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16/12/2020

Limites maximales de résidus et commerce international

Des chercheurs européens ont publié dans l'European review of agricultural economics un article étudiant les conséquences des différences de réglementation entre pays sur le commerce international, les prix et la montée en gamme des produits agricoles et agroalimentaires.

Constatant les manques de la littérature sur le sujet, les auteurs ont choisi d'aborder ce sujet en privilégiant les limites maximales de résidus (LMR) de produits phytosanitaires dans les denrées alimentaires. Les LMR permettent une approche par produit, donc très spécifique. De plus, en tant que mesure de sécurité sanitaire de l'alimentation appliquée dans tous les pays, ces limites sont faciles à comparer et leur caractère chiffré est un bon moyen de classer les pays selon leur niveau de sévérité en la matière. À titre d'illustration, le tableau ci-dessous montre qu'un citrus avec un résidu de 8 ppm est considéré comme de haute qualité aux États-Unis, au Canada et par le Codex alimentarius, tandis qu'il est jugé de mauvaise qualité dans l'Union européenne, au Japon et au Vietnam. Les chercheurs ont ainsi étudié les divergences de réglementation en matière de LMR dans 59 pays et pour 145 produits agroalimentaires, sur la période 2005-2014.

Comparaison des LMR de substances actives phytosanitaires sur une sélection de produits en 2014, par pays

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Source : European review of agricultural economics

Ils rappellent que les différences de LMR entre pays sont à l'origine d'une hétérogénéité des contraintes pesant sur les modes de production : les limites les plus restrictives (les plus basses) nécessitent des techniques de culture plus avancées, elles reposent sur un effort de recherche et d'innovation, demandent des contrôles plus fins et sont donc plus coûteuses pour les chaînes de production. Ces dernières sont amenées, pour valoriser leur performance technique, à rechercher des débouchés à l'export parmi les plus contraignants.

Les chercheurs montrent que les différences de réglementation entre pays freinent le commerce international, en limitant le nombre, la variété et la valeur des biens échangés, et en faisant monter les prix : cela suggère que les coûts de production élevés, pour viser un débouché exigeant en matière de LMR, se répercutent sur le consommateur final. Les auteurs montrent aussi que des LMR exigeantes améliorent globalement mais peu la qualité des produits importés, et augmentent significativement les prix à qualité équivalente, possiblement en raison de la réduction de la concurrence. Enfin, ils indiquent que ces effets négatifs sont les plus forts pour les échanges des pays du Sud vers les pays du Nord.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : European review of agricultural economics

Quelle PAC pour une production agricole préservant les ressources naturelles ?

Des chercheurs d'INRAE et d'AgroParisTech ont mené, pour le compte du Parlement européen, des recherches sur l'adéquation de la Politique agricole commune (PAC) avec les objectifs du Pacte vert pour l'Europe (Green Deal). Adopté en 2019, celui-ci a pour objectif de faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre en 2050, mais il porte, au-delà des enjeux climatiques, sur l'ensemble des questions environnementales relatives à une croissance européenne durable. Le rapport de recherche reprend les objectifs quantitatifs du Pacte concernant l'agriculture et l'alimentation, concernant les enjeux climatiques, environnementaux et de santé. Il analyse ensuite la situation actuelle et les tendances à l'œuvre, au vu de ces objectifs, et estime les changements nécessaires dans les secteurs agricole et agroalimentaire pour les atteindre. Partant des évolutions requises, les auteurs traitent ensuite du rôle de la PAC pour les soutenir et accompagner.

Ainsi, par exemple, les excédents azotés bruts du secteur agricole de l'UE-27 seraient, à moyen terme, en hausse. Les projections tendancielles à 2030 sont donc très éloignées des objectifs à atteindre pour une croissance durable (réduction de 50 % des excédents), et elles nécessitent des changements profonds de l'appareil productif. Il en est de même pour les émissions de gaz à effet de serre.

Bilans azotés bruts du secteur agricole (UE-27) : excédents annuels, tendances et objectifs

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Source : Parlement européen

Lecture : les barres bleues figurent les excédents azotés bruts observés pour l'UE-27, le point rouge la prolongation de tendance à 2030 et la barre grise l'objectif de réduction de 50 %, entériné par le Pacte vert.

