17/09/2021
Les technologies spatiales au service de l'agriculture
Le site Techniques de l'ingénieur a publié, en août, une série d'articles sur le thème des technologies spatiales au service de l'agriculture. Les différents types de satellites (météorologiques, de positionnement, de télécommunication ou d'observation) figurent au premier rang de ces technologies et trouvent nombre d'applications en agriculture. Les systèmes de navigation guident les engins dans les parcelles (semis, irrigation, épandage) afin d'optimiser les passages en évitant les recouvrements et les zones non traitées. Pour indemniser les agriculteurs en cas d'aléas climatiques, certains assureurs s'appuient sur des indices (ex. : indice de production des prairies) établis à partir d'un historique de données satellitaires pour estimer les carences de production. Autre technologie performante, des capteurs optiques ou thermiques, embarqués sur des satellites, permettent de mesurer, par télédétection, différentes variables biophysiques : taux de chlorophylle des plantes, biomasse, stress hydrique, etc. Grâce à ces informations, les agriculteurs peuvent ajuster les apports en eau ou en engrais selon les besoins des végétaux aux différents stades de développement (agriculture de précision).
Carte de préconisation des besoins de fertilisation du logiciel Farmstar obtenue à partir d'images satellitaires
Source : Crédit image Airbus
Les images satellitaires sont aussi utilisées pour contrôler les déclarations de surface des agriculteurs dans le cadre de l’octroi des aides du premier pilier de la Politique agricole commune. Pour la France, selon l'Agence de services et de paiement (ASP), qui distribue ces aides, les déplacements physiques des contrôleurs dans les exploitations ont ainsi pu être diminués de moitié.
Enfin, l'espace est également un laboratoire de recherches agronomiques. Le dernier article du dossier l'illustre par l'exemple de la mission Wise, programme privé de recherche spatiale appliquée. Ce programme a pour objectif de tirer parti des effets de la microgravité sur des systèmes biologiques complexes afin de trouver des solutions pour la viticulture et l’agriculture de demain. Bouteilles de vin et sarments de vigne ont ainsi séjourné pendant 10 mois à bord de la station spatiale internationale afin d'étudier plusieurs aspects : propriétés biochimiques, vieillissement du vin, changement dans l'ADN des sarments, etc.
Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective
Source : Techniques de l'ingénieur
13:03 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Production et marchés | Lien permanent | Tags : technologies spatiales, agronomie, agriculture | Imprimer | |
06/07/2021
Une analyse des conditions du bon fonctionnement des collectifs d’agriculteurs
Les collectifs d’agriculteurs sont mis en avant, notamment par les pouvoirs publics nationaux et européens, en tant qu'instruments phares de la transition agro-écologique. Ils visent, par l’apprentissage entre pairs, à écologiser les pratiques. Pourtant, seule une minorité d’agriculteurs y participe, et leur généralisation s’avère difficile. Dans un article publié dans la revue Développement durable & territoires, deux chercheuses du Centre d'économie et de sociologie appliquées à l'agriculture et aux espaces ruraux (Cesaer) identifient les conditions du succès de ces démarches. Pour ce faire, elles analysent les trajectoires de deux collectifs, l’un ayant bien fonctionné, l’autre s’étant soldé par un échec. Elles montrent que ces groupes atteignent d’autant plus leurs objectifs qu’ils s’appuient sur des agriculteurs ayant l’habitude de travailler ensemble, et qui partagent une vision commune sur les manières de faire évoluer leurs pratiques. En revanche, lorsque le groupe est constitué ex nihilo, par exemple par un institut technique ou un organisme de développement agricole, il est plus difficile de le pérenniser et de le rendre performant.
