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11/03/2021

L'acceptabilité des pesticides et des OGM par les consommateurs suisses en question

Dans un article de la revue Food Quality and Preference, des chercheurs de l'université de Zurich se sont intéressés à la perception, par les consommateurs, de différents modes de protection des cultures et ont comparé leur niveau d'acceptation. La diminution de l'usage des pesticides est une orientation forte des politiques agricoles, en écho aux inquiétudes de la société quant à leurs effets néfastes sur l'environnement et la santé. Cette réduction peut passer par des techniques issues de la biotechnologie, telles que le génie génétique, qui améliorent la résistance des plantes. Mais une alimentation provenant d'organismes génétiquement modifiés (OGM) est également mal perçue par les consommateurs, car considérée comme non naturelle.

Dans cette étude, 643 participants (Suisses allemands) ont été répartis en 4 groupes, distincts par le mode de protection présenté : pesticides de synthèse, pesticides naturels, transfert de gènes entre plantes d'une même espèce (cisgenèse), modification de gènes. Chaque personne, selon son groupe, a reçu des textes expliquant le traitement appliqué à un plant de pomme de terre pour lutter contre une maladie fongique. Des questions, posées avant et après la présentation des modes de traitement, visaient à mesurer leur niveau d'acceptation et la perception par les participants de la naturalité de la pomme de terre ainsi traitée.

À l’issue de l'analyse statistique des réponses (figure ci-dessous), les auteurs remarquent chez les participants, quel que soit leur groupe, une baisse significative de la perception de la naturalité de la pomme de terre après que celle-ci ait été traitée. D'autre part, cette perception détermine le niveau d'acceptation d'un mode de traitement. Ainsi, la cisgenèse a été perçue comme le mode le plus acceptable, les participants considérant qu'elle consistait à reproduire un processus « naturel », pouvant aussi résulter de la sélection variétale.

Cette étude permet de mieux comprendre les facteurs influençant la perception par le consommateur de modes de protection des cultures, mais les résultats sur leur acceptation doivent être nuancés car ils dépendent fortement de la comparabilité des informations présentées aux différents groupes (clarté, exhaustivité, objectivité).

Significativité des différences entre les réponses obtenues selon le mode de traitement de protection de culture présenté (analyse de la variance)

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Source : Food Quality and Preference

Lecture : les participants du groupe « Transfert de gènes » (gene transfer) ont attribué une note moyenne de 68,9 sur 100 pour l'acceptation de ce mode de traitement. Cette note est significativement plus élevée que celles des groupes « Pesticides naturels » (natural pesticides), « Modification de gènes » (gene editing) et « Pesticides de synthèse » (synthetic pesticides), qui ne présentaient pas de différence significative entre eux sur la note moyenne d'acceptation obtenue.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Food Quality and Preference

19/01/2021

Numérique et bien-être des animaux d’élevage

Lors d’un séminaire organisé en décembre 2020, la chaire AgroTIC traitait deux domaines d’actualité : l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) en élevage, et le bien-être animal (BEA). Une douzaine d’interventions ont permis, au-delà d’un panorama des nombreux outils existants, de voir si la relation entre TIC et bien-être était toujours positive et bénéfique tant pour l’éleveur que pour l’animal, dans une perspective One Welfare. Les présentations étaient regroupées en 3 sessions : la première relative à l'évaluation du BEA, depuis la mesure des paramètres jusqu'à l’aide à la décision ; la deuxième associant le bien-être animal et celui de l’éleveur ; la dernière traitant des questions de société. Revenons ici sur deux de ces interventions.

L’utilisation des outils numériques en élevage présente plusieurs défis, selon Michel Marcon, de l’Institut du porc (IFIP). Le premier est économique : le consommateur est de plus en plus sensible au BEA, mais il n’accepte de payer davantage que de façon limitée ; quant à l’éleveur, son utilisation du numérique doit conduire à une réduction des frais et des médicaments vétérinaires par une détection précoce des problèmes de santé. Ces outils peuvent aussi être une source de revenu supplémentaire par une amélioration des performances ou une meilleure traçabilité du cahier des charges d’un label. Un deuxième défi tient à l'accessibilité et à la connectique, le rural étant parfois mal raccordé (figure ci-dessous). L'éleveur doit également choisir une solution robuste, adaptée à des contraintes techniques (insectes sur les caméras, humidité, etc.), non spécifique de l'endroit pour lequel l’outil a été choisi (installation dans des bâtiments différents).

Couverture en fibre des zones rurales de l’ouest de la France fin 2019

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Source : Arcep

Pour Nathalie Hostiou (INRAE), le numérique a divers impacts sur le métier d’éleveur. D'abord, la réduction du temps de travail n’est pas aussi importante qu'espérée, l’automatisation permettant plutôt une redistribution du travail dans la journée et une flexibilité des horaires. En matière de charge mentale, le numérique peut devenir un « fil à la patte » avec des alertes jour et nuit. Il induit par ailleurs de nouvelles relations humain-animal avec une distanciation (moins de contacts directs), mais aussi une meilleure connaissance individuelle des animaux. Enfin, l’autonomie dans le travail peut être remise en question avec une forte dépendance aux services, une dépossession des paramètres déterminants pour la gestion de l’élevage et des décisions qui leur sont liées.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : chaire AgroTIC

05/09/2017

Les consommateurs prêts à payer plus cher pour une rémunération juste des salariés agricoles

Les consommateurs sont-ils prêts à payer leur alimentation plus chère afin de garantir de bonnes conditions de travail aux salariés agricoles ? C'est la question à laquelle une équipe de chercheurs grecs et américains s'est intéressée dans un article publié dans le numéro de juillet de la revue European Review of Agricultural Economics. Les auteurs ont utilisé la méthode de l'évaluation contingente, afin d'évaluer le consentement à payer des consommateurs pour des fraises qui bénéficieraient d'une certification garantissant des conditions de travail justes (ou tout simplement en règle, comme un salaire minimum, un nombre d'heures de travail limité ou des congés maladie) pour les travailleurs agricoles.

Ils trouvent que les consommateurs grecs sont prêts à payer une prime d'au moins 0,53 € / 500 g pour des fraises produites avec ce type de certification. Ces résultats soulignent la forte asymétrie d'information qui existe sur ce sujet entre les consommateurs et les producteurs. Des modèles de certification innovants pourraient être développés afin de valoriser les produits issus d'exploitations protégeant les droits des travailleurs, et ainsi inciter les exploitants à garantir des conditions de travail correctes.

Source : European Review of Agricultural Economics

17/04/2017

Une expérience en économie explore les préférences des consommateurs italiens pour les produits locaux

Deux chercheurs italiens ont publié dans l'édition d'avril 2017 de l'European Review of Agricultural Economics les résultats d'une expérience de terrain originale, analysant la préférence des consommateurs italiens pour les produits locaux.

L'article part d'un bilan de la littérature sur la préférence des consommateurs pour les produits locaux, en rappelant qu'il n'existe toujours pas de définition stabilisée de ce terme. Comme il est souligné, l'essentiel des recherches porte sur des produits frais de proximité aux États-Unis et elles concluent que l'attrait des consommateurs repose sur le soutien de communautés locales et la perception d'une qualité organoleptique ou de bénéfices environnementaux supérieurs. Ces résultats proviennent d'enquêtes ou d'expériences contrôlées dans lesquelles les individus, se sachant observés, tendent à répondre ou à agir de la façon qu'ils considèrent la plus « socialement acceptable » pour l'observateur.

L'originalité du travail présenté ici repose sur la construction d'une « expérience de terrain naturelle », méthode qui consiste à manipuler l'environnement de personnes ignorant participer à une expérience. En pratique, les chercheurs ont modifié l'information sur les menus d'un restaurant familial de glaces, situé dans un village italien et proposant des produits locaux (moins de 50 km) ou non. Un tiers des consommateurs a eu accès à la simple liste des parfums de glace ; un tiers à la quantification de leurs émissions de gaz à effet de serre ; et un tiers à de l'information sur le terroir des produits. 9 865 commandes ont été analysées par des techniques économiques et économétriques permettant d'isoler les effets « locaux » des autres propriétés des produits (goût, prix, etc.), en tenant compte de l'hétérogénéité des consommateurs.

Les chercheurs montrent ainsi que la préférence d'achat est supérieure lorsque le « terroir » est reconnu par une indication géographique. Par ailleurs, les hommes ont un consentement à payer plus élevé pour ces produits lorsqu'ils sont en présence d'enfants ou d'un grand nombre de personnes, témoignant de l'existence d'un effet de pression sociale. Les femmes sont, quant à elles, plus sensibles à l'information carbone. Selon les auteurs, ajouter cette information sur les produits locaux pourrait ainsi augmenter leur achat par ces consommatrices.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : European Review of Agricultural Economics

16:33 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : produits locaux, préférences, consommateurs, italie |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/12/2016

Colloque « ''Tais-toi et mange !'' : restaurer la confiance face aux inquiétudes et mouvements anti »

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Le 22 novembre, l'Observatoire Cniel des Habitudes Alimentaires (Ocha) organisait, en partenariat avec l'association Stratégie et communication collectives, un colloque consacré aux inquiétudes des consommateurs et à la confiance. À cette occasion, J.-P. Poulain a présenté les résultats de l'étude « Inquiétudes », conduite par l'Ocha, l'université de Toulouse et le Crédoc. Menée en population générale et portant sur des familles de produits, cette étude s'est intéressée aux inquiétudes des individus, le terme « inquiétude » ayant été préféré à celui de « risque », trop resserré sur la problématique sanitaire. Intervenant après deux enquêtes réalisées en 2009-2010 et 2013, les résultats décrivent des évolutions intéressantes, parmi lesquelles :

- une diminution légère des inquiétudes en 2016, alors qu'elles croissaient précédemment ;

- une évolution de leur champ : augmentation des inquiétudes concernant l'utilisation de la chimie et des biotechnologies dans les productions ; croissance également pour la présence d'additifs et conservateurs et la composition des produits transformés ; extension des préoccupations sur le bien-être animal à tous les produits d'origine animale (et plus uniquement pour les produits carnés). Au-delà de ces résultats, pour J.-P. Poulain, il apparaît nécessaire de reconsidérer les inquiétudes comme légitimes, constantes, et donc de travailler les réponses à y apporter et reformuler le dialogue entre les acteurs de la filière, les consommateurs et les autres parties prenantes de l'arène sociale.

Ce colloque comportait aussi plusieurs tables rondes et conférences. On peut notamment retenir l'intervention de J. Raude (EHESP, IRD), intitulée « La santé publique à l'épreuve des processus d'autonomisation individuelle : regards croisés sur l'alimentation et la vaccination », anti-vaccination et lactophobie étant des mouvements proches en France. J. Raude a en particulier mis en avant plusieurs évolutions intéressantes : diminution forte de la culture scientifique de la population depuis une vingtaine d'années, persistance de théories médicales naïves, construction de la représentation des risques à travers les réseaux sociaux (bulles cognitives) et l'exposition à l'information médiatique. La transformation du « marché » de l'information est ainsi un point important : diminution des filtres, du contrôle de la qualité ; baisse de la confiance dans les acteurs institutionnels ; basculement « quasi-générationnel », une part très importante des jeunes faisant confiance aux informations en ligne.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : OCHA

13:01 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : ocha, inquiétudes, communication, risques, consommateurs |  Imprimer | | | | |  Facebook