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09/11/2018

Le CUNY Urban Food Policy Institute – L'Institut de politique alimentaire urbaine de l'université de la ville de New York

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L'Urban Food Policy Institute est un centre de recherche et d'action rattaché à la Graduate School of Public Health and Health Policy de l'université de la ville de New York (City University of New York, CUNY). Créé en mai 2016 à partir de structures préexistantes et localisé à Harlem, l'Institut travaille sur divers domaines : santé publique, nutrition, sociologie, planification urbaine, droit, etc. Il réalise des travaux de recherche (notamment analyse et évaluation de politiques publiques), mène des actions éducatives (auprès des étudiants et du personnel de l'université) et conduit des projets de terrain ciblant les problématiques alimentaires de la ville. Il s'appuie notamment sur des collaborations avec divers acteurs. Quatre thèmes sont mis en avant : l'équité en matière de nutrition et de santé, le East Harlem Youth Food Educators Program, l'accès à l'alimentation des personnes immigrées et le commerce alimentaire sain.

L'Urban Food Policy Institute valorise ses travaux dans des ouvrages, des articles scientifiques, des rapports, des Policy Briefs, etc. Parmi les récentes publications, on peut notamment retenir l'analyse de dix ans de politique alimentaire à New York, période d'effervescence en la matière, et les enseignements tirés pour la prochaine décennie, à destination des acteurs publics, des professionnels de santé, des activistes et des leaders communautaires. Les auteurs s'intéressent aux déterminants de la mise en œuvre et aux impacts d'actions publiques (réglementations, investissements, etc.), ainsi qu'à l'évolution des principaux indicateurs de santé et de nutrition de la population. Il apparaît notamment qu'améliorer le bien-être nutritionnel et les politiques promouvant la santé et la réduction des maladies liées aux régimes alimentaires a constitué la première source d'intérêt et d'action publique depuis 2008. À l'inverse, l'appui aux travailleurs du secteur et le renforcement de la démocratie et de la gouvernance alimentaire n'ont fait l'objet que de peu d'investissements. Parmi les recommandations proposées, figurent l'élaboration d'un plan stratégique, l'accentuation de l'action publique de la ville (renforcement des normes, amélioration des règles d'approvisionnement), ou encore le développement d'un programme partagé pour la recherche et l'évaluation des politiques alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : CUNY Urban Food Policy Institute

08/11/2018

La révolution végétale : hors-série de Pour la science

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Pour la science consacre son dernier hors-série à La révolution végétale : alors que les plantes ont longtemps été laissées de côté, ce mouvement s'inverse depuis plusieurs années, comme l'illustre le succès de La vie secrète des arbres, de P. Wohlleben (2015). Pour E. Coccia, ce changement est soutenu tant par les chercheurs (exemple des découvertes sur l'origine des cellules eucaryotes) que par le grand public : l'attention portée aux autres formes de vie et aux interactions entre espèces s'accroît, l'écologie a fait une « entrée spectaculaire » sur l'échiquier politique, la vie des abeilles ou des arbres sont largement reconnues comme une « question politique ».

Les divers articles s'intéressent aux capacités sensorielles et aux moyens de communication des plantes, ainsi qu'à certaines de leurs caractéristiques « exceptionnelles » (fabrication de géométries complexes, émission de signaux piégeant les animaux à des fins de protection, nutrition, reproduction, mobilité, etc.). Ils traitent également de la nécessité d'envisager un avenir commun : services écologiques rendus par les arbres en ville, bienfaits des « bains de forêt », importance d'abandonner la vision occidentale de la nature pour mieux la protéger, la nature et le vivant comme sujets de droit, etc.

Source : Pour la science

09:01 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche, Société | Lien permanent | Tags : pour la science, végétal |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/11/2018

Premier numéro de Crescentis, Revue internationale d'histoire de la vigne et du vin

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Début octobre 2018, la Maison des sciences de l'homme de Dijon a annoncé l'ouverture de l'accès libre, en ligne, au premier numéro de Crescentis, revue consacrée à l'histoire de la vigne et du vin, considérée comme une « entrée privilégiée pour comprendre l'histoire sociale, culturelle, politique, économique de territoires géographiques à différentes échelles de temps et d'espace ». Ce numéro propose en particulier un dossier thématique sur le vin et le lieu : la quinzaine d'articles issus d'une journée d'études interdisciplinaire de mai 2014 s'intéresse aux processus, acteurs et représentations. La variété de la relation entre vin et lieu, les processus de délimitation et de normalisation, ses représentations, sont trois thèmes traversant ce dossier. Ils permettent en particulier d'aborder « la distinction des espaces, le lien à l’origine, l’authenticité, les normes de qualité par les appellations, le patrimoine et son identité etc. ».