Les auteurs montrent que les pratiques actuelles sont loin de pouvoir répondre aux ambitions et aux objectifs chiffrés du Pacte vert. Leur optimisation, par exemple au moyen de l'agriculture de précision, ne permet pas non plus de répondre aux défis. Il serait alors nécessaire que la PAC soutienne une reconception profonde des agro-écosystèmes dans une perspective agro-écologique. Pour cela, les auteurs estiment indispensable d'appliquer strictement le principe du pollueur-payeur dans la PAC post-2020, notamment par un renforcement de la conditionnalité et des dispositifs environnementaux. Au-delà de ce renforcement de la dimension environnementale, ils proposent l'élargissement de la PAC à une politique alimentaire globale soutenant le changement des régimes nutritionnels, permettant ainsi la convergence des objectifs de santé publique et de durabilité.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

Audit de la Cour des comptes européenne sur la protection du milieu marin

En écho à l'engagement de l'Union européenne en faveur de la protection des espèces et milieux marins (ex. Objectifs de développement durable des Nations unies), figurant dans plusieurs accords internationaux, la Cour des comptes européenne a publié en novembre 2020 un rapport sur les politiques de l’Union dédiées, en y incluant la Politique commune de la pêche (PCP). L'audit a examiné la construction du cadre réglementaire et sa bonne application dans les États membres. La Cour a aussi vérifié si l'état des stocks méditerranéens et atlantiques s'était amélioré et si les fonds européens avaient été mobilisés pour atteindre les objectifs de conservation, sur la période 2008-2020 et sur une zone géographique précise (Espagne, France, Italie et Portugal ; carte ci-dessous).

Zone maritime concernée par l'audit de la Cour des comptes européenne sur les politiques de protection des milieux marins

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Source : Cour des comptes européenne

L'audit montre que les zones marines instaurées par les États membres n'atteignent globalement pas leurs objectifs de protection. Une des raisons de cet échec est que la plupart d'entre elles restreignent peu la pêche : sur les 21 zones contrôlées, 9 imposent peu voire aucune restriction, 9 en imposent certaines (autorisation de pêche, interdiction de certains engins, pêche interdite dans quelques endroits) et 3 interdisent la pêche sur la plus grande partie du périmètre.

Malgré des progrès observés dans l'océan Atlantique, les objectifs de durabilité concernant l'état biologique des stocks ne sont pas atteints en 2020, année-cible. En Méditerranée, l'activité de pêche était encore deux fois supérieure aux niveaux jugés comme durables en 2019. Le rapport souligne, de plus, le manque des données nécessaires au suivi des stocks européens, pour plus de la moitié d'entre eux. Par ailleurs, un frein à la protection des stocks est la difficulté, pour un État membre, d’imposer des restrictions de pêche aux flottes étrangères, européennes ou non.

Les auditeurs conseillent de renforcer les mesures de protection en Méditerranée, de développer l'utilisation des fonds européens dans un objectif de conservation des milieux marins (figure ci-dessous), et de recenser les modifications réglementaires et administratives qui permettraient d'améliorer l'atteinte des objectifs fixés. Il s'agirait de faciliter une application plus rapide des mesures de conservation de la PCP et d'étendre la protection à davantage d'habitats et d'espèces.

Ventilation du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) par objectifs : 6 % sont dédiés aux mesures de conservation des espèces marines et de leurs milieux

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Source : Cour des comptes européenne

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Cour des comptes européenne

15/12/2020

Le pire n'est pas certain. Essai sur l'aveuglement catastrophiste, Catherine et Raphaël Larrère

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Aujourd'hui, sur dix livres qui parlent de l'avenir, sept ou huit sont négatifs et catastrophistes. À contre-courant de ce flux éditorial, l'ouvrage de C. et R. Larrère démonte les ressorts de la collapsologie, critique ses présupposés et montre que le pire n'est pas toujours à craindre. Les auteurs ne nient pas l'érosion de la biodiversité ou les conséquences dramatiques du changement climatique, mais ils déplorent les conclusions apocalyptiques qui en sont tirées.

Selon eux, la collapsologie se présente comme une nouvelle science accumulant théories et données, comme un savoir rigoureux sur les processus d'effondrement, alors qu'elle n'est qu'un agencement de tendances, d'intuitions, de critères moraux et de représentations du monde. Il s'agit d'un récit téléologique et finaliste, forgé par et pour les classes moyennes occidentales, postulant l'inévitable fin du monde et l'absence d'alternatives crédibles.

En second lieu, les raisonnements des collapsologues comportent une contradiction fondamentale. D'un côté ils décrivent la Terre comme un système hyper-complexe totalement imprévisible, fait de causalités multifactorielles, de rétroactions et de seuils d'emballement. D'un autre côté ils nient cette indétermination et n'envisagent qu'un seul scénario, celui de la chute irrémédiable, et font comme si toutes les interactions en chaîne étaient écrites à l'avance.

Les auteurs accusent aussi les théoriciens de l'Anthropocène de n'avoir qu'une vision mondiale et globale du futur, comme si tous les phénomènes allaient se dérouler à l'échelle planétaire, dans une sorte de dérègement général. Au contraire, leur analyse de l'histoire des crises environnementales les amène à penser qu'elles sont toujours limitées, localisées, ne débouchant que sur des contagions partielles et temporaires.

