Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/10/2019

L'exposition prénatale aux pesticides organophosphorés modifie l'activation du cortex cérébral des adolescents

Des chercheurs des universités de Berkeley et Stanford (Californie) ont, pour la première fois, utilisé la spectroscopie fonctionnelle proche infrarouge (fNIRS) pour mesurer l'impact de l'exposition prénatale aux pesticides organophosphorés (OP) sur l'activité cérébrale. Ils ont observé, chez 95 adolescents, l’activation corticale lors de tâches liées à différents processus cognitifs : attention, mémoire de travail, flexibilité cognitive, inhibition de la réponse, cognition sociale et compréhension du langage. Pour ce faire, ils ont utilisé les données d'une cohorte longitudinale de suivi, depuis 1999, de mères et d'enfants de la vallée de Salinas, région agricole de Californie. Les auteurs observent des modifications de l'activation cérébrale (augmentation ou diminution selon les cas) pendant l'exécution des tâches chez les adolescents ayant été exposés aux organophosphorés avant la naissance (voir figure). L'activation cérébrale est ainsi particulièrement altérée pendant des tâches associées à la flexibilité cognitive et à la mémoire de travail. Ils rapportent également des différences d'activation selon le sexe lors de tests de compréhension du langage (augmentation chez les garçons, diminution chez les filles). Enfin, certaines tâches ne sont pas affectées (cognition sociale par exemple).

Régions du cerveau (hémisphère droit à gauche, hémisphère gauche à droite) pour lesquelles une diminution de l'activité neuronale lors d'un test de flexibilité cognitive est significativement associée à l'exposition prénatale aux OP

Cerveau.jpg

Source : PNAS

Source : PNAS

11:22 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pesticides, organophosphorés, adolescents, cerveau |  Imprimer | | | | |  Facebook

Pêche et bien-traitance animale : des expériences scientifiques d'étourdissement des poissons

En plus de poser la question de la bien-traitance animale, la mise à mort longue et douloureuse des poissons détériore la qualité de leur chair. Pour y remédier, les auteurs d'un article de septembre 2019, publié dans Plos One, ont comparé deux protocoles d'étourdissement : un lot de maquereaux a subi une première électrocution de 0,5 s, puis une deuxième de 4,5 s avant d'être immergés dans un bain de glace ; un autre lot a été soumis à un unique choc électrique de 5 s avant immersion. Pendant six minutes, la réponse musculaire des individus a été observée, toutes les minutes, pour tester l'efficacité de ces procédés.

Les protocoles testés provoquent tous deux une perte de conscience, effective à partir d'une électrocution de 0,5 s et sans interruption jusqu'à la mort des individus. Aucune trace de dommage interne (de la moelle épinière par exemple) et donc de détérioration de la qualité des poissons n'a été constatée suite à l'électrocution. Néanmoins, obtenir un procédé commercial d'étourdissement nécessiterait des travaux complémentaires pour généraliser le dispositif à l'ensemble des espèces capturées, en particulier celles de grande taille ne pouvant être facilement manipulées.

Schéma du dispositif d'électrocution

Poissons.jpg

Source : Plos One

Source : Plos One

Étude sociologique des pratiques apicoles

Sur la base de 37 entretiens réalisés avec des apiculteurs amateurs, professionnels ou double-actifs, des chercheurs de l'Inra caractérisent les formes d’engagement communes à cette activité, au-delà de la diversité des profils, des trajectoires et des projets d’exploitation. Leur article, paru dans Développement durable & territoires, met en lumière les enjeux de renouvellement du cheptel, examinant successivement la cueillette d’essaims sauvages pratiquée par les amateurs, l’essaimage artificiel permettant d’exercer une certaine sélection et l’élevage et l’achat de reines. Enfin, il débouche sur une réflexion sur l’autonomie dans le travail des apiculteurs. Celle-ci ne consiste pas seulement à mettre à distance le marché ou les contraintes du monde du travail (dans le cas des doubles-actifs et des deuxièmes carrières). Elle renvoie aussi à l'épanouissement dans l'action et à une certaine liberté créatrice.