Source : Développement durable & territoires
19:30 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche, Environnement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : agriculteurs, transition agroécologique | Imprimer | |
11/06/2021
Consensus sur une définition des postbiotiques
Dans un article publié en mai 2021, l'International Scientific Association of Probiotics and Prebiotics (ISAPP) propose une définition du terme « postbiotique », après avoir fait de même pour probiotique, prébiotique et synbiotique. Constatant l'augmentation exponentielle de l’utilisation de ce terme ou de termes recouvrant le même concept dans la littérature scientifique (figure ci-dessous), l'association a souhaité le préciser. Comme précédemment, elle a pour cela réuni un large échantillon de scientifiques du monde entier et de disciplines médicales, afin d'aboutir à un consensus.
Évolution de l'utilisation du terme « postbiotique » dans la littérature scientifique
Source : Nature Review Gastroenterology and Hepatology
Lecture : différents termes ont été utilisés dans la littérature depuis vingt ans pour désigner des micro-organismes inactivés ou tués. Depuis cinq ans, le terme postbiotique les a tous largement supplantés.
Les experts définissent un postbiotique comme une « préparation de micro-organismes inanimés et/ou de leurs composants, conférant un bénéfice en termes de santé pour le receveur ». Ils précisent qu'il s'agit de micro-organismes délibérément inactivés, accompagnés ou non de métabolites ou de composants cellulaires. Les métabolites seuls, les vaccins et les probiotiques tués ne sont pas des postbiotiques. Le bénéfice pour le receveur, homme ou animal, doit être vérifié. Le site d'action n'est pas limité au tractus digestif. Implicitement, le postbiotique ne doit pas être dangereux pour l'usage considéré.
Cinq modes d'action des postbiotiques ont aussi été étudiés, par exemple concernant le microbiote intestinal (figure ci-dessous). Ils peuvent agir directement sur la composition du microbiote local en modulant la part relative des différentes espèces présentes (1). Sur le site cible, ils peuvent renforcer la barrière épithéliale (2) et/ou moduler la réponse immunitaire locale (3). Ils peuvent également provoquer une réponse systémique, immunitaire (3) ou métabolique (4). Enfin, ils peuvent utiliser l'axe microbiote-cerveau pour stimuler la sécrétion de neurotransmetteurs ou d'hormones (5).
Modes d'action présumés des postbiotiques
Source : Nature Review Gastroenterology and Hepatology
Les scientifiques envisagent quelques usages cliniques possibles qui devront être évalués : nouveaux antimicrobiens, anti-inflammatoires et immunorégulateurs, antalgiques en particulier pour lutter contre des douleurs digestives, adjuvants pour des vaccins.
Des études scientifiques ultérieures ainsi que des avis des autorités seront nécessaires pour réglementer l'usage de ce terme, y compris par les sociétés commerciales.
Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective
16:07 Publié dans 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : postbiotique, santé, politiques publiques, usages cliniques | Imprimer | |
07/06/2021
Quatre scénarios d'évolution de la bioéconomie en Europe à l'horizon 2050
La Commission européenne a récemment publié un rapport de prospective sur la bioéconomie, réalisé conjointement par le Joint Research Centre (JRC) et la Direction générale pour la recherche et l'innovation. Mené par une équipe internationale de six chercheurs, l'exercice s'est appuyé sur des ateliers pluridisciplinaires impliquant une cinquantaine d'experts. Pour chacun des quatre scénarios retenus (figure ci-dessous), les évolutions du contexte général sont d'abord décrites (société, technologie, environnement, économie, politique). Les tendances en matière d'offres agricole, forestière, marine, en bioénergie et biochimie sont ensuite présentées, ainsi que le volet demande et échanges, avant une ouverture sur la bioéconomie dans le « reste du monde ».
Enfin, les auteurs analysent les trajectoires menant aux situations projetées, avec un focus sur l'horizon intermédiaire 2030. Ils identifient les conditions facilitant l'émergence du scénario 2 ou d'une combinaison des scénarios 1 et 3, compatibles avec l'atteinte des objectifs climatique et de développement durable : adaptation de la PAC et des fonds structurels pour financer les transitions avant 2030, labellisation plus claire des produits durables, mise en place d'un New Green Deal après 2030, etc.