Plus significatif encore, la surenchère décliniste produit de la sidération et de l'éblouissement, elle noie ce qu'elle montre dans une grande sorgue qui aveugle. Au lieu d'encourager l'élaboration de projets collectifs et de favoriser le passage à l'action, elle étouffe les volontés sous le poids du destin. Catherine et Raphaël Larrère dénoncent cette innocuité politique, cette impuissance pratique, et appellent à une réflexion empirique sur les besoins humains futurs. La catastrophe sera évitable à condition de politiser l'écologie et de la protéger des prophètes de malheur et de leurs peurs inutiles.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : éditions Premier Parallèle

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Histoire du sucre, histoire du monde, James Walvin

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L’universitaire britannique James Walvin rencontre l’histoire et l’économie du sucre en 1967, à la Jamaïque, dans le cadre de l’étude d’une plantation locale. Ce compagnonnage aboutit à un ouvrage de référence, traduit en 2020 en français, qui s’inscrit dans l’histoire de l’économie, des cultures et des modes de vie.

Découpé en 16 chapitres, le livre revient tout d’abord sur la naissance et la diffusion de la production de sucre. Celui-ci a, dans un premier temps, circulé sous la forme de miel dans le sillage de l’expansion des empires grec, romain, islamique et ottoman. Puis la production sucrière change d’échelle à la faveur des explorations maritimes des Européens, amorcées au XVe siècle. Développée au départ dans les îles de l’Atlantique, elle se déplace vers les Amériques après que les Portugais eussent organisé le premier déplacement massif d’esclaves, de Luanda vers les champs de canne du Nouveau monde. Les colons français et britanniques s’inspirent des pratiques agricoles des pionniers du Brésil et, en 1770, la Jamaïque et surtout Saint-Domingue, la Martinique et la Guadeloupe deviennent le centre mondial de la production sucrière. Les femmes et les hommes, assignés au travail éreintant de la coupe, sont broyés ; les terres sont découpées, entourées de murs et de fossés tandis que les forêts, brûlées, cèdent la place aux parcelles et routes. Des chapitres suivants, qui analysent la consommation du sucre et de ses sous-produits, on retiendra la formation du binôme sucre-boisson chaude ainsi que l'affirmation, au XVIIe siècle, de la distinction du sucré et du salé, comme du dessert « à la française ». La mélasse agrémente, elle, la cuisine populaire ; le rhum s’exporte vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Les chapitres 9, 10, 11 et 12 montrent le basculement des lieux de pouvoir de l’industrie du sucre, de l’Europe vers les États-Unis. À partir de 1789, la production de Saint-Domingue s’effondre du fait des soulèvements d’esclaves, élément qui favorise le recours au sucre de betterave en Europe. Simultanément, les transformations de l’économie nord-américaine (constitution de trusts comme l'American sugar refining company) combinées à la mécanisation, participent outre-Atlantique à la formation de géants de l’agroalimentaire. L’ouvrage revient enfin sur les conséquences sanitaires de la consommation de sucre ainsi que sur les luttes acharnées entre industriels et acteurs de santé autour de sa taxation, par exemple.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : La Découverte

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#esaconnect 2020 : réseaux sociaux, outils d’intermédiation et apprentissages

Cette année, les Rendez-vous de l'agriculture connectée, organisés par la chaire Mutations agricoles de l’École supérieure d’agricultures (ESA) d'Angers, étaient consacrés à la façon dont internet et les réseaux sociaux transforment les modalités de débat sur et dans l’agriculture. Qui intervient dans ces espaces en ligne et assiste-t-on à une diversification des profils ? Comment le numérique renouvelle-t-il les formes d'expression, tant personnelles que politiques ? Leur dynamique permet-elle un décloisonnement des savoirs, ou ces espaces contribuent-ils, au contraire, à l'éclatement des référentiels techniques, à la formation de « bulles » et de nouveaux entre-soi professionnels ? Que sait-on de la réception et de la portée de ces débats sur l'image des agriculteurs ? Ces questions ont été discutées dans quatre conférences et deux tables rondes.

Dans la conférence introductive, B. Thareau (ESA d'Angers) rappelle que l'agriculture française, principalement organisée dans le cadre de la famille, s'est dotée de nombreux collectifs pour « produire des connaissances » (groupes de développement), « coopérer » (organisations de producteurs) et « représenter » (syndicats). Les réseaux sociaux ont contribué à réorganiser, mais aussi à conforter, ces trois « fonctions sociales », en créant de nouvelles intermédiations : espaces de dialogue en groupes sur Whatsapp ou Facebook, pour la production de connaissances et l'échange d'informations entre pairs ; blogs et micro-blogging (comme sur Twitter) s'agissant de la (re)présentation du métier ; plates-formes et sites spécifiques de mise en relation, pour la « coopération physique hors média ».

