11/01/2022
Note de l’OPECST sur le déclin des insectes : « une menace pour les services écosystémiques dont dépend l’humanité »
L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a publié une note, en décembre 2021, qui dresse un état des lieux du déclin des insectes. Si ce phénomène reste difficile à apprécier dans toutes ses dimensions, il fait l’objet d’un consensus scientifique. Les causes en sont multifactorielles et ne concernent pas de manière uniforme l’ensemble des espèces d’insectes. Le changement climatique, la pression anthropique, la présence d’espèces exotiques envahissantes, la dégradation des milieux liée aux pollutions (en particulier celles causées par l’usage agricole des pesticides) constituent les principaux facteurs explicatifs. En raison des nombreux services écosystémiques rendus par les insectes, leur déclin a pour conséquence un appauvrissement significatif de la biodiversité. Les auteurs concluent à l’urgence politique d’agir en mobilisant les leviers adéquats comme la Politique agricole commune. Ils invitent également à accompagner la modification des pratiques des agriculteurs, sans pour autant les culpabiliser, ceux-ci étant trop souvent soumis à des injonctions contradictoires.
Source : OPECST
08:35 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : insectes, services écosystémiques, pac | Imprimer | |
13/09/2021
Effets de la diversification des cultures sur les services écosystémiques
Souhaitant objectiver l'effet de la diversification des cultures sur les services écosystémiques, des chercheurs du Cirad, d'Inrae et de l'université libre d'Amsterdam ont compilé les résultats de 95 méta-analyses portant sur 5 154 expérimentations. Ils trouvent que la diversification des cultures améliore le rendement (effet médian de + 14 %), la biodiversité des plantes non cultivées et des animaux (+ 24 %), et certains services écosystémiques comme la qualité de l'eau (+ 51 %), le contrôle des ravageurs et des maladies (+ 63 %), ainsi que la qualité du sol (+ 11 %). Ils observent aussi que les techniques agronomiques sont inégalement efficaces : d'une façon générale, l'agroforesterie, les cultures de couverture et l'association de cultures produisent plus de services écosystémiques que les rotations et les mélanges variétaux. Ces performances varient cependant selon la mise en œuvre de ces pratiques mais aussi selon les services écosystémiques sur lesquels les effets sont étudiés.
Répartition, dans le monde, des études prises en compte
Source : Global Change Biology
Lecture : les cinq pratiques de diversification étudiées sont (a) les cultures de couverture ; (b) l'association de cultures ; (c) la rotation de cultures ; (d) l'agroforesterie ; (e) les mélanges variétaux.
Source : Global Change Biology
12:02 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : services écosystémiques, agroforesterie | Imprimer | |
08/02/2021
Des choses de la nature et de leurs droits, Sarah Vanuxem
Pour faire face à la dégradation des milieux naturels, les juristes recourent souvent à la personnification morale : des humains, réunis par exemple sous forme d’association ou d’établissement public, portent la parole et représentent les intérêts de l’environnement en justice. Mais peut-on imaginer des procédés mieux « adaptés aux besoins de notre temps » ? Dans ce court ouvrage, S. Vanuxem (maître de conférences en droit privé, université de Nice Sophia Antipolis) entreprend de repérer, dans les textes en vigueur (dont le Code civil et la loi « biodiversité » de 2016), les nombreux dispositifs permettant de « reconnaître d’emblée » des droits aux animaux, aux végétaux, aux minéraux, sans passer par l'artifice de la personnification.
La notion de « servitude », théorisée par Moïse de Ravenne vers 1140, constitue une solution millénaire pour attacher des droits à des lieux, héritages ou « fonds de terres », avec bien des exemples historiques, allant des temples mésopotamiens aux droits d’usage des maisons sur les pâturages du haut plateau de l’Ardèche. Le procédé est repris dans le Code civil, où une servitude (ou un service foncier) « relie des choses, non des personnes », ce lien stable venant contraindre les usages qui peuvent en être faits. Mais ce procédé a souvent semblé problématique aux spécialistes de droit civil, qui peuvent encore y voir un archaïsme liberticide, teinté de religiosité et d'anthropomorphisme. Même dans les travaux d'E. Ostrom sur les « communs », ceux-ci sont réduits à des ressources gérées par un collectif humain.
