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18/11/2021

Durabilité et résilience du secteur agricole, à différentes échelles

La durabilité et la résilience du secteur agricole sont au cœur de plusieurs travaux de recherche récents. Des chercheurs lituaniens ont ainsi repris, dans Land Use Policy, les définitions respectives de ces deux concepts, et développé des indicateurs dédiés, à partir d'une riche revue de littérature.

Si la « durabilité » comporte classiquement trois dimensions (économique, sociale, environnementale), la « résilience » est vue, selon les approches théoriques, comme un prérequis ou un fondement de la durabilité, parfois comme une de ses composantes, ou encore comme une notion parallèle, dynamique plutôt que statique. Repartant de définitions empiriques, les auteurs ont compilé de multiples indicateurs pour caractériser les trois dimensions de la durabilité et la résilience économique du secteur agricole des pays baltes et scandinaves. Cette dernière est notamment approchée par le taux de marge du secteur, la volatilité du chiffre d'affaires et la diversification des exportations (pays partenaires, produits). La dimension sociale de la durabilité repose, quant à elle, sur la place de la main-d’œuvre familiale, le niveau relatif des salaires agricoles, la situation des femmes, la démographie des exploitants, etc. Les différents indicateurs sont calculés sur une quinzaine d'années, pour faire ressortir les différences et évolutions nationales (figures ci-dessous).

Indicateurs de durabilité (en haut) et de résilience économique (en bas) des secteurs agricoles de 2004 à 2017

durabilite.jpg

Source : Land Use Policy

Il ressort de ces comparaisons empiriques que les deux concepts sont bel et bien indépendants : les indicateurs sont peu corrélés, avec des dynamiques (la résilience étant beaucoup plus sensible au contexte économique) et des performances relatives des pays très différentes. La résilience mérite donc d'être étudiée en tant que telle. Si les auteurs synthétisent la littérature et les indicateurs existants, leur approche de la résilience reste macro-économique et peut donc cacher des évolutions fines plus complexes.

Dans un autre article, également récent, des chercheurs néerlandais ont analysé la résilience à l'échelle des exploitations agricoles, grâce aux données du Farm accountancy data network (FADN, Réseau d’information comptable agricole-Rica en France). Ils la définissent selon trois dimensions des exploitations : robustesse (en réponse à des chocs), adaptabilité (évolution de la composition du résultat économique) et transformation profonde (introduction ou suppression d'ateliers d'élevage, agritourisme, conversion à l'agriculture biologique). La résilience est cette fois analysée pour différents types d'exploitations, dans neuf pays européens, dont la France. Les auteurs déclinent les indicateurs au niveau régional et montrent que les aides découplées affectent négativement la robustesse des exploitations, alors que les aides au développement rural ont un effet positif.

Ces deux approches complémentaires, macro et micro-économiques, devraient contribuer, grâce à des définitions claires et des indicateurs reproductibles, à clarifier et objectiver la notion de résilience, trop souvent invoquée de façon approximative.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Sources : Land Use Policy ; European Review of Agricultural Economics

13/01/2021

Les réserves céréalières, un facteur de résilience des systèmes alimentaires africains

Lors du colloque annuel de la fondation Farm, qui s'est tenu le 18 décembre 2020 en visioconférence, analyses scientifiques et témoignages professionnels ont envisagé des pistes pour améliorer la résilience des systèmes alimentaires africains, mise à l'épreuve en 2020 par la Covid-19 : appui aux producteurs agricoles, développement de la transformation locale, assurances, aide alimentaire ou financière, institutionnalisation des secteurs. Comparant les crises de 2008 et de 2020, F. Galtier (Cirad) a rappelé le rôle de la faible disponibilité céréalière dans la hausse des prix en 2008 et l’effet bénéfique de la libération d’un important stock de riz japonais. En 2020, la disponibilité des céréales a limité l’ampleur de la crise alimentaire. Selon F. Galtier, coordonnateur d’un rapport sur ce sujet pour la Commission européenne, rendu en 2018, le développement de réserves publiques, accompagné de mesures de gestion et de coordination, pour fournir une aide ciblée et stabiliser les prix, atténuerait la fréquence et l’intensité des crises à venir.