En complément de trois présentations s'intéressant aux évolutions générales (communication politique en ligne, mesures d'opinion, transformations du travail), deux riches discussions abordent ces nouvelles pratiques. L'une porte sur les chaînes vidéo d'« agriyoutubeurs » comme celle d'Étienne Fourmont. L'autre s'intéresse à la circulation des connaissances au sein du monde agricole, et souligne le rôle des vidéos pédagogiques et des « tutos » en ligne, pour la formation initiale et pendant la phase d'installation, comme celles de Ver de Terre productions.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Chaire Mutations agricoles - ESA d'Angers

14/12/2020

Les motivations des agriculteurs britanniques lors du vote sur le Brexit

Dans un article récemment publié dans le Journal of Rural Studies, des chercheurs britanniques ont analysé les raisons pour lesquelles des agriculteurs ont voté en faveur du Brexit : la peur de perdre le contrôle de son exploitation, compte tenu des réglementations européennes, en est la principale motivation.

Les auteurs se sont appuyés sur la théorie des comportements planifiés, selon laquelle la majorité des décisions seraient influencées, en amont, par la perception individuelle de la désirabilité du comportement et de ses conséquences, de l'opinion des proches (normes sociales) et de la capacité à mettre en œuvre le comportement en question. Afin de quantifier le poids de chacun de ces facteurs dans la prise de décision finale, les auteurs ont administré un questionnaire fermé mesurant, sur des échelles de Likert, le positionnement des agriculteurs par rapport à différentes assertions. Grâce à la méthode dite de la « boule de neige », comptant sur une diffusion du questionnaire de proche en proche pour toucher de façon homogène l'ensemble du territoire, ils ont recueilli 523 réponses.

Ils ont ensuite estimé le poids de chacun des ensembles de facteurs dans le vote final, pour faire apparaître les corrélations, en ayant au préalable regroupé les agriculteurs par types. Il apparaît que les agriculteurs gérant les plus grandes exploitations, les hommes et les individus ayant le plus faible niveau d'études ont eu une plus grande propension à voter en faveur du Brexit.

Les estimations du modèle ont permis de mesurer l'importance des perceptions, par les agriculteurs, de la réglementation européenne, de leurs attitudes envers l'UE et de leur capacité à contrôler les facteurs ayant un impact sur les performances de l'exploitation. Les auteurs ont aussi identifié l'image que les exploitants ont d'eux-mêmes et de leur rôle social. L'idée d'autonomie, qui se rattache au statut d'indépendant, y est centrale, alors même que les politiques agricole et alimentaire, très normatives, apparaissent comme une contrainte. Ainsi, ceux qui ont voté en faveur du Brexit avaient avant tout le sentiment de pouvoir retrouver des marges de manœuvre dans la conduite de leur exploitation.

Modèle comportemental de la décision de vote des agriculteurs en faveur du Brexit

brexit.jpgSource : Journal of Rural Studies

Lecture : les coefficients issus des estimations indiquent l'importance et le sens de la relation.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Rural Studies

Une accumulation de résidus de pesticides dans les sols et les vers de terre au-delà des concentrations prévisionnelles

Des chercheurs d’INRAE et du CNRS ont mesuré l'accumulation de résidus de pesticides dans les sols et vers de terre, au sein d'habitats traités et non traités (au moins depuis 3 ans) d'un paysage d'agriculture intensive. Leurs résultats ont été publiés récemment dans Agriculture, Ecosystems & Environment. 180 échantillons de sols et 155 vers de terre ont été analysés, après avoir été prélevés au printemps 2016 dans des champs cultivés, des prairies, et des haies ou bosquets de 60 sites d'1 km² situés dans la « Zone Atelier » Plaine & Val de Sèvre (département des Deux-Sèvres). 9 insecticides, 10 fongicides et 12 herbicides ont été recherchés.

Sur ces 31 pesticides (représentant seulement la moitié de ceux utilisés dans l'aire sélectionnée), 27 ont été détectés dans les sols. La totalité des sols, traités ou non traités, contenaient au moins un pesticide, et 83 % en comprenaient cinq ou plus (figure), alors même que la plupart d’entre eux sont considérés comme modérément ou peu persistants dans l'environnement. Bien que la concentration et le nombre de pesticides soient plus importants dans les sols des habitats traités, les habitats non traités n'en étaient donc pas exempts. Ainsi, une moyenne de 6 pesticides a été retrouvée dans les sols des champs cultivés en agriculture biologique depuis au moins 3 ans. Ces résultats interrogent sur la possibilité, pour la faune bénéfique au secteur agricole, de trouver refuge au sein d'habitats non traités, et sur la résilience des agrosystèmes.

