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16/10/2020

Gouvernance de l'usage des antibiotiques au Royaume-Uni

Face aux risques créés par l'antibiorésistance, l'usage trop important et l’utilisation inadéquate des antibiotiques sont une préoccupation pour la puissance publique : un article récent, publié dans Frontiers in veterinary science, traite de la situation au Royaume-Uni. Éleveurs et vétérinaires, en tant qu'utilisateurs majeurs, sont particulièrement ciblés et la quantification des ventes d'antibiotiques représente une donnée simple, très utilisée pour mesurer l'impact des politiques publiques. Au Royaume-Uni, le gouvernement a défini des objectifs mais a laissé au secteur agroalimentaire le choix des moyens à utiliser. Depuis 2014, les ventes d'antibiotiques par les vétérinaires y ont diminué de 49 %.

Cependant, les auteurs craignent que la polarisation sur ces deux acteurs et sur le seul paramètre quantitatif puisse dissimuler d'autres mésusages dans la chaîne de production. Par exemple, dans l'industrie laitière, le prix du lait acheté à l'éleveur est lié à différents paramètres de qualité définis par contrat avec les industriels, dont la présence de résidus antibiotiques. Ce paramètre est particulièrement important pour que l'industrie laitière, qui a mis en place des moyens de lutte contre l'antibiorésistance, respecte les normes européennes. Or, la moitié des quantités d'antibiotiques est utilisée chez les vaches laitières lors de la période de tarissement, en dehors de la période de contrat liant l'éleveur à l'industrie : celui-ci n'est donc pas incité à utiliser une méthode alternative aux antibiotiques comme, par exemple, l'obturation des trayons sur les animaux à faible probabilité d'infection pendant cette période. Les coûts économiques (ex. : sélection des vaches par la réalisation d'un test), en temps de travail et relatifs aux changements d'habitudes peuvent aussi être des facteurs limitant le recours du producteur à une méthode alternative.

De façon générale, les auteurs questionnent le fait que la gouvernance de l'usage des antibiotiques soit déléguée à un seul acteur de la chaîne industrielle alors qu’elle pourrait impliquer l'ensemble de ses composantes. Selon eux, il serait plus intéressant de proposer des bonnes pratiques à l'ensemble des acteurs que de se focaliser uniquement sur les statistiques de ventes.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Frontiers in veterinary science

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