Source : Farm

03/07/2020

Des pistes pour améliorer la résilience du système alimentaire britannique

En réponse à une saisine du gouvernement en 2019, et en écho à la pandémie de Covid-19, le Parlement britannique a publié une note qui rappelle la nécessité de garantir la résilience du système alimentaire national et propose quelques pistes pour atteindre cet objectif. Parmi celles-ci, les auteurs mettent en avant la combinaison d'approches variées (ex. : production locale et commerce international), le fait de reposer moins sur les chaînes Just-in-time que sur des produits pouvant être stockés, et l'amélioration des infrastructures locales et régionales (ex. : privilégier de nombreux petits abattoirs locaux plutôt que quelques super-structures). Réduire les émissions de gaz à effet de serre en développant l'économie circulaire et la lutte contre le gaspillage, promouvoir la transparence des chaînes alimentaires, leurs externalités sociales et une alimentation plus saine figurent aussi parmi les préconisations. Selon les auteurs, un organisme public indépendant, capable de développer une vision globale du sujet, pourrait être chargé de les mettre en œuvre.

Source : UK Parliament Post

15:05 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : royaume-uni, résilience, système alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/09/2019

Quelle résilience des exploitations américaines face au risque climatique, en présence de programmes d'assurance ?

Alors que la résilience des exploitations fait l'actualité, deux équipes de chercheurs américains viennent de contribuer, par leurs publications, à documenter l'impact des variations climatiques d'une part, et des assurances, d'autre part, dans la survie des structures agricoles.

La première équipe s'est appuyée sur les résultats des recensements américains de 1992 à 2012 pour cibler les agriculteurs installés depuis moins de 10 ans et mieux comprendre les facteurs influant sur la poursuite ou l'arrêt d'activité entre deux enquêtes. De manière originale, ils ont introduit les facteurs climatiques, et ce de deux façons séparées, indirectement à travers la volatilité des prix et directement avec les fluctuations de la température et des précipitations. De manière plus classique, ils ont également analysé le poids de différents facteurs socio-économiques, tels que la rentabilité, l'âge de l'agriculteur, le type d'exploitation (familiale ou non, culture ou élevage), la part de l'agriculture dans l'économie locale (à l'échelle des comtés) ou le montant des aides fédérales.

Les auteurs ont ainsi pu mettre en évidence les facteurs ayant le plus d'impacts, positifs ou négatifs, sur la probabilité de cessation d'un agriculteur récemment installé. C'est le cas des aides fédérales ou de la volatilité des prix, qui agissent de façon contre-intuitive : plus il y a d'aides ou plus les prix sont stables, moins les exploitations sont résilientes. À l'inverse, l'instabilité climatique a peu d'effet sur la durée de vie des exploitations, en raison notamment des outils de gestion des risques auxquels recourent les agriculteurs américains.

C'est d'ailleurs sur ce volet que la deuxième étude est focalisée : elle évalue les programmes d'assurance récolte au regard de la résilience des exploitations, à partir de données de panel dans le Kansas, entre 1992 et 2016. L'équipe a estimé de façon précise l'apport des programmes d'assurance dans le maintien en activité des structures agricoles, voire

dans la limitation du désinvestissement. Recréant un contrefactuel à partir des exploitations n'ayant pas souscrit d'assurance récolte, les auteurs mesurent l'apport très significatif de cet outil dans le maintien d'activité, avec une baisse de 13,5 à 16 % du taux de cessation, et de 6 % du désinvestissement. Enfin, les auteurs font le lien avec la réforme de la Politique agricole commune, favorisant un recours accru aux subventions en faveur des assurances, ce qui pourrait s'accompagner d'une baisse du taux de disparition des exploitations européennes.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Sources : Sustainability, European Review of Agricultural Economics

11/03/2019

La FAO évalue l'état de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde

Conduit par la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture de la FAO, cette imposante synthèse sur l’état et la gestion de la biodiversité, à l'échelle mondiale, compile les résultats de nombreux rapports (91 nationaux et 27 d’organisations internationales) et les apports de plus de 175 auteurs ou relecteurs. Premier exercice de cette nature engagé par l'organisation, l'évaluation recense les différentes contributions de la biodiversité à l'alimentation et à l'agriculture, en termes de services écosystémiques, de résilience des systèmes de production, d'intensification écologique et de maintien de la sécurité alimentaire et des modes de vie.