Pourcentage d'échantillons de sols ou de vers contenant 1 à 19 pesticides

concentration prévisionnelle .jpg

Source : Agriculture, Ecosystems and Environment

Chez les vers de terre, 18 pesticides ont été retrouvés. 92 % des individus en contenaient au moins un et 34 % cinq ou plus (figure ci-dessus), alors que la bioaccumulation dans ces organismes est peu observée en conditions de laboratoire. Certaines concentrations mesurées dépassent les seuils de toxicité, ce qui soulève aussi le problème d'une possible transmission du risque aux organismes prédateurs (sans même considérer les potentiels « effets cocktail » ou de l'exposition à long terme).

Les « concentrations environnementales prévisionnelles », méthode répandue pour prédire les risques encourus par la faune du sol après application de pesticides, posent ainsi question pour les scientifiques, car elles sont inférieures aux concentrations mesurées pour plusieurs herbicides, fongicides et insecticides, y compris dans les habitats non traités. Les auteurs appellent à mener de plus amples recherches sur l'accumulation en conditions réelles et sur les risques associés.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Agriculture, Ecosystems and Environment

09:32 Publié dans Agronomie, Environnement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : pesticides, paysages, vers de terre |  Imprimer | | | | |  Facebook

Planter des haies est la mesure de compensation écologique permettant d'abriter le plus de biodiversité en Champagne-Ardenne

La compensation écologique vise à équilibrer les pertes de biodiversité induites par des aménagements (ex. : fermes éoliennes), en évitant ou réduisant ces pertes, ou, en dernier ressort, en générant des gains équivalents dans d'autres espaces. En pratique, cela nécessite de pouvoir comparer des pertes et des gains de biodiversité, ce qui reste encore très difficile. Dans un article publié en novembre dans la revue Land Use Policy, des chercheurs français proposent une méthode pour calculer les niveaux de biodiversité de différents types de mesures agricoles de compensation.

Pour ce faire, ils créent un indicateur synthétique mesurant la différence d'abondance de communautés d'oiseaux (nicheurs, rapaces) et de chauves-souris, en Champagne-Ardenne entre différents usages des sols. Sont comparés plusieurs usages utilisés pour la compensation (jachères, haies, bandes enherbées, arbustes et bandes enherbées avec buissons) et l'usage agricole, qui constitue le scénario de référence. Leurs estimations reposent sur trois scénarios affectant des poids différents aux espèces selon leur vulnérabilité et leur intérêt pour les acteurs locaux : toutes les espèces ont le même poids dans le scénario 1, les espèces impactées négativement par les éoliennes comptent double dans le scénario 2 et les espèces d'intérêt (espèces de milieux agricoles notamment) comptent double dans le scénario 3.

Dans les trois scénarios, ce sont les haies qui produisent le plus de biodiversité, devant les bandes enherbées et les jachères (cf. tableau ci-dessous). Les bandes enherbées avec buissons obtiennent un score faible, ne permettant pas d'attirer les oiseaux nichant dans les haies et repoussant ceux nichant au niveau du sol. L'étude suggère donc que la mesure la plus efficace, pour compenser les pertes de biodiversité en Champagne-Ardenne, est de planter des haies. Cependant, les auteurs rappellent que les coûts d'opportunité et de mise en œuvre pour les agriculteurs, non abordés dans cet article, doivent être pris en compte dans le choix des mesures à adopter.

Niveau de biodiversité pour 1 ha d'usage des terres ou pour un buisson (a) et surface équivalente à 1 ha de jachères en matière de biodiversité, selon le poids accordé aux différentes espèces (b)

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Source : Land Use Policy

Lecture : les cinq premières lignes (a) indiquent le niveau de biodiversité associé à 1 ha de jachères (fallow), de haies (hedgerow), de bandes enherbées (grass strip), de bandes enherbées avec buissons (grass strip with bushes) et de buissons (bushes). Les cinq lignes suivantes (b) mentionnent la surface nécessaire, pour chaque type d'usage du sol, pour atteindre le même niveau de biodiversité que sur un hectare de jachères.

Les auteurs soulignent l'intérêt de cette méthode, qui prend en compte les objectifs des acteurs locaux via l'affectation de poids différenciés selon les espèces. Par ailleurs, les résultats de cette étude pourraient éclairer utilement le débat en cours sur la prochaine PAC et sa compatibilité avec les objectifs de la stratégie européenne pour la biodiversité, en particulier celui visant à dédier 10 % de la surface agricole à des particularités topographiques à haute diversité biologique.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

09:31 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : compensation écologique, biodiversité, haies, agronomie |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/12/2020

Des inégalités foncières au cœur des inégalités sociétales

L'International Land Coalition (ILC) publie un rapport de synthèse sur les inégalités foncières dans le monde. Il présente les principaux résultats de 17 études menées dans le cadre d'un vaste partenariat international auquel participe le Cirad. Ces inégalités sont à la fois causes et conséquences d'autres inégalités (sociales, économiques, politiques, environnementales ou territoriales). Pour les auteurs, lutter contre ces disparités foncières revient alors à s'attaquer aux grandes crises contemporaines (démocratique, climatique, sanitaire, migratoire, économique).

