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04/02/2021

Les consommateurs se disent prêts à payer plus pour des produits portant des labels superflus ou trompeurs

Dans un article publié en janvier dans la revue Food Policy, des chercheurs de l'université de Purdue, aux États-Unis, ont étudié le phénomène selon lequel les consommateurs sont prêts à acheter plus cher des produits portant des labels superflus ou trompeurs. Ils ont interrogé 1 122 individus américains sur leur consentement à payer pour trois types de labels superflus : un sel sans OGM, un jus d'orange sans gluten et du poulet élevé sans hormones (les hormones sont interdites pour cet élevage aux États-Unis). Selon les résultats (voir tableau ci-dessous), 40 à 58 % des individus se disent prêts à payer davantage pour des produits portant ces labels que pour d’autres non labellisés. De manière générale, les personnes ayant le plus de connaissances (scientifiques et/ou sur l'agriculture) ont un consentement à payer moindre pour ces labels. Par ailleurs, lorsque des informations leur sont données expliquant en quoi le label est trompeur, 39 à 43 % des répondants diminuent leur consentement à payer, mais 30 % l'augmentent.

Différence moyenne et médiane de consentement à payer pour un produit portant un label superflu et pour un produit non labellisé, selon les labels, avant et après information

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Source : Food Policy

Source : Food Policy

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19/01/2021

Numérique et bien-être des animaux d’élevage

Lors d’un séminaire organisé en décembre 2020, la chaire AgroTIC traitait deux domaines d’actualité : l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) en élevage, et le bien-être animal (BEA). Une douzaine d’interventions ont permis, au-delà d’un panorama des nombreux outils existants, de voir si la relation entre TIC et bien-être était toujours positive et bénéfique tant pour l’éleveur que pour l’animal, dans une perspective One Welfare. Les présentations étaient regroupées en 3 sessions : la première relative à l'évaluation du BEA, depuis la mesure des paramètres jusqu'à l’aide à la décision ; la deuxième associant le bien-être animal et celui de l’éleveur ; la dernière traitant des questions de société. Revenons ici sur deux de ces interventions.

L’utilisation des outils numériques en élevage présente plusieurs défis, selon Michel Marcon, de l’Institut du porc (IFIP). Le premier est économique : le consommateur est de plus en plus sensible au BEA, mais il n’accepte de payer davantage que de façon limitée ; quant à l’éleveur, son utilisation du numérique doit conduire à une réduction des frais et des médicaments vétérinaires par une détection précoce des problèmes de santé. Ces outils peuvent aussi être une source de revenu supplémentaire par une amélioration des performances ou une meilleure traçabilité du cahier des charges d’un label. Un deuxième défi tient à l'accessibilité et à la connectique, le rural étant parfois mal raccordé (figure ci-dessous). L'éleveur doit également choisir une solution robuste, adaptée à des contraintes techniques (insectes sur les caméras, humidité, etc.), non spécifique de l'endroit pour lequel l’outil a été choisi (installation dans des bâtiments différents).

Couverture en fibre des zones rurales de l’ouest de la France fin 2019

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Source : Arcep

Pour Nathalie Hostiou (INRAE), le numérique a divers impacts sur le métier d’éleveur. D'abord, la réduction du temps de travail n’est pas aussi importante qu'espérée, l’automatisation permettant plutôt une redistribution du travail dans la journée et une flexibilité des horaires. En matière de charge mentale, le numérique peut devenir un « fil à la patte » avec des alertes jour et nuit. Il induit par ailleurs de nouvelles relations humain-animal avec une distanciation (moins de contacts directs), mais aussi une meilleure connaissance individuelle des animaux. Enfin, l’autonomie dans le travail peut être remise en question avec une forte dépendance aux services, une dépossession des paramètres déterminants pour la gestion de l’élevage et des décisions qui leur sont liées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : chaire AgroTIC

Recommandations de l'Assemblée nationale sur la politique européenne de sécurité sanitaire de l'alimentation

Les députés André Chassaigne et Catherine Osson ont remis en décembre 2020, à la commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale, le rapport de leur mission d'information sur la politique de l'UE en matière de sécurité sanitaire de l'alimentation. Cette mission avait pour but d'analyser la politique en place, d'en identifier les faiblesses et d'émettre des recommandations relatives à l'évolution de la législation européenne.