Source : Maison des sciences de l'homme de Dijon, Maison des sciences de l'homme de Dijon

18/09/2018

Publication de l'Atlas mondial de la désertification, ouvrage de référence sur la dégradation des sols et l'empreinte écologique des systèmes alimentaires

Le Centre commun de recherche (Joint Research Centre), service scientifique interne de la Commission européenne, vient de publier la troisième édition de l'Atlas mondial de la désertification, 20 ans après la deuxième. Proposant des cartes originales basées sur une vaste revue de la littérature académique et des données satellitaires, l'ouvrage offre un large panorama de l'empreinte humaine sur la planète et ses sols. Il accorde une place centrale aux productions agricoles et forestières, tout en intégrant les déterminants sociaux, économiques et écologiques de la désertification.

L'atlas détaille, en première partie, les schémas d'occupation humaine de la Terre (villes, surfaces agricoles, migrations, etc.), avec un focus sur les impacts écologiques des échanges internationaux (ex. déplacements d'eaux et de terres virtuelles). Sa deuxième partie est consacrée à l'enjeu de sécurité alimentaire, dans le contexte de l'augmentation de la demande mondiale, et couvre à la fois les productions végétales (surfaces cultivées, consommations de fertilisants, de produits phytosanitaires, rendements, etc.) et animales (distribution et impacts de l'élevage), mais également les enjeux liés à l'agriculture familiale. Une troisième partie illustre les limites de la durabilité de nos systèmes de production en matière, notamment, de gestion quantitative et qualitative de l'eau, de dégradation des sols, de couverts végétaux et de biodiversité. L'ouvrage croise ensuite diverses sources de données et des études de cas pour consolider ses conclusions et en tirer des propositions de pistes d'action.

Utilisation des terres nationales et internationales nécessaires à la consommation des pays

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Lecture : la taille des camemberts représente la surface de terres nécessaire (en millions d'hectares) pour répondre à la consommation nationale. La part rouge des camemberts figure la proportion de terres nationales utilisée, et la part jaune celle des terres d'autres pays. Les couleurs de la carte indiquent si les pays sont importateurs (rouge) ou exportateurs (bleu) nets de terres.

Source : Centre de recherche commun de la Commission européenne

L'une des évolutions majeures des systèmes alimentaires mises en évidence par l'atlas est ce qu'il dénomme le « télécouplage » (telecoupling), soit le fait que nous consommons des biens alimentaires produits de plus en plus loin de nous (figure ci-dessus). La délocalisation des impacts écologiques et des changements d'usage des terres liés à cette consommation est croissante. Les auteurs soulignent que l'une des conséquences de ce déplacement de la production est que les consommateurs ont de moins en moins conscience de son coût environnemental réel, ce qui accroît l'« apathie collective » en matière de développement durable.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

14/09/2018

Plant factories vs serres horticoles : premiers éléments d'évaluation des performances

Malgré la multiplication des études sur l'agriculture urbaine, les systèmes de production intensifs à l'intérieur de bâtiments (indoor), en environnement contrôlé (chambres stériles), sans échanges avec l'extérieur (notamment sans ensoleillement), et désignés en Asie sous le nom de plant factories, sont encore très méconnus (voir à ce sujet une précédente brève sur ce blog). Les projets, portés par des start-up ou par de grands groupes, mettent rarement leurs données à disposition des chercheurs. Trois articles récents amorcent une comparaison de leurs performances avec les systèmes conventionnels sous serre et en pleine terre.

Ainsi, un article d'Agricultural Systems couple des modèles de croissance de la laitue avec des modèles climatiques en serre et en bâtiment, pour évaluer la viabilité économique des plant factories. Selon les auteurs, la rareté relative de différentes ressources déterminera l'intérêt des diverses options. Les bonnes performances en matière de rendements et de pertes dans l'environnement sont avérées, sous différentes latitudes, mais le facteur énergétique est un verrou, même avec le progrès des éclairages LED.