Les inégalités foncières et leurs liens avec d'autres formes d'inégalités et de crises mondiales

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Source : International Land Coalition

S’appuyant sur une revue de la littérature et sur les données existantes, le rapport donne à voir, dans les différentes régions du monde, les enjeux et mécanismes qui conduisent à l'accroissement de la concentration des terres agricoles, observé depuis 1980. Ainsi, selon un rapport de la FAO (Food and agriculture organization) de novembre 2019, 1 % des exploitations les plus importantes travaillent 70 % des terres agricoles de la planète.

Le rapport propose ensuite une analyse de ces inégalités foncières, à partir de données habituellement non prises en compte pour la mesurer. En effet, dans la littérature, la concentration des terres est souvent estimée à partir des recensements agricoles nationaux, via un indicateur statistique (coefficient de Gini) calculé uniquement à partir de la superficie des exploitations. Si celui-ci met en perspective, sur le long terme, les inégalités foncières entre les pays, il ne reflète qu’un certain niveau d'inégalités dans la répartition des surfaces des structures agricoles. Cet indicateur unidimensionnel ne prend pas en compte les multiples composantes de l'inégalité foncière comme, par exemple, la valeur des terres, la propriété multiple, les agriculteurs sans-terre, le contrôle réel de ces terres par les producteurs, etc. Les auteurs montrent pourtant qu'en prenant simplement en compte la valeur foncière, la propriété multiple et la privation de terres, l'inégalité foncière s'accroît de 41 % en moyenne par rapport à celle identifiée au moyen du coefficient de Gini. Ces travaux mettent également en évidence des différences régionales, comme l'illustre la figure ci-dessous.

Différences des niveaux d'inégalités mesurés par le coefficient de Gini habituel et prenant en compte 
le
s propriétés multiples de parcelles, la valeur des terrains et la population d'agriculteurs sans-terre

inegalités foncieres 2.jpg

Source : International Land Coalition

Lecture : en rose, niveau d'inégalité foncière selon le coefficient de Gini calculé à partir de la superficie des terres agricoles. En gris, l'inégalité foncière mesurée par la méthode développée par Bauluz et al. (2020) intégrant la propriété multiple de parcelles et la valeur foncière. En bleu foncé, la mesure précédente (barre grise) intégrant les agriculteurs sans-terre comme variable supplémentaire.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : International Land Coalition

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L'avenir de l'élevage européen et sa contribution à un secteur agricole durable

Une étude parue en octobre 2020 s'intéresse à l'avenir de l'élevage européen. La première partie présente la situation actuelle et les tendances à l’œuvre : place de l'élevage dans l'économie de l'Union européenne (UE), impacts sur l'environnement, bien-être animal, relation à la santé humaine. La deuxième partie analyse les facteurs de changement pour les années à venir. La troisième propose des solutions pour assurer un élevage durable.

L'élevage occupe une place importante dans l'économie agroalimentaire européenne, avec 70 milliards d'€ de produits animaux ou d'origine animale en 2017 (UE-28, 40 % de la production totale agricole) et des exportations qui augmentent depuis 2000. Il joue un rôle notable dans certains territoires en matière d'emploi et de culture (paysages, gastronomie). La nécessité de réduire les impacts environnementaux (gaz à effet de serre, pollution de l'eau, etc., cf. figure) et la baisse de la consommation de viande seront deux variables déterminantes de l'avenir de l'élevage européen. Les auteurs soulignent aussi ses contributions positives à l'environnement, notamment pour le stockage du carbone et la biodiversité grâce aux prairies permanentes : « 50 % des espèces d'oiseaux dépendent des prairies pour leur alimentation et leur reproduction ».

Intensités d'émissions moyennes de gaz à effet de serre liées à la consommation de 100 g ou de 100 kcal d'aliments

ElevageUE.jpg

Source : Commission européenne

Selon les auteurs, les substituts aux produits carnés (végétal, viande artificielle) ne devraient pas atteindre une masse critique à même de concurrencer significativement l'élevage à moyen terme (2030), car ils présentent des limites : produits encore en phase pré-commerciale, impacts incertains sur la santé (produits très transformés) et l'environnement, acceptation par les consommateurs, etc. Il conviendrait d'améliorer conjointement l'efficience environnementale et la compétitivité de l'élevage européen, plutôt que d'importer des produits animaux aux empreintes environnementales potentiellement plus fortes.

Le rapport propose à cet égard des pistes prometteuses : bioéconomie et bouclage des cycles, génétique et écologie microbienne, bien-être animal, etc. Il souligne l'importance de la diversité des systèmes d'élevage et de l'approche systémique : « les animaux sont essentiels parce qu'ils sont par nature des recycleurs, ce qui leur permet de contribuer à une agriculture plus efficace en utilisant la biomasse non comestible et en fournissant des engrais organiques ».

