Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/05/2020

L’impact économique de l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur

Publié dans le Boletín económico de la Banque d'Espagne de mars 2020, un article modélise les impacts potentiels, sur les flux commerciaux et le PIB, de l'accord commercial signé en 2019 entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur. Cet accord comprenait notamment l'élimination des barrières tarifaires, et des dispositions relatives aux services, aux marchés publics, à l'environnement et au droit du travail. Actuellement, le poids relatif du commerce inter-régional est plus important pour le Mercosur que pour l'UE, et le secteur primaire (dont productions agricoles et forestières) domine dans les exportations du Mercosur, alors que ce sont le secondaire et le tertiaire dans celles de l'UE. Tout en soulignant les limites des données disponibles et du modèle gravitaire utilisé, les auteurs considèrent que l'accord a des effets positifs pour les deux zones, mais avec des écarts très importants : à l'horizon d'une dizaine d'années, croissance de 14 % des échanges et de 0,4 % du PIB pour le Mercosur, ces taux s’élevant à 0,6 % et 0,07 % pour l'UE. En tenant compte des caractéristiques nationales, l'impact de cet accord serait plus fort pour les États qui ont déjà des relations commerciales conséquentes avec l'autre bloc, qui s'ouvrent d'avantage au commerce ou qui sont de plus petite taille.

Exportations du Mercosur vers l'UE (gauche) et de l'UE vers le Mercosur (droite), en 2018 (milliards d'€)

Mercosur.jpg

Source : Banco de España

Lecture : barre bleue « Exportations », losange rose « Tarifs moyens » (ordonnée de droite), trait orange « Tarif moyen mondial » (ordonnée de droite).

Source : Banco de España

L’avenir de la Nouvelle-Calédonie au prisme du foncier coutumier

En Nouvelle-Calédonie, l’accord de Nouméa de 1998 marque la pleine reconnaissance de l’identité kanak et des terres coutumières, définies comme inaliénables, insaisissables, incommutables et incessibles. En avril 2020, un article de Métropolitiques revient sur les caractéristiques et l’aménagement de ce « commun foncier », administré sur décision de la communauté pour servir les intérêts des populations autochtones.

La gestion coutumière des droits d’administration et d’usage

NouvelleCaledonie.jpg

Source : Métropolitiques

Héritage de la colonisation, les terres coutumières sont pour la plupart localisées à l’écart des principaux centres de développement économique, là où dominent par ailleurs les propriétés privées et domaniales. Cette fracture territoriale se traduit par un exode rural vers les pôles urbains de l’ouest et l'intercommunalité du Grand Nouméa. Une valorisation économique (notamment agricole) de ces terres se développe, au moyen d’un outil juridique original, le Groupement de droit particulier local (GDPL), qui permet à un représentant de la communauté de recourir au droit commun tout en retranscrivant la décision coutumière. Ce dispositif peut redessiner les espaces ruraux, comme le montre l’aménagement d’un village mélanésien par la grande chefferie du district de Wetr (Lifou).

Source : Métropolitiques

09:27 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : nouvelle-calédonie, foncier, coutumier |  Imprimer | | | | |  Facebook

135 millions de personnes seraient en situation d'insécurité alimentaire grave dans le monde

Le réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) a publié, en avril, l'édition 2020 de son rapport global sur les crises alimentaires. Les auteurs, qui ont analysé 55 pays et territoires, estiment que 135 millions de personnes seraient exposées à une crise ou à une catastrophe alimentaire. L'Afrique et les régions Asie et Moyen-Orient seraient particulièrement touchées (respectivement 73 et 43 millions de personnes). Dans les 50 pays déjà étudiés lors de l'édition 2019, ce nombre aurait augmenté de près de 10 % en un an. Ces crises sont surtout liées à des conflits locaux (touchant 77 millions de personnes dans 22 pays), à des événements climatiques extrêmes (34 millions dans 25 pays) ou à des chocs économiques (24 millions dans 8 pays). Les auteurs anticipent que la plupart de ces crises vont se poursuivre en 2020.

Les dix crises alimentaires les plus graves en 2019

FSIN.jpg

Source : Food security information network

Bien que principalement établi avant l'épidémie de Covid-19, le rapport en identifie néanmoins les menaces pour la sécurité alimentaire (dont baisse de pouvoir d'achat et hausse des coûts de production).

