agriculture. Cependant, « les surfaces irriguées par des eaux usées insalubres sont probablement dix fois supérieures à celles irriguées par les eaux usées traitées ». Le rapport souligne également le manque d'informations détaillées et complètes, à ce jour, sur cette ressource en eau.

Source : UNESCO

15:45 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : eau, eaux usées |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/03/2017

Évolution historique de l'introduction d'espèces allochtones

Une quarantaine de chercheurs, travaillant en collaboration, se sont penchés sur l'introduction d'espèces allochtones et sur sa dynamique depuis 200 ans. Pour ce faire, ils ont créé une base de données pour 16 926 espèces. Elle répertorie la date à laquelle une espèce s'est établie dans un pays ou une région (îles). Les auteurs montrent que 37 % des 45 381 observations se concentrent dans les décennies les plus récentes (1970-2014), sans signe de saturation du taux d'introduction. Ils soulignent dans leur conclusion l'urgence de la mise en place de politiques de prévention plus efficaces, à toutes les échelles.

Source : Nature Communications

09:39 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité, espèces allochtones |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/02/2017

Rapport intermédiaire de l’Évaluation Française des Écosystèmes et des Services Écosystémiques (EFESE) : de l'évaluation à l'action

Publié début janvier, le rapport intermédiaire de l'EFESE présente un état des lieux au 31 décembre 2016 des réflexions en cours sur les écosystèmes français et leurs enjeux. Programme engagé en 2012 par le ministère de l'Environnement, cette évaluation cherche à dresser un état des écosystèmes terrestres et marins et de leurs évolutions, en France hexagonale et ultra-marine, et à estimer la valeur des services qu’ils produisent en termes de bien-être individuel et collectif. Elle vise aussi à identifier des pistes d’action pour réduire les pressions exercées sur les écosystèmes.

Ont ainsi été étudiés six grands types d’écosystèmes : forestiers, agricoles, urbains, zones humides, milieux marins, et roches d’altitude et haute montagne. Une partie importante des écosystèmes serait dégradée puisque seuls 22 % des habitats et 28 % des espèces d'intérêt européen apparaissent en bon état de conservation (voir figure ci-dessous).

État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés par grands types d'écosystème

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Source : CGDD

En termes de valeur, pour les agro-écosystèmes (intersection d’un système écologique et d’un système socio-économique, à l’échelle de l'exploitation), le rapport mentionne la forte valeur marchande de la production agricole française (74,3 milliards d'euros en 2015, pour une valeur ajoutée estimée à 29,5 milliards d'euros), avec trois productions majeures : vin, céréales et lait. Au-delà des biens emblématiques (bois, produits issus de la mer et de l'agriculture), est soulignée la grande variété de biens aux valeurs méconnues : denrées alimentaires (gibier, champignons), objets décoratifs ou utilitaires (vannerie), plantes à parfum, ou encore ressources biologiques et génétiques, particulièrement concentrées dans les territoires d'outre-mer. Ainsi en est-il des récifs coralliens, abritant certaines éponges à propriété médicinale (La Réunion) ou délimitant des lagons propices à la perliculture (Polynésie française).

Le bilan dressé à ce stade fait ressortir l'hétérogénéité des données disponibles pour l'évaluation des biens et services écosystémiques, des dimensions patrimoniales des écosystèmes et de leurs contraintes. Progresser dans les évaluations des différents services, notamment ceux de grande valeur encore peu caractérisés, afin d'aider les décideurs publics à une reconquête efficace de la biodiversité, est un des messages clefs de ce rapport (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : CGDD

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Les sols. Intégrer leur multifonctionnalité pour une gestion durable, Antoine Bispo, Camille Guellier, Édith Martin, Jurgis Sapijanskas, Hélène Soubelet, Claire Chenu (coord.)

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La fragilité et la préservation nécessaire des sols ont été mises en lumière par plusieurs initiatives internationales, comme le volet « 4 pour 1000 » du Plan d'Action Lima-Paris. C'est dans ce contexte que cet ouvrage collectif restitue et articule les principaux résultats de 22 projets lancés en 2008 et 2009, dans le cadre du programme de recherche finalisée et interdisciplinaire GESSOL. Ces projets contribuent à une meilleure compréhension des usages et des perceptions des sols (partie 1), ainsi qu'à celle de leur capacité à répondre aux enjeux de sécurité alimentaire, de climat, de biodiversité, de filtration et de régulation des contaminants (partie 2). Ils analysent également divers outils et démarches à l'appui des politiques publiques (partie 3).

