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14/04/2020

Les défis de la filière palmier à huile en Côte d'Ivoire

Farm a consacré, en février, une note aux enjeux de la filière palmier à huile en Côte d'Ivoire. Elle est le résultat des rencontres, en France, de l'interprofession ivoirienne (2018), d'une mission sur le terrain de Farm (2019) incluant des enquêtes réalisées par l'ONG Solidaridad, et d’un atelier de réflexion prospective (2019).

La filière palmier à huile comprend 40 000 planteurs, associés en 32 coopératives réunies en fédération (FENACOPAH-CI). Elle couvre 250 000 ha (dont 175 000 en gestion villageoise et 75 000 en gestion industrielle), produisant au total 2,1 millions de tonnes de palme par an. La productivité des plantations industrielles (en t/ha) est le double de celle des plantations villageoises. La production locale d'huile brute (450 000 tonnes), par 36 unités employant plus de 21 000 personnes, couvre l'essentiel des besoins nationaux, l'importation n'en concernant que 11 % (en 2017-2018). Les exportations ont progressé de 131 % entre 2007-2008 et 2017-2018, principalement vers d'autres pays d'Afrique subsaharienne. La filière fait vivre, directement ou indirectement, deux millions de personnes (10 % de la population).

L'étude propose une analyse rétrospective (2007-2018) et prospective (horizon 2030), centrée sur l'interaction des acteurs de la filière : planteurs, industriels, coopératives, interprofession, État, ONG, bailleurs de fonds internationaux.

Projections à 2030 de la production, de la consommation, des importations et exportations d'huile de palme en Côte d'Ivoire

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Source : Farm

Les défis auxquels la filière sera confrontée sont nombreux et complexes : hausse de la demande mondiale, productivité et compétitivité dans un contexte de concurrence asiatique et européenne (dans ce cas, autres huiles végétales, en particulier de tournesol), création d'emplois et réduction de la pauvreté, protection de l'environnement, déforestation. L'étude propose des clés pour consolider le secteur tant sur le marché intérieur que par rapport à la concurrence internationale. Sont identifiés la régularisation foncière des plantations villageoises, la consolidation financière des coopératives en tant que vecteur d'assistance et d'appui technique, ou encore le recours à la contractualisation entre production et transformation, visant une meilleure répartition de la valeur. Le renforcement de l'application des mesures de protection de la forêt, une démarche de certification environnementale pour répondre aux exigences croissantes des consommateurs et, enfin, l'appui technique et financier des bailleurs de fonds internationaux aux politiques publiques sont d'autres pistes identifiées.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Farm

19:04 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : palmier a huile, palme, cote d'ivoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/01/2018

Le Déméter 2018, Huiles végétales : enjeux, marchés et controverses

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Dans un dossier d'une douzaine d'articles, le rapport Déméter 2018 dresse un tableau détaillé des défis et des controverses associés à la forte croissance des huiles végétales au plan mondial. Dans le premier article, A. Rival (Cirad) dessine une géopolitique des huiles végétales, d'où il ressort que 85 % de la production mondiale reposent sur quatre sources : Amérique pour le soja, Europe pour le colza, mer Noire pour le tournesol et Asie du Sud-Est pour le palme. Cependant le barycentre de la consommation se déplace vers l'Asie, tandis que l'Afrique attire les investisseurs comme front pionnier, selon J.-M. Roda (Cirad). En résultent des rivalités entre le Nord et le Sud (par exemple, en Afrique, entre investisseurs occidentaux – Archer, Bunge, Cargill et Dreyfus – et malaisiens), mais aussi entre modèles de production, intensifs en intrants au Nord, en main-d’œuvre au Sud.

La forte croissance du marché mondial des huiles s'explique principalement par la transition alimentaire dans les pays émergents. Cependant, pour P. Dusser (Groupe Avril), c'est la consommation de protéines qui devrait tirer le marché dans la prochaine décennie, sachant que les cultures étudiées ici permettent de produire, dans des proportions variables, à la fois de l'huile et des protéines. Les usages non alimentaires auraient, d'après D. Pioch (Cirad), un avenir prometteur dans le domaine de la chimie, mais plus incertain en matière énergétique.

Les préférences des consommateurs évoluent : J.-M. Lecerf (Institut Pasteur) rappelle que si les lipides ont été les premières cibles des recommandations nutritionnelles, il n'existe pas sur le plan diététique d'huile parfaite. La tendance est aujourd'hui à la diversification des huiles pour des motivations éthiques ou de santé. De plus, la perception des consommateurs est au cœur d'enjeux stratégiques pour le secteur. Les allégations « sans huile de palme » sont ainsi jugées trompeuses par plusieurs auteurs, car injustifiées sur le plan nutritionnel et contre-productives en matière de durabilité. En parallèle, l'huile de palme est devenue un laboratoire d'innovations en matière de certification environnementale, associant l'industrie et les ONG. Les tensions internes à ces dispositifs, que décrit E. Cheyns (Cirad), en soulignent les limites, et la question de la durabilité des modes de production apparaît clairement comme l'un des enjeux pour l'avenir.

Alexandre Martin, Centre d'études et de prospective

Lien : Le Déméter