S’appuyant sur Les mots et les choses (1966) de M. Foucault, et sur l’anthropologie comparée de P. Descola, l’auteure poursuit son analyse avec les services écologiques et environnementaux. En suivant la trame des relations entre écosystèmes, ces notions élargissent les protections, par association et analogie, bien au-delà des seules relations de voisinage engagées dans les servitudes foncières. S. Vanuxem montre que les mécanismes de compensation écologique, loin de renvoyer à une marchandisation de la nature, gagnent à être analysés comme des relations entre « fonds », obligeant les humains qui les habitent, en usent ou les amènent à fructifier. Enfin, elle consacre un chapitre aux droits des communautés d’habitants, chargées de « l’intendance » des lieux et de la nature.
Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective
Lien : Éditions Quæ
16:25 Publié dans Environnement, Protection des végétaux et des animaux, Société | Lien permanent | Tags : services écosystémiques, droit, animaux, plantes | Imprimer | |
13/01/2021
La valeur récréative de la forêt métropolitaine largement supérieure aux ventes de bois
Selon un rapport récemment publié par le Commissariat général au développement durable (CGDD), dans le cadre de l'Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (EFESE), la valeur récréative de la forêt française (hors territoires d’outre-mer) est estimée entre 13 et 45 milliards d'euros, contre 3 milliards tirés de la commercialisation des bois.
L'estimation de cette valeur récréative s'appuie sur des données d'enquêtes qui concernent plus de 3 000 personnes, et sur des travaux de modélisation visant à calculer, d'une part, le consentement à payer des visiteurs pour accéder aux services récréatifs et, d'autre part, la valeur d'échange simulée (le marché du loisir récréatif forestier n'existant pas). C'est cette dernière qui peut être comparée à la valeur marchande des bois, issue de la comptabilité nationale. Le rapport préconise d'ailleurs de l'intégrer aux comptes de la forêt afin d'avoir une représentation plus large de la valeur de ces écosystèmes.
Utilisant des données issues du système d'information géographique pour avoir une description des forêts visitées, les auteurs ont également documenté les principales raisons des visites en forêt (promenade, cueillette, chasse, etc.) et les déterminants de l'attractivité des forêts pour un usage récréatif. Les forêts avec des arbres d'essences et d'âges variés, dont une partie d'arbres de grande taille, sont préférées par les visiteurs.
Répartition de l’offre et de la demande récréatives dans les forêts françaises
Source : CGDD
Note de lecture : du rouge au vert l’offre augmente, du transparent à l’opaque la demande augmente.
Source : CGDD
12:50 Publié dans 2. Evaluation, Forêts Bois, Société | Lien permanent | Tags : services écosystémiques, bois, cgdd | Imprimer | |
10/12/2020
Confirmation des multiples bénéfices de la diversification sur le rendement agricole et les services écosystémiques
Une étude récente publiée dans Science Advances s'intéresse aux impacts des pratiques de diversification agricole (diversification des cultures, addition d'habitats autour des parcelles, amendements organiques, inoculations de micro-organismes, etc.) sur les services écosystémiques et le rendement des cultures. Les auteurs ont pour cela conduit une méta-analyse secondaire (méta-analyse de méta-analyses) sur 98 études existantes, basées elles-mêmes sur un total de 6 167 études originales. Sur un sous-ensemble de 69 méta-analyses, la magnitude des effets a pu être estimée et mesurée sous forme de logarithme de ratio de réponse. Les résultats montrent que les pratiques de diversification ont très majoritairement des effets positifs sur les services écosystémiques (cf. figure). Elles sont très favorables à la biodiversité, à la pollinisation, au contrôle des maladies végétales, au recyclage des éléments fertilisants, etc. En matière de régulation du climat (émissions de gaz à effet de serre, fixation biologique de l'azote, etc.) et des rendements, les effets sont neutres ou légèrement positifs. La synergie et les arbitrages entre services écosystémiques sont moins étudiés dans la littérature. Cependant les résultats disponibles témoignent de la prévalence des situations « gagnant-gagnant » des effets des pratiques de diversification sur le rendement agricole et les services écosystémiques.