L'usage agricole des sols figure en bonne place dans l'ouvrage, avec des approches variées. Par exemple, il documente l'intérêt croissant des agriculteurs pour les techniques alternatives d'entretien des sols, comme l'agriculture de conservation, en interrogeant les voies d'accompagnement des changements de pratiques. Il compare les modes de gestion de la vigne afin d'identifier ceux favorables à la biodiversité dans les sols, ainsi que les leviers pour limiter, à l'échelle du bassin versant, la contamination des eaux de ruissellement par les pesticides. Il étudie également le devenir de protéines insecticides dans les sols, afin de prévoir leurs effets à long terme et des stratégies de surveillance. À une autre échelle, il croise les littératures sur les besoins à venir en alimentation, biomasse énergétique et produits biosourcés, avec les modalités d'action permettant d'y répondre. Cette analyse permet ainsi d'asseoir le rôle essentiel des sols pour réussir les transformations nécessaires de nos systèmes productifs.

Plusieurs pistes méthodologiques sont ouvertes. Ainsi, l'un des projets présentés dans la dernière partie explore le potentiel de l'intégration, dans les analyses de cycle de vie, des impacts des activités agricoles sur la qualité des sols. Une méthode est proposée et testée sur la production en Bretagne d'un aliment pour porcs. Elle estime ainsi que, pour en produire une tonne, 102 kg de sol sont érodés, dont 47 % à l'étranger (incertitude estimée à environ 50 %).

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

10:52 Publié dans Agronomie, Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : sols |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/02/2017

Les migrations d'insectes

Un collectif de chercheurs a publié dans le journal Science une estimation des flux migratoires d’insectes volants dans le sud de l’Angleterre. Cette étude repose sur un dispositif de radars mis en place de façon à couvrir une aire de 70 000 km². Il a permis d’établir une série de 10 années d’observation, avec des informations sur la masse et les caractéristiques de vol des insectes (vitesse, direction et hauteur). Le dispositif de mesures est complété par des filets de captures pour les insectes de moins de 10 mg.

Les auteurs concluent à un mouvement migratoire vers le sud en automne, et inversement au printemps. Ils estiment que ce flux concerne environ 3,5 billions d'insectes, ce qui représenterait une masse de 3 200 tonnes. Ce mouvement est aussi caractérisé par des variations inter-annuelles, parfois de l’ordre de 200 tonnes, qui seraient associées aux températures estivales : un été plus chaud est synonyme d’un plus grand nombre de naissances d’insectes. Un résultat que les chercheurs rapprochent des changements du climat à venir.

Source : ScienceDaily

10:50 Publié dans Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : insectes, migration |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/01/2017

Publication de l'édition 2016 de Mediterra consacrée au gaspillage

Issue d'un partenariat entre le CIHEAM et la FAO, l'édition 2016 de Mediterra est consacrée à la thématique du gaspillage dans la zone méditerranéenne. Cette problématique est abordée sous trois angles : les ressources naturelles, les productions agricoles et alimentaires, et les connaissances. La combinaison de ces trois approches permet de « situer le propos dans une perspective plus globale de développement durable », plaçant l'être humain au centre des réflexions. Les dix-sept chapitres apportent des éclairages intéressants, tant en termes de problématiques que d'éléments de réponse et d'éclairages pour la mise en œuvre de recommandations politiques participatives.

Le document met notamment l'accent, dans son introduction, sur l'importance de l'innovation pour un développement durable, sur l'adaptation nécessaire à chaque territoire et sur l'implication des agriculteurs dans divers processus (élaboration de cadres institutionnels et gestion collective, échanges avec les organismes de recherche et sur la diversification des activités, actions sur l'attractivité rurale).

Source : CIHEAM

05/12/2016

Des dispositifs fiscaux en faveur de la forêt et de l'agriculture biologique cohérents mais difficiles à quantifier

La Cour des comptes française a récemment publié une enquête sur les dispositifs fiscaux susceptibles d'avoir un impact sur l'environnement. Ce travail identifie plusieurs faiblesses : incohérence des mesures prises dans leur globalité (certaines venant compenser l'impact négatif d'autres), affaiblissement du suivi et de l'évaluation au cours des quinze dernières années, multiples difficultés méthodologiques. À noter toutefois le satisfecit (au risque de saupoudrage près) des interventions en faveur de la forêt et de l'agriculture biologique, qui convergent positivement, même si leurs effets sont peu ou pas quantifiés.

Source : Cour des comptes

16/11/2016

Quand pertes de biodiversité et de productivité forestière vont de pair

Montrer les effets de la biodiversité sur la productivité des systèmes forestiers, tel est l'enjeu d'une publication dans la revue Science, qui a mobilisé une équipe internationale de chercheurs appartenant à 90 institutions. Sachant qu'une espèce arboricole sur trois est considérée comme menacée, ils ont exploré les conséquences d'une diminution de cette diversité des essences sur l'augmentation annuelle du volume de bois, c'est-à-dire l'accroissement biologique.