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

09:28 Publié dans 1. Prospective, Filières agricoles, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : elevage, filière, prospective, europe |  Imprimer | | | | |  Facebook

Économie de la filière équine : apports des Journées sciences et innovations équines

Les Journées sciences et innovations équines se sont déroulées le 17 novembre 2020. Cinq sessions ont exploré les thèmes suivants : bien-être et comportement ; pathologie, épidémiologie et gestion sanitaire ; sciences humaines, sociales et économie appliquées aux enjeux équins ; élevage et entretien des animaux ; activités équestres ou avec les équidés. Les 14 communications et les posters sont présentés sur le site de l'Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) sous la forme de courts articles. Retenons ici quelques éclairages économiques.

Tout d'abord, le Réseau Équin suit 128 exploitations (centres équestres, établissements de tourisme équestre, écuries de pensions), et associe diverses compétences (Institut de l’élevage, chambres d'agriculture, IFCE notamment) pour dégager des bonnes pratiques et mieux définir le poids socio-économique de la filière. Le Réseau prodigue des conseils aux exploitants pour améliorer leurs établissements, et aux porteurs de projets pour affiner leur stratégie d’installation ou de développement.

Le projet Equitourisme vise à connaître les motivations touristiques spécifiques des villes du cheval pour mieux structurer leur offre (Chantilly, Deauville, Saumur). Ces demandes s’inscrivent dans des cadres événementiel, culturel et expérientiel (équitation montée ou attelée). Plusieurs pistes d'amélioration sont identifiées : fédérer localement les acteurs du tourisme autour du cheval pour élaborer un « récit » ; au niveau national, pour les villes du cheval, échanger leurs bonnes pratiques et s'acheminer vers un label « Destination du Cheval ».

Enfin, si la consommation de viande est en baisse en France, la chute de l'hippophagie est encore plus brutale : cette viande représente 1 % des achats et les 2/3 des Français n'en consomment plus. Cette consommation est pratiquée à domicile (87,5 % des cas), par un profil d'homme ouvrier vivant dans le Bassin parisien ou le nord-est. Pour relancer cette filière, les auteurs proposent de faciliter les achats au-delà du réseau très restreint des boucheries chevalines, et de recourir à une viande d'origine française plutôt qu'importée.

Une communication intéressante concerne la filière du lait d’ânesse, peu étudiée. 60 éleveurs sont recensés, majoritairement en agriculture biologique. Avec un volume moyen annuel de 200 litres par ânesse, le lait est principalement utilisé dans des produits cosmétiques et d’hygiène (cf. figure). Un frein important au développement de la filière est la difficile valorisation économique des ânons mâles non commercialisés.

Devenir du lait d’ânesse produit dans les exploitations françaises

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Source : IFCE

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : IFCE

09:27 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : filière, cheval, tourisme, territoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/12/2020

Comprendre les systèmes alimentaires urbains : résultats du projet FRUGAL

Le « livret de recherche » synthétisant les résultats du projet FRUGAL a été mis en ligne fin octobre 2020. De 2016 à 2020, cette recherche-action a travaillé sur les caractéristiques et les évolutions des systèmes alimentaires de 11 aires urbaines françaises, localisées dans le Grand Ouest et en Rhône-Alpes. Ces travaux sont originaux à deux titres : tout d'abord par leur approche systémique, combinant analyse des flux et analyse des jeux d'acteurs ; ensuite pour leur effort de spatialisation des enjeux. Selon les auteurs, le projet FRUGAL apporte des contributions nouvelles en matière de méthode, de connaissances et d'élaboration de politiques publiques dédiées.

Le livret présente les principaux enseignements en quatre volets : flux alimentaires, systèmes d'acteurs, formes urbaines, approche globale des systèmes alimentaires urbains. Parmi les nombreux résultats, ressortent plusieurs facteurs clés jouant sur les flux : les spécificités de la population locale, le commerce de gros ou inter-entreprises, les approvisionnements des commerces de détail, des marchés de plein vent et des établissements de restauration collective. Par exemple, la part d'autoproduction légumière dans les consommations a été documentée, variant de 5 à 20 % selon les villes.

Les auteurs relèvent l'influence de l'histoire et de l'identité territoriales, construites sur le temps long. Ils identifient aussi des points communs aux zones étudiées : une amorce de dynamiques de transition par des réseaux pionniers, une mobilisation institutionnelle progressive, plus tardive et souvent orientée vers des questions environnementales et foncières, etc. Les collectivités territoriales sont aujourd'hui considérées comme des acteurs structurels, mais leur absence de stratégies d'implantation des commerces alimentaires est soulignée, induisant des inégalités spatiales d'accès. Par ailleurs, si le commerce alimentaire a fortement influencé les formes urbaines depuis le XIXe siècle, ce sont aujourd'hui les nouvelles mobilités et pratiques de consommation qui impactent cette offre commerciale et les modalités d'approvisionnement des commerçants, contribuant à un mouvement de reterritorialisation plus ou moins marqué.