La diversification de l'agriculture favorise la biodiversité et les services écosystémiques sans compromettre le rendement des cultures par rapport aux systèmes de culture sans ces pratiques
Source : Science Advances
Lecture : en A) toutes les pratiques de diversification sont inclues dans l'analyse ; en B) seules sont considérées les pratiques de diversification ciblant les éléments en surface (diversité des espèces cultivées et non cultivées) ; en C) seules sont considérées les pratiques ciblant des éléments du sol (amendements organiques, labour réduit, etc.).
Source : Science Advances
09:16 Publié dans Agronomie, Environnement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : diversification, méta-analyse, services écosystémiques | Imprimer | |
03/07/2020
Une cartographie des services écosystémiques forestiers en Europe
Couvrant près de 40 % du territoire de l'Union européenne (UE), la forêt fournit de nombreux services écosystémiques qui sont cartographiés dans un article publié dans la revue Land Use Policy. Leur étude met notamment en évidence des disparités importantes entre les espaces forestiers de l'UE. Ainsi, les forêts du sud de l'Union, de l'ouest français et de l'Angleterre ont une vocation majoritairement récréative. Celles des régions de montagne fournissent essentiellement des services écosystémiques associés à la production de biomasse et à la régulation du cycle de l'eau. Quant aux espaces boisés des zones les plus septentrionales, ils remplissent des fonctions de stockage du carbone. Enfin, les forêts des régions du pourtour de la mer Baltique présentent un profil équilibré, témoignant de leur caractère multi-fonctionnel.
Services écosystémiques forestiers prédominants par région NUTS 3
Source : Land Use Policy
Source : Land Use Policy
15:06 Publié dans Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêts, services écosystémiques | Imprimer | |
20/01/2020
Paysages agricoles fragmentés : petits bois mais grands services écosystémiques
C'est l'un des résultats récemment publiés, dans le Journal of Applied Ecology, par une équipe européenne étudiant l'impact de la fragmentation des paysages agricoles sur la fourniture de services écosystémiques. Les auteurs ont mené un travail de recherche empirique sur 14 sites correspondant à des paysages plus ou moins fragmentés, couvrant un gradient de 2 500 km, depuis le sud-ouest de la France jusqu'en Suède. Au sein de chaque aire de 5 km de côté, l'analyse s'est focalisée sur les espaces boisés existants en essayant d'abord de les caractériser en matière de taille, d'ancienneté, d'environnement (proportion de cultures ou de forêts) et de type de peuplement (essences, classes d'âge des arbres).
L'intérêt écologique de ces espaces a ensuite été mesuré selon deux axes : la richesse en biodiversité, à travers les effectifs de six groupes taxonomiques, conduisant au calcul d'un indice de multidiversité ; la fourniture de services écosystémiques par unité de surface (abondance de plantes « utiles », de tiques et de gibier, capacité de lutte antiparasitaire, stockage du carbone dans la couche supérieure du sol, production de bois). L'analyse statistique menée a ainsi permis de dégager les liens entre la biodiversité et les caractéristiques des espaces boisés, des peuplements et du milieu (climat, sol). Elle a fait de même pour les liens entre ces mêmes caractéristiques et la fourniture d'un ou de l'ensemble des services écosystémiques retenus.
Relations entre l'environnement, la biodiversité et le potentiel de fourniture de services écosystémiques des espaces boisés isolés en Europe
Source : Journal of Applied Ecology
Lecture : l'épaisseur des flèches est proportionnelle à l'effet ; les effets positifs sont en bleu, les effets négatifs en rouge ; les variables non significatives sont représentées en gris clair.
Les espaces boisés isolés jouent un rôle important qui varie selon leur taille et leur ancienneté : les plus étendus et les plus anciens abritent une biodiversité riche, alors que les plus petits fournissent davantage de services écosystémiques à l'hectare, les effets de lisière y étant plus importants. En revanche, l'étude n'a pas identifié de lien direct entre la richesse en biodiversité et les volumes de services écosystémiques, pris dans leur globalité. Les auteurs concluent notamment sur l'importance d'intégrer la préservation de ces espaces boisés, souvent négligés, dans les politiques publiques, en particulier européennes (réseau Natura 2000, Directive eau, PAC, etc.).
