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11/11/2020

L'accès à une alimentation saine pour tous en Europe requiert une approche transversale

L'insécurité alimentaire dans les pays riches est liée à un accès limité à un régime alimentaire sain, particulièrement dans les foyers les plus pauvres. Des chercheurs des universités d'Anvers et d'Oxford ont comparé le coût minimal d'un régime équilibré (recommandations nationales de santé publique) au revenu disponible des foyers dans les zones urbaines de 24 pays européens. Leurs résultats, publiés en octobre dans la revue Food Policy, montrent que dans 10 des pays étudiés, au moins 10 % de la population auraient des revenus trop faibles pour accéder à un tel régime. Les auteurs comparent également ces coûts alimentaires aux montants des aides sociales perçues par ceux qui n'ont pas d'autres revenus (figure ci-dessous). Ils observent que, dans au moins 13 pays, celles-ci ne sont pas suffisantes pour garantir l'accès des familles les plus pauvres à un régime alimentaire sain. Selon les auteurs, ces résultats soulignent la nécessité d'intégrer les politiques publiques alimentaires à l’ensemble des politiques sociales ciblant les inégalités structurelles (revenu, coût du logement et des autres biens et services essentiels).

Comparaison des coûts alimentaires et de logement, et des revenus minimum pour un foyer de deux adultes et deux enfants âgés de 10 et 14 ans

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Source : Food policy

Lecture : la ligne représente le revenu issu des aides sociales pour un foyer au sein duquel aucun adulte ne travaille. Les losanges représentent le salaire minimum pour un foyer au sein duquel un des deux adultes travaille.

Source : Food Policy

 

 

09/11/2020

Le GLOPAN propose 4 pistes pour rendre les systèmes alimentaires sains et durables

Des experts du Panel mondial sur l'agriculture et les systèmes alimentaires pour la nutrition (GLOPAN) signalent, dans une courte publication dans Nature correspondance, l'urgence de transformer le système alimentaire global. Ils appellent à une coopération internationale forte et proposent quatre leviers d'action (voir figure ci-dessous).

Actions de politique publique prioritaires pour opérer la transition des systèmes alimentaires vers des régimes durables et sains

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Source : Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition

Lecture : le GLOPAN propose de A) faire en sorte que les aliments essentiels pour des régimes sains soient produits durablement et en quantité suffisante, B) faciliter le stockage, le transport, la transformation et la commercialisation des aliments, notamment pour éviter le gaspillage, C) faire en sorte que chacun puisse accéder à un régime sain, D) donner aux citoyens les moyens de choisir des régimes durables et sains.

Source : Global Panel on Agriculture and Food Systems for Nutrition

 

 

 

 

 

 

15/09/2020

Biais thématiques et spatiaux de la littérature scientifique sur la sécurité alimentaire

Dans son numéro de septembre 2020, la revue Global Food Security présente les enseignements d'une étude de la littérature scientifique traitant de la « sécurité alimentaire ». Les auteurs y proposent une analyse innovante, utilisant une technique de fouille de texte (text mining) pour mettre en perspective les aspects thématiques et géographiques de ces travaux. À partir d'une recherche avec les mots clés « food security » et « food insecurity » dans la base Scopus, ils constituent un corpus de 16 152 résumés d'articles scientifiques, revus par les pairs et en langue anglaise. Publiés de 1975 à 2018, leur nombre augmente fortement sur la période récente (plusieurs milliers par an), à l'image de la tendance générale des publications scientifiques.

Les analyses couvrent la plupart des pays (187 identifiés), et des variations significatives sont constatées. Les États-Unis font l'objet du nombre le plus important d'articles (15 %), suivis de la Chine et de l'Inde. La répartition des travaux au sein d'une grande région ou entre pays de niveaux similaires de développement économique est inégale : par exemple, en Asie, les États de l'ex-URSS sont moins traités, comme ceux d'Afrique centrale. Dans les années récentes, la localisation des travaux ne concorde pas avec celle des populations les plus en insécurité alimentaire, du fait, par exemple, du ciblage des financements ou de la disponibilité des données.