Les tendances et évolutions, présentées en deuxième partie, décrivent une situation globalement très dégradée, avec un déclin rapide des composantes de la biodiversité. La diversité végétale à la base des systèmes alimentaires s'est appauvrie : neuf espèces (parmi les 6 000 cultivables) fournissent 66 % de la production agricole mondiale. Il en est de même pour les races animales, avec 26 % des races locales menacées d'extinction, tandis qu'un tiers des stocks mondiaux de poissons est surexploité et plus de la moitié ont atteint leur limite de résilience. Les espèces sauvages utilisées pour la chasse et la cueillette diminuent également fortement, surtout dans les zones Amérique latine et Caraïbe, Asie-Pacifique et Afrique. La troisième partie fait le bilan des dispositifs de gestion existants (conservation in et ex situ), et des pratiques favorables à la biodiversité. Près de 80 % des pays sont engagés, selon des modalités diverses, dans une approche de gestion durable, et certaines pratiques progressent : l'agriculture biologique (actuellement 58 millions d'hectares, soit 1 % des terres cultivées), l'agriculture de conservation (180 millions d'ha, soit 12 % des terres arables). Toutefois, selon les auteurs, les niveaux de protection et de couverture ne sont souvent pas à la mesure des enjeux. Le rapport dresse ensuite un panorama des politiques et institutions impliquées.

Une dimension importante de ce travail réside dans l'effort de convergence des différentes grilles de lecture internationales du problème de la biodiversité avec celles des questions agricoles et alimentaires. Ceci permet de traiter plus systématiquement l'interface entre biodiversité « naturelle » et agrobiodiversité.

Dates clés de la reconnaissance internationale de l'importance de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture

FAO.jpg

Source : FAO

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : FAO

13/02/2019

La résilience incertaine des agriculteurs familiaux dans un contexte d'aménagement hydraulique au Sénégal

Le dernier numéro de la Revue internationale des études du développement consacre un article à la résilience de l'agriculture familiale, sur des terres mises en valeur par des projets d'irrigation dans le bas delta du fleuve Sénégal. Le travail s’appuie sur plus de 80 enquêtes historiques et technico-économiques auprès d'agriculteurs et d'investisseurs. Divers profils de systèmes de production agricole familiaux sont documentés dans la zone étudiée (surface, main-d’œuvre, équipement, etc. – cf. tableau ci-dessous). La résilience est définie par les auteurs comme la capacité des ménages agricoles « à préserver les équilibres écologiques des écosystèmes cultivés et à dégager des revenus agricoles suffisants (autoconsommation incluse) pour assurer leur survie et la formation d’un surplus nécessaire à la pérennité de leur unité de production (à sa reproduction), ainsi qu’à la satisfaction d’autres groupes sociaux ».

Caractéristiques et résultats économiques des systèmes de production agricole familiaux du bas delta du fleuve Sénégal : l'exemple des villages des dunes

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Source : Revue internationale des études du développement

Les auteurs situent leur analyse dans un contexte de désengagement croissant de l’État, depuis les années 1980, accentué à partir de la crise financière de 2008. Auparavant, il intervenait directement dans le développement de l'irrigation, la gestion du foncier, la subvention des intrants et l'organisation des marchés agricoles. Par la suite, le retrait étatique de la gestion du foncier a amené les communautés locales à attribuer des droits pour la création de nouveaux périmètres irrigués privés, dont l'accès était plus facile pour les exploitations familiales et les investisseurs.