Source : Développement durable & territoires

11:18 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : apiculture, travail |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/10/2019

Taux de surcharge pondérale et d'obésité chez les adolescents en classe de troisième

Une publication d'août 2019 de la Drees présente des résultats issus d'une enquête de santé, conduite en 2016-2017 auprès d'adolescents en classe de troisième. 925 collèges y ont participé, pour 7 242 réponses recueillies, avec un suréchantillonage des établissements en éducation prioritaire. Parmi les critères étudiés, il apparaît que 18 % des adolescents sont en surcharge pondérale et 5,2 % obèses, avec un accroissement de ces deux taux par rapport à la précédente enquête de 2009 (respectivement 17 % et 3,8 %). Les filles présentent une augmentation plus prononcée (figure ci-dessous). Par ailleurs, « la prévalence de l'excès pondéral reste socialement marquée » : 1/4 des enfants d'ouvriers sont concernés, contre 1/9 pour les enfants de cadre. Le sexe et l'origine sociale jouent également sur la prise quotidienne d'un petit déjeuner : elle est de 63 % en moyenne (68 % en 2009) et est moins fréquente chez les filles que chez les garçons (57 % contre 69 %), et chez les enfants d'ouvriers (deux fois plus déclarent prendre rarement ou jamais ce repas). Enfin, l'enquête montre que 29 % des adolescents fréquentent rarement ou jamais la cantine le midi, avec là encore des différences sociales puisque presque la moitié des enfants d'ouvriers sont dans ce cas contre 16 % des enfants de cadres.

Prévalence de la surcharge pondérale et de l'obésité des adolescents des classes de troisième, selon le sexe, entre 2001 et 2017

Drees.jpg

Source : Drees

Source : Drees

Croiser la télédétection par laser avec les images de Sentinel 2 pour améliorer l'évaluation des stocks de bois

Alors que les inventaires sur le terrain restent la solution la plus utilisée pour évaluer le stock sur pied en forêt selon les essences, une équipe allemande a utilisé deux solutions technologiques différentes pour réduire la forte marge d'erreur de ces inventaires. Ils ont utilisé, d'une part, les informations issues des images satellitaires de Sentinel 2 pour avoir une vision de la canopée, et, d'autre part, le résultat de campagnes de télédétection par laser (technologie Lidar) pour identifier les étages inférieurs et avoir une appréciation de la hauteur des arbres. Les objectifs sont de fiabiliser les éléments issus des inventaires par placettes (échantillonnage) et de réduire les coûts d'acquisition des données nécessaires à l'élaboration des aménagements forestiers dans le cadre d'une gestion durable.

Les auteurs se sont focalisés sur deux indicateurs : la proportion de feuillus et le volume de bois. L'analyse a porté sur le Bade-Wurtemberg, länd ayant un couvert forestier important et une grande diversité de situations topographiques. Si le modèle doit encore être amélioré et ne peut être, à ce stade, utilisé sans recours aux levées de terrain, ses simulations ont permis aux auteurs de diviser par deux l'incertitude sur les estimations de volumes de bois issues des inventaires. Cette méthode est particulièrement utile dans les zones où le nombre de points d'inventaire est faible ou pour les petits massifs forestiers.

Carte des volumes estimés de bois par hectare

Foret.jpg

Source : Forests

Source : Forests

11:16 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : télédétection, sentinel 2, bois |  Imprimer | | | | |  Facebook

Politiques et structures agraires en Amérique latine

Un document de l'International Land Coalition (ILC), présenté dans le cadre du Forum de la terre de l'ILC Amérique latine et Caraïbes, propose une réflexion sur l'impact des politiques de réforme agraire mises en place dans cette région au cours des cinquante dernières années. Treize spécialistes du sujet ont été sollicités pour en dresser le bilan, et identifier des points communs (origines des réformes, etc.) et des différences (conséquences sur les propriétaires fonciers, etc.). Malgré ces politiques, les auteurs constatent la persistance des phénomènes qu'elles cherchaient à endiguer : très forte concentration de la propriété de la terre (1 % des plus grandes exploitations possèdent plus de la moitié des terres agricoles), accroissement de la pauvreté et de la faim dans l'espace rural, migrations rural-urbain, actions violentes à l'encontre des populations revendiquant l'accès au foncier et la protection de l'environnement.