Les auteurs identifient neuf grands thèmes au sein du corpus. Tous les sujets sont globalement connectés, et deux groupes spécifiques se dégagent, autour des aspects biophysiques de la production et des aspects sociaux de la sécurité alimentaire. Si, avant le milieu des années 1990, les travaux portent essentiellement sur l'Afrique et sur les enjeux économiques et la sécurité alimentaire globale, beaucoup d'autres thématiques sont plus récentes. Actuellement, les conditions de vie, la sécurité alimentaire mondiale et le climat et la durabilité occupent une place importante (respectivement 14,9 %, 14,6 % et 13,1 % des productions analysées).

Évolution des articles scientifiques portant sur la sécurité alimentaire : nombre total (C), répartition par grandes régions (A) et par thèmes (B)

sécurité alimentaire,chine,etats-unis

Source : Global Food Security

Lecture : en A, proportion de la littérature sur la sécurité alimentaire par grandes régions, avec un pas de temps de cinq ans, et exclusion des articles ne ciblant pas une zone spécifique (HICs : pays aux plus hauts revenus ; LAC : Amérique latine et Caraïbes). En B, proportion de la littérature liée à différents thèmes. En C, nombre de publications par an : pour les années récentes, le nombre d'articles diminue car ceux ne bénéficiant pas de citations dans d'autres productions n'ont pas été retenus dans la constitution du corpus selon l'un des critères fixés par les auteurs : comme certains articles publiés récemment n'ont pas encore pu être cités dans d'autres publications, le nombre total d'articles retenus diminue.

Enfin, plusieurs limites de cette démarche sont soulignées : le recours à la seule base Scopus, écartant notamment la littérature plus ancienne ; la prise en compte uniquement des productions en anglais ; un travail sur les seuls résumés des articles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security

 

 

 

 

Rapport 2020 de la FAO sur l'état de la sécurité alimentaire dans le monde : les coûts cachés des « régimes non sains »

Le rapport 2020 sur la sécurité alimentaire dans le monde confirme une dégradation récente de la situation : 690 millions de personnes sont touchées par la faim (10 millions de plus que l'an passé) et 2 milliards sont en situation d'insécurité alimentaire modérée à grave. En 2030, 840 millions de personnes pourraient souffrir de la faim. De plus, en 2020, seraient concernées 83 à 132 millions de personnes supplémentaires, du fait de l'épidémie de Covid-19.

Le rapport se concentre sur l'accessibilité des régimes sains dans le monde, en moyenne 5 fois plus chers que les régimes non sains (riches en amidon couvrant uniquement les besoins caloriques). Dans tous les cas, les coûts cachés (santé, environnement) de l'alimentation sont très significatifs. D'ici à 2030, l'adoption de régimes sains réduirait de 95 % les coûts des maladies non transmissibles (maladies cardiaques, diabète ou cancer), et de 41 à 74 % ceux liés aux émissions de gaz à effet de serre. Des politiques publiques de soutien à la transformation des systèmes alimentaires et de protection sociale sont enfin préconisées.

Les préconisations pour réduire le coût et améliorer l'accessibilité des régimes sains

InsecuriteAlimentaire.jpg

Source : FAO

Source : FAO

 

07/07/2020

Les effets de la pandémie de Covid-19 sur les activités économiques ultra-marines en débat au Sénat

Le 9 juin dernier, la Délégation sénatoriale aux outre-mer a organisé deux tables rondes sur l’agriculture et la pêche, donnant la parole à divers acteurs professionnels et publics. Ces sessions visaient à exposer les effets de la crise sanitaire sur l’activité, les mesures publiques de soutien dédiées et les adaptations des professionnels.

