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15/01/2020

État des lieux de la recherche mondiale sur la santé mentale des agriculteurs

La première méta-analyse de la littérature scientifique portant sur la santé mentale des agriculteurs, dans le monde, a été publiée en décembre 2019 dans PLOS ONE, par des chercheurs canadiens. Les publications sélectionnées traitent de santé mentale sous des angles négatifs (stress, dépression, suicide) ou positifs (résilience), et se focalisent sur les travailleurs agricoles. Cette revue porte sur 341 documents, uniquement en langue anglaise et couvrant près de 30 ans (1979 à 2017).

La grande majorité de ces études a été conduite aux États-Unis (35%), en Australie (19%), en Inde (13%) et au Royaume-Uni (7%). 16 % d'entre elles ont été menées dans des pays européens et seulement 3 % sont des études internationales. Si on constate une augmentation sensible de la fréquence des publications sur ce thème, le spectre couvert reste limité. La majorité des travaux portent sur le stress (143), la dépression (111) ou le suicide (113). Peu traitent des questions d'anxiété (51), de burn-out (2) ou de résilience (20). Enfin, seules 20 publications abordent la question de la prise en charge, notamment au travers de l'évaluation des dispositifs publics mis en place.

Les auteurs concluent au manque de connaissances quantitatives sur la prévalence des maladies mentales parmi les agriculteurs, et plus encore sur les facteurs de risques ou protecteurs, ainsi que sur les dispositifs d'intervention auprès de ces populations.

Nombre d'études, par an, portant sur la santé mentale au sein de la population agricole

Sante-mentale.jpg

Source : PLOS ONE

Source : PLOS ONE

14:45 Publié dans Agriculteurs, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : santé mentale, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/01/2020

EVA RISKSUR : un logiciel pour l'évaluation intégrée des systèmes de surveillance

La revue Preventive Veterinary Medicine a publié un article sur EVA, une approche intégrée pour l'évaluation des systèmes de surveillance de la santé animale. Ce logiciel est le résultat d'un projet, initié en novembre 2012 par l'unité de recherche ASTRE (animal, santé, territoire, risques, écosystèmes). Il est fondé sur plusieurs critères, parmi lesquels l’accessibilité, la flexibilité et la simplicité. Les aspects économiques sont notamment mis en exergue, à la suite d'une étude dans 7 pays européens démontrant leur importance. L'outil a été testé dans cinq États membres, sur cinq maladies animales : pestes porcines classique et africaine, diarrhée virale bovine, grippe aviaire et salmonellose à Salmonella Dublin. À long terme, l'outil EVA devrait accroître la capacité d'évaluation professionnelle et aider à optimiser l'efficacité du système de surveillance de la santé animale, ainsi que l'allocation des ressources, pour les acteurs publics et privés concernés.

Source : Preventive Veterinary Medicine

14:41 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : eva risksur |  Imprimer | | | | |  Facebook

Contours et motivations de l'entrepreneuriat collectif dans la méthanisation agricole

Dans un article publié dans la revue Systèmes alimentaires, un chercheur de l’École de management de Normandie se penche sur l'entrepreneuriat collectif dans la méthanisation agricole, afin d'en caractériser les contours et les motivations. À partir de l'étude documentaire de 75 projets et de l'analyse approfondie de 4 d'entre eux, l'auteur identifie six modèles d'entrepreneuriat collectif résultant de l'association de trois types d'acteurs : des agriculteurs, des industriels et des collectivités locales. Il montre que cet entrepreneuriat est généralement un choix par défaut, motivé par la nécessité de disposer de suffisamment de matière méthanogène afin de faire fonctionner une unité rentable. Par ailleurs, lorsqu'une démarche collective s'avère nécessaire, les agriculteurs à l'origine du projet cherchent d'abord à s'associer avec leurs pairs, craignant que la gouvernance du projet et la valeur ajoutée ne leur échappent, si des industriels ou des collectivités locales venaient à y participer.