Enfin, les auteurs proposent une approche globale des systèmes alimentaires urbains : 31 indicateurs ont été construits, permettant la description synthétique de systèmes complexes et une comparaison entre systèmes.

Résultats des indicateurs de la composante « Production » pour les aires urbaines d'Angers et Lorient

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Source : projet FRUGAL

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : projet FRUGAL

L'Institute for Agriculture & Trade Policy (IATP)

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Basé dans le Minnesota, en bordure de la Corn Belt, l'Institute for Agriculture & Trade Policy (IATP) est un think tank étasunien qui promeut une agriculture familiale, au bénéfice des communautés rurales et des écosystèmes. La particularité de l'IATP tient au fait qu'il produit ses propres recherches et analyses, mais veille aussi à défendre ses positions auprès des décideurs publics, au travers d'activités de plaidoyer.

À sa création à la fin des années 1980, l'IATP travaillait essentiellement sur les questions relatives à la libéralisation des échanges de produits agricoles. Les accords de libre-échange étaient alors perçus comme l'une des principales causes des difficultés rencontrées par les agriculteurs familiaux, aux États-Unis comme ailleurs dans le monde. Si cet intérêt pour les questions commerciales est toujours présent dans les travaux de l'institut, d'autres thématiques ont émergé depuis : changement climatique, « industrialisation » de l'agriculture en général et de l'élevage en particulier, agriculture biologique, circuits alimentaires de proximité, etc.

Parmi les publications récentes de l'IATP figure un rapport sur l'empreinte carbone des principales entreprises laitières mondiales. Les auteurs montrent d'abord que celle-ci s'est accrue de 11 % entre 2015 et 2017. Ils analysent ensuite les éventuelles stratégies mises en place pour la réduire. Il en ressort que sur les 13 entreprises laitières étudiées, 6 n'ont pris aucun engagement en la matière. Par ailleurs, seulement 3 ont engagé une démarche de réduction intégrant non seulement leurs propres émissions, mais aussi celles de leur chaîne d'approvisionnement, laquelle représente 90 % de leur empreinte carbone totale.

Signalons enfin que l'IATP est membre de la National Sustainable Agriculture Coalition (NSAC), qui rassemble plusieurs organisations engagées en faveur d'une plus grande prise en compte des enjeux environnementaux dans la politique agricole étasunienne (Farm Bill). Dans ce cadre, il a participé à l'élaboration d'un document présenté au Congrès et proposant plusieurs ré-orientations : renforcement des fonds alloués aux programmes de conservation des sols, soutien à l'agriculture biologique, etc.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Lien : Institute for Agriculture & Trade Policy

Confirmation des multiples bénéfices de la diversification sur le rendement agricole et les services écosystémiques

Une étude récente publiée dans Science Advances s'intéresse aux impacts des pratiques de diversification agricole (diversification des cultures, addition d'habitats autour des parcelles, amendements organiques, inoculations de micro-organismes, etc.) sur les services écosystémiques et le rendement des cultures. Les auteurs ont pour cela conduit une méta-analyse secondaire (méta-analyse de méta-analyses) sur 98 études existantes, basées elles-mêmes sur un total de 6 167 études originales. Sur un sous-ensemble de 69 méta-analyses, la magnitude des effets a pu être estimée et mesurée sous forme de logarithme de ratio de réponse. Les résultats montrent que les pratiques de diversification ont très majoritairement des effets positifs sur les services écosystémiques (cf. figure). Elles sont très favorables à la biodiversité, à la pollinisation, au contrôle des maladies végétales, au recyclage des éléments fertilisants, etc. En matière de régulation du climat (émissions de gaz à effet de serre, fixation biologique de l'azote, etc.) et des rendements, les effets sont neutres ou légèrement positifs. La synergie et les arbitrages entre services écosystémiques sont moins étudiés dans la littérature. Cependant les résultats disponibles témoignent de la prévalence des situations « gagnant-gagnant » des effets des pratiques de diversification sur le rendement agricole et les services écosystémiques.

La diversification de l'agriculture favorise la biodiversité et les services écosystémiques sans compromettre le rendement des cultures par rapport aux systèmes de culture sans ces pratiques

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Source : Science Advances

Lecture : en A) toutes les pratiques de diversification sont inclues dans l'analyse ; en B) seules sont considérées les pratiques de diversification ciblant les éléments en surface (diversité des espèces cultivées et non cultivées) ; en C) seules sont considérées les pratiques ciblant des éléments du sol (amendements organiques, labour réduit, etc.).

Source : Science Advances