Source : Food security information network

04/05/2020

Avantages du recours à un coléoptère pour limiter les conséquences de l'ambroisie

Une équipe pluridisciplinaire (biologistes, médecins, agronomes, etc.) a récemment publié une analyse coûts-bénéfices du recours à un coléoptère, au niveau européen, pour réduire l'impact du pollen de l'ambroisie (Ambrosia artemisiifolia), hautement allergène. Cet insecte, Ophraella communa, utilisé dans le cadre de la lutte biologique en Chine, a été introduit accidentellement près de Milan en 2013. Il s'agit donc de mesurer les risques d'une utilisation similaire sur le territoire communautaire.

Les auteurs évaluent le coût annuel des allergies liées à l'ambroisie à plus de 7 milliards d'euros pour l'Union européenne (traitements et arrêts de travail), une estimation très supérieure aux évaluations précédentes. À partir de l'analyse de la baisse des allergies à Milan (82 %), des résultats d'une expérimentation sur le terrain et d'une modélisation de l'extension de cette chrysomèle, ils ont estimé que le coût de l'ambroisie diminuerait d'un milliard d'euros. Ils concluent à l'intérêt d'utiliser cet insecte, notamment dans les Balkans, où l'ambroisie est très présente.

Proportion interpolée de personnes sensibilisées au pollen d'ambroisie en Europe

Ambroisie.jpg

Source : Nature communications

Source : Nature communications

La régénération naturelle gagne du terrain pour la restauration des couverts végétaux

En s’appuyant sur l'histoire d'un missionnaire australien impliqué dans la plantation d'arbres au Sahel, depuis le début des années 1980, un article de la revue PNAS revient sur les progrès de la « régénération naturelle gérée par les agriculteurs » (farmer-managed natural regeneration). Cette méthode vise à favoriser la germination des graines d'espèces endémiques, naturellement contenues dans les sols et les déjections animales, puis à prendre soin des arbres afin de favoriser leur croissance, notamment dans des conditions climatiques difficiles. L'article présente les avantages de ces pratiques : moindre coût, meilleure résistance des couverts végétaux sur le long terme, amélioration de la productivité agricole et des revenus des agriculteurs, etc. Il en vante également les résultats, par opposition aux coûteuses campagnes de plantations d'arbres, sur lesquelles les programmes de développement se sont pourtant massivement appuyés jusqu'à aujourd'hui. Selon l'auteur, les principes de cette régénération naturelle s'imposent progressivement au sein des organisations internationales et des banques de développement.

Source : PNAS

09:19 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, Développement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : régénération naturelle, sahel, arbres |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'IFPRI a pris en compte le genre dans ses travaux de recherche en 2019

L'International Food Policy Research Institute (IFPRI) a publié, en avril, son rapport annuel 2019. Les résultats clefs de ses 463 publications de recherche sont classés en cinq thèmes principaux : développement de systèmes de production alimentaire durables et résilients face au changement climatique ; promotion d'une nutrition saine ; promotion de systèmes équitables de transformation et de commerce alimentaires, laissant une place aux petits acteurs ; consolidation des institutions et de la gouvernance en vue de garantir une alimentation équitable et une sécurité alimentaire pour tous ; développement rural. De manière transversale, l'IFPRI a également pris en compte le genre dans ses travaux : il met par exemple en avant l'outil WEAI d'identification de territoires à fortes inégalités hommes-femmes et d'aide à la définition de solutions, utilisé dans 54 pays et par 104 organisations.

Source : IFPRI

Production de fruits et légumes en agriculture urbaine : un potentiel prometteur

Dans un contexte où l'agriculture urbaine éveille un fort intérêt, un article de mars 2020, publié dans Scientific reports, étudie le potentiel de production d'une aire urbaine de 193 km² regroupant les villes de Bedford, Luton et Milton Keynes, au Royaume-Uni. Identifiées à partir de photographies aériennes, d'enquêtes et de données officielles, les zones urbaines cultivées produiraient 4 240 t de fruits et légumes par an, ce qui couvrirait les besoins de l'ensemble des habitants pendant 33 jours. Si 30 % des jardins et 75 % des espaces publics ou partagés propices aux cultures étaient exploités (niveau maximal), 43 400 t par an pourraient être produites, soit l'équivalent de 198 jours de consommation. Le potentiel de production augmenterait encore si l'on incluait les surfaces non vertes (ex. : toits terrasses) et si l'on permettait les conversions de surfaces (ex. : pelouses), ce qui, pour les auteurs, souligne l'importance d'inclure l'agriculture urbaine dans les plans d'urbanisme.