Les quatre scénarios, selon un axe horizontal « sociétal » et un axe vertical « politiques européennes »
Source : Commission européenne
Source : Commission européenne
15:37 Publié dans 1. Prospective, 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche, Production et marchés | Lien permanent | Tags : bioéconomie, prospective, commission européenne | Imprimer | |
18/05/2021
Statut des nouvelles techniques d'édition du génome : une étude de la Commission européenne
Les services de la Commission européenne ont conduit une étude sur le statut des nouvelles techniques d'édition du génome (NGT, New Genomic Techniques) au regard du droit en vigueur au sein de l'Union. En effet, la recherche publique et privée rencontre des obstacles réglementaires, pour innover sur ces NGT, alors que celles-ci présentent des atouts pour atteindre les objectifs du Green Deal (stratégies Farm to fork et Biodiversité) et ceux de développement durable de l'ONU (lutte contre la faim dans le monde, préservation de la biodiversité). Par exemple, certaines plantes obtenues grâce aux NGT sont plus résistantes aux maladies, aux événements climatiques, moins dépendantes des intrants agricoles, ou encore capables d'arriver plus rapidement à maturité.
Rappelant l'avis de la Cour de justice de l'UE (cas C-528/16), l'étude établit clairement que les organismes obtenus par les NGT sont considérés comme des organismes génétiquement modifiés (OGM), au sens du droit de l'Union. Cependant, la Commission observe que les mutations obtenues par NGT ne sont pas facilement détectables, puisque la mutagénèse recompose l'ADN de l'organisme sans y introduire d'ADN étranger. Les modifications apportées par ces techniques pourraient donc avoir été produites par sélection variétale classique, voire par processus naturel, contrairement aux modifications obtenues par transgénèse (OGM). L'application de la réglementation pourrait alors s'avérer difficile. La Commission relève aussi que, sur le plan éthique, les inquiétudes concernent moins les techniques elles-mêmes que leurs usages. Enfin, si le recours aux NGT représente de vrais défis (monopolisation de la propriété intellectuelle relative au vivant, etc.), le choix de ne pas y recourir en comporte également (sécurité alimentaire mondiale, etc.).
Selon la Commission, divers éléments justifient de repenser la réglementation européenne sur ces techniques d'édition du génome : les possibilités innovantes offertes par les NGT, la difficulté à garantir une traçabilité, les craintes d'un retard de l'UE en matière de compétitivité de ses filières et les risques de différends avec ses partenaires commerciaux. Il en ressort qu'une approche au cas par cas serait la plus appropriée et que toute réglementation en résultant devrait être performante et agile face à l'évolution des NGT, qui va nécessairement s'accroître selon les auteurs.
Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective
Source : Commission européenne
16:39 Publié dans 4. Politiques publiques, 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : edition du génome, genetique, éthique, innovation, technologies, commission européenne | Imprimer | |
12/05/2021
Les espèces de poissons les plus étudiées ne sont pas celles les plus en danger
Un article de Scientific Reports analyse la littérature scientifique, entre 1964 et 2018, sur 460 espèces de poissons en danger critique d'extinction (liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature), 297 espèces pêchées (International Game Fish Association) et 35 espèces communes aux deux listes. Grâce aux InCites Journal Citation Reports (outil proposé par Clarivate Analytics), les auteurs ont identifié 31 980 publications dont les titres font référence à l'une de ces espèces. 87 % des articles concernent les espèces visées par la pêche, 3 % celles en danger critique et 10 % celles qui sont à la fois pêchées et en danger. Pour les auteurs, ce résultat montre une inadéquation entre les besoins de connaissances, nécessaires à la préservation des espèces, et l'effort de recherche réel. Ils proposent que le World Council of Fisheries Societies joue un rôle de coordinateur entre scientifiques et organisations de protection de la nature, pour inciter au financement des études sur les espèces menacées. Créer une revue scientifique spécifique pourrait également favoriser la documentation de ces espèces.