Les modèles d'entrepreneuriat collectif en méthanisation agricole

Methanisation2.jpg

Source : Systèmes alimentaires

Source : Systèmes alimentaires

14:39 Publié dans Agriculteurs, Territoires | Lien permanent | Tags : méthanisation, entrepreneuriat |  Imprimer | | | | |  Facebook

Évaluation d'impact des politiques publiques : quelles bonnes pratiques d'autres pays pourraient-elles être adoptées en France ?

L'évaluation d'impact vise à apprécier (ex post) les effets propres d'une politique publique au regard des objectifs qui lui étaient assignés, au moyen de méthodes statistiques et économétriques. Si cette pratique est bien établie aux États-Unis et au Royaume-Uni, son développement est plus tardif dans notre pays. Dans ce contexte, France Stratégie a dressé un panorama de l'évaluation d'impact en France, et dans cinq pays économiquement proches et considérés comme avancés en la matière : Allemagne, Canada, États-Unis, Royaume-Uni, Suède. Ces éléments sont notamment intéressants pour les actions portées par le ministère en charge de l'agriculture.

Les résultats, publiés en décembre, identifient une douzaine de bonnes pratiques, notamment : i) une articulation adéquate entre la demande et la production d'évaluations d'impact (ex. : via une plus grande mobilité de carrière entre administration publique et recherche aux États-Unis) ; ii) la définition de principes communs garantissant l'indépendance, la crédibilité et la transparence des évaluations (ex. : accréditation des évaluateurs au Canada) ; iii) le partage des pratiques et des résultats (géré par les What Works Centres au Royaume-Uni et les Clearinghouses aux États-Unis), mais également des enjeux de politiques publiques. Ainsi, au Royaume-Uni, les ministères sont encouragés à communiquer sur les domaines où des besoins de preuves scientifiques existent.

Source : France Stratégie

14:37 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : france stratégie, évaluation d'impact |  Imprimer | | | | |  Facebook

Suivre la diversité végétale en prairie par des images satellites

Des chercheurs de quatre centres français ont publié, fin novembre 2019, les résultats d'une étude analysant par images satellites la diversité végétale en prairie. Pour cela, les auteurs ont comparé des images prises pendant 15 mois consécutifs sur une zone de 40 000 km², avec 415 relevés de terrain, sur 83 prairies (près de Toulouse). L'intérêt de leur travail repose sur l'étendue importante de la zone étudiée et sur la précision de prédiction des indices de diversité Simpson et Shannon, qui prennent en compte une proportion de présence plutôt qu'une donnée binaire présence/absence. Cette capacité à prédire l'abondance des espèces les plus présentes, mieux que le nombre d'espèces présentes, s'explique par le fait que les images satellites ont une résolution de carrés de 10 mètres de côté. Les auteurs concluent que les images satellites utilisées (Sentinel 1 et 2) sont des outils intéressants pour suivre la diversité végétale et sa variabilité intra-parcellaire.

Image haute résolution (a) et prédiction de l'indice de Simpson (b) pour une zone de 1 km²

Satellite.jpg

Source : Remote Sensing of Environment

Lecture : l'indice de Simpson tend vers 0 quand une espèce unique prédomine.

Source : Remote Sensing of Environment

14:32 Publié dans Agronomie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : diversité, prairie, images satellitaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Stratégies politiques des entreprises de l'agroalimentaire en France, dans les champs de la santé publique et de la nutrition

Dans un article publié dans la Revue française des affaires sociales, D. Benamouzig et J. Cortinas présentent les résultats d'une étude empirique des stratégies politiques des entreprises de l'agroalimentaire dans les champs de la santé publique et de la nutrition. Réalisé à la demande du ministère de la Santé, ce travail s'appuie sur une quarantaine d'entretiens semi-directifs, les échanges avec les interviewés étant centrés sur trois sujets : les EGA et la loi Égalim ; les logos nutritionnels ; la publicité pour certains produits alimentaires dans les programmes télévisés à destination des enfants. Trois types de stratégies sont finalement identifiées et détaillées : i) celles d'ordre cognitif, visant la production et la diffusion de savoirs et d'arguments (scientifiques, techniques, économiques, légaux, philosophiques, moraux), mais aussi d'ignorance et de doute ; ii) celles de représentation d'intérêts (prises de positions, alliances avec d'autres acteurs, etc.) ; iii) enfin des stratégies d'ordre symbolique, visant à créer du crédit ou du discrédit social. Si ces stratégies ne sont pas totalement indépendantes, elles sont mises en œuvre par des acteurs spécifiques et forment un « système cohérent d'activités politiques ». Les auteurs identifient plusieurs pistes d'approfondissement : confronter cette grille à d'autres contextes, considérer les particularités des filières ainsi que les ressources et capacités des différents acteurs.