Les auteurs rappellent que, ces dernières années, le nombre de décès ayant des causes alimentaires était estimé dans le monde à 420 000, dont un tiers d'enfants. Ils signalent toutefois que si le sujet semble de plus en plus prégnant en France, c'est en raison de sa forte médiatisation, liée notamment à l'attention croissante des consommateurs à leur alimentation, et non à cause d'une recrudescence des crises alimentaires : celles-ci sont en effet stables depuis les années 2000. En revanche, la législation européenne, une des plus strictes au monde, nécessiterait d'être actualisée, ses financements consolidés, sa capacité à anticiper et à sanctionner les cas de fraudes alimentaires améliorée. En particulier, les importations françaises de produits alimentaires ont augmenté ces dernières années, associées à une division par deux du solde commercial agricole national entre 2011 et 2017. Cette augmentation rend d'autant plus nécessaire un contrôle accru de la conformité de ces importations aux exigences européennes, pour garantir la sécurité du consommateur mais aussi la compétitivité des producteurs européens vis-à-vis de ceux des pays tiers. S'appuyant sur un précédent rapport sénatorial, les auteurs rappellent qu'entre 8 et 12 % des denrées alimentaires en provenance de pays tiers ne respectent pas les normes européennes de production.

Importations agroalimentaires en France (milliards d'euros constants)

securité sanitaire.jpg

Source : Sénat

Les auteurs formulent 21 recommandations, certaines étant relatives à la lutte contre les fraudes alimentaires : adoption d'une définition européenne partagée, élaboration d'un plan d'action par la Commission, renforcement des obligations et des sanctions comme des moyens de contrôle des produits agroalimentaires importés et notamment de leur traçabilité, création d'une police sanitaire, etc. Les auteurs préconisent aussi une accélération des travaux sur le gaspillage alimentaire, sur l'étiquetage de l'origine, sur l'utilisation de la blockchain, de QR code (code-barres à deux dimensions) et de l'intelligence artificielle pour améliorer la traçabilité des produits. Enfin, ils recommandent de mettre en place une politique agricole et alimentaire commune pour garantir une meilleure cohérence normative entre l'amont et l'aval de la filière.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Assemblée nationale

14/01/2021

Steven L. Kaplan, Pour le pain, Fayard, 2020, 366 pages

pain,consommation,alimentation,changement social

Ancien professeur à Cornell University (État de New York), ainsi que dans plusieurs universités françaises, Steven Kaplan est tombé amoureux de notre pays en mâchant sa première bouchée de pain, un jour de 1962 au jardin du Luxembourg. Depuis, il n'a cessé de consacrer ses recherches au bricheton, au lingot ou à la baguette, adoptant toujours une large perspective économique et sociale héritée de l'école des Annales : Bread, Politics and Political Economy, 1976 ; Le pain, le peuple et le roi, 1986 ; Le meilleur pain du monde, 1996 ; Le pain maudit, 2008 ; Raisonner sur les blés, 2017 (voir à ce sujet une brève). Dans ce nouvel ouvrage, il étudie la baisse continue de la consommation de pain, les actions entreprises pour l'enrayer, les stratégies des principaux acteurs concernés et les évolutions plus profondes de la culture panaire nationale. De façon plus personnelle, voire militante, Kaplan s'inquiète de la situation actuelle, appelle à la résistance et entreprend de défendre la cause du pain et des céréales, des meuniers et des boulangers.

L'auteur ne détaille pas une thèse centrale, mais il nous convie à une enquête vivante, diversifiée, nuancée, au fil de dix-neuf chapitres thématiques mobilisant les résultats d'études qualitatives et quantitatives. Certains chapitres traitent de la culture du pain, de la dégustation, des aspects sanitaires, des acteurs de la filière, de la boutique ou des questions de formation professionnelle. D'autres sont consacrés au désamour des consommateurs, à l'image malmenée des produits, aux attentes de naturalité, aux anciennes variétés de blé, mais aussi au levain et aux débats publics sur le gluten, aux nouvelles façons de commémorer ou de muséifier. Des pages très intéressantes sont centrées sur la « contre-filière » des « paysans-boulangers ».