Nombre d'articles publiés en fonction des années et selon la catégorie étudiée (bleu : pêchée ; rouge : en danger critique ; vert : en danger et visée par la pêche)
Source : Scientific Reports
Source : Scientific Reports
16:12 Publié dans 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : poissons, recherche, halieutique, protection animale | Imprimer | |
09/04/2021
Prospective participative et innovations numériques agricoles responsables
Dans un article mis en ligne en mars, le journal Agricultural Systems rapporte un exercice de prospective participative sur la digitalisation de l'agriculture et ses conséquences sociales ou éthiques, organisé au sein d'un organisme de recherche australien, le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation). Une vingtaine de participants, experts dans diverses disciplines et tous chargés au CSIRO d'un même projet d'innovation numérique en agriculture, ont élaboré plusieurs scénarios de futurs agricoles possibles pour le pays, à partir des tendances observées actuellement et de facteurs de ruptures préalablement identifiés.
Les quatre scénarios produits pour l'agriculture numérique australienne intitulés : « lutter », « innover », « survivre » et « prospérer »
Source : Agricultural Systems
Lecture : l'axe des x représente les niveaux d'innovation allant de « conservateur » à gauche à « innovant » à droite. L'axe des y représente les niveaux de sécurisation des ressources naturelles à disposition des agriculteurs, allant de « sécurisé » en bas à « non sécurisé » en haut. Chaque scénario présente des avantages et des inconvénients et un aperçu de l'agriculture numérique mise en œuvre.
Les participants ont ensuite évalué les impacts sociaux et éthiques que pourraient avoir les technologies numériques dans les futurs probables de l'agriculture australienne. L'intérêt de cet exercice de prospective réside principalement dans la démarche de réflexivité et d'anticipation opérée par des personnes en charge d'un projet d'innovation numérique au sein d'un organisme de recherche.
Source : Agricultural Systems
13:47 Publié dans 1. Prospective, Enseignement et recherche, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : innovation, éthique, australie, numérique | Imprimer | |
08/02/2021
Q Open, une nouvelle revue en accès libre de l'Association européenne des économistes agricoles
L'Association européenne des économistes agricoles (EAAE) publiait déjà l'European Review of Agricultural Economics et Eurochoices. En partenariat avec Oxford University Press, elle vient de faire paraître le premier numéro d'une nouvelle revue, Q Open. En accès libre, elle a pour ambition de devenir une publication de référence en économie, dans les domaines de l'agriculture, de l'environnement, des ressources naturelles et du climat, de l'alimentation et du développement agricole et rural. Les articles sont évalués par les pairs avec une relecture en « double aveugle » (les auteurs ne connaissent pas l'identité des évaluateurs, et vice-versa).
Dans ce numéro inaugural, une série d'articles est consacrée à la prospective et à l'analyse des arbitrages entre critères d'impacts (trade-off analysis), appliquées aux systèmes alimentaires, sous l'angle de leur utilisation pour orienter les choix en matière de recherche et d'innovation. Ces articles présentent les résultats d'un projet de recherche mené pour le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), en vue d'appuyer sa réforme « One CGIAR » entamée en 2019. Cette réforme vise à redéfinir ses missions, sa gouvernance, ses partenariats, etc., pour augmenter ses impacts et son alignement sur les Objectifs de développement durable (ODD).