Un deuxième article, publié dans le Journal of Cleaner Production, mène le même type d'analyse de cycle de vie, mais cette fois à partir de données enregistrées sur deux sites expérimentaux de l'université de Chiba, au Japon. Là encore, le système high tech réduit l'utilisation des ressources non remplaçables (phosphore, eau, foncier), mais « au prix d'une consommation d'énergie accrue ». Les auteurs comptent sur des technologies énergétiques alternatives pour lever cette contrainte : échanges de chaleur avec les industries, pompes à chaleur, piles à combustible à oxyde solide et énergie photovoltaïque.

Enfin, dans un article de Procedia CIRP, des chercheurs ont eu accès aux données d'une ferme-pilote de l'entreprise Refarmers à Lyon. Ils constatent que l'hydroponie est effectivement très productive et suggèrent un couplage avec des sources d'énergie renouvelables (éoliennes).

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Agricultural Systems, Journal of cleaner production, Procedia CIRP

10:28 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, plant factories |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2018

Les impacts potentiels, pour l'élevage, des animaux génétiquement modifiés

Le 21 juin dernier, l'Académie vétérinaire a consacré une séance à l'apport des nouvelles technologies génomiques en élevage, s'intéressant tant aux espèces aviaires qu'aux ruminants et à la filière ostréicole. Parmi les cas présentés figure la technologie CRISPR Cas-9 (voir à ce sujet un précédent billet, un second billet et une brève sur ce blog) et son utilisation pour supprimer les protéines allergisantes du blanc d’œuf, avec la perspective de diminuer certains risques allergiques alimentaires. S'agissant des maladies animales, des recherches sont conduites pour supprimer la transmission de l'influenza aviaire grâce à l'obtention de poulets génétiquement modifiés. En matière de bien-être animal, a été également mentionnée l'insertion d'un marqueur sur un chromosome sexuel permettant de différencier embryons mâles et femelles au niveau de l’œuf avant l'éclosion. Ceci contribuerait à résoudre une question éthique en mettant fin à l'élimination des poussins mâles, et permettrait aussi une utilisation industrielle des œufs embryonnés (production de vaccins par exemple).

Source : Académie vétérinaire de France

04/07/2018

Les « politiques agricoles et alimentaires », sujet du colloque annuel de la Société française d'économie rurale

Introduit par D. Ciolos, ancien Commissaire européen à l'agriculture et au développement rural, le colloque annuel de la Société française d'économie rurale a exploré, les 21 et 22 juin, à Montpellier, les « trajectoires et réformes » à l’œuvre dans les politiques agricoles et alimentaires. Cet événement académique a permis à plus de 70 chercheurs de présenter les travaux récents ou en cours sur ce sujet. Les résumés des présentations sont disponibles en ligne.

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Les sessions ont porté sur les politiques de l'Union européenne mais aussi de l'Afrique, du Moyen-Orient, de l'Amérique du Sud et de l'Asie. Les questions d'innovation, de normes, d'instruments pour des systèmes alimentaires durables et/ou locaux, de sécurité alimentaire, de changement climatique, d'agriculture biologique étaient notamment couvertes. Deux plénières ont également marqué le colloque : dans la première, C. Araujo-Bonjean (CNRS / université Clermont Auvergne) a retracé 30 ans de réformes des politiques agricoles en Afrique, tandis que, dans la seconde, E. Fouilleux (CNRS / Cirad) et S. Treyer (Iddri) ont exploré les mécanismes politiques à l’œuvre dans les négociations internationales agricoles et agroalimentaires (ex. GIEC, OCDE, etc.). Les travaux de P. Lacombe ont également été mis à l'honneur lors d'un hommage posthume.