De ces nombreux coups de projecteur, il ressort que nous n’avons pas seulement affaire à une moindre appétence des nouvelles générations, à une baisse des achats ou à une crise passagère, mais plutôt à une mutation structurelle du modèle alimentaire français, à une transformation profonde des saveurs et des repas, et à une place toujours plus réduite accordée au pain, concurrencé par des ingrédients et des plats jugés plus modernes et pratiques, plus sains et goûteux. Après avoir été au cœur de la ration des populations, le pain est devenu un produit d’accompagnement, une possibilité mais plus une obligation, et malgré le combat mené par Kaplan, « ni décliniste, ni réactionnaire nostalgique d’un quelconque âge d’or », sa consommation continuera à baisser dans les prochaines années.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Éditions Fayard

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Analyse de Terra Nova sur les applications de notation alimentaire

Le 16 décembre 2020, le think tank Terra Nova a publié un rapport consacré aux applications de notation alimentaire, outils récents qui connaissent une augmentation continue du nombre de leurs utilisateurs. La préoccupation forte pour la qualité de l'alimentation (aspects nutritionnels, sanitaires et plus récemment environnementaux) se traduit par de nouveaux besoins des mangeurs auxquels répondent, notamment, les applications de notation.

Si les premiers outils (ex. BuyOrNot) se positionnaient face aux acteurs agroalimentaires, les propositions se sont depuis multipliées, portées par des structures variées (collectifs de citoyens, industriels de l'agroalimentaire, associations de consommateurs, etc.). OpenFoodFacts (dont les données servent elles-mêmes à une centaine d'autres applications) et Yuka sont les plus utilisées, et les auteurs relèvent que ce type d'outils s'adresse préférentiellement à une partie de la population (plus de 35 ans, de catégorie socio-professionnelle élevée, habitant en Île-de-France).

Du fait de l'offre importante d'applications, leur différenciation est nécessaire et passe actuellement par une plus grande personnalisation des services : critères de choix des consommateurs, suivi de régimes alimentaires spécifiques (en particulier liés à des problèmes de santé ou à des confessions religieuses). Cette personnalisation nécessite une évaluation plus complexe (finesse et fiabilité) des habitudes alimentaires et des contributions plus exigeantes de l'utilisateur (données très détaillées à renseigner, mises à jours régulières). De manière générale, l'auteure souligne les questions liées à l'utilisation d'informations personnelles. Elle met aussi en avant la variabilité des méthodes de notation et les différences importantes des niveaux de preuves scientifiques selon les types de données utilisées (ex. données nutritionnelles vs celles sur les additifs et conservateurs).

Complétant l'analyse par des éléments sur les démarches publiques et celles engagées par les industriels, le rapport aboutit à plusieurs propositions. Y figure notamment le renforcement des efforts de recherche afin que les applications de notation s'appuient sur des données robustes et des niveaux de preuves élevés. Il invite aussi à renforcer la régulation de ces outils et à garantir la transparence des modèles économiques et de la gestion des informations personnelles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Terra Nova

13/01/2021

Viande in vitro : intérêts, enjeux et perception des consommateurs

Un article paru en décembre 2020 dans Techniques de l'ingénieur dresse le bilan de 20 années de recherche sur la culture de cellules animales in vitro à des fins alimentaires. Après un rapide rappel du dispositif (des cellules prélevées sur un animal sont multipliées et différenciées dans un milieu riche en nutriments et facteurs de croissance), il relativise son intérêt en matière de santé humaine, d'impacts environnementaux et de bien-être animal. L'article détaille ensuite les défis technologiques d'une production à grande échelle, dont la réduction des coûts et l'adaptation des milieux de culture (notamment le non-recours au sérum fœtal bovin), mais aussi des points minorés par les startups, comme la reproduction de la texture de la viande d'élevage, l'utilisation d'hormones ou les rejets dans l'environnement. Enfin, s'agissant de l'information des consommateurs et de la mise en marché, la terminologie diffusée dans les médias est discutable : pour les auteurs, « la viande de culture n'est pas vraiment de la viande », ni d'un point de vue biologique, ni pour le droit.

Sur ce sujet, le site d'INRAE propose un entretien avec l'un des auteurs.