Selon les auteurs, dans ce cadre de concurrence entre des exploitations inégalement dotées en terres et en capital, sans régulation publique, les capacités de reproduction de la « petite » agriculture familiale (ayant en particulier moins de 1 ha) s’amenuisent : elle ne dispose pas des ressources nécessaires pour participer aux partenariats public-privé, condition d'accès à ces nouveaux périmètres irrigués. Afin de diversifier leurs revenus, tout en préservant autant qu'il est possible leurs activités, ces agriculteurs mettent donc en place des stratégies individuelles : travail hors exploitation, mise en location de terres, vente de produits de l'élevage, microcrédit, etc. Ils adoptent aussi des stratégies collectives : gestion du foncier (ex. mise en réserve de terres), recherche d'investisseurs extérieurs, maîtrise des prix dans l'accès aux marchés (initiatives collectives d'écoulement de la production), captation de valeur ajoutée par la transformation des produits agricoles.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Revue internationale des études du développement

13:35 Publié dans Développement | Lien permanent | Tags : sénégal, résilience, agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/02/2017

Le pastoralisme, un mode de vie résilient face à de nombreux défis

Coordination Sud, dans le cadre de sa Commission Agriculture et Alimentation, vient de publier une note de synthèse sur le pastoralisme. Elle met notamment l'accent sur le caractère résilient et agro-écologique de ce mode d'élevage extensif (fertilisation des sols, faible recours aux intrants, etc.), pratiqué par environ 120 millions de personnes dans le monde. Cette note aborde aussi le volet économique, généralement peu traité : le pastoralisme représente plus d’un tiers du PIB agricole des pays sahéliens (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie, Tchad) et, selon l'OCDE, cette part pourrait atteindre 50 % en prenant en compte la contribution de l’élevage à l’agriculture (fumure par exemple). Pour autant, le pastoralisme bénéficie de peu de soutiens publics. Les auteurs observent une évolution des systèmes pastoraux « purs » vers des systèmes « agropastoraux », notamment depuis les grandes sécheresses au Sahel : de plus en plus d’éleveurs développent des productions agricoles et fourragères et, en parallèle, des agriculteurs se lancent dans l’élevage.

Le document conclut sur les défis pour le pastoralisme, dont la sécurisation du foncier pastoral. En effet, il souligne que la promotion de l’agriculture à grande échelle, souvent accompagnée d'un phénomène de privatisation des ressources, notamment en eau, impacte les espaces de parcours, ces «communs» gérés par la communauté.

Source : Coordination SUD

10:36 Publié dans Développement | Lien permanent | Tags : pastoralisme, foncier, résilience |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/12/2016

La résilience des exploitations de taille moyenne aux États-Unis

D'après une publication récente de l'United States Department of Agriculture (USDA), les exploitations américaines de taille moyenne (dont le produit brut agricole est compris entre 350 000 $ et 999 999 $ constants par an) constituent, en 2014, 6 % du total des exploitations et participent pour 21 % à la production agricole nationale. Le rôle central qu'elles jouent dans la dynamique des structures, aux États-Unis, a conduit l'USDA à s'intéresser de plus près à leurs évolutions sur plus de 20 ans, période durant laquelle les politiques agricoles ont fortement varié.

Au-delà de la valorisation des recensements et des enquêtes sur l'économie des structures agricoles, l'étude se focalise sur la caractérisation des entrées et sorties de la catégorie, et sur les transitions. Les auteurs ont ainsi tenté d'identifier des facteurs clés pour expliquer l'aptitude à survivre des exploitations : l'âge des exploitants, l'ancienneté dans la profession, le type de productions, la zone géographique, le mode de propriété, les paiements directs publics perçus, etc.

Source : USDA

11:33 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : etats-unis, résilience, exploitations agricoles |  Imprimer | | | | |  Facebook

29/06/2015

Quelle résilience du système alimentaire mondial ?

En avril dernier, la revue PNAS publiait un article intitulé Resilience and reactivity of global food security. Dans un contexte de changements globaux (croissance démographique, pression sur des ressources limitées, etc.), les auteurs ont questionné l’évolution de la sécurité alimentaire au cours des 25 dernières années (1986-2010). Mobilisant des données démographiques, de production alimentaire et des échanges pays par pays, ils ont étudié la relation entre la dynamique des populations et les calories disponibles. L’objectif était d’évaluer la sensibilité du système alimentaire mondial à court terme (réactivité) et sa réponse à long terme (résilience) vis-à-vis de chocs liés à la volatilité sur les marchés, à des changements de politiques commerciales ou environnementaux.