Plusieurs sessions ont traité de l'évaluation de la PAC, dans la perspective de l'après 2020. Parmi les nombreuses présentations, H. Guyomard (Inra) et ses co-auteurs ont formulé des recommandations synthétisant les enseignements de la littérature afin d'améliorer la performance environnementale, la gestion des risques et le rôle alimentaire de cette politique. F. Santini (Commission européenne) a mis en exergue les difficultés croissantes d'analyse liées à la restriction continue des statistiques agricoles disponibles au niveau communautaire et à l'augmentation de la subsidiarité. K. Louhichi (Joint Research Center) a quant à lui présenté un nouveau modèle (IFM-CAP), dès à présent mobilisé pour apprécier les effets tant ex ante (scénarios post-2020) que ex post (verdissement) de la PAC : il permet de saisir l'hétérogénéité des exploitations agricoles européennes et donc de voir les effets des politiques à un niveau très détaillé. Enfin, J. Subervie (Inra) a défendu l'intérêt de mobiliser des « essais contrôlés randomisés », afin d'expérimenter grandeur nature les mesures de la politique pour comprendre leurs impacts avant de les déployer à plus grande échelle.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Société française d'économie rurale

« Avoir le cerveau plus gros que le ventre ? »

En partenariat avec La tête dans le cerveau, The Conversation a diffusé début juillet, en podcast, une chronique de C. Rodo (chercheur en neurosciences, université d'Aix-Marseille), consacrée aux résultats d'une récente étude s'intéressant aux liens entre choix alimentaires et anatomie du cerveau. Intitulée « Avoir le cerveau plus gros que le ventre », cette chronique permet, en un temps court, de présenter les principaux éléments sur la méthode utilisée, les mécanismes physiologiques en jeu, les résultats et les précautions à avoir pour les interpréter.

Après une privation de nourriture pendant 4 heures, les individus observés devaient noter leur appréciation d'une série de produits, en respectant, dans chaque cas, une consigne précise (préférence naturelle, bénéfice pour la santé, etc.). Les clichés IRM des participants montrent une corrélation entre choix alimentaire et quantité de neurones dans deux régions cérébrales impliquées : plus la quantité de matière grise est importante et plus il sera facile de faire un choix sain. C. Rodo souligne toutefois des précautions à prendre dans l'interprétation de ces résultats : nécessité de répliquer l'étude, pas de démonstration d'un lien de causalité ni d'un éventuel facteur génétique.

Source : The Conversation

09:43 Publié dans Alimentation et consommation, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : cerveau, alimentation |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2018

Investissements dans la R&D agricole dans les pays à hauts revenus

Un récent rapport de l'Economic Research Service de l'USDA propose une analyse détaillée et approfondie des tendances en matière d'investissements dans la R&D agricole, dans 31 pays à hauts revenus membres de l'OCDE. Les auteurs s'appuient pour cela sur les données « Research and Development Statistics » de l'OCDE, couvrant une période allant des années 1960 à nos jours.

Après une hausse ininterrompue depuis un demi-siècle, les dépenses publiques en R&D agricole ont connu pour la première fois, à partir de 2009, une baisse significative en termes réels dans les 31 pays considérés, de l'ordre de -1,5 % par an (cf. figure ci-dessous). Ce renversement de tendance, suite à la crise financière mondiale, amène les auteurs à s'interroger sur la capacité à long terme de l'agriculture à répondre à l'augmentation de la demande alimentaire. Ils rappellent en effet qu'une grande partie de la hausse de la production agricole observée depuis les années 1990 s'explique par la croissance de la productivité globale des facteurs, elle-même majoritairement le fruit des dépenses en R&D antérieurement consenties.

Investissements publics dans la R&D agricole, 1960-2013

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Source : USDA

Malgré ces tendances, l'intensité de la recherche, mesurée par le ratio entre dépenses publiques en R&D et PIB agricoles, reste élevée par rapport à d'autres secteurs de l'économie. Cependant, le champ de la R&D agricole s'est élargi à de nouvelles préoccupations (environnement, santé publique, nutrition). Face à ces évolutions, plusieurs pays ont accompli des réformes significatives de leurs systèmes de recherche et d'innovation agricoles, analysées dans le dernier chapitre du rapport (Australie, États-Unis, Pays-Bas et Royaume-Uni).