Source : Techniques de l'ingénieur

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12/01/2021

La « souveraineté alimentaire » contre la vie chère : perspectives ultra-marines

Le rapport des députés L. Adam et C. Guion-Firmin, remis à l’Assemblée nationale en décembre 2020, analyse les différentiels de prix entre les outre-mer et l’Hexagone, qui s’expliquent pour partie par la faiblesse des mécanismes concurrentiels (voir à ce sujet un précédent billet). Ils identifient plusieurs causes aux prix élevés des denrées alimentaires. La multiplication des barrières à l’entrée décourage l’arrivée de nouveaux acteurs sur les marchés, maintenant leur structure oligopolistique. Par ailleurs, la présence des mêmes opérateurs sur les différents segments de la chaîne d’approvisionnement favorise des accords tarifaires préférentiels. De plus, les coûts qu’implique la part importante des importations dans l'offre alimentaire participent aux écarts de prix. Pour les auteurs, la « souveraineté alimentaire », entendue comme le développement de la production locale en vue d’une moindre dépendance aux importations, diminuerait la part du budget des ménages consacrée à l’alimentation, et ils recommandent une surveillance accrue, par les acteurs publics, de la présence et de la mise en valeur de la production locale sur les étals.

Source : Assemblée nationale

11/01/2021

Analyse de l'Oqali sur trois ans de déploiement du Nutri-Score

L'Observatoire de l'alimentation (Oqali) a récemment publié un rapport présentant une analyse du déploiement du Nutri-Score en France depuis 2018. Le travail a porté sur 24 553 références, dont 89 % sont vendus en grandes et moyennes surfaces, ainsi qu'en circuits spécialisés. Pour ces produits, les marques nationales se distinguent par une part plus importante de catégorie A du Nutri-Score (48 %), alors que, pour les autres segments (marques de distributeurs, hard discount, etc.), la répartition entre les catégories (de A à E) est plus homogène.

Depuis 2018, les parts de marché des marques engagées augmentent, et la croissance la plus forte est observée pour les céréales du petit-déjeuner (+63 %), suivies des compotes de fruits (+40 %). En 2020, c'est pour les plats cuisinés appertisés que les marques avec Nutri-Score présentent les parts de marché les plus élevées (79 % en volumes de ventes). Enfin, si les marques de distributeurs se sont le plus engagées en 2018, un effet de rattrapage est constaté depuis pour les marques nationales.

Source : Oqali

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Un podcast et une chaîne Youtube pour mieux connaître le secteur de la viande in vitro

Cultured Meat and Future Food, un podcast animé par A. Shirazi, propose de nombreux entretiens avec les responsables des startups, les investisseurs et les ONG liées à la viande in vitro. Ainsi, un épisode récent éclaire l'arrivée sur le marché, à Singapour, fin 2020, des bouchées de poulet de Eat Just, Inc. Signalons également, parmi des événements publics relayés et également visibles sur Youtube, le récent Cultured Meat Symposium où intervenaient P. Shapiro, auteur du livre Clean meat, et I. Datar, de l'ONG Harvest, qui contribuent à structurer le secteur.

Source : Cultured Meat and Future Food

16/12/2020

Quelle PAC pour une production agricole préservant les ressources naturelles ?

Des chercheurs d'INRAE et d'AgroParisTech ont mené, pour le compte du Parlement européen, des recherches sur l'adéquation de la Politique agricole commune (PAC) avec les objectifs du Pacte vert pour l'Europe (Green Deal). Adopté en 2019, celui-ci a pour objectif de faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre en 2050, mais il porte, au-delà des enjeux climatiques, sur l'ensemble des questions environnementales relatives à une croissance européenne durable. Le rapport de recherche reprend les objectifs quantitatifs du Pacte concernant l'agriculture et l'alimentation, concernant les enjeux climatiques, environnementaux et de santé. Il analyse ensuite la situation actuelle et les tendances à l'œuvre, au vu de ces objectifs, et estime les changements nécessaires dans les secteurs agricole et agroalimentaire pour les atteindre. Partant des évolutions requises, les auteurs traitent ensuite du rôle de la PAC pour les soutenir et accompagner.

Ainsi, par exemple, les excédents azotés bruts du secteur agricole de l'UE-27 seraient, à moyen terme, en hausse. Les projections tendancielles à 2030 sont donc très éloignées des objectifs à atteindre pour une croissance durable (réduction de 50 % des excédents), et elles nécessitent des changements profonds de l'appareil productif. Il en est de même pour les émissions de gaz à effet de serre.