Vidéo de la table ronde sur l'agriculture et la pêche dans les outre-mer

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Source : Sénat

Selon la plupart des présidents de Chambres d’agriculture auditionnés, la crise sanitaire a eu un effet de loupe sur les difficultés des activités agricoles dans les territoires ultra-marins, tenant en partie à leur insularité. Le ralentissement du fret aérien a ainsi fragilisé l’approvisionnement en intrants ou en œufs à couver (indispensables à la filière avicole), conduisant à la baisse des surfaces et volumes de production. Les exportations ont par ailleurs été freinées, avec un manque à gagner significatif pour les agriculteurs, à l’image de ceux de la filière melon. La raréfaction de certains produits très prisés dans l’océan Indien, tels que l’ail, l’oignon et les épices, a enfin entraîné une hausse de leurs prix. En revanche, l’exiguïté des territoires et les hauts niveaux d’interconnaissance ont favorisé l'adaptation à ce contexte inédit, comme l'illustre le développement des points de vente directe et de drives fermiers dans la plupart des départements et régions d’outre-mer. Ces initiatives ont contribué à la stabilité des systèmes alimentaires locaux même si la crise a conduit certains ménages à privilégier le stockage de produits secs au détriment de la consommation d’aliments frais.

La table ronde sur la pêche a souligné la difficulté pour les producteurs d'accéder aux mesures de soutien gouvernementales, faute d’être à jour de leurs cotisations auprès de l’Union de recouvrement pour la sécurité sociale et les allocations familiales (URSSAF). Par ailleurs, le difficile écoulement des produits a entraîné des surcoûts liés à leur stockage. Enfin, d'après les intervenants, la gestion publique de la pandémie aurait renforcé les frontières nationales, d’ordinaire plus poreuses, diminuant ainsi l’exposition des pêcheurs locaux aux importations concurrentes de produits de la mer en provenance des bassins régionaux.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : Délégation sénatoriale aux outre-mer

12/06/2020

Pêche, aquaculture et sécurité alimentaire dans l’Océanie insulaire

En mai 2020, L’Information géographique a consacré un dossier au développement économique, à la gestion et à la prévention des risques naturels dans deux territoires ultra-marins du bassin Pacifique, la Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna. Dans cette région, vers laquelle s’opère « un glissement du centre de gravité économique mondial » depuis les années 1990, la France dispose d’une zone économique exclusive d’1,3 million de kilomètres carrés, équivalent à près de trois fois la superficie de l’Hexagone.

Parmi les cinq contributions constituant le dossier, deux portent sur les systèmes alimentaires. Dans son article, P. Dumas explore le rôle des activités halieutiques et aquacoles dans l’évolution du modèle économique néo-calédonien, très dépendant du nickel et des transferts financiers de l’État. La pêche hauturière de thon constitue un premier levier de croissance : actuellement limitée à vingt palangriers, du fait des règles privilégiant la durabilité de la ressource, son développement bénéficierait de la proximité du Pacifique ouest, riche en thon. L'essor de l’élevage de crevettes bleues (L. stylirostris), production haut de gamme d’ores et déjà exportée vers le Japon et les États-Unis, serait un autre relais de croissance.

Dans un second article consacré aux sociétés mélanésiennes, G. David revient sur le défi de la sécurité alimentaire dans l’archipel. Selon l’auteur, l’un des invariants du système insulaire océanien est la gestion coutumière du risque alimentaire. Confrontées aux cyclones et épisodes de sécheresse, les populations ont développé des usages complets des ressources animales et végétales : en témoignent le nombre élevé d’espèces concernées (rapporté à l’ensemble de celles présentes sur le territoire) et la variété des parties végétales utilisées (branches, feuilles, fleurs, fruits, racines).

Les savoirs traditionnels, réponse aux aléas et vulnérabilités des communautés insulaires du Pacifique pour gérer leur sécurité alimentaire

NouvelleCaledonie2.jpg

Source : L’Information géographique

L’érosion de ces savoirs traditionnels et les difficultés d’acheminement des marchandises, du fait notamment du recul du cabotage à l’échelle régionale, pourraient déstabiliser les systèmes alimentaires locaux. Sur ce point, l'auteur souligne la « satellisation de petits États insulaires vis-à-vis de la Chine » qui pourrait se traduire, à l'avenir, par leur approvisionnement par le gouvernement de Pékin.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Source : L’Information géographique