Production agricole urbaine potentielle en tonnes par an, selon le scénario considéré allant de la situation actuelle (1) à une exploitation maximale (3)

AgricultureUrbaine.jpg

Source : Scientific Reports

Lecture : en vert foncé, espaces publics et jardins partagés ; en vert clair, jardins privés ; en bleu, surfaces arborées.

Source : Scientific Reports

09:14 Publié dans Alimentation et consommation, Production et marchés | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, fruits, légumes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un MOOC sur l’agriculture urbaine

D'une durée de 6 semaines et ouvert jusqu’à mi-juin, un cours en ligne sur l’agriculture urbaine est proposé, sur la plateforme numérique FUN, par Agreenium et la société Les cols verts. Animé par des intervenants d’origines variées (enseignants, chercheurs, agriculteurs urbains), il en présente les multiples facettes : définition et typologie, finalités alimentaires et non-alimentaires, technologies, cadre réglementaire, modèles économiques, etc. Deux originalités caractérisent ce MOOC. Destiné en priorité à des porteurs de projet, mais également à toute personne désireuse de connaître ce sujet, il propose chaque semaine d’élaborer un projet d’installation en agriculture urbaine, étape par étape. De plus, les présentations d'une vingtaine d’acteurs professionnels permettent de mieux appréhender la variété des structures dans ce domaine.

Source : France Université Numérique

09:12 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : mooc, agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/04/2020

Impacts économiques des mesures de confinement en France : estimations de l'OFCE

Un policy brief de l'OFCE, publié le 30 mars, propose une première estimation de l'impact économique des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19 en France. Plusieurs effets, directs et indirects, sont pris en compte par les auteurs : baisse de la consommation (fermeture des commerces non essentiels, diminution des activités impliquant des contacts) ; contraction de l'investissement ; réduction de la main-d’œuvre (activités non télétravaillables, garde d'enfants). Les impacts économiques sont décomposés par branche ou secteur d'activité, selon les variables considérées.

Au total, l'OFCE estime que les mesures de confinement pourraient réduire le PIB de 60 milliards d'euros par mois (soit environ un tiers du PIB mensuel de la France, ou 2,6 % du PIB annuel). Cette diminution s'explique par la baisse de la consommation (- 1 point de PIB), de l'investissement (- 0,7 point), par le confinement de la main-d’œuvre (- 0,4 point), la fermeture des écoles (réduction de l'offre de travail, les parents devant garder leurs enfants, - 0,3 point) et d'autres effets de demande (solde commercial, tourisme : - 0,2 point).

Impacts du confinement sur le PIB annuel et sur les secteurs d'activités

OFCE.jpg

Source : OFCE

En ce qui concerne le système alimentaire, les branches « agriculture, sylviculture et pêche » et « fabrication de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac » sont parmi les moins impactées, avec au contraire une hausse de la consommation des ménages estimée respectivement à 9 % et 6 %. Néanmoins, l'activité des secteurs agricole et agroalimentaire (cf. tableau ci-dessus) serait en baisse (-13 % et -20%) du fait de la diminution des consommations intermédiaires des autres secteurs, notamment la restauration. Ainsi, l'ensemble « hébergement et restauration » subirait, selon les auteurs, une chute de consommation de 90 %, et contribuerait ainsi, à hauteur de 5 points, à la contraction du PIB due à la baisse de consommation (-18 % au total). À cela s'ajoute un effet indirect lié à la diffusion des chocs de demande via les produits intermédiaires, que les auteurs ont estimé à l'aide d'un tableau entrées-sorties international (World Input-Output database) (figure ci-dessous). L'étude propose également d'autres estimations sectorielles concernant le taux de possibilité de télétravail, le nombre d'emplois concernés par le mode de garde des enfants, etc.

Pertes de production liées à la fermeture des commerces non essentiels par secteur

OFCE2.jpg

Source : OFCE

Les auteurs soulignent qu'il s'agit d'une première estimation devant être mise à jour et qu'il convient de bien prendre en compte les hypothèses sous-jacentes et les phénomènes exclus de l'analyse (ex. : perte de productivité en cas de télétravail prolongé, risques financiers et bancaires, etc.).