Bilans azotés bruts du secteur agricole (UE-27) : excédents annuels, tendances et objectifs

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Source : Parlement européen

Lecture : les barres bleues figurent les excédents azotés bruts observés pour l'UE-27, le point rouge la prolongation de tendance à 2030 et la barre grise l'objectif de réduction de 50 %, entériné par le Pacte vert.

Les auteurs montrent que les pratiques actuelles sont loin de pouvoir répondre aux ambitions et aux objectifs chiffrés du Pacte vert. Leur optimisation, par exemple au moyen de l'agriculture de précision, ne permet pas non plus de répondre aux défis. Il serait alors nécessaire que la PAC soutienne une reconception profonde des agro-écosystèmes dans une perspective agro-écologique. Pour cela, les auteurs estiment indispensable d'appliquer strictement le principe du pollueur-payeur dans la PAC post-2020, notamment par un renforcement de la conditionnalité et des dispositifs environnementaux. Au-delà de ce renforcement de la dimension environnementale, ils proposent l'élargissement de la PAC à une politique alimentaire globale soutenant le changement des régimes nutritionnels, permettant ainsi la convergence des objectifs de santé publique et de durabilité.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

10/12/2020

Comprendre les systèmes alimentaires urbains : résultats du projet FRUGAL

Le « livret de recherche » synthétisant les résultats du projet FRUGAL a été mis en ligne fin octobre 2020. De 2016 à 2020, cette recherche-action a travaillé sur les caractéristiques et les évolutions des systèmes alimentaires de 11 aires urbaines françaises, localisées dans le Grand Ouest et en Rhône-Alpes. Ces travaux sont originaux à deux titres : tout d'abord par leur approche systémique, combinant analyse des flux et analyse des jeux d'acteurs ; ensuite pour leur effort de spatialisation des enjeux. Selon les auteurs, le projet FRUGAL apporte des contributions nouvelles en matière de méthode, de connaissances et d'élaboration de politiques publiques dédiées.

Le livret présente les principaux enseignements en quatre volets : flux alimentaires, systèmes d'acteurs, formes urbaines, approche globale des systèmes alimentaires urbains. Parmi les nombreux résultats, ressortent plusieurs facteurs clés jouant sur les flux : les spécificités de la population locale, le commerce de gros ou inter-entreprises, les approvisionnements des commerces de détail, des marchés de plein vent et des établissements de restauration collective. Par exemple, la part d'autoproduction légumière dans les consommations a été documentée, variant de 5 à 20 % selon les villes.

Les auteurs relèvent l'influence de l'histoire et de l'identité territoriales, construites sur le temps long. Ils identifient aussi des points communs aux zones étudiées : une amorce de dynamiques de transition par des réseaux pionniers, une mobilisation institutionnelle progressive, plus tardive et souvent orientée vers des questions environnementales et foncières, etc. Les collectivités territoriales sont aujourd'hui considérées comme des acteurs structurels, mais leur absence de stratégies d'implantation des commerces alimentaires est soulignée, induisant des inégalités spatiales d'accès. Par ailleurs, si le commerce alimentaire a fortement influencé les formes urbaines depuis le XIXe siècle, ce sont aujourd'hui les nouvelles mobilités et pratiques de consommation qui impactent cette offre commerciale et les modalités d'approvisionnement des commerçants, contribuant à un mouvement de reterritorialisation plus ou moins marqué.

Enfin, les auteurs proposent une approche globale des systèmes alimentaires urbains : 31 indicateurs ont été construits, permettant la description synthétique de systèmes complexes et une comparaison entre systèmes.

Résultats des indicateurs de la composante « Production » pour les aires urbaines d'Angers et Lorient

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Source : projet FRUGAL

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : projet FRUGAL

09/12/2020

Les outils génétiques à l'appui de l'aquaculture

Un reportage de novembre 2020 de la revue Science revient sur les avancées des outils génétiques et leur intérêt pour l'aquaculture, et ce sur plusieurs plans : sanitaire (ex. résistance aux maladies et parasites), productif (ex. taux de croissance) et consumériste (ex. qualité des filets et couleur de la chair).

