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18/09/2019

Quels effets de la politique commerciale des États-Unis sur leur secteur agricole et agroalimentaire ?

En juillet dernier, l'université de Purdue a publié un article étudiant l'impact de l'évolution récente de la politique commerciale des États-Unis (EU) sur leur secteur agricole et agroalimentaire. L'analyse est réalisée à partir du modèle d'équilibre général GTAP. Cet article revêt un intérêt particulier dans le contexte actuel, où les EU ont quitté en 2017 (avant son entrée en vigueur) l'Accord de Partenariat TransPacifique (TPP) avec onze pays du pourtour de l'Océan Pacifique (Canada, Mexique, Japon, Australie, etc.) et engagé des contentieux commerciaux, notamment avec la Chine. Fin 2018, ils avaient également menacé de quitter l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique, pour en forcer la renégociation.

Les auteurs simulent l'impact ex ante, sur le secteur agricole américain, de trois décisions déjà prises et de deux scénarios hypothétiques : la mise en œuvre de l'Accord Canada – États-Unis – Mexique (ACEUM) signé en 2018, qui vise à prendre la suite de l'ALENA ; l'augmentation des droits de douane par les pays partenaires sur les importations de produits agricoles américains, suite aux surtaxes décidées par ce pays sur l'acier, l'aluminium et d'autres produits (scénario appelé ci-après « guerre commerciale ») ; la sortie des EU du TPP décidée début 2017 ; une éventuelle sortie des EU de l'ALENA ; une éventuelle ré-adhésion au TPP.

Les résultats indiquent que la politique commerciale américaine actuelle pourrait avoir des effets négatifs sur le secteur agricole et agroalimentaire (voir figure). Ainsi, les gains tirés de la signature de l'ACEUM, en matière d'exportations, seraient modestes (+ 440 millions de dollars) et largement annulés par les pertes générées par la guerre commerciale (- 7,7 milliards) et la sortie du TPP (- 1,8 milliard). La baisse des exportations générerait une réduction de la production et une sortie de près de 50 000 travailleurs du secteur agricole et agroalimentaire. L'impact serait le plus important pour les secteurs des oléagineux, du porc et de la volaille, et des produits ovins et porcins. Dans le scénario hypothétique où les EU seraient sortis de l'ALENA, les exportations auraient diminué de 12 milliards de dollars, générant une perte additionnelle de 50 000 emplois. Au contraire, leur ré-adhésion au TPP permettrait d’accroître les exportations (+ 2,9 milliards de dollars), en particulier dans le secteur des produits laitiers.

Impact de différents scénarios de politiques commerciales sur les exportations américaines de produits agricoles et agroalimentaires

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Source : Global Trade Analysis Project

Lecture : USMCA : ACEUM ; TPP11 : TPP sans les États-Unis ; Trade war : guerre commerciale ; No NAFTA : sortie de l'ALENA ; TPP12 : ré-adhésion au TPP.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Global Trade Analysis Project

17:10 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : etats-unis, politique commerciale, gtap |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/09/2017

EuroChoices : le Brexit et ses conséquences pour le secteur alimentaire

La revue EuroChoices a consacré son numéro d'août 2017 aux conséquences du Brexit sur le secteur alimentaire, avec trois articles d'analyse, une double page statistique et un point de vue. Les articles d'analyse se concentrent sur les problèmes de politique commerciale : conséquences du Brexit sur les accords commerciaux et la PAC (article d'Alan Swinbank), options en matière de quotas tarifaires sur les importations agroalimentaires de l'Union européenne (Brian J. Revell), et impacts sur les échanges agroalimentaires avec l'Irlande (Alan Matthews).

L'article de Swinbank fait le point sur la situation en matière de droits de douane de l'Union européenne, qui selon lui restent élevés pour un ensemble de produits agricoles (produits laitiers, bœuf, sucre), en dépit des cycles de négociations commerciales internationales et des réformes de la PAC. Cela engendre un dilemme en matière de politique commerciale, car le maintien des échanges agroalimentaires avec l'Union européenne – y compris avec la République d'Irlande – impliquerait, pour le Royaume-Uni, d'adopter des droits de douane cohérents avec ceux de l'UE, et par là même de renoncer à une libéralisation de ses échanges avec les pays tiers.

L'article de Revell complète l'analyse en se concentrant sur la question des quotas tarifaires (contingents d'importation à droits de douane réduits). Après une description précise de ces quotas par produit, Revell analyse les différentes solutions envisageables pour les modifier, et met en exergue les complexités technique et politique du problème. Enfin, Alan Matthews analyse en détail le cas de l'Irlande qui, avec 37 % de ses exportations agroalimentaires vers le Royaume-Uni, pourrait voir ses filières particulièrement affectées par le Brexit, impliquant un possible ajustement structurel du secteur.

Cet ensemble d'articles est complété par un focus statistique sur le Brexit et l'industrie de la pêche aux Pays-Bas, et par un article présentant le point de vue de Berkeley Hill sur les futurs possibles de la politique agricole britannique. Ce numéro consacré au Brexit est le second publié par EuroChoices, après celui d'août 2016 sur le Brexit et le secteur agroalimentaire.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : EuroChoices