Les auteurs soulignent plusieurs limites de leur approche, dont l’absence de stocks de matières premières dans le modèle décrivant de fait un scénario qu’ils qualifient de « solidaire », la non prise en compte de la pêche et de l’aquaculture ou encore des aspects nutritionnels.

Quatre grands groupes de pays sont identifiés en fonction de leur capacité à apporter les calories nécessaires à leur population (carrying capacities) via la production locale, mais aussi par le commerce international. Les auteurs font l’hypothèse que la taille de la population nationale est limitée par la nourriture disponible (ratio de la production en calories sur le régime alimentaire en calories par habitant et par an). Les quatre groupes sont : les pays exportateurs nets (dont les échanges diminuent la nourriture disponible pour leur population), les pays importateurs (partageant le même « pool » de ressources que les pays précédemment cités), les pays pour lesquels les échanges n’ont que peu d’influence sur la nourriture disponible ou l’évolution démographique nationales, et enfin les pays en déficit (avec une nuance apportée par les auteurs sur l’agriculture de subsistance, non prise en compte ici).

D’après ces travaux, dans les deux dernières décennies, alors que la dépendance aux échanges a augmenté, le système alimentaire mondial a perdu en résilience. Il est également devenu de plus en plus instable et réactif aux chocs. Les auteurs ont aussi établi une carte des pays les plus vulnérables (réactivité seulement), comme indiqué sur ci-dessous.

Carte des pays réactifs en 1987 et 2008

pays-reactifs.jpg

Source : PNAS

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : PNAS

 

09:43 Publié dans Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : résilience, système alimentaire mondial, sécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/06/2015

Société résiliente, transition écologique et cohésion sociale

Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a lancé plusieurs chantiers sur la résilience, sous trois angles principaux : l’analyse intégrée de la résilience territoriale, les villes résilientes, les acteurs dans les processus de résilience. Ce dernier angle est l’objet du n°124 de la collection Études et documents, publié en mai 2015 et intitulé Société résiliente, transition écologique et cohésion sociale : études de quelques initiatives de transition en France, premiers enseignements. Y sont exposés les résultats de deux études : l’une propose, à partir d’un travail de terrain en Île-de-France, une approche sociétale de la résilience dans une optique de transition écologique ; l’autre dresse un état des lieux concret des initiatives de transition repérées et identifie des pistes d’action, construites par les acteurs, en vue de l’élaboration d’un partenariat entre porteurs de projets de résilience territoriale et acteurs publics.

Ces travaux originaux montrent comment des réponses peuvent être apportées à des situations de crises par la mobilisation citoyenne et collective, et interpellent les acteurs publics pour une meilleure prise en compte de ces nouveaux modes d’action dans les territoires (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Source : CGDD

08:52 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : cgdd, résilience, transition écologique |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/03/2015

Colloque du Commissariat général au développement durable sur Résilience et transition écologique : quelles dynamiques territoriales ?

Le colloque Résilience et transition écologique : quelles dynamiques territoriales ? qui s’est tenule 5 mars dernier, à l’initiative du ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie (MEDDE), visait à mettre en évidence la façon dont la résilience peut être un facteur de redynamisation de certains territoires, dans une perspective de transition (écologique, énergétique, etc.). Étaient également traitées la mobilisation citoyenne et collective comme levier de la résilience, ainsi que la pertinence des modes d’action publique face aux démarches de résilience. Ce colloque s’est appuyé sur des travaux menés au Commissariat général au développement durable sur trois volets : analyse intégrée de la résilience territoriale, villes et résilience, cohésion sociale et résilience des sociétés.

La résilience, loin d’être un phénomène de mode pour le MEDDE, s’inscrit pleinement dans sa Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020, dont elle constitue l’axe premier dédié à développer des territoires durables. Elle constitue le moyen de dépasser des situations de crise dans un contexte de multiplication des risques (naturels, technologiques, sanitaires) et de mutations économiques et sociales. La capacité de résilience repose sur une démarche collective et citoyenne, mobilisant et engageant les territoires et leurs habitants sur le long terme ; elle n’est pas une réponse temporaire à une crise ou à un événement extrême. Il s’agit d’une « résilience sociétale ».