Source : International Land Coalition

Les fleurs, vecteurs de transmission des virus à ARN entre abeilles domestiques et sauvages ?

Dans un article de septembre 2019, des chercheurs de l'université américaine du Vermont mettent en évidence la capacité des abeilles domestiques contaminées à déposer deux virus à ARN sur les fleurs qu'elles butinent. Toutes les espèces de fleurs testées (Lotus corniculatus, Trifolium repens, Trifolium pratense) ne sont pas également susceptibles de recevoir les virus. Bien que les auteurs soupçonnent, en milieu naturel, une transmission possible aux abeilles sauvages par cette voie, les résultats de cette étude ne permettent pas de prouver cette hypothèse.

Source : Plos One

11:15 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : abeilles, virus à arn |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/10/2019

Comités de recrutement scientifiques et biais de genre

Des chercheurs français ont étudié l'impact des stéréotypes de genre sur le recrutement de chercheuses au CNRS. La quasi-totalité des disciplines comprend moins de la moitié de femmes chercheuses (mise à part « cultures et sociétés ») : c'est notamment le cas de celles liées à l'agriculture, avec à ce jour, par exemple, environ 30 % de chercheuses dans la catégorie « biologie végétale intégrative », 42 % dans la catégorie « espaces, territoires et entreprises », 23 % dans la catégorie « biodiversité, évolution et adaptations biologiques ». Les auteurs montrent notamment que les membres des comités de recrutement ayant de forts biais implicites, et pensant que les processus de promotion ou de sélection ne sont pas biaisés, recrutent moins de femmes. Ces résultats soulignent l'importance de former ces comités sur les stéréotypes de genre.

Source : Nature Human Behaviour

11:14 Publié dans Enseignement et recherche, Société | Lien permanent | Tags : genre, stéréotypes, recherche, recrutement |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le broyage des poussins mâles bientôt interdit en Suisse

Un article du 19 septembre 2019 du Matin faisait état d'avancées dans l'interdiction, en Suisse, du broyage des poussins mâles vivants de la filière « ponte » : l'ordonnance sur la protection des animaux est en cours d'adaptation, après avis de différentes instances, dont la Commission des sciences, de l'éducation et de la culture. Des considérations éthiques sont mises en avant sachant que, en pratique, le broyage est remplacé dans 97 % des cas par l'euthanasie gazeuse au CO2. Les autorités helvètes souhaitent de plus trouver des alternatives à l'élimination des poussins mâles : élevage de races aviaires mixtes, sexage des œufs, etc.

Sources : Le Matin, Swiss Info

11:12 Publié dans Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : bien-être animal, poussins, suisse |  Imprimer | | | | |  Facebook

Utilisations du phosphore et lacunes des systèmes d’information

Le phosphore est un élément important des systèmes alimentaires mondialisés, et un enjeu de taille pour les Objectifs de développement durable des Nations unies. Une étude, publiée par des chercheurs suédois dans Ambio. A Journal of the Human Environment, a ouvert la « boîte noire » de sa chaîne d’approvisionnement, repérant des lacunes de connaissances à différents niveaux : réserves et ressources, pertes et gaspillages, prise en compte des externalités. Plus généralement, l’accès aux données semble encore difficile. Les auteurs avancent des pistes pour améliorer les systèmes d’information.

Source : Ambio. A Journal of the Human Environment

11:11 Publié dans Agronomie, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : phosphore, systèmes d'information |  Imprimer | | | | |  Facebook

Éthique de la chimiothérapie chez le chien cancéreux

La fréquence des cancers chez les chiens augmente avec leur longévité. Ainsi, au Royaume-Uni, 27 % des décès canins sont dus à cette pathologie. La médecine vétérinaire a mis en place des protocoles thérapeutiques associant la chimiothérapie, à l’instar de la médecine humaine. L’auteure australienne de cet article pose la question de l’utilité de cette chimiothérapie au regard du bien-être animal. Pour elle, cette thérapeutique lourde peut seulement prolonger la vie de l’animal, sans pouvoir toujours mesurer la souffrance engendrée. Elle considère que le vétérinaire doit se comporter en garant du bien-être animal, parfois contre les demandes du propriétaire. Si l'article met l’accent sur l’éthique de la thérapeutique, il ne différencie pas son propos en fonction de la maladie elle-même, certains cancers pouvant atteindre une rémission complète.