Source : Revue française des affaires sociales

14:30 Publié dans IAA, Société | Lien permanent | Tags : agroalimentaire, entreprises, stratégies politiques |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/01/2020

Présence d'antibiotiques dans le bassin hydrologique del Plata (Argentine)

Un article publié dans le numéro de décembre 2019 d'Environment International est consacré à la pollution du bassin hydrologique del Plata (le deuxième plus grand d'Amérique du Sud), par des antibiotiques utilisés dans les élevages intensifs bovin (feedlots) et avicole. L'étude, du Centro de Investigacion del Medioambiente (Universidad Nacional de La Plata / CONICET), porte sur trois molécules (monesin, lasalocide, salinomycine), utilisées comme facteurs de croissance accélérée et non pour le traitement de maladies. L'ingestion systématique par les animaux, via leur alimentation, dépasse leurs besoins physiologiques et se traduit par des rejets : jusqu'à 90 % de ces antibiotiques risquent ainsi de se retrouver dans l'environnement en tant que résidus. Le monesin est le plus fréquemment détecté et, quand il est en association avec la salinomycine, sa concentration est environ 70 fois supérieure dans la zone d'étude que dans d'autres cours d'eau de la région. Selon les auteurs, la situation est d'autant plus préoccupante qu'il n'existe pas de cadre législatif national concernant les niveaux de concentration des antibiotiques dans l'eau, ce qui complique la mise en place de politiques publiques.

Sites et fleuves étudiés

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Source : Environment International

Lecture :

- pour les sites : AP :Alto Parana, GUA : Gualeguay, PAR : Parana, URU : Uruguay, BA : Saladillo, WL : marécages ;

- pour les fleuves : I : Paraná, II : Uruguay, III : Gualeguay, IV : De La Plata, V  : Saladillo.

Source : Environment International

Square Idée – Débat sur les animaux d'élevage

Square.jpg

Début janvier 2020, Arte mettait en ligne un numéro de son magazine des idées Square dédié à la question « Les animaux d'élevage sont-ils des martyrs ? ». Intervenant en alternance, P. Cavalieri, philosophe, et J. Porcher, sociologue et zootechnicienne, présentent leurs visions et arguments quant aux évolutions nécessaires des relations entre humains et animaux. Tenante de la « libération animale », P. Cavalieri appelle en particulier à étendre les droits fondamentaux aux animaux et souligne le « tournant politique » que connaît ce mouvement, devant dorénavant s'adresser aux institutions politiques et plus seulement aux individus (veganisme). Ce mouvement s'intègre dans ceux de libération des humains discriminés, et il y a là une question éthique centrale pour nos sociétés post-industrielles. De son côté, J. Porcher dénonce une vision virtuelle des animaux et une collusion avec les intérêts des multinationales et startups de la viande cellulaire (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Elle propose de repenser le statut de l'animal au travail, en mobilisant notamment la théorie du don de M. Mauss, et à en développer une vision politique. Il s'agit alors de dépasser la question du bien-être animal et de sortir du registre de la domination et de l'aliénation, qui n'amènent à ne considérer que l'élevage industriel. Pour elle, les animaux sont indissociables de l'évolution humaine et l'élevage permet d'avoir un rapport pacifique avec eux.