Parmi les travaux présentés, figurent deux revues de littérature : l'une analyse 11 prospectives récentes menées par diverses organisations (World Resources Institute, Food and Land Use Coalition, EAT-Lancet, etc.), sur le thème « système alimentaire, environnement et changement climatique » ; l'autre s'intéresse à la prise en compte du genre, de la pauvreté et de la nutrition dans les études prospectives. Si les tendances lourdes sont communes à la plupart des prospectives (démographie, changement climatique, etc.), les auteurs soulignent des aspects insuffisamment considérés, malgré leur rôle souvent déterminant : inégalités alimentaires et d'accès aux technologies, gouvernance, évolution des rapports de pouvoir, risques de ruptures systémiques, etc. En complément, un article propose une revue très complète des outils et méthodes développés depuis plusieurs années en matière d'arbitrages entre impacts multiples (économie, santé, environnement, etc.). Allant des modèles de simulation au projet AgMIP, ils permettent de plus en plus d'enrichir la prospective par des analyses quantitatives.
Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective
Source : Q Open
17:27 Publié dans 1. Prospective, Enseignement et recherche, IAA, Société | Lien permanent | Tags : agroalimentaire, prospective, economie agricole | Imprimer | |
20/01/2021
Une séance de l'Académie d'agriculture consacrée à André Voisin
« Nul n'est prophète en son pays » : l'adage sied bien à André Voisin, agriculteur-chercheur du milieu du XXe siècle, dont les écrits sur le fonctionnement des herbages et le pâturage demeurent largement ignorés en France, alors qu'ils sont toujours enseignés dans les écoles d'agronomie sud-américaines et océaniennes. Pour éclairer ce paradoxe, l'Académie d'agriculture de France a récemment consacré une séance aux travaux de son ancien membre.
Parmi les présentations, signalons celle d'André Pfimlin, qui rappela les lois du « pâturage rationnel » établies par Voisin : un temps de repos des prairies suffisamment long entre deux séquences de pâturage pour permettre la « flambée de croissance » de l'herbe ; un temps d'occupation court afin de ne pas cisailler les jeunes repousses ; une conduite du troupeau en lots pour réserver la primeur des prairies fraîches aux vaches en production ; etc. Autant de principes qui visent à « faire se rencontrer l'herbe et la vache au bon moment », afin de satisfaire les besoins de la seconde sans compromettre ceux de la première, et réciproquement.
Si Voisin n'eut que peu d'échos en France, c'est surtout, comme le montra Charlène Bouvier, en raison de son opposition au retournement des prairies permanentes que prônaient alors les tenants de la révolution fourragère (Chazal, Dumont, etc.). Ces derniers leur préféraient les prairies temporaires et les cultures fourragères, qu'ils jugeaient plus productives. De son côté, Voisin voyait dans la prairie permanente la garantie d'une flore adaptée aux conditions pédo-climatiques locales et, dans la prairie temporaire, une charge financière pour l'éleveur puisqu'elle doit être régulièrement ressemée, sous peine de voir la production herbagère diminuer sévèrement dans les 4 ou 5 années suivant l'implantation (« les années de misère »).
Pour conclure la séance, Gilles Lemaire a montré que la démarche de Voisin, empirique, pluridisciplinaire et beaucoup plus systémique qu'analytique, contrastait avec la façon dont était alors conçue la recherche agronomique en France. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que ses travaux aient été plus favorablement accueillis dans un pays comme la Nouvelle-Zélande, où ce type d'approche caractérise la recherche et le développement agricoles depuis les années 1920-1930.
Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective
12:35 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : agronomie, pâturage, histoire, science | Imprimer | |
14/01/2021
AKADEMIYA2063
Depuis son lancement, le 1er juillet 2020, l'organisation à but non lucratif AKADEMIYA2063 fournit analyses et données sur l'agriculture des pays de l'Union africaine, et facilite les échanges de connaissances entre eux. En 2015, l’Union africaine s’est dotée d’un plan de développement à accomplir à l’échéance 2063. La première des sept « aspirations » du plan, « une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable », vise notamment au développement des secteurs agricole et agroalimentaire. Pour favoriser la mise en œuvre des politiques et des stratégies relevant de ce périmètre, les programmes précédemment portés par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), dans le cadre de son soutien au Programme détaillé de développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA), ont été transférés à AKADEMIYA2063, basée à Kigali (Rwanda).