14/05/2020

« Les visages de la pandémie » : dossier de La vie des idées

Depuis le 12 mars 2020, le site La vie des idées explore les différentes facettes des phénomènes épidémiques grâce à un ensemble de textes, régulièrement enrichi, combinant essais, entretiens et recensions d'ouvrages. Parmi ces contributions éclairantes, notamment sur la pandémie actuelle, plusieurs textes traitent des relations entre humains et animaux. Rappelant que « la vie fonctionne en réseaux, en interrelations » (symbioses, parasitismes, etc.), F. Moutou présente, de façon synthétique, trois voies de transmission des zoonoses : par contact et voisinage (ex. : rougeole), par voie orale et l'alimentation (ex. : ESB), via les vecteurs hémophages (ex. : fièvre jaune). De leur côté, F. et A. Laugrand portent un regard anthropologique sur les chauves-souris, à partir de recherches menées aux Philippines. Ils soulignent comment la proximité avec ces animaux conditionne leur perception et joue sur la sensibilité humaine aux pathogènes dont ils peuvent être des réservoirs. M. Quet, quant à lui, s'intéresse au pangolin, « pris au piège de la marchandisation de la nature » et exposé, pour des usages alimentaires et médicaux, à diverses menaces (braconnage, dégradation de son habitat, etc.).

D'autres contributions apportent des éclairages sur les conséquences de la pandémie pour les populations. La première dresse un portrait de Wuhan, ville mondialisée, et « relate les expériences de confinement racontées par ses habitants ordinaires » : réorganisation de la vie quotidienne, prépondérance du numérique, par exemple pour les courses alimentaires, etc. La deuxième est consacrée à l'Inde et en particulier aux implications du confinement pour l'alimentation des plus défavorisés. Les auteurs rappellent que la part du budget consacrée à la nourriture est, en moyenne, de 43 % pour les ménages urbains, contre 53 % pour les ménages ruraux (et 61 % pour les 5 % les plus pauvres). La crise a alors deux conséquences : une perte de sources de revenus (souvent basées sur des emplois informels) ; un risque d'interruption de la chaîne alimentaire (difficultés d'ouvertures de magasins, de mobilité des travailleurs agricoles, etc.).

Pour finir, on peut signaler plusieurs recensions d'ouvrages : La grande grippe de 1918 (F. Vinet), Un monde grippé (F. Keck), Tempêtes microbiennes (P. Zylberman), etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : La vie des idées

L'impact potentiel de l'épidémie de Covid-19 sur la sécurité alimentaire des pays arabes

La Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie de l'Ouest (UNESCWA) a publié une note sur les conséquences possibles de l'épidémie de Covid-19 sur la situation économique et l'alimentation des populations dans 18 pays arabes de cette région. Plus de 50 % des calories consommées dans la région étant importés, ces pays sont dépendants du commerce international, en particulier pour les produits de base (le blé et le riz représentent à eux seuls 11 milliards de dollars de déficit commercial) et les aliments riches en protéines. La note souligne plus particulièrement les risques liés aux perturbations des approvisionnements mondiaux (production, transport et distribution, stockage par les pays producteurs, etc.). Alors même qu'une part significative de la population de près d'un tiers des pays de la région connaît déjà des situations de stress ou de crise (voir à ce sujet une autre brève sur ce blog), ces perturbations pourraient faire basculer près de 2 millions de personnes supplémentaires dans l'insécurité alimentaire, s'ajoutant aux 50 millions d'individus actuellement sous-nourris. La Commission préconise la mise en œuvre de politiques nationales et régionales capables de protéger les plus vulnérables.

Source : UNESCWA

10:51 Publié dans Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : unescwa, asie de l'ouest, covid-19, insécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/05/2020

135 millions de personnes seraient en situation d'insécurité alimentaire grave dans le monde

Le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) a publié, en avril, l'édition 2020 de son rapport global sur les crises alimentaires. Les auteurs, qui ont analysé 55 pays et territoires, estiment que 135 millions de personnes seraient exposées à une crise ou à une catastrophe alimentaire. L'Afrique et les régions Asie et Moyen-Orient seraient particulièrement touchées (respectivement 73 et 43 millions de personnes). Dans les 50 pays déjà étudiés lors de l'édition 2019, ce nombre aurait augmenté de près de 10 % en un an. Ces crises sont surtout liées à des conflits locaux (touchant 77 millions de personnes dans 22 pays), à des événements climatiques extrêmes (34 millions dans 25 pays) ou à des chocs économiques (24 millions dans 8 pays). Les auteurs anticipent que la plupart de ces crises vont se poursuivre en 2020.