Ce travail repose sur 45 inventaires forestiers dans 44 pays, soit près de 780 000 parcelles, incluant plus de 30 millions d'arbres appartenant à 8 727 espèces. Avec cette importante base de données, les chercheurs visent à changer d'échelle par rapport aux études précédentes. Ils souhaitent ainsi obtenir une appréciation plus globale de la relation entre biodiversité et productivité, tout en soulignant ses variations spatiales.

Côté résultats, sur la majorité des sites, une perte de la biodiversité spécifique entraîne une diminution de la production forestière : globalement, un déclin de 10 % (de 99 % dans un second cas) entraîne une baisse de 2 % à 3 % de la productivité (entre 62 et 78 % dans ce second cas). Les cartes ci-dessous montrent les conséquences régionales de ces pertes de biodiversité. À noter que les régions les plus touchées en termes relatifs (c'est-à-dire en pourcentage) ne sont pas forcément celles les plus concernées en termes absolus (en m3 de production perdus par hectare et par an). Les auteurs soulignent également les impacts possibles sur l'atténuation des émissions de gaz à effet de serre : une baisse de diversité de 25 % entraîne une diminution de 7,2 % de la capacité de stockage de carbone.

Estimation en % (carte A) et dans l'absolu (carte B) de la baisse de productivité forestière avec un déclin de 10 % de la richesse des espèces forestières (entre parenthèses, les résultats pour un déclin de 99 %)

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Source : Science

Les auteurs proposent également une estimation de la valeur économique de cette biodiversité, estimation partielle car reposant uniquement sur la valeur économique de la production de bois. Pour ce faire, ils mobilisent deux études donnant une valeur de la production forestière annuelle de l'ordre de 649 milliards de US$ (2007) et 606 milliards de US$ (2011). Ils appliquent les taux de perte de productivité calculés précédemment (26 à 66 % pour une diminution de la biodiversité actuelle à une seule espèce), et en concluent ainsi à une valeur comprise entre 166 et 490 milliards de US$ (2015) par an.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Sources : Science, Cirad

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Le WWF publie l'édition 2016 de son Rapport Planète Vivante et alerte sur la disparition d'espèces animales

Dans le récent rapport Planète Vivante 2016, le WWF dresse un bilan de la biodiversité mondiale. Ce document, préparé en collaboration avec différents organismes dont la Société zoologique de Londres et le Global Footprint Network, détaille notamment la situation actuelle des populations mondiales de vertébrés à l'ère géologique de l'« Anthropocène », une nouvelle période reconnue par certains scientifiques dont le prix Nobel Paul Crutzen, et caractérisée par des évolutions plus rapides, attribuables en grande partie aux activités humaines.

Le bilan des effectifs animaux montre que les populations de vertébrés ont décliné de 58 % entre 1970 et 2012. Ces populations animales sont évaluées via différents indicateurs, dont l'Indice Planète Vivante (IPV) et la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’IPV mesure la biodiversité en collectant des données, principalement en Europe et Amérique du Nord, sur plus de 14 000 espèces de vertébrés, et en calculant la variation moyenne de chacune d'elles. Le rapport analyse également les différents facteurs contribuant à cette diminution.

Extinctions cumulées des vertébrés

WWF.jpg

Source : WWF

Parmi ces facteurs, on peut citer :

- la perte d'habitat naturel des animaux, souvent liée au développement des activités humaines, notamment agricoles (déforestation) ;

- la pollution qui agit soit directement (épisode de pollution massive de type marée noire), soit indirectement en réduisant la disponibilité alimentaire des animaux ;

- la présence d'espèces animales invasives, qui peut conduire à l'extinction d'une espèce par prédation, concurrence pour le territoire ou transmission de maladies ;

- le changement climatique, qui peut rendre l'écosystème des espèces inadapté, qu'il s'agisse de modifications climatiques au long cours ou d'événements météorologiques extrêmes. Le rapport rappelle que plus les espèces animales ont une aire de répartition restreinte, plus elles sont vulnérables à ces modifications.

Le document conclut sur la nécessité d'un nouveau système économique, plus respectueux du capital naturel et promouvant entre autres des régimes alimentaires plus responsables.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : WWF

10:06 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : wwf, biodiversité, vertébrés |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/10/2016

Le paysage, Thierry Paquot

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Les discussions sur le paysage font souvent référence à l'agriculture, soit pour considérer, de façon positive, qu'elle entretient et modèle les espaces vécus (jolies collines verdoyantes des régions d'élevage, beaux damiers colorés des zones de plaine, etc.), soit au contraire pour déplorer sa destruction des images ancestrales (disparition des haies et des bocages, tristesse de l'openfield, enfrichement des terres peu accessibles aux agro-équipements, etc.). L’intérêt de cet ouvrage est de "désagricoliser" le débat. Il explique, d'une part, qu'il y a une multitude d'acteurs, de processus et d'activités qui façonnent les paysages. Il montre, d'autre part, que les paysages agraires ne sont qu'un type parmi d'autres d'ordonnancement visuel du territoire : paysages naturels, urbains, péri-urbains, commerciaux, industriels, routiers, etc.