AKADEMIYA2063 accueille ainsi le Système régional d’analyse stratégique et de gestion des connaissances (ReSAKSS). Il publie chaque année l'Annual Trends and Outlook Report (ATOR), qui contient des analyses sur des sujets stratégiques et recense les indicateurs du PDDAA (voir à ce sujet un autre billet). AKADEMIYA2063 gère aussi le Consortium de modélisation des politiques pour la croissance et le développement en Afrique (AGRODEP), qui favorise l’implication et la visibilité d'experts africains sur les questions de développement et de croissance agricole. Enfin, AKADEMIYA2063 appuie le Panel Malabo Montpellier (Panel MaMo), qui regroupe des scientifiques européens et africains actifs dans les domaines de l’agriculture, de l’écologie, de la nutrition, des politiques publiques et du développement. Il identifie les caractéristiques des pays les plus performants et évalue leurs réalisations en vue de leur transposition dans d’autres pays. Ces analyses alimentent les discussions d’un forum semestriel regroupant des décideurs politiques africains.
En conjuguant ces trois programmes, AKADEMIYA2063 soutient le dialogue politique entre les pays du continent et favorise l’élaboration de politiques agricoles nationales s'inscrivant dans le cadre commun défini par le PDAAA.
Amandine Hourt, Centre d'études et de prospective
Source : AKADEMIYA2063
12:16 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement, Enseignement et recherche, IAA | Lien permanent | Tags : afrique, développement, union africaine, politique agricole | Imprimer | |
12/01/2021
Quantification des liens d'intérêts dans les publications sur la nutrition et la diététique
Un article récent de PlosOne présente les résultats d'une analyse des liens d'intérêts déclarés (affiliations, financements de travaux ou de la structure, déclarations d'intérêts, etc.) entre le secteur agroalimentaire et les auteurs, éditeurs et membres des comités de relecture de 196 articles publiés en 2018 dans les dix premières revues scientifiques des domaines de la nutrition et de la diététique (classement SCImago en juin 2019).
The Journal of Nutrition compte 28,3 % des articles présentant au moins un lien d'intérêt, contre 3,8 % pour Paediatric Obesity. Ce sont les fabricants d'aliments transformés qui sont les plus concernés, 39 % des articles renvoyant à un lien d'intérêts avec eux. Par ailleurs, les auteurs ont estimé à 55,6 % la proportion d'articles présentant des conclusions favorables à l'industrie, sachant que cette proportion est de 9,7 % dans un tirage aléatoire d'articles sans lien déclaré. Ces résultats pourraient cependant être encore sous-estimés, l'étude ne se basant que sur les liens d'intérêts déclarés.
Nombre et pourcentage d'articles déclarant un lien d'intérêts avec le secteur agroalimentaire, en fonction du type d'acteur
Source : PlosOne
Lecture : de haut en bas, les fabricants d'aliments transformés, les fabricants de compléments alimentaires, le secteur laitier, la production primaire sauf produits laitiers et viandes (œufs, pommes de terre, huile, céréales, etc.), les industries agroalimentaires et organisations non incluses dans les autres catégories, le secteur des boissons non alcoolisées, le secteur de la viande et de l'élevage, les fournisseurs d'additifs alimentaires et la vente au détail (supermarchés, épiceries, entreprises de restauration, etc.). Le conditionnement et la promotion des produits sont inclus dans tous les cas précités.
Source : PlosOne
12:07 Publié dans Enseignement et recherche, IAA, Société | Lien permanent | Tags : lien d'intérêt, industrie agroalimentaire, science, nutrition | Imprimer | |
15/09/2020
Les pôles de compétitivité : quels résultats depuis 2005 ?