Source : Arte

14:23 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : arte, animaux d'élevage, rapport homme-animal |  Imprimer | | | | |  Facebook

Objectif européen d'élimination de la rage des mammifères non volants en 2020 : état des lieux

Mise en ligne récemment, une thèse vétérinaire s'intéresse à l'objectif d'élimination de la rage des mammifères non volants, fixé à l'horizon 2020 par l'Union européenne. La rage reste une zoonose majeure dans le monde, avec environ 59 000 décès humains annuels, à 99 % d'origine canine. Cette thèse fait le point sur la situation dans les pays de l'UE et de sa périphérie, où elle est majoritairement d’origine vulpine (renards). La plupart sont actuellement reconnus « indemnes », au sens de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), plus ou moins récemment (ex. : depuis 1991 pour la Finlande, 2010 pour la France, 2016 pour la Slovénie, etc.). D'autres pays, insulaires (ex. : Chypre) ou protégés de la vague d'épizootie d’origine orientale du siècle dernier par les pays limitrophes (ex. : Danemark, Espagne, Portugal), n'ont jamais vu se déclarer de cas. Enfin, des cas récents de rage ont été identifiés en Hongrie, Lituanie, Pologne et Roumanie. Pour l'auteur, l'élimination prochaine de la rage dans l'UE est un objectif atteignable. Ce travail montre également que trois modes d'action sont mobilisés par les États : vaccination des animaux domestiques, limitation des divagations et proliférations de la faune sauvage, vaccination par voie orale des animaux sauvages. En outre, les accords conclus par l'Union avec des pays limitrophes, comportant une rage enzootique, permettent de lutter contre une éventuelle propagation (ex. : vaccination orale aux frontières). Ce type de partenariat est considéré avec intérêt par l'OMS, au regard de son objectif de disparition des cas de rage humaine à 2030.

Lien : École nationale vétérinaire d'Alfort

Quels leviers pour aider les producteurs européens à faire face aux évolutions potentielles de leur environnement de travail d'ici 2030 ?

L'Iddri a présenté, dans une publication de novembre, un exercice de prospective (réalisé dans le cadre du projet SUFISA), explorant les potentiels changements, d'ici à 2030, dans l'environnement de travail des producteurs européens. Pour ce faire, cinq variables structurantes ont été considérées (politiques commerciales, demande globale, régimes alimentaires, organisation des filières, technologies) pour construire quatre narratifs possibles. Ensuite, ont été envisagés les leviers individuels, collectifs et politiques, pour faire face à ces évolutions. Les auteurs recommandent ainsi d'accroître le niveau de différenciation des produits, pour se placer sur des marchés de plus en plus segmentés, et de renforcer des dynamiques de filières (ex. : organisations de producteurs).

Source : Institut du développement durable et des relations internationales

14:19 Publié dans 1. Prospective, Agriculteurs | Lien permanent | Tags : iddri, sufisa, agriculteurs, 2030 |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/01/2020

La dendrochronologie pour tracer les routes du bois durant l'Empire romain

Examinant des pièces de chênes retrouvées sur un site archéologique à Rome, des chercheurs ont pu reconstituer le parcours de ces pièces exceptionnelles de bois depuis le massif du Jura jusqu'à la capitale de l'Empire romain. Abattues entre 60 et 40 ans avant Jésus-Christ, les grumes ont probablement voyagé par la Saône puis le Rhône avant d'être transportées par bateau en Méditerranée. Les auteurs mettent ainsi en évidence les relations commerciales entre les différentes provinces de l'Empire et la valeur déjà accordée au chêne, justifiant un transport sur longue distance.

Source : PLOS ONE

14:18 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : dendochrologie, bois, empire romain, chêne |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une nouvelle revue du groupe d'édition Nature consacrée aux systèmes alimentaires

Le groupe Nature a lancé, en décembre, une nouvelle revue scientifique sur tous les aspects de la production, de la transformation, de la distribution et de la consommation alimentaire qui contribuent à la santé humaine et « planétaire » (au sens de One health). Les premiers articles sont disponibles en ligne, traitant par exemple de la complexité chimique de notre régime alimentaire ou des incertitudes dans la modélisation des cultures à l'échelle mondiale.

