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07/10/2019

Comités de recrutement scientifiques et biais de genre

Des chercheurs français ont étudié l'impact des stéréotypes de genre sur le recrutement de chercheuses au CNRS. La quasi-totalité des disciplines comprend moins de la moitié de femmes chercheuses (mise à part « cultures et sociétés ») : c'est notamment le cas de celles liées à l'agriculture, avec à ce jour, par exemple, environ 30 % de chercheuses dans la catégorie « biologie végétale intégrative », 42 % dans la catégorie « espaces, territoires et entreprises », 23 % dans la catégorie « biodiversité, évolution et adaptations biologiques ». Les auteurs montrent notamment que les membres des comités de recrutement ayant de forts biais implicites, et pensant que les processus de promotion ou de sélection ne sont pas biaisés, recrutent moins de femmes. Ces résultats soulignent l'importance de former ces comités sur les stéréotypes de genre.

Source : Nature Human Behaviour

11:14 Publié dans Enseignement et recherche, Société | Lien permanent | Tags : genre, stéréotypes, recherche, recrutement |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2015

La lutte contre l’obésité entre stigmatisation et émancipation des classes populaires

Dans la lignée des fat studiesun champ d’étude consacré à la critique des stéréotypes associés à la forte corpulence -, Actes de la recherche en sciences sociales consacre un dossier à l’obésité comme problème public. Les implications politiques de la lutte contre le surpoids y apparaissent comme fondamentalement ambivalentes.

Menant une enquête sur la perception de soi et les représentations du corps idéal, D. Vandebroeck met en évidence « un consensus certain sur l’association entre une silhouette et une catégorie sociale donnée ». Il rappelle d’ailleurs l’apport des études épidémiologiques sur « l’existence d’une forte relation inverse entre masse corporelle et position sociale, particulièrement nette chez les femmes ».

Pour lui, les jugements sur la corpulence permettent de donner une forme acceptable, euphémisée par le vocabulaire de la responsabilité individuelle, à des intentions discriminatoires (racisme, misogynie, mépris de classe). « La dévalorisation symbolique de la corpulence – et du style de vie qui la produit » est en partie liée à « une intervention accrue de l’État dans la gestion du poids corporel des individus ». « Même s’il s’agit d’efforts tout à fait sincères de maîtrise des effets négatifs de l’obésité », l’action publique contribuerait « à la stigmatisation morale des plus démunis ».

En contrepoint de cette critique virulente, d’autres travaux montrent que les politiques de santé ne peuvent être réduites à l’imposition d’une norme corporelle propre aux classes dominantes. Dans l’étude de E. Martin-Criado sur le contrôle du poids chez les mères de famille des classes populaires en Andalousie, ces politiques jouent aussi comme un levier d’émancipation. L’argument des régimes anti-cholestérol permet aux femmes de prendre des distances avec le repas traditionnel, sans mettre en péril leur qualité de « bonne mère ».

Le dossier aborde également les troubles alimentaires au travail (voir à ce sujet un précédent billet sur les food studies), la place de l’obésité dans l’information télévisée et enfin la naissance de politiques alimentaires territoriales aux États-Unis dans la première moitié des années 1980.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Cairn