En août 2020, France Stratégie a publié une étude, réalisée par EuroLIO Technopolis, des impacts économiques et territoriaux des pôles de compétitivité depuis leur mise en place en 2005. Une note de synthèse, rédigée avec la contribution de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), en valorise les résultats. La politique industrielle mise en place à travers ces pôles (64 en 2005, 71 en 2014, 55 aujourd'hui) vise à combiner, au sein d'un territoire, innovation et industrie, en faisant travailler sur des projets innovants les acteurs locaux (entreprises, recherche et formation).
Les effets attendus de la politique des pôles de compétitivité
Source : EuroLIO Technopolis
Si plusieurs évaluations d'impact de la mise en place des pôles avaient déjà été réalisées, l'intérêt de la présente étude est, dans un premier temps, de confirmer, sur une période plus récente, ses résultats positifs sur l'augmentation des dépenses en R&D des PME participantes : en moyenne, pour 1 euro de subvention publique perçu, elles investissent 2,5 euros supplémentaires (fonds propres). Un effet favorable est également mesuré pour l'emploi dans ces PME. A contrario, les auteurs n'observent pas d'effet significatif sur les dépenses en R&D, ni sur l'emploi des entreprises de plus de 250 salariés. Un effet d'échelle est avancé pour expliquer cette absence d'effets directs : la stratégie globale de ces structures a plus d'impacts sur leurs emplois et performances économiques que les actions spécifiques dues à leur participation à un pôle de compétitivité.
Dans un second temps, le périmètre de l'évaluation est étendu aux effets indirects de la politique des pôles, via leurs impacts sur le territoire concerné et sur les dynamiques de structuration de réseaux d'innovation. À partir de critères socio-démographiques, économiques, géographiques et d'activité de R&D, l'étude découpe la France métropolitaine en 4 classes territoriales. Une classe à dominante d’activités de production et agricoles est identifiée, qui révèle une plus faible présence des pôles de compétitivité, ainsi qu'un niveau d'investissement en R&D moindre que les autres classes territoriales issues de cette typologie.
Présence des pôles dans les différentes classes de départements
Source : EuroLIO Technopolis
L'analyse de l'impact territorial des pôles et du dynamisme de leur structuration fait apparaître, là encore, des disparités dans leurs résultats, mais elle permet aux auteurs de proposer des pistes pour poursuivre les ambitions de cette politique industrielle.
Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective
Source : France Stratégie
16:42 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Enseignement et recherche, Territoires | Lien permanent | Tags : pôles de compétitivité, évaluation | Imprimer | |
06/07/2020
Rôle de la géographie française dans l'approche territoriale de l'INTA (Argentine)
Un article publié en juin 2020 dans la revue Economía, Sociedad y Territorio aborde la genèse et la consolidation de l'approche territoriale à l'Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria (INTA), en mettant en évidence les apports de la géographie française à partir des années 1960. Créé en 1956 en Argentine (voir à ce sujet un portrait sur ce blog), l'INTA avait comme objectifs la recherche fondamentale et la diffusion des savoirs agricoles, dont le contenu et les orientations évoluèrent depuis, selon les contextes politiques.
À partir des années 1960, des programmes d'échange entre l'université de Bordeaux et la Universidad Nacional de Cuyo ont été développés, avec l'arrivée en Argentine d'enseignants et d'étudiants français : leurs contributions ont nourri la pratique locale de la géographie et laissé leur empreinte à l'INTA, en mettant l'accent sur l'approche territoriale et le développement régional. La coopération se poursuit de nos jours, notamment au sein du laboratoire Agriterris qui réunit des institutions françaises, argentines et brésiliennes.
L'approche territoriale s'est traduite, dans l'action publique argentine, par la mise en place des Proyectos regionales con enfoque territorial (PRET), qui déclinent à l’échelle locale le Plan Estratégico Institucional 2005-2015. Son objectif était d'impliquer davantage les organismes publics de recherche dans la prise en compte des problématiques socio-économiques et spatiales des territoires. Les stations expérimentales couvrant l'ensemble du pays ont permis la prise en compte des réalités régionales à partir des années 2000.