L'auteur privilégie une approche sensible et fait la part belle à l'histoire des idées et des théories, à l'analyse des sentiments et des représentations sociales. Après avoir retracé l'histoire du concept de "paysage", issu du vocabulaire des peintres, il indique comment diverses disciplines se sont emparées de la "question paysagère", depuis la suprématie ancienne des géographes jusqu'à l'actuelle domination des philosophes. Le chapitre suivant explore le "sentiment paysager" à travers les âges et dresse le portrait de quelques penseurs essentiels : Thomson, de Laprade, Reclus, Mornet, Paulhan, Dauzat. D'autres pages, très intéressantes, sont consacrées aux différents enjeux véhiculés par le paysage : objet de reproductions picturales et de jugements esthétiques ; support de promotion touristique ; argument de marketing territorial et politique ; capital à patrimonialiser, à protéger ou à classer. Quant au dernier chapitre, il décrit les métiers qui interviennent directement sur le paysage (les "paysagistes" d'aujourd'hui n'étant plus que des dessinateurs de jardins...), mais aussi tous les autres acteurs qui concourent à leur production : jardiniers du dimanche, apprentis horticulteurs, habitants, aménageurs, architectes, écologues, paysans, ou plutôt "paysangistes", pour reprendre la formule de Jacques Simon.

Au total, ce livre vivant et instructif, complété d'une importante bibliographie, est une très bonne introduction à la géo-histoire de la pensée paysagère.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : éditions La Découverte

11:09 Publié dans Environnement, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : paysage, paquot |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/09/2016

« GLEAM-i » : un nouvel outil interactif développé par la FAO pour évaluer les impacts environnementaux du secteur de l'élevage

La FAO a mis en ligne courant août 2016 le premier outil libre permettant au public d’utiliser les fonctionnalités du modèle GLEAM (Global Livestock Environmental Assessment Model) développé pour calculer la production mondiale de viande, de lait et d'œufs, et ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Le secteur étant responsable de près de 14,5 % des émissions anthropiques de GES, cet outil a vocation à améliorer sa double performance productive et environnementale. GLEAM fournit en outre une information précieuse pour fonder des actions d’adaptation et d'atténuation. Son libre accès sous une interface de type Excel devrait faciliter sa diffusion.

Construction de GLEAM

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Source : GLEAM-FAO

Construit comme une analyse de cycle de vie, GLEAM différencie les étapes clés (production, transformation, transport des aliments du bétail ; dynamique des troupeaux, alimentation animale et gestion des effluents ; transformation et transport des produits animaux), réparties en cinq modules complétés de deux autres pour l’évaluation des consommations d’énergie sur l’exploitation et de ses émissions aval. Cette structure donne une image complète et désagrégée des conséquences environnementales de la production animale. L’intérêt de GLEAM réside surtout dans le détail des systèmes recensés (plus de 14 000 combinaisons uniques de produits, pays, systèmes de production et conditions climatiques), et son maillage géographique très fin (10 km x 10 km) permis par la mobilisation des dernières versions des bases de données Gridded Livestock of the World et Global Agro-Ecological Zones.

Émissions totales régionales et leur profil par espèces (en millions de tonnes d’équivalent CO2)

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Source : GLEAM-FAO

Au-delà du bilan de l’existant, le modèle peut aussi être utilisé par les acteurs locaux comme outil d'évaluation ex ante de scénarios pour différentes stratégies d’adaptation et d'atténuation. Ainsi, il a trouvé des applications dans un certain nombre de projets sur les cinq continents, parfois couplé à d’autres modèles : quantification de l’efficacité économique de la réduction des émissions de GES par l'utilisation de la semence sexée dans les exploitations laitières écossaises ; évaluation des bilans fourragers et analyse du potentiel de l'élevage dans les zones arides de l'Afrique sub-saharienne ; ou encore évaluation de mesures techniques pour réduire les émissions de GES dans un projet de crédits carbone pour les exploitations laitières au Kenya.

José Ramanantsoa, Centre d’études et de prospective

Source : FAO, FAO

15:17 Publié dans Climat, Environnement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : élevage, gleam |  Imprimer | | | | |  Facebook