Les dix crises alimentaires les plus graves en 2019

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Source : Food security information network

Bien que principalement établi avant l'épidémie de Covid-19, le rapport en identifie néanmoins les menaces pour la sécurité alimentaire (dont baisse de pouvoir d'achat et hausse des coûts de production).

Source : Food security information network

04/05/2020

L'IFPRI a pris en compte le genre dans ses travaux de recherche en 2019

L'International Food Policy Research Institute (IFPRI) a publié, en avril, son rapport annuel 2019. Les résultats clefs de ses 463 publications de recherche sont classés en cinq thèmes principaux : développement de systèmes de production alimentaire durables et résilients face au changement climatique ; promotion d'une nutrition saine ; promotion de systèmes équitables de transformation et de commerce alimentaires, laissant une place aux petits acteurs ; consolidation des institutions et de la gouvernance en vue de garantir une alimentation équitable et une sécurité alimentaire pour tous ; développement rural. De manière transversale, l'IFPRI a également pris en compte le genre dans ses travaux : il met par exemple en avant l'outil WEAI d'identification de territoires à fortes inégalités hommes-femmes et d'aide à la définition de solutions, utilisé dans 54 pays et par 104 organisations.

Source : IFPRI

16/04/2020

Covid-19 : analyses et recommandations du Groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE)

À l'initiative du président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), le HLPE a publié un Issue Paper sur les impacts du Covid-19 sur le système alimentaire mondial, la sécurité alimentaire et la nutrition. Selon les auteurs, la pandémie pourrait réduire à la fois l'offre alimentaire (manque de main-d’œuvre, accès limité aux intrants, ruptures des chaînes d’approvisionnement) et la demande (baisse de pouvoir d'achat, mesures de confinement). Ces phénomènes pourraient survenir de façon interconnectée et complexe, si bien que la résultante des impacts est difficile à prévoir, avec une instabilité des marchés alimentaires locaux et globaux. Le HLPE fait des recommandations mettant l'accent sur : i) la nécessaire coordination internationale, dans laquelle le CSA pourrait jouer un rôle moteur ; ii) la priorité donnée aux personnes les plus vulnérables, avec des mécanismes de protection sociale ; iii) un appui au fonctionnement des chaînes d'approvisionnement (conditions de travail, fourniture d'intrants, etc.) ; iv) la production et le partage de données et de lignes directrices utiles à l'analyse et à la recherche sur la pandémie.

Source : CFS HLPE

15/04/2020

Analyses et recommandations de l'IFPRI sur le Covid-19 et les systèmes alimentaires

Sur une page dédiée, l'IFPRI publie régulièrement des analyses, au format de billets de blog, consacrées aux conséquences et défis du Covid-19 pour les systèmes alimentaires dans le monde. Parmi les sujets traités, celui des marchés alimentaires informels en Afrique, qui ont une place importante dans l'approvisionnement des populations : selon l'auteure, Danielle Resnik, ces marchés devraient être pleinement intégrés aux programmes de gestion de crise du Covid-19 par les gouvernements. Un autre billet présente les résultats d'une enquête téléphonique menée en Chine, par des chercheurs de l'université Stanford, auprès de 726 personnes de sept provinces rurales en-dehors du Hubei : l'objectif est d'évaluer les effets sanitaires et économiques sur la population rurale des mesures de contrôle locales et nationales du Covid-19. Leurs résultats montrent qu'en raison du confinement, « la moitié des villages interrogés ont signalé des pertes moyennes de 2 000 à 5 000 RMB (282 $ à 704 $) par famille au cours du dernier mois ». Ces pertes sont associées à une baisse de la consommation alimentaire qui, selon les auteurs, pourrait avoir des impacts sur la nutrition des familles, en particulier préoccupants pour celles avec de jeunes enfants.