Les techniques d’identification de marqueurs génétiques, dans une population, ont permis d'améliorer de 25 % les performances des méthodes de sélection traditionnelles, en facilitant la détection des individus porteurs des caractéristiques souhaitées. En plus de la recherche continue d'innovations techniques, les objectifs sont de développer leur utilisation sur une plus grande variété d'espèces d'intérêt, de poursuivre la diminution des coûts (déjà observée, pour une appropriation plus large) et de mieux informer le consommateur de ces techniques.

Valeur (en milliards de dollars), tonnage produit (en milliers de tonnes) et date de la première publication scientifique connue au sujet de la sélection d'un caractère spécifique,  pour cinq espèces couramment élevées dans le monde

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Source : Science

Lecture : de gauche à droite, carpe amour, tilapia du Nil, saumon Atlantique, crevette à pattes blanches, huître creuse du Pacifique.

Source : Science

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08/12/2020

Pendant le premier confinement, un accès dégradé à l’alimentation en Guyane

La permanence d’accès aux soins de santé du Centre hospitalier de Cayenne, la Croix-Rouge et Médecins du monde ont constaté, lors du premier confinement (17 mars - 11 mai 2020), un accès dégradé de certains ménages guyanais précaires à l’alimentation. Réalisée fin juillet-début août 2020, une enquête par questionnaire a permis d’objectiver cette situation d’insécurité alimentaire (IA). Ses résultats ont été récemment publiés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Parmi les 221 ménages interrogés, 80 % avaient souffert de la faim dans le mois tandis que 49 % avaient un budget hebdomadaire consacré à l’alimentation inférieur ou égal à 30 euros. La crise sanitaire a aggravé l’insécurité alimentaire de ces ménages (hausse des prix, diminution du budget). Un dispositif de suivi de l’IA devrait permettre de mieux anticiper les conséquences des crises futures.

Composition des familles, score de consommation alimentaire (FCS), indice simplifié des stratégies d’adaptation (rCSI), budget alimentaire par semaine associé à une faim sévère des ménages (juillet 2020)

Guyane.jpg

Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Santé publique France)

Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Santé publique France)

Viande artificielle et environnement

L'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a publié fin octobre 2020 quatre notes d'information sur les impacts environnementaux potentiels de quatre innovations technologiques émergentes. L'une d'entre elles porte sur la viande artificielle. Cette innovation est généralement présentée comme une réponse écologique à la forte augmentation de la consommation de viande attendue d'ici à 2050 à l'échelle mondiale (+73 % selon la FAO). Si des bénéfices en matière de santé et de bien-être animal pourraient en découler, des impacts négatifs sur l'emploi agricole et les écosystèmes des zones rurales sont à attendre, par exemple, à cause d'une diminution des pâturages d'estive. Outre l'incertitude pesant sur les achats par les consommateurs, des réserves scientifiques sont émises sur les réels impacts environnementaux d'une technologie dont les processus de production sont encore au stade de développement. Seules des évaluations systémiques et des programmes publics dédiés, le cas échéant, permettront d'en maîtriser les futures conséquences.

Source : Agence européenne de l'environnement

Covid-19 et comportements alimentaires : enquête européenne

L'EIT Food a publié, le 3 décembre 2020, les résultats d'une enquête conduite par l'université d'Aarhus sur les conséquences de la crise du Covid-19 sur les comportements alimentaires. L'analyse des réponses des 5 000 personnes interrogées, dans 10 pays européens, met en évidence des changements communs. Les achats en ligne et de produits en vrac ont augmenté, et les enquêtés déclarent avoir porté une attention plus forte à l'origine locale, aux emballages, à la fraîcheur et à la présence d'additifs. Ils indiquent aussi avoir accru les temps de cuisine et de prise de repas. Ces inflexions sont plus marquées dans les pays du sud de l'Europe et les 18-35 ans ont connu des changements d'habitudes plus importants. Les enquêtés déclarent également que plusieurs tendances devraient rester prégnantes à l'avenir, parmi lesquelles l'attention portée à l'accessibilité des commerces (proximité) et des denrées (prix), et aux aspects nutritionnels (denrées « saines », contrôle du poids corporel).

Changements de consommation alimentaire pendant la pandémie de Covid-19

enquête européenne.jpg

Source : EIT

Source : European Institute of Innovation and Technology