Source : Animals

11:10 Publié dans Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : chiens, cancer, chimiothérapie, vétérinaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

18/09/2019

Un rapport spécial du GIEC souligne le lien entre changement climatique, dégradation des terres et systèmes alimentaires

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié, en août, un rapport spécial sur les liens entre changement climatique, désertification, dégradation des terres, gestion durable de celles-ci, sécurité alimentaire et émissions de gaz à effet de serre (GES). Il rappelle que les terres contribuent de manière primordiale aux modes de vie et au bien-être en fournissant de la nourriture, de l'eau, des services écosystémiques et en abritant de la biodiversité. D'après les données disponibles depuis 1961, la croissance de la population mondiale et l'augmentation de la consommation d'aliments, de fibres, de bois et d'énergie ont conduit à des taux d'utilisation des terres jamais atteints, provoquant leur dégradation, de la désertification, une augmentation des émissions de GES et des pertes d'habitats naturels et de biodiversité. De plus, le changement climatique exacerbe ces effets, menaçant davantage la santé des humains et des écosystèmes, avec de fortes variations régionales.

Le rapport passe également en revue et évalue trois catégories de solutions pour lutter contre ces dégradations, basées sur l'utilisation des terres, les systèmes alimentaires (ex. évolutions des régimes, réduction des pertes) et la gestion des risques. Nous n'aborderons ici que la première catégorie, qui inclut notamment la gestion durable des terres et des forêts, celle du carbone organique des sols, la conservation et la restauration des écosystèmes, la réduction de la déforestation. Leur mise en œuvre dépend du contexte, notamment des capacités d'adaptation locales, et leurs impacts varient dans le temps, selon qu'ils sont immédiats ou à l'horizon de plusieurs décennies. La plupart des options évaluées (figure ci-dessous) contribue positivement au développement durable. Néanmoins, certaines (afforestation, reforestation, bioénergies) peuvent augmenter le risque de conversion des terres, avec des conséquences négatives en matière de sécurité alimentaire. Ces effets contre-productifs peuvent toutefois être réduits si seulement une part des terres est allouée à ces trois dernières options.

Contributions potentielles des options basées sur l'utilisation des terres pour atténuer et s'adapter au changement climatique, réduire la désertification et la dégradation des terres et améliorer la sécurité alimentaire

GIEC1.jpg

Source : GIEC

Lecture : l'ampleur des contributions est représentée en couleur. Les contributions bleues sont positives, tandis que les rouges sont négatives. Les plus foncées sont les plus importantes. Les contributions représentées en blanc sont négligeables. Les lettres indiquent le niveau de confiance vis-à-vis du résultat : H = niveau de confiance élevé, M = moyen, L = faible. Le nombre de points représente le coût de mise en œuvre de la mesure : ●●● = coût élevé, ●● = coût moyen, ● = coût faible.

Enfin, les auteurs suggèrent la mise en place de politiques publiques adaptées (figure ci-dessous) : zonage géographique et planification spatiale de l'utilisation des terres, gestion intégrée des paysages, incitations (dont paiements pour services environnementaux), etc. La consolidation des droits de propriété sur le foncier, l'accès aux financements et le conseil paraissent également indispensables dans de nombreux pays.

Instruments et politiques publiques permettant d'atteindre divers objectifs : sécurité alimentaire, désertification et dégradation des terres, gestion durable du foncier, adaptation aux phénomènes climatiques extrêmes, atténuation des flux de GES dus au changement climatique

GIEC2.jpg

Source : GIEC

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : GIEC

17:20 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : giec, changement climatique, terres, systèmes alimentaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une forte interdépendance entre les États-Unis, le Brésil et la Chine sur le marché du soja

Trois experts de l'Economic Research Service (département américain à l'agriculture, USDA) ont publié une synthèse sur l'interdépendance entre ces trois acteurs majeurs du marché mondial du soja. En effet, parmi les principaux produits agricoles, ce marché est le plus concentré au monde, à l'exportation comme à l'importation. Brésil et États-Unis cumulent ainsi plus de 83% des exportations mondiales, dont les deux tiers sont absorbés par la Chine. Cette concentration géographique résulte de la combinaison de facteurs bioclimatiques, politiques et économiques, au cours des dernières décennies.