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : Journal of Applied Ecology
16:12 Publié dans Agronomie, Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : paysages agricoles, services écosystémiques, bois | Imprimer | |
18/06/2019
Évaluation de l'état de la biodiversité et des services écosystémiques par l'IPBES
La plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié, le 6 mai 2019, un rapport d'évaluation de leur état au niveau mondial. Elle y met en avant le rôle irremplaçable de la nature pour l'existence humaine et la qualité de vie.
Ces contributions naturelles sont variées et peuvent présenter des antagonismes ou des synergies. En prioriser certaines, comme par exemple la production agricole, peut entraîner des changements écologiques et en menacer d'autres. Depuis les années 1970, sur les 18 catégories de contributions analysées, 4 ont augmenté (production agricole, pêche, bioénergies et récolte de matières premières), tandis que les 14 autres ont décliné (tableau ci-dessous). Les contributions non matérielles (ex. : expérience physique et psychologique de la nature) et les services de régulation (de la qualité de l'air et de l'eau par exemple) ont été particulièrement touchés.
Évolution des contributions de la nature à l'homme
Source : IPBES
Selon les auteurs, l'abondance des espèces endémiques a chuté de 20 %, dans les principaux écosystèmes depuis 1870, mais l'action humaine menace encore plus la biodiversité aujourd'hui. Ils estiment ainsi que 25 % des espèces évaluées sont menacées, environ 1 million étant en danger d'extinction. La diversité des variétés cultivées et des races élevées chute également, ce qui menace la sécurité alimentaire en diminuant la résilience des systèmes agricoles aux maladies et pathogènes, ainsi qu'au changement climatique. Ces modifications induites par l'homme créent les conditions d'une évolution biologique très rapide. Les déterminants de ce changement global, renforcés par des incitations favorisant l'expansion économique aux dépens de la conservation, incluent les modifications d'usage des terres et des mers, l'exploitation directe d'organismes vivants, le changement climatique, la pollution et les espèces envahissantes.
Les auteurs constatent également que les objectifs de conservation définis au niveau international (cible d'Aichi, Agenda 2030) ne pourront être atteints si les trajectoires actuelles de dégradation se poursuivent. Des changements profonds sont nécessaires des points de vue économique, social, politique et technologique. Par ailleurs, ils soulignent le besoin d'une transition écologique des systèmes alimentaires, via la promotion de pratiques durables adaptées aux contextes locaux (ex. : agro-écologie).
Estelle Midler, Centre d'études et de prospective
Source : IPBES
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10/05/2019
Le point sur les services écosystémiques de l'agriculture et de la forêt françaises
Pilotée par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire, la plate-forme EFESE (Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques) regroupe des travaux d'évaluation approfondis sur différents types d'écosystèmes français et leurs services. Elle a publié en avril les messages clés issus de la première phase de son programme (2012-2018), portant sur les milieux agricoles, forestiers, urbains, montagneux, aquatiques et marins.
Pour ce qui est des écosystèmes agricoles, qui couvrent 54 % du territoire métropolitain (surface agricole utilisée), l'évaluation montre qu'ils sont porteurs d’une biodiversité riche. Son amplitude et son abondance diminuent toutefois du fait des pratiques agricoles (dont l’usage des produits phytosanitaires), de la simplification des structures paysagères et notamment des réductions des prairies (semi-)permanentes, de la végétation ligneuse et des zones humides. Ces dernières entraînent de façon synergique et avérée la disparition de populations d'oiseaux, de chauves-souris, d'insectes et de la faune des sols, en particulier en grandes cultures. De plus, la teneur moyenne en carbone organique des sols de ces milieux et leur activité biologique ont diminué dans plusieurs régions.
La forêt française couvre, quant à elle, le tiers du territoire métropolitain, avec des tendances plus positives, tant du point de vue de la richesse locale en espèces d’arbres que de diverses caractéristiques reconnues comme importantes pour la biodiversité. Après une phase d’érosion, à la fin des années 1980, l’abondance des oiseaux communs forestiers s’est ainsi stabilisée. Toutefois, de nombreuses espèces de plantes, d'oiseaux et de mammifères de milieux forestiers sont toujours considérées comme menacées. De plus, les forêts métropolitaines ont été fragilisées par les tempêtes et sécheresses des deux dernières décennies, dans un contexte d’augmentation des risques liés, entre autres, au changement climatique.