Source : IFPRI

17/03/2020

Agricultures européennes à l’horizon 2050 : entre enjeux climatiques et défis de la sécurité alimentaire mondiale

INRAE a présenté, le 14 février 2020, une étude prospective sur les agricultures européennes à l'horizon 2050 (captation vidéo disponible en ligne). L'objectif était d'analyser l'évolution de l'offre et de la demande en productions agricoles, en considérant un scénario « intermédiaire » de changement climatique (RCP 6.0 du GIEC) dans 21 régions du monde, dont huit européennes (cf. carte ci-dessous pour le découpage hors Europe).

Découpage régional adopté dans l'étude, hors Europe

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Source : INRAE

Un collectif d'une vingtaine d'experts a délimité des fourchettes de variations, en 2050, de l'offre agricole, considérant des hypothèses hautes ou basses de rendements, variant entre les régions étudiées selon les conditions de température, précipitations et évolutions techniques. Ils ont aussi exprimé des fourchettes sur la demande en produits agricoles, selon des hypothèses d'évolutions tendancielles (ex. : hausse de la consommation de produits animaux en Asie) ou vers des régimes considérés comme plus sains. Dans ce deuxième cas, l'apport calorique est limité et les parts consommées de produits animaux, légumineuses, fruits et légumes, produits sucriers et huiles végétales sont fixées, elles aussi variant selon les situations régionales initiales.

Répartition des apports caloriques totaux selon les différents groupes de produits agricoles (en kcal/hab/j) en 2010 et 2050, selon les deux hypothèses d’évolution des régimes alimentaires

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Source : INRAE

Il apparaît qu'en hypothèse de rendements bas, avec une évolution tendancielle des régimes alimentaires, le besoin supplémentaire de terres cultivées serait de 223 millions d'hectares (+ 15 % par rapport à 2010). À l'opposé, en hypothèse de rendements hauts et de régimes « sains », 51 millions d’hectares de terres cultivées pourraient être libérés.

L'étude analyse plus particulièrement la place de l'Europe dans ce contexte. Dans les cas où des terres cultivées pourraient être libérées dans cette zone, le développement de cultures d'oléoprotéagineux pourrait réduire les importations européennes et ainsi préserver entre 1 et 10 millions d'hectares au Brésil et en Argentine. Pour rappel, 47 millions d'ha y étaient consacrés au soja en 2010. Une autre stratégie, en cas de libération de terres, serait d'évoluer vers des systèmes agricoles européens moins intensifs en intrants de synthèse.

Bien que des incertitudes pèsent sur les hypothèses de rendements futurs, ce travail met en évidence les disparités entre régions, tant pour les hypothèses d'évolution de l'offre et de la demande que pour les résultats en matière d'utilisation des terres. L’analyse révèle des évolutions contrastées entre zones à forte tension sur les surfaces (particulièrement en Afrique subsaharienne, mais aussi en Afrique du Nord, au Proche et Moyen-Orient ou encore en Inde) et zones à surplus potentiel de terres (ex-URSS et certaines régions d'Europe).

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : INRAE

14/02/2020

Sécurité alimentaire et disponibilité de la ressource en eau : une analyse des tendances mondiales

L'augmentation de la population mondiale et des revenus nécessitera une hausse considérable de la production agricole, pour faire face à la croissance de la demande alimentaire, de 70 à 100 % à l'horizon 2050 selon les projections. Face à un tel défi, aggravé par le changement climatique, la disponibilité en terres cultivées et en eau pour l'irrigation constitue un sujet de préoccupation majeur. Afin de clarifier les termes du débat, un article publié dans Global Food Security propose une analyse de tendances, basée sur les données de la FAO et une revue de la littérature scientifique.

Il montre que dans un contexte de croissance exponentielle de la population (à l'exception de l'Europe), les terres cultivées et la disponibilité en eau par habitant ont constamment baissé depuis les années 1960, bien qu'elles se stabilisent désormais dans certaines régions (cf. figures). Cela n'a pas empêché la production agricole, sur la même période, d'augmenter plus rapidement que la population grâce aux progrès techniques et organisationnels, soulignés par d'autres travaux sur la productivité agricole (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). L'évolution des surfaces équipées pour l'irrigation par habitant est plus contrastée (figure ci-dessous) : baisse continue en Afrique, augmentation significative en Amérique du Sud, relative stabilité en Asie, etc. Cependant, en nombre d'hectares, elles augmentent dans la plupart des régions (sauf en Europe), ce qui témoigne d'investissements qui se poursuivent.