Source : Nature

14:16 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : alimentation, santé, one health |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une souche d'Escherichia coli modifiée pour se nourrir de CO2

C'est une prouesse technique qu'ont accomplie des chercheurs israéliens en modifiant cette bactérie pour qu'elle utilise le CO2 comme nutriment de base et produise de la biomasse, faculté qui appartient aux cyanobactéries ou aux plantes, via la photosynthèse. Même s'il reste d'importantes étapes à franchir pour parvenir à des applications réelles, cette bactérie modifiée pourrait notamment être exploitée pour fabriquer du carbone organique utilisable comme biocarburant ou pour produire des aliments.

Source : Cell

14:13 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : e. coli, carbone, co2 |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une plateforme pour faciliter la caractérisation des perturbateurs endocriniens

La Plateforme Public-privé sur la pré-validation des méthodes d’essai sur les Perturbateurs EndocRiniens (PEPPER) a été mise en place le 6 décembre 2019, à l'initiative de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), associant divers partenaires et avec un soutien du Programme d'investissement d'avenir. Disposer de méthodes fiables pour identifier et quantifier les perturbateurs endocriniens est un enjeu de santé publique. En effet, ces substances, seules ou en mélange, altèrent les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induisent des effets nocifs sur la santé d’un organisme, de ses descendants ou de (sous-)populations.

Source : Ineris

14:10 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : perturbateurs endocriniens |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/12/2019

Commerce agricole international et usages non durables de l'eau

Les auteurs d'un récent article publié dans Environmental Research Letters proposent une estimation des flux d'eau virtuelle non durable, en se concentrant sur le commerce international des productions végétales irriguées. L'« eau virtuelle » est habituellement définie comme la quantité d'eau nécessaire pour fabriquer un produit ou un service le long de la chaîne de production. Elle permet de rendre compte des pressions exercées par nos modes de consommation sur la ressource, y compris à longue distance. Mais un contenu élevé en eau virtuelle n'implique pas nécessairement des impacts négatifs : cela dépend du niveau de stress hydrique des ressources mobilisées dans le processus de production du bien considéré. Le travail présenté ici vise à mieux identifier ce phénomène.

L'irrigation est définie comme « non durable » dès lors que la consommation des cultures excède les disponibilités en eau renouvelable en un lieu donné. Dans ce cas, il y a dégradation de l'environnement car les débits minimum des rivières ne sont pas respectés et les nappes phréatiques se tarissent à un rythme supérieur à leur recharge naturelle. Les auteurs ont utilisé un modèle biophysique de culture spatialisé à l'échelle mondiale pour estimer les bilans hydriques en tous points : ils l'ont appliqué à 130 cultures, regroupées en 26 classes (céréales, fruits et légumes, etc.), sur les années 2000 et 2015. Les estimations d'eau virtuelle non durable ont ensuite été combinées aux données de commerce international pour en analyser les flux.

Plusieurs résultats intéressants ressortent de cette analyse. 52 % de la consommation d'eau mondiale pour l'irrigation (569 km³) étaient non durables en 2015, en augmentation de 8 % par rapport à 2000 (525 km³). Le commerce joue un rôle limité en la matière, avec seulement 15 % de la consommation non durable (88 km³), mais en hausse de 18 % par rapport à 2000. La géographie de l'eau virtuelle non durable s'est transformée en quinze ans, avec un poids croissant de la Chine et de l'Inde. Si les États-Unis restent un exportateur d'eau virtuelle non durable important, ce volume diminue cependant de 7,2 km³ entre 2000 et 2015. La France, pour sa part, figure au 8e rang mondial des pays importateurs, en raison des fruits et légumes en provenance d'Espagne (1,6 km³).

Usages non durables de l'eau associés au commerce international de productions végétales, 2000 et 2015

Eau-virtuelle.jpg

Source : Environmental Research Letters

Lecture : les exportateurs nets d'eau non durable figurent en vert, les importateurs nets en orange et rouge. Les flèches indiquent les tailles relatives des 15 plus importants flux d'eau virtuelle non durables.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Environmental Research Letters

15:50 Publié dans Environnement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : commerce, eau virtuelle, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook