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16/12/2021

Quelles politiques agricoles britanniques à la suite du Brexit ?

La dernière livraison de Politique européenne (novembre 2021) comprend un article sur le rapatriement au Royaume-Uni, suite au Brexit, des compétences juridiques en matière agricole, relevant auparavant de l’UE. Il prend place dans un système de gouvernance combinant des compétences dites « réservées » (relevant de l’échelle nationale) ou « dévolues » aux trois administrations d’Écosse, d'Irlande du Nord et du Pays de Galles. Le Brexit a fait disparaître les cadres législatifs et instruments de la Politique agricole commune (PAC), qui encadraient depuis près de 50 ans l’action publique britannique (figure), et les auteurs posent la question suivante : les nouvelles politiques permettent-elles au Royaume-Uni de « reprendre le contrôle » de sa politique agricole et d’accentuer son volet environnemental, comme cela avait été avancé par les promoteurs d’une sortie de l’Union ?

Des turbulences multiformes dans le sillage du processus de sortie de l’UE et de ses politiques communes (notamment PAC et politique commerciale)

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Source : Politique européenne

Lecture : la notion de « turbulence » désigne une situation dans laquelle « les événements interagissent et changent de manière très variable, incohérente, imprévisible et inattendue ». Elle peut être relative à l'environnement institutionnel, aux conflits internes et restructurations qui touchent les organisations, ou être en lien avec la multiplicité des échelons de décision et de mise en œuvre des politiques publiques.

Pour juger sur pièces, les auteurs analysent le régime des aides financières et l’appareil réglementaire. Sur le premier, la loi générale agricole anglaise (2020) définit les deux volets du financement de l’agriculture : le soutien aux biens publics environnementaux et l’aide aux exploitations dans un objectif de hausse de la productivité. Selon les auteurs, il est peu probable que le faible nombre d’acteurs éligibles au financement permette le verdissement de l’agriculture, tandis que la fin des aides directes prévue en 2028 met en danger la viabilité des petites exploitations. Qui plus est, les dispositions de la loi agricole empruntent à la PAC jusqu’à omettre, comme elle, les volets alimentaire et nutritionnel. De plus, le développement rural est absent du texte britannique de 2020.

Concernant les minima réglementaires en matière environnementale, alimentaire et de bien-être animal, les positions des quatre nations britanniques divergent. L’Écosse et le Pays de Galles souhaitent garantir un niveau de protection similaire à celui de l’Union européenne. De son côté, l’Irlande du Nord est dans une situation intermédiaire, le protocole qui lui est spécifique dans le Traité de sortie ne prévoyant un alignement que sur une partie de l’acquis communautaire. De plus, la loi de retrait de l’UE (2018) ouvre la voie à un dumping réglementaire à l’intérieur du Royaume-Uni (entre les quatre nations) mais aussi entre celui-ci et l’Union. La loi sur le marché intérieur (2020) veut précisément limiter ce risque de barrière au commerce interne en instaurant le principe de reconnaissance mutuelle des produits, au moment même où les entreprises locales n’ont plus aussi facilement accès au marché européen.

En définitive, pour les auteurs, ce rapatriement opère une recentralisation des pouvoirs en faveur de Londres, là où la PAC offrait à l’Écosse, à l'Irlande du Nord et au Pays de Galles la possibilité de diverger de leur voisin anglais.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : Politique européenne

08/11/2021

La consommation de viande des populations britanniques musulmanes, entre éthique et contraintes socio-économiques

Le blog TABLE debates est une création des universités d’Oxford, de Wageningen et de Suède. Il a publié le 2 novembre les premiers résultats d’une thèse de doctorat sur la consommation de viande halal par les populations britanniques de confession musulmane. Après avoir souligné que 71 % des moutons abattus au Royaume-Uni l’étaient selon les prescriptions musulmanes, Hibba Mazhary souligne que leurs attentes vis-à-vis des aliments carnés se rapprochent de celles de la population globale, avec un même souci de la santé et de la durabilité environnementale. En revanche, ces attentes présentent des particularités quant à l’accès à une viande de qualité (limité par le budget alimentaire des ménages) et à l’image des campagnes (que ces populations perçoivent comme des espaces qui leur sont hostiles). Ces singularités découlent de conditions de vie moins favorables et de rapports interethniques spécifiques.

Source : TABLE debates

16/10/2020

Gouvernance de l'usage des antibiotiques au Royaume-Uni

Face aux risques créés par l'antibiorésistance, l'usage trop important et l’utilisation inadéquate des antibiotiques sont une préoccupation pour la puissance publique : un article récent, publié dans Frontiers in veterinary science, traite de la situation au Royaume-Uni. Éleveurs et vétérinaires, en tant qu'utilisateurs majeurs, sont particulièrement ciblés et la quantification des ventes d'antibiotiques représente une donnée simple, très utilisée pour mesurer l'impact des politiques publiques. Au Royaume-Uni, le gouvernement a défini des objectifs mais a laissé au secteur agroalimentaire le choix des moyens à utiliser. Depuis 2014, les ventes d'antibiotiques par les vétérinaires y ont diminué de 49 %.

Cependant, les auteurs craignent que la polarisation sur ces deux acteurs et sur le seul paramètre quantitatif puisse dissimuler d'autres mésusages dans la chaîne de production. Par exemple, dans l'industrie laitière, le prix du lait acheté à l'éleveur est lié à différents paramètres de qualité définis par contrat avec les industriels, dont la présence de résidus antibiotiques. Ce paramètre est particulièrement important pour que l'industrie laitière, qui a mis en place des moyens de lutte contre l'antibiorésistance, respecte les normes européennes. Or, la moitié des quantités d'antibiotiques est utilisée chez les vaches laitières lors de la période de tarissement, en dehors de la période de contrat liant l'éleveur à l'industrie : celui-ci n'est donc pas incité à utiliser une méthode alternative aux antibiotiques comme, par exemple, l'obturation des trayons sur les animaux à faible probabilité d'infection pendant cette période. Les coûts économiques (ex. : sélection des vaches par la réalisation d'un test), en temps de travail et relatifs aux changements d'habitudes peuvent aussi être des facteurs limitant le recours du producteur à une méthode alternative.

De façon générale, les auteurs questionnent le fait que la gouvernance de l'usage des antibiotiques soit déléguée à un seul acteur de la chaîne industrielle alors qu’elle pourrait impliquer l'ensemble de ses composantes. Selon eux, il serait plus intéressant de proposer des bonnes pratiques à l'ensemble des acteurs que de se focaliser uniquement sur les statistiques de ventes.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Frontiers in veterinary science

03/07/2020

Des pistes pour améliorer la résilience du système alimentaire britannique

En réponse à une saisine du gouvernement en 2019, et en écho à la pandémie de Covid-19, le Parlement britannique a publié une note qui rappelle la nécessité de garantir la résilience du système alimentaire national et propose quelques pistes pour atteindre cet objectif. Parmi celles-ci, les auteurs mettent en avant la combinaison d'approches variées (ex. : production locale et commerce international), le fait de reposer moins sur les chaînes Just-in-time que sur des produits pouvant être stockés, et l'amélioration des infrastructures locales et régionales (ex. : privilégier de nombreux petits abattoirs locaux plutôt que quelques super-structures). Réduire les émissions de gaz à effet de serre en développant l'économie circulaire et la lutte contre le gaspillage, promouvoir la transparence des chaînes alimentaires, leurs externalités sociales et une alimentation plus saine figurent aussi parmi les préconisations. Selon les auteurs, un organisme public indépendant, capable de développer une vision globale du sujet, pourrait être chargé de les mettre en œuvre.

Source : UK Parliament Post

15:05 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : royaume-uni, résilience, système alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/03/2020

Modélisation des impacts post-Brexit d'une divergence sur les mesures non tarifaires entre le Royaume-Uni et l'Union européenne

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD) a publié, en février, une analyse des impacts des mesures non tarifaires (MNT) sur les futures relations commerciales du Royaume-Uni (RU) avec l'Union européenne (UE). Les MNT sont les mesures autres que les droits de douane, notamment sanitaires et phytosanitaires, qui peuvent avoir un effet sur le commerce. Elles induisent des coûts liés à la mise en conformité et à la preuve de cette conformité des produits qui sont, en agriculture, trois fois supérieurs à ceux résultant de l'application de droits de douane.