EFESE fait aussi le compte des services, marchands ou non (largement majoritaires), rendus par ces différents écosystèmes aux agriculteurs et à la société française. À titre d'exemple, les exploitants bénéficient des services de régulation des ravageurs, des maladies et des adventices, de la structuration du sol et de la pollinisation fournis par les écosystèmes agricoles.
Vanina Forget, Centre d'études et de prospective
12:52 Publié dans 2. Evaluation, Environnement | Lien permanent | Tags : efese, écosystèmes, services écosystémiques, agriculture, forêt | Imprimer | |
Évaluer l'impact des systèmes alimentaires sur les communs et leur résilience
Un article publié en avril 2019 dans la revue Land compare la contribution de différents types de systèmes alimentaires (SA) à la gestion des communs et à leur résilience. Les auteurs s'intéressent à des contextes de transitions agraires rapides, marqués par une concurrence entre plusieurs types de SA : deux études de cas sont réalisées, au Kenya (région des monts du Nord-Ouest) et en Bolivie (région de Santa Cruz).
Une typologie des SA est d'abord établie, dans les deux zones, qui met en évidence une cohabitation de systèmes vivriers territoriaux avec des systèmes agro-industriels ou des systèmes régionaux, moyennement intensifiés. Puis, pour chaque type de SA, les auteurs considèrent trois exploitations agricoles représentatives, dont ils déterminent la contribution aux services écosystémiques sur l'ensemble de l'agro-écosystème (surface agricole cultivée et autres espaces utilisés, quel que soit leur statut foncier ou de gestion – privé, fondation, fermage, communal, tribal). Ensuite, à partir d'entretiens semi-directifs et d'une cartographie participative, réalisés avec les agriculteurs, concernant les modes d'utilisation des sols, ils développent des indices de fourniture de services écosystémiques (ASC-Index) par catégories : services de régulation (ex. : pollinisation, limitation de l'érosion, régulation climatique), culturels (ex. : patrimoine culturel, systèmes de savoirs) et de provision (ex. : alimentation humaine et animale, bois de chauffage, semences).
Sur cette base, les auteurs estiment et comparent la contribution de chaque type de SA aux communs locaux (ex. qualité des sols, des eaux) ou globaux (ex. climat). Il en ressort notamment que les systèmes alimentaires locaux, indigènes ou agro-écologiques, contribuent fortement aux services écosystémiques de régulation et culturels, en plus d'atteindre des niveaux de services de provision significatifs. La contribution des SA industriels est nettement liée, quant à elle, à la fourniture de services de provision (cf. figure).
Pour six types de systèmes alimentaires, capacité des agro-écosystèmes utilisés par l'exploitation à fournir les 23 services écosystémiques calculés à partir de l'index ASC
Source : Land
Lecture : la déformation de la rosace vers la gauche correspond à une contribution élevée aux services écosystémiques culturels et de régulation.
Enfin, l'article confronte les types de systèmes alimentaires étudiés aux huit principes de gestion des communs définis par E. Ostrom. Cette partie plus exploratoire cherche à préciser de quelle manière certains modes de gestion et leurs pratiques agricoles associées favorisent une intégrité environnementale globale, tandis que d'autres fonctionnent sur une logique concurrentielle et productive : ces derniers utilisent de manière exclusive, et sans y contribuer, les communs (common grabing) utiles à d'autres systèmes alimentaires.
Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective
Source : Land
12:50 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : systèmes alimentaires, services écosystémiques, communs, kenya, bolivie | Imprimer | |
11/03/2019
La FAO évalue l'état de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde
Conduit par la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture de la FAO, cette imposante synthèse sur l’état et la gestion de la biodiversité, à l'échelle mondiale, compile les résultats de nombreux rapports (91 nationaux et 27 d’organisations internationales) et les apports de plus de 175 auteurs ou relecteurs. Premier exercice de cette nature engagé par l'organisation, l'évaluation recense les différentes contributions de la biodiversité à l'alimentation et à l'agriculture, en termes de services écosystémiques, de résilience des systèmes de production, d'intensification écologique et de maintien de la sécurité alimentaire et des modes de vie.
Les tendances et évolutions, présentées en deuxième partie, décrivent une situation globalement très dégradée, avec un déclin rapide des composantes de la biodiversité. La diversité végétale à la base des systèmes alimentaires s'est appauvrie : neuf espèces (parmi les 6 000 cultivables) fournissent 66 % de la production agricole mondiale. Il en est de même pour les races animales, avec 26 % des races locales menacées d'extinction, tandis qu'un tiers des stocks mondiaux de poissons est surexploité et plus de la moitié ont atteint leur limite de résilience. Les espèces sauvages utilisées pour la chasse et la cueillette diminuent également fortement, surtout dans les zones Amérique latine et Caraïbe, Asie-Pacifique et Afrique. La troisième partie fait le bilan des dispositifs de gestion existants (conservation in et ex situ), et des pratiques favorables à la biodiversité. Près de 80 % des pays sont engagés, selon des modalités diverses, dans une approche de gestion durable, et certaines pratiques progressent : l'agriculture biologique (actuellement 58 millions d'hectares, soit 1 % des terres cultivées), l'agriculture de conservation (180 millions d'ha, soit 12 % des terres arables). Toutefois, selon les auteurs, les niveaux de protection et de couverture ne sont souvent pas à la mesure des enjeux. Le rapport dresse ensuite un panorama des politiques et institutions impliquées.
Une dimension importante de ce travail réside dans l'effort de convergence des différentes grilles de lecture internationales du problème de la biodiversité avec celles des questions agricoles et alimentaires. Ceci permet de traiter plus systématiquement l'interface entre biodiversité « naturelle » et agrobiodiversité.
Dates clés de la reconnaissance internationale de l'importance de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture
Source : FAO
Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective
Source : FAO
13:18 Publié dans Environnement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : fao, biodiversité, services écosystémiques, résilience, intensification écologique | Imprimer | |
07/03/2018
Agriculture urbaine et production sur les toits
Dans le numéro de février 2018 de Agronomy for Sustainable Development, une publication de chercheurs français fournit la première analyse quantitative exhaustive des services écosystémiques rendus par les productions alimentaires sur les toits. Les technosols mis en place sur le toit d'AgroParisTech, dans le cinquième arrondissement de Paris, ont été évalués au regard de la production de légumes récoltée, du ruissellement de l'eau et du recyclage des déchets organiques (utilisés pour amender les sols). Les résultats, par comparaison avec des cas de référence (production de pleine terre, en toiture végétalisée et sur sol artificialisé en ville), montrent notamment des « rendements quasi-équivalents ».
Sur la thématique de l'agriculture urbaine, on pourra également se reporter à une synthèse publiée récemment par l'Ademe, distinguant trois types de projets d'agriculture urbaine, en fonction des bénéfices recherchés (voir à ce sujet une précédente brève sur ce blog).
Source : Agronomy for Sustainable Development
10:06 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, toits, technosols, services écosystémiques | Imprimer | |
07/12/2017
La PAC peut protéger la biodiversité et générer des services écosystémiques en diversifiant les paysages agricoles
Un policy brief, publié par le réseau d'organismes de financement de la recherche BiodivERsA et rédigé par l'Institute for European Environmental Policy (IEEP), présente les résultats de 5 projets de recherche européens sur le rôle de la diversité des paysages sur la production de deux services écosystémiques clés, la pollinisation et le biocontrôle, notamment dans le contexte du changement climatique. Les chercheurs ont par exemple montré que les prédateurs naturels exercent un contrôle biologique plus efficace lorsque les paysages agricoles sont hétérogènes, c'est-à-dire lorsqu'ils comportent une forte proportion d'habitats semi-naturels (prairies, haies, parcelles forestières, rebords des champs et étangs).