Terres cultivées (à gauche) et terres équipées (à droite) pour l'irrigation par habitant (Monde, 1961-2013)

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Source : Global Food Security

Ces tendances révèlent une capacité importante de l'agriculture à produire plus avec moins de terres et d'eau, mais rien n'indique, selon les auteurs, que cette capacité se développera à un rythme suffisant d'ici 2050. Le changement climatique, en aggravant les risques liés à l'eau (sécheresses, inondations, maladies, etc.) pourrait réduire des dotations déjà inégales, d'autant que les progrès techniques sont par nature incertains. Quelques pistes sont néanmoins prometteuses : se rapprocher des rendements potentiels des cultures (refermer le yield gap) permettrait selon certains auteurs de nourrir 2 milliards de personnes supplémentaires ; d'autres insistent sur les gains d'efficience liés à des modes d'allocation de l'eau plus souples et renégociables (ex. : quotas transférables).

Estimation et projection des ressources en eaux renouvelables disponibles par habitant, 1960-2080

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Source : Global Food Security

Lecture : eaux de surface à gauche, eaux souterraines au centre, eaux de surface et eaux souterraines à droite.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security

09:51 Publié dans 1. Prospective, Climat, Environnement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : eau, irrigation, terres cultivées |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/02/2020

Caractérisation multidimensionnelle de l'approvisionnement alimentaire mondial de 1961 à 2013

Dans un article de Nature food, des chercheurs ont développé, à partir des données de la FAO, un outil pour caractériser les systèmes alimentaires nationaux de 127 pays et suivre leur évolution entre 1961 et 2013. Ils ont chiffré la disponibilité de 18 groupes d'aliments par des scores numériques et ont observé que quatre combinaisons expliquent près de 90 % de la variance entre pays en matière d'approvisionnement alimentaire : les aliments d’origine animale et le sucre ; les légumes ; les fruits de mer et les oléagineux ; les racines tubercules et fruits amylacés.

Score moyen d'approvisionnement alimentaire par pays pour la période 2009-2013

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Source : Nature

Lecture : les données ne sont pas disponibles pour les pays indiqués en gris. Les scores sont présentés sur une échelle de 0 à 100.

Un score élevé en aliments d'origine animale et en sucre est caractéristique de la population occidentale aisée. Mais c'est en Chine, Europe du Sud et de l'Est, Asie de l'Est et dans une partie de l'Asie centrale que ce score a le plus augmenté en 50 ans. À l’inverse, l'Australie, l’Amérique du Nord, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont connu les plus fortes baisses.

Le score des légumes est le plus élevé sur la « route de la soie », de la Chine et de la Corée du Sud au Liban et à la Grèce, en passant par l'Iran. En un demi-siècle, on enregistre les plus fortes croissances en Asie de l'Est et dans certains pays du Moyen-Orient. Le score des fruits de mer et des cultures oléagineuses est important en Corée du Sud et au Japon, ainsi que dans plusieurs îles des océans Pacifique, Indien et Atlantique. Il a surtout augmenté en Corée du Sud et en Chine. Enfin, c’est en Afrique subsaharienne que le score des racines et fruits amylacés est le plus élevé ; contrairement aux autres combinaisons, il a peu varié au fil du temps.

Évolution, de 1961-1965 à 2009-2013, du score moyen d'approvisionnement alimentaire par pays

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Source : Nature

Lecture : les données ne sont pas disponibles pour les pays indiqués en gris. Les variations des scores sont comprises entre -30 et 80.

En conclusion, les auteurs soulignent les changements limités de l'approvisionnement alimentaire en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, les variations importantes en Asie de l'Est et du Sud-Est. À l’échelle mondiale, ils soulignent la relative convergence pour les aliments d’origine animale et le sucre, ainsi qu’une divergence entre les légumes, les fruits de mer et les cultures oléagineuses.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Nature