Principaux flux mondiaux dans le commerce du soja (2016-2017)

Soja1.jpg

Source : USDA-ERS

Les auteurs rappellent comment les politiques agricoles et alimentaires chinoises ont favorisé la production locale de riz et de céréales, dans un objectif de sécurité alimentaire, et ont donc ouvert la voie aux importations de soja, celles-ci représentant aujourd'hui 30 % du total des imports nationaux de produits agricoles et agroalimentaires. L'explosion de la demande chinoise, qui a permis un développement rapide de la production locale de viande, constitue la majeure partie de la croissance mondiale des échanges, directement tirée par le développement de la production de soja brésilien. Les conditions de culture s'y sont en effet révélées très favorables, en particulier dans les zones tropicales où soja et maïs peuvent se succéder sur une même campagne. Les coûts de production brésiliens sont inférieurs de 19 % à ceux constatés aux États-Unis et de 60 % par rapport à ceux de la Chine, en particulier grâce au moindre prix des terres, et aux plus faibles coûts du travail et du matériel.

Importations mondiales de soja depuis 1990 et projections jusqu'en 2028/2029

Soja2.jpg

Source : ERS-USDA

Depuis juin 2018, l'application par la Chine de taxes à l'importation sur le soja américain, dans le cadre des conflits commerciaux entre les deux pays, a largement profité au Brésil, renforçant sa position de leader. Compte tenu de l'ampleur des flux concernés, et en dépit de la baisse des prix américains, les autres pays importateurs n'ont pas pu absorber les volumes produits aux États-Unis qui ne sont plus exportés vers la Chine. Malgré ce conflit et un léger ralentissement récent des achats chinois, l'USDA prévoit une poursuite de la progression de la demande chinoise sur les dix prochaines années, essentiellement alimentée par le Brésil.

Cette synthèse très documentée permet donc de resituer et comprendre cette interdépendance historique, et rappelle la place stratégique du soja dans l'économie brésilienne actuelle.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : United States Department of Agriculture, Economic Research Service

17:17 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : soja, etats-unis, brésil, chine |  Imprimer | | | | |  Facebook

La place des jeunes dans les processus de transformations structurelle et rurale

Un rapport du FIDA de juin 2019 analyse la situation socio-économique des jeunes ruraux (15-24 ans) dans 85 pays « en voie de développement » et « émergents », de diverses régions (Asie-Pacifique, Afrique subsaharienne, Proche-Orient, Afrique du Nord, Asie Centrale, Europe, Amérique latine, Caraïbes). Il décrit les contextes qui conditionnent leur avenir et les leviers qui devraient être actionnés par les pouvoirs publics et les investissements privés pour faciliter leur insertion dans la vie active. Plus de 80 % des 15-24 ans vivent dans des « pays en développement », dont 41 % dans les zones rurales, notamment en Asie et en Afrique. Les projections prévoient une augmentation et une concentration géographique de cette tranche de la population en Afrique.

Les auteurs fondent leur analyse sur un ensemble de données macro et microéconomiques, ces dernières issues d'enquêtes auprès de ménages. Une typologie originale des « espaces des débouchés ruraux » combine les informations sur les potentiels de production agricole et de commercialisation, la densité de population, la localisation géographique des ménages. Elle permet de montrer que la prévalence des ménages composés d'agriculteurs de subsistance diminue et celle des ménages non agricoles augmentent lorsque les débouchés sont plus importants (figure ci-dessous).

Pourcentage de ménages dans l'espace des débouchés ruraux, par type de ménage

FIDA1.jpg

Source : FIDA

Lecture : dans les espaces rencontrant des difficultés de débouchés importantes, 61 % des ménages sont en transition et 18 % sont non agriculteurs. Ces proportions sont respectivement de 49 % et 38% dans les espaces présentant des débouchés variés et rémunérateurs.