Si la tendance à la hausse des dépenses privées dans la R&D agricole a pu compenser en partie la baisse des dépenses publiques, les auteurs soulignent que les deux formes d'investissement ne sont pas parfaitement substituables, et qu'une meilleure compréhension de leurs interactions serait utile pour la conduite des politiques en matière de propriété intellectuelle, de transfert de technologie et d'allocation des budgets à la recherche.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : USDA

04/05/2018

Une « biocolle » issue des carapaces de crevettes pourrait doper la production d'isolants à base de résidus agricoles

Conçue initialement pour le marché de la construction et, plus particulièrement, pour les panneaux isolants, cette invention récemment primée en est au stade du développement préindustriel, d'après un article publié sur le site de l'Irstea. En raison de l'importance de l'utilisation des colles pour la fabrication des panneaux de bois ou isolants, employés à la fois en construction, aménagement ou ameublement, et des problèmes pour la santé liés aux composés organiques volatils (COV), la mise au point d'alternatives biosourcées et non nocives, aux colles structurales de synthèse, est une des priorités de la bioéconomie.

Mise au point et brevetée par des laboratoires de recherche publics en Auvergne, la « biocolle » produite à partir de champignons ou de la chitine des carapaces de crustacés, obtient les mêmes performances que ses équivalents issus de la pétrochimie, surtout pour la résistance mécanique au cisaillement. Elle réduit la pollution de l'air ambiant liée à la présence de COV et présente également l'avantage (rare pour la majorité des alternatives biosourcées) d'être facile d'utilisation et peu coûteuse à produire. Reste désormais à développer des partenariats avec des industriels.

Vidéo de présentation de la « biocolle »

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Source : innovergne.fr

Source : Irstea

10/04/2018

Mesurer les effets propres des services de conseil sur le revenu agricole en Irlande : une approche économétrique par les variables instrumentales

Une étude parue dans la revue Applied Economic Perspectives and Policy fournit une estimation des effets propres des services de conseil sur le revenu des exploitations agricoles en Irlande. L'analyse économétrique porte sur des données de panel de la National Farm Survey, comportant environ 1 100 exploitations agricoles par an, représentatives d'une population de 110 000 structures à l'échelle de l'Irlande. L'étude se concentre sur les effets du conseil public fourni par le Teagasc, organisme public spécialisé dans la R&D, l'enseignement et le conseil agricole et agroalimentaire (voir un portrait sur ce blog). Bien qu'il existe aussi du conseil privé, celui-ci n'est pas inclus dans l'analyse.

Les auteurs mobilisent l'approche par variables instrumentales (VI) qui, selon eux, permet de réduire les problèmes d'endogénéité, sources de biais susceptibles d'entâcher les estimations : omission de variables pertinentes (par exemple le niveau initial de formation des agriculteurs) ; phénomène d'autosélection (par exemple si les agriculteurs les plus compétents sont aussi ceux qui font le plus souvent appel au conseil) ; et erreurs de mesure. Cette approche a l'avantage de les combattre tous à la fois, sous réserve d'un choix d'instruments appropriés. Selon les auteurs, l'approche par VI a été assez peu utilisée jusqu'ici en économie agricole, contrairement à d'autres domaines, notamment l'économétrie de la santé.

Les variables instrumentales utilisées dans l'étude comprennent la distance de l'exploitation agricole au bureau local de conseil, le changement de politique agricole de 2005 en faveur du découplage des aides, ainsi que le terme d'interaction entre ces deux variables. L'étude confirme la robustesse accrue de cette approche par rapport à une estimation par les moindres carrés ordinaires (MCO), et réestime à la hausse des effets propres du conseil sur le revenu agricole : toutes choses égales par ailleurs, l'usage de service agricole augmenterait le revenu agricole par hectare d'environ 35 % avec l'approche par VI, contre 19 % avec l'estimation classique par les MCO. Les auteurs soulignent l'intérêt, pour l'aide à la décision publique, d'estimations fiables dans ce domaine, et proposent des pistes d'amélioration et d'approfondissement pour de futures études du même type.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Applied Economic Perspectives and Policy

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05/04/2018

La Poule. Pratiques d’élevage et histoire culturelle, Danièle Alexandre-Bidon, Perrine Mane et Mickaël Wilmart (dirs.)