Pour compléter ce billet, rappelons que l'Insee a publié, le 26 mars 2020, une première estimation de la perte d'activité économique liée à la crise sanitaire en cours, suivie plus récemment (8 avril) par celles de la Banque de France pour le premier trimestre 2020.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : OFCE

19:19 Publié dans 3. Prévision, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : covid-19, ofce, confinement |  Imprimer | | | | |  Facebook

Covid-19 : les analyses de Rabobank sur les secteurs agricole et agroalimentaire

Depuis le début de la pandémie, Rabobank propose un ensemble de ressources (analyses, indicateurs, points sur les marchés, etc.) sur un portail dédié mis à jour régulièrement. On y trouve des études par pays, comme par exemple pour la Nouvelle-Zélande et l'Australie, ainsi que des focus par catégories de produits : protéines animales, lait, boissons, produits frais, intrants agricoles. Ainsi, des éléments sont proposés sur la production chinoise de phosphate, rappelant les tendances récentes (cf. figure) et envisageant les conséquences de la crise. Le portail propose également, au format podcasts, des entretiens avec ses correspondants et spécialistes des différentes régions du monde (ex. : « Shanghai Talking – A Local View of China’s Recovery From Coronavirus »). Ces ressources s'inscrivent dans les travaux plus généraux menés par Rabobank sur les impacts du Covid-19 sur l'économie mondiale (cf. note d'analyse spéciale du 30 janvier 2020).

Éléments clés sur le marché chinois du phosphate : poids des principaux producteurs (à gauche) ; tendance, sur les dernières années, à la décroissance du volume d'engrais phosphatés produits (à droite)

Rabobank.jpg

Source : Rabobank

Source : Rabobank

19:17 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : covid-19, rabobank, chine, phosphate |  Imprimer | | | | |  Facebook

Sept scénarios prospectifs sur les coûts macroéconomiques du Covid-19

La Brookings Institution a publié, le 2 mars, une étude prospective estimant les conséquences macroéconomiques des évolutions probables du Covid-19. Sept scénarios sont proposés, allant d'une épidémie uniquement présente en Chine et ponctuelle, à une pandémie récurrente. L'objectif est de fournir aux décideurs politiques des éléments sur le coût de la non-intervention. À l'échelle globale, les auteurs simulent la réduction de la force de travail disponible : ils en déduisent des chocs macroéconomiques puis, grâce au modèle multi-pays G-Cubed, les conséquences en nombre de morts et en pertes de PIB, pour l'année à venir (pourcentages ci-dessous), ainsi que pour les cinq suivantes (estimations disponibles en annexe du document). Les États-Unis, la Chine, le Japon et la zone Euro sont les plus exposés, y compris en termes de coûts de production en agriculture. Pour la France, les auteurs concluent à une baisse de PIB entre 2 et 8 % la première année. Les résultats montrent également que le confinement est une solution efficace pour limiter les coûts économiques, à condition que tous les pays agissent de concert.

Source : The Brookings Institution

19:15 Publié dans 3. Prévision, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : covid-19, coûts, macroéconomie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Covid-19 : analyses et recommandations du Groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE)

À l'initiative du président du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), le HLPE a publié un Issue Paper sur les impacts du Covid-19 sur le système alimentaire mondial, la sécurité alimentaire et la nutrition. Selon les auteurs, la pandémie pourrait réduire à la fois l'offre alimentaire (manque de main-d’œuvre, accès limité aux intrants, ruptures des chaînes d’approvisionnement) et la demande (baisse de pouvoir d'achat, mesures de confinement). Ces phénomènes pourraient survenir de façon interconnectée et complexe, si bien que la résultante des impacts est difficile à prévoir, avec une instabilité des marchés alimentaires locaux et globaux. Le HLPE fait des recommandations mettant l'accent sur : i) la nécessaire coordination internationale, dans laquelle le CSA pourrait jouer un rôle moteur ; ii) la priorité donnée aux personnes les plus vulnérables, avec des mécanismes de protection sociale ; iii) un appui au fonctionnement des chaînes d'approvisionnement (conditions de travail, fourniture d'intrants, etc.) ; iv) la production et le partage de données et de lignes directrices utiles à l'analyse et à la recherche sur la pandémie.