Selon les auteurs, les trois piliers d'une transformation rurale inclusive de la jeunesse sont la productivité (environnement de travail, compétences), la connectivité (rapports aux personnes, marchés, services, informations) et, enfin, un contexte favorisant la maîtrise de leur destin à tous les niveaux (familial, local et national). Le RSPA (Rural sector performance assessment), ensemble d'indicateurs développé par le FIDA pour évaluer la performance économique générale d'un pays, et du secteur rural en particulier (politiques de développement, pauvreté, égalité des sexes, compétences, nutrition, changement climatique, accès au foncier, aux marchés, etc.), contribue à l'analyse de ces transformations rurales en cours. La répartition des jeunes, par région et par type de transformations, concernant l'ensemble du pays (« transformation structurelle ») ou seulement les zones rurales (« transformation rurale »), en est une illustration (figure ci-dessous).

Nombre de jeunes par région et par catégorie de transformations structurelle (TS) et rurale (TR)

FIDA2.jpg

Source : FIDA

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Fonds international de développement agricole

Quels effets de la politique commerciale des États-Unis sur leur secteur agricole et agroalimentaire ?

En juillet dernier, l'université de Purdue a publié un article étudiant l'impact de l'évolution récente de la politique commerciale des États-Unis (EU) sur leur secteur agricole et agroalimentaire. L'analyse est réalisée à partir du modèle d'équilibre général GTAP. Cet article revêt un intérêt particulier dans le contexte actuel, où les EU ont quitté en 2017 (avant son entrée en vigueur) l'Accord de Partenariat TransPacifique (TPP) avec onze pays du pourtour de l'Océan Pacifique (Canada, Mexique, Japon, Australie, etc.) et engagé des contentieux commerciaux, notamment avec la Chine. Fin 2018, ils avaient également menacé de quitter l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique, pour en forcer la renégociation.

Les auteurs simulent l'impact ex ante, sur le secteur agricole américain, de trois décisions déjà prises et de deux scénarios hypothétiques : la mise en œuvre de l'Accord Canada – États-Unis – Mexique (ACEUM) signé en 2018, qui vise à prendre la suite de l'ALENA ; l'augmentation des droits de douane par les pays partenaires sur les importations de produits agricoles américains, suite aux surtaxes décidées par ce pays sur l'acier, l'aluminium et d'autres produits (scénario appelé ci-après « guerre commerciale ») ; la sortie des EU du TPP décidée début 2017 ; une éventuelle sortie des EU de l'ALENA ; une éventuelle ré-adhésion au TPP.

Les résultats indiquent que la politique commerciale américaine actuelle pourrait avoir des effets négatifs sur le secteur agricole et agroalimentaire (voir figure). Ainsi, les gains tirés de la signature de l'ACEUM, en matière d'exportations, seraient modestes (+ 440 millions de dollars) et largement annulés par les pertes générées par la guerre commerciale (- 7,7 milliards) et la sortie du TPP (- 1,8 milliard). La baisse des exportations générerait une réduction de la production et une sortie de près de 50 000 travailleurs du secteur agricole et agroalimentaire. L'impact serait le plus important pour les secteurs des oléagineux, du porc et de la volaille, et des produits ovins et porcins. Dans le scénario hypothétique où les EU seraient sortis de l'ALENA, les exportations auraient diminué de 12 milliards de dollars, générant une perte additionnelle de 50 000 emplois. Au contraire, leur ré-adhésion au TPP permettrait d’accroître les exportations (+ 2,9 milliards de dollars), en particulier dans le secteur des produits laitiers.

Impact de différents scénarios de politiques commerciales sur les exportations américaines de produits agricoles et agroalimentaires

GTAP.jpg

Source : Global Trade Analysis Project

Lecture : USMCA : ACEUM ; TPP11 : TPP sans les États-Unis ; Trade war : guerre commerciale ; No NAFTA : sortie de l'ALENA ; TPP12 : ré-adhésion au TPP.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Global Trade Analysis Project

17:10 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : etats-unis, politique commerciale, gtap |  Imprimer | | | | |  Facebook