Comparaison des coûts commerciaux liés aux MNT et aux droits de douane, pour l'agriculture et pour les autres secteurs de production, à l'échelle mondiale, en % de la valeur des biens échangés

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Source : UNCTAD

Les auteurs ont utilisé un modèle gravitaire à partir de données de panel sur 1990-2015. Ils montrent d'abord que seule l'appartenance à l'UE favorise le commerce au-delà de la mise à zéro de tous les droits de douane sur les échanges commerciaux, contrairement aux accords de libre-échange classiques et aux unions douanières (figure ci-dessous). Les auteurs attribuent ce résultat à l'importance accordée par l'Union aux MNT. Ils ont ensuite simulé les impacts potentiels d'un retrait du Royaume-Uni de l'UE, selon une relation future sans droits de douane (scénario 1) ou sans droits de douane et sans l'effet facilitateur des MNT (scénario 2).

Ils montrent que les impacts potentiels les plus forts sur les PIB nationaux (référence 2015), toutes choses égales par ailleurs, concernent l'Irlande (- 0,278 % pour le scénario 1 et - 0,736 % pour le scénario 2), le RU (respectivement - 0,233 % et - 0,607 %) et les Pays-Bas (resp. - 0,049 % et - 0,128 %). Les effets économiques sont en moyenne 2,5 fois plus élevés si le Royaume-Uni ne bénéficie plus de la proximité avec l'UE en matière de MNT. Les exports des pays tiers vers le RU évoluent aussi : + 1,3 à 1,5 % dans le scénario 1, et + 3,5 à 4 % dans le scénario 2. Les secteurs les plus impactés sont l'agriculture, l'alimentation, les boissons, le bois et le papier.

En conclusion, pour les auteurs, les mesures non tarifaires devront être suivies avec plus d'attention dans la négociation de la future relation RU-UE que dans les accords de libre-échange et unions douanières classiques.

Effets moyens respectifs de l'appartenance à un accord de libre-échange (Free trade agreement), à une union douanière (Customs Union) et à l'UE (European Union), en % d'augmentation du commerce

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Source : UNCTAD

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : UNCTAD

07/02/2020

Boissons sans alcool et sucre au Royaume-Uni : évolutions entre 2015 et 2018

Publié en janvier 2020 par BMC Medicine, un article traite des effets des incitations à réduire la consommation de sucre via les sodas et autres boissons rafraîchissantes sans alcool au Royaume-Uni, entre 2015 et 2018. Alors que les apports en sucres ajoutés dans le pays excèdent les recommandations nutritionnelles, ces boissons en sont une source importante, à hauteur de 21 % pour les adultes et de 33 % pour les enfants. Les pouvoirs publics britanniques ont engagé différentes actions afin d'inciter les consommateurs à modifier leurs pratiques (initiative Change4Life) et les industriels à réduire la teneur en sucre ajouté de leurs produits. Annoncée en mars 2016, une taxe sur les sodas est entrée en vigueur en avril 2018. Elle comporte trois niveaux selon la concentration en sucres ajoutés : i) 24 pence/l pour une teneur supérieure à 8 g/100 ml, ii) 18 pence/l pour une teneur comprise entre 5 et 8 g/100 ml, iii) pas de prélèvement en-dessous.