La mise en place des 122 PRET a entraîné une redistribution des rôles et une réallocation des ressources entre les deux piliers de l'institut que sont la recherche fondamentale et la vulgarisation des résultats. Celle-ci y est devenue de plus en plus centrale, en dépit du scepticisme des acteurs de la recherche fondamentale quant aux caractéristiques et finalités des PRET. En effet, selon l'auteur, ils favorisent la transmission des connaissances produites par les centres régionaux vers les systèmes productifs, contrastant avec l'orientation traditionnelle de l'INTA centrée sur les filières. Ces évolutions ont pu conduire à des conflits quant au choix des sujets de recherche au sein de l'institution.
Répartition géographique des centres régionaux de l'INTA en charge des PRET
Source : INTA
Hugo Berman, Centre d'études et de prospective
Source : Economía, Sociedad y Territorio
15:14 Publié dans Développement, Enseignement et recherche, Territoires | Lien permanent | Tags : géographie, argentine, inta | Imprimer | |
12/06/2020
Revue de littérature sur les apports de la sélection variétale conventionnelle pour réduire les risques sanitaires des aliments
Dans un article récemment publié dans Trends in Food Science & Technology, une équipe de chercheurs américains présente les apports de la sélection végétale pour améliorer la sécurité sanitaire en diminuant toxines et allergènes. En effet, seule une minorité d'espèces a fait l'objet de manipulations génétiques en vue de produire des variétés améliorées : maïs, soja, colza, riz, papaye, courge, pomme. Pour la grande majorité des cultures, la sélection variétale reste basée sur des techniques conventionnelles (figure ci-dessous) qui ont, au fil du temps, incorporé des innovations technologiques facilitant l'identification des marqueurs génétiques souhaités ou à minorer. Ces pratiques ont entre autres pour but d’éviter ou de limiter la production de toxines, qu'elle soit naturelle ou en réaction à des maladies.
Schéma général du processus conventionnel de sélection variétale
Source : Trends in Food Science & Technology
Lecture : les cases blanches et noires présentent les chromosomes de chaque parent au stade 1, et le génome complet de chaque parent ou lignée, à partir du stade 2.
La réduction de la sensibilité aux maladies est un objectif visé dans le cas des céréales et de la production d'aflatoxines par des champignons les contaminant lors de l'exposition à des conditions chaudes et humides. Les auteurs reviennent ainsi sur la sélection du maïs, afin de développer la résistance naturelle des grains.
Certaines plantes produisent naturellement des allergènes et toxines. La sélection variétale a alors consisté à réduire ou faire disparaître ces molécules, au moins dans la partie consommée. L’article prend deux exemples pour l'illustrer : la pomme et la pomme de terre. Dans ce dernier cas, en tant que représentante de la famille des solanacées, la pomme de terre (comme la tomate et le poivron) produit naturellement des alcaloïdes et glycoalcaloïdes qui la protègent des ravageurs. Les auteurs détaillent ensuite le long processus de domestication, puis la sélection moderne visant à adapter les variétés aux différents usages, tout en essayant de conserver l'aptitude naturelle de la plante à se défendre.
Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective
Source : Trends in Food Science & Technology
11:46 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : variétés, toxines, génétique, sélection variétale | Imprimer | |
05/06/2020
Quels métiers demain ?
L'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep), en partenariat avec le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq) et Alternatives économiques, vient de publier un guide des professions de demain. Après une analyse prospective du marché du travail et des métiers, ceux-ci sont regroupés en 20 familles et rapidement présentés. Parmi ces familles, plusieurs sont liées à l'enseignement technique agricole : agriculture, environnement, services à la personne, métiers de bouche.
Source : Onisep
10:38 Publié dans Enseignement et recherche, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : onisep, métiers | Imprimer | |