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07/04/2020

Quelles incidences de l'augmentation des populations de cervidés et de loups en zones rurales ?

Une équipe franco-américaine a publié, dans Biological Reviews, une analyse coûts-bénéfices de l'augmentation des populations de cerfs et de loups, et de leurs interactions avec les activités humaines. À partir d'une revue de la littérature, ils ont inventorié les coûts et les bénéfices directs et indirects (sur les écosystèmes, les paysages et les activités humaines) de la présence des cerfs d'un côté, des loups de l'autre, puis leurs conséquences croisées.

Les coûts sont perçus différemment selon l'animal et les acteurs. Ainsi, les dégâts causés par les cerfs (problèmes de régénération forestière, appauvrissement des peuplements, augmentation des parasites tels que les tiques, etc.), sont largement minorés par les chasseurs, les agriculteurs ou la population en général, alors même qu'ils peuvent être importants. En revanche, les prédations de loups sont fortement ressenties par les agriculteurs, créant de facto une asymétrie de perception et générant des conflits entre les acteurs.

Illustration de l'asymétrie d'appréciation (biais de confirmation) des coûts et bénéfices respectifs des cerfs et des loups, dans un contexte de forte densité de cerfs

Cerfs-Loups.jpg

Source : Biological Reviews

Lecture : les figures A et D schématisent des représentations plus fréquentes que B et C. La taille des cases dans chaque figure représente l'importance relative des coûts et des avantages pour une catégorie donnée. La taille et la forme des flèches reflètent l'importance relative accordée aux coûts ou avantages spécifiques lors de l'élaboration d'un argument : les flèches pleines identifient les biais de confirmation, les flèches en pointillés les biais par rapport aux preuves fournies.

Source : Biological Reviews

17:50 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : cerfs, loups |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/10/2018

Recrudescence des loups et autres grands prédateurs, et impacts sur les éleveurs et leur mode de vie en Europe

Datée d'août 2018, cette étude a été réalisée, à la demande du Comité agriculture (ComAgri) du Parlement européen, par la Direction générale des politiques internes, et confiée à deux chercheurs du Norwegian Institute for Nature Research. Ces derniers se livrent à un exercice de compilation comparative des données disponibles à l'échelle européenne avec un double objectif : i) dresser un tableau général de l'évolution des populations de grands carnivores et du niveau de prédation sur les troupeaux européens (estimé à partir des paiements compensatoires), ii) faire le bilan des mesures réglementaires de gestion des grands carnivores et évaluer l'utilité relative des mesures de protection des troupeaux.

Le rapport adopte une approche conservationniste et se base sur l'application stricte de la convention de Berne et de la directive Habitats. Il met l'accent sur le loup, dont la présence est la plus controversée en Europe, mais il examine également les situations du lynx eurasien, de l'ours brun et du glouton. Il plaide pour une « philosophie de cohabitation » sur le long terme qui passe par l'adaptation des systèmes d'élevages à la recrudescence avérée des grands carnivores.

Au-delà de la généralisation des mesures de protection (clôtures électriques, parcs de nuit, gardiennage), et du recours aux politiques compensatoires ou aux prélèvement sélectifs encadrés, les auteurs proposent une approche intégrée dans le cadre des politiques rurales. Elle consisterait à favoriser la création de systèmes d'élevage de plus petite taille, dans le cadre d'une agriculture à haute valeur naturelle (en mobilisant de façon conjointe et coordonnée différents outils européens : LIFE, FEADER, etc.). Elle reposerait également sur des plans de gestion des populations de grands carnivores, qui s'appliqueraient par territoires écologiques (avec une coordination transfrontalière), et qui afficheraient des objectifs clairs et mesurables pour plus de prédictibilité.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

10:08 Publié dans 2. Evaluation | Lien permanent | Tags : loups, grands prédateurs, élevage |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/02/2018

Une étude remet en question l'efficacité des prélèvements de loups pour protéger les élevages aux États-Unis

La protection des troupeaux domestiques contre les loups, dans la péninsule supérieure de l’État du Michigan, aux États-Unis, a récemment fait l'objet d'une évaluation. Les travaux, menés par deux chercheurs en sciences de l'environnement de l'université du Wisconsin et un biologiste retraité du U.S. Fish and Wildlife Service, ont été récemment publiés par la revue PLOS One. Ils se concentrent sur les deux mesures proposées aux éleveurs dans l’État : le prélèvement de loups par piégeage puis abattage à proximité de l'exploitation ; la subvention de clôtures d'effarouchement ou de chiens de protection.

Les auteurs prennent comme point de départ une étude menée dans les Rocheuses, qui a conclu à une réduction du risque de nouvelle attaque en cas d'élimination de loups à l'échelle du territoire de la meute, risque qui serait minimisé en cas de destruction de la meute entière. Les scientifiques ayant travaillé dans le Michigan critiquent ces résultats, en raison notamment de l'absence de prise en compte du déplacement de la probabilité d'attaque vers les exploitations alentours, ainsi que de l'éventuelle augmentation de la prédation liée à la recolonisation du territoire libéré par la meute détruite. En effet, comme ils le rappellent, de nombreux travaux montrent que l'abattage de loups dans une meute peut provoquer le départ brutal de certains des membres survivants, qui occasionnent par la suite des dégâts lors de leur errance.

Face à cette controverse, les auteurs ont développé une analyse statistique à trois échelles territoriales pour la période 1998 à 2014 (2,6 km2, 93,2 km2 et 829 km2).

Évolution, entre 1999 et 2015, du nombre : d'attaques confirmées, de piégeages avec abattages, de déploiements de mesures d'effarouchement, d'attaques non suivies de mesures appliquées et de loups (Michigan, en dixièmes)

Loups.jpg

Source : PLOS One

Ils concluent que les mesures de prélèvement par abattage ne réduisent pas significativement les risques pour l'exploitation attaquée et augmentent la probabilité d'attaques chez les éleveurs voisins, contrairement aux mesures d'effarouchement. Ils recommandent donc de suspendre les prélèvements de loups et de favoriser les mesures de protection non létales (chiens de protection, clôtures électrifiées garnies de rubans colorés et sonores - fladry).

Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective

Source : PLOS One