Les auteurs ont associé des données sur la composition nutritionnelle des boissons (recueillies sur les sites Internet de trois distributeurs) et sur les volumes de ventes (supermarchés, distributeurs automatiques, etc.). Huit types de boissons ont été étudiés, incluant, à titre de comparaison, les eaux minérales et les jus de fruits « purs ». Sur la période 2015-2018, la consommation par personne a augmenté de 5 %, passant de 351 à 367 ml journaliers. Si les volumes globaux des ventes de boissons soumises à taxation se sont réduits de 50 %, ceux de la troisième catégorie ont crû de 40 %. Par ailleurs, le volume total de sucre vendu a diminué de 29 % (soit - 4,6 g/pers/j). La teneur moyenne des boissons étudiées a également baissé de 1,5 g/100 ml, soit 2,9 g en 2018 ; cette tendance est la plus marquée pour les boissons énergétiques. Enfin, six des dix entreprises analysées ont reformulé plus de la moitié de leurs produits entrant dans le champ de la taxe.

Malgré plusieurs limites (ex. : pas de prise en compte des fluctuations saisonnières, ni des caractéristiques socio-économiques des consommateurs), les auteurs soulignent l'intérêt de leur méthode pour une analyse similaire d'autres catégories de produits alimentaires. En particulier, par rapport aux enquêtes nutritionnelles, les données de vente ont l'avantage de ne pas reposer sur les déclarations des mangeurs et d'apporter des détails sur les marques. Enfin, selon eux, ces bons résultats pourraient inviter à élargir le champ de la taxe et à baisser les seuils.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : BMC Medicine

09:11 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : royaume-uni, taxe, sodas, sucre |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/11/2019

Panorama de la consommation végétarienne dans quatre pays européens

En octobre 2019 ont été publiés les résultats d'un travail du Crédoc sur la consommation végétarienne en Europe. Ils s'appuient en particulier sur une enquête en ligne réalisée auprès d'échantillons représentatifs des populations de quatre pays : Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni. Il apparaît que, en moyenne, 5,6 % des interrogés se déclarent végétariens, végétaliens ou véganes (8 % au Royaume-Uni, 2,8 % en Espagne). Les auteurs mettent en évidence un décalage entre identité et pratiques, insistant sur un « continuum » de profils : moins de 4 % de la population déclarent éviter les produits carnés, et moins de 1 % tout produit d'origine animale. Par ailleurs, ces pratiques s'inscrivent dans un contexte plus large d'évolution des comportements : par rapport à 2017, 50 % des Français interrogés, 42 % des Allemands, 41 % des Espagnols et 36 % des Britanniques ont diminué leurs consommations de viande. Enfin, l'étude apporte des éléments détaillés sur les caractéristiques des individus (les végétariens-véganes étant plutôt jeunes, cadres et urbains) et leurs motivations (la santé venant en première position).

Motivations de la faible consommation ou de la non-consommation de viande (cumul des quatre pays)

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Source : FranceAgriMer

Source : FranceAgriMer

09:29 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : végétarisme, royaume-uni, espagne, allemagne |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/10/2019

Interroger le concept de « frontière » pour mieux se protéger contre les ravageurs des forêts

Dans une publication récente, une équipe de chercheurs britanniques se saisit du concept de « frontière » pour en étudier les implications dans la lutte contre les pathogènes forestiers. S'il est fréquemment utilisé dans le cadre des questions migratoires et des risques liés aux déplacements de populations, ce n'est pas le cas en matière de biosécurité et de transport des marchandises.

Cette approche innovante s'appuie sur l'analyse des pratiques et des discours des acteurs de la protection de la santé des arbres (État, ONG, entreprises, scientifiques, etc.), recueillis grâce à une trentaine d'entretiens semi-directifs et à des focus groups. Ceux-ci réunissaient des participants à des ateliers déjà impliqués dans une recherche pluridisciplinaire sur les nouvelles technologies pour la détection précoce des ravageurs et pathogènes.

L'analyse est centrée sur la Grande-Bretagne mais la notion de frontière, a priori facile à définir s'agissant d'une île, paraît plus complexe dès lors qu'il est question de matériel biologique et de ses modalités d'entrée et de dissémination. Les supports des pathogènes sont diversifiés (emballages en bois, bois transformés, plantes), tout comme leurs modes de transport (camions, porte-conteneurs, avions, voitures, etc.). Enfin, leur introduction sur le territoire peut se faire sous différentes formes, plus ou moins faciles à repérer : spores, œufs, larves, etc.