Sur la base de ces résultats, les auteurs proposent 5 recommandations pour la réforme 2020 de la Politique agricole commune (PAC) : 1) garantir une proportion minimale de zones non cultivées, 2) conserver et restaurer les habitats semi-naturels agricoles, 3) augmenter le budget alloué aux mesures agro-environnementales et climatiques et améliorer leur ciblage, 4) modifier les règles et la pondération allouée aux zones d'intérêt écologique dans l'attribution des aides, et 5) utiliser la PAC pour maintenir des paysages agricoles mixtes malgré la pression de la spécialisation.
Source : BiodivERsA
16:33 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : biodiversa, services écosystémiques, pollinisation, biocontrôle, paysages | Imprimer | |
16/05/2017
La théorie du capital social et l'analyse des réseaux pour éclairer les politiques de gestion des espaces naturels
Comment rémunérer les services écosystémiques des forêts, notamment sur les usages libres tels que la promenade ou le ramassage de produits non ligneux (champignons ou autres) ? L'instauration d'outils visant à assurer un retour financier aux propriétaires se heurte à l'absence de restriction d'accès des usagers, notamment pour les forêts publiques. Un article récent, publié dans le Journal of Environmental Management, analyse le processus de mise en place d'un droit payant de cueillette de champignons en Catalogne, en s'appuyant sur la théorie des réseaux et du « capital social » (ressources relationnelles d'un individu), et montre le rôle des interactions entre les décideurs politiques et les usagers dans le succès de ce type de mesure.
À travers cet exemple, l'équipe de recherche a tenté de vérifier plusieurs hypothèses relatives aux interactions entre les concepteurs d'une mesure et les utilisateurs finaux : les liens entre les groupes, et au sein des groupes eux-mêmes, évoluent au cours des différentes phases d'élaboration et de mise en œuvre ; l'acceptabilité de la mesure repose en grande partie sur la qualité des liens établis entre les usagers et les décideurs ; l'efficacité de l'action dépend étroitement de la cohésion au sein des communautés d'usagers et entre elles.
S'appuyant sur des entretiens directs menés auprès de membres des deux groupes (16 « politiques », 41 cueilleurs), les chercheurs ont mesuré et cartographié les relations à différents stades du processus d'implémentation du permis payant, à la fois en termes de flux d'informations et de collaborations entre acteurs. Les résultats des entretiens ont permis d'élaborer une batterie d'indicateurs caractérisant les relations structurelles, notamment les jeux de pouvoir et d'influence.
La confirmation des hypothèses formulées aide à préciser les modalités de gouvernance à mettre en place pour une gestion concertée des ressources naturelles dans les forêts publiques, ou les parcs nationaux, et en fournit des indicateurs d'évaluation. Elle permet également d'identifier les enjeux à prendre en compte avant de mettre en place des mesures impactant un maillage de propriétés privées (continuité écologique). Enfin, les auteurs soulignent l'importance d'impliquer systématiquement les élus locaux dans la gouvernance des espaces naturels, même lorsque ces derniers relèvent de la compétence régionale ou nationale.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : Journal of Environmental Management
11:19 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : capital social, espaces naturels, services écosystémiques | Imprimer | |
08/11/2016
Concilier la bioéconomie et les services écosystémiques forestiers : une gageure pour les politiques européennes ?
Les actes de la conférence finale du programme européen ORCHESTRA (Orchestrating forest-related policy analysis in Europe), conduit dans le cadre du réseau COST (European Cooperation in Science and Technology), ont été récemment publiés. En l'absence de politique forestière de l'Union européenne, la question de la recherche de cohérence entre les différentes politiques impactant le secteur forestier se pose. Dans ce contexte, l'intégration des enjeux de la bioéconomie en matière de bois, tout en préservant un haut niveau de services écosystémiques en forêt, doit faire l'objet d'une attention particulière.
Au cours de ces deux journées de restitution des travaux, les chercheurs, économistes, écologues et sociologues ont notamment questionné l'identification des objectifs stratégiques de la bioéconomie et des services écosystémiques, l'utilisation des modèles quantitatifs en aide à la décision et en évaluation, l'intégration des enjeux de la bioéconomie et de la préservation des écosystèmes dans les processus politiques.
09:21 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : bioéconomie, services écosystémiques, forêt | Imprimer | |