Source : CFS HLPE

15/04/2020

Analyses et recommandations de l'IFPRI sur le Covid-19 et les systèmes alimentaires

Sur une page dédiée, l'IFPRI publie régulièrement des analyses, au format de billets de blog, consacrées aux conséquences et défis du Covid-19 pour les systèmes alimentaires dans le monde. Parmi les sujets traités, celui des marchés alimentaires informels en Afrique, qui ont une place importante dans l'approvisionnement des populations : selon l'auteure, Danielle Resnik, ces marchés devraient être pleinement intégrés aux programmes de gestion de crise du Covid-19 par les gouvernements. Un autre billet présente les résultats d'une enquête téléphonique menée en Chine, par des chercheurs de l'université Stanford, auprès de 726 personnes de sept provinces rurales en-dehors du Hubei : l'objectif est d'évaluer les effets sanitaires et économiques sur la population rurale des mesures de contrôle locales et nationales du Covid-19. Leurs résultats montrent qu'en raison du confinement, « la moitié des villages interrogés ont signalé des pertes moyennes de 2 000 à 5 000 RMB (282 $ à 704 $) par famille au cours du dernier mois ». Ces pertes sont associées à une baisse de la consommation alimentaire qui, selon les auteurs, pourrait avoir des impacts sur la nutrition des familles, en particulier préoccupants pour celles avec de jeunes enfants.

Source : IFPRI

Covid-19 et autonomie alimentaire

Un numéro de mars 2020 des Analyses et perspectives de l'APCA envisage les principales implications de cette épidémie et des mesures adéquates de gestion du système alimentaire français. Parmi les points clés abordés figure l'« autonomie alimentaire nationale » : couverture globale des consommations par les productions françaises pour les céréales, les pommes de terre, la plupart des productions animales, etc. ; situation plus hétérogène pour les fruits et légumes. Les auteurs soulignent ensuite l'« importance décisive du facteur travail », pour l'agriculture (saisonniers en particulier), les industries agroalimentaires, la distribution et le transport routier de marchandises. L'hétérogénéité de la production alimentaire sur le territoire rend essentielle la logistique des échanges entre régions. Par ailleurs, la fermeture des commerces alimentaires non essentiels et d'une partie des marchés de plein vent est également un problème. La « responsabilité décisive » de la consommation finale dans le maintien des exploitations, en particulier pour les produits de saison et les produits frais, est également soulignée. Pour finir, les auteurs invitent à « remettre sur l'établi l'idée d'autosuffisance alimentaire ».

Source : APCA

Une analyse de la profitabilité des agricultures européennes

Dans un article publié dans la revue Sustainability, une équipe de chercheurs lituaniens compare les performances économiques des agricultures européennes. Si ce type d'approche a déjà fait l'objet de publications (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), l'originalité du travail présenté ici tient au fait qu'il s'appuie sur la construction d'un indicateur agrégé, permettant de rendre compte de façon globale de la profitabilité des agricultures étudiées.

Le travail repose sur les données du réseau européen d'information comptable agricole (RICA ou Farm Accountancy Data Network, FADN). Quatre variables, qui témoignent du niveau des capitaux immobilisés pour la production agricole, ont été utilisées : valeur des terres et des éventuels quotas de production, bâtiments, matériel, cheptel reproducteur. Chacune de ces variables a été divisée par le revenu agricole brut, afin d'évaluer l'efficacité de l'utilisation des facteurs de production. Les auteurs ont ensuite eu recours à une méthode d'aide à la décision multicritères (méthode VIKOR) afin de pondérer chacune des variables et de les agréger en un indice global. Cette méthode a été appliquée aux 21 États membres pour lesquels les données étaient disponibles, en opérant une distinction suivant les spécialisations productives.

Quelle que soit l'orientation considérée, les agricultures des nouveaux États membres (ex. : Bulgarie, Roumanie) affichent une profitabilité supérieure à celles des anciens États membres (cf. figure ci-dessous avec l'exemple des grandes cultures). Les auteurs expliquent ces résultats contre-intuitifs par le fait que ceux entrés récemment dans l'Union européenne bénéficient de prix faibles pour les facteurs de production capitalistiques, ce qui leur permet de compenser leur moindre efficacité technique.

Indicateur de profitabilité économique des exploitations de grandes cultures de 21 pays de l'UE

Profitabilite.jpg

Source : Sustainability

Lecture : l'indice calculé étant basé sur les coûts des facteurs de production divisés par le revenu agricole brut, une valeur faible indique une profitabilité élevée, et inversement.

Pour terminer, les chercheurs analysent deux indicateurs agro-environnementaux : la pollution atmosphérique d'origine agricole et le niveau d'utilisation de fertilisants de synthèse. Ils mettent en évidence une corrélation positive entre profitabilité et performance environnementale. Ces résultats sont toutefois à prendre avec précaution, toutes les composantes de la performance environnementale n'ayant pas été prises en compte (biodiversité, stockage du carbone, etc.).

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainability

19:08 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : profitabilité, rica |  Imprimer | | | | |  Facebook