De ce fait, les acteurs interrogés placent la frontière, entendue comme point d'introduction et de contrôle, à différents niveaux et lieux en fonction des produits et des ravageurs, depuis les ports jusqu'aux pépinières. Les auteurs font dès lors émerger le concept de « frontière omniprésente » (everywhere), conduisant à adapter les modalités de lutte contre les introductions de ravageurs. Ils invitent également à renforcer les contrôles à l'origine.

Enfin, si la frontière est partout, la responsabilité de tous dans la prévention et la détection précoce est engagée. La santé de la nature étant un bien commun, les auteurs proposent d'adopter la notion de « frontière pour tous » (everyone) et de définir les rôles de chacun, inspecteurs, forestiers ou grand public, tout en pointant la nécessité d'un développement des savoirs. Ces travaux prennent un relief particulier dans le contexte du Brexit, les auteurs s'interrogeant sur l'arbitrage futur entre renforcement des frontières et libre-échange.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Forests

10/06/2019

Le coût global de la chalarose du frêne estimé à 15 milliards de livres pour le Royaume-Uni

Telle est l'estimation, récemment publiée dans Current Biology, à laquelle sont parvenus des chercheurs britanniques en intégrant l'ensemble des coûts liés à l'abattage, à la régénération et à la perte de services écosystémiques, conséquences de la chalarose du frêne (voir à ce sujet une autre brève sur ce blog). Dans ce contexte, des politiques de prévention contre les espèces et pathogènes invasifs, même coûteuses, s'avéreraient efficientes. Ajoutons que le canevas méthodologique élaboré pour cette estimation est mis à disposition.

Source : Current Biology

18/01/2019

Analyse de la couverture médiatique du débat sur le sucre au Royaume-Uni

En décembre 2018, la revue PLOS ONE a publié un article analysant la couverture médiatique de la thématique du sucre au Royaume-Uni, d'avril 2015 à novembre 2016. Cette période va de la publication par l'Organisation mondiale de la santé, en mars 2015, de lignes directrices sur le sucre, à la clôture, en octobre 2016, de la consultation organisée par le gouvernement sur le projet de taxation des sodas (soft drinks industry levy, SDIL). Onze journaux nationaux ayant des positionnements variés (tabloids, middle-market newspapers, 'quality' newspapers) ont été pris en compte, et une analyse de contenu quantitative a été réalisée pour 684 articles (sur une sélection initiale de 3 600).

Les parutions varient dans le temps en fonction d'événements clés (rapport de Public Health England, résultats d'une évaluation de la taxe au Mexique, annonce du projet de SDIL) et des points de vue adoptés. Si les articles adoptent une perspective plus favorable (24 %) que défavorable (14 %) à la taxation, les deux tiers se montrent neutres ou sans avis.

Fréquence des articles durant la période étudiée, total et en fonction du point de vue adopté concernant la taxation

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Source : PLOS ONE

Parmi les sujets traités, viennent en premier l'obésité, présente dans 78 % des articles, et les mesures fiscales (73 %), alors que, par exemple, l'environnement alimentaire ou les enjeux législatifs apparaissent dans moins de 10 % des cas. Le sucre est le plus souvent présenté comme un problème de santé (77 %), les risques pour les enfants étant les plus fréquemment relevés (40 %). En tête des causes de la consommation de sucre figure l'industrie agroalimentaire et ce sont des solutions gouvernementales (69 %) et volontaires de la part des entreprises (47 %) qui sont évoquées en premier.

Pour les auteurs, ces résultats permettent de voir comment les termes du débat ont été présentés au grand public, et de comprendre les représentations (du sucre, des taxes, des politiques) et les dynamiques médiatiques à l’œuvre sur ces questions d'alimentation et de santé publique. Ils montrent également la montée en puissance de la thématique du « sucre » dans les débats de société. La prise en compte uniquement de journaux imprimés figure au rang des limites, et de futurs approfondissements pourraient porter sur l'argumentaire développé par les acteurs ou consister à comparer le traitement médiatique de l'alimentation avec d'autres secteurs pouvant être associés à des problèmes de santé.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : PLOS ONE

09:07 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : médias, journaux, taxe, sucre, royaume-uni |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/11/2018

Brexit, alimentation et santé au Royaume-Uni

Publié en octobre 2018, un document de travail de M. Springmann (Programme multidisciplinaire sur « le futur de l'alimentation », Martin Oxford School) et F. Freund (Institut Thünen, Allemagne) s'intéresse aux conséquences du Brexit sur les changements de consommations alimentaires britanniques et la potentielle mortalité associée. Les auteurs combinent pour cela des modèles d'économie agricole et de risques de mortalité. Sont aussi quantifiés les coûts pour l'assurance santé et l'impact sur le PIB. 5 scénarios sont ainsi simulés à l'horizon 2027.

En cas de Brexit dur, le régime alimentaire des Britanniques serait plus pauvre en fruits et légumes, entraînant un surcoût de plus de 600 millions de £ en couverture santé et causant 5 600 décès. Les auteurs soulignent cependant les nombreuses hypothèses mobilisées dans les chaînes de causalité, appelant à la prudence dans l'interprétation des résultats.

Source : Oxford Martin School

17/09/2018

EuroChoices : le Brexit et ses répercussions sur le secteur agroalimentaire

La revue EuroChoices consacre son numéro d'août 2018 aux conséquences du Brexit sur le secteur agroalimentaire du Royaume-Uni et d'autres pays européens, faisant suite, sur le même thème, aux numéros des étés précédents (août 2016 et 2017 – voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Après l'éditorial, qui rappelle les incertitudes ouvertes par le Brexit, la revue comprend quatre articles, une double page statistique sur la concentration du commerce agricole et un point de vue de S. Tangermann. Celui-ci défend l'idée que si le Brexit est une « tragédie » pour les deux parties, elle pourrait être limitée par une approche plus souple des négociations et du principe d'indivisibilité des quatre libertés du marché unique.

On retiendra de J. Curnow, économiste en chef au Defra, la possibilité offerte par le Brexit de concevoir une nouvelle politique agricole britannique, présentée comme plus vertueuse que la PAC : système de paiement simplifié, privilégiant le financement des biens publics et des résultats environnementaux, suppression progressive des paiements directs, amélioration de la productivité des exploitations agricoles.

Un article collectif, piloté par C. Hubbard, présente les impacts de six scénarios de politique commerciale et intérieure sur l'agriculture, s'appuyant sur des outils de modélisation en équilibre général (Defra-Tap) et partiel (UK FAPRI). La suppression unilatérale des droits d'importation par le Royaume-Uni est le scénario le plus négatif pour l'agriculture de ce pays. Dans le scénario « tarifs OMC », ses exportateurs seraient défavorisés (ex. : secteur ovin), mais ses importateurs s'en sortiraient mieux (ex. : secteur laitier). La suppression des paiements directs accentuerait les effets négatifs. Les auteurs soulignent également la variabilité régionale des résultats.

L'article de B. Le Gallic et al. traite, quant à lui, de la réallocation des quotas de pêche (quotas historiques ou accords inspirés des partenariats existant entre l'Union européenne et les pays nordiques ou africains), en soulignant l'importance de l'accès à une main-d’œuvre européenne, qui représente 42 % de la force de travail du secteur de la pêche britannique. L'article de S. van Berkum et al. complète l'analyse en évaluant les répercussions du Brexit sur le commerce agroalimentaire aux Pays-Bas, dont 10 % des exportations agricoles sont destinés au Royaume-Uni.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : EuroChoices

10:42 Publié dans IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : brexit, agroalimentaire, royaume-uni, pays-bas |  Imprimer | | | | |  Facebook

Impacts de l'Accord de partenariat économique UE-Japon sur le Royaume-Uni

Publiée en juin 2018, une étude réalisée par le département du commerce du gouvernement du Royaume-Uni (RU) analyse les effets attendus, sur l'économie du pays, de l'accord de partenariat économique (APE) signé entre l'Union européenne (UE) et le Japon, en juillet dernier, et qui devrait entrer partiellement en vigueur à partir de 2019. L'impact de l'APE sur le RU est estimé à partir d'une analyse antérieure réalisée sur l'ensemble de l'UE et utilisant le modèle d'équilibre général calculable (MEGC) du Global Trade Analysis Project (GTAP). Cette étude revêt un intérêt particulier dans le contexte du Brexit. En contrepartie d'un soutien pour la signature de l'APE en tant que membre de l'UE, le RU souhaiterait continuer à échanger avec le Japon sous les mêmes conditions que celles prévues dans l'accord, une fois sorti de l'Union.

Les auteurs décrivent d'abord les caractéristiques des échanges entre le RU et le Japon. Tous secteurs confondus, le Royaume-Uni est le deuxième partenaire européen du Japon (importations comme exportations). La balance commerciale de biens du RU avec ce pays est globalement déficitaire, excepté pour certains produits, notamment dans les secteurs agricole et agroalimentaire, pour lesquels le RU dispose d'un avantage comparatif à l'export. Le Japon applique des droits de douane très élevés sur les importations européennes de produits végétaux (plus de 20 %), produits transformés, vins et spiritueux (plus de 10 %) et produits animaux (plus de 20 %).

Ensuite, l'analyse montre dans quelle mesure la signature de l'APE aura un impact important sur l'UE et le RU, notamment vis-à-vis des échanges de produits agricoles et agroalimentaires. Après la mise en œuvre de l'accord, 87 % des exportations de produits agricoles ne seront plus soumis à des droits de douane. Pour le RU, cela aura pour conséquence d'accroître de 0,2 milliard de livres sterling les exportations de produits agroalimentaires et de 0,1 milliard de livres sterling celles de bois et de produits à base de papier (voir figure). Les importations de produits agricoles et agroalimentaires ne seraient pas impactées, ou de façon très marginale, par l'accord. L'obtention du même traitement préférentiel que celui accordé à l'UE permettrait donc au RU d'améliorer sa balance commerciale de produits agricoles avec le Japon.

Impacts de l'accord de partenariat économique UE-Japon sur les exportations du Royaume-Uni (hypothèse où le Royaume-Uni obtient le même traitement post-Brexit)

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Source : Département du commerce extérieur du Royaume-Uni

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Département du commerce extérieur du Royaume-Uni

06/07/2018

Impacts du Brexit sur les échanges entre l'Irlande et le Royaume-Uni : estimer les effets des barrières non-tarifaires au commerce

Une étude de la Banque centrale d'Irlande, publiée en mai dernier, estime l'impact d'une hausse potentielle des barrières non-tarifaires au commerce (BNT), consécutive au Brexit, sur les échanges entre l'Irlande et le Royaume-Uni (RU). Les données utilisées sont tirées des enquêtes annuelles Doing business 2013 à 2015 de la Banque mondiale pour les BNT et de la base Comtrade des Nations unies pour les flux commerciaux. Si l'effet du Brexit sur le commerce international a fait l'objet d'une attention particulière, peu de travaux ont jusqu'à présent traité la question des BNT, ce qui confère un intérêt particulier à cette étude.

Les auteurs procèdent en trois étapes. À partir d'un modèle gravitaire, ils estiment d'abord les effets de l'accroissement des BNT (approché par le délai d'inspection aux douanes et le temps nécessaire pour remplir les documents de conformité), sur les échanges entre le RU et l'Irlande. Ensuite, ils mesurent l'impact d'une sortie de l'Union européenne sur l'accroissement de ces mêmes BNT. Les produits échangés au sein de l'UE ne font pas l'objet de contrôles additionnels aux frontières, du fait d'accords relatifs aux normes de qualité et aux règles d'origine. Ce ne sera plus le cas pour les produits en provenance et à destination du RU. Enfin, les auteurs combinent ces deux résultats pour mesurer la réduction attendue des échanges entre le RU et l'Irlande causée par l'accroissement des BNT (se reporter à cet article pour les impacts sur tous les pays de l'UE).

L'effet du Brexit sur les barrières non-tarifaires et les échanges, ainsi estimé, révèle un impact asymétrique entre les deux partenaires ainsi qu'une forte hétérogénéité selon les produits considérés. Globalement, l'étude conclut que l'accroissement des BNT causé par le Brexit diminuerait de 9,6 % les échanges entre le Royaume-Uni et l'Irlande. Plus précisément, il aurait pour effet de réduire de 3,1 % les importations irlandaises en provenance du RU et de 1,4 % les exportations irlandaises vers le RU. Les produits particulièrement sensibles aux délais de livraison seraient les premiers impactés par l'augmentation des BNT (voir figure). Il s'agit des produits agricoles périssables (produits frais, huiles végétales et animales), les boissons et tabacs, les produits utilisés comme intrants dans les chaînes de production (métaux et autres produits primaires) et les produits volumineux (machines, transports, etc.).

Impacts des BNT sur les exportations irlandaises vers le Royaume-Uni, par produit (en rouge, part des exportations disparaissant ; en bleu, part des exportations maintenues ; en grisé, pas d'impact significatif)

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Source : Central Bank of Ireland

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Central Bank of Ireland

09/04/2018

Une analyse de l'ONG Sustainable Food Trust sur la relocalisation de l'abattage

Un rapport de l'ONG Sustainable Food Trust s'intéresse à la question de la relocalisation de l'abattage des animaux d'élevage au Royaume-Uni. Les auteurs ont mobilisé différentes sources d'information : analyses scientifiques, textes réglementaires, politiques et économiques, publications d'ONG diverses (Greenpeace notamment), etc. Depuis les années 1970, la tendance est à la baisse du nombre d'abattoirs, ceux-ci étant passés de 1 890 en 1971 à 249 en 2018. Selon les auteurs, plusieurs facteurs expliquent ce phénomène de concentration, ayant conduit à la fermeture des structures les moins rentables : crises sanitaires (encéphalopathie spongiforme bovine en 1996, fièvre aphteuse en 2001), baisse de la consommation de viande, et renforcement des contraintes réglementaires.

Évolution du nombre d'abattoirs en viande rouge, en fonction de leur taille, entre 2007 et 2017

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Source : Sustainable Food Trust

Face à cette tendance lourde, le rapport note un regain d'intérêt récent pour l'abattage local, de la part de certains éleveurs et d'associations, pour des raisons à la fois économiques, éthiques et environnementales. Selon ses promoteurs, cette pratique éviterait le surcoût et la souffrance animale induits par de longs déplacements, et permettrait à l'éleveur de commercialiser de la « viande locale ». L'association Pasture for life a ainsi souligné le rôle des petits abattoirs dans l'économie rurale, au-delà des emplois directs. Quand l'existence d'abattoirs locaux n'est pas envisageable, le développement d'abattoirs mobiles représente une alternative, et même une tendance émergente au niveau mondial. Le rapport en dresse un état des lieux dans plusieurs pays. Au Royaume-Uni, après une première tentative en 1990 par l'ONG Humane Slaughter Association, d'autres projets ont été lancés depuis. En Suède, la société Halsingestintan exerce depuis 2015 et a conclu un partenariat avec la société française Bœuf éthique. Ce type de structures existe aussi en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et aux États-Unis. Le rapport souligne les potentiels atouts pour le bien-être animal et le développement local, mais aussi les facteurs limitants d'une telle pratique, notamment la faible capacité d'abattage (de l'ordre de quelques dizaines d'animaux par jour) et le nécessaire respect de la réglementation sanitaire. Il propose enfin plusieurs recommandations, notamment une reconnaissance par les pouvoirs publics de l'importance, du point de vue de l'économie et du bien-être animal) de la viande locale, avec mise en place d’une task force réunissant les acteurs concernés. Il suggère aussi l'adoption d'une réglementation plus favorable aux abattoirs mobiles et aux petits abattoirs locaux, afin d'en enrayer la baisse.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainable Food Trust

09:42 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Territoires | Lien permanent | Tags : abattoirs, royaume-uni |  Imprimer | | | | |  Facebook