Parmi les cas concrets exposés, signalons celui se rapportant à la redynamisation de territoires ruraux fragilisés comme au Mené (Côtes-d’Armor), zone d’élevage, excentrée, très polluée, qui s’est engagée il y a plus de dix ans dans une démarche de production locale d’énergies renouvelables (utilisation des ressources locales pour réaliser un « mix énergétique » : chaudière bois, unité de méthanisation, huilerie de colza carburant, etc.). Peut également être citél’exemple d’une mobilisation citoyenne et collective à Béganne (Morbihan) pour réaliser un parc éolien citoyen. En termes d’action publique, l’État accompagne les collectivités territoriales avec l’« Atelier des territoires », visant à « faciliter l’émergence d’une stratégie de territoire et à engager les acteurs locaux dans un processus de projet grâce à la concertation et la co-construction ».

Enfin, un outil collaboratif, le WIKIRESILIENCE, « plate-forme de partage de connaissances et de pratiques entre les acteurs désireux d’améliorer la résilience de leur territoire », est mis à la disposition du public par le MEDDE.

Christine Cardinet, Centre d’études et de prospective

Source : MEDDE

09:43 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : résilience |  Imprimer | | | | |  Facebook

19/01/2015

La « résilience territoriale », un concept utile pour comprendre les effets de la crise économique dans les zones rurales

Si la crise économique constitue un frein au développement des zones rurales au sein de l'UE, son impact s'est révélé être de nature fort différente entre les territoires. C'est pourquoi les débats sur le développement rural tendent aujourd'hui à être moins centrés sur la notion de croissance, pour s'intéresser à des phénomènes d'une autre nature : la résistance ou la réponse des territoires aux chocs extérieurs. Des chercheurs de l'université de Cordoue, en Espagne, ont ainsi mis en place une méthodologie permettant d'identifier les facteurs qui contribuent à la résilience des territoires ruraux d'Andalousie. Ils en présentent les résultats dans un article publié dans Economía Agraria y Recursos Naturales. Avec un niveau de chômage qui atteint 35 %, l'Andalousie, région la plus méridionale d'Espagne, est aussi l'une des plus impactées par la crise économique.

La « résilience » est un concept issu des sciences écologiques, qui a été adapté afin d'étudier la capacité des systèmes complexes à se préparer, résister ou s'adapter à des chocs extérieurs, tels que les crises, les catastrophes naturelles ou le changement climatique. L'originalité des travaux de ces chercheurs réside dans l'application de ce concept aux territoires ruraux. Adapté au champ du développement rural, la résilience est définie par les auteurs comme la capacité d'un territoire à supporter des chocs extérieurs, à se réorganiser, puis à apprendre et à s'adapter à long terme.

Afin d'étudier les facteurs de résilience, les chercheurs s'appuient sur une analyse des ressources du territoire, des acteurs, de leurs interactions et de leur gouvernance. Sont également pris en compte divers facteurs susceptibles d'impulser des dynamiques de changement, tels que le capital économique (infrastructures, innovation, etc.), le capital humain (éducation, démographie, etc.), le capital social (degré de coopération entre les acteurs), le capital culturel (identité, participation citoyenne, etc.) et enfin le capital naturel (qualité de l'environnement, paysages, etc.).

Les auteurs concluent que l'agriculture a joué un rôle essentiel dans la résilience des territoires étudiés face à la crise. Devenue un secteur refuge, elle a absorbé la main-d'œuvre issue des secteurs en crise en augmentant le nombre d'actifs, en particulier parmi les jeunes. Mais l'étude souligne également l'impact positif des programmes de développement rural sur la résilience, en particulier lorsque ceux-ci ont renforcé la capacité institutionnelle des acteurs et la gouvernance du territoire. Les auteurs en concluent que le renforcement de la résilience des territoires ruraux dépend de la capacité à construire des stratégies intégrées, mobilisant de manière coordonnée les différentes politiques (agricole, rurale, territoriale) et les divers fonds.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Université de Cordoue

 

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