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Poule : oiseau de basse-cour à ailes arrondies, queue courte et crête dentelée, occupant une place de choix dans notre régime alimentaire. Ethnoécologie : étude des relations entre les sociétés humaines et leur environnement naturel, dans des perspectives historiques et géographiques, adoptant une approche interculturelle et comparative. Revue : publication périodique qui contient des articles répondant à une ligne éditoriale. Cette série de onze textes, très divers et toujours intéressants, issus d'une journée d’études organisée à Paris en mai 2015, fait donc des gallinacés un sujet privilégié d’histoire et de géographie, saisi à la fois à travers les modes de consommation, les représentations artistiques, les traditions culturelles, les techniques d’élevage et l'évolution du rapport Homme-Animal.

La poule ainsi mise à l'honneur du dernier numéro de la Revue d'ethnoécologie (semestrielle, en ligne et gratuite) est celle qui est élevée, tuée, plumée et mangée, de l’Antiquité à nos jours (dans le monde occidental essentiellement). N. Blanc montre qu'à l'époque gréco-romaine, elle s'efface derrière le jeune poulet (qui participe de la vie religieuse et politique), et surtout le coq, dont le caractère belliqueux domine l’imaginaire. P. Mane se concentre elle sur les poules et poulaillers médiévaux, sur les modes d'élevage et de gardiennage, pendant que M. Wilmart décrit l'économie volaillère sur la période XIIIe-XVIe siècles. B. Denis retrace le classement des races de poules et revient sur les enseignements de la littérature zootechnique à cet égard. V. Boudier s'intéresse aux représentations des volailles dans la peinture italienne du Cinquecento. Plus près de nous, D. Alexandre-Bidon traite de la place de la poule dans la bande dessinée. Rien ne va plus pour gallina quand F. Graber décrit la naissance puis l'avènement du poulet industriel, au XXe siècle aux États-Unis, royaume des nuggets. Mais tout s'arrange quand Y. Chanoir analyse les images et fonctions de la poule dans le cinéma occidental (« La poule crève l’écran »). Très instructives aussi sont les nombreuses pages et photos consacrées par P. Rameau, D. Brabant et S. Bahuchet aux objets concernant cet oiseau dans les collections du Musée de l’Homme : œillères, paniers, pondoirs, fouets à œufs, plumeaux, boucles d'oreilles, parures de plumes, harnachements de coqs de combat, offrandes rituelles, amulettes, estampes, etc.

Ce riche dossier, consacré à un animal jugé secondaire, vient combler une lacune éditoriale alors que d'autres bêtes, à l'instar du porc ou du cheval, ont depuis longtemps leurs chercheurs et leurs recherches. Les poules aussi ont une histoire !

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Revue d'ethnoécologie

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15/03/2018

L'université de Wageningen publie les résultats d'une étude pilote sur la blockchain

L'université de Wageningen a publié en décembre 2017 les résultats du projet « blockchain pour l'agriculture », conduit dans le cadre d'un partenariat public-privé. Il visait à mieux comprendre les enjeux, la pertinence et l'applicabilité de cette technologie pour le secteur agroalimentaire, sur la base d'une revue de littérature, de la consultation de multiples parties prenantes et du développement d'un test grandeur nature, réalisé sur le raisin de table biologique sud-africain.

La technologie de blockchain, qui repose sur diverses avancées de l'informatique fondamentale et des mathématiques appliquées (comme la cryptographie), garantit l'intégrité et la cohérence de bases de données décentralisées. Elle trouve une application assez naturelle dans les chaînes d'approvisionnement agroalimentaires, qui font face à des défis de traçabilité, de sécurité sanitaire, de transparence des procédés de production et de transformation, et de confiance du consommateur dans l'information qui lui est donnée. La blockchain pourrait faciliter le partage de données sécurisées entre les acteurs du secteur et, à terme, compléter voire se substituer aux processus actuels d'audits par des tierces parties indépendantes.

Le rapport décrit précisément comment le test d'application a été techniquement mis en œuvre, y compris son architecture informatique. Des entretiens avec les acteurs de la chaîne d'approvisionnement étudiée ont permis d'identifier leur positionnement vis-à-vis de la blockchain (voir figure), les menaces et opportunités dont elle est porteuse. In fine, le test démontre la faisabilité technique de cette technologie tout en soulignant ses limites actuelles.

Niveaux de connaissance et d'engagement sur le sujet de la blockchain des parties prenantes clés du projet pilote

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Source : université de Wageningen

De fait, si le potentiel de la blockchain pour le secteur agroalimentaire se confirme, sa valeur ajoutée par rapport à d'autres systèmes informatiques existants est aujourd'hui discutable. En outre, passer de projets pilotes à des déploiements à grande échelle pose encore de nombreuses difficultés tant technologiques (ex : volume de données, lien entre celles-ci et les produits physiques) qu'organisationnelles. En conclusion, le rapport encourage les pouvoirs publics à soutenir et stimuler le développement de cette technologie, notamment via la recherche publique et d'autres projets exploratoires de ce type, et à développer un cadre légal pour l'encadrer.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : université de Wageningen

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09/03/2018

L'histoire de l'Inra, entre science et politique, Pierre Cornu, Egizio Valceschini, Odile Maeght-Bournay

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Pierre Cornu, Egizio Valceschini et Odile Maeght-Bournay se sont attelés à écrire une histoire globale de l'Inra, l'Institut national de la recherche agronomique, de sa création en 1946 à 2012. L'ouvrage, qui repose sur une abondante documentation écrite et orale, rappelle dans sa première partie (1946-1969) les conditions de création de l'Institut dans une France sinistrée par deux conflits mondiaux, et mobilisée pour moderniser son agriculture. Il revient ensuite sur la période de « mue libérale des sociétés industrialisées » (1969-1989), en soulignant la contribution de l'Inra à l'industrialisation de l'alimentation ainsi que les contradictions de son positionnement en faveur des innovations biotechnologiques. Enfin, sa dernière partie est consacrée aux efforts de réorientation, au fil des crises et des chantiers de réforme de l’État dans les années 1990-2012.

Cette histoire endosse largement le point de vue des dirigeants interviewés (par exemple sur « le renversement de positions » opéré avec un État « oublieux de ses missions », que la recherche doit aiguillonner pour qu'il ne renie pas son rôle de « pilotage stratégique »), mais elle ne manque pas de finesse. La description des tactiques employées et des réseaux d'influence dont jouent les dirigeants de l'Institut, dans les années 2000, pour assurer ses moyens dans un contexte de rigueur budgétaire, et « se distinguer davantage encore du monde des universités et du CNRS », est particulièrement synthétique. À propos de la mise en place de l'Agence nationale de la recherche (ANR), puis de l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES), l'ouvrage souligne ainsi le « paradoxe d'une libéralisation qui produit une bureaucratisation », rendant nécessaire un redoublement « d'efforts pour intégrer les nouveaux lieux de consultation et de décision ».

Enfin, le dernier chapitre met en perspective les nombreux atouts de l'Institut pour répondre aux défis du temps présent. Il fournit d'utiles éclairages sur les convergences fluctuantes entre des problématiques telles que la sécurité alimentaire globale, la ruralité, le développement durable, la bioéconomie ou encore l'agro-écologie, « nouveau concept intégrateur de la recherche agronomique publique » et véritable « régénération » de « l'idéal de progrès porté avec constance par les cadres de l'Inra ».

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

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Quels instruments économiques pour lutter contre la résistance aux antibiotiques ?

Publié mi-février 2018, le numéro 215 de Trésor-Éco est consacré aux instruments économiques pour lutter contre la résistance aux antibiotiques, en santés humaine et animale. Les auteurs rappellent tout d'abord la nécessité d'une réponse coordonnée au niveau international, basée sur trois types de politique visant la réduction de la consommation, la rationalisation de l'utilisation des molécules et la stimulation de l'innovation pharmaceutique. Le cadre actuel de la protection intellectuelle (PI) n'apparaissant pas adapté à la R&D sur les résistances microbiennes, plusieurs propositions sont présentées. Il s'agirait, d'une part, d'adapter le régime de PI : généralisation et harmonisation au niveau mondial du principe de certificat complémentaire de protection ; extension du bénéfice de ce certificat jusqu'à la première commercialisation. Une comparaison des différents systèmes d'incitations à la R&D est ainsi présentée dans la note. Un fonds de récompense de la mise sur le marché d'un nouvel antibiotique (contre cession des droits de PI) pourrait, d'autre part, être créé au niveau mondial, les auteurs en discutant les modalités d'application. Pour eux, l'installation d'un tel fonds servirait de test à une utilisation dans d'autres domaines, notamment la lutte contre les conséquences du réchauffement climatique.